Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1875-05-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 mai 1875 25 mai 1875
Description : 1875/05/25 (Numéro 4533). 1875/05/25 (Numéro 4533).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592568c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2008
Le Petit ^Tournai
Enfin, pour prévenir par l'asphyxie tout
retour à la vie de l'infortunée Espagnole, les
baniits entassent sur sa tête et sur son corps
une partie des meubles qui garnissaient la
Ce fut le lendemain seulement que la
femme Sancho put être rappelée à a vie.
Etonnés de ne pas la voir, des voisins avaient
averti le.commissaire. Ce magistratrecueillit
do la bouche de la victime le récit de l'hor-
rible attentat.
Pendant ce temps, le mari qui avait inuti-
lcnmnt fait le voyage de Marseille pour re-
joindre leparentdont il se supposait attendu,
s'é ait avisé de penser que ce parent était
peut-être à Cette.
Il avait repris le chemin de fer, à destina-
tion de cette'dernière ville..
Les assassins, de leur côté, avaient gagné
Nîmes en grande hâte, ils avaient résolu de
ie diriger vers Cette, avec l'espoir d'y trou-
zer un bateau en partance pour l'Espagne.
Hasard providentiel le même train de
Nîmes à Cette, emportait les deux miséra-
bles et le brave chiffonnier de Beaucaire.
A Lunel, pendant un arrêt, celui-ci mit le
pied sur le quai. Du fond de leurs wagons,
les autres l'aperçurent. Ils imaginèrent aus-
sitôt qu'il savait tout et qu'il les poursuivait.
Le convoi se remit en marche. Avant d'at-
teindre Cette, il ne devait plus s'arrêter qu'à
Montpellier. Francesco et Vaqué se considé-
raient comme perdus. Fous de terreur, un
peu avant Montpellier, ils sautèrent de leur
compartiment sur la voie ferrée.
L'accusation nous dit comment, ensuite,
s'opéra leur arrestation.
lis ne réalisèrent leur projet d'évasion qu'au prix
d'une chute périlleuse.
Sancho en fut quitte cependant pour une égrati-
rnure légère mais Vaqué se fit à la région coxo-
fcmorale une large et profonde blessure; les effets
at l'argent dont il était porter s'éparpillèrent sur la
voie. Dans l'obscurité, ils les ramassèrent à grand'-
peine. Après avoir pansé le blessé, ils réussirent à
franchir ia clôture du chemin de fer et à se traîner
jusqu'à l'auberge la plus voisine, à l'entrée de la
Là. leur attitude, leur langage étrange, le désor-
dre de leurs vêtements, et, par dessus tout, le sang
dont ils étaient couverts, excitèrent de la part de
loti, hôtes de légitimes défiances. On les reçut ce-
pendant on leur servit un verre d'eau-de-,vie, et
leur donna un lit. Mais, vers sept heures du ma-
lin, tandis que Sancho était allé acheter des vête-
nents neufs pour son compagnon et pour lui-même,
le maître de l'auberge crut devoir se transporter au
bureau du commissaire de police, pour les signa-
ler à ce magistrat.
Un brigadier, aussi ferme qu'intelligent, fut im-
médiatement chargé d'éclaircir la situation de ces
deux étrangers; elle parut trop équivoque pour
qu'il hésitât à les mettre en état d'arrestation. A
peine venait-il, à lui seul et avec une rare énergie,
de s'assurer de leurs personnes, que parvinrent à
Montpellier les dépêches du parquet de Nîmes an-
aoncant le crime de Beaucaire.
Les deux vagabonds furent trouvés nantis
des sommes et des valeurs dérobées. Il sem-
blait, dès lors, que l'instruction dût marcher
rapidement. Mais des complications devaient
en entraver les progrès; ce n'est qu'après un
intervalle de près de six mois que les coupa-
bles comparaissent devant la justice.
Après de longs débats, dont la déposition
de la femme Sancho, convalescente sinon
guérie, a été l'élément le plus dramatique,
deux condamnations exemplaires viennent
d'être prononcées
Pour Francesco Sancho, la peine de mort;
Pour José Vaqué, les travaux forcés 4
ChatitiHy. Dimanche 23 mai.
Malgré les quarante-un kilomètres qui sé-
parent Chantilly de Paris, il y avait hier, sur
ie champ de courses, une foule au moins
considérable qu'aux journéesd'Auteuil
ït de Longchamps.
Dès le matin, les trains du Nord, se succé-
lant sans interruption, amenaient chacun
do 1,000 à 1,200 spectateurs; sur toute la li-
de distance en distance, des appareils
biographiques provisoires, adaptés aux fils,
étaient installés afin de pouvoir arrêter im-
FEUILLETON DU 25 MAI 1875
LES [58]
PREMIÈRE PARTIE
L^ LOUVE
x
IL-a délivrance
Les premiers rayons du soleil doraient la
villede Calatayud, dont lesvieux monuments
:u détachaient, souvenirs sombres d'un autre
Ige, dans les clartés riantes d'une aurore
ans nuages. Une vapeur lointaine que chas-
ait devant lui.le jour naissant, faisait présa-
ger une journée brûlante, mais la première
heure en était splendide.
La foule qui pendant la nuit s'était disper-
;ée, a l'exception de quelques incrédules, en-
core couchés sur la place depuis la veille,
reprenait déjà de tous les points do la ville la
route du palais, mais le murmure produit
par cette promenade matinale n'avait rien de
menaçant.
On n'avait pas vu sortir le prisonnier, on
ie croyait toujours dans la maison de la ville
ippelée prison des Manife s -tact 'os, onallaitseu-
tement demander au justicia la faveur de le
médiatement la circulation de ces nombreux
trains en cas d'accident.
Les courses ontprésenté un grand intérêt,
surtout celle du Jockey-Club, qui, après le
Grand Prix de Paris, est celle qui passionne
le plus tous les amateurs de sport.
Le prix de cette course importante a été
gagné par les deux représentants de l'écurie
Lupin: cette écurie, à en juger par toutes les
courses de l'année, est en train de prendre le
premier rang parmi les écuries françaises.
Voici les résultats
Prix de Dangu, 5,000 fr. 1e·, Manille, au
comte de Lagrange 2e, Saltarelle, à M.
Fould; 3e, Montargis, au comte de Juigné.
Prix de l'Oise, 2,000 fr. 1er, Lustucru, à
M. du Bos 2e, Fagolin, au comte de Geypre;
3e, Mlle-de-la-Tillière, au baron de Roths-
child.
Prix de Gouvieux, 2,000 fr. Parem-
puyre, à M. Delâtre 2e, Jacinthe, au mar-
quis de Caumont; 3e, Belle-Mimi, à M. Davis.
Prix du .loc.key-Club, 30.000 fr. Salva-
tor, à M. Lupin; 2eNougat, au comte de La-
grange 3e Saint-Cyr, à M. Lupin.
Dimanche prochain, première journée de
la réunion d'été à Longchamps.
PARIS
La journée a été extrêmement lourde hier,
de même que la veille; néanmoins le baro-
mètre s'est relevé, et il est probable que le
temps se fixera au beau.
A la préfecture de police, le travail fort
long et fort difficile du rétablissement des
casiers judiciaires est à peu près complète-
ment terminé.
Plus de cent employés travaillent depuis
près d'un an à cette colossale besogne; on
est parvenu à rétablir les états de service »
d'environ trente miHe individus.
Deux jeunes apprentis emballeurs se pri-
rent de querelle, rue Mayran, pour un motif
futile, et l'un d'eux, saisissant une hachette,
en frappa son camarade à la cuisse, en lui
faisant une profonde blessure.
Ce malheureux s'aflaissa sur lui-même,
baignant dans son sang.
A cette vue, l'auteur de l'accident voulut
fuir, mais son patron le maintint sous bonne
garde.
La victime a été conduite chez un pharma-
cien pour y subir un pansement. et ensuite,
au domicile de ses parents.
Le jeune Huzé, âgé de onze ans, demeu-
rant à Batignolles, s'était suspendu hier sur
le boulevard Haussmann apres un des bran-
cards d'un tonneau d'arrosement pour y
faire de la gymnastique. En se balançant, il
fit glisser la chambrière, et le tonneau en
tombant lourdement l'entraîna sous lui.
Dégagé aussitôt par les témoins de l'acci-
dent, ce jeune imprudent fut conduit chez
un pharmacien; il avait trois côtes enfoncées.
Cet enfant a été transporté ensuite au do-
micile de ses parents.
Un incendie s'est déclaré vers minuit, hier,
dans un hangar construit en bois, situé au
fond d'une cour, rue Pétrarque.
Ce hangar, long environ de quinze mètres
sur six mètres de profondeur, est loué à trois
personnes différentes, deux loueurs de voitu-
res et un entrepositaire de bière.
Grâce aux secours qui ont été organisés
par les gardiens de l'arrondissement, par les
pompiers, on a été maître du feu après une
heure et demie de travail.
On ignore la cause de l'incendie. On sup-
pose que c'est par suite de la fermentation
du fourrage que le feu aurait pris.
Les dégâts sont estimés à 6,000 fr.
-L'hopital de la Pitié possède, comme l'hô-'
pital Gochin, une malade bien étrange. C'est
une jeune fille de dix-sept ans. Elle est ali-
tée depuis deux mois et reste quelquefois,
durant plusieurs jours, plongée dans une
sorte de sommeil léthargique. Si elle est
éveillée, il suffit de lui passer la paume de
la main à quelque distance pour l'endormir
et pour obtenir la rigidité cataleptique des
Mais le justicier, de la nuit entière, n'avait
point fermé les yeux. Il s'attendait à quel-
que demande de ce genre, et n'y trouvait
pas de réponse satisfaisante. A certaines heu-
res les accommodements sont plus difficiles
avec le peuple qu'avec le ciel. Etpuis,il avait
un remords de sa faiblesse.Letransfertd'An-
tonio était une trahison envers un ami et
envers la liberté aragonaise à la fois. La
Nuza avait cédé aux raisonnements et aux
menaces indirectes d'un certain marquis
d'Alménara, serviteur dévoué du roi quand
il fut seul, il réfléchit, eut peur du résultat
de sa faute, et honte de sa lâcheté.
Il était debout, et derrière une fenêtre de
son palais dont la tenture dissimulait sa pré-
sence, il regardait grossir la foule, comme le
voyageur regarde le point noir qui annonce
l'orage dans un ciel encore pur.
Le point noir grandissait; de toutes parts
des nuages pareils arrivaient, s'unissaient au
premier, se massaient, menaçant de couvrir
la place entière.
Un premier cri donna l'élan.
Antonio Perez
Les échos de la ville tout entière le redi-
rent au loin; on dut l'entendre à l'intérieur
de l'Aljaféria.
Le palais resta fermé; les cris redoublè-
rent puis une députation, hâtivement or-
ganisée, se détacha de la foule, et demanda
la porte ouverte. Elle fut introduite.
La Nuza, obligé de dire la vérité, s'excusa
sur l'intimidation exercée sur lui par le mar-
membres. La malade mange peu et très ra-
rement, sans paraître incommodée par cette
diète prolongée. Les médecins et les internes
de la Pitié étudient ce cas à peu près uni-
que. Leurs observations feront le sujet d'un
mémoire à l'Académie de médecine.
On nous a signalé, pendant ces derniers
jours, trois accidents qui se sont produits
dans différents quartiers, par suite d'une
même cause.
Dans les trcis cas, c'est une personne qui
est tombée dans une fosse d'aisances que 1 on
vidait et qu'on avait insuffisamment cou-
verte. Nous croyons qu'il suffit de signaler
ces faits pour empêcher ces sortes d'impru-
dences qui peuvent avoir des suites fatales.
L'exposition des travaux des élèves de l'é-
cole municipale de dessin et de sculpture,
dirigée par M. Lequien, 19, rue des Petits-
Hôtels, a lieu à partir d'aujourd'hui jusqu'au
31 Mai inclusivement, de 8 à 10 heures du
soir, le dimanche excepté.
M. Lemerre, l'éditeur des poëtes contem-
porains et des prosateurs de grand style,
ainsi que des grands écrivains français des
siècles derniers, prépare pour le mois d'octo-
bre prochain la troisième série du Parnasse
contemporain.
Les pièces de vers qui composeront cette
troisième série devront être envoyées à M. Al-
phonse Lemerre, le 31 mai courant, au, plus
tard.
Le comité chargé de composer ce volume
se réunira dans les huit premiers jours de
juin.
Les pièces non insérées seront brûlées.
REVUE DES THÉÂTRES
Dans sa séance d'hier, la commission des
théâtres a examiné une demande formulée par les
propriétaires de la salle Favart, d'un cautionnement
de la part du directeur. Cette demande est basée
sur une décision ministérielle de 1839, dont on n'a-
vait jamais demandé l'application. La commission
a été d'avis qu'on imposât un léger cautionnement
au directeur de l'Opéra-Comique.
• D'ici à une quinzaine de jours, la Comédie-
Française donnera la première représentation de
l'Hôte, un acte en vers de MM. Charles Monselet et
Paul Arène, qui aura pour interprètes Got, Barré,
Boucher et Mlle Reichemberg. Ces deux derniers
artistes danseront un pas.
Le Gymnase met en répétition le Sanglier
des Ardennes, un acte du regretté Amédée Achard.
Les rôles sont distribués à Landrol, Frédéric
Achard, Francès, Henri Richard, Mlles Legault et
Pierski.
M. Henri de Bornier, auteur de la Fille de
Roland, a reçu hier une médaille d'honneur à la
séance de la société d'encouragement au bien. Cette
distinction très méritée, a été accueillie par les plus
sympathiques applaudissements.
v~ Offenbach va mieux. Il ne tardera pas à com-
mencer la partition de la Créole, qui sera jouée l'hi-
ver prochain aux Bouffes, avec Mme Judic dans le
principal rôle, et pour les débuts de Mlle Luce,
élève de Roger.
––A propos de l'opéra-comique de MM. E. Le.
gouvé et Paladilhe, M. de Forges apprend aux lec-
teurs du Ménestrel que l'Amour Africain, de Pros-
per Mérimée, a été déjà mis à la scène: le 11 juil-
let 1827 on joua au théâtre des Nouveautés, place
de la Bourse, une pièce de Rochefort et Paul Du-
port, intitulée les Proverbes au chdteau, pastiche en
trois tableaux, dans lequel l'Amour africain était
textuellement intercalé.
Un programme des plus attrayants, joint au
renom d'une grande artiste devenue une de nos
premières professeurs de chant de Paris, Mme Eu-
génie Garcia, réunissait l'autre soir l'élite du monde
musical dans les salons d'un hôtel artistique fort
connu rue de Clichy. Sivori, Alary, Charles de Bé-
riot, Bonnoliée, Pagans, et la charmante et émi-
nente cantatrice Mme la générale Bataille, alias
Mlle Monbelli, y ont fait assaut de bravoure et de
talent. Mme Bataille qui, à l'école Garcia, a atteint,
on peut le dire, la perfection de l'art, a fait sentir
avant-hier plus cruellement que jamais la porte re-
grettable que nous avons faite.
Le public du théâtre Tivoli a fait un succès
au Qtcai Malaquais, do MM. Elie Frébault et A. de
Roubin. Cette pièce amusante, et Dagobert, de M.
E. Moniot, composent un spectacle attrayant.
Le grand Théâtre-Parisien vient de fermer.
La réouverture aura lieu le juin, sous la direc-
tion de M. Emmanuel Denize. Laferrière doit, dit-
on, jouer en représentation. ADRIBN laroo.de.
quis d'Alménara.
Etes-vous, ou non, le défenseur de nos
fueros? demanda fièrement l'un des députés
du peuple.
Le justicia affirma son bon vouloir.
Alors, venez avec nous reprendre à ceux
qui les ont violés le prisonnier qui ne leur
appartient pas. Antonio Perez s'est placé
sous la protection de la justice d'Aragon, il
n'est justiciable que de la juridiction arago-
naise. Vous l'avez laissé prendre par le saint
office, les portes de l'Aljaféria ne se sont pas
fermées sur un homme, maia sur nos liber-
tés. Il faut les lui reprendre 1
La Nuza n'ayant cédé que par faiblesse et
surprise aux injonctions des gens du roi,
céda plus aisément encore aux orftes des
délégués du peuple, avec lesquels l'entraî-
naient du reste ses convictions et son amitié
pour l'ex-ministre.
Il y eut un cri général de fureur dans la
foule quand elle apprit le transfert secret du
prisonnier; mais la vue du justicia accom-;
pagné de ses lacayos (serviteurs) calma su-
bitement les colères qui allaient éclater con-
tre lui.
On marcha sur l'Aljaféria aux cris de
Liberté! contra fuero! à travers les rues de la
ville, dans chacune desquelles se recrutaient
de nouveaux révoltés.
Sur le passage de ces bandes menaçantes se
trouvait le palais du marquis d'Alménara. En
moins de temps qu'il n'en faudrait pour le
LE RADEAU DE LYON
(Service télégraphique du Petit Journal).
Lyon, 22 mai 1875.
L'accident que je vous ai annoncé hier par
dépêche a eu lieu vers onze heures du soir.
Le radeau qui l'a occasionné venait de la
rivière d'Ain, et il paraît que, depuis Miri-
bel, il était en détresse et cherchait vaine-
ment à accrocher ses amarres aux rives du
fleuves, très difficiles, très sinueuses, sur les
dix-sept kilomètres qui séparent cette ville
de Lyon.
Le radeau s'est jeté sur la rive droite, et a
emporté les deuxième et troisième arches du
pont métallique de la Boucle, à partir de
cette rive.
Le tablier s'est affaissé, presque intact, sur
le radeau, mais séparé en deux, suivant la
dimension des travées.
Radeau et tablier sont allés échouer à plus
de 150 mètres en aval, contre l'usine flottante
d'un refendeur de cuirs.
Si les cinq amarres de cette usme ne se
fussent pas trouvées solides (uneseulechaîne
s'est brisée), si le cours du Rhône n'eût pas
été relativement bas, les conséquences de
l'accident eussent été bien autrementfatales.
Les embarcations, les bateaux à laver at-
tachés aux quais inférieurs, auraient été
certainement entraînés pêle-mêle, les uns
sur les autres, jusqu'au pont Morand, qui
eût eu grand'peine à résister à cette formi-
dable avalanche.
Quelques pièces de bois seulement sont
allées se jeter entravers des piles de ce vieux
pont, quia si longtemps tenu tête aux dé-
bordements du fleuve et à des chocs ter-
ribles.
Sept mariniers montaient le radeau qua-
tre ont pu se sauver à la nage ou être secou-
rus à temps ils en ont été quittes pour des
contusions.
Trois autres ont disparu, et non cinq, com-
me le portait notre dépêche.
Jusqu'à cette heure, il a été impossible de
les rechercher.
Les épaves en bois et en for des arches
emportées pèsent sur le radeau et le tien-
nent enfoncé dans l'eau.
Probablement les cadavres des trois mari-
niers, écrasés à l'avant du train par l'écrou-
lement du pont, sont au milieu de ces dé-
bris, entraînés beaucoup plus loin, au point
qui vient d'être désigné.
LA PETITE POSTE
m. P. P. à Clermont-Ferrand. –Pour toutes les
sociétés notables, il vous suffit d'écrire au président
avec le seul nom de la ville. Envoyez un timbro-
poste pour affranchir la réponse; vous aurez les
renseignements,
ac. j. r. rue des Halles. Adressez-vous à la
mairie de votre arrondissement.
DEPARTEMENTS
On nous écrit d'Orléans
Un cheval qu'on ramenait hier dans son
écurie s'est échappé de la main de son con-
ducteur, et se mit à parcourir la rue avec une
rapidité vertigineuse.
Quatre personnes qui voulurent l'arrêter
ont reçu la première une morsure à la joue,
les autres des ruades; la dernière, vendeur
chez M. Bouché, correspondant du Petit
Journal, a été atteinte à la tête; son état est
des plus graves.
Un artilleur ahardiment barré avec son fusil
le passage au cheval emporté; il sa cabra; le
courageux artilleur le renversa d'un coup de
tête au poitrail et parvint à s'en rendra;
maître.
On nous écrit d'Alger, 19 mai:
La ville d'Alger est très émotionnée paj
suite de deux sinistres financiers.
La maison Farnarier et Cie, banquiers,
boulevard de la République, Alger, a
suspendu ses paiements, laissant un passif
de 1,500,000 francs sans un centime en caisse.
Cette catastrophe entraîne dans la ruina
partient qu'aux furia populaires, les grilles
furent renversées, les portes brisées, la mai-
son pillée et le marquis entrainé dans la rue,
où mille bras se disputèrent le triste lion-
neur de le massacrer.
Tout cela avait assez duré, y compris la de-
putation chez la Nuza, pour que la ville en-
tière fût éveillée; la matinées'avançait mêmes,
et des maisons comme de la rue s'élevaient
les mêmes cris.
Antonio Perez et Liberté!
A l'Aljaféria tout paraissait tranquille. Gê-
ronimo faisait sa tournée du matin, et Cy-
prien prenait congé de la gentille Ann'a.
Maria éplorée, confuse au milieu de ses
larmes de regret et de ses sourires d'espé
rances.
Tu reviendras? disait-elle.
En doutes-tu?
Non je serais trop malheureuse
Cyprien, servi par le hasard et l'amour
deux divinités qui se mettent aisément au
service des beaux garçons de dix-huit ans,
avait sans difficulté rempli sa mission i'
emportait la réponse d'Antonio Perez au ro
de France.
Pendant qu'il donnait à la jeune fille un
doux baiser d'adieu, le silence du sombre
palais fut troublé par le bruit d'un carrosse
et de plusieurs cavaliers qui arrivaient avec
la rapidité de gens qui fuient.
CAMILLE BIA£
ytisuitt ftdçmaitbl
Enfin, pour prévenir par l'asphyxie tout
retour à la vie de l'infortunée Espagnole, les
baniits entassent sur sa tête et sur son corps
une partie des meubles qui garnissaient la
Ce fut le lendemain seulement que la
femme Sancho put être rappelée à a vie.
Etonnés de ne pas la voir, des voisins avaient
averti le.commissaire. Ce magistratrecueillit
do la bouche de la victime le récit de l'hor-
rible attentat.
Pendant ce temps, le mari qui avait inuti-
lcnmnt fait le voyage de Marseille pour re-
joindre leparentdont il se supposait attendu,
s'é ait avisé de penser que ce parent était
peut-être à Cette.
Il avait repris le chemin de fer, à destina-
tion de cette'dernière ville..
Les assassins, de leur côté, avaient gagné
Nîmes en grande hâte, ils avaient résolu de
ie diriger vers Cette, avec l'espoir d'y trou-
zer un bateau en partance pour l'Espagne.
Hasard providentiel le même train de
Nîmes à Cette, emportait les deux miséra-
bles et le brave chiffonnier de Beaucaire.
A Lunel, pendant un arrêt, celui-ci mit le
pied sur le quai. Du fond de leurs wagons,
les autres l'aperçurent. Ils imaginèrent aus-
sitôt qu'il savait tout et qu'il les poursuivait.
Le convoi se remit en marche. Avant d'at-
teindre Cette, il ne devait plus s'arrêter qu'à
Montpellier. Francesco et Vaqué se considé-
raient comme perdus. Fous de terreur, un
peu avant Montpellier, ils sautèrent de leur
compartiment sur la voie ferrée.
L'accusation nous dit comment, ensuite,
s'opéra leur arrestation.
lis ne réalisèrent leur projet d'évasion qu'au prix
d'une chute périlleuse.
Sancho en fut quitte cependant pour une égrati-
rnure légère mais Vaqué se fit à la région coxo-
fcmorale une large et profonde blessure; les effets
at l'argent dont il était porter s'éparpillèrent sur la
voie. Dans l'obscurité, ils les ramassèrent à grand'-
peine. Après avoir pansé le blessé, ils réussirent à
franchir ia clôture du chemin de fer et à se traîner
jusqu'à l'auberge la plus voisine, à l'entrée de la
Là. leur attitude, leur langage étrange, le désor-
dre de leurs vêtements, et, par dessus tout, le sang
dont ils étaient couverts, excitèrent de la part de
loti, hôtes de légitimes défiances. On les reçut ce-
pendant on leur servit un verre d'eau-de-,vie, et
leur donna un lit. Mais, vers sept heures du ma-
lin, tandis que Sancho était allé acheter des vête-
nents neufs pour son compagnon et pour lui-même,
le maître de l'auberge crut devoir se transporter au
bureau du commissaire de police, pour les signa-
ler à ce magistrat.
Un brigadier, aussi ferme qu'intelligent, fut im-
médiatement chargé d'éclaircir la situation de ces
deux étrangers; elle parut trop équivoque pour
qu'il hésitât à les mettre en état d'arrestation. A
peine venait-il, à lui seul et avec une rare énergie,
de s'assurer de leurs personnes, que parvinrent à
Montpellier les dépêches du parquet de Nîmes an-
aoncant le crime de Beaucaire.
Les deux vagabonds furent trouvés nantis
des sommes et des valeurs dérobées. Il sem-
blait, dès lors, que l'instruction dût marcher
rapidement. Mais des complications devaient
en entraver les progrès; ce n'est qu'après un
intervalle de près de six mois que les coupa-
bles comparaissent devant la justice.
Après de longs débats, dont la déposition
de la femme Sancho, convalescente sinon
guérie, a été l'élément le plus dramatique,
deux condamnations exemplaires viennent
d'être prononcées
Pour Francesco Sancho, la peine de mort;
Pour José Vaqué, les travaux forcés 4
ChatitiHy. Dimanche 23 mai.
Malgré les quarante-un kilomètres qui sé-
parent Chantilly de Paris, il y avait hier, sur
ie champ de courses, une foule au moins
considérable qu'aux journéesd'Auteuil
ït de Longchamps.
Dès le matin, les trains du Nord, se succé-
lant sans interruption, amenaient chacun
do 1,000 à 1,200 spectateurs; sur toute la li-
de distance en distance, des appareils
biographiques provisoires, adaptés aux fils,
étaient installés afin de pouvoir arrêter im-
FEUILLETON DU 25 MAI 1875
LES [58]
PREMIÈRE PARTIE
L^ LOUVE
x
IL-a délivrance
Les premiers rayons du soleil doraient la
villede Calatayud, dont lesvieux monuments
:u détachaient, souvenirs sombres d'un autre
Ige, dans les clartés riantes d'une aurore
ans nuages. Une vapeur lointaine que chas-
ait devant lui.le jour naissant, faisait présa-
ger une journée brûlante, mais la première
heure en était splendide.
La foule qui pendant la nuit s'était disper-
;ée, a l'exception de quelques incrédules, en-
core couchés sur la place depuis la veille,
reprenait déjà de tous les points do la ville la
route du palais, mais le murmure produit
par cette promenade matinale n'avait rien de
menaçant.
On n'avait pas vu sortir le prisonnier, on
ie croyait toujours dans la maison de la ville
ippelée prison des Manife s -tact 'os, onallaitseu-
tement demander au justicia la faveur de le
médiatement la circulation de ces nombreux
trains en cas d'accident.
Les courses ontprésenté un grand intérêt,
surtout celle du Jockey-Club, qui, après le
Grand Prix de Paris, est celle qui passionne
le plus tous les amateurs de sport.
Le prix de cette course importante a été
gagné par les deux représentants de l'écurie
Lupin: cette écurie, à en juger par toutes les
courses de l'année, est en train de prendre le
premier rang parmi les écuries françaises.
Voici les résultats
Prix de Dangu, 5,000 fr. 1e·, Manille, au
comte de Lagrange 2e, Saltarelle, à M.
Fould; 3e, Montargis, au comte de Juigné.
Prix de l'Oise, 2,000 fr. 1er, Lustucru, à
M. du Bos 2e, Fagolin, au comte de Geypre;
3e, Mlle-de-la-Tillière, au baron de Roths-
child.
Prix de Gouvieux, 2,000 fr. Parem-
puyre, à M. Delâtre 2e, Jacinthe, au mar-
quis de Caumont; 3e, Belle-Mimi, à M. Davis.
Prix du .loc.key-Club, 30.000 fr. Salva-
tor, à M. Lupin; 2eNougat, au comte de La-
grange 3e Saint-Cyr, à M. Lupin.
Dimanche prochain, première journée de
la réunion d'été à Longchamps.
PARIS
La journée a été extrêmement lourde hier,
de même que la veille; néanmoins le baro-
mètre s'est relevé, et il est probable que le
temps se fixera au beau.
A la préfecture de police, le travail fort
long et fort difficile du rétablissement des
casiers judiciaires est à peu près complète-
ment terminé.
Plus de cent employés travaillent depuis
près d'un an à cette colossale besogne; on
est parvenu à rétablir les états de service »
d'environ trente miHe individus.
Deux jeunes apprentis emballeurs se pri-
rent de querelle, rue Mayran, pour un motif
futile, et l'un d'eux, saisissant une hachette,
en frappa son camarade à la cuisse, en lui
faisant une profonde blessure.
Ce malheureux s'aflaissa sur lui-même,
baignant dans son sang.
A cette vue, l'auteur de l'accident voulut
fuir, mais son patron le maintint sous bonne
garde.
La victime a été conduite chez un pharma-
cien pour y subir un pansement. et ensuite,
au domicile de ses parents.
Le jeune Huzé, âgé de onze ans, demeu-
rant à Batignolles, s'était suspendu hier sur
le boulevard Haussmann apres un des bran-
cards d'un tonneau d'arrosement pour y
faire de la gymnastique. En se balançant, il
fit glisser la chambrière, et le tonneau en
tombant lourdement l'entraîna sous lui.
Dégagé aussitôt par les témoins de l'acci-
dent, ce jeune imprudent fut conduit chez
un pharmacien; il avait trois côtes enfoncées.
Cet enfant a été transporté ensuite au do-
micile de ses parents.
Un incendie s'est déclaré vers minuit, hier,
dans un hangar construit en bois, situé au
fond d'une cour, rue Pétrarque.
Ce hangar, long environ de quinze mètres
sur six mètres de profondeur, est loué à trois
personnes différentes, deux loueurs de voitu-
res et un entrepositaire de bière.
Grâce aux secours qui ont été organisés
par les gardiens de l'arrondissement, par les
pompiers, on a été maître du feu après une
heure et demie de travail.
On ignore la cause de l'incendie. On sup-
pose que c'est par suite de la fermentation
du fourrage que le feu aurait pris.
Les dégâts sont estimés à 6,000 fr.
-L'hopital de la Pitié possède, comme l'hô-'
pital Gochin, une malade bien étrange. C'est
une jeune fille de dix-sept ans. Elle est ali-
tée depuis deux mois et reste quelquefois,
durant plusieurs jours, plongée dans une
sorte de sommeil léthargique. Si elle est
éveillée, il suffit de lui passer la paume de
la main à quelque distance pour l'endormir
et pour obtenir la rigidité cataleptique des
Mais le justicier, de la nuit entière, n'avait
point fermé les yeux. Il s'attendait à quel-
que demande de ce genre, et n'y trouvait
pas de réponse satisfaisante. A certaines heu-
res les accommodements sont plus difficiles
avec le peuple qu'avec le ciel. Etpuis,il avait
un remords de sa faiblesse.Letransfertd'An-
tonio était une trahison envers un ami et
envers la liberté aragonaise à la fois. La
Nuza avait cédé aux raisonnements et aux
menaces indirectes d'un certain marquis
d'Alménara, serviteur dévoué du roi quand
il fut seul, il réfléchit, eut peur du résultat
de sa faute, et honte de sa lâcheté.
Il était debout, et derrière une fenêtre de
son palais dont la tenture dissimulait sa pré-
sence, il regardait grossir la foule, comme le
voyageur regarde le point noir qui annonce
l'orage dans un ciel encore pur.
Le point noir grandissait; de toutes parts
des nuages pareils arrivaient, s'unissaient au
premier, se massaient, menaçant de couvrir
la place entière.
Un premier cri donna l'élan.
Antonio Perez
Les échos de la ville tout entière le redi-
rent au loin; on dut l'entendre à l'intérieur
de l'Aljaféria.
Le palais resta fermé; les cris redoublè-
rent puis une députation, hâtivement or-
ganisée, se détacha de la foule, et demanda
la porte ouverte. Elle fut introduite.
La Nuza, obligé de dire la vérité, s'excusa
sur l'intimidation exercée sur lui par le mar-
membres. La malade mange peu et très ra-
rement, sans paraître incommodée par cette
diète prolongée. Les médecins et les internes
de la Pitié étudient ce cas à peu près uni-
que. Leurs observations feront le sujet d'un
mémoire à l'Académie de médecine.
On nous a signalé, pendant ces derniers
jours, trois accidents qui se sont produits
dans différents quartiers, par suite d'une
même cause.
Dans les trcis cas, c'est une personne qui
est tombée dans une fosse d'aisances que 1 on
vidait et qu'on avait insuffisamment cou-
verte. Nous croyons qu'il suffit de signaler
ces faits pour empêcher ces sortes d'impru-
dences qui peuvent avoir des suites fatales.
L'exposition des travaux des élèves de l'é-
cole municipale de dessin et de sculpture,
dirigée par M. Lequien, 19, rue des Petits-
Hôtels, a lieu à partir d'aujourd'hui jusqu'au
31 Mai inclusivement, de 8 à 10 heures du
soir, le dimanche excepté.
M. Lemerre, l'éditeur des poëtes contem-
porains et des prosateurs de grand style,
ainsi que des grands écrivains français des
siècles derniers, prépare pour le mois d'octo-
bre prochain la troisième série du Parnasse
contemporain.
Les pièces de vers qui composeront cette
troisième série devront être envoyées à M. Al-
phonse Lemerre, le 31 mai courant, au, plus
tard.
Le comité chargé de composer ce volume
se réunira dans les huit premiers jours de
juin.
Les pièces non insérées seront brûlées.
REVUE DES THÉÂTRES
Dans sa séance d'hier, la commission des
théâtres a examiné une demande formulée par les
propriétaires de la salle Favart, d'un cautionnement
de la part du directeur. Cette demande est basée
sur une décision ministérielle de 1839, dont on n'a-
vait jamais demandé l'application. La commission
a été d'avis qu'on imposât un léger cautionnement
au directeur de l'Opéra-Comique.
• D'ici à une quinzaine de jours, la Comédie-
Française donnera la première représentation de
l'Hôte, un acte en vers de MM. Charles Monselet et
Paul Arène, qui aura pour interprètes Got, Barré,
Boucher et Mlle Reichemberg. Ces deux derniers
artistes danseront un pas.
Le Gymnase met en répétition le Sanglier
des Ardennes, un acte du regretté Amédée Achard.
Les rôles sont distribués à Landrol, Frédéric
Achard, Francès, Henri Richard, Mlles Legault et
Pierski.
M. Henri de Bornier, auteur de la Fille de
Roland, a reçu hier une médaille d'honneur à la
séance de la société d'encouragement au bien. Cette
distinction très méritée, a été accueillie par les plus
sympathiques applaudissements.
v~ Offenbach va mieux. Il ne tardera pas à com-
mencer la partition de la Créole, qui sera jouée l'hi-
ver prochain aux Bouffes, avec Mme Judic dans le
principal rôle, et pour les débuts de Mlle Luce,
élève de Roger.
––A propos de l'opéra-comique de MM. E. Le.
gouvé et Paladilhe, M. de Forges apprend aux lec-
teurs du Ménestrel que l'Amour Africain, de Pros-
per Mérimée, a été déjà mis à la scène: le 11 juil-
let 1827 on joua au théâtre des Nouveautés, place
de la Bourse, une pièce de Rochefort et Paul Du-
port, intitulée les Proverbes au chdteau, pastiche en
trois tableaux, dans lequel l'Amour africain était
textuellement intercalé.
Un programme des plus attrayants, joint au
renom d'une grande artiste devenue une de nos
premières professeurs de chant de Paris, Mme Eu-
génie Garcia, réunissait l'autre soir l'élite du monde
musical dans les salons d'un hôtel artistique fort
connu rue de Clichy. Sivori, Alary, Charles de Bé-
riot, Bonnoliée, Pagans, et la charmante et émi-
nente cantatrice Mme la générale Bataille, alias
Mlle Monbelli, y ont fait assaut de bravoure et de
talent. Mme Bataille qui, à l'école Garcia, a atteint,
on peut le dire, la perfection de l'art, a fait sentir
avant-hier plus cruellement que jamais la porte re-
grettable que nous avons faite.
Le public du théâtre Tivoli a fait un succès
au Qtcai Malaquais, do MM. Elie Frébault et A. de
Roubin. Cette pièce amusante, et Dagobert, de M.
E. Moniot, composent un spectacle attrayant.
Le grand Théâtre-Parisien vient de fermer.
La réouverture aura lieu le juin, sous la direc-
tion de M. Emmanuel Denize. Laferrière doit, dit-
on, jouer en représentation. ADRIBN laroo.de.
quis d'Alménara.
Etes-vous, ou non, le défenseur de nos
fueros? demanda fièrement l'un des députés
du peuple.
Le justicia affirma son bon vouloir.
Alors, venez avec nous reprendre à ceux
qui les ont violés le prisonnier qui ne leur
appartient pas. Antonio Perez s'est placé
sous la protection de la justice d'Aragon, il
n'est justiciable que de la juridiction arago-
naise. Vous l'avez laissé prendre par le saint
office, les portes de l'Aljaféria ne se sont pas
fermées sur un homme, maia sur nos liber-
tés. Il faut les lui reprendre 1
La Nuza n'ayant cédé que par faiblesse et
surprise aux injonctions des gens du roi,
céda plus aisément encore aux orftes des
délégués du peuple, avec lesquels l'entraî-
naient du reste ses convictions et son amitié
pour l'ex-ministre.
Il y eut un cri général de fureur dans la
foule quand elle apprit le transfert secret du
prisonnier; mais la vue du justicia accom-;
pagné de ses lacayos (serviteurs) calma su-
bitement les colères qui allaient éclater con-
tre lui.
On marcha sur l'Aljaféria aux cris de
Liberté! contra fuero! à travers les rues de la
ville, dans chacune desquelles se recrutaient
de nouveaux révoltés.
Sur le passage de ces bandes menaçantes se
trouvait le palais du marquis d'Alménara. En
moins de temps qu'il n'en faudrait pour le
LE RADEAU DE LYON
(Service télégraphique du Petit Journal).
Lyon, 22 mai 1875.
L'accident que je vous ai annoncé hier par
dépêche a eu lieu vers onze heures du soir.
Le radeau qui l'a occasionné venait de la
rivière d'Ain, et il paraît que, depuis Miri-
bel, il était en détresse et cherchait vaine-
ment à accrocher ses amarres aux rives du
fleuves, très difficiles, très sinueuses, sur les
dix-sept kilomètres qui séparent cette ville
de Lyon.
Le radeau s'est jeté sur la rive droite, et a
emporté les deuxième et troisième arches du
pont métallique de la Boucle, à partir de
cette rive.
Le tablier s'est affaissé, presque intact, sur
le radeau, mais séparé en deux, suivant la
dimension des travées.
Radeau et tablier sont allés échouer à plus
de 150 mètres en aval, contre l'usine flottante
d'un refendeur de cuirs.
Si les cinq amarres de cette usme ne se
fussent pas trouvées solides (uneseulechaîne
s'est brisée), si le cours du Rhône n'eût pas
été relativement bas, les conséquences de
l'accident eussent été bien autrementfatales.
Les embarcations, les bateaux à laver at-
tachés aux quais inférieurs, auraient été
certainement entraînés pêle-mêle, les uns
sur les autres, jusqu'au pont Morand, qui
eût eu grand'peine à résister à cette formi-
dable avalanche.
Quelques pièces de bois seulement sont
allées se jeter entravers des piles de ce vieux
pont, quia si longtemps tenu tête aux dé-
bordements du fleuve et à des chocs ter-
ribles.
Sept mariniers montaient le radeau qua-
tre ont pu se sauver à la nage ou être secou-
rus à temps ils en ont été quittes pour des
contusions.
Trois autres ont disparu, et non cinq, com-
me le portait notre dépêche.
Jusqu'à cette heure, il a été impossible de
les rechercher.
Les épaves en bois et en for des arches
emportées pèsent sur le radeau et le tien-
nent enfoncé dans l'eau.
Probablement les cadavres des trois mari-
niers, écrasés à l'avant du train par l'écrou-
lement du pont, sont au milieu de ces dé-
bris, entraînés beaucoup plus loin, au point
qui vient d'être désigné.
LA PETITE POSTE
m. P. P. à Clermont-Ferrand. –Pour toutes les
sociétés notables, il vous suffit d'écrire au président
avec le seul nom de la ville. Envoyez un timbro-
poste pour affranchir la réponse; vous aurez les
renseignements,
ac. j. r. rue des Halles. Adressez-vous à la
mairie de votre arrondissement.
DEPARTEMENTS
On nous écrit d'Orléans
Un cheval qu'on ramenait hier dans son
écurie s'est échappé de la main de son con-
ducteur, et se mit à parcourir la rue avec une
rapidité vertigineuse.
Quatre personnes qui voulurent l'arrêter
ont reçu la première une morsure à la joue,
les autres des ruades; la dernière, vendeur
chez M. Bouché, correspondant du Petit
Journal, a été atteinte à la tête; son état est
des plus graves.
Un artilleur ahardiment barré avec son fusil
le passage au cheval emporté; il sa cabra; le
courageux artilleur le renversa d'un coup de
tête au poitrail et parvint à s'en rendra;
maître.
On nous écrit d'Alger, 19 mai:
La ville d'Alger est très émotionnée paj
suite de deux sinistres financiers.
La maison Farnarier et Cie, banquiers,
boulevard de la République, Alger, a
suspendu ses paiements, laissant un passif
de 1,500,000 francs sans un centime en caisse.
Cette catastrophe entraîne dans la ruina
partient qu'aux furia populaires, les grilles
furent renversées, les portes brisées, la mai-
son pillée et le marquis entrainé dans la rue,
où mille bras se disputèrent le triste lion-
neur de le massacrer.
Tout cela avait assez duré, y compris la de-
putation chez la Nuza, pour que la ville en-
tière fût éveillée; la matinées'avançait mêmes,
et des maisons comme de la rue s'élevaient
les mêmes cris.
Antonio Perez et Liberté!
A l'Aljaféria tout paraissait tranquille. Gê-
ronimo faisait sa tournée du matin, et Cy-
prien prenait congé de la gentille Ann'a.
Maria éplorée, confuse au milieu de ses
larmes de regret et de ses sourires d'espé
rances.
Tu reviendras? disait-elle.
En doutes-tu?
Non je serais trop malheureuse
Cyprien, servi par le hasard et l'amour
deux divinités qui se mettent aisément au
service des beaux garçons de dix-huit ans,
avait sans difficulté rempli sa mission i'
emportait la réponse d'Antonio Perez au ro
de France.
Pendant qu'il donnait à la jeune fille un
doux baiser d'adieu, le silence du sombre
palais fut troublé par le bruit d'un carrosse
et de plusieurs cavaliers qui arrivaient avec
la rapidité de gens qui fuient.
CAMILLE BIA£
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