LE; Petit Journal
LA PROVINCE
On lit dans l'Union libérale cde Seine-el-Oise
Versailles a cessé d'être le quartier géné-
ral de l'armée allemande. L'empereur a quitte
la préfecture mardi. Mercredi, le prince im-
périal est parti, ainsi que son chef d'état-
major, M. de Biumenthal. MM. de Bismarck,
de Moltke, de Fabrice, gouverneur général
du nord de la .France, de Braunchislsch,
préfet de Seine-et-Oise, ont aussi quitté la
ville.
Jeudi, le général de Voigts-Rhetz, com-
mandant la place, s'est rendu, accompaDné
de trois aides de camp, à la mairie, pour an-
noncer son. départ au premier adjoint; il est
parti vendredi matin.
Un crime horrible a été commis dans la
commune de Lotliughein (Pas-de-Calais), et
y a caùsé une impression pénille:
L. se maria le 10 septembre dernier et
vécut un certain temps en bonne intimité
avec sa femme.
Mais il y a quelques mois, à la suite d'une
discussion violente, les deux époux dureut
ge résoudre à vivre séparément..
La femme de L' se plaça comme domes-
L. poursuivi par l'idée que sa femme
avait essayé à plusieurs reprises de l'em-
poisonner, une fois entre antres, à ce
qu'il prétend, avec une solution d'allu-
mettes chimiques, et craignant qu'elle
n'eût l'intention bien arrêtée do le faire mou-
rir, ne put vivre un jour tranquille; son res-
sentiment s'accrut de toutes les peines, de
toutes les inquiétudes qu'il ressentit. C'èst
alors qu'il conçut l'affreux- projet de tuer sa
femme.
Dans la soirée du 28 février, il se glisse
dans le jardin de 31. le curé de Lot.'inghem,
se poste près de la fenêtre de la cuisine où
sa femnie. venait de prendre son repas du
soir, et attend, armé d'un fusil, qu'il avait
chargé de gros plombs, l'at-rivèe de sa fem-
me celle-ci ne tarde pas à entrer dans la
cuisine.
Elle vient s'asseoir près de la fenêtre. A la
vue de celle qui lui causait tant de peines mo-
rales, L. n'écoutant clue son ressentiment,
arme son fusil et le dirige contre sa femme;
puis, hors de lui-même, ne sachant plus ce
qu'il fait, il lâche la détente.
Le coup part. Les plombs brisant les vitrés
vont atteindre la malheureuse, qui tombe
baignée dans son sang. L. se sauve comme
un homme qui a perdu la raison, cache son
fusil où il peut, et se dirige vers un cabaret,
où il apprend que sa femme est morte.
Saisi par l'horreur du crime qu'il vient de
commettre, il déclare qu'il en est l'auteur et
se constitue de lui-même prisonnier entre
les mains des personnes qui viennent l'ar-
rêter.
Sa femme avait reçu toute la charge dans
le cou. Deux plombs avaient traversé long-
tudinalement le cou et brisé l'épine dorsale,-
près de l'atlas.
La mort a été instantanée. [L'Avenir.)
^Promenade à Saint-Dems
Les Prussiens sont toujours en nombre
considérable à Saint-Denis, dont ils ont pris
possession en maîtres, car doux pièces cte ca-
non sont placées sur la voie ferrée, prêtes à
mitrailler à volonté le train de voyageurs qui
's'avance.
Partout, sur la chaussée et les trottoirs, des
soldats étrangers 'Se promènent la pipe de
porcelaine à la bouche.
Dans chaque maison, et à chaque étage,
des Saxons, des Bavarois, des Wurtcmbur-
geois, des Badois, des Prussiens, montrent
leur tête aux fenêtres, enveloppés souvent.
dans les robes de chambre du locataire qui
est obligé de les héberger, de les nourrir et
de les loger confortablement.
Passe-t-il dans la rue un de leurs officiers,
aussitôt les soldats se rangent, ôtent leur pipe
de la bouche, se collent contre le mur por-
tant la main à leur casque de cuir.
Souvent les yeux sont affectés par la vue
Feuilleton du 15 gars 1871
L'HOMME DE MINUIT
Par Etienne ÉNAULT et Louis JUDICIS
SECONDE PAHTIB
Suite
Un quar; d'heure après cftte rencontre,
Thérèse tombait presque inanimée entre les
bras de son père. Baltimore, la pressa long-
temps contre sa poitrine sans pouvoir pro-
noncer une parole, puis il la lit asseoir sur
'ses genoux et la contempla avec un ravisse-
nient qui prêtait une singulière expression
à son mâle et rude regard.
Voir le Petit Journal depuis le 28 janvier,
de maisons effondrées, de murs écroulés, de
toitures enfoncées, de meubles brisés, de
grilles tordues, de monuments tronqués par
les bombes et les obus de ces messieurs.
L'antique abbaye est fermée, heureuse-
ment pour les chefs-d'œuvre qu'elle contient,
car les soldats ne manqueraient pas de con-
tinuer leur œuvre de destruction surles tom-
beaux des rois.
Les habitants do Saint-Denis ne doivent pas
sortir avant six heures du matin, ni après
huit heures du soir, sous peine de la prison,
dont on no peut sortir qu'eu donnant 10 fr.
Les jours de marché, il se fait une prodi-
gieuse consommation de café noir et de
cognac.
Les soldats font cercleautour de ces maga-
sins ambulants .et- sourient aux marchandes
qui ne les comprennent pas.
Naguère encoreilsont réquisitionné (soyons
polis) toutes les pendules de la ville, et les
ont transportées chez un bijoutier, M, Godi-
neau, ou ils out fait une exposition de ces
pendules.
A leur départ pour l'Allemagne, les pen-
dules peuî-êlre suivent le mouvement, et le
mouvement les pendules.
On n eulend partout qu'un langage'' tudes-
que aussi dur que disgracieux.
Ou se croit entln dans' quelque place for'e
de Radsdadî ou de Mayence, et quand vous
reprenez le tran qui vous ramène à Paris.
vous Bombiez renaître à la vie, vous respirez
librement comille au sortir djuu long cauehi
mar, et pourtant vous n'êtes resté qu'une
heure en Prusse
MARC CONSTANTE.
NÉCROLOGIE
On annonce la mort
De Mme Louise Colet, à Nice;
Do M. Puvis de Chavanne, député de Saô-
nc-et-Loire, à Bordeaux.
De MM. Hardouin et Calmète, conseillers
honoraires à la Cour de cassation.
lies e fFets de cosasinerce
La presse est unanime pour blâmer l'empresse-
ment mis par le ministre''de la justice à faire voter
le décret sur tes effets de commerce, décret qui sou-
met les commentants fi, payer a\ant le désinvest;sse-
ment complet de Paris et In reprise des affaires. Etait
ce au ministre de la justice s trancher cette ques-
tion, en l'absenee'de ses collègues du commerce et
des finances ?.
Le Soir, qui pose cette question, ajoute:
Le ministre de la justice nous objectera-
t-il qu'il s'est entouré des conseils deshom-
mes compétents ? Nous dira-t-il qu'il il con-
sulté MM, Fiouland de la Banque de France
et Frémy du Crédit foncier, cela ne nous sa-
tisferait pas le moins du monde nous con-
naissons la compétence de ces messieurs en
certaines matières, nous la nions absolu-
ment pour celle qui nous occupe, puis en-
fin pourquoi l'urgence demandée par le chef
du pouvoir exécutif, en quoi était-elle néces-
saire pour une loi qui ne changeait absolu-
ment rien à la situation présente?
En effet, le décret du gouvernement du 4
septembre avait fixé la première échéance au
15 mars. La loi consacrant l'effet de ce décret,
n'avait rien d'urgent puisqu'elle ne modifiait
absolument rien à la situation présente il
est vrai que pour les échéances suivantes,
elle devient aggravante, mais il n'y avait là
Nous le disons avec regret, la manière
mystérieuse dont cotte loi a été élaborée, ré-
digée, et la précipitation avec laquelle elle a
été présentée, semblent un désir d'être agréa-
ble à quelques-uns, au préjudice, au grand
préjudice de tous et du crédit public lui-mê-
me dans tous les cas, elle dénote une igno-
rance complète de 1 situation et des intérêts
généraux du commerce, de l'industrie et du
pays tout entier.
Serons-nous donc toujours condamnés à
voir nos intérêts les plus chers, les plus sé-
rieux, livrés à des intérêts do coterie ou ré-
lementés par des orgueilleux, aussi incapa-
bles qu'incompétents? Nous ne pouvons nous
figurer quel peut être le mobile de cette loi
détestable, à moins que le gouvernement ait
Ma fille! dit-il enfin en la dévorant de
baisers et de caresses, ma pauvre Thérèse
'tu ne m'as donc pas abandonné, toi! tu n'as
donc pas craint, en passant sous ces infâmes
guichets, d'entendre résonner à tes oreilles
ces affreuses paroles Voici la fille du bandit,
la fille de l'assassin
Taisez-vous, oh taisez-vous s'écria
Thérèse en appliquant sa main frémissante sur
les lèvres du prisonnier. Que m'importent les
noms odieux dont vous insulte la haine juste
ou imméritée dés hommes n'avez vous pas
toujours été pour moi le meilleur et le plus
tendre des pères? 1 Quel nom mérilerais-je, à
mon tour. si je désertais lâchement votre in-
fortune, si je résistais à cotte voix impérieu-
se de ma conscience qui me crie d'essuyer
vos larmes avec mes baisers!
Après ces premières en usions de tendresse.
Baltimore interrogea Thérèse sur l'état de
MalbJlde. Au récit de la suprême agonie de
celte intelligence déjà si dégradée, un éclair
de fureur embrasa les yeux du bandit, et il se
mita bondir entre les\murs étroits de son
cachot comme une bête fauve qu'une main
téméraire irrite derrière les barreaux de sa
cage. C'est par des éclats semblables que se'
révélait toujours son amour pour la pauvre
folle; chez cet homme aux passions moins
tendres qu'impétueuses, la piiié pour la vic-
time était surtout de la haine pour le bour-
reau. Au plus fort de cette tempête, la porte
du cachot s'ouvrit de nouveau et un homme
l entra c'était Bernard Gantz.
Comme Thérèse, l'usurier n'avait pu jus-
voulu, enla proposant, se créer une ressource
par la perception des droits de timbre et
d'enregistrement que vont lui produire les
protêts, et les nombreuses poursuites qui en
seront la conséquence.
Cette loi, ajoute le Soir, décrète la ruine du pays,
la faillite en masse; elle ajourne indéfiniment la re-
prise du travail et des affaires.
Thiais, 13 mars 1871.
Monsieur le Directeur,
La commune de Thiais, près Choisy-te-Roi, a été
mise en émoi hier dimanche, iL 6 heures du soir, par
l'explosion d'un obus du plus fort calibre que le
sieur Alloncle, aidé de son cousin, venaient de cher-
cher dans une propriété de la commune.
Ces jeunes gens voulant décharger cet obus pri-
rent uu marteau et frappèrent dessus, quand une
épouvantable détonation s'est fait entendre. On ac-
courut au secours des deux jeunes gens qui étaient
dans un état effrayant.
L'on fit venir en toute hate cinq médecins majors de
l'armée prussieaqe, qui jugèrent .que pour le jeune
Alloncle l'amputation était nécessaire au-dessus du
gi'iiou de la jambe droite; l'autre jambe moins bles-
sae est tellement latiourée par les éclats que l'ampu-
tation en sera peut-être nécessaire.
Pour le cousin un pied été littéralement coupé
au-dessus de la cheville; la bonne, jeune personne
'de 23 ans, a été retrouvée dans une autre niùce de la
maison dans un état non moins alarmant que les
deux. jaunes gens; clle avait les mains brisées et la
cuisse ouverte dans toute la longueur.
Aprés les premiers soins donnés avec beaucoup
d'intelligence par les chirnrgiens, les trois victimes
ont été transportées à l'hôpital des incurables d'Ivry.
Après de sembtables malheurs, il est un devoir de
prévenir du danger qu'eues ont à courir, les per-
sonnes qui auraient en leur possession des projec-
tiles et qui voudraient les déchaiger.
Agréez, etc.
ÉRART,
Rnbitant de la commune de Thiats,
2e Conseil de Guerre de Lyon
PRÉSIDENCE DE M. LELEU, LIEUTENANT-COLONEL
AFFAIRE DE LA CROIX-ROUSSI
Assassinat du commandant Arnaud,
Séance du 4 mars
Chaque jour apporte un aliment nouveau
à la curiosité du nombreux auditoire.
La question palpitante du procès a com-
mencé à se dessiner a grands traits hier.
La vérilé légale s'est dessinée nettement
aujourd'hui; elle se formulera davantage.
Les dépositions du commandant Vincent,
de la veuve Arnaud, de la tille lsoard. ont
préoccupé à un point indicible l'attention.
On s'entretient dans le public des statuts
de l'Internationale, publiés dans le numéro
d'hier du Petit Journal. Lisons, pour rendre
hommage à la vérité, qu'ils sont puisas exclu-
sivement dans le dossier Deloche, et que,.
jusqu'à présent; ils n'ont Irait qu'à cet accusé.
Une erreur regrettable s'est glissée dans
notre numéro de vendredi. Eu reproduisant
la déposition du témoin Tivillion, nous lui
avons fait dire qu'il a vu [loyer tirer sur le
commandant Arnaud, sur l'ordre de Deloche.
Le témoin n'a pas dit cela, et, s'il a été af-
firmatif sur d'autres accusés, il a formelle-
ment nié cour Boyer.
Dans ce" compte rendu très long et très dé-
taillé, c'est la seule erreur grave qui nous
soit signalée, et nous pouvons allirmer que ce
résultat d'exactitude est un tour de force; car
au milieu de dépositions souvent confuses, il
faut une puissance d'attention telle que nous
sommes heureux de rendre hommage à nos
deux sténographes, dont les relevés se con-
trôlent l'un par l'autre.
Disons toutefois que Benoît proteste con-
tre la qualification de sacristain qui lui a été
donnée. 11 était organiste à l'église Saint-
Clair.
Une erreur d'impression nous a fait dire
une tois que Graillat sonuait le clairon, c'est
Grinand qu'il faut lire.
Enfin, nous avons reçu une longue lettre
de M. Lentillon, notaire à Thurins, aujour-
qu'à ce jour franchir la porte de la prison
comme Thérèse, il s'était hâté d'accourir dès
qu'il avait appris qu'une main amie pouvait
se placer dans celle de Baltimore. A la vue
de Bernard, le chef de bandits respira
bruyamment. Ce nouveau témoignage d'in-
térêt que lui donnait un homme a qui il
avait rendu, il est vrai, un signalé service,
mais qui pouvait se croire quitte de recon-
naissance après son intervention efficace
dans l'événement de Gavaruie, lui causa une
émotion qu'il.ne songea pas à dissimuler. Il
et le mépris qu il affichait en toute occasion.
pour le mai d'autrui étaient bien de nature
à autoriser tous les genres de surprise.
Maîtro Gantz ne se montra pas blessé de
l'étonnement de Baltimoro il avait toujours
considéré la susceptibilité comme une niai-
serie fort nuisible en affaires, et la facilité
avec laquelle il endossait tous- les affronts
lorsqu'il voyaitau bout quelque profit a faire,
[ s'était étendue à la longue au delà du cercle
des spéculations commerciales, et ne s'offen-
sait pas plus du sceplieismedc ses rares amis
que de la haine de ses dupes. En cette occa-
sion, comme toujours, il se contenta d'arti-
[culer sa petite toux aigrelette, et il s'écria
d'un ton enjoué et railleur à la fois
Eh bien, oui, c'est moi, c'est bien moi,
Bernard Gantz. Me prenez-vous par hasard
pour saint Vincent de Paul? Ne peut-on venir
visiter un ami en prison sans avoir'l'air d'un
monsieur qui sollicite la croix d'honneur ou
d'un. bonnetier philanthrope?
d'hui l'un des défenseurs de Deloche mais
cette lettre préjugeantles moyens de défense
nous devons ne pas la publier.
Comme les jours précédents, l'affluence
est considérable aux abords du palais de jus-
tice et dans la salle des Pas-Perdus.
Le service est fait par la garde nationale
daus les conditions déjà décrites
La garde des accusés est renforcée de qua-
tre gendarmes, ce qui porte leur nombre à
.Nous remarquons dans l'enceinte réservée
deux jolies cantinières de la garde nationale
de Lyon.
La séance est ouverte à onze heures et
demie.
Il reste 92 témoins à chargea entendre, p'us
60 témoins à décharge.
Il n'y aura pas d'interruption demain di-
manche. Le conseil siégera. fi n'y aura pas
non plus de séance de nuit, suivant la vo-
lonté exprimée par M. le président.
Suite des témoins
Trillet, 15 ans, employé de commerce.
Le '21 décembre, dans un groupe, lTarciltet a dit
On a bien l'ait de tuer Arnaud et si j'avais eu mo
fu3il, je l'aurais tué moi-même.
L'accusé reconnaît avoir dit ces paroles, mais
disant que: c'est parce qu'Arnaud avait fait
sur lui.
Cinquin, 47 ans. marchand de crépins
hlarcltlel a dit, le 20. vers midi et demi, qu'A.
naud lui avait tiré dessus et ajoute Arnaud n'a.
que ce qu'il mérite.
Jf. le commissaire. N'avez-vous pas trouvé vk
placard à votre porte ?
Le témoin. Oui, 4 ou 5 jours après il portait
« Le citoyen Allard est un des assassins du com-
mandant Arnaud. v
Je l'ai remis à l'autorité.
M° Georges. Le témoin a dit que la maison était
un repaire de gens de mauvaise vie.
Le témoin. Je l'ai dit pour l'avoir entendu dire
par des personnes, devant le juge-de-paix de la
Croix.-Rousse.
M' Georges. -Le commissaire, du quartier parlera
bien autrement.
Olichut dépose comme les précédentssur Marcillet
Dumas, capitaine adjudant-major au 4' bataillon
de la garde nationale.
Le ?0 décembre, je sortais de chez moi. Dans la
grande rue d'Enfer, je vis venir à moi dix ouvrier:
qui me dirent: on veut mettre le feu la poudrière
Envoyez des hommes pour mettre un peu d'ordr(
dans le désordre. D'autres me dirent Si vous n(
voulez pas envoyer du renfort, on va sonner le
tocsin. Je me plaçai devant l'église pour éviter l'a-
lsrme. Le commandant Chavent me vit sur le per-
ron de la mairie. Un homme nous dit bientôt il va
y avoir une manifestation de femmes en noir, por,
tant des drapeaux rouges et noires.
On somma bientôt le commandant Chavent de sq
mettre en route pour descendre et à'eiaparef du
préfet, de M. Leroyer et autres.
M. Chavent répondit
« Je ne commande pas un bataillon de femmes,
je n'obéirai pas. »
On lui arracha la barbe, mais je dois dire qu'il
n'a pas été soufleté.
Mme Brun mvectiva M. Chavent de la façon
plus maltonnéte. M. Chavant riait, Mme Brun arra.
cha son képi et le jeta sur le boulevard. Elle nou.'
insulta, disant que nous étions des officiers de rien.
A moi elle adressait des injures plus atroces, ml
disant cependant que ce n'était pas à moi qu'elle en
voulait mais à un autre.
Nous n'avions que très peu de monde au posta
On me somma de battre la générale, et le comman-
dant Chavent de se mettre à la tète de la garde ha<
tionale.
Je donnai l'ordre aux tambours de battre la gé.
nérale et non le rappel. 1
Pendant ce temps se passait ce que vous savez t
l'arrestation de M. Chavent.
J'ai vu la femme Brun injurier 16 commandant
Gaubié.
Bientôt après, j'appris la mort de M. Arnaud.
Quatre hommes vinrent chercher un brancard ,poux
transporter à la mairie le corps du malheureux corn-
mandant.
Bientôt survint une extrême agitation. Les unt
disaient
Pardonuezmoi, mon cher ami, répondi`
Baltimore en pressant cordialement la mai*
sale et crochue de l'usurier; j'ai tellement
désappris la confiance.
Trêve de sensiblerie répondit Bernard
je ne suis pas venu ici pour m'attendrir; jo-
ne saurais pas, d'ailleurs, comment m'y pren<
dre. Parlons peu, mais parlons bien. Corn
ment la police, sage et discrète personne,
a-t-elle découvert votre piste?
L'ignorez- vous donc? demanda Balti-
more n avez-vous pas deviné que j'aî été dé
noncé par le comte de Villetleur?
Je m'en doutais, reprit l'usurier; mais ï
me faudrait une certitude.
Tenez-vous donc pour convaincu, maîtn
Bernard, j'ai été confronté avec ce misérable
et il n'a pas craint de me désigner, moi pré
sent, comme le chef de la bande qui a deva
lise don Balthazar Higuierro dans les gorge;
du Vignemale. Maintenant, une question 3
mon tour Quel parti comptez-vous tirer de
l'infamie de cet homme?
L'usurier ne répondit à cette question, qu(
par un léger accès de sa toux habituelle.
Bernard, s'écria Baltimore en se.
couant avec force le bras du vieil usu<
rier. vous êtes un homme positif et ré,
solu donc. le péril auquel vous vous exil
posez en pénétrant dans cette prison a urç
motif plus utile que le désir de voir un ami,
tranchons le mot, un complice. Eh bien, H
ne vous demande pas votre secret, mais u
vous jure, entendez-vous sur la vie de Thé]
rèse, de ma fille
LA PROVINCE
On lit dans l'Union libérale cde Seine-el-Oise
Versailles a cessé d'être le quartier géné-
ral de l'armée allemande. L'empereur a quitte
la préfecture mardi. Mercredi, le prince im-
périal est parti, ainsi que son chef d'état-
major, M. de Biumenthal. MM. de Bismarck,
de Moltke, de Fabrice, gouverneur général
du nord de la .France, de Braunchislsch,
préfet de Seine-et-Oise, ont aussi quitté la
ville.
Jeudi, le général de Voigts-Rhetz, com-
mandant la place, s'est rendu, accompaDné
de trois aides de camp, à la mairie, pour an-
noncer son. départ au premier adjoint; il est
parti vendredi matin.
Un crime horrible a été commis dans la
commune de Lotliughein (Pas-de-Calais), et
y a caùsé une impression pénille:
L. se maria le 10 septembre dernier et
vécut un certain temps en bonne intimité
avec sa femme.
Mais il y a quelques mois, à la suite d'une
discussion violente, les deux époux dureut
ge résoudre à vivre séparément..
La femme de L' se plaça comme domes-
L. poursuivi par l'idée que sa femme
avait essayé à plusieurs reprises de l'em-
poisonner, une fois entre antres, à ce
qu'il prétend, avec une solution d'allu-
mettes chimiques, et craignant qu'elle
n'eût l'intention bien arrêtée do le faire mou-
rir, ne put vivre un jour tranquille; son res-
sentiment s'accrut de toutes les peines, de
toutes les inquiétudes qu'il ressentit. C'èst
alors qu'il conçut l'affreux- projet de tuer sa
femme.
Dans la soirée du 28 février, il se glisse
dans le jardin de 31. le curé de Lot.'inghem,
se poste près de la fenêtre de la cuisine où
sa femnie. venait de prendre son repas du
soir, et attend, armé d'un fusil, qu'il avait
chargé de gros plombs, l'at-rivèe de sa fem-
me celle-ci ne tarde pas à entrer dans la
cuisine.
Elle vient s'asseoir près de la fenêtre. A la
vue de celle qui lui causait tant de peines mo-
rales, L. n'écoutant clue son ressentiment,
arme son fusil et le dirige contre sa femme;
puis, hors de lui-même, ne sachant plus ce
qu'il fait, il lâche la détente.
Le coup part. Les plombs brisant les vitrés
vont atteindre la malheureuse, qui tombe
baignée dans son sang. L. se sauve comme
un homme qui a perdu la raison, cache son
fusil où il peut, et se dirige vers un cabaret,
où il apprend que sa femme est morte.
Saisi par l'horreur du crime qu'il vient de
commettre, il déclare qu'il en est l'auteur et
se constitue de lui-même prisonnier entre
les mains des personnes qui viennent l'ar-
rêter.
Sa femme avait reçu toute la charge dans
le cou. Deux plombs avaient traversé long-
tudinalement le cou et brisé l'épine dorsale,-
près de l'atlas.
La mort a été instantanée. [L'Avenir.)
^Promenade à Saint-Dems
Les Prussiens sont toujours en nombre
considérable à Saint-Denis, dont ils ont pris
possession en maîtres, car doux pièces cte ca-
non sont placées sur la voie ferrée, prêtes à
mitrailler à volonté le train de voyageurs qui
's'avance.
Partout, sur la chaussée et les trottoirs, des
soldats étrangers 'Se promènent la pipe de
porcelaine à la bouche.
Dans chaque maison, et à chaque étage,
des Saxons, des Bavarois, des Wurtcmbur-
geois, des Badois, des Prussiens, montrent
leur tête aux fenêtres, enveloppés souvent.
dans les robes de chambre du locataire qui
est obligé de les héberger, de les nourrir et
de les loger confortablement.
Passe-t-il dans la rue un de leurs officiers,
aussitôt les soldats se rangent, ôtent leur pipe
de la bouche, se collent contre le mur por-
tant la main à leur casque de cuir.
Souvent les yeux sont affectés par la vue
Feuilleton du 15 gars 1871
L'HOMME DE MINUIT
Par Etienne ÉNAULT et Louis JUDICIS
SECONDE PAHTIB
Suite
Un quar; d'heure après cftte rencontre,
Thérèse tombait presque inanimée entre les
bras de son père. Baltimore, la pressa long-
temps contre sa poitrine sans pouvoir pro-
noncer une parole, puis il la lit asseoir sur
'ses genoux et la contempla avec un ravisse-
nient qui prêtait une singulière expression
à son mâle et rude regard.
Voir le Petit Journal depuis le 28 janvier,
de maisons effondrées, de murs écroulés, de
toitures enfoncées, de meubles brisés, de
grilles tordues, de monuments tronqués par
les bombes et les obus de ces messieurs.
L'antique abbaye est fermée, heureuse-
ment pour les chefs-d'œuvre qu'elle contient,
car les soldats ne manqueraient pas de con-
tinuer leur œuvre de destruction surles tom-
beaux des rois.
Les habitants do Saint-Denis ne doivent pas
sortir avant six heures du matin, ni après
huit heures du soir, sous peine de la prison,
dont on no peut sortir qu'eu donnant 10 fr.
Les jours de marché, il se fait une prodi-
gieuse consommation de café noir et de
cognac.
Les soldats font cercleautour de ces maga-
sins ambulants .et- sourient aux marchandes
qui ne les comprennent pas.
Naguère encoreilsont réquisitionné (soyons
polis) toutes les pendules de la ville, et les
ont transportées chez un bijoutier, M, Godi-
neau, ou ils out fait une exposition de ces
pendules.
A leur départ pour l'Allemagne, les pen-
dules peuî-êlre suivent le mouvement, et le
mouvement les pendules.
On n eulend partout qu'un langage'' tudes-
que aussi dur que disgracieux.
Ou se croit entln dans' quelque place for'e
de Radsdadî ou de Mayence, et quand vous
reprenez le tran qui vous ramène à Paris.
vous Bombiez renaître à la vie, vous respirez
librement comille au sortir djuu long cauehi
mar, et pourtant vous n'êtes resté qu'une
heure en Prusse
MARC CONSTANTE.
NÉCROLOGIE
On annonce la mort
De Mme Louise Colet, à Nice;
Do M. Puvis de Chavanne, député de Saô-
nc-et-Loire, à Bordeaux.
De MM. Hardouin et Calmète, conseillers
honoraires à la Cour de cassation.
lies e fFets de cosasinerce
La presse est unanime pour blâmer l'empresse-
ment mis par le ministre''de la justice à faire voter
le décret sur tes effets de commerce, décret qui sou-
met les commentants fi, payer a\ant le désinvest;sse-
ment complet de Paris et In reprise des affaires. Etait
ce au ministre de la justice s trancher cette ques-
tion, en l'absenee'de ses collègues du commerce et
des finances ?.
Le Soir, qui pose cette question, ajoute:
Le ministre de la justice nous objectera-
t-il qu'il s'est entouré des conseils deshom-
mes compétents ? Nous dira-t-il qu'il il con-
sulté MM, Fiouland de la Banque de France
et Frémy du Crédit foncier, cela ne nous sa-
tisferait pas le moins du monde nous con-
naissons la compétence de ces messieurs en
certaines matières, nous la nions absolu-
ment pour celle qui nous occupe, puis en-
fin pourquoi l'urgence demandée par le chef
du pouvoir exécutif, en quoi était-elle néces-
saire pour une loi qui ne changeait absolu-
ment rien à la situation présente?
En effet, le décret du gouvernement du 4
septembre avait fixé la première échéance au
15 mars. La loi consacrant l'effet de ce décret,
n'avait rien d'urgent puisqu'elle ne modifiait
absolument rien à la situation présente il
est vrai que pour les échéances suivantes,
elle devient aggravante, mais il n'y avait là
Nous le disons avec regret, la manière
mystérieuse dont cotte loi a été élaborée, ré-
digée, et la précipitation avec laquelle elle a
été présentée, semblent un désir d'être agréa-
ble à quelques-uns, au préjudice, au grand
préjudice de tous et du crédit public lui-mê-
me dans tous les cas, elle dénote une igno-
rance complète de 1 situation et des intérêts
généraux du commerce, de l'industrie et du
pays tout entier.
Serons-nous donc toujours condamnés à
voir nos intérêts les plus chers, les plus sé-
rieux, livrés à des intérêts do coterie ou ré-
lementés par des orgueilleux, aussi incapa-
bles qu'incompétents? Nous ne pouvons nous
figurer quel peut être le mobile de cette loi
détestable, à moins que le gouvernement ait
Ma fille! dit-il enfin en la dévorant de
baisers et de caresses, ma pauvre Thérèse
'tu ne m'as donc pas abandonné, toi! tu n'as
donc pas craint, en passant sous ces infâmes
guichets, d'entendre résonner à tes oreilles
ces affreuses paroles Voici la fille du bandit,
la fille de l'assassin
Taisez-vous, oh taisez-vous s'écria
Thérèse en appliquant sa main frémissante sur
les lèvres du prisonnier. Que m'importent les
noms odieux dont vous insulte la haine juste
ou imméritée dés hommes n'avez vous pas
toujours été pour moi le meilleur et le plus
tendre des pères? 1 Quel nom mérilerais-je, à
mon tour. si je désertais lâchement votre in-
fortune, si je résistais à cotte voix impérieu-
se de ma conscience qui me crie d'essuyer
vos larmes avec mes baisers!
Après ces premières en usions de tendresse.
Baltimore interrogea Thérèse sur l'état de
MalbJlde. Au récit de la suprême agonie de
celte intelligence déjà si dégradée, un éclair
de fureur embrasa les yeux du bandit, et il se
mita bondir entre les\murs étroits de son
cachot comme une bête fauve qu'une main
téméraire irrite derrière les barreaux de sa
cage. C'est par des éclats semblables que se'
révélait toujours son amour pour la pauvre
folle; chez cet homme aux passions moins
tendres qu'impétueuses, la piiié pour la vic-
time était surtout de la haine pour le bour-
reau. Au plus fort de cette tempête, la porte
du cachot s'ouvrit de nouveau et un homme
l entra c'était Bernard Gantz.
Comme Thérèse, l'usurier n'avait pu jus-
voulu, enla proposant, se créer une ressource
par la perception des droits de timbre et
d'enregistrement que vont lui produire les
protêts, et les nombreuses poursuites qui en
seront la conséquence.
Cette loi, ajoute le Soir, décrète la ruine du pays,
la faillite en masse; elle ajourne indéfiniment la re-
prise du travail et des affaires.
Thiais, 13 mars 1871.
Monsieur le Directeur,
La commune de Thiais, près Choisy-te-Roi, a été
mise en émoi hier dimanche, iL 6 heures du soir, par
l'explosion d'un obus du plus fort calibre que le
sieur Alloncle, aidé de son cousin, venaient de cher-
cher dans une propriété de la commune.
Ces jeunes gens voulant décharger cet obus pri-
rent uu marteau et frappèrent dessus, quand une
épouvantable détonation s'est fait entendre. On ac-
courut au secours des deux jeunes gens qui étaient
dans un état effrayant.
L'on fit venir en toute hate cinq médecins majors de
l'armée prussieaqe, qui jugèrent .que pour le jeune
Alloncle l'amputation était nécessaire au-dessus du
gi'iiou de la jambe droite; l'autre jambe moins bles-
sae est tellement latiourée par les éclats que l'ampu-
tation en sera peut-être nécessaire.
Pour le cousin un pied été littéralement coupé
au-dessus de la cheville; la bonne, jeune personne
'de 23 ans, a été retrouvée dans une autre niùce de la
maison dans un état non moins alarmant que les
deux. jaunes gens; clle avait les mains brisées et la
cuisse ouverte dans toute la longueur.
Aprés les premiers soins donnés avec beaucoup
d'intelligence par les chirnrgiens, les trois victimes
ont été transportées à l'hôpital des incurables d'Ivry.
Après de sembtables malheurs, il est un devoir de
prévenir du danger qu'eues ont à courir, les per-
sonnes qui auraient en leur possession des projec-
tiles et qui voudraient les déchaiger.
Agréez, etc.
ÉRART,
Rnbitant de la commune de Thiats,
2e Conseil de Guerre de Lyon
PRÉSIDENCE DE M. LELEU, LIEUTENANT-COLONEL
AFFAIRE DE LA CROIX-ROUSSI
Assassinat du commandant Arnaud,
Séance du 4 mars
Chaque jour apporte un aliment nouveau
à la curiosité du nombreux auditoire.
La question palpitante du procès a com-
mencé à se dessiner a grands traits hier.
La vérilé légale s'est dessinée nettement
aujourd'hui; elle se formulera davantage.
Les dépositions du commandant Vincent,
de la veuve Arnaud, de la tille lsoard. ont
préoccupé à un point indicible l'attention.
On s'entretient dans le public des statuts
de l'Internationale, publiés dans le numéro
d'hier du Petit Journal. Lisons, pour rendre
hommage à la vérité, qu'ils sont puisas exclu-
sivement dans le dossier Deloche, et que,.
jusqu'à présent; ils n'ont Irait qu'à cet accusé.
Une erreur regrettable s'est glissée dans
notre numéro de vendredi. Eu reproduisant
la déposition du témoin Tivillion, nous lui
avons fait dire qu'il a vu [loyer tirer sur le
commandant Arnaud, sur l'ordre de Deloche.
Le témoin n'a pas dit cela, et, s'il a été af-
firmatif sur d'autres accusés, il a formelle-
ment nié cour Boyer.
Dans ce" compte rendu très long et très dé-
taillé, c'est la seule erreur grave qui nous
soit signalée, et nous pouvons allirmer que ce
résultat d'exactitude est un tour de force; car
au milieu de dépositions souvent confuses, il
faut une puissance d'attention telle que nous
sommes heureux de rendre hommage à nos
deux sténographes, dont les relevés se con-
trôlent l'un par l'autre.
Disons toutefois que Benoît proteste con-
tre la qualification de sacristain qui lui a été
donnée. 11 était organiste à l'église Saint-
Clair.
Une erreur d'impression nous a fait dire
une tois que Graillat sonuait le clairon, c'est
Grinand qu'il faut lire.
Enfin, nous avons reçu une longue lettre
de M. Lentillon, notaire à Thurins, aujour-
qu'à ce jour franchir la porte de la prison
comme Thérèse, il s'était hâté d'accourir dès
qu'il avait appris qu'une main amie pouvait
se placer dans celle de Baltimore. A la vue
de Bernard, le chef de bandits respira
bruyamment. Ce nouveau témoignage d'in-
térêt que lui donnait un homme a qui il
avait rendu, il est vrai, un signalé service,
mais qui pouvait se croire quitte de recon-
naissance après son intervention efficace
dans l'événement de Gavaruie, lui causa une
émotion qu'il.ne songea pas à dissimuler. Il
et le mépris qu il affichait en toute occasion.
pour le mai d'autrui étaient bien de nature
à autoriser tous les genres de surprise.
Maîtro Gantz ne se montra pas blessé de
l'étonnement de Baltimoro il avait toujours
considéré la susceptibilité comme une niai-
serie fort nuisible en affaires, et la facilité
avec laquelle il endossait tous- les affronts
lorsqu'il voyaitau bout quelque profit a faire,
[ s'était étendue à la longue au delà du cercle
des spéculations commerciales, et ne s'offen-
sait pas plus du sceplieismedc ses rares amis
que de la haine de ses dupes. En cette occa-
sion, comme toujours, il se contenta d'arti-
[culer sa petite toux aigrelette, et il s'écria
d'un ton enjoué et railleur à la fois
Eh bien, oui, c'est moi, c'est bien moi,
Bernard Gantz. Me prenez-vous par hasard
pour saint Vincent de Paul? Ne peut-on venir
visiter un ami en prison sans avoir'l'air d'un
monsieur qui sollicite la croix d'honneur ou
d'un. bonnetier philanthrope?
d'hui l'un des défenseurs de Deloche mais
cette lettre préjugeantles moyens de défense
nous devons ne pas la publier.
Comme les jours précédents, l'affluence
est considérable aux abords du palais de jus-
tice et dans la salle des Pas-Perdus.
Le service est fait par la garde nationale
daus les conditions déjà décrites
La garde des accusés est renforcée de qua-
tre gendarmes, ce qui porte leur nombre à
.Nous remarquons dans l'enceinte réservée
deux jolies cantinières de la garde nationale
de Lyon.
La séance est ouverte à onze heures et
demie.
Il reste 92 témoins à chargea entendre, p'us
60 témoins à décharge.
Il n'y aura pas d'interruption demain di-
manche. Le conseil siégera. fi n'y aura pas
non plus de séance de nuit, suivant la vo-
lonté exprimée par M. le président.
Suite des témoins
Trillet, 15 ans, employé de commerce.
Le '21 décembre, dans un groupe, lTarciltet a dit
On a bien l'ait de tuer Arnaud et si j'avais eu mo
fu3il, je l'aurais tué moi-même.
L'accusé reconnaît avoir dit ces paroles, mais
disant que: c'est parce qu'Arnaud avait fait
sur lui.
Cinquin, 47 ans. marchand de crépins
hlarcltlel a dit, le 20. vers midi et demi, qu'A.
naud lui avait tiré dessus et ajoute Arnaud n'a.
que ce qu'il mérite.
Jf. le commissaire. N'avez-vous pas trouvé vk
placard à votre porte ?
Le témoin. Oui, 4 ou 5 jours après il portait
« Le citoyen Allard est un des assassins du com-
mandant Arnaud. v
Je l'ai remis à l'autorité.
M° Georges. Le témoin a dit que la maison était
un repaire de gens de mauvaise vie.
Le témoin. Je l'ai dit pour l'avoir entendu dire
par des personnes, devant le juge-de-paix de la
Croix.-Rousse.
M' Georges. -Le commissaire, du quartier parlera
bien autrement.
Olichut dépose comme les précédentssur Marcillet
Dumas, capitaine adjudant-major au 4' bataillon
de la garde nationale.
Le ?0 décembre, je sortais de chez moi. Dans la
grande rue d'Enfer, je vis venir à moi dix ouvrier:
qui me dirent: on veut mettre le feu la poudrière
Envoyez des hommes pour mettre un peu d'ordr(
dans le désordre. D'autres me dirent Si vous n(
voulez pas envoyer du renfort, on va sonner le
tocsin. Je me plaçai devant l'église pour éviter l'a-
lsrme. Le commandant Chavent me vit sur le per-
ron de la mairie. Un homme nous dit bientôt il va
y avoir une manifestation de femmes en noir, por,
tant des drapeaux rouges et noires.
On somma bientôt le commandant Chavent de sq
mettre en route pour descendre et à'eiaparef du
préfet, de M. Leroyer et autres.
M. Chavent répondit
« Je ne commande pas un bataillon de femmes,
je n'obéirai pas. »
On lui arracha la barbe, mais je dois dire qu'il
n'a pas été soufleté.
Mme Brun mvectiva M. Chavent de la façon
plus maltonnéte. M. Chavant riait, Mme Brun arra.
cha son képi et le jeta sur le boulevard. Elle nou.'
insulta, disant que nous étions des officiers de rien.
A moi elle adressait des injures plus atroces, ml
disant cependant que ce n'était pas à moi qu'elle en
voulait mais à un autre.
Nous n'avions que très peu de monde au posta
On me somma de battre la générale, et le comman-
dant Chavent de se mettre à la tète de la garde ha<
tionale.
Je donnai l'ordre aux tambours de battre la gé.
nérale et non le rappel. 1
Pendant ce temps se passait ce que vous savez t
l'arrestation de M. Chavent.
J'ai vu la femme Brun injurier 16 commandant
Gaubié.
Bientôt après, j'appris la mort de M. Arnaud.
Quatre hommes vinrent chercher un brancard ,poux
transporter à la mairie le corps du malheureux corn-
mandant.
Bientôt survint une extrême agitation. Les unt
disaient
Pardonuezmoi, mon cher ami, répondi`
Baltimore en pressant cordialement la mai*
sale et crochue de l'usurier; j'ai tellement
désappris la confiance.
Trêve de sensiblerie répondit Bernard
je ne suis pas venu ici pour m'attendrir; jo-
ne saurais pas, d'ailleurs, comment m'y pren<
dre. Parlons peu, mais parlons bien. Corn
ment la police, sage et discrète personne,
a-t-elle découvert votre piste?
L'ignorez- vous donc? demanda Balti-
more n avez-vous pas deviné que j'aî été dé
noncé par le comte de Villetleur?
Je m'en doutais, reprit l'usurier; mais ï
me faudrait une certitude.
Tenez-vous donc pour convaincu, maîtn
Bernard, j'ai été confronté avec ce misérable
et il n'a pas craint de me désigner, moi pré
sent, comme le chef de la bande qui a deva
lise don Balthazar Higuierro dans les gorge;
du Vignemale. Maintenant, une question 3
mon tour Quel parti comptez-vous tirer de
l'infamie de cet homme?
L'usurier ne répondit à cette question, qu(
par un léger accès de sa toux habituelle.
Bernard, s'écria Baltimore en se.
couant avec force le bras du vieil usu<
rier. vous êtes un homme positif et ré,
solu donc. le péril auquel vous vous exil
posez en pénétrant dans cette prison a urç
motif plus utile que le désir de voir un ami,
tranchons le mot, un complice. Eh bien, H
ne vous demande pas votre secret, mais u
vous jure, entendez-vous sur la vie de Thé]
rèse, de ma fille
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