Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1873-12-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 07 décembre 1873 07 décembre 1873
Description : 1873/12/07 (Numéro 3999). 1873/12/07 (Numéro 3999).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5920348
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Paris
gratis mois 5ra..
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QUOTIDIEN
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TROIS MOIS 6 FR. I
SECMOIS. 12 FR.
IfflAH 24m. J
N° 399D
'Dimanche 7 Décembre
Pouf le 'Petit •ffattratat
Sont reçues directement à l'Administration,
S'ADRESSER
Yi. CASSIGNEUL, Editeur-Gérant,
SI, rue Lafâyette, hôtel du Petit Journal.
SAMEDI 6 DÉCEMBRE 1873
LE« TERRAIN' DÉBLAYE
Le ministère du 26 novembre n'avait
t'tas encore fait connaître son programme
politique, et des doutes subsistaient en-
core dans les esprits.
On se demandait si le 26 novembre
n'était que le 24 mai continué l'acte par-
lementaire de la prorogation pour sept
ans des pouvoirs du maréchal de Mac-
'Mahon, avait été précédé de déclarations
telles qu'on le considérait comme une
simples prolongation du provisoire.
Bien que l'on oublie très vite en France,
pn se rappelait que les intriguasse la Fu-
sion s'étaient abritées sous l'aile du minis-
tère du 25 mai et l'on craignait qu'une
nouvelle campagne monarchique ne fût
Lesacrutins multipliés qui ont précédé
;la formation de la commission constitu-
tionnelle n'aidaient nullement au retour
.de la confiance et à la reprise des affaires.
Par un revirement subit, la situation
-.s est transformée*
La droite, désespérant d'arriver à une
on pour la commission constitution-
,-nelle, pris le parti d'élire deux républi-
cains, MM. Cézanne et Vacherot.
Le, même jour, 4 décembre, M. le duc
,jJ.e:Broglie, ministre de l'intérieür etvice-
«président du Conseil, a fait, du haut de la
sirîbone, Une profession de foi gouverne-
sinentale très importante.
'£!9e n'insisterai pas sur la question de
Eetat de siége et sur les compensations
que réclame le ministère pour y renon-
cer la partie réellement politique du dis-
cpurs de M. de Broglie est l'affirmation
très nette, très catégorique du gouverne-
ment septennal. Voici le passage entier
câpres la sténographie du Journal officiel
Vous voudrez bien remarquer, messieurs,
gué nous vous f'aisons cette demande dans un
moment critique et solennel. Vous venez de
fonder un pouvoir nouveau, qui est en ce
moment fespoir et l'attente du pays. (G'est
Vrai v
En le fondant pour donner à là France des
gages de stabilite et de durée, vous avez pris
un grand engagement envers vous-mêmes,
'Hivers l'homme de bien à qui vous avezeon-
3 Féailletoa du 7 Décembre 1873
il] PROLOGUE
Uépôt, Cellule 48
26 septembre
J'ai été arrêté hier à l'hôtél de France, à
lavai.
Il était trois heures du soir.
Il y avait deux heures au plus que j'étais
arrivé.
Je mourais de faim et de soif. Je n'avais
,rien pris depuis la veille, et'j'allais me mettre
table quand le maître de l'établissement
Vint me prévenir, que quelqu'un me deman-
:lait.'
Je le- suivis dans le bureau de l'hôtel, où
j'ai 'trouvé deux hommes d'assez mauvaise
mine, dont l'un m'a toisé des pieds à la tête,
tandis que l'autre me regardait d'un air go-
guenard.
J'ai senti un frisson me parcourir tout le
corps.
.J'ai compris tout de suite que ces deux
hommes étaient là pour m'arrêter; mais de-
pws la veille, tant de sensations diverses »'a?
fié le pouvoir, envers la France qui vous
regarde.
Vous avez pris l'engagement de faire une
œuvre sérieuse, qui ne soit pas déchirée
comme une simple feuille de papier par la
première discussion des partis. (Très bien!
très bien! de divers côtés.) Vive adhésion.)
Vous avez pris envers vous-même l'engage-
ment d'instituer un pouvoir qui soit une réa-
lité vivante et non pas l'étiquette impuis-
sante d'une autorité nominale. (Très bien
très bien! Nouvelles et vives marques
d'approbation.)
Vous avez pris envers l'homme, que vous
avez chargé de vous défendre l'engagement
de le soutenir et dele protéger lui-même con-
tre les atteintes infatigables des factions.
(Très-bien très bien !)-
Vous avez pris envers la France, l'engage-
ment et vous avez contracté envers elle le
devoir-de lui rendre, à l'ombre de ce pou-
voir, la sécurité et la confiance, de faire re-
naître, le crédit, l'agriculture, l'industrie,
tout ce qui fait' la richesse et la grandeur
d'une nation. (Vif assentiment à droite et au
Donc, le ministère se rallie à la Répu-
blique du maréchal de Mac-Mahon donc,
les partisans de la monarchie ne doivent
pas compter- sur les hommes du gouver-
nement.
La monarchie de droit divin s'est ren-
due impossible, par la lettre du comte de
Chambord, du octobre.
La nionarchie de droit humain s'est
mise elle-même hors de pair depuis l'acte
de réconciliation du 5 août.
Le comte de Paris, dont personne ne
suspecte la loyauté, a parlé au nom de
tous les princes de la maison d'Orléans.
Tant que le comte de Chambord n'aura
pas abdiqué, et il abdiquera pas, nos
lecteurs savant pourquoi, tant que la
chat de la famille de Bourbon n'aura pas
disparu, et le comte de Chambord est
assez jeune pour que cette éventualité soit
ajournée à un très long terme, -les prin-
ces d'Orléans ne seront pas des préten-
dants au trône.
Donc, c'est ,la République, gouverne-
ment légal du pays, qui doit être son gou-
vernement définitif.
A n'en pas douter, cette perspective, ou-
verte par M. de Broglie, avec la redon-
dance affirmative que l'on a vue, a valu
au ministère le vote favorable d'un cer-
tain nombre de membres du centre gau-
che.
Aussi le scrutin de jeudi est-il très inté-
ressant à examiner de près.
Comparé à celui du 24 novembre (inter-
pellation de M. Léon Say), il présente
47 voix de plus pour le ministère.
La majorité s'est augmentée dans la
proportion bien plus forte de 75 voix.
Cela vient de ce que 1° les bonapar-
tistes qui s'étaient abstenus lors de l'in-
terpellation Léon Say, ont voté pour le
ministère dans l'interpellation sur l'état
valent agité, que je n'avais pas repris posses-
sion de moi-même.
L'homme qui m'avait fait demander ne me
laissa pas'le temps dé me reconnaître.
Vous êtes M. Gardener ? me dit-il, d'un
ton précis et ferme.
Je n'eus pas la force de nier, et je balbu-
tiai une réponse affirmative.
En ce cas, ajouta mon interlocuteur, en
me présentant une feuille de papier moitié
manuscrite, moitié imprimée, je suis porteur
d'un mandat d'amener décerné contre vous
par M. le préfet de police, et je vous invite à
me suivre.
Je sentais qu'une pâleur de marbre avait
envahi mes joues; toute protestation ou toute
résistance eût été inutile. Je m'inclinai en
oscillant, et murmurai quelques paroles qui
voulaient dire que j'étais prêt à obéir à son
injonction.
Nous partîmes pour la gare.
Toutefois, au moment de mettre le pied
dans la rue, je voulus étancher la "sueur qui
inondait mon front, et je tirai mon mou*-
choir de poche. 01
Ce fut comme un coup de théâtre!
L'agent qui me suivàit jeta un cri qui me
fit tressaillir.
Le mouchoir que je tenais à la main était
tout maculé de sang
Si habitué qu'il fût à de semblables inci-
dents, l'homme de la police n'avait rvs rete-
.nir un geste de stupeur. j
oi, je n'avais Eisa vu, **•
de siège; 2° un certain nombre de mem-1
bres du centre gauche ou qui s'étaient
abstenus ou qui avaient voté contre, ont
accompli leur mouvement de conversion.
Au moment où la fameuse conjonction
des centrés, ce rêve parlementaire sans
cesse poursuivi et rarement réalisé, paraît
avoir quelque chance d'aboutir, il est in-
téressant de relever les noms des députés
du centre gauche qui s'engagent dans cette
voie en se rapprochant du centre droit.
En voici la liste exacte
Ont voté contre le 24 novembre et pour
• le 4 décembre
MM. André (Seine), du Chaffaut, Galli-
cher, Gouin, marquis de Malleville, Rou-
veure et de Saint-Pierre (Calvados).
S'étaient abstenus le 24 novembre et ont voté
powr le 4 décembre
MM. André (Charente), Bompard, Du-
réault, Houssard, Martel (Pas-de-Calais),
Max-Richard, Michel, comte de Pourtalès,
Roger (du Nord)..
Le comte de Chambord ayant cessé vo-
lontairement d'être prétendant, les prin-
ces d'Orléans étant devenus en droit et
en fait de simples citoyens, il n'est pas
contestable que les membres du centre
gauche adhérents au ministère n'aient été
attirés par le désir et l'espoir de voir fon-
der la République même par des hommes
qui n'ont eu que difficilement leur con-
fiance et qui n'ont peut-être pas encore
leurs sympathies.
Nous avons sept ans devant nous.
C'est la République assurée, la Républi-
coup sûr, mais la République.
Voilà la situation. Le programme qui
termine le discours de M. de Broglie y
conduit fatalement.
Sans critiquer à l'avance l'oeuvre de la
commission constitutionnelle, on peut
prévoir que les lois qu'elle est chargée.
d'élaborer seront des lois entachées de
monarchisme.
D'autre part les lois proposées suivant
les besoins du moment seront probable-
ment détruites ou modifiées' plus tard;
mais le pays aura un modws videndi qui
est la République.
En d'autres termes, la prorogation sep-
tennale est un gouvernement de transition
pendant la durée duquel le pays réunira
les matériaux destines à fonder la Répu-
blique. THOMAS GRIMM.
commission constitutionnelle
La commission a tenu hier sa première
réunion, à l'effet de procéder à la nomination
des membres de son bureau.
L'élection des trente membres, mprcelée
comme elle l'a été, n'ayantpeut-être pas laissé
souvenirs bien précis à nos lecteurs,
Je ne pensais à rien. j'agissais comme
un homme ivre, l'esprit fallotant, regardant
sans voir. écoutant sans entendre. J'en
étais arrivé à n'avoir plus la conscience de
mes actes.
Un quart d'heure après, je me trouvais
dans un compartiment de seconde classe, que
le chef de gare, requis à cet effet, avait mis
à la disposition de l'agent de la sûreté.
Nous y étions entre nousl
L'agent et son acolyte occupant les deux
coins opposés, moi, au milieu, et un
gendarme à mes côtés.
A partir'du moment bii le train se mit en
marche, il y a une lacune,¡.dans mes souve*
nirs..
Depuis deux jours, je n'avais pas pris un
instant de repos, et j'étais accablé de lassi-
tude.
Aussi, malgré les épouvantes dont j'étais
assailli, le balancement monotone et régulier
du wagon ne tarda pas à produire son effet
naturel, mes' yeux se fermèrent insensible-
ment, et un sommeil impérieux et lourd
s'empara bientôt de tout mon être.
Cela dura quelques heures.
Quand je me réveillai, je m'aperçus que,
pendant mon sommeil, ma tête avait roulé
sur l'épaule du gendarme, et le brave homme
s'était bien gardé de faire aucun mouvement
pour ne pas troubler mon repos.
Je me redressai en sursaut,-le train était
arrêté, -nous étions en gare du Mans. J
le jetai ua regard sur le quai, que les,
nous ctoyons utile de leur remettre sous les
yeux la composition de la commission et sa
constitution, telle qu'elle résulte de la pre<
mière séance tenue hier.
Président M. Batbie.
Vice-présidents MM. Audren de Kerdrel»
De Talhouët.
Secrétaires MM. Cézanne,
,•̃• Tarteron,
De Talion.
Membres MM. Làboulaye, Wâddingtoi^
de Lacombe, Lambet Sainte-Croix, Pradié, <
vicomte de Meaux, Grivart, vicomte de Cu-
mont, Tailhaud, comte Daru, Paris, Ches-
nelong, de Sugny, d'Andelarre, Ant. Lefèvré-
Pontans, Keller, Vingtain, Merveilleux-Du-
vignaux, de. La Rochefoucauld, Bisaccià,
Courbier, Lucien Brun, Delsol, Vacherpt.
La commission a décidé qu'elle se réunie
rait régulièrement les mercredis et vendre*
dis. Elle autorisera la publicité de ses délie'
bérations.,
ASSEMBLÉE NATIONALE
̃ ̃••̃̃••̃ Séance du 5 décembre
La question de l'état de siége, longuement
débattue dans la précédente séance, est re-
venue à la tribune à propos de la demande
de M. Schœlcher (levée de l'état de siége à
Paris), après y avoir été ramenée déjà par
une réclamation de M. Lockroy, relative au
département des Bouches-du-Rhône.
L'état de siége, dans ces diverses discus-
sons, lesquelles, au fond, ne diffèrent guère
entre elles, a été envisagé, attaqué ou justifié
sous deux aspects: le côté politique et le côté
juridique.
Du côté politique, il n'y a plus rien à dire,
pour l'instant du moins, M. de Broglie a ré-
pondu d'un mot aux observations présentées
par M, Lamy, et renouvelées hier par M.
Schœlcher et M. Louis Blanc, en déclarant
que l'état de siège cesserait lorsque le gou-
vernement serait en possession des lois sur
la presse, sur les municipalités, etc., lois
dont il affirme avoir besoin pour se défendre..
La question de légalité est plus complexe
et ne saurait être tranchée par de simples
déclarations ministérielles.
Sur les trente-neuf départements dans les<
quels, aujourd'hui, l'état de siège est appliJ
qué, vingt-neuf ont été soumis à ce régime
d'exception par des décrets parfaitement ré-
guliers, émanés soit de la Régence, foit du
gouvernement de la Défense nationale.
Pour les dix autres départoments, il existe
des irrégularités de forme ou des irrégula-
rités plus graves. Ainsi, dans les Vosges,
par exemple, l'état de siège n'a été connu ni
par la promulgation du décret au Bulletin
des Lois, ni par l'insertion au Journal officiel,
ni même par l'affichage dans les communes.
Quelle valeur législative peut avoir un dé-
cret que personne n'a connu, qui n'a reçu au*
aiiBepuWicité etquel'on n'a découvert qu'au
bout de six mois, enfoui dans les archives du
ministère ?
Telle est la question qu'ont posée succes-
sivement MM. Lamy et Ferry avant-hier,
Lockroy et,S.ehœlcher dans la séance d'hier.
M Lockroy, lui, l'a reprise en s'adressant
directement au garde des sceaux, le débat
général relatif à l'état de siège étant vide
par le vote de la précédente séance.
Le député des Bouches-du-Rhône a récla-
mé des explications au sujet de son départe-
becs de gaz illuminaient.
Il y régnait un grand mouvement. des
groupes s'étaient formés à quelques pas et
tous les regards animés d'une curiosite mal-
saine, plongeaient avidement dans le com.
partiment où je me trouvais.
Mon arrestation éiait connue; c'est moi
que l'on voulait voir..
Je pris ma tête dans mes mains, un san-
glot me monta à la gorge et des larmes abon-
dantes jaillirent de mes yeux!
Heureusement cette scène ne dura pas
longtemps, et peu après le train reprenait Sa
marche rapide.
Mais les larmes que je venais de verser
m'avaient comme soulagé d'un grand poids.
et peiidant le reste du voyage, je me-sentis
redevenir plus calme..
Il y a d'ailleurs des moments ou 1 esprit
acquiert une telle acuité de perception, qu'il
re perd aucun, des plus petits incidents qui
se produisent et depuis que j'ai quitté
le Mans, tout ôe qui m'est arrivé s'est pour
ainsi dire photographié dans mon cerveau.
Nous sommes arrivés à Paris vers quatre
heures du matin.
Un fiaera nous attendait la sortie de la
gare, et nous y montâmes, les deux agents et
me mena d'abord au chef, de la police
de sûreté, qui nous renvoya à la Permanence
et de ce dernier bureau on me conduisit au
Dépôt.
C'est Jâ amie suis depuis «ueisjies lieurôte
gratis mois 5ra..
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Yi. CASSIGNEUL, Editeur-Gérant,
SI, rue Lafâyette, hôtel du Petit Journal.
SAMEDI 6 DÉCEMBRE 1873
LE« TERRAIN' DÉBLAYE
Le ministère du 26 novembre n'avait
t'tas encore fait connaître son programme
politique, et des doutes subsistaient en-
core dans les esprits.
On se demandait si le 26 novembre
n'était que le 24 mai continué l'acte par-
lementaire de la prorogation pour sept
ans des pouvoirs du maréchal de Mac-
'Mahon, avait été précédé de déclarations
telles qu'on le considérait comme une
simples prolongation du provisoire.
Bien que l'on oublie très vite en France,
pn se rappelait que les intriguasse la Fu-
sion s'étaient abritées sous l'aile du minis-
tère du 25 mai et l'on craignait qu'une
nouvelle campagne monarchique ne fût
Lesacrutins multipliés qui ont précédé
;la formation de la commission constitu-
tionnelle n'aidaient nullement au retour
.de la confiance et à la reprise des affaires.
Par un revirement subit, la situation
-.s est transformée*
La droite, désespérant d'arriver à une
on pour la commission constitution-
,-nelle, pris le parti d'élire deux républi-
cains, MM. Cézanne et Vacherot.
Le, même jour, 4 décembre, M. le duc
,jJ.e:Broglie, ministre de l'intérieür etvice-
«président du Conseil, a fait, du haut de la
sirîbone, Une profession de foi gouverne-
sinentale très importante.
'£!9e n'insisterai pas sur la question de
Eetat de siége et sur les compensations
que réclame le ministère pour y renon-
cer la partie réellement politique du dis-
cpurs de M. de Broglie est l'affirmation
très nette, très catégorique du gouverne-
ment septennal. Voici le passage entier
câpres la sténographie du Journal officiel
Vous voudrez bien remarquer, messieurs,
gué nous vous f'aisons cette demande dans un
moment critique et solennel. Vous venez de
fonder un pouvoir nouveau, qui est en ce
moment fespoir et l'attente du pays. (G'est
Vrai v
En le fondant pour donner à là France des
gages de stabilite et de durée, vous avez pris
un grand engagement envers vous-mêmes,
'Hivers l'homme de bien à qui vous avezeon-
3 Féailletoa du 7 Décembre 1873
il] PROLOGUE
Uépôt, Cellule 48
26 septembre
J'ai été arrêté hier à l'hôtél de France, à
lavai.
Il était trois heures du soir.
Il y avait deux heures au plus que j'étais
arrivé.
Je mourais de faim et de soif. Je n'avais
,rien pris depuis la veille, et'j'allais me mettre
table quand le maître de l'établissement
Vint me prévenir, que quelqu'un me deman-
:lait.'
Je le- suivis dans le bureau de l'hôtel, où
j'ai 'trouvé deux hommes d'assez mauvaise
mine, dont l'un m'a toisé des pieds à la tête,
tandis que l'autre me regardait d'un air go-
guenard.
J'ai senti un frisson me parcourir tout le
corps.
.J'ai compris tout de suite que ces deux
hommes étaient là pour m'arrêter; mais de-
pws la veille, tant de sensations diverses »'a?
fié le pouvoir, envers la France qui vous
regarde.
Vous avez pris l'engagement de faire une
œuvre sérieuse, qui ne soit pas déchirée
comme une simple feuille de papier par la
première discussion des partis. (Très bien!
très bien! de divers côtés.) Vive adhésion.)
Vous avez pris envers vous-même l'engage-
ment d'instituer un pouvoir qui soit une réa-
lité vivante et non pas l'étiquette impuis-
sante d'une autorité nominale. (Très bien
très bien! Nouvelles et vives marques
d'approbation.)
Vous avez pris envers l'homme, que vous
avez chargé de vous défendre l'engagement
de le soutenir et dele protéger lui-même con-
tre les atteintes infatigables des factions.
(Très-bien très bien !)-
Vous avez pris envers la France, l'engage-
ment et vous avez contracté envers elle le
devoir-de lui rendre, à l'ombre de ce pou-
voir, la sécurité et la confiance, de faire re-
naître, le crédit, l'agriculture, l'industrie,
tout ce qui fait' la richesse et la grandeur
d'une nation. (Vif assentiment à droite et au
Donc, le ministère se rallie à la Répu-
blique du maréchal de Mac-Mahon donc,
les partisans de la monarchie ne doivent
pas compter- sur les hommes du gouver-
nement.
La monarchie de droit divin s'est ren-
due impossible, par la lettre du comte de
Chambord, du octobre.
La nionarchie de droit humain s'est
mise elle-même hors de pair depuis l'acte
de réconciliation du 5 août.
Le comte de Paris, dont personne ne
suspecte la loyauté, a parlé au nom de
tous les princes de la maison d'Orléans.
Tant que le comte de Chambord n'aura
pas abdiqué, et il abdiquera pas, nos
lecteurs savant pourquoi, tant que la
chat de la famille de Bourbon n'aura pas
disparu, et le comte de Chambord est
assez jeune pour que cette éventualité soit
ajournée à un très long terme, -les prin-
ces d'Orléans ne seront pas des préten-
dants au trône.
Donc, c'est ,la République, gouverne-
ment légal du pays, qui doit être son gou-
vernement définitif.
A n'en pas douter, cette perspective, ou-
verte par M. de Broglie, avec la redon-
dance affirmative que l'on a vue, a valu
au ministère le vote favorable d'un cer-
tain nombre de membres du centre gau-
che.
Aussi le scrutin de jeudi est-il très inté-
ressant à examiner de près.
Comparé à celui du 24 novembre (inter-
pellation de M. Léon Say), il présente
47 voix de plus pour le ministère.
La majorité s'est augmentée dans la
proportion bien plus forte de 75 voix.
Cela vient de ce que 1° les bonapar-
tistes qui s'étaient abstenus lors de l'in-
terpellation Léon Say, ont voté pour le
ministère dans l'interpellation sur l'état
valent agité, que je n'avais pas repris posses-
sion de moi-même.
L'homme qui m'avait fait demander ne me
laissa pas'le temps dé me reconnaître.
Vous êtes M. Gardener ? me dit-il, d'un
ton précis et ferme.
Je n'eus pas la force de nier, et je balbu-
tiai une réponse affirmative.
En ce cas, ajouta mon interlocuteur, en
me présentant une feuille de papier moitié
manuscrite, moitié imprimée, je suis porteur
d'un mandat d'amener décerné contre vous
par M. le préfet de police, et je vous invite à
me suivre.
Je sentais qu'une pâleur de marbre avait
envahi mes joues; toute protestation ou toute
résistance eût été inutile. Je m'inclinai en
oscillant, et murmurai quelques paroles qui
voulaient dire que j'étais prêt à obéir à son
injonction.
Nous partîmes pour la gare.
Toutefois, au moment de mettre le pied
dans la rue, je voulus étancher la "sueur qui
inondait mon front, et je tirai mon mou*-
choir de poche. 01
Ce fut comme un coup de théâtre!
L'agent qui me suivàit jeta un cri qui me
fit tressaillir.
Le mouchoir que je tenais à la main était
tout maculé de sang
Si habitué qu'il fût à de semblables inci-
dents, l'homme de la police n'avait rvs rete-
.nir un geste de stupeur. j
oi, je n'avais Eisa vu, **•
de siège; 2° un certain nombre de mem-1
bres du centre gauche ou qui s'étaient
abstenus ou qui avaient voté contre, ont
accompli leur mouvement de conversion.
Au moment où la fameuse conjonction
des centrés, ce rêve parlementaire sans
cesse poursuivi et rarement réalisé, paraît
avoir quelque chance d'aboutir, il est in-
téressant de relever les noms des députés
du centre gauche qui s'engagent dans cette
voie en se rapprochant du centre droit.
En voici la liste exacte
Ont voté contre le 24 novembre et pour
• le 4 décembre
MM. André (Seine), du Chaffaut, Galli-
cher, Gouin, marquis de Malleville, Rou-
veure et de Saint-Pierre (Calvados).
S'étaient abstenus le 24 novembre et ont voté
powr le 4 décembre
MM. André (Charente), Bompard, Du-
réault, Houssard, Martel (Pas-de-Calais),
Max-Richard, Michel, comte de Pourtalès,
Roger (du Nord)..
Le comte de Chambord ayant cessé vo-
lontairement d'être prétendant, les prin-
ces d'Orléans étant devenus en droit et
en fait de simples citoyens, il n'est pas
contestable que les membres du centre
gauche adhérents au ministère n'aient été
attirés par le désir et l'espoir de voir fon-
der la République même par des hommes
qui n'ont eu que difficilement leur con-
fiance et qui n'ont peut-être pas encore
leurs sympathies.
Nous avons sept ans devant nous.
C'est la République assurée, la Républi-
coup sûr, mais la République.
Voilà la situation. Le programme qui
termine le discours de M. de Broglie y
conduit fatalement.
Sans critiquer à l'avance l'oeuvre de la
commission constitutionnelle, on peut
prévoir que les lois qu'elle est chargée.
d'élaborer seront des lois entachées de
monarchisme.
D'autre part les lois proposées suivant
les besoins du moment seront probable-
ment détruites ou modifiées' plus tard;
mais le pays aura un modws videndi qui
est la République.
En d'autres termes, la prorogation sep-
tennale est un gouvernement de transition
pendant la durée duquel le pays réunira
les matériaux destines à fonder la Répu-
blique. THOMAS GRIMM.
commission constitutionnelle
La commission a tenu hier sa première
réunion, à l'effet de procéder à la nomination
des membres de son bureau.
L'élection des trente membres, mprcelée
comme elle l'a été, n'ayantpeut-être pas laissé
souvenirs bien précis à nos lecteurs,
Je ne pensais à rien. j'agissais comme
un homme ivre, l'esprit fallotant, regardant
sans voir. écoutant sans entendre. J'en
étais arrivé à n'avoir plus la conscience de
mes actes.
Un quart d'heure après, je me trouvais
dans un compartiment de seconde classe, que
le chef de gare, requis à cet effet, avait mis
à la disposition de l'agent de la sûreté.
Nous y étions entre nousl
L'agent et son acolyte occupant les deux
coins opposés, moi, au milieu, et un
gendarme à mes côtés.
A partir'du moment bii le train se mit en
marche, il y a une lacune,¡.dans mes souve*
nirs..
Depuis deux jours, je n'avais pas pris un
instant de repos, et j'étais accablé de lassi-
tude.
Aussi, malgré les épouvantes dont j'étais
assailli, le balancement monotone et régulier
du wagon ne tarda pas à produire son effet
naturel, mes' yeux se fermèrent insensible-
ment, et un sommeil impérieux et lourd
s'empara bientôt de tout mon être.
Cela dura quelques heures.
Quand je me réveillai, je m'aperçus que,
pendant mon sommeil, ma tête avait roulé
sur l'épaule du gendarme, et le brave homme
s'était bien gardé de faire aucun mouvement
pour ne pas troubler mon repos.
Je me redressai en sursaut,-le train était
arrêté, -nous étions en gare du Mans. J
le jetai ua regard sur le quai, que les,
nous ctoyons utile de leur remettre sous les
yeux la composition de la commission et sa
constitution, telle qu'elle résulte de la pre<
mière séance tenue hier.
Président M. Batbie.
Vice-présidents MM. Audren de Kerdrel»
De Talhouët.
Secrétaires MM. Cézanne,
,•̃• Tarteron,
De Talion.
Membres MM. Làboulaye, Wâddingtoi^
de Lacombe, Lambet Sainte-Croix, Pradié, <
vicomte de Meaux, Grivart, vicomte de Cu-
mont, Tailhaud, comte Daru, Paris, Ches-
nelong, de Sugny, d'Andelarre, Ant. Lefèvré-
Pontans, Keller, Vingtain, Merveilleux-Du-
vignaux, de. La Rochefoucauld, Bisaccià,
Courbier, Lucien Brun, Delsol, Vacherpt.
La commission a décidé qu'elle se réunie
rait régulièrement les mercredis et vendre*
dis. Elle autorisera la publicité de ses délie'
bérations.,
ASSEMBLÉE NATIONALE
̃ ̃••̃̃••̃ Séance du 5 décembre
La question de l'état de siége, longuement
débattue dans la précédente séance, est re-
venue à la tribune à propos de la demande
de M. Schœlcher (levée de l'état de siége à
Paris), après y avoir été ramenée déjà par
une réclamation de M. Lockroy, relative au
département des Bouches-du-Rhône.
L'état de siége, dans ces diverses discus-
sons, lesquelles, au fond, ne diffèrent guère
entre elles, a été envisagé, attaqué ou justifié
sous deux aspects: le côté politique et le côté
juridique.
Du côté politique, il n'y a plus rien à dire,
pour l'instant du moins, M. de Broglie a ré-
pondu d'un mot aux observations présentées
par M, Lamy, et renouvelées hier par M.
Schœlcher et M. Louis Blanc, en déclarant
que l'état de siège cesserait lorsque le gou-
vernement serait en possession des lois sur
la presse, sur les municipalités, etc., lois
dont il affirme avoir besoin pour se défendre..
La question de légalité est plus complexe
et ne saurait être tranchée par de simples
déclarations ministérielles.
Sur les trente-neuf départements dans les<
quels, aujourd'hui, l'état de siège est appliJ
qué, vingt-neuf ont été soumis à ce régime
d'exception par des décrets parfaitement ré-
guliers, émanés soit de la Régence, foit du
gouvernement de la Défense nationale.
Pour les dix autres départoments, il existe
des irrégularités de forme ou des irrégula-
rités plus graves. Ainsi, dans les Vosges,
par exemple, l'état de siège n'a été connu ni
par la promulgation du décret au Bulletin
des Lois, ni par l'insertion au Journal officiel,
ni même par l'affichage dans les communes.
Quelle valeur législative peut avoir un dé-
cret que personne n'a connu, qui n'a reçu au*
aiiBepuWicité etquel'on n'a découvert qu'au
bout de six mois, enfoui dans les archives du
ministère ?
Telle est la question qu'ont posée succes-
sivement MM. Lamy et Ferry avant-hier,
Lockroy et,S.ehœlcher dans la séance d'hier.
M Lockroy, lui, l'a reprise en s'adressant
directement au garde des sceaux, le débat
général relatif à l'état de siège étant vide
par le vote de la précédente séance.
Le député des Bouches-du-Rhône a récla-
mé des explications au sujet de son départe-
becs de gaz illuminaient.
Il y régnait un grand mouvement. des
groupes s'étaient formés à quelques pas et
tous les regards animés d'une curiosite mal-
saine, plongeaient avidement dans le com.
partiment où je me trouvais.
Mon arrestation éiait connue; c'est moi
que l'on voulait voir..
Je pris ma tête dans mes mains, un san-
glot me monta à la gorge et des larmes abon-
dantes jaillirent de mes yeux!
Heureusement cette scène ne dura pas
longtemps, et peu après le train reprenait Sa
marche rapide.
Mais les larmes que je venais de verser
m'avaient comme soulagé d'un grand poids.
et peiidant le reste du voyage, je me-sentis
redevenir plus calme..
Il y a d'ailleurs des moments ou 1 esprit
acquiert une telle acuité de perception, qu'il
re perd aucun, des plus petits incidents qui
se produisent et depuis que j'ai quitté
le Mans, tout ôe qui m'est arrivé s'est pour
ainsi dire photographié dans mon cerveau.
Nous sommes arrivés à Paris vers quatre
heures du matin.
Un fiaera nous attendait la sortie de la
gare, et nous y montâmes, les deux agents et
me mena d'abord au chef, de la police
de sûreté, qui nous renvoya à la Permanence
et de ce dernier bureau on me conduisit au
Dépôt.
C'est Jâ amie suis depuis «ueisjies lieurôte
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