Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-03-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 02 mars 1874 02 mars 1874
Description : 1874/03/02 (Numéro 4084). 1874/03/02 (Numéro 4084).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592119s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
jMËSÎRlfflOîi et EÉà^Qt/.
AParis,rue delafayette, 61
Abonnements Paris
TROIS MOIS. 5 IB.
SIX MOIS 9 FR.
TN AN. s 18 FR.
QUOTIDIEN,
UN NUMÉRO: 5 CENTIMES
Abonnements Départ.
TROIS MOIS 6FR.
SDCMOIS. 12 FR.
tjkan 24 ra,
Lundi 2 Ms 1874
DIMANCHE 1er MARS 1874
LE DlSâËEiElT des lâTELÂS
r Nous avons applaudi la généreuse
'idée de Mme la maréchale de Mac-Mahon,
qui a attribué au dégagement deq matelas
du Mont-de-Piété, les cent milxe francs
donnés par M. de Brousse.
Nous avons aujourd'hui un autre devoir
à remplir; c'est de constater dans quelles
conditions le dégagement s'effectue.
J'ai fait hier matin une longue visite à
chacun des trois bureaux prmcipaux
au chef-lieu, rue des Blancs-Mauteaux,
rue Servan (quartier de la Roquette), et
rue Bonaparte.
Hélas que de misères Quelles scènes
̃ 'poignantes Combien de pauvres gens, la
figure hâve et amaigrie, viennent là re-
prendre leurs matelas, et qui ont besoin
aussi de pain
Faites comme nous, allez assister à ces
douloureuses stations, et, qui que vous
soyiez républirains Ou monarchistes,
vous reviendrez convaincus de la néces-
sité du calme politique afin que le travail
puisse'reprendre.
Dans chacun des trois bureaux que je
viens de désigner, une salle spéciale a été
ouverte pour les dégagements gratuits.
Les ayant-droit y sont admis à partira
de sept heures du matin.
On leur donne des numéros, et, à tour
de rôle, ils rentrent en possession de leur
couche.
Je dis les ayant-droit et j'insiste sur ce
mot. Il est nécessaire que la charité ne
s'égare pas sur les revendeurs, qui achè-
tent, pour une somme très minime, les
« reconnaissances » des pauvres gens.
Ceux-là seulement obtiennent le déga-
gement gratuit qui ont réellement ap-
porté au Mont-de-Piété un matelas leur
appartenant.
Les acheteurs de reconnaissances sont
impitoyablement repoussés,et e'estjustice.
Quant aux pauvres dignes de, sympa-
thie, ils sont traités,par les employés avec
une bienveillance qui double le prix du
bienfait.
Les employés du Mont-de-Piété de Pa-
ris sont animés de l'esprit de justice et de
bienveillance qui est le caractère de l'actif
et intelligent directeur de ce grand éta-
blissement, M. Cochut.
Je pourrais raconter bien des falts à
l'appui de mon dire.
Un petit incident sutfira.
Une jeune femme, que la misère a ren-
due craintive et timide à l'excès, était ve-
nue rue des Blancs-Manteaux elle avait
auprès d'elle une jolie Juliette de cinq à
six ans.
Feuilleton du 2 Sans
[84J
,• r- •- a&iXVIII
̃ de
Le bruit d'une altérdatioil violante était
benu à lui de* l'antichambre, et il lui avait
semblé reconnaître la voix de son intendant:
Il jeta un regard vit et prompt du côté
de Clotilde., et remarqua sur ses traits 1 ex-
pression d'une joie éclatante.
Qu'est ceci ? demanda-t-il, e •nvahi sou-
dainement par le soupçon de la ré alit&
i Et comme la jeune femme se
Et toutes les deux, la mère et la fille, at-
tendaient patiemment; regardant de temps
en temps leurs numéros.
Son tour venu, la jeune femme présent
une reconnaissance et garde dans sa main
amaigrie un second papier rosé.
Qu'avez-vous là, madame,'¡demande
l'employé.
C'est la. reconnaissance du matelas
de ma fille. La chère petite couchera;,avec
moi, à moins que:
Mais oui, ma brave femme, vous avez
droit aux deux matelas.
La pauvre mère a levé des yeux mciuil-
lés de larmes en signe de remercîment
elle était émue au point de ne pouvoir ar-
ticuler un mot.
Quand le petit matelas lui a été rendu,
elle a éclaté en sanglots, -pendant que sa
fillette sautait de joie et palpait la couche
qui allait remplacer pour elle le dur plan-
cher.
Quel drame dans ce simple rapproche-
ment de cette douleur persistante chez la
mère et de cette joie enfantine 1
Mais arrivons à la statistique, question
importante en cette affaire.
Ce n'est pas la première fois qu'il est
procédé administrativement au dégage-
ment gratuit, des objets -de première né-
cessité.
Pendant le siégede Paris, au mois d'oc-
tobre 1870, le gouvernement de la sDé-
fense nationale a donne 700,000 fr. avec
lesquels furent dégagés 114,483 articles
de vêtements et de literie.
Au mois de janvier le même gou-
vernement mit à la disposition' des vingt
arrondissements de Paris une somme de
fr. pour dégagement d'objets sur
lesquels le prêt ne dépassait pas 20 ,fr.,
ce qui donna lieu au retrait gratuit de
37,690 articles.
Après la levée du siége, un comité an-
glais donna 20,000 fr. pour dégager les
outils; la Commune vint mettre obstacle
à la continuation de cette opération et
2,383 outils seulement furent dégagés pour
une somme de-13,570 fr. 15 c.
Enfin, la Commune imposa au Mont-de-
Piété la restitution gratuite de 41,948 arti-
cles formant la somme totale de 323.407
francs 80 centimes.
L'établissement de prêt ne supporta pas
cependant cette perte en entier il reçut
en compensation 135i000 fr.
Actuellement, le don de, M. Debrousse,
si opportunément appliqué au dégage-
ment gratuit des matelas, trouve une si-
tuation des plus tristes à ce point de vue.
Le Mont-de-Piété a treize mille matelas
engagés pour une somme de 140,000 fr.
environ. La moyenne de l'engagement est
de 14 fr.
Comme on le voit, la somme sera insuf-
fisante, et nous souhaitons ardemment
marcha- à pas précipités vers la porte qu'zl
voulut ouvrir.
Mais la porte était fermée au dehors!
Il se retourna alors vers Clotilde, et si la
jeune jemme eût été moins préoccupée d'elle-
ip.êmé,elle eût été frappée d'horreur à la vue
de ses traits contractés est du regard do hyène
dont ses yeux venaient de s'allumer.
Ce n'était plus le prince Liprani. c'était
Léo dans toute la hideuse expansion de la
fureur qui gonflait sa poitrine.
Ainsi, c'était un piège! balbutia-t-il, les
dents serrées et les- poings crispés. Tout ce
que j'ai entendu jusqu'ici n'était que men-
songe, tout ce que vous m'avez fait espérer
était la plus épouvantable des illusions.
Répondez! répondez, madame.Car en dé-
̃pit de votre attitude, malgré tous les soup-
çons qui m'envahissent, je doute encore, et
fai peine à croire.
La jeune femme éclata en un rire strident.
-'Le misérahle 's'éci%ia-t-elle, mais sur
quel infâme et monstrueux amour. comp--
tiez-vôus donc, et quélle lâche complicité
attendiez-vous de votre victime?- Mais, je
sais tout! Vous* ne. le devinez donc pas en-
core Mais depuis le jour où je vous ai revu,
j'ai compris que Dieu mettait enfin la vic-
time en présence de son assassin. Alors, j'ai
voulu tout savoir, tout apprendre, tout con-
naître, afin q;ue lorsque l'heure de la ven-
geance sonnerait, il n'y ait plus pour vous
d'autre refuge que le bagne, d'autre issue
que de généreux philanthropes complè-
tent l'œuvre commencée.
Bien plus, quand on va au fond des mi-
sères réunies dans les bureaux de dégage-
ment gratuit, on fait des voeux pour que
le Mont-de-Piété reçoive en ce moment
des dons cette bonne fortune qui lui per-
met des dégagements-lui arrive quelque-
Bien des pauvres gens, ayant reçu leur
matelas, ont essayé de le réengager pour
se procurer du liuge dont ils ont un grand
besoin.
Ces réengagements ont dû être inter-
dits, ils le resteront jusqu'à nouvel ordre
on ne délivre gratuitement que les mate-
las engagés jusqu'au 24 février.
Il faut de l'ordre même dans la bienfai-
sauce, surtout dans la bienfaisance.
Les vœux que j'ai exprimés, les excita-
tions à la charité que je me suis permises,
sont ju.stifiés par les renseignements qui
suivent:
Le Mont-de-Piété a dans, ses magasins
pour 3 millions et demi de linge.
La literie et objets mobiliers sont CI: au
clou » pour environ un million.
Je mè demande s'il n'y a pas lieu de
faire un effort charitable s'il n'y a pas à
chercher une combinaison financière pour
rendre aux pauvres gehsles objets de pre-
mière première nécessité dont le besoin de
manger les a prives.
Il est évident qu'on se défait de son ma-
telas à la dernière extrémité le sommeil,
le repos sont une nécessité primordial
pour les travailleurs..
Au 'surplus le Mont-de-Piété a pour
140,000 fr. de matelas engagés et il n'y
aurait que 100,000 fr. de dégagements?
Les personnes riches et généreuses ne
voudront pas que le principe d'égalité si
cher aux Français ne reçoive pas son appli-
cation dans cette chose sainte la charité.
DERNIÈRES NOUVELLES,
La commission des lois constitutionnelles
a continué hier l'examen des cas d'incapactié
,électorale.
Après une longue discussion juridique,
elle a décidé que la privation temporaire du
droit électoral serait attachée aux condam-
nationspour vagabondage, mendicité, viola-
tion de la loi sur les réunions, et de laloi du
recrutement militaire.
La commission du budget a consacré un
long débat aux amendements qui lui étaient
renvoyés au sujet des raffineries.
Elle a décidé qu'il y avait lieu de discuter
complètement la législation en cette matière.
La question des sucres est donc mise de
côté, à l'Assemblée, pour quelques jours au
moins.
On a distribué hier un projet de loi du
gouvernement; relatif à la liquidation de
Et vous avez attendu cinq années I fit
Liprani en l'arrêtant.
11 marchait agité, et livide à travers la
chambre, jetant à droite et à gauche des re-
gards fauves en labourant son crâne de ses
deux mains irritées, proférant des paroles
pleines de haine et de sang.
Clotilde, elle, ne bougeait pas.
Droite, immobile, le front haut/élis sui-
vait avec une profonde attention chacun de
ses mouvements, prête à tout, si la situation
devenait plus menaçante.
Mais jusque-là, Liprani obéissant à la fu-
reur aveugle qui s'était emparée de lui-qui
sait même il y avait peut-être encore à
cette heure, plus d'étonnement encore que
de colère.
Cinq années! Vous avez attendu cinq
années répèta-t-il, comme si une dernière
lueur d'espoir lui fût restée.-
Oui, répliqua Glotilde d'un ton amer,
et cette longue attente à été terrible. Mais
il ne fallait pas se tromper dans l'œuvre im-
placable que j'avais entreprise, il fallait que
le jour venu, je puisse frapper à coup sur,
et pour cela, je n'âi reculé devant aucune
démarche et j'ai appelé à moi tout ce qui
pouvait m'éclairer et m'aider.
Buvard et Mulot l fit Liprani d'un ton
railleur..
Qu'importe l'instrument, si le but est
atteint.
Et vous croyez avoi»xéTIS8it
̃ Vous en doutez.
l'emprunt contracté en vertu de la loi du 18
avril 1869, nar la ville de Paris.
.Les porteurs des obligations seraient fev
nus dans les trente jours qui suivront la
promulgation de la loi, de faire l'échange de
leurs titres provisoires contre des titres defi-
nitifs, en les libérant complétenient avec les
intérêts de retard.
Passé ce délai, les porteurs qui n'auraient
pas fait la conversion seraient déchus du
I La ville de Paris vendrait les titres défi*
nitifs afférents aux titres non échangés.
Un commandant du génie vient S'arriver
à Epinal pour organiser les services qui
doivent s'occuper de la construction des fôrts
autour de la ville.
Ces forts détachés serviront à protéger la
vallée de la Moselle et la ligne de canaux et
de chemins de fer qui relient Paris a Beliort.
Ces travaux préliminaires se rattachent iL
un système de fortifications qui s'étendrout
jusqu'à la chaîne des Vosges, de, manière à
former plusieurs camps retranches.
M. le général de Rivière est attendu au-
jourd'hui à Epinal, pour fixer définitivement
les emplacements des torts.
La Gazette nationale annonce qu^ le comte
1 d'Arnim' quittera le poste d'ambassadeui
qu'il occcupe à Paris, et sera remplace pal
le prince Clovis deIIohenlohe-Schiilmv?fuist,
Le Journal officiel' a publié hier les S*Ot f
listes de souscription à l'œuvre des Foyir-
neaux. Le total des sommes rouniesjusqu ivci
s'élève à 258,346 fr, 95 c.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 28 février
La discussion des conclusions tendant.
autoriser les poursuites contre M. Meivii-
Bloncourt, a été placée en tête du feuilleton.
Comme il n'y a guère, en définitive, d ad-
versaires de l'autorisation que ceux qui con-
sidèrent l'inviolabilité parlementaire comme
absolument sacrée, on pourrait croire le dé-
bat bien inutile.
L'Assemblée entend cependant deux dis-
cours, l'un de M. du Temple, l'autre de M.
Charreyron, le rapporteur, lequel, tout na-
turellement, commente son rapport.
L'autorisation de poursuivre au,
voix, est prononcée, au scrutin, pas? 5oi voix
sur la verrerie revient en ^libé-
ration. M. Savary l'attaque, M. Casimir Fe-
rier le défend. A quoi bon reproduira ces
discours, que personne n'entend parce \iuu.
personne n'écoute ? Chacun, parmi les votais
de tout à l'heure, a son idée arrêtée sur l 111.1-
pôt en discussion.
On lui reproche de frapper une industrie
toute, ou presque toute d'exportation.
La commission du budget, qui a subi un
échec avec lunaire des raffineries, ri'est pa6
plus heureuse.avec. l'impôt du verre.
La taxe sur la verrerie, est repoussee par
425 voix contre M. de ̃Gpub.rd, qui oc-
cupe, en l'absence de M. Buffet, le fauteuil
presidentiél, lève la séance après ce vote.
J'ai été une fois déjà bien près d'être
trahi, et vous voyez cependant que me voici
Parce que j'ai suspendu moi-même l'a<>
tion des hommes qui m'aidajenf
jourd'hui.
Que ferez-vous ?
Vous le demandez?
-N'ai-je pas demandé Léo pour mè sauver
Sans doute répliqua Clotilde,_ mais
moi j'ai lu, dans -lu meuble, depuis plus
d'une année, tous les documents qui è\fa,
blissent que ce Léo n'a iamais existé. •
Et vous ne vous en fies pas servie?
Je voulais savoir.
Ce que vous venez de m'àpt-rendre.
Liprani releva vers la jeune.temme son rS-
gard plein de flammes sombMs, pwdMrt
qu'un sourire cyhiquwenf terrer sa lèvre:
J'ai dit! réponâit-il, et, même à ce.
moment, je ne veux point m en J^àxe. car
c'est-la vérité. Seulement le regret -guen ex
primais tout à l'heure, d'avoir resyecte ma.
victime, est singulièrement atténue m ^.°£
casion que m'offre cet entretien et il eU toi
jours prudent de réparer les sottises que 1 o»,
a faites.
Que voulez-vous dire?.
Ne le devinez-vous pas; à votre tOUi.ï ̃.̃•,
Quoi! 1 quoi 1 achevez.
Et la main de la eune .femme, ,s'enfonça
flèvreusement dans lin ;tixeir \*vw
AParis,rue delafayette, 61
Abonnements Paris
TROIS MOIS. 5 IB.
SIX MOIS 9 FR.
TN AN. s 18 FR.
QUOTIDIEN,
UN NUMÉRO: 5 CENTIMES
Abonnements Départ.
TROIS MOIS 6FR.
SDCMOIS. 12 FR.
tjkan 24 ra,
Lundi 2 Ms 1874
DIMANCHE 1er MARS 1874
LE DlSâËEiElT des lâTELÂS
r Nous avons applaudi la généreuse
'idée de Mme la maréchale de Mac-Mahon,
qui a attribué au dégagement deq matelas
du Mont-de-Piété, les cent milxe francs
donnés par M. de Brousse.
Nous avons aujourd'hui un autre devoir
à remplir; c'est de constater dans quelles
conditions le dégagement s'effectue.
J'ai fait hier matin une longue visite à
chacun des trois bureaux prmcipaux
au chef-lieu, rue des Blancs-Mauteaux,
rue Servan (quartier de la Roquette), et
rue Bonaparte.
Hélas que de misères Quelles scènes
̃ 'poignantes Combien de pauvres gens, la
figure hâve et amaigrie, viennent là re-
prendre leurs matelas, et qui ont besoin
aussi de pain
Faites comme nous, allez assister à ces
douloureuses stations, et, qui que vous
soyiez républirains Ou monarchistes,
vous reviendrez convaincus de la néces-
sité du calme politique afin que le travail
puisse'reprendre.
Dans chacun des trois bureaux que je
viens de désigner, une salle spéciale a été
ouverte pour les dégagements gratuits.
Les ayant-droit y sont admis à partira
de sept heures du matin.
On leur donne des numéros, et, à tour
de rôle, ils rentrent en possession de leur
couche.
Je dis les ayant-droit et j'insiste sur ce
mot. Il est nécessaire que la charité ne
s'égare pas sur les revendeurs, qui achè-
tent, pour une somme très minime, les
« reconnaissances » des pauvres gens.
Ceux-là seulement obtiennent le déga-
gement gratuit qui ont réellement ap-
porté au Mont-de-Piété un matelas leur
appartenant.
Les acheteurs de reconnaissances sont
impitoyablement repoussés,et e'estjustice.
Quant aux pauvres dignes de, sympa-
thie, ils sont traités,par les employés avec
une bienveillance qui double le prix du
bienfait.
Les employés du Mont-de-Piété de Pa-
ris sont animés de l'esprit de justice et de
bienveillance qui est le caractère de l'actif
et intelligent directeur de ce grand éta-
blissement, M. Cochut.
Je pourrais raconter bien des falts à
l'appui de mon dire.
Un petit incident sutfira.
Une jeune femme, que la misère a ren-
due craintive et timide à l'excès, était ve-
nue rue des Blancs-Manteaux elle avait
auprès d'elle une jolie Juliette de cinq à
six ans.
Feuilleton du 2 Sans
[84J
,• r- •- a&iXVIII
̃ de
Le bruit d'une altérdatioil violante était
benu à lui de* l'antichambre, et il lui avait
semblé reconnaître la voix de son intendant:
Il jeta un regard vit et prompt du côté
de Clotilde., et remarqua sur ses traits 1 ex-
pression d'une joie éclatante.
Qu'est ceci ? demanda-t-il, e •nvahi sou-
dainement par le soupçon de la ré alit&
i Et comme la jeune femme se
Et toutes les deux, la mère et la fille, at-
tendaient patiemment; regardant de temps
en temps leurs numéros.
Son tour venu, la jeune femme présent
une reconnaissance et garde dans sa main
amaigrie un second papier rosé.
Qu'avez-vous là, madame,'¡demande
l'employé.
C'est la. reconnaissance du matelas
de ma fille. La chère petite couchera;,avec
moi, à moins que:
Mais oui, ma brave femme, vous avez
droit aux deux matelas.
La pauvre mère a levé des yeux mciuil-
lés de larmes en signe de remercîment
elle était émue au point de ne pouvoir ar-
ticuler un mot.
Quand le petit matelas lui a été rendu,
elle a éclaté en sanglots, -pendant que sa
fillette sautait de joie et palpait la couche
qui allait remplacer pour elle le dur plan-
cher.
Quel drame dans ce simple rapproche-
ment de cette douleur persistante chez la
mère et de cette joie enfantine 1
Mais arrivons à la statistique, question
importante en cette affaire.
Ce n'est pas la première fois qu'il est
procédé administrativement au dégage-
ment gratuit, des objets -de première né-
cessité.
Pendant le siégede Paris, au mois d'oc-
tobre 1870, le gouvernement de la sDé-
fense nationale a donne 700,000 fr. avec
lesquels furent dégagés 114,483 articles
de vêtements et de literie.
Au mois de janvier le même gou-
vernement mit à la disposition' des vingt
arrondissements de Paris une somme de
fr. pour dégagement d'objets sur
lesquels le prêt ne dépassait pas 20 ,fr.,
ce qui donna lieu au retrait gratuit de
37,690 articles.
Après la levée du siége, un comité an-
glais donna 20,000 fr. pour dégager les
outils; la Commune vint mettre obstacle
à la continuation de cette opération et
2,383 outils seulement furent dégagés pour
une somme de-13,570 fr. 15 c.
Enfin, la Commune imposa au Mont-de-
Piété la restitution gratuite de 41,948 arti-
cles formant la somme totale de 323.407
francs 80 centimes.
L'établissement de prêt ne supporta pas
cependant cette perte en entier il reçut
en compensation 135i000 fr.
Actuellement, le don de, M. Debrousse,
si opportunément appliqué au dégage-
ment gratuit des matelas, trouve une si-
tuation des plus tristes à ce point de vue.
Le Mont-de-Piété a treize mille matelas
engagés pour une somme de 140,000 fr.
environ. La moyenne de l'engagement est
de 14 fr.
Comme on le voit, la somme sera insuf-
fisante, et nous souhaitons ardemment
marcha- à pas précipités vers la porte qu'zl
voulut ouvrir.
Mais la porte était fermée au dehors!
Il se retourna alors vers Clotilde, et si la
jeune jemme eût été moins préoccupée d'elle-
ip.êmé,elle eût été frappée d'horreur à la vue
de ses traits contractés est du regard do hyène
dont ses yeux venaient de s'allumer.
Ce n'était plus le prince Liprani. c'était
Léo dans toute la hideuse expansion de la
fureur qui gonflait sa poitrine.
Ainsi, c'était un piège! balbutia-t-il, les
dents serrées et les- poings crispés. Tout ce
que j'ai entendu jusqu'ici n'était que men-
songe, tout ce que vous m'avez fait espérer
était la plus épouvantable des illusions.
Répondez! répondez, madame.Car en dé-
̃pit de votre attitude, malgré tous les soup-
çons qui m'envahissent, je doute encore, et
fai peine à croire.
La jeune femme éclata en un rire strident.
-'Le misérahle 's'éci%ia-t-elle, mais sur
quel infâme et monstrueux amour. comp--
tiez-vôus donc, et quélle lâche complicité
attendiez-vous de votre victime?- Mais, je
sais tout! Vous* ne. le devinez donc pas en-
core Mais depuis le jour où je vous ai revu,
j'ai compris que Dieu mettait enfin la vic-
time en présence de son assassin. Alors, j'ai
voulu tout savoir, tout apprendre, tout con-
naître, afin q;ue lorsque l'heure de la ven-
geance sonnerait, il n'y ait plus pour vous
d'autre refuge que le bagne, d'autre issue
que de généreux philanthropes complè-
tent l'œuvre commencée.
Bien plus, quand on va au fond des mi-
sères réunies dans les bureaux de dégage-
ment gratuit, on fait des voeux pour que
le Mont-de-Piété reçoive en ce moment
des dons cette bonne fortune qui lui per-
met des dégagements-lui arrive quelque-
Bien des pauvres gens, ayant reçu leur
matelas, ont essayé de le réengager pour
se procurer du liuge dont ils ont un grand
besoin.
Ces réengagements ont dû être inter-
dits, ils le resteront jusqu'à nouvel ordre
on ne délivre gratuitement que les mate-
las engagés jusqu'au 24 février.
Il faut de l'ordre même dans la bienfai-
sauce, surtout dans la bienfaisance.
Les vœux que j'ai exprimés, les excita-
tions à la charité que je me suis permises,
sont ju.stifiés par les renseignements qui
suivent:
Le Mont-de-Piété a dans, ses magasins
pour 3 millions et demi de linge.
La literie et objets mobiliers sont CI: au
clou » pour environ un million.
Je mè demande s'il n'y a pas lieu de
faire un effort charitable s'il n'y a pas à
chercher une combinaison financière pour
rendre aux pauvres gehsles objets de pre-
mière première nécessité dont le besoin de
manger les a prives.
Il est évident qu'on se défait de son ma-
telas à la dernière extrémité le sommeil,
le repos sont une nécessité primordial
pour les travailleurs..
Au 'surplus le Mont-de-Piété a pour
140,000 fr. de matelas engagés et il n'y
aurait que 100,000 fr. de dégagements?
Les personnes riches et généreuses ne
voudront pas que le principe d'égalité si
cher aux Français ne reçoive pas son appli-
cation dans cette chose sainte la charité.
DERNIÈRES NOUVELLES,
La commission des lois constitutionnelles
a continué hier l'examen des cas d'incapactié
,électorale.
Après une longue discussion juridique,
elle a décidé que la privation temporaire du
droit électoral serait attachée aux condam-
nationspour vagabondage, mendicité, viola-
tion de la loi sur les réunions, et de laloi du
recrutement militaire.
La commission du budget a consacré un
long débat aux amendements qui lui étaient
renvoyés au sujet des raffineries.
Elle a décidé qu'il y avait lieu de discuter
complètement la législation en cette matière.
La question des sucres est donc mise de
côté, à l'Assemblée, pour quelques jours au
moins.
On a distribué hier un projet de loi du
gouvernement; relatif à la liquidation de
Et vous avez attendu cinq années I fit
Liprani en l'arrêtant.
11 marchait agité, et livide à travers la
chambre, jetant à droite et à gauche des re-
gards fauves en labourant son crâne de ses
deux mains irritées, proférant des paroles
pleines de haine et de sang.
Clotilde, elle, ne bougeait pas.
Droite, immobile, le front haut/élis sui-
vait avec une profonde attention chacun de
ses mouvements, prête à tout, si la situation
devenait plus menaçante.
Mais jusque-là, Liprani obéissant à la fu-
reur aveugle qui s'était emparée de lui-qui
sait même il y avait peut-être encore à
cette heure, plus d'étonnement encore que
de colère.
Cinq années! Vous avez attendu cinq
années répèta-t-il, comme si une dernière
lueur d'espoir lui fût restée.-
Oui, répliqua Glotilde d'un ton amer,
et cette longue attente à été terrible. Mais
il ne fallait pas se tromper dans l'œuvre im-
placable que j'avais entreprise, il fallait que
le jour venu, je puisse frapper à coup sur,
et pour cela, je n'âi reculé devant aucune
démarche et j'ai appelé à moi tout ce qui
pouvait m'éclairer et m'aider.
Buvard et Mulot l fit Liprani d'un ton
railleur..
Qu'importe l'instrument, si le but est
atteint.
Et vous croyez avoi»xéTIS8it
̃ Vous en doutez.
l'emprunt contracté en vertu de la loi du 18
avril 1869, nar la ville de Paris.
.Les porteurs des obligations seraient fev
nus dans les trente jours qui suivront la
promulgation de la loi, de faire l'échange de
leurs titres provisoires contre des titres defi-
nitifs, en les libérant complétenient avec les
intérêts de retard.
Passé ce délai, les porteurs qui n'auraient
pas fait la conversion seraient déchus du
I La ville de Paris vendrait les titres défi*
nitifs afférents aux titres non échangés.
Un commandant du génie vient S'arriver
à Epinal pour organiser les services qui
doivent s'occuper de la construction des fôrts
autour de la ville.
Ces forts détachés serviront à protéger la
vallée de la Moselle et la ligne de canaux et
de chemins de fer qui relient Paris a Beliort.
Ces travaux préliminaires se rattachent iL
un système de fortifications qui s'étendrout
jusqu'à la chaîne des Vosges, de, manière à
former plusieurs camps retranches.
M. le général de Rivière est attendu au-
jourd'hui à Epinal, pour fixer définitivement
les emplacements des torts.
La Gazette nationale annonce qu^ le comte
1 d'Arnim' quittera le poste d'ambassadeui
qu'il occcupe à Paris, et sera remplace pal
le prince Clovis deIIohenlohe-Schiilmv?fuist,
Le Journal officiel' a publié hier les S*Ot f
listes de souscription à l'œuvre des Foyir-
neaux. Le total des sommes rouniesjusqu ivci
s'élève à 258,346 fr, 95 c.
ASSEMBLÉE NATIONALE.
Séance du 28 février
La discussion des conclusions tendant.
autoriser les poursuites contre M. Meivii-
Bloncourt, a été placée en tête du feuilleton.
Comme il n'y a guère, en définitive, d ad-
versaires de l'autorisation que ceux qui con-
sidèrent l'inviolabilité parlementaire comme
absolument sacrée, on pourrait croire le dé-
bat bien inutile.
L'Assemblée entend cependant deux dis-
cours, l'un de M. du Temple, l'autre de M.
Charreyron, le rapporteur, lequel, tout na-
turellement, commente son rapport.
L'autorisation de poursuivre au,
voix, est prononcée, au scrutin, pas? 5oi voix
sur la verrerie revient en ^libé-
ration. M. Savary l'attaque, M. Casimir Fe-
rier le défend. A quoi bon reproduira ces
discours, que personne n'entend parce \iuu.
personne n'écoute ? Chacun, parmi les votais
de tout à l'heure, a son idée arrêtée sur l 111.1-
pôt en discussion.
On lui reproche de frapper une industrie
toute, ou presque toute d'exportation.
La commission du budget, qui a subi un
échec avec lunaire des raffineries, ri'est pa6
plus heureuse.avec. l'impôt du verre.
La taxe sur la verrerie, est repoussee par
425 voix contre M. de ̃Gpub.rd, qui oc-
cupe, en l'absence de M. Buffet, le fauteuil
presidentiél, lève la séance après ce vote.
J'ai été une fois déjà bien près d'être
trahi, et vous voyez cependant que me voici
Parce que j'ai suspendu moi-même l'a<>
tion des hommes qui m'aidajenf
jourd'hui.
Que ferez-vous ?
Vous le demandez?
-N'ai-je pas demandé Léo pour mè sauver
Sans doute répliqua Clotilde,_ mais
moi j'ai lu, dans -lu meuble, depuis plus
d'une année, tous les documents qui è\fa,
blissent que ce Léo n'a iamais existé. •
Et vous ne vous en fies pas servie?
Je voulais savoir.
Ce que vous venez de m'àpt-rendre.
Liprani releva vers la jeune.temme son rS-
gard plein de flammes sombMs, pwdMrt
qu'un sourire cyhiquwenf terrer sa lèvre:
J'ai dit! réponâit-il, et, même à ce.
moment, je ne veux point m en J^àxe. car
c'est-la vérité. Seulement le regret -guen ex
primais tout à l'heure, d'avoir resyecte ma.
victime, est singulièrement atténue m ^.°£
casion que m'offre cet entretien et il eU toi
jours prudent de réparer les sottises que 1 o»,
a faites.
Que voulez-vous dire?.
Ne le devinez-vous pas; à votre tOUi.ï ̃.̃•,
Quoi! 1 quoi 1 achevez.
Et la main de la eune .femme, ,s'enfonça
flèvreusement dans lin ;tixeir \*vw
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