Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 25 février 1874 25 février 1874
Description : 1874/02/25 (Numéro 4079). 1874/02/25 (Numéro 4079).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592114w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
^iï^i^JoîiMait
ponde définitivement aux nombreux intérêts
lui attendent, et, pour beaucoup, se sont
précisément élevés en raison de la décision
prise déjà par l'Assemblée, au moins d'une
taçon implicite, lorsqu'elle a voté l'impôt sur
le papier.
On passe enfin au vote. Les partisans du
fômbre s'abstiennent, espérant que le scrutin,
•^ute de nombre, ne sera pas valable. Ils ne
sussissent qu'à obtenir le résultat suivant.
Nombre de votants. 403
Pour l'amendement, 2
Contre. 401
L'impôt du timbre est repoussé.
Entre temps, M. Buffet a donné lecture
Il'une demande d'interpellation, signée de
M. Naquet, et relative à des « manoeuvres
électorales, tendant à rétablir une véritable
candidature officielle, » exercée dans le Vau-
cluse.
Sur la demande de M. de Broglie, l'inter-
pellation est renvoyée après la vérification
des pouvoirs du député qu'aura élu le de-
parlement de Vaucluse.
L'affaire du timbre terminée/on apporte à
l'Assemblée le résultat du scrutin de ballot-
tage par lequel s'est ouverte la séance. M.
Combier a 293 voix M. Toupet des Vignes
291. Mais, à côté de l'urne qui renfermait
ces 584 sufirages, l'urne de contrôle ne con-
tenait que 581 boules.
Trois bulletins de trop et deux voix de ma-
On recommence donc. Une heure est -en-
core perdue. Perdue est bien le termes
exact, car de nouveau l'urne reste muette.
Cette fois, c'est M. Toupet des Vignes qui
a une voix de majorité; mais il y a deux bul-
letin de trop Que faire ? Recommencer.
Il reste decidé qu'on ne recommencera que
demain mercredi. Voudrait-on employer ces
vingt-quatre heures à faire exorciser les
urnes, lesquelles, décidément, paraissent en-
sorcelées depuis l'élection de la commission
des Trente?
LES IMPOTS IMPROVISÉS
'tous ce titre, le Constitutionnel publie un article
excellent que nous croyons devoir reproduire en
nous associant à ses observations.
Avec beaucoup de. bon sens, ce qui ri'exclut nul-
lement la verve, ce journal démontre que la discus-
sion du budget complémentaire traînant en longueur,
sans intérêt ni utilité pratique, fait perdre au Trésor
public et par conséquent a l'ensemble des citoyens
une forte somme tous les jours.
Nous espérons que les députés seront, sensibles à
cet argument économique, et se hâteront de termi-
ner une discussion qui n'a de chante d'aboutir en
ce moment que par le vote des propositions du mi-
nistre des finances.
Voici l'arlicle du Constitutionnel
On peut interroger au hasard les divers or-
ganes de la presse, à quelque nuance politi-
que qu ils appartiennent, on les trouvera
tous d'accord sur les deux questions sui-
vantes
Nécessité absolue d'éguiîibrer le budget;
Nécessité non moinsabsolue d'assurerdans
le plus bref délai possible la mise en recou-
vrement des nouveaux impôts.
EIL bien, nous le disons à regret, cette vé-
rité ne semble pas s'être imposée à tous
les esprits avec l'autorité que réclament les
intérêts du Trésor, qui ne sont en réalité que
les intérêts les plus pressants du pays lui-
Que se passe-t-il en effet dans la discussion
des nouveaux impôts?
Nous voy ons à tout instant se produire des
systèmes de pure fantaisie, des improvisa-
tions financières qui ne reposent sur aucune
donnée certaine, des projets d'impôts dont le
rendement est tout a fait hypothétique, ou
serait en grande partie absorbé par les frais
de perception; nous en avons meme vu dont
la perception était impossible.
« L'étude d'un impôtisolé, disait avecraison
il y a quelques jours l'un de nos confrères du
femps, ne suffit pas; il faut voir dans quelle
mesure les diverses taxes se compensent et
s'équilibrent.» Jl faut aussi se défier des
taxes auxquelles on attribue le double avan-
tage de porter sur un moins grand nombre
par des craintes superstitieuses: il y a silong-
temps que je ne croyais plus au bonheur.
Clotilde passa ses deux mains sur sonfront
comme si elle eût voulu chasser quelque
fantôme horrible du passé.
Ainsi, c'est dit, continua-t-elle d'un ton
Piévreug.
-1- C'est dit, répondit le prince:
Vous n'irez pas à ce rendez-vous.
Je serai ici à l'heure indiquée.
C'est bien et maintenant séparons-
nous, j'ai quelques ordres à donner, certai-
n os dispositions à prendre, et il ne vous reste
que peu 'de temps pour vous préparer.
A bientôt, alors.
A bientôt.
Et vous m'aimez, Viviane! dites-moi
encore que vous m'aimez!
La jeune femme eut un sourire d'une ex-
pression céleste, et encore une fois, elle aban-
donna ses mains au prince.
Je vous pardonne de douter encore à
cette heure, répondit-elle, mais j'espère que
c'est la.dernière fois)..
Ah! merci! merci! s'écria Liprani;
vous êtes mon âme. ma vie et jamais
créature humaine n'emporta tant d'ivresse
dans son cœur..
Puis il gagna la porte et disparut.
Clotilde alla écouter le bruit de ses pas,
qui ne tarda pas à s'éteindre dans l'escalier,
et quand elle n'entendit nius rien», elle ren-
de personnes et cependant de produire plus
que ceux qui portent sur tous.
Quelle que soit l'évidence de ces principes,
nous avons vu les amendements se succéder,
s'enchevêtrer, se contredire les uns les au-
tres, les projets s'entasser sur les contre-pro-
jets nous avons entendu de nombreux ora-
teurs nous les avons même entendus dire, à
propos-dés chèques, «que plus ils avaient
apporté de lumière sur la question, moins on
De tous ces amendements, de tous ces pro-
jets et contre-projets, combien en peut-on
compter qui aient résisté à l'épreuve d'une
discussion sérieuse et approfondie? Comme
le dit justement le Moniteur, universeG, tous
ces rapports, tous ces renvois à la commis-
sion ne sont-ils pas la chose la plus inutile
et la plus fastidieuse que l'on puisse imagi-
ner ? Le même journal ajoute qu'étant don-
née la manière actuelle de discuter, il est
impossible d'assigner un terme à la discus-
sion et de prévoir quand la loi des finances,
pour les impôts supplémentaires de l'exer-
cice 1874, sera intégralement votée.
Le Bien public se plaïnt comme les autres
journaux « du préjudice causé au Trésor par
la lenteur des débats parlementaires. » L'As-
semblée a constaté ce 'préjudice en votant
une loi spéciale aux impôts qu'elle a déjà
adoptés. C'était agir sagement, et n'a-t-elle
pas en quelque sorte donné par là un aver-
tissement indirect à ceux de ses honorables
membres qui tiennent en réserve pour les
nouvelles discussions quelques-uns de ces
Interminables discours qui n'ont souvent
d'autres résultats que de provoquer d'autres
discours non moins interminables?
Il est bien sans doute que les questions de
¡budget soient sérieusement .étudiées et dis-
cutées, mais il ne faut pas en faire une occa-
sion de simples tournois oratoires; il ne faut
point porter, dans ces grâfes questions, les
préoccupations électorales, les mesquines sa-
tisfactions d'une popularité éphémère; il ne
faut pas défendre quand-même des élucubra-
tions hâtives pour fournir uniquement au
ministre des finances l'occasion de démon-
trer une fois de plus qu'il a raison, comme
on vient de le voir encore à l'occasion. des
critiques adressées par M. Raudot à la Ban-
que de France, critiques que M. Magne a si
bien mises à néant, qu'une « écrasante majo-
rité » de 300 voix ratifié sa vive et pressante
argumentation; c!est le Journal des Débats
qui le constate, ce qui n'est pas sans impor-
tance, lorsqu'on connaît les efforts qu'il fait
pour rester impartial.
On. a souvent rappelé la devise de l'un des
plus illustressoldats, desplus grands citoyens
qu'ait produits la Révolution française, le
général Hoche re$, non 'verba. Il ne'faut pas
que l'on dise que dans nos discussions bud-
gétaires nous, retournons la formule verba,
non res.
En finances comme en guerre, il faut des
actes et non des mots ;-or, quel acte aujour-
d'hui peut-être plus méritant que d'assurer
au Trésor les ressources qu'il réclame im-
périe,usement? Car chaque jour qui retarde
le voté définitif des nouveaux impôts se solde
pour les caisses de l'Etat, par une perte sèche
de 250,000 francs.
On le voit, c'est faire payer un peu cher
au pays la défaite presque toujours inévita-
'ble des amendements, des contre-projets,'et
les plaidoyers de leurs avocats. Sur ce point,
comme nous l'avons dit plus haut, la presse
est unanime, et elle n'est que l'écho fldèlede
l'opinion publique. On discute pendant de
longues semaines pour arriver en définitive
à voter les propositions déposées par M. Ma-
gne depuis le mois de décembre dernier.
BULLETIN MILITAIRE
Nouvelles de l'armée territoriale:
La commission d'organisation présidée par
le général Berthaut a complètement terminé
ses travaux et a soumis son projet au minis-
tère qui l'a approuvé. Il ne reste donc qu'à
attendre le vote de l'Assemblée, lequel est
prochain.
Voici les bases générales d'organisations
tra dans sa chambre et se laissa tomber à
genoux sur son prie-Dieu.
Mon Dieu! dit-elle les mains jointes et
les yeux levés au ciel, vous qui lisez au fond
des âmes, vous savez quelle œuvre terrible
je prépare Ayez pitié de votre pauvre créa-
ture, et ne laissez pas faiblir son courage, et
donnez-lui la force d'aller jusqu'au, bout.
1\1:on Dieu! éclairez l'esprit de ce miséra-
ble. Faites qu'il parle.qu'il dise ce que
lui seul au moutle connaît. qu'il révèle,
enfin, la vérité épouvantable ou consolante.
Gardener! ô Gardener.
Ta fiancée ira vers toi ce. soir, chaste et
pure., .ou- elle disparaîtra à jamais pour
tous, derrière les sombres murs d'un cloître!
Puis elle se releva.
.On eût dit que cette courte prière avait
retrempé ses iorces, qu'elle venait de lui
rendre son énergie près de l'abandonner.
Elle secoua là tête, par un monvement
résolu et sonna.
La femme de chambre accourut.
-John! jevéuxparler à John dit Clotildé.
Un moment après, le laquais se présentait.
John! dit albrs la jeune femme, vous al-
lez, à l'instant même, vous rendre à la poste
aux chevaux, et vous 'demanderez que l'on
envoie une voiture ici, un peu avant minuit.
Le laquais s'inclina.
Quant à vous, Clémence, continua Clo-
tilde., dès qu'il se fut éloigné, j'ai quelques
L'armée territoriale comprendra:
172 régiments d'infanferie;
18 do de cavalerie;
• -18 do d'artillerie
18 bataillons du génie;
18 do du train des équipages..
Les régiments, lors de la formation, seront
commandés: les numéros impairs par un
colonel, les numéros pairs par un lieuteiïant-
colonel.
Chaque régiment d'infanterie sera composé
de 3 bataillons à 6 compagnies.
Les régiments de cavalerie auront 3 es-
cadrons.
La formation en brigades et en divisions
sera la même que pour l'armée active. Ainsi
la division comprendra quatre régiments
d'infanterie, un de cavalerie, un demi batail-
ltin du génie, le train des équipages, deux
batteries d'artillerie et les services auxiliaires.
La composition des bataillons n'est pas
encore déterminée.
Nous avons déja dit quels seraient les gra-
des payés en temps de paix. En temps de
guerre, la solde sera celle de l'armée active.
Nous le répétons pour la dernière fois à
nos lecteurs, l'organisation est proche; donc
que les postulants aux divers grades se met-
tent en mesure de répondre aux questions
qui leur seront adressées.
Nous avons donné, il y a longtemps, le
programme d'examen.
PETITES NOUVELLES
Ce soir, mardi, réception chez le ministre de
la guerre, à Paris. Chez le ministre des travaux
publics, à Versailles. Chez le préfet de la Seine,
au Luxembourg.
Hier, à midi, ont commencé, par le let arron-
dissement, au palais de l'Industrie, les opérations
du tirage au sort des jeunes gens de la classe de
1874, qui dureront jusqu'au 18 mars.
Le président de' la Société de répression du
braconnage a déjà fait dresser 32 contraventions
pour mises en vente de gibier en temps prohibé.
Au coin des rues de l'Université et de Bour-
gogne, une voûte d'égout s'est écroulée sur une
largeur de 4 mètres. Aucun accident n'est arrivé.
Plusieurs boulangers des 11e et 17" arrondis-
sements ont baissé le prix des deux kilogrammes
de pain à 95 centimes.
Parmi les couronnes déposées sur le monu-
ment de Jeanne Darc, il y en a une en bronze avec
le mot Patrie.
Hier soir, à 8 h., a eu lieu, à Saint-Germain-
J'Auxerrois, une réunion générale de toutes les
conférences de Saint-Vincent-de-Paul de Paris.
Un ancien correcteur d'imprimerie, M. Perret,
passage de la Réunion, 2 (rue Saint-Martin, 176), a
perdu, du Louvre à la rue Servandoni, 3 billets de
20 fr., son unique ressource. Prière de rapporter.
AFFAIRE wjjNCËNZI N
Ise CONSEIL DE GUERRE
Présidence de M. le colonel du Guiny, du 65* de ligne.
Audience tlu février
Jamais il n'y eut de crime plus révoltant.
Le coupable, c'était la foule; la victime, un
homme désarmé.
L'instruction a été longue, laborieuse. De
nombreux inculpés ont tour à tour passé
par les investigations de la justice.
Contre deux d'entre eux seulement les
charges ont été reconnues suffisantes.
L'un s'appelle Bonnard; il est né dans la
Somme, est âgé de quarante ans, et exerce la
profession de plombier.
L'autre se nomme Pélata; il est origi-
naire del'Ariége, à vingt-sept ans et travaille
dans l'ébénisterie.
Tous deux ont le type militaire; ils sont
bruns, de. taille assez élevée, vêtus de noir
redingote et pantalon.
Bonnard porte une physionomie martiale
et franche: visage allongé. longues, moústa-
ches, longue barbiche, œil vü, traits régu-
liers.
Pélata a le teint bilieux. les pommettes
saillantes, le regard dur. Sa moustache se
instructions à vous donner,'qu'il faudra exé-
cuter avec la plus étroite, rigueur.
Je n'y manquerai pas, madame.
Ce soir, à minuit, vous irez trouver, ;fc
concierge de l'hôtel de Lucenay; il aura été
prévenu, et vous remettra la clef de la serre
que vous connaissez.,
Oh oui, madame.-
-Munie de cette clef, vous pénétrerez dans
la serre et vous allumerez une des lampes
qui se trouvent à l'entrée, et que l'on a dü
réparer depuis quelque temps.
Ce sera fait.
Puis, ce soin accompli, vous attendrez.
Quoi, madame'?
Oh ne craignez rien, mon enfant, vous
ne courez aucun danger à minuit et quel-
ques minutes, selon toute vraisemblance;
vous entendrez frapper quelques coups à la
porte.
Faudra-t-il demander qui est là.
Précisément, si on répond Lionel ou
Gardener vous n'oublierez pas ces deux
noms vous ouvrirez.'
Et alors ?
Alors, vous remettrez à la personne qui
se présentera la clef, que voici, et vous vous
retirerez!
Est-ce tout.
C'est tout!
Ce n'est pas bien* difncile.
Non, sans doute, mais une minute de
hérisse sous un nez relevé, en trompette.
Bonnard est défendu par Me Brossard, P&
lata par Ma Constant.
Le siège du ministère public est occupé
par M. le commandant Romain, commis-
saire du gouvernement.
Résumons le rapport dont M. le greffier
Bardet donne lecture -1
Le dimanche 26 février, une foule immense en-
combrait la place de la Ba-stille. Des gardes natio-
naux venaient en rangs épais saluer le drapeau
rouge hissé sur la colonne.
Vers une heure, un officier de garde nationale
monta sur le piédestal de la colonne, d'où il adressa
à la foule un discours que quelques personnes.ap-
plaudirent. La foule cria « Vive la République )j
Vincenzini s'àssocia à ce cri en soulevant son çha-
A ce moment, ,un individu approcha de lui' et lui
dit: « Comment! toi, un Corse' et un ancien agent
du château, tu as l'impudeur de crier « Vive la
République » Tu ne peux pas dire que ce n'est pas
vrai, car je te connais et tu me connais.
Puis il disparut. Presque immédiatement, Vin-
cenzini et un autre agent qui l'accompagnait, lo
sieur CartoUx, furent assaillis par une foule de for-
cenés, qui lea traitèrent de mouchards, de roussins
et les frappèrent brutalement.
Cartoux riposta vigoureusement et parvint à se
faire lâcher. Quant à Vincenzini, il fut poussé du
côté de ia rue des ToUrnelles. En vain il essaya de
fuir. Une véritable, chasse à l'homme commença,
Tout d'abord il se réfugia dans un bureau de tabac
situé au-n" rue Saint: Antoine. Les gredins qui
le poursuivaient l'arrachèrent de son lieu de refuge
et le conduisirent, sous une nuée de coups de poing.
de crachats et d'injures, au poste de la Bastille.
Quelques personnes espéraient qu'on l'enfermerait
là; mais la populace ne se laisse pas arracher faci-
lement les victimes qu'on lui a jetées en pâture. Tout
à coup, un cri, suivi aussitôt de mille cris sembla»^!
bles, se fit entendre
Pendez-le! pendez-le! A mort le roussin!
On choisit le balcon de la maison Ouvrier, située
boulevard Richard-Lenoir mais la dame Ouvrier,
épouvantée, poussa de tels cris qu'dn renonça à cette
idée, et les cris de « A l'eau! à l'eau! » s'étant fait
entendre, on se décida à infliger ce genre de mort
au malheureux agent, et on essaya de le précipiter
par une bouche du-canal, mais le treillage empê-
cha alors on se dirigea vers la Seine.
Il crut un instant être sauvé après avoir pu péné·
trer dans le poste situé sur le canal.
Le chef de poste était M. Couquet, lieutenant'au
94° bataillon de la garde nationale. Cet officier fit
aussitôt fermer la grille, et mit l'agent au violon.
Mais la foule altérée de sang et voulant sa victime à
tout prix, poussa des cris de mort, disant qu'on es-
savait de lui soustraire un mouchard,
Après avoir reconnu qu'il ne pouvait se sauver
par la fenêtre donnant sur l'eau, Vinçenzini sup-
plia lui-même le lieutenant de le remettre entre les
mains de la foule, qui devenait de plus en plus me-<
naçante, surtout depuis qu'une carte d'inspecteur
de police, trouvée sur Vincenzini, lui prouvait qu'il
était bien ce qu'on avait dit.
On s'empara donc de nouveau de lui, et on le
traîna vers le parapet.
Là, affolé par la peur, abreuvé d'outragée, accablé
de coups, ne pouvant supporter plus longtemps ce
long martyre, il se jeta à genoux, il supplia la foule
a Qu'on me donne un pistolet, s'écria-t-ü; et me
tuerai, puisque vous voulez que je meure! » On ré-
pondit à cette prière désespérée par de nouvelles
clameurs, et c'est à ce moment qu une fille soumis
monta sur un banc, souffleta Vincenzini et lui dit:
« Je te condamne à être noyé. » Ce jugement Bom«
maire, ainsi formulé et par un tel juge, fut sans appel.
On se rua sur la victime en poussant dea cris sau-
vages « A l'eau l'eau! à la Seine! » Et la bande
des forcenés se dirigea vers le quai Henri IV. Il y
avait sur le bord de l'eau trois bateaux péniches liés
l'un à l'autre et formant une sorte de pont. C'est là
qu'on amena Vincenzini, et qu'on le jeta à l'eau
mais quelqu'un ayant fait remarquer qu'il savait na-
ger, on le retira par une corde qu'on lui avait atta-
chée au cou, et on lui lia les pieds et les mains sur
une planche arrachée à un bateau. v.
On était.monté en sigrand nombre sur les bateaux
pour voir la victime se débattre, que deux bateaux
se brisèrent. Plusieurs personnes tombèrent à l'eau.
Vincenzini était doué d'une force et d'une énergie,
peu ordinaires. Il savait admirablement nager. Bien
qu'il eût les pieds et les bras liés, il se maintint en
faisant la planche et se laissa entrainer par le cou-
rant.
Cependant ses convulsions le débarrassèrent de.
l'appareil, et il commença aussitôt à nager.
11 fallait que Vincenzini eût la force et le courage
d'un lion, pour être capable d'un effort, après tout
ce qu'on lui avait fait souffrir.
En le voyant débarrassé do ses liens, la populace
poussa un cri de fureur, et ramassant des pierres
provenant de constructions et de débris, elle les
lança à tour de bras dans sa direction. Il fut plu-
sieurs atteint fois a la tète et au visage. Au fur et a
mesure queVincenzini descendait le fleuve, les assas-
retard, une indication mal interprétée pour-
rait coûter la vie à quelqu'un.
Soyez tranquille, madame, et vous pou-
vez vous reposer sur moi. à minuit, j'allu.
merai la lampe d'entrée; puis j'attendrai
M. Lionel ou Gardener. et une fois la se-
conde clef remise, je me retirerai, n'est-ce
pas cela?
Si, mon enfant.
Madame n'a aucune crainte à concevoir,
-.Allez donc! et surtout ne parlez à
personne. à personne, entendez-vous bien,
de ce que je viens dé vous confier!
Clémence fit un serment solennel et se re-,
tira presque heureuse d'être mêlée à un
mystère que sa maîtresse avait bien voulu
lui confier.
Or, pendant que Clotilde se- livrait à ces
préparatifs mystérieux, l'heure s'écoulait, et
le moment du départ pour la Belgique ap*
prêchait à grands pas.
C'est à neuf heures cinquante-cinq miîiu»'
tes qne le train quitte la gare. et il était
près de neuf heures.
Gar dener avait dîné avec Lucien de Senne-
terres, et ils ne devaient se rendre à la gare
que peu avant l'heure du départ.
Quand ils y arrivèrent, ils trouvèrent Geor-
ges de Porblanc qui les y attendait.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à dem&iû
ponde définitivement aux nombreux intérêts
lui attendent, et, pour beaucoup, se sont
précisément élevés en raison de la décision
prise déjà par l'Assemblée, au moins d'une
taçon implicite, lorsqu'elle a voté l'impôt sur
le papier.
On passe enfin au vote. Les partisans du
fômbre s'abstiennent, espérant que le scrutin,
•^ute de nombre, ne sera pas valable. Ils ne
sussissent qu'à obtenir le résultat suivant.
Nombre de votants. 403
Pour l'amendement, 2
Contre. 401
L'impôt du timbre est repoussé.
Entre temps, M. Buffet a donné lecture
Il'une demande d'interpellation, signée de
M. Naquet, et relative à des « manoeuvres
électorales, tendant à rétablir une véritable
candidature officielle, » exercée dans le Vau-
cluse.
Sur la demande de M. de Broglie, l'inter-
pellation est renvoyée après la vérification
des pouvoirs du député qu'aura élu le de-
parlement de Vaucluse.
L'affaire du timbre terminée/on apporte à
l'Assemblée le résultat du scrutin de ballot-
tage par lequel s'est ouverte la séance. M.
Combier a 293 voix M. Toupet des Vignes
291. Mais, à côté de l'urne qui renfermait
ces 584 sufirages, l'urne de contrôle ne con-
tenait que 581 boules.
Trois bulletins de trop et deux voix de ma-
On recommence donc. Une heure est -en-
core perdue. Perdue est bien le termes
exact, car de nouveau l'urne reste muette.
Cette fois, c'est M. Toupet des Vignes qui
a une voix de majorité; mais il y a deux bul-
letin de trop Que faire ? Recommencer.
Il reste decidé qu'on ne recommencera que
demain mercredi. Voudrait-on employer ces
vingt-quatre heures à faire exorciser les
urnes, lesquelles, décidément, paraissent en-
sorcelées depuis l'élection de la commission
des Trente?
LES IMPOTS IMPROVISÉS
'tous ce titre, le Constitutionnel publie un article
excellent que nous croyons devoir reproduire en
nous associant à ses observations.
Avec beaucoup de. bon sens, ce qui ri'exclut nul-
lement la verve, ce journal démontre que la discus-
sion du budget complémentaire traînant en longueur,
sans intérêt ni utilité pratique, fait perdre au Trésor
public et par conséquent a l'ensemble des citoyens
une forte somme tous les jours.
Nous espérons que les députés seront, sensibles à
cet argument économique, et se hâteront de termi-
ner une discussion qui n'a de chante d'aboutir en
ce moment que par le vote des propositions du mi-
nistre des finances.
Voici l'arlicle du Constitutionnel
On peut interroger au hasard les divers or-
ganes de la presse, à quelque nuance politi-
que qu ils appartiennent, on les trouvera
tous d'accord sur les deux questions sui-
vantes
Nécessité absolue d'éguiîibrer le budget;
Nécessité non moinsabsolue d'assurerdans
le plus bref délai possible la mise en recou-
vrement des nouveaux impôts.
EIL bien, nous le disons à regret, cette vé-
rité ne semble pas s'être imposée à tous
les esprits avec l'autorité que réclament les
intérêts du Trésor, qui ne sont en réalité que
les intérêts les plus pressants du pays lui-
Que se passe-t-il en effet dans la discussion
des nouveaux impôts?
Nous voy ons à tout instant se produire des
systèmes de pure fantaisie, des improvisa-
tions financières qui ne reposent sur aucune
donnée certaine, des projets d'impôts dont le
rendement est tout a fait hypothétique, ou
serait en grande partie absorbé par les frais
de perception; nous en avons meme vu dont
la perception était impossible.
« L'étude d'un impôtisolé, disait avecraison
il y a quelques jours l'un de nos confrères du
femps, ne suffit pas; il faut voir dans quelle
mesure les diverses taxes se compensent et
s'équilibrent.» Jl faut aussi se défier des
taxes auxquelles on attribue le double avan-
tage de porter sur un moins grand nombre
par des craintes superstitieuses: il y a silong-
temps que je ne croyais plus au bonheur.
Clotilde passa ses deux mains sur sonfront
comme si elle eût voulu chasser quelque
fantôme horrible du passé.
Ainsi, c'est dit, continua-t-elle d'un ton
Piévreug.
-1- C'est dit, répondit le prince:
Vous n'irez pas à ce rendez-vous.
Je serai ici à l'heure indiquée.
C'est bien et maintenant séparons-
nous, j'ai quelques ordres à donner, certai-
n os dispositions à prendre, et il ne vous reste
que peu 'de temps pour vous préparer.
A bientôt, alors.
A bientôt.
Et vous m'aimez, Viviane! dites-moi
encore que vous m'aimez!
La jeune femme eut un sourire d'une ex-
pression céleste, et encore une fois, elle aban-
donna ses mains au prince.
Je vous pardonne de douter encore à
cette heure, répondit-elle, mais j'espère que
c'est la.dernière fois)..
Ah! merci! merci! s'écria Liprani;
vous êtes mon âme. ma vie et jamais
créature humaine n'emporta tant d'ivresse
dans son cœur..
Puis il gagna la porte et disparut.
Clotilde alla écouter le bruit de ses pas,
qui ne tarda pas à s'éteindre dans l'escalier,
et quand elle n'entendit nius rien», elle ren-
de personnes et cependant de produire plus
que ceux qui portent sur tous.
Quelle que soit l'évidence de ces principes,
nous avons vu les amendements se succéder,
s'enchevêtrer, se contredire les uns les au-
tres, les projets s'entasser sur les contre-pro-
jets nous avons entendu de nombreux ora-
teurs nous les avons même entendus dire, à
propos-dés chèques, «que plus ils avaient
apporté de lumière sur la question, moins on
De tous ces amendements, de tous ces pro-
jets et contre-projets, combien en peut-on
compter qui aient résisté à l'épreuve d'une
discussion sérieuse et approfondie? Comme
le dit justement le Moniteur, universeG, tous
ces rapports, tous ces renvois à la commis-
sion ne sont-ils pas la chose la plus inutile
et la plus fastidieuse que l'on puisse imagi-
ner ? Le même journal ajoute qu'étant don-
née la manière actuelle de discuter, il est
impossible d'assigner un terme à la discus-
sion et de prévoir quand la loi des finances,
pour les impôts supplémentaires de l'exer-
cice 1874, sera intégralement votée.
Le Bien public se plaïnt comme les autres
journaux « du préjudice causé au Trésor par
la lenteur des débats parlementaires. » L'As-
semblée a constaté ce 'préjudice en votant
une loi spéciale aux impôts qu'elle a déjà
adoptés. C'était agir sagement, et n'a-t-elle
pas en quelque sorte donné par là un aver-
tissement indirect à ceux de ses honorables
membres qui tiennent en réserve pour les
nouvelles discussions quelques-uns de ces
Interminables discours qui n'ont souvent
d'autres résultats que de provoquer d'autres
discours non moins interminables?
Il est bien sans doute que les questions de
¡budget soient sérieusement .étudiées et dis-
cutées, mais il ne faut pas en faire une occa-
sion de simples tournois oratoires; il ne faut
point porter, dans ces grâfes questions, les
préoccupations électorales, les mesquines sa-
tisfactions d'une popularité éphémère; il ne
faut pas défendre quand-même des élucubra-
tions hâtives pour fournir uniquement au
ministre des finances l'occasion de démon-
trer une fois de plus qu'il a raison, comme
on vient de le voir encore à l'occasion. des
critiques adressées par M. Raudot à la Ban-
que de France, critiques que M. Magne a si
bien mises à néant, qu'une « écrasante majo-
rité » de 300 voix ratifié sa vive et pressante
argumentation; c!est le Journal des Débats
qui le constate, ce qui n'est pas sans impor-
tance, lorsqu'on connaît les efforts qu'il fait
pour rester impartial.
On. a souvent rappelé la devise de l'un des
plus illustressoldats, desplus grands citoyens
qu'ait produits la Révolution française, le
général Hoche re$, non 'verba. Il ne'faut pas
que l'on dise que dans nos discussions bud-
gétaires nous, retournons la formule verba,
non res.
En finances comme en guerre, il faut des
actes et non des mots ;-or, quel acte aujour-
d'hui peut-être plus méritant que d'assurer
au Trésor les ressources qu'il réclame im-
périe,usement? Car chaque jour qui retarde
le voté définitif des nouveaux impôts se solde
pour les caisses de l'Etat, par une perte sèche
de 250,000 francs.
On le voit, c'est faire payer un peu cher
au pays la défaite presque toujours inévita-
'ble des amendements, des contre-projets,'et
les plaidoyers de leurs avocats. Sur ce point,
comme nous l'avons dit plus haut, la presse
est unanime, et elle n'est que l'écho fldèlede
l'opinion publique. On discute pendant de
longues semaines pour arriver en définitive
à voter les propositions déposées par M. Ma-
gne depuis le mois de décembre dernier.
BULLETIN MILITAIRE
Nouvelles de l'armée territoriale:
La commission d'organisation présidée par
le général Berthaut a complètement terminé
ses travaux et a soumis son projet au minis-
tère qui l'a approuvé. Il ne reste donc qu'à
attendre le vote de l'Assemblée, lequel est
prochain.
Voici les bases générales d'organisations
tra dans sa chambre et se laissa tomber à
genoux sur son prie-Dieu.
Mon Dieu! dit-elle les mains jointes et
les yeux levés au ciel, vous qui lisez au fond
des âmes, vous savez quelle œuvre terrible
je prépare Ayez pitié de votre pauvre créa-
ture, et ne laissez pas faiblir son courage, et
donnez-lui la force d'aller jusqu'au, bout.
1\1:on Dieu! éclairez l'esprit de ce miséra-
ble. Faites qu'il parle.qu'il dise ce que
lui seul au moutle connaît. qu'il révèle,
enfin, la vérité épouvantable ou consolante.
Gardener! ô Gardener.
Ta fiancée ira vers toi ce. soir, chaste et
pure., .ou- elle disparaîtra à jamais pour
tous, derrière les sombres murs d'un cloître!
Puis elle se releva.
.On eût dit que cette courte prière avait
retrempé ses iorces, qu'elle venait de lui
rendre son énergie près de l'abandonner.
Elle secoua là tête, par un monvement
résolu et sonna.
La femme de chambre accourut.
-John! jevéuxparler à John dit Clotildé.
Un moment après, le laquais se présentait.
John! dit albrs la jeune femme, vous al-
lez, à l'instant même, vous rendre à la poste
aux chevaux, et vous 'demanderez que l'on
envoie une voiture ici, un peu avant minuit.
Le laquais s'inclina.
Quant à vous, Clémence, continua Clo-
tilde., dès qu'il se fut éloigné, j'ai quelques
L'armée territoriale comprendra:
172 régiments d'infanferie;
18 do de cavalerie;
• -18 do d'artillerie
18 bataillons du génie;
18 do du train des équipages..
Les régiments, lors de la formation, seront
commandés: les numéros impairs par un
colonel, les numéros pairs par un lieuteiïant-
colonel.
Chaque régiment d'infanterie sera composé
de 3 bataillons à 6 compagnies.
Les régiments de cavalerie auront 3 es-
cadrons.
La formation en brigades et en divisions
sera la même que pour l'armée active. Ainsi
la division comprendra quatre régiments
d'infanterie, un de cavalerie, un demi batail-
ltin du génie, le train des équipages, deux
batteries d'artillerie et les services auxiliaires.
La composition des bataillons n'est pas
encore déterminée.
Nous avons déja dit quels seraient les gra-
des payés en temps de paix. En temps de
guerre, la solde sera celle de l'armée active.
Nous le répétons pour la dernière fois à
nos lecteurs, l'organisation est proche; donc
que les postulants aux divers grades se met-
tent en mesure de répondre aux questions
qui leur seront adressées.
Nous avons donné, il y a longtemps, le
programme d'examen.
PETITES NOUVELLES
Ce soir, mardi, réception chez le ministre de
la guerre, à Paris. Chez le ministre des travaux
publics, à Versailles. Chez le préfet de la Seine,
au Luxembourg.
Hier, à midi, ont commencé, par le let arron-
dissement, au palais de l'Industrie, les opérations
du tirage au sort des jeunes gens de la classe de
1874, qui dureront jusqu'au 18 mars.
Le président de' la Société de répression du
braconnage a déjà fait dresser 32 contraventions
pour mises en vente de gibier en temps prohibé.
Au coin des rues de l'Université et de Bour-
gogne, une voûte d'égout s'est écroulée sur une
largeur de 4 mètres. Aucun accident n'est arrivé.
Plusieurs boulangers des 11e et 17" arrondis-
sements ont baissé le prix des deux kilogrammes
de pain à 95 centimes.
Parmi les couronnes déposées sur le monu-
ment de Jeanne Darc, il y en a une en bronze avec
le mot Patrie.
Hier soir, à 8 h., a eu lieu, à Saint-Germain-
J'Auxerrois, une réunion générale de toutes les
conférences de Saint-Vincent-de-Paul de Paris.
Un ancien correcteur d'imprimerie, M. Perret,
passage de la Réunion, 2 (rue Saint-Martin, 176), a
perdu, du Louvre à la rue Servandoni, 3 billets de
20 fr., son unique ressource. Prière de rapporter.
AFFAIRE wjjNCËNZI N
Ise CONSEIL DE GUERRE
Présidence de M. le colonel du Guiny, du 65* de ligne.
Audience tlu février
Jamais il n'y eut de crime plus révoltant.
Le coupable, c'était la foule; la victime, un
homme désarmé.
L'instruction a été longue, laborieuse. De
nombreux inculpés ont tour à tour passé
par les investigations de la justice.
Contre deux d'entre eux seulement les
charges ont été reconnues suffisantes.
L'un s'appelle Bonnard; il est né dans la
Somme, est âgé de quarante ans, et exerce la
profession de plombier.
L'autre se nomme Pélata; il est origi-
naire del'Ariége, à vingt-sept ans et travaille
dans l'ébénisterie.
Tous deux ont le type militaire; ils sont
bruns, de. taille assez élevée, vêtus de noir
redingote et pantalon.
Bonnard porte une physionomie martiale
et franche: visage allongé. longues, moústa-
ches, longue barbiche, œil vü, traits régu-
liers.
Pélata a le teint bilieux. les pommettes
saillantes, le regard dur. Sa moustache se
instructions à vous donner,'qu'il faudra exé-
cuter avec la plus étroite, rigueur.
Je n'y manquerai pas, madame.
Ce soir, à minuit, vous irez trouver, ;fc
concierge de l'hôtel de Lucenay; il aura été
prévenu, et vous remettra la clef de la serre
que vous connaissez.,
Oh oui, madame.-
-Munie de cette clef, vous pénétrerez dans
la serre et vous allumerez une des lampes
qui se trouvent à l'entrée, et que l'on a dü
réparer depuis quelque temps.
Ce sera fait.
Puis, ce soin accompli, vous attendrez.
Quoi, madame'?
Oh ne craignez rien, mon enfant, vous
ne courez aucun danger à minuit et quel-
ques minutes, selon toute vraisemblance;
vous entendrez frapper quelques coups à la
porte.
Faudra-t-il demander qui est là.
Précisément, si on répond Lionel ou
Gardener vous n'oublierez pas ces deux
noms vous ouvrirez.'
Et alors ?
Alors, vous remettrez à la personne qui
se présentera la clef, que voici, et vous vous
retirerez!
Est-ce tout.
C'est tout!
Ce n'est pas bien* difncile.
Non, sans doute, mais une minute de
hérisse sous un nez relevé, en trompette.
Bonnard est défendu par Me Brossard, P&
lata par Ma Constant.
Le siège du ministère public est occupé
par M. le commandant Romain, commis-
saire du gouvernement.
Résumons le rapport dont M. le greffier
Bardet donne lecture -1
Le dimanche 26 février, une foule immense en-
combrait la place de la Ba-stille. Des gardes natio-
naux venaient en rangs épais saluer le drapeau
rouge hissé sur la colonne.
Vers une heure, un officier de garde nationale
monta sur le piédestal de la colonne, d'où il adressa
à la foule un discours que quelques personnes.ap-
plaudirent. La foule cria « Vive la République )j
Vincenzini s'àssocia à ce cri en soulevant son çha-
A ce moment, ,un individu approcha de lui' et lui
dit: « Comment! toi, un Corse' et un ancien agent
du château, tu as l'impudeur de crier « Vive la
République » Tu ne peux pas dire que ce n'est pas
vrai, car je te connais et tu me connais.
Puis il disparut. Presque immédiatement, Vin-
cenzini et un autre agent qui l'accompagnait, lo
sieur CartoUx, furent assaillis par une foule de for-
cenés, qui lea traitèrent de mouchards, de roussins
et les frappèrent brutalement.
Cartoux riposta vigoureusement et parvint à se
faire lâcher. Quant à Vincenzini, il fut poussé du
côté de ia rue des ToUrnelles. En vain il essaya de
fuir. Une véritable, chasse à l'homme commença,
Tout d'abord il se réfugia dans un bureau de tabac
situé au-n" rue Saint: Antoine. Les gredins qui
le poursuivaient l'arrachèrent de son lieu de refuge
et le conduisirent, sous une nuée de coups de poing.
de crachats et d'injures, au poste de la Bastille.
Quelques personnes espéraient qu'on l'enfermerait
là; mais la populace ne se laisse pas arracher faci-
lement les victimes qu'on lui a jetées en pâture. Tout
à coup, un cri, suivi aussitôt de mille cris sembla»^!
bles, se fit entendre
Pendez-le! pendez-le! A mort le roussin!
On choisit le balcon de la maison Ouvrier, située
boulevard Richard-Lenoir mais la dame Ouvrier,
épouvantée, poussa de tels cris qu'dn renonça à cette
idée, et les cris de « A l'eau! à l'eau! » s'étant fait
entendre, on se décida à infliger ce genre de mort
au malheureux agent, et on essaya de le précipiter
par une bouche du-canal, mais le treillage empê-
cha alors on se dirigea vers la Seine.
Il crut un instant être sauvé après avoir pu péné·
trer dans le poste situé sur le canal.
Le chef de poste était M. Couquet, lieutenant'au
94° bataillon de la garde nationale. Cet officier fit
aussitôt fermer la grille, et mit l'agent au violon.
Mais la foule altérée de sang et voulant sa victime à
tout prix, poussa des cris de mort, disant qu'on es-
savait de lui soustraire un mouchard,
Après avoir reconnu qu'il ne pouvait se sauver
par la fenêtre donnant sur l'eau, Vinçenzini sup-
plia lui-même le lieutenant de le remettre entre les
mains de la foule, qui devenait de plus en plus me-<
naçante, surtout depuis qu'une carte d'inspecteur
de police, trouvée sur Vincenzini, lui prouvait qu'il
était bien ce qu'on avait dit.
On s'empara donc de nouveau de lui, et on le
traîna vers le parapet.
Là, affolé par la peur, abreuvé d'outragée, accablé
de coups, ne pouvant supporter plus longtemps ce
long martyre, il se jeta à genoux, il supplia la foule
a Qu'on me donne un pistolet, s'écria-t-ü; et me
tuerai, puisque vous voulez que je meure! » On ré-
pondit à cette prière désespérée par de nouvelles
clameurs, et c'est à ce moment qu une fille soumis
monta sur un banc, souffleta Vincenzini et lui dit:
« Je te condamne à être noyé. » Ce jugement Bom«
maire, ainsi formulé et par un tel juge, fut sans appel.
On se rua sur la victime en poussant dea cris sau-
vages « A l'eau l'eau! à la Seine! » Et la bande
des forcenés se dirigea vers le quai Henri IV. Il y
avait sur le bord de l'eau trois bateaux péniches liés
l'un à l'autre et formant une sorte de pont. C'est là
qu'on amena Vincenzini, et qu'on le jeta à l'eau
mais quelqu'un ayant fait remarquer qu'il savait na-
ger, on le retira par une corde qu'on lui avait atta-
chée au cou, et on lui lia les pieds et les mains sur
une planche arrachée à un bateau. v.
On était.monté en sigrand nombre sur les bateaux
pour voir la victime se débattre, que deux bateaux
se brisèrent. Plusieurs personnes tombèrent à l'eau.
Vincenzini était doué d'une force et d'une énergie,
peu ordinaires. Il savait admirablement nager. Bien
qu'il eût les pieds et les bras liés, il se maintint en
faisant la planche et se laissa entrainer par le cou-
rant.
Cependant ses convulsions le débarrassèrent de.
l'appareil, et il commença aussitôt à nager.
11 fallait que Vincenzini eût la force et le courage
d'un lion, pour être capable d'un effort, après tout
ce qu'on lui avait fait souffrir.
En le voyant débarrassé do ses liens, la populace
poussa un cri de fureur, et ramassant des pierres
provenant de constructions et de débris, elle les
lança à tour de bras dans sa direction. Il fut plu-
sieurs atteint fois a la tète et au visage. Au fur et a
mesure queVincenzini descendait le fleuve, les assas-
retard, une indication mal interprétée pour-
rait coûter la vie à quelqu'un.
Soyez tranquille, madame, et vous pou-
vez vous reposer sur moi. à minuit, j'allu.
merai la lampe d'entrée; puis j'attendrai
M. Lionel ou Gardener. et une fois la se-
conde clef remise, je me retirerai, n'est-ce
pas cela?
Si, mon enfant.
Madame n'a aucune crainte à concevoir,
-.Allez donc! et surtout ne parlez à
personne. à personne, entendez-vous bien,
de ce que je viens dé vous confier!
Clémence fit un serment solennel et se re-,
tira presque heureuse d'être mêlée à un
mystère que sa maîtresse avait bien voulu
lui confier.
Or, pendant que Clotilde se- livrait à ces
préparatifs mystérieux, l'heure s'écoulait, et
le moment du départ pour la Belgique ap*
prêchait à grands pas.
C'est à neuf heures cinquante-cinq miîiu»'
tes qne le train quitte la gare. et il était
près de neuf heures.
Gar dener avait dîné avec Lucien de Senne-
terres, et ils ne devaient se rendre à la gare
que peu avant l'heure du départ.
Quand ils y arrivèrent, ils trouvèrent Geor-
ges de Porblanc qui les y attendait.
PIERRE ZACCONE.
(La suite à dem&iû
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