Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1875-05-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 23 mai 1875 23 mai 1875
Description : 1875/05/23 (Numéro 4531). 1875/05/23 (Numéro 4531).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592566m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2008
nmaeE
lusqu'aux futailles de vin exposées sur la Voie pu-
blique. Et puis, il y a la forêt.
Saint-Clond, Grandes eâux^Ôurëftiire dés
jardins réservés. Musiqùe militaire dans le parc.
Montléry (pare d'Orléans, ligne d'Etampes, sta-
tion deSt-Michel, à 50 minutes de Paris. Billets d'al-
ler et retour du samedi au lundi). Fête patrona-
le. Jeux divers, amusements forains. Concert par
la fanfare de la ville, dirigée prf M. Jbly et par
l'institution Prou. Grand bal.
Saint-Dénis. La fête du LanStf, qui se tient
sur le cours Ragot et la Butte des Suisses, aura lieu
cette année les.6; 13 et 20 juin. Nous en donnerons
le programme.- Le placement des marchands se
fera le vendredi 28 mai, sur l'emplacement de la fête.
La foire aux moutons Se tiendra les 12, 16 et 19
juin.
Le Journal illustré
a commencé hier la publication du
SCARABÉE D'OR
Histoire extraordinaire
du célèbre romancier américain Edgar Pôë,
traduit spécialement pour nos lecteurs.
LE SCARABÉE D'OR
dont l'intérêt est palpitant, est illustré ma-
gnifiquement par Ferat et Méaulle. Jamais
dessins plus beaux, plus artistiques, n'ont
paru dans Un journal.
Ce numéro contient égalelnent
LE CRIME DE VlROFLAY
Le Naufrage du Schilter
Les Fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans
et les illustrations des PIEUVRES dé P'ARlSé
PRIX EXCEPTIONNEL: I& ô. le N».
PARIS
lia journée d'hier a été tfês loürde, le
temps était à l'Orage et le ciel nuageux. 'Vers
sept Heures, là pluie a commencé à tomber,
mais sans persister*
A deux heures, le thermomètre marquait
27 degtés au-dessus de zéro.
Cette année, comme les années prêcédên-
tes, le ministre de la guerre mettra des sol-
dats à là disposition des cultivateurs pour
les travaux des champs, et en particulier
pour ceux de la moisson.
Ces autorisations ne s'appliqueront qu'aux
mois de juin, juillet et août.
Quant au prix de journée des travailleurs
militaires, il variera de 1 fr. 10 1 1 fr. 80, sui-
vant les régions.
La devanture d'une maison en démolition,
.boulevard de Belleville, 10, avec les piliers
en briques qui la soutenaient, se sont écrou-
lés hier, à midi, avec un fracas épouvanta-
ble. En ce moment passait le petit HenryLe-
fèvre, âgé de cinq ans, boulevard de Belle-
ville, 34. Cet enfant a été enseveli sous les
décombres.
On s'empressa dé le dégager et de le por-
-ter, inanimé, chez le pharmacien Guérin",
rue Ménilmontant; le docteur Lèfèyrë cons-
tata deux fractures à la jambe droite et une
blessure au-dessus de l'œil droit.
M. Fallery, commissaire de police, a fait
transporter le pauvre petit à l'hôpital Sainte-
Eugénië, puis â fait avertir ses parents.
Des mesures ont été prises ahn de préve-
nir d'autres accidents.
Un coiffeur de la rue de la Truanderie était
sorti, hier soir, un instant de sa boutique
pour entrer chez son voisin.
Pendant sonabsence,arrivèrent deux clients;
ne voyant pas le coifieur et probablement
pour ne point perdre leur temps, les deux
étranges clients ouvrirent le tiroir-caisse au-
quel on avait laissé la clef ils emportèrent
,la recette de la journée, une cinquantaine
de francs, et disparurent.
Le coiffeur rentra uniustant après et cons-
tata le vol si audacieusement accompli.
On transforme, en ce moment, certaines
parties du square des Buttes-Chaumont. Le
temple de la Sibylle, copié sur l'ancien temple
de Tivoli, près des Rome, et qui domine la
butte, est particulièrement l'objet de répara-
tions sérieuses.
FEUILLETON DU 23 MAI 1875
LES [56]
LOUPS DEFIMES
PREMIÈRE PARTIE
LA LOUVE
IX
Où Cyprien semble prédestiné iL la recon-
naissance des pères.
(Suite)
Après, je vous l'ai dit, on ne sort pas de
l'Aljaféria. Mais qu'avez-vous donc? Vous
semblez rêveur!
Eh fit Cyprien qui s'oubliait un peu
en effet dans ses réflexions, je songe qu'il y
a autre chose que des verroux pour faire un
prisonnier à vie dans ce palais.
Quoi donc?
Vos beaux yeux, répondit le jeune
homme.
Et cette fois, ce ne fut plus la main, mais le
front rougissant de la jeune fille qu'il em-
brassa.
J'étais curieux, reprit-il, de voir cet
homme dont le nom seul soulève un peuple,
et dont toute l'Europe s'occupe à cette heure,
et je l'attendais copine les autres sur la place
quand vos cris.
Dans quelles jours, les travaux de ré-
paration seront*; terminés, et le public
pourra, à s'en aïlSj reprendre, le. Chemin de
ce magnifique pbsefvatoiïë^ 6u l'on jouit
d'un splendide coup d'oeil.
La Société nationale d'encouragement au
bien tiendra sa séance publique pour la dis-
tribution de ses récompenses, demain di-
manche, sous là présidence de M. dola Roche-
foucauld, duc de DoudeàUvillé, à midi et
demi, au Cirque d'hiver, boulevard des Filles-
du-Galvaire.
Le rapport sur les actes de dévouement et
de vertu sera présenté par M. H. Arnoul,
secrétaire général.
Le sieur B. et safemme, demeurant rue
de la Cigale, à Asnières, avaient deux fil-
lettes et vivaient très unis, très heureux.
Avant-hier matin, le mari s'aperçut de
l'absence de sa femme. Il la chercha de tous
côtés; elle venaitdé se précipiter dans le puits
du jardin.
On parvint à la retirer on l'interrogea,
mais elle ne put indiquer aucun motit de
son acte désespéré. Le mari et des amis la
surveillèrent. Mais pendant la nuit, profltant
du sommeil de ses gardiens, elle sortit, et se
jeta de nouveau dans le puits.
Lé mari s'éveille, accourt, descend tine se-
conde fois dans le puits, et parvient à la re-
monter vivante.
Mais à ce moment, l'infortunée lui échappa
et retomba au fond.
Quant on put la retirer du puits, elle était
morte.
L'enterrement a eu lieu hier. Tout Asniè-
res y assistait.
CONCERTS MILITAIRES
Programme du samedi 22 mal
DB 5 HEURES 6 HEURHS
TUILERIES. 90a dé ligne, chef M. GERMAIN.
1. Sijltais Roi, ûuvèrtureè àdAM
2. Fleurette, polka ltjpkèï
3. Stella, valse emmesbeeS
4. Le Comte Ory, fantaisie. rossini
5. L'Etincelle, galop.. ;«; boùard
PALAIS-ROYAL.– Gardé républicaine, chef M. SeilemOK.
1. Robert le Diable.n.i.i. ai.ii.n. meyerbeéb
2. La ilarengotle, solo de cornet à piston
exécuté par Prévet selleniok
3. Les Fiances de la Mort, arrangé par
Tfènrpel. SCBuber*
4. Ouverture de Guillaume Tell. rossini
REVUE DES THEATRES
Plusieurs débuts importants ne tarderont pas à
S'effsctuer à l'Opéra.
D'abord celui de Mlle Beau, dans Marguerite de
Faust. Ensuite, dans Ophélie d'Hapilet, celui de
Mlle de Reszki, qui a failli être victime ces jours
derniers d'un accident de voiture. Puis celui du té-
nor Tournié, pour lequel M, Halanzier apayé,dit-on,
un dédit de 50,000 francs au directeur du théâtre
de Nantes.
L'Odéon donne aujourd'hui, pouf la première
fois, Geneviève, ou la jalousie paternelle;de Scribe et
Melesville.
Mlle B. Barèttà joue le r6le créé au Gymnase, en
1846, par Rose Chéri, et Georges Richard celui créé
Les artistes du Vaudeville, réunis en société
pendant cet été, joueront d'abord une pièce en trois
actes dé MM. Delàcour et Hennequin: lesJeux dan-
Avant le Remords, de M. Sardou, le Gymnase
donnera le Mari d'une étoile, satire vigoureuse de
certaines mœurs actuelles. L'auteur est un homme du
monde, qui fut député sous l'Empire.
Les Variétés préparent pour le 25 de ce mois
une représentation au bénéfice de Baron.
En voici le programme:
Première représentation d'un Gendre en eau trou-
ble, de M. Oswald.
La Chambre à deu1; lits, par Hyacinthe et Las-
souche.
Le Charlatanisme, par Pradeau et Landrol.
Le Passage de Vénus, avec Baron et Dupuis.
Le 31 acte des Farces dramatiques.
Deux chansonnettes dites par Mme Judic.
Airs chantés par Mlle Ferruci et Caron, de l'O-
péra.
Giselle; ballet comique.
L'inauguration des représentations à prix ré-
duits, données par M. Ballande, a eu lieu jeudi à la
salle Ventadour. Le programme se composait du
Vous perdiez votre temps, dit Anna-
Maria en riant..
Mais elle serra plus fort la main du jeune
homme à ce souvenir.
Eh bien! le souper est-il prêt? deman-
da Geronimo, en entrant tout à coup. Rien
ne paraît encore, et je crois que nous aurons
le temps de boire à la sante de notre hôte
avant l'arrivée du prisonnier.
Anna-Maria avait disparu au premier mot
de son père.
Jeune homme, dit le geôlier, qui que
vous soyez, et pour quelque raison que vous
ayez pris ce déguisement, je suis prêt à vous
payer le service rendu si Vous avez besoin
de moi.
Merci. Mais je vous avouerai franche-
ment, senor geôlier, que pour l'heure je n'ai
guère d'autre désir que celui de me mettre
quelque chose sous la dent.
Comme si elle eût entendu ces paroles,
Anna-Maria, son doux sourire aux lèvres,
vint inviter son sauveur à se mettre à table,
ce que tous firent gaiement.
Après le service d'un olla-podrida, dévoré
par Cyprien au grand plaisir de ses hôtes
avec un appétit de voyageur
-Allons, ditle jeune homme, je crois que
votre Antonio Perez, s'il trouble beaucoup de
choses en Espagne, nous laissera du moins
souper en paix.
Que Dieu l'en récompense répondit la
eune fille en versant à son père et à son
de vieux vin d'Esnaene. ter-
(Talon d'Achille, creé aux matinées littéraires de la
sPorte-Saint-Martin; àxLjîèdecin malgré lui, et de
'0! Anglais, ou le Fou- fawnnable.
La soirée à été bonne.
~^Mile Marie la célèbre cftntâ"
trice, est de retour à Paris, après une brillante sai-
son au théâtre San-Carlos, à Lisbonne;
Malgré la tentative malheureuse faite il y a
deux ans à l'Athénée par une troupe anglaise, mise
Lydià Thompson, une comédienne-directriée choyée
du toiit-Londres, doit venir prochainement à Paris
avec sa troupe. Cette fois, oé îië seraient pas les œù-
de Shakespeare que l'on soumettrait à l'approbation
des Parisiens, mais une .fantaisie bouffonne anglaise,
intitulée Barbe-Bleue,
Il paraît que depuis six mois, cette bouffonnerie
fait la joie de tout Londres, et qu'on n'a jamais vn
sur une scène anglaise rien de plus fou, dé plus
excentrique, de plus amusant, même pour ceux qui
ne comprennent pas un mot d'anglais.
ADRIEN LAHÔQOB.
DEPARTEMENTS
On télégraphie de Boulogne-siiï-Mer, le 20 mâl, à
neuf heures un quart du soir
Un incendie considérable vient d'éclater
dans les magasins de spiritueux et de pétrole
appartenant à M. Alléaume, rue Neuve-
Chaussée. Les maisons voisines sont forte-
ment menacées.
Avant-hier, sur le chemin des Minimes,
près lé fort de Sàinte-Foy, à Lyon, le homme
Achille Vermesch, se promenait avec son
frère Théophile Vermesch âgé de quarante
ans, cantinier au 86o de ligne.
Tout à coup, au moment où celui-ci lui
tournait le dos, Achille lui tira presque à
bout portant quatre coups de revolver; un
seul projectile l'atteignit au bas des reins.
Au bruit de la détonation, des personles
sont accourues et ont trouvé la victime
étendue à terre; on la transporta immédiate-
ment à l'hôpital militaire de Lyon, dans un
état assez grave.
Les causes de ce crime sont attribuées à
des remontrances que Théophile ̃Vermesch
aurait adressées à son frère qui habite Paris
où il mène une vie assez if régulière.
Le criminel est en fuite.
On ne saurait assez insister là danger
qu'il y a à s'abriter sous un arbre pendant
l'orage.
A Saint-Germâiû-LémbïOTi (Pùy-dê-Dô-
nle), cinq personnes se réfugièrent sous un
pêcher, pendant que le tonnerre grondait.
Tout à coup, la foudre tomba avec un fra-
cas épouvantable; un sieur Chabrillat et un
autre ouvrier furent tués roides, un sieur
Girard perdit connaissance.
Mme Chabrillat et une autre femme ne
perdirent pas l'esprit et portèrent secours au
seul survivant avec un sang-froid peu ordi-
naire.
Tout porte croire que le sieur Girard se
relèvera de ce triste accident, qui l'a complè-
tement défiguré.
LES CAUSERIES DU DOCTEUR
LES PEINTRES ET LES COULEURS
Qui songerait jamais, en admirant au Sa-
lon les œuvres si variés de nos artistes, que
tous ces tableaux, où l'on voit revivre la Na-
ture, sont matériellement composés des plus
violents poisons qui nous soient connus
Il est vrai que le génie du peintre a fait de
cescouleurs malfaisantes des substances pré-
cieuses mais les vertes feuillées de ces
paysages n'en sont pas moins vénéneuses,
l'azur de ces beaux ciels n'en est pas moins
toxique; et c'est encore dans un mélange de
terribles poisons, ne vous en fâchez point,
madame, -que l'artiste a dû chercher, pour
en faire un portraitvivant, lesteintes nacrées
et le pur incarnat dont votre front et vos
joues ont fourni le modèle.
On ne manie point toujours, sans danger,
ces couleurs superbes et tel tableau n'a point
seulement coûté à son auteur beaucoup de
talent et de peine, il a pu, quelquefois aussi,
compromettre sérieusement sa santé.
De tous les accidents toxiques auxquels
sont exposés les peintres, les plus fréquents,
toutefois, sont ceux que détermine la céruse
riblement capiteux, dont on ne débouchait
les fioles que deux fois l'an.
Eh 1 fit le geôlier, voilà un vœu, ma
fille, qui ne serait pas du goût du saint of-
fice, et que les murs de l'Aljaféria ne doivent
pas entendre.
Il vida son verre pendant qu'Anna Maria
répondait par un éclat de rire au reproche
paternel.
Mais, ajouta-t-il, voilà un vin qui doit
être du goût de tout le monde, et mettrait la
France et l'Espagne, les peuples et les rois
d'accord s'ils avaient le bon esprit de le boire
de compagnie.
Buvez-en donc, mon père, ditAnna-Ma-
ria en remplissant de nouveau la coupe du
brave homme. Mais vous ne buvez pas, senor
Cyprien? Est-Ce que ce vin ne serait point de
votre goût ?
Allons donc! s'écria le geôlier, à moins
d'être païen, hérétique, damné, on apprécie
ce trésor incomparable!
Et cette fois, ce fut lui qui'remplit son
verre pour heurter celui de Cyprien et le
forcer ainsi à suivre son exemple.
J'apprécie tout ce que je trouve en vo-
tre hospitalière maison, croyez-le, senor
geôlier, et si bien qu'après avoir passé une
heure ici, je voudrais y rester toujours.
Ceci était accompagné d'une œillade ten-
dre à l'adresse d' Anna-Maria.
Géronimo ne vit rien. Sa vue se troublait
un peu, un léger brouillard s'interposait
entre sa personne et les objets envi.ronnants.
ou blanc de plomb, l'une des couleurs les plus
utilisées dëià,palette.
Il suffit, en effet, que cette couleur soit ab-
sorbée, même en quantité minime, pour don-
ner lieu à cette douloureuse colique sèche
que l'on a nommée la colique des peintres ou
coliqué satufttine, et qui n'est qu'un des pre-
miers phénomènes de l'empoisonnement par
le carbonate de plomb.
J'ai eu l'occasion de voir tout récemment
un de nos plus sympathiques artistes grave-
i ment atteint de la sorte, tandis qu'il exécu-
tait à la gouache un travail exigeant beau-
coup d'application. Nombre de lois il avait
porté son pinceau à ses lèvres pour en effi-
ler la pointé, et ce contact répète avait intro-
duit dans les voies digestives une assez
grande quantité de poison pour détermi-
ner les redoutables phénomènes de l'intoxi-
cation.
Il n'est point nécessaire, d'ailleurs, que la
substance vénéneuse soit ainsi directement
portée dans la bouche, pour queses terribles
éûets se manifestent.
Les ouvriers cérusiers qui fabriquent le
blanc de plomb, et les peintres en bâtiment
qui l'emploient par grandes masses, s'em-
poisonnent surtout en respirant les émana-
tions délétères qui s'en dégagent, ou les
poussières contenant de la céruse desséchée.
De quelque façon qu'il soit absorbé, le poi-
son se révèle d'ailleurs, toujours, par les mê-
mes symptômes. En général, une pâleur ca-
ractérisée par une teinte jaune paille de la
peau, Une anémie, un amaigrissement pro-
gressif, précèdent les coliques. Le malade est
triste, abattu, soucieux. Sa voix s'aflaiblit
par degrés sa bouche exhale une haleine
fétide; un liséré bleuâtre borde ses gencives
et formé comme un feston livide autour de
ses dents. Puis, un jour, les accidents aigus
éclatent. Une constipation opiniâtre accom-
pagne les coliques; des vomissements bi-
lieux, d'un vert de poireau, succèdent aux
premières nausées, l'urine est rare et jaune,
et si le médecin n'intervient pas, des dou-
leurs articulaires vives, des convulsions, des
syncopes, la paralysie, terminent bientôt ces
graves phénomènes.
Outre le blanc de plomb, beaucoup d'au*
très couleurs, et des plus belles, sont des
toxiques violents, dont l'usage exige la plus
grande prudence. On ne saurait trop, â cét
égard, veiller à ce que les boîtes de couleurs
que l'on met entre les mains des enfants ne
soient composées que de substances coloran-
tes végétales, toujoursmoiflsdaUgereusesquQ
les couleurs minérales.
Les plus nuisibles de ces dernières sont le
vermillon ou bisulfure de mercure, le bleu
d'azur et la cendre verte, combinaisons d'arse-
nic etde cuivre, le jaune d'or, formé de bisul-
fure d'arsenic, le minium, composé d'oxyde
de plomb, et presque aussi vénéneux que la
céruse.
Les bonbons et dragées de basse qualité,
les jouets, les étoffes, les papiers de tenture
peints avec ces mêmes substances, oflreni
aussi de grands. dangers. L'on connaît plu-
sieurs exemples de jeunes dames rendues
gravement malades pour avoir abrité leur
visage derrière une voilette verte, et l'on a
vu bien des personnes ne pouvoir dormir
dans une chambre tendue de papier vert,
sans éprouver des cauchemars, des nausées,
de violentes coliques.
La simple observance d'une bonne hy-
giène préservera certainement toujours da
l'intoxication par les couleurs les artistes et
les ouvriers qui les emploient ou les fabri-
quent. Ces derniers, surtout, devront fré-
quemment, dans l'atelier, s'éponger le nez
et les lèvres avec de l'eau légèrement acidu-
lée, quitter leurs vêtements de travail, et se
laver soigneusement, avant d'aller à la mai-
son prendre leurs repas; se frotter même les
mains avec de la poudre de talc, quand la
substance à manipuler est extrêmement di-
visée ou particulièrement dangereuse.
Contre l'empoisonnement confirmé, les
évacuants répétés sont indispensables. LJin-
toxication saturnine, surtout, exige l'emploi
sagement combiné des émétiques puissants
et des purgatifs drastiques.
Dr. J. RENGADE.
De plus, un bruit de pas, lourds, mais as-
sourdis par certaines précautions, arrivait à
son oreille de geôlier, malgré les premiers
tintements de l'ivresse qui la remplissaient.
Les voilà! dit-il en se levant.
Cyprien voulut le suivre.
Restez-là, mes enfants, reprit-il en s'af
fermissant sur ses jambes un pen trem-
Et. comme le jeune homme faisait mine
de vouloir sortir quand même.
Restez! dit la voix douce de lArago-
naise, qui lui prit la main et l'attira à l'inté-
rieur', pendant que son père franchissait la
J'aurais voulu voir Antonio Perez, dit
Bah s'il reste àl'Aljafêria, vous le ver-
rez demain.
Comment?
Vous aiderez mon père à lui porter sa
nourriture.
Cet espoir calma subitement le désir de
curiosité qu'avait exprimé le jeune homme.
A son tour, il entraîna dona Maria vers la
partie la plus éloignée et la plus obscure de
la pièce, l'attira sur ses genoux.
Elle le regardait faire, tout heureuse, de
ses grands yeux noirs flamboyants.
Ton regard m'enivre, lui dit-il, plus
que le vin d'Andalousie!
CAMILLE BIASW
lusqu'aux futailles de vin exposées sur la Voie pu-
blique. Et puis, il y a la forêt.
Saint-Clond, Grandes eâux^Ôurëftiire dés
jardins réservés. Musiqùe militaire dans le parc.
Montléry (pare d'Orléans, ligne d'Etampes, sta-
tion deSt-Michel, à 50 minutes de Paris. Billets d'al-
ler et retour du samedi au lundi). Fête patrona-
le. Jeux divers, amusements forains. Concert par
la fanfare de la ville, dirigée prf M. Jbly et par
l'institution Prou. Grand bal.
Saint-Dénis. La fête du LanStf, qui se tient
sur le cours Ragot et la Butte des Suisses, aura lieu
cette année les.6; 13 et 20 juin. Nous en donnerons
le programme.- Le placement des marchands se
fera le vendredi 28 mai, sur l'emplacement de la fête.
La foire aux moutons Se tiendra les 12, 16 et 19
juin.
Le Journal illustré
a commencé hier la publication du
SCARABÉE D'OR
Histoire extraordinaire
du célèbre romancier américain Edgar Pôë,
traduit spécialement pour nos lecteurs.
LE SCARABÉE D'OR
dont l'intérêt est palpitant, est illustré ma-
gnifiquement par Ferat et Méaulle. Jamais
dessins plus beaux, plus artistiques, n'ont
paru dans Un journal.
Ce numéro contient égalelnent
LE CRIME DE VlROFLAY
Le Naufrage du Schilter
Les Fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans
et les illustrations des PIEUVRES dé P'ARlSé
PRIX EXCEPTIONNEL: I& ô. le N».
PARIS
lia journée d'hier a été tfês loürde, le
temps était à l'Orage et le ciel nuageux. 'Vers
sept Heures, là pluie a commencé à tomber,
mais sans persister*
A deux heures, le thermomètre marquait
27 degtés au-dessus de zéro.
Cette année, comme les années prêcédên-
tes, le ministre de la guerre mettra des sol-
dats à là disposition des cultivateurs pour
les travaux des champs, et en particulier
pour ceux de la moisson.
Ces autorisations ne s'appliqueront qu'aux
mois de juin, juillet et août.
Quant au prix de journée des travailleurs
militaires, il variera de 1 fr. 10 1 1 fr. 80, sui-
vant les régions.
La devanture d'une maison en démolition,
.boulevard de Belleville, 10, avec les piliers
en briques qui la soutenaient, se sont écrou-
lés hier, à midi, avec un fracas épouvanta-
ble. En ce moment passait le petit HenryLe-
fèvre, âgé de cinq ans, boulevard de Belle-
ville, 34. Cet enfant a été enseveli sous les
décombres.
On s'empressa dé le dégager et de le por-
-ter, inanimé, chez le pharmacien Guérin",
rue Ménilmontant; le docteur Lèfèyrë cons-
tata deux fractures à la jambe droite et une
blessure au-dessus de l'œil droit.
M. Fallery, commissaire de police, a fait
transporter le pauvre petit à l'hôpital Sainte-
Eugénië, puis â fait avertir ses parents.
Des mesures ont été prises ahn de préve-
nir d'autres accidents.
Un coiffeur de la rue de la Truanderie était
sorti, hier soir, un instant de sa boutique
pour entrer chez son voisin.
Pendant sonabsence,arrivèrent deux clients;
ne voyant pas le coifieur et probablement
pour ne point perdre leur temps, les deux
étranges clients ouvrirent le tiroir-caisse au-
quel on avait laissé la clef ils emportèrent
,la recette de la journée, une cinquantaine
de francs, et disparurent.
Le coiffeur rentra uniustant après et cons-
tata le vol si audacieusement accompli.
On transforme, en ce moment, certaines
parties du square des Buttes-Chaumont. Le
temple de la Sibylle, copié sur l'ancien temple
de Tivoli, près des Rome, et qui domine la
butte, est particulièrement l'objet de répara-
tions sérieuses.
FEUILLETON DU 23 MAI 1875
LES [56]
LOUPS DEFIMES
PREMIÈRE PARTIE
LA LOUVE
IX
Où Cyprien semble prédestiné iL la recon-
naissance des pères.
(Suite)
Après, je vous l'ai dit, on ne sort pas de
l'Aljaféria. Mais qu'avez-vous donc? Vous
semblez rêveur!
Eh fit Cyprien qui s'oubliait un peu
en effet dans ses réflexions, je songe qu'il y
a autre chose que des verroux pour faire un
prisonnier à vie dans ce palais.
Quoi donc?
Vos beaux yeux, répondit le jeune
homme.
Et cette fois, ce ne fut plus la main, mais le
front rougissant de la jeune fille qu'il em-
brassa.
J'étais curieux, reprit-il, de voir cet
homme dont le nom seul soulève un peuple,
et dont toute l'Europe s'occupe à cette heure,
et je l'attendais copine les autres sur la place
quand vos cris.
Dans quelles jours, les travaux de ré-
paration seront*; terminés, et le public
pourra, à s'en aïlSj reprendre, le. Chemin de
ce magnifique pbsefvatoiïë^ 6u l'on jouit
d'un splendide coup d'oeil.
La Société nationale d'encouragement au
bien tiendra sa séance publique pour la dis-
tribution de ses récompenses, demain di-
manche, sous là présidence de M. dola Roche-
foucauld, duc de DoudeàUvillé, à midi et
demi, au Cirque d'hiver, boulevard des Filles-
du-Galvaire.
Le rapport sur les actes de dévouement et
de vertu sera présenté par M. H. Arnoul,
secrétaire général.
Le sieur B. et safemme, demeurant rue
de la Cigale, à Asnières, avaient deux fil-
lettes et vivaient très unis, très heureux.
Avant-hier matin, le mari s'aperçut de
l'absence de sa femme. Il la chercha de tous
côtés; elle venaitdé se précipiter dans le puits
du jardin.
On parvint à la retirer on l'interrogea,
mais elle ne put indiquer aucun motit de
son acte désespéré. Le mari et des amis la
surveillèrent. Mais pendant la nuit, profltant
du sommeil de ses gardiens, elle sortit, et se
jeta de nouveau dans le puits.
Lé mari s'éveille, accourt, descend tine se-
conde fois dans le puits, et parvient à la re-
monter vivante.
Mais à ce moment, l'infortunée lui échappa
et retomba au fond.
Quant on put la retirer du puits, elle était
morte.
L'enterrement a eu lieu hier. Tout Asniè-
res y assistait.
CONCERTS MILITAIRES
Programme du samedi 22 mal
DB 5 HEURES 6 HEURHS
TUILERIES. 90a dé ligne, chef M. GERMAIN.
1. Sijltais Roi, ûuvèrtureè àdAM
2. Fleurette, polka ltjpkèï
3. Stella, valse emmesbeeS
4. Le Comte Ory, fantaisie. rossini
5. L'Etincelle, galop.. ;«; boùard
PALAIS-ROYAL.– Gardé républicaine, chef M. SeilemOK.
1. Robert le Diable.n.i.i. ai.ii.n. meyerbeéb
2. La ilarengotle, solo de cornet à piston
exécuté par Prévet selleniok
3. Les Fiances de la Mort, arrangé par
Tfènrpel. SCBuber*
4. Ouverture de Guillaume Tell. rossini
REVUE DES THEATRES
Plusieurs débuts importants ne tarderont pas à
S'effsctuer à l'Opéra.
D'abord celui de Mlle Beau, dans Marguerite de
Faust. Ensuite, dans Ophélie d'Hapilet, celui de
Mlle de Reszki, qui a failli être victime ces jours
derniers d'un accident de voiture. Puis celui du té-
nor Tournié, pour lequel M, Halanzier apayé,dit-on,
un dédit de 50,000 francs au directeur du théâtre
de Nantes.
L'Odéon donne aujourd'hui, pouf la première
fois, Geneviève, ou la jalousie paternelle;de Scribe et
Melesville.
Mlle B. Barèttà joue le r6le créé au Gymnase, en
1846, par Rose Chéri, et Georges Richard celui créé
Les artistes du Vaudeville, réunis en société
pendant cet été, joueront d'abord une pièce en trois
actes dé MM. Delàcour et Hennequin: lesJeux dan-
Avant le Remords, de M. Sardou, le Gymnase
donnera le Mari d'une étoile, satire vigoureuse de
certaines mœurs actuelles. L'auteur est un homme du
monde, qui fut député sous l'Empire.
Les Variétés préparent pour le 25 de ce mois
une représentation au bénéfice de Baron.
En voici le programme:
Première représentation d'un Gendre en eau trou-
ble, de M. Oswald.
La Chambre à deu1; lits, par Hyacinthe et Las-
souche.
Le Charlatanisme, par Pradeau et Landrol.
Le Passage de Vénus, avec Baron et Dupuis.
Le 31 acte des Farces dramatiques.
Deux chansonnettes dites par Mme Judic.
Airs chantés par Mlle Ferruci et Caron, de l'O-
péra.
Giselle; ballet comique.
L'inauguration des représentations à prix ré-
duits, données par M. Ballande, a eu lieu jeudi à la
salle Ventadour. Le programme se composait du
Vous perdiez votre temps, dit Anna-
Maria en riant..
Mais elle serra plus fort la main du jeune
homme à ce souvenir.
Eh bien! le souper est-il prêt? deman-
da Geronimo, en entrant tout à coup. Rien
ne paraît encore, et je crois que nous aurons
le temps de boire à la sante de notre hôte
avant l'arrivée du prisonnier.
Anna-Maria avait disparu au premier mot
de son père.
Jeune homme, dit le geôlier, qui que
vous soyez, et pour quelque raison que vous
ayez pris ce déguisement, je suis prêt à vous
payer le service rendu si Vous avez besoin
de moi.
Merci. Mais je vous avouerai franche-
ment, senor geôlier, que pour l'heure je n'ai
guère d'autre désir que celui de me mettre
quelque chose sous la dent.
Comme si elle eût entendu ces paroles,
Anna-Maria, son doux sourire aux lèvres,
vint inviter son sauveur à se mettre à table,
ce que tous firent gaiement.
Après le service d'un olla-podrida, dévoré
par Cyprien au grand plaisir de ses hôtes
avec un appétit de voyageur
-Allons, ditle jeune homme, je crois que
votre Antonio Perez, s'il trouble beaucoup de
choses en Espagne, nous laissera du moins
souper en paix.
Que Dieu l'en récompense répondit la
eune fille en versant à son père et à son
de vieux vin d'Esnaene. ter-
(Talon d'Achille, creé aux matinées littéraires de la
sPorte-Saint-Martin; àxLjîèdecin malgré lui, et de
'0! Anglais, ou le Fou- fawnnable.
La soirée à été bonne.
~^Mile Marie la célèbre cftntâ"
trice, est de retour à Paris, après une brillante sai-
son au théâtre San-Carlos, à Lisbonne;
Malgré la tentative malheureuse faite il y a
deux ans à l'Athénée par une troupe anglaise, mise
Lydià Thompson, une comédienne-directriée choyée
du toiit-Londres, doit venir prochainement à Paris
avec sa troupe. Cette fois, oé îië seraient pas les œù-
de Shakespeare que l'on soumettrait à l'approbation
des Parisiens, mais une .fantaisie bouffonne anglaise,
intitulée Barbe-Bleue,
Il paraît que depuis six mois, cette bouffonnerie
fait la joie de tout Londres, et qu'on n'a jamais vn
sur une scène anglaise rien de plus fou, dé plus
excentrique, de plus amusant, même pour ceux qui
ne comprennent pas un mot d'anglais.
ADRIEN LAHÔQOB.
DEPARTEMENTS
On télégraphie de Boulogne-siiï-Mer, le 20 mâl, à
neuf heures un quart du soir
Un incendie considérable vient d'éclater
dans les magasins de spiritueux et de pétrole
appartenant à M. Alléaume, rue Neuve-
Chaussée. Les maisons voisines sont forte-
ment menacées.
Avant-hier, sur le chemin des Minimes,
près lé fort de Sàinte-Foy, à Lyon, le homme
Achille Vermesch, se promenait avec son
frère Théophile Vermesch âgé de quarante
ans, cantinier au 86o de ligne.
Tout à coup, au moment où celui-ci lui
tournait le dos, Achille lui tira presque à
bout portant quatre coups de revolver; un
seul projectile l'atteignit au bas des reins.
Au bruit de la détonation, des personles
sont accourues et ont trouvé la victime
étendue à terre; on la transporta immédiate-
ment à l'hôpital militaire de Lyon, dans un
état assez grave.
Les causes de ce crime sont attribuées à
des remontrances que Théophile ̃Vermesch
aurait adressées à son frère qui habite Paris
où il mène une vie assez if régulière.
Le criminel est en fuite.
On ne saurait assez insister là danger
qu'il y a à s'abriter sous un arbre pendant
l'orage.
A Saint-Germâiû-LémbïOTi (Pùy-dê-Dô-
nle), cinq personnes se réfugièrent sous un
pêcher, pendant que le tonnerre grondait.
Tout à coup, la foudre tomba avec un fra-
cas épouvantable; un sieur Chabrillat et un
autre ouvrier furent tués roides, un sieur
Girard perdit connaissance.
Mme Chabrillat et une autre femme ne
perdirent pas l'esprit et portèrent secours au
seul survivant avec un sang-froid peu ordi-
naire.
Tout porte croire que le sieur Girard se
relèvera de ce triste accident, qui l'a complè-
tement défiguré.
LES CAUSERIES DU DOCTEUR
LES PEINTRES ET LES COULEURS
Qui songerait jamais, en admirant au Sa-
lon les œuvres si variés de nos artistes, que
tous ces tableaux, où l'on voit revivre la Na-
ture, sont matériellement composés des plus
violents poisons qui nous soient connus
Il est vrai que le génie du peintre a fait de
cescouleurs malfaisantes des substances pré-
cieuses mais les vertes feuillées de ces
paysages n'en sont pas moins vénéneuses,
l'azur de ces beaux ciels n'en est pas moins
toxique; et c'est encore dans un mélange de
terribles poisons, ne vous en fâchez point,
madame, -que l'artiste a dû chercher, pour
en faire un portraitvivant, lesteintes nacrées
et le pur incarnat dont votre front et vos
joues ont fourni le modèle.
On ne manie point toujours, sans danger,
ces couleurs superbes et tel tableau n'a point
seulement coûté à son auteur beaucoup de
talent et de peine, il a pu, quelquefois aussi,
compromettre sérieusement sa santé.
De tous les accidents toxiques auxquels
sont exposés les peintres, les plus fréquents,
toutefois, sont ceux que détermine la céruse
riblement capiteux, dont on ne débouchait
les fioles que deux fois l'an.
Eh 1 fit le geôlier, voilà un vœu, ma
fille, qui ne serait pas du goût du saint of-
fice, et que les murs de l'Aljaféria ne doivent
pas entendre.
Il vida son verre pendant qu'Anna Maria
répondait par un éclat de rire au reproche
paternel.
Mais, ajouta-t-il, voilà un vin qui doit
être du goût de tout le monde, et mettrait la
France et l'Espagne, les peuples et les rois
d'accord s'ils avaient le bon esprit de le boire
de compagnie.
Buvez-en donc, mon père, ditAnna-Ma-
ria en remplissant de nouveau la coupe du
brave homme. Mais vous ne buvez pas, senor
Cyprien? Est-Ce que ce vin ne serait point de
votre goût ?
Allons donc! s'écria le geôlier, à moins
d'être païen, hérétique, damné, on apprécie
ce trésor incomparable!
Et cette fois, ce fut lui qui'remplit son
verre pour heurter celui de Cyprien et le
forcer ainsi à suivre son exemple.
J'apprécie tout ce que je trouve en vo-
tre hospitalière maison, croyez-le, senor
geôlier, et si bien qu'après avoir passé une
heure ici, je voudrais y rester toujours.
Ceci était accompagné d'une œillade ten-
dre à l'adresse d' Anna-Maria.
Géronimo ne vit rien. Sa vue se troublait
un peu, un léger brouillard s'interposait
entre sa personne et les objets envi.ronnants.
ou blanc de plomb, l'une des couleurs les plus
utilisées dëià,palette.
Il suffit, en effet, que cette couleur soit ab-
sorbée, même en quantité minime, pour don-
ner lieu à cette douloureuse colique sèche
que l'on a nommée la colique des peintres ou
coliqué satufttine, et qui n'est qu'un des pre-
miers phénomènes de l'empoisonnement par
le carbonate de plomb.
J'ai eu l'occasion de voir tout récemment
un de nos plus sympathiques artistes grave-
i ment atteint de la sorte, tandis qu'il exécu-
tait à la gouache un travail exigeant beau-
coup d'application. Nombre de lois il avait
porté son pinceau à ses lèvres pour en effi-
ler la pointé, et ce contact répète avait intro-
duit dans les voies digestives une assez
grande quantité de poison pour détermi-
ner les redoutables phénomènes de l'intoxi-
cation.
Il n'est point nécessaire, d'ailleurs, que la
substance vénéneuse soit ainsi directement
portée dans la bouche, pour queses terribles
éûets se manifestent.
Les ouvriers cérusiers qui fabriquent le
blanc de plomb, et les peintres en bâtiment
qui l'emploient par grandes masses, s'em-
poisonnent surtout en respirant les émana-
tions délétères qui s'en dégagent, ou les
poussières contenant de la céruse desséchée.
De quelque façon qu'il soit absorbé, le poi-
son se révèle d'ailleurs, toujours, par les mê-
mes symptômes. En général, une pâleur ca-
ractérisée par une teinte jaune paille de la
peau, Une anémie, un amaigrissement pro-
gressif, précèdent les coliques. Le malade est
triste, abattu, soucieux. Sa voix s'aflaiblit
par degrés sa bouche exhale une haleine
fétide; un liséré bleuâtre borde ses gencives
et formé comme un feston livide autour de
ses dents. Puis, un jour, les accidents aigus
éclatent. Une constipation opiniâtre accom-
pagne les coliques; des vomissements bi-
lieux, d'un vert de poireau, succèdent aux
premières nausées, l'urine est rare et jaune,
et si le médecin n'intervient pas, des dou-
leurs articulaires vives, des convulsions, des
syncopes, la paralysie, terminent bientôt ces
graves phénomènes.
Outre le blanc de plomb, beaucoup d'au*
très couleurs, et des plus belles, sont des
toxiques violents, dont l'usage exige la plus
grande prudence. On ne saurait trop, â cét
égard, veiller à ce que les boîtes de couleurs
que l'on met entre les mains des enfants ne
soient composées que de substances coloran-
tes végétales, toujoursmoiflsdaUgereusesquQ
les couleurs minérales.
Les plus nuisibles de ces dernières sont le
vermillon ou bisulfure de mercure, le bleu
d'azur et la cendre verte, combinaisons d'arse-
nic etde cuivre, le jaune d'or, formé de bisul-
fure d'arsenic, le minium, composé d'oxyde
de plomb, et presque aussi vénéneux que la
céruse.
Les bonbons et dragées de basse qualité,
les jouets, les étoffes, les papiers de tenture
peints avec ces mêmes substances, oflreni
aussi de grands. dangers. L'on connaît plu-
sieurs exemples de jeunes dames rendues
gravement malades pour avoir abrité leur
visage derrière une voilette verte, et l'on a
vu bien des personnes ne pouvoir dormir
dans une chambre tendue de papier vert,
sans éprouver des cauchemars, des nausées,
de violentes coliques.
La simple observance d'une bonne hy-
giène préservera certainement toujours da
l'intoxication par les couleurs les artistes et
les ouvriers qui les emploient ou les fabri-
quent. Ces derniers, surtout, devront fré-
quemment, dans l'atelier, s'éponger le nez
et les lèvres avec de l'eau légèrement acidu-
lée, quitter leurs vêtements de travail, et se
laver soigneusement, avant d'aller à la mai-
son prendre leurs repas; se frotter même les
mains avec de la poudre de talc, quand la
substance à manipuler est extrêmement di-
visée ou particulièrement dangereuse.
Contre l'empoisonnement confirmé, les
évacuants répétés sont indispensables. LJin-
toxication saturnine, surtout, exige l'emploi
sagement combiné des émétiques puissants
et des purgatifs drastiques.
Dr. J. RENGADE.
De plus, un bruit de pas, lourds, mais as-
sourdis par certaines précautions, arrivait à
son oreille de geôlier, malgré les premiers
tintements de l'ivresse qui la remplissaient.
Les voilà! dit-il en se levant.
Cyprien voulut le suivre.
Restez-là, mes enfants, reprit-il en s'af
fermissant sur ses jambes un pen trem-
Et. comme le jeune homme faisait mine
de vouloir sortir quand même.
Restez! dit la voix douce de lArago-
naise, qui lui prit la main et l'attira à l'inté-
rieur', pendant que son père franchissait la
J'aurais voulu voir Antonio Perez, dit
Bah s'il reste àl'Aljafêria, vous le ver-
rez demain.
Comment?
Vous aiderez mon père à lui porter sa
nourriture.
Cet espoir calma subitement le désir de
curiosité qu'avait exprimé le jeune homme.
A son tour, il entraîna dona Maria vers la
partie la plus éloignée et la plus obscure de
la pièce, l'attira sur ses genoux.
Elle le regardait faire, tout heureuse, de
ses grands yeux noirs flamboyants.
Ton regard m'enivre, lui dit-il, plus
que le vin d'Andalousie!
CAMILLE BIASW
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