Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1873-12-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 10 décembre 1873 10 décembre 1873
Description : 1873/12/10 (Numéro 4002). 1873/12/10 (Numéro 4002).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592037d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
ABMÉ^TMTÏOI et BÉDACTO'
ÂlParisyruedelafayette, 6*K <:
Paris
^ouoTipiEN;
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Mercredi -M" BéGenake IJB73
Pour le
Sont reçues directement V Administration*
s'adresser
à M. CÀSSIGNEUL Editeur-Gérant,
rue Lafayette, hôtel du Journal,
<;̃̃?. MAKDI 0 DECEMBRE 1873
lE PARTS
Il n'estpas d'appallation qui ait étéplus
employée que celle-là depuis trois ans.
Elle.S'est appliquée à tant d'opinions- so-
ciales et politiques qu'il me paraît oppor-
tun de retracer cet historique, afin depou-
voir préciser quel est actuellement et çe
-que veut le parti conservateu-r.
En thèse générale, conserver, c'est gar-
der ce que l'on a, en l'améliorant, en le dé-
veloppant, en le mettant en harmonie
avec les besoins ̃nouveaux de la civilisa-
Les révolutions amènent îatalement dès
secousses terribles; eUes sont des boule-
versements suivis de reconstitutions la-
borieuses, lesquelles n'aboutissent, pas
En France plus que dans n'importe quel
pays, les révolutions violentes sont désas-
trouses. :Aussi les, hommes pratiques s'ef-
forcent-ils d'améliorer le gouvernement
quelle que soit sa. l'orme, quelle que soit
son étiquette et s'attachent beaucoup plus
la surface.
Le malheur est que les gouvernements
s'endorment volontiers dans l'immobilité.
Us" n'écoutent pas la voix toute-puis-
sante de l'opinion publique et se laissant
bercer par les .flatteries et les flatteurs.
Le peuple français est très patient, mails
il a ses heures d'exaspération; le secret
de la politique c'est de savoir les prévenir
bien plus par un dongracieax que par une
concession imposée.
Charles X ne serait pas tombé du trône
sans les fatales ordonnances on deman-
dait au roi une extension libérale de la
Charte, il lit, un acte d'autorité qui révolta
la nation.
Louis-Philippe aurait gardé la couronne
s'il eût compris la nécessité d'admettre
ies «capacités » à l'éligibilité parlemen-
taire. Toute la campagne des banquetsen
avait pour but d'élargir la loi électo-
rale et de permettre aux classes instruites
et aux hommes de ces classes qui ne
payaient pas assez d'impôts pour être éli-
giblés, de le devenir.. i v
La République de 1848 a sombré pour
avoir restreinte par la loi du 31 mai, le
sulirage universel.
Feuilleton da 10 Décembre
•^4]., '̃̃ PROLOGUE
27 septembre.
Je fis un eSôirt sur moi-même; Jépàssaï.'la"
nain sur mon front, et prenant enfin réso-
mon parti:
-Soit! reponelis-je,. soit, j'aurai le courage
Lde tout dire. sur ma vie ét sur mon* hon-
neur, sur la vie et sur-.riiouneur de made
moiselle de Lucenay, je jure que je ne ca-
cherai riende ce qui s'est passé, et vous jti-
s'il est possible d'imaginer
.une situation plus épouvantable que celle
-qui m'est faite.
Le jugeât un geste qui voulait dire qu'il
m'écoutait et je commençai.
• Si, 'je crois devoir, tout d'abord, récla-
,mer votre indulgence, dis-je d'uucyoix émue,
c'est moins pour moi que pour la personne
dont j'ai à vous parler..
Il faut oue je dise tout, pour bien faire
L'empire libéral était en bonne voie
quand fut déclarée la guerre insensée de
Il ne serait pas difficile de démontrer
que, dans ces diverses périodes de trans-
formations politiques, les conservateurs
étaient, en 1830, ceux qui conseillaient à
Charles X de ne pas signer les ordonnan-
ces en 1848, ceux qui souhaitaient l'ad-
jonction des capacités en les adver-
saires de la loi du mai; en ii>70j les
partisans de l'empire libéral.
Si on les avait écoutés, -la France aurait
fait l'économie, de quatre révolutions.
Mais j'arrive au temps présent.
Ici la classification est plus délicate
dans le désarroi des opinions il n'est pas
de parti qui ne se soit appelé conserva-
teur.
En octobre 1870, conservateurs, ceux
qui voulaient la guerre à 'outrance, espé-
rant que l'armée de Metz viendrait lever
le siège de Paris.
En décembre 1870, conservateurs, ceux
qui, ayant perdu espoir, souhaitaient l'ar-
En février 1871, conservateurs, ceux
qui, l'armistice signé, se résignaient à la
paix désastreuse des cinq milliards et à la
perte, de l'Alsace-Lorraine.
Pendant l'année. 1871, les monarchistes
ne parlaient pas; ils rése-rvaient leurs'es-
pérances et agissaient, dans l'ombre. Les-
conservateurs étaient donc incontestable-
ment les républicains de principe ou de
raison qui n'avaient en vus que le paye-
ment de l'indemnité de guerre et la libé-
ration du territoire.
Bientôt les conflits politiques sjaccen-
tuèrent 1li. Thiers ayant affirmé sa foi
républicaine une coalition se forma con-
Légitimistes, orléanistes et bonapartis-
tes se liguèrent et prirent d'un commun
accord le titre générai de conservateurs.
Étrange dénomination pour des partis
monarchistes coalisés qui ne tendaient à
ri en moins qu'à renverser
C'était le gâchis descendant de la poli-
tique dans la grammaire.'
La coalition monarchique n'ayant pas
réussi, les légitimistes, les orléanistes et
les bonapartistes continuent à s'intituler
conservateurs par opposition' aux Répu-
blicains.
Que ce procédé de combat ait pu vfaire
illusion pendant la lutte, avant le et
pendant la guerre de la fusion, -je le com-
prends. ̃
Mais aujourcl'hui il est temps de mettre
un peu d'ordre dans la nomenclature des
partis et dans leur-langage.
Sont-ils conservateurs les légitimistes
persévérants qui espèrent encore la res-
tauration de Henri V?
comprendre les faits accomplis; et peut- être,
dans mon récit, serai-je forcement amené à
certains aveux qui ne seraient jamais sortis
de mes lèvres sans ces fatales circonstances.
Apres ce préambule, je me senties plus as-
suré, et je poursuivis d'un ton plus terme et
avec plus de sang-froid.
Ce que vous avez dit de mes premières
relations avec mademoiselle de Lucenay est
l'exacte vérité. C'est à un bal'de la préfec-
ture, Mâcon, que je la vis pour la première
fois. Elle entrait dans sa seizième année;'
et elle était belle comme le sont rarement, à
cet âge, les jeunes filles de notre pays. Sa
'beauté étrange qui empruntait un charme
particulier à son indolence native fit sur moi,
,dès le premier jour, une profonde impres-
sion, et je compris que j'allais aimer avec
tout,oubli., toutrénivrement d'unepremiôre
Toutefois, je ne metrompai pas longtemps'
sur les-difiic'ullos que je devais rencontrer-
je savais le baron de Lucenay très orgueil-
leux de sa noblesse, et je compris tout de
suite qu'il û'e consentirait jamais à donner sa
fille unique à un jeune homme dont le .père
était mort commerçant, dont la mère appar-
tentait à une famille de la plus modeste bour-
Que faire? ''̃̃.
Je voulus quitter le pays,'voyager.
Mais j'étais sur une pente terrible. mon
âme tout entière appartenait à cet amour in-
sensé, et je n'eus ni la force, ni l'énergie ta.
Non. Qu'on les appelle légitimistes.
Sont-ils conservateurs les orléanistes,
que la soumission des princes n'a pas con-
vaincus, et qui croient toujours possible
une lieutenance générale?
Non. Qu'on les appelle orléanistes,
Sont-ils conservateurs, les bonapartistes
qui se soumettent à tout pour arriver à la
majorité du prince impérial, comptant
sur une surprise pour rétablir l'Empire?
Non. Qu'on-les appelle bonapartistes.
Sont-ils conservateurs les républicains
qui ne veulent pas tenir compte' des cir-
constances, que la.prudence ne touche pas
.et qui sont absolus dans leur revendica-
tions ?
Non. Qu'on les appelle radicaux.
Grâce à ce travail d'élimination, nous
arrivons à trouver le parti conservateur.
qui se rallie à la prorogation septennale
du maréchal de Mae-Mahon., qui là consi-
dère comme une « réalité vivante, et qui
aspire à en faire une réalité gouvernemen-
tale' en l'étayant d'institutions .sérieuse-
ment et sincèrement libérales.
La prorogation septennale, c'est la Ré-
publique, qu'on ne s'y trompe pas..
La République est de toutes les formes
de. gouvernement la plus large, la plus
susceptible d'évolutions progressives. ̃
Le jeu de ses institutions est -éminem-
ment favorable, je ne dis pas à l'éclosion,
mais au placement des talents.
La Providence est a.Vara; elle crée rare-
ment des génies; ce n'est. pas d'eux que
je m'inquiète ils percent partout et tou-
jours c'est' des1 talents que je me préoc-
cupe; il leur faut la liberté des concoure
pour se produire d'ime manière régulière.
Le concours est essentiellement-un mode
Que l'on* essaie; que le parti conserva-
teur formé autour de la; prorogation sep-
tennale marche droit devant lui dans le
pros;rès; et nous aurons enfin conauis la
des révolutions violentes. la
Contrairement à ce que l'on croyait, le's'ou-
vernement n'a pas' dépose hier le projet de
loi sur la paressa, projet qui, avec la loi mu-
nicipale, forme le minimum des garanties
demandées par le maréchal de Mac-Manon.
Il est toujours convenu .que la loi sur la
presse ne changera rien, à 'la situation des
journaux vis-a-vis du fisc. Ûe sera une loi
de précaution contre les excès de la presse.
La commission des maires a tenu hier une
longue séance. M. de Broglie a été-entendu;
il a soutenu le projet du gouvernement, se
fondant sur ceque les administrations, muni-
calités, trop-indépendantes de la loi ou du
pourvoir central.
La discussion qui s'est engagée, et à la-
même le temps de prendre cette résolution
extrême.
Clotilde m'aimait.
Le selitlment que j'éprouvais n'était en
rien comparable à l'amour- qu'elle ressentait
elle-même. et lorsque; dans la prévision
des obstacles à redouter, je songeais à fuir
devant le danger, elle n'avait plus déjà que
la pensée de l'ailronter.'
C'est ici surtout, monsieur, que j'ai besoin
"d'être bien compris.
11 est vrai que nous éprouvions à un égal
degré le même amour profond, impérieux,
irrésistible.
Mais chez mademoiselle de Lucenay les
manifestations de cet amour affectaient des
désordres qui, plus d'une fois, m'ont inspiré
une réelle épouvante..
A partir de l'heure où je l'avais rencontrée,
la pensée qu'elle pourrait être un jour ma
femme avait suffi à -mon. bonheur Elle, au
contraire, ne, cessait de se montrer sombre,
inquiète, sourdement agitée; son âme ardente
se débattait avec violence, entre sa volonté
d'unir sa vie à la mienne, et la crainte de se
voir à jamais' séparée de moi. Alors, elle écla-
tait en, paroles indignées; elle nio, reprochait
ma faiblesse, ma froideur, ma lâcheté! Et ma
demandait ce gug'j'attendais. après les a.veux-
de soumission aveugle qu'elle m'avait faits.
Une nuit., .c'était quelque temps avant
l'événement, vers onze heures, nous nous
rencontrâmes au lieu ordinaire, de nos ren-
dez-vous, c'est-à-dire, ax{ carrefour de l&ÇxçixrJ
quelle ont pris part MM.
prat, Christophle, Clapier çtDelsol, a êtéiorl
vive sur tous les articles.
La commission s'est ajournée à demain'
mercredi pour prendre une résolution. 'j
Il est question, dit le Constitutionnel, d'ilï
naugurer la prorogation septennale par un'
décret d'amnistie qui n'excepterait que ceux'
qui ont joué un rôle important sous-la Gony;
mune. •
Le maréchal de Mac-Mahon ne prendrait^1
dans cette détermination, conseil que de lui-
même, mais \l soumettrait ce projet à l'Asg.
semblée nationale avant de l'exécuter. r-^
Un crédit nécessaire pour retirer du MpnQ
de Piété tous les objets de literie qui'ont été*
engagés depuis deux ans et qui n'ontpu être,
retirés va être; dit-on,' présenté à l'Âssern*
blée nationale.
Notre correspondant de Lyon nous télé-
graphie, à la date d'hier lundi huit heures du
soir, .que les illuminations ont été fort belles!
à l'occasion de l'anniversaire du dogme da
l'Immaculée Conception.
Pour la première fois depuis la guerre,,
les monuments publics ont été illuminés.
Lyon est la ville de France où la féte dô
l'Immaculée Conception est célébrée avec
plus de pompe.
PREMIER CONSEIL de GUERIT.
SÉANT AD PALAIS 'UB TRUNON '̃
Présidence de M. le général duc à%vaxuf
Audience du 8 décerfibre 1873
La défense, abordant la période des coin!«
bats, passa en revue les circonstances qui
précédaient Borny. ̃
Le 13 août on se prépare au passage, sur la rivé
gauche: des ponts ont été jetés, ils ont été empor-
tés dans la nnit, et quoique l'on ait fait, ils ne soit
praticables pour l'armée le, 1 à,njicU. il faut
ici que le ministère public reconnaisse unô ineouï
tesfable vérité. Parmi les nombreux têmoifiis qüi
arrivent clzacun avec uns idée et une opinïuu, il v
ques-ulls peut-être aussi de mauvaise foi. Mais il y
a un colonel, le colonel des pontonniers, Maiïoa,
qui vous a dit,,lui qui faisait lus ponts, qui lois sur-
veillait, que c'était le Il, à midi qu'on
avait pu s'en servir.
Quant aux autivs ponts. il y avait déjà quelques
jours que le projets du passage sur lit. rive gauche
était arrêté des études avaient été .faites, des ord'es
avaient été donnés, par qui Par- le commande-
ment qui a précédé celui du maréchal Biizuine, Il
ne peut en être responsable. IL y a- des pouts oui
ont été coupés, d'autres qui ne, 1'.ont pas été, mais
tout ce qui est antérieur la prise de 'command'
ment par le maréchal Bazaine, vous ne pouvez îuji
en demander compte. Est-il mème juste de lui en
demander compte à partir du 13?
Le 12, sa nomination, le 13y sa prise de possession;
il est alors à Borny, et général est
îl&tz, ii voitla disposition de l'armée, et vous vint*
lez que ces détails innombrables il puisse les coiw
naître ? A quoi servent donc les états-màjors généi
l'aux '1 Un pidre d'ensemble, il le' donnera, mai^1
cette multitude do détails qm 's'ajoutent les uns aux
autres, il est bien évident que vous népoùveiî paq,
lui demander do s'en occouper; cependant, telle csf
la tendance du ministère public la plus petite in«
fraction, le maréchal en répond; si un chemin 'n'c3J;
pas bien suivi, c'est sa faute, si un pont n'est 'paà
Rouge. Je ne sais quçl empêchement me
retarda ce jour-là, mais quand, j'arrivai au.
rendez-vous. iè. trouvai Clptiidè qui' m'y at<-
tendait depuis-quelques minutes. -♦
Enfin prononça-t-elle, en m'aperce*
vant; j'ai cru que-vous aviez rëfléclii.'i1» ef
que vous ne viendriez pas. ''̃
Je voulus m'excuser.
Non ne parlez pas, reprit-elle avec dé'
pit. nous avons autre chose à nous dire,
est l'heure est trop précieuse pour la perdre
en reproches. Je viens du château. M.
de Lucenay m'a déclaré que mon sort est fixé
depuis ce matin; ïnonsieur le comte de Mon-
roy est agréé j'aurai un million de dot.
de son'côté, le comte a deux millions, sans
compter les espérances. il s'occupe delà
corbeille. dans trois jours, nous parions
pour Paris et dans un mois, je serai. sa
femme, voilà ce que j'avais à vous appren-
dre, monsieur Gardener, ei je serai bien aiso
de savoir ce due vous comptez faire.
Tout cela était dit d'un ton sec,- mordant,1
plein de fièvre qui me glaça.
Je restai quelques secondes in termt. pen.
dant que Clotilde fouettait l'air de sa crava-
che impatiente.
mentôt avec
impétuosité. que dites-vous^ de- cela.
vopons, répondez, au moios, et dites à quoi
vous pouvez rêver, quand un pareil danger
nous menace-1..
Je remuai tristement et;iaem*.
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<;̃̃?. MAKDI 0 DECEMBRE 1873
lE PARTS
Il n'estpas d'appallation qui ait étéplus
employée que celle-là depuis trois ans.
Elle.S'est appliquée à tant d'opinions- so-
ciales et politiques qu'il me paraît oppor-
tun de retracer cet historique, afin depou-
voir préciser quel est actuellement et çe
-que veut le parti conservateu-r.
En thèse générale, conserver, c'est gar-
der ce que l'on a, en l'améliorant, en le dé-
veloppant, en le mettant en harmonie
avec les besoins ̃nouveaux de la civilisa-
Les révolutions amènent îatalement dès
secousses terribles; eUes sont des boule-
versements suivis de reconstitutions la-
borieuses, lesquelles n'aboutissent, pas
En France plus que dans n'importe quel
pays, les révolutions violentes sont désas-
trouses. :Aussi les, hommes pratiques s'ef-
forcent-ils d'améliorer le gouvernement
quelle que soit sa. l'orme, quelle que soit
son étiquette et s'attachent beaucoup plus
la surface.
Le malheur est que les gouvernements
s'endorment volontiers dans l'immobilité.
Us" n'écoutent pas la voix toute-puis-
sante de l'opinion publique et se laissant
bercer par les .flatteries et les flatteurs.
Le peuple français est très patient, mails
il a ses heures d'exaspération; le secret
de la politique c'est de savoir les prévenir
bien plus par un dongracieax que par une
concession imposée.
Charles X ne serait pas tombé du trône
sans les fatales ordonnances on deman-
dait au roi une extension libérale de la
Charte, il lit, un acte d'autorité qui révolta
la nation.
Louis-Philippe aurait gardé la couronne
s'il eût compris la nécessité d'admettre
ies «capacités » à l'éligibilité parlemen-
taire. Toute la campagne des banquetsen
avait pour but d'élargir la loi électo-
rale et de permettre aux classes instruites
et aux hommes de ces classes qui ne
payaient pas assez d'impôts pour être éli-
giblés, de le devenir.. i v
La République de 1848 a sombré pour
avoir restreinte par la loi du 31 mai, le
sulirage universel.
Feuilleton da 10 Décembre
•^4]., '̃̃ PROLOGUE
27 septembre.
Je fis un eSôirt sur moi-même; Jépàssaï.'la"
nain sur mon front, et prenant enfin réso-
mon parti:
-Soit! reponelis-je,. soit, j'aurai le courage
Lde tout dire. sur ma vie ét sur mon* hon-
neur, sur la vie et sur-.riiouneur de made
moiselle de Lucenay, je jure que je ne ca-
cherai riende ce qui s'est passé, et vous jti-
s'il est possible d'imaginer
.une situation plus épouvantable que celle
-qui m'est faite.
Le jugeât un geste qui voulait dire qu'il
m'écoutait et je commençai.
• Si, 'je crois devoir, tout d'abord, récla-
,mer votre indulgence, dis-je d'uucyoix émue,
c'est moins pour moi que pour la personne
dont j'ai à vous parler..
Il faut oue je dise tout, pour bien faire
L'empire libéral était en bonne voie
quand fut déclarée la guerre insensée de
Il ne serait pas difficile de démontrer
que, dans ces diverses périodes de trans-
formations politiques, les conservateurs
étaient, en 1830, ceux qui conseillaient à
Charles X de ne pas signer les ordonnan-
ces en 1848, ceux qui souhaitaient l'ad-
jonction des capacités en les adver-
saires de la loi du mai; en ii>70j les
partisans de l'empire libéral.
Si on les avait écoutés, -la France aurait
fait l'économie, de quatre révolutions.
Mais j'arrive au temps présent.
Ici la classification est plus délicate
dans le désarroi des opinions il n'est pas
de parti qui ne se soit appelé conserva-
teur.
En octobre 1870, conservateurs, ceux
qui voulaient la guerre à 'outrance, espé-
rant que l'armée de Metz viendrait lever
le siège de Paris.
En décembre 1870, conservateurs, ceux
qui, ayant perdu espoir, souhaitaient l'ar-
En février 1871, conservateurs, ceux
qui, l'armistice signé, se résignaient à la
paix désastreuse des cinq milliards et à la
perte, de l'Alsace-Lorraine.
Pendant l'année. 1871, les monarchistes
ne parlaient pas; ils rése-rvaient leurs'es-
pérances et agissaient, dans l'ombre. Les-
conservateurs étaient donc incontestable-
ment les républicains de principe ou de
raison qui n'avaient en vus que le paye-
ment de l'indemnité de guerre et la libé-
ration du territoire.
Bientôt les conflits politiques sjaccen-
tuèrent 1li. Thiers ayant affirmé sa foi
républicaine une coalition se forma con-
Légitimistes, orléanistes et bonapartis-
tes se liguèrent et prirent d'un commun
accord le titre générai de conservateurs.
Étrange dénomination pour des partis
monarchistes coalisés qui ne tendaient à
ri en moins qu'à renverser
C'était le gâchis descendant de la poli-
tique dans la grammaire.'
La coalition monarchique n'ayant pas
réussi, les légitimistes, les orléanistes et
les bonapartistes continuent à s'intituler
conservateurs par opposition' aux Répu-
blicains.
Que ce procédé de combat ait pu vfaire
illusion pendant la lutte, avant le et
pendant la guerre de la fusion, -je le com-
prends. ̃
Mais aujourcl'hui il est temps de mettre
un peu d'ordre dans la nomenclature des
partis et dans leur-langage.
Sont-ils conservateurs les légitimistes
persévérants qui espèrent encore la res-
tauration de Henri V?
comprendre les faits accomplis; et peut- être,
dans mon récit, serai-je forcement amené à
certains aveux qui ne seraient jamais sortis
de mes lèvres sans ces fatales circonstances.
Apres ce préambule, je me senties plus as-
suré, et je poursuivis d'un ton plus terme et
avec plus de sang-froid.
Ce que vous avez dit de mes premières
relations avec mademoiselle de Lucenay est
l'exacte vérité. C'est à un bal'de la préfec-
ture, Mâcon, que je la vis pour la première
fois. Elle entrait dans sa seizième année;'
et elle était belle comme le sont rarement, à
cet âge, les jeunes filles de notre pays. Sa
'beauté étrange qui empruntait un charme
particulier à son indolence native fit sur moi,
,dès le premier jour, une profonde impres-
sion, et je compris que j'allais aimer avec
tout,oubli., toutrénivrement d'unepremiôre
Toutefois, je ne metrompai pas longtemps'
sur les-difiic'ullos que je devais rencontrer-
je savais le baron de Lucenay très orgueil-
leux de sa noblesse, et je compris tout de
suite qu'il û'e consentirait jamais à donner sa
fille unique à un jeune homme dont le .père
était mort commerçant, dont la mère appar-
tentait à une famille de la plus modeste bour-
Que faire? ''̃̃.
Je voulus quitter le pays,'voyager.
Mais j'étais sur une pente terrible. mon
âme tout entière appartenait à cet amour in-
sensé, et je n'eus ni la force, ni l'énergie ta.
Non. Qu'on les appelle légitimistes.
Sont-ils conservateurs les orléanistes,
que la soumission des princes n'a pas con-
vaincus, et qui croient toujours possible
une lieutenance générale?
Non. Qu'on les appelle orléanistes,
Sont-ils conservateurs, les bonapartistes
qui se soumettent à tout pour arriver à la
majorité du prince impérial, comptant
sur une surprise pour rétablir l'Empire?
Non. Qu'on-les appelle bonapartistes.
Sont-ils conservateurs les républicains
qui ne veulent pas tenir compte' des cir-
constances, que la.prudence ne touche pas
.et qui sont absolus dans leur revendica-
tions ?
Non. Qu'on les appelle radicaux.
Grâce à ce travail d'élimination, nous
arrivons à trouver le parti conservateur.
qui se rallie à la prorogation septennale
du maréchal de Mae-Mahon., qui là consi-
dère comme une « réalité vivante, et qui
aspire à en faire une réalité gouvernemen-
tale' en l'étayant d'institutions .sérieuse-
ment et sincèrement libérales.
La prorogation septennale, c'est la Ré-
publique, qu'on ne s'y trompe pas..
La République est de toutes les formes
de. gouvernement la plus large, la plus
susceptible d'évolutions progressives. ̃
Le jeu de ses institutions est -éminem-
ment favorable, je ne dis pas à l'éclosion,
mais au placement des talents.
La Providence est a.Vara; elle crée rare-
ment des génies; ce n'est. pas d'eux que
je m'inquiète ils percent partout et tou-
jours c'est' des1 talents que je me préoc-
cupe; il leur faut la liberté des concoure
pour se produire d'ime manière régulière.
Le concours est essentiellement-un mode
Que l'on* essaie; que le parti conserva-
teur formé autour de la; prorogation sep-
tennale marche droit devant lui dans le
pros;rès; et nous aurons enfin conauis la
des révolutions violentes. la
Contrairement à ce que l'on croyait, le's'ou-
vernement n'a pas' dépose hier le projet de
loi sur la paressa, projet qui, avec la loi mu-
nicipale, forme le minimum des garanties
demandées par le maréchal de Mac-Manon.
Il est toujours convenu .que la loi sur la
presse ne changera rien, à 'la situation des
journaux vis-a-vis du fisc. Ûe sera une loi
de précaution contre les excès de la presse.
La commission des maires a tenu hier une
longue séance. M. de Broglie a été-entendu;
il a soutenu le projet du gouvernement, se
fondant sur ceque les administrations, muni-
calités, trop-indépendantes de la loi ou du
pourvoir central.
La discussion qui s'est engagée, et à la-
même le temps de prendre cette résolution
extrême.
Clotilde m'aimait.
Le selitlment que j'éprouvais n'était en
rien comparable à l'amour- qu'elle ressentait
elle-même. et lorsque; dans la prévision
des obstacles à redouter, je songeais à fuir
devant le danger, elle n'avait plus déjà que
la pensée de l'ailronter.'
C'est ici surtout, monsieur, que j'ai besoin
"d'être bien compris.
11 est vrai que nous éprouvions à un égal
degré le même amour profond, impérieux,
irrésistible.
Mais chez mademoiselle de Lucenay les
manifestations de cet amour affectaient des
désordres qui, plus d'une fois, m'ont inspiré
une réelle épouvante..
A partir de l'heure où je l'avais rencontrée,
la pensée qu'elle pourrait être un jour ma
femme avait suffi à -mon. bonheur Elle, au
contraire, ne, cessait de se montrer sombre,
inquiète, sourdement agitée; son âme ardente
se débattait avec violence, entre sa volonté
d'unir sa vie à la mienne, et la crainte de se
voir à jamais' séparée de moi. Alors, elle écla-
tait en, paroles indignées; elle nio, reprochait
ma faiblesse, ma froideur, ma lâcheté! Et ma
demandait ce gug'j'attendais. après les a.veux-
de soumission aveugle qu'elle m'avait faits.
Une nuit., .c'était quelque temps avant
l'événement, vers onze heures, nous nous
rencontrâmes au lieu ordinaire, de nos ren-
dez-vous, c'est-à-dire, ax{ carrefour de l&ÇxçixrJ
quelle ont pris part MM.
prat, Christophle, Clapier çtDelsol, a êtéiorl
vive sur tous les articles.
La commission s'est ajournée à demain'
mercredi pour prendre une résolution. 'j
Il est question, dit le Constitutionnel, d'ilï
naugurer la prorogation septennale par un'
décret d'amnistie qui n'excepterait que ceux'
qui ont joué un rôle important sous-la Gony;
mune. •
Le maréchal de Mac-Mahon ne prendrait^1
dans cette détermination, conseil que de lui-
même, mais \l soumettrait ce projet à l'Asg.
semblée nationale avant de l'exécuter. r-^
Un crédit nécessaire pour retirer du MpnQ
de Piété tous les objets de literie qui'ont été*
engagés depuis deux ans et qui n'ontpu être,
retirés va être; dit-on,' présenté à l'Âssern*
blée nationale.
Notre correspondant de Lyon nous télé-
graphie, à la date d'hier lundi huit heures du
soir, .que les illuminations ont été fort belles!
à l'occasion de l'anniversaire du dogme da
l'Immaculée Conception.
Pour la première fois depuis la guerre,,
les monuments publics ont été illuminés.
Lyon est la ville de France où la féte dô
l'Immaculée Conception est célébrée avec
plus de pompe.
PREMIER CONSEIL de GUERIT.
SÉANT AD PALAIS 'UB TRUNON '̃
Présidence de M. le général duc à%vaxuf
Audience du 8 décerfibre 1873
La défense, abordant la période des coin!«
bats, passa en revue les circonstances qui
précédaient Borny. ̃
Le 13 août on se prépare au passage, sur la rivé
gauche: des ponts ont été jetés, ils ont été empor-
tés dans la nnit, et quoique l'on ait fait, ils ne soit
praticables pour l'armée le, 1 à,njicU. il faut
ici que le ministère public reconnaisse unô ineouï
tesfable vérité. Parmi les nombreux têmoifiis qüi
arrivent clzacun avec uns idée et une opinïuu, il v
ques-ulls peut-être aussi de mauvaise foi. Mais il y
a un colonel, le colonel des pontonniers, Maiïoa,
qui vous a dit,,lui qui faisait lus ponts, qui lois sur-
veillait, que c'était le Il, à midi qu'on
avait pu s'en servir.
Quant aux autivs ponts. il y avait déjà quelques
jours que le projets du passage sur lit. rive gauche
était arrêté des études avaient été .faites, des ord'es
avaient été donnés, par qui Par- le commande-
ment qui a précédé celui du maréchal Biizuine, Il
ne peut en être responsable. IL y a- des pouts oui
ont été coupés, d'autres qui ne, 1'.ont pas été, mais
tout ce qui est antérieur la prise de 'command'
ment par le maréchal Bazaine, vous ne pouvez îuji
en demander compte. Est-il mème juste de lui en
demander compte à partir du 13?
Le 12, sa nomination, le 13y sa prise de possession;
il est alors à Borny, et général est
îl&tz, ii voitla disposition de l'armée, et vous vint*
lez que ces détails innombrables il puisse les coiw
naître ? A quoi servent donc les états-màjors généi
l'aux '1 Un pidre d'ensemble, il le' donnera, mai^1
cette multitude do détails qm 's'ajoutent les uns aux
autres, il est bien évident que vous népoùveiî paq,
lui demander do s'en occouper; cependant, telle csf
la tendance du ministère public la plus petite in«
fraction, le maréchal en répond; si un chemin 'n'c3J;
pas bien suivi, c'est sa faute, si un pont n'est 'paà
Rouge. Je ne sais quçl empêchement me
retarda ce jour-là, mais quand, j'arrivai au.
rendez-vous. iè. trouvai Clptiidè qui' m'y at<-
tendait depuis-quelques minutes. -♦
Enfin prononça-t-elle, en m'aperce*
vant; j'ai cru que-vous aviez rëfléclii.'i1» ef
que vous ne viendriez pas. ''̃
Je voulus m'excuser.
Non ne parlez pas, reprit-elle avec dé'
pit. nous avons autre chose à nous dire,
est l'heure est trop précieuse pour la perdre
en reproches. Je viens du château. M.
de Lucenay m'a déclaré que mon sort est fixé
depuis ce matin; ïnonsieur le comte de Mon-
roy est agréé j'aurai un million de dot.
de son'côté, le comte a deux millions, sans
compter les espérances. il s'occupe delà
corbeille. dans trois jours, nous parions
pour Paris et dans un mois, je serai. sa
femme, voilà ce que j'avais à vous appren-
dre, monsieur Gardener, ei je serai bien aiso
de savoir ce due vous comptez faire.
Tout cela était dit d'un ton sec,- mordant,1
plein de fièvre qui me glaça.
Je restai quelques secondes in termt. pen.
dant que Clotilde fouettait l'air de sa crava-
che impatiente.
mentôt avec
impétuosité. que dites-vous^ de- cela.
vopons, répondez, au moios, et dites à quoi
vous pouvez rêver, quand un pareil danger
nous menace-1..
Je remuai tristement et;iaem*.
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