Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1870-03-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 20 mars 1870 20 mars 1870
Description : 1870/03/20 (Numéro 2635). 1870/03/20 (Numéro 2635).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590687f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
bureaux rue de La Fayette*
librairie du Petit Journal
Abormementl Parti
SIX mois 3 peu
C» AN.•••••• ISFB.
UN NUMÉRO 5 CENTIMES
TROIS MOIS 6Fa.
SIX MOIS.
Ilailième Anaéa ;oa2,635
Dimanche 20 Mars 1870
̃ BAMEPI 19 MARS •'
LES PROMESSES DU PRfcfp
Mesdames,, c'est à vous que ce dis-
cours, je veux dire que cette chronique
5"adresse.
N'allez pas croire au moins que c'est
exceptionnellement si je m'occupe de
•vous. Au contraire, je m'efforce sans cesse
!,de deviner vos goûts, de suivre vos pen-
sées;" et. si" quelquefois je vous ai fait en-
tendre la rude voix de la vérité, c'est
pour mieux vous prouver que je vous
aime véritablement.
JS'ayez-vous pas tous les charmes et
toutes les délicatesses, et, quoique nous
fassions, ne sommes-nous pas vos très
.humbles esclaves?
Votre puissance est solidement éta-
blie;, tout.le monde s'incline devant vous
en France, et pour obtenir vos bonnes
grâces, il n'est rien qu'on ne fasse.
Tout le monde, ai-je dit, et voilà pré-
cisément ce qui a failli causer mon tour-
ment..
Jugez-en vous-mêmes.
J'avais besoin pour aujourd'hui d'un
.magnifique `bouquet que je désirais offrir
-à une .dame, le jour de sa fete, en recon-
naissance .des soirées charmantes aux-
quelles elle m'avait convié cet hiver.
Naturellement j'ai écrit à Nice; je de-
mandais une montagne de violettes de
Parme entourée d'une couronne de ca-
mélias.
Mais j'ai reçu avant-hier la dépêche
suivante
THOMAS GRIMM,
Petit Jou1'na
Paris.
lmpossible de vous expédier bouquet pour
Toutes violettes accaparées par magasin
Printemps, Paris.
ROSSIGNOL.
Printemps Rossignol Etait-ce
'une mystification?
Je n'avais qu'un parti à prendre. C'é-
tait d'aller m'informer, boulevard Hauss-
'mànn, auprès du directeur du magasin
de nouveautés le Printemps. C'est ce que
j'ai tait, et bien m'en a pris, car je puis
,vous parler dès aujourd'hui, mesdames,
des galantes surprises qui vous y atten-
dent à partir du 21 de ce mois.
Les magasins du Printemps, faisant
Feuilleton dn 20 Jars
Clique Dorée
(Balte.)
Si rare que fût l'impudence do Crochard,
`dit Bagnolet, il demeura interdit, et d'un
regard inquiet et rapide il interrogea la
physionomie du juge, et celle du chirurgien-
major, et celle aussi de Lefloch, qui se te-
inait debout, immobile, au pied du lit de son
lieutenant.
(Voir le Petit Journal depuis le 7 décembre^
Reproduction et traduction interdites.
Éotmieur à leur titre, offriront ce jour-là
à-'rtoutes les dames qui iront visiter sa
grande exposition, un odorant bouquet
de violettes doubles, venant de Nice.
J'aurais manqué à tous mes devoirs de
chroniqueur, si je n'avais pas abusé de
ma visite intéressée pour obtenir du di-
recteur du Printemps, les renseignements
qui peuvent vous intéresser.
M. Jules Jaluzot s'est mis d'ailleurs à
ma disposition avec une bonne grâce par-
faite; je suis maintenant d'une très jolie
force sur les étoffes chatoyantes et sur les
rubans multicolores.que les dames chif-
fonnent avec tant de plaisir.
Les grands magasins.de nouveautés li-
vrent à l'ouverture de chaque saison une
véritable bataille, qui s'appelle une -ex-
position général. ̃
Il faut s'y préparer plusieurs mois à
l'avance, faire fabriquer d'énormes quan-
tités d'étoffes à Lyon, en Angleterre, en
Suisse, dans tous les grands centres de
production.
Toutes ces nouveautés sont mises en
réserve, et pendant la nuit qui précède
l'exposition, grand branle-bas de combat.
Les chefs de rayon, les commis, les em-
ployés et au Printemps ce personnel
se -.compose de plus de 200 employés-
tout le monde travaille avec une fébrile
activité.
Des monceaux d'étoffes sont déplies
les soieries sont étalées avec des plis co-
quets et séduisants; les dentelles, les ru-
bans, les fleurs, sont amoncelés dans un
beau désordre qui est véritablement un
effet de l'art.
Tout cela frais, pimpant, nouveau tou-
jours, inédit le plus souvent.
Comment résister à tant de séductions?
Vous n'y résistez pas, mesdames,
avouez-le et vous ne manquez pas de vi-
siter une exposition générale, surtout
lorsqu'elle vous réserve une gracieuse
surprise.
On m'a montré, chose incroyable, des
robes toutes faites à 9 tr. 50. Ces robes
sont simples sans doute, mais de fort bon
goût; Ue vous assure que la demoiselle
qui en avait passé une pour m'en mon-
trer le genre, était fort gentiment vêtue.
Elle était jolie, du reste, ce qui certai-
nement ne saurait nuire à une toilette.
Mais il ne suffit pas, pour avoir une
Il avait trop l'expérience des formes de
la justice, pour ne pas comprendre qu'il s'é-
tait bercé d'illusions absurdes, et que sa si-
tuation était bien plus périlleuse qu'il ne
l'avait soupçonné. Mais ou voulait-on en ve-
nir, qu'avait-on découvert, que savait-on au
juste? L'effort qu'il faisait pour l'imaginer
donnait à son visage une ex pi ession atroce.
Vous avez entendu, Crochard in-
sista le juge.
Déjà, grâce à une puissante secousse de sa
volonté, le prévenu était redevenu maître
On n'est pas sourd 1. répondit-il, de
cet accent indébile qui trahit l'ancien rôdeur
des barrières de Paris. J'entends très
bien. seulement, je ne comprends pas du
Mal plané pour épier les impressions de
Crochard, le juge s'était levé sans affectation
et était allé s'adosser à la cheminée.
Vous comprenez au contraire fort bien,
prononça-t-il durement. Le lieutenant
Champèey dit que vous êtes bien l'homme
qui a tenté de le noyer dans le Don-Naï.
Il vous reconnaît.
C'est impossible s'écria le prévenu,
ça c'est impossible, car.
Mais le reste de la phrase expira dans son
gosier.
Une soudaine réflexion lui avait montré
clientèle sérieuse, de faire de loin en loin
une exposition générale; un grand maga-
sin doit avoir une spécialité a lui, ce que
nous appellerions en librairie un livre de
fond.
Le Printemps a compris le premier
cette nécessité, et il a créé une étoffe de
soie noire qu'il appelle le Marit-Blanche
et qui est à la fbis brillante, d'une qualité
irréprochable et d'un prix très modéré.
1 M. Jules Jàluzot, le propriétaire et le
fondateur des grands magasins du Prin-
temps, avait remarqué que parmi les étof-
fés de soie noire, dont les prix varient
entre 5 et 20 fr. le mètre, celles qui sa-
tisfaisaient le plus les acheteurs et pour
lesquelles on avait le plus rarement des
réclamations coûtait de 8 à 12 fr. le
mètre.
Il a donc fait une étude spéciale sur
ces étoffes; il les a décomposées fil par
fil; il a noté soigneusement la quantité
de soie employée, le poids de la chaîne
et de la trame, leur combinaison mathé-
matiquement puis, il a fait fabriquer le
Marie-Blanche, et il en connaît si bien la
fabrication, qu'il peut le garantir sans
crainte.
J'ai profité de l'obligeance de mon ci-
cérone pour visiter ces vastes magasins
de la cave au grenier. Je n'exagère rien;
le sous-sol est occupé par les rayons de
blanc, toiles, calicots, bureaux de pro-
vince, etc., de telle sorte que M. Jules
Jaluzot à dû louer dans une maison voi-
sine une cave pour son usage parti-
culier.
C'est une dure nécessité surtout lors-
que comme lui on est propriétaire de
l'immeuble dans lequel sont établis ses
magasins.
Ce fait, très important, explique com-
ment le Printemps peut établir ses arti-
cles à des prix d'un bon marché remar-
quable. Il n'est pas soumis à un loyer
écrasant; tous les services sont centra-
lisés la surveillance est plus aisée, et
pour employer un mot de commerce le
coulage plus facile à éviter.
Il y a dans cette situation une analo-
gie avec le Petit Journal, propriétaire lui
aussi de l'hôtel dans lequel tous les ser-
vices sont réunis, ce qui lui permet de
faire de notables économies, et par consé-
quent de donner les magnifiques résul-
tats que tout le monde connaît.
Nous avons eu plusieurs fois l'occasion
de vous parler de notre organisation, et
le piège qui lui était tendu, piége familier
aux juges d'instruction, et terrible par sa
simplicité même.
Encore un neu et il s'écriait
« C'est impossible, car la nuit était
bien trop noire pour qu'on pût distinguer les
traits d'un homme. »
Et c'eût été comme un aveu, et il n'eût
plus su que répondre au juge, qui n'aurait
pas manqué de lui demander
« Comment savez-vous que l'obscurité
était si profonde sur les bords du fleuve?.
Vous y étiez donc?. »
Tout blême du danger qu'il venait d'évi-
ter, il dit simplement.
L'officier se trompe.
Je ne le pense pas, fit le juge.
Et se retournaut vers Daniel
Persistez-vous dans votre déclaration,
lieutenant? interrogea-t-il.
Plus que jamais, monsieur. J'affirme
sur l'honneur que je reconnais la voix de cet
homme. Lorsqu'il m'a,proposé un bateau,
il parlait une sorte de jargon à peine com-
préhensible, cousu de mots anglais et espa-
gnols, mais il avait oublié de changer ses
intonations et son accent.
Affectant une assurance déjà bien loin de
son esprit, Crochard, dit Bagnolet, haussait
les épaules d'un air dédaigneux.
Est-ce que je sais l'anglais ? fit-il est-
tout le premier je prends un grand plai-
sir à m'initier aux détails de cette mer-
veilleuse administration du Petit Journal^
qui fait vivre, tant à Paris que dans les
départements, environ douze mille per-v
sonnes. Bientôt sans doute je vous la ie-^
rai connaître dans tous ses détails; mai&,
j'avoue que je ne me doutais pas de ce:
u'est une grande maison de nouveautés.
C'est un monde.
Pour pouvoir répondre à toutes vos de^
mandes, mesdames, pour satisfaire à vos'
moindres fantaisies, il faut avoir toujours
un assortiment de toutes sortes d'étoffes:
et de colifichets, qui né représentent pas
moins de 3 millions de francs; 225 per-t
sonnes environ, chefs de rayon, employés,
commis, caissiers, demoiselles de comp-'
toir, sont à vos ordres, sans compter les"
porteurs qui vont à domicile vous remet-'
tre vos paquets.
Et puis, fussiez-vous entrées une seule
fois au ,Printemps, et n'y eussiez-vous
acheté qu'une robe de laine, votre nom.
et votre adresse sont relevés et vous re-)
cevez à chaque saison les catalogues des;
expositions non pas une aride nomen-
clature, mais de véritables volumes illus-;
très.
J'ai appris avec une véritable stupé-*
faction qu'on n'y emploie pas moins de
25,000 fr. d'étoffes de soie pour la seul
fourniture des échantillons. D'ingénieur
ses machines ont été créées tout exprè
pour les découper. J
La création de ce catalogue fut une ex-^j
cellenteidée; ils font la joie de toutes les
dames, qui se livrent à mille combinai-j
sont et font de magnifiques châteaux e
Espagne, sauf à changeur toutes leurs
combinaisons quand elles sont dans 1
sanctuaire des nouveautée, ne fut-ce que
pour donner raison à la devise de Fran-f
çois Ier
Souvent femme varie,
Mais bien entendu que nous parlons
chiffons; c'est donc moins que jamais le
cas d'ajouter le second vers, par trop ir-
révérencieux
Bien fol est qui s'y f e.
Bien au contraire; en ces matières, il
faut vous croire aveuglément.
Mais je m'aperçois que je suis bien loin'
de mon point de départ. On a bien raison
de dire que tout est dans tout. Je ne
croyais certainement pas qu'un bouquet
de violettes me ferait faire tant de che*
min.
Si vous vous êtes intéressées a ma mé^
ce que je sais l'espagnol?
Non, très probablement. Mais comme
tous les Français qui ont habité les colonies',
comme tous les soldats de l'infanterie de mï.|
rine, vous devez connaître un certain nom*
bre de mots de ces deux langues.
A la grande surprise de Daniel et du doc-;
teur, le prévenu ne protesta pas. On eût di£.
qu'il se sentait attiré ver3 un terrain dari-!
gereux. j
N'importe! fit-il du ton le plus^rw
rogant, il est tout de même un peu fort d'ac-
cuser un honnête homme d'un crime, parce
que sa voix ressemble à celle d'un coquint
Le magistrat hochait doucement la tête. j
Prétendez-vous être un honnête hom~,
me, vous, CrocharJ? fit-il.
Commen;, si je le prétends! Qu'ott
fasse venir mes patrons.
C'est inutile. Je connais votre passe,
depuis la première escroquerie, qui vous a
valu quelques mois de prison, jusqu'au vol
qualité pour lequel vous avez té condamné
aux travaux forcés, lorsque vous étiez au ré-
giment.
Une profonde stupeur se lisait sur les traits
de Crochard, mais il n'était pas homme à
abandonner, sans la disputer, une partie
dont sa tête était l'enjeu.
Eh bien! vous êtes dans l'erreur, mon*,
sieur le jnge, pvonou^art-il froidement.g{
librairie du Petit Journal
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SIX mois 3 peu
C» AN.•••••• ISFB.
UN NUMÉRO 5 CENTIMES
TROIS MOIS 6Fa.
SIX MOIS.
Ilailième Anaéa ;oa2,635
Dimanche 20 Mars 1870
̃ BAMEPI 19 MARS •'
LES PROMESSES DU PRfcfp
Mesdames,, c'est à vous que ce dis-
cours, je veux dire que cette chronique
5"adresse.
N'allez pas croire au moins que c'est
exceptionnellement si je m'occupe de
•vous. Au contraire, je m'efforce sans cesse
!,de deviner vos goûts, de suivre vos pen-
sées;" et. si" quelquefois je vous ai fait en-
tendre la rude voix de la vérité, c'est
pour mieux vous prouver que je vous
aime véritablement.
JS'ayez-vous pas tous les charmes et
toutes les délicatesses, et, quoique nous
fassions, ne sommes-nous pas vos très
.humbles esclaves?
Votre puissance est solidement éta-
blie;, tout.le monde s'incline devant vous
en France, et pour obtenir vos bonnes
grâces, il n'est rien qu'on ne fasse.
Tout le monde, ai-je dit, et voilà pré-
cisément ce qui a failli causer mon tour-
ment..
Jugez-en vous-mêmes.
J'avais besoin pour aujourd'hui d'un
.magnifique `bouquet que je désirais offrir
-à une .dame, le jour de sa fete, en recon-
naissance .des soirées charmantes aux-
quelles elle m'avait convié cet hiver.
Naturellement j'ai écrit à Nice; je de-
mandais une montagne de violettes de
Parme entourée d'une couronne de ca-
mélias.
Mais j'ai reçu avant-hier la dépêche
suivante
THOMAS GRIMM,
Petit Jou1'na
Paris.
lmpossible de vous expédier bouquet pour
Toutes violettes accaparées par magasin
Printemps, Paris.
ROSSIGNOL.
Printemps Rossignol Etait-ce
'une mystification?
Je n'avais qu'un parti à prendre. C'é-
tait d'aller m'informer, boulevard Hauss-
'mànn, auprès du directeur du magasin
de nouveautés le Printemps. C'est ce que
j'ai tait, et bien m'en a pris, car je puis
,vous parler dès aujourd'hui, mesdames,
des galantes surprises qui vous y atten-
dent à partir du 21 de ce mois.
Les magasins du Printemps, faisant
Feuilleton dn 20 Jars
Clique Dorée
(Balte.)
Si rare que fût l'impudence do Crochard,
`dit Bagnolet, il demeura interdit, et d'un
regard inquiet et rapide il interrogea la
physionomie du juge, et celle du chirurgien-
major, et celle aussi de Lefloch, qui se te-
inait debout, immobile, au pied du lit de son
lieutenant.
(Voir le Petit Journal depuis le 7 décembre^
Reproduction et traduction interdites.
Éotmieur à leur titre, offriront ce jour-là
à-'rtoutes les dames qui iront visiter sa
grande exposition, un odorant bouquet
de violettes doubles, venant de Nice.
J'aurais manqué à tous mes devoirs de
chroniqueur, si je n'avais pas abusé de
ma visite intéressée pour obtenir du di-
recteur du Printemps, les renseignements
qui peuvent vous intéresser.
M. Jules Jaluzot s'est mis d'ailleurs à
ma disposition avec une bonne grâce par-
faite; je suis maintenant d'une très jolie
force sur les étoffes chatoyantes et sur les
rubans multicolores.que les dames chif-
fonnent avec tant de plaisir.
Les grands magasins.de nouveautés li-
vrent à l'ouverture de chaque saison une
véritable bataille, qui s'appelle une -ex-
position général. ̃
Il faut s'y préparer plusieurs mois à
l'avance, faire fabriquer d'énormes quan-
tités d'étoffes à Lyon, en Angleterre, en
Suisse, dans tous les grands centres de
production.
Toutes ces nouveautés sont mises en
réserve, et pendant la nuit qui précède
l'exposition, grand branle-bas de combat.
Les chefs de rayon, les commis, les em-
ployés et au Printemps ce personnel
se -.compose de plus de 200 employés-
tout le monde travaille avec une fébrile
activité.
Des monceaux d'étoffes sont déplies
les soieries sont étalées avec des plis co-
quets et séduisants; les dentelles, les ru-
bans, les fleurs, sont amoncelés dans un
beau désordre qui est véritablement un
effet de l'art.
Tout cela frais, pimpant, nouveau tou-
jours, inédit le plus souvent.
Comment résister à tant de séductions?
Vous n'y résistez pas, mesdames,
avouez-le et vous ne manquez pas de vi-
siter une exposition générale, surtout
lorsqu'elle vous réserve une gracieuse
surprise.
On m'a montré, chose incroyable, des
robes toutes faites à 9 tr. 50. Ces robes
sont simples sans doute, mais de fort bon
goût; Ue vous assure que la demoiselle
qui en avait passé une pour m'en mon-
trer le genre, était fort gentiment vêtue.
Elle était jolie, du reste, ce qui certai-
nement ne saurait nuire à une toilette.
Mais il ne suffit pas, pour avoir une
Il avait trop l'expérience des formes de
la justice, pour ne pas comprendre qu'il s'é-
tait bercé d'illusions absurdes, et que sa si-
tuation était bien plus périlleuse qu'il ne
l'avait soupçonné. Mais ou voulait-on en ve-
nir, qu'avait-on découvert, que savait-on au
juste? L'effort qu'il faisait pour l'imaginer
donnait à son visage une ex pi ession atroce.
Vous avez entendu, Crochard in-
sista le juge.
Déjà, grâce à une puissante secousse de sa
volonté, le prévenu était redevenu maître
On n'est pas sourd 1. répondit-il, de
cet accent indébile qui trahit l'ancien rôdeur
des barrières de Paris. J'entends très
bien. seulement, je ne comprends pas du
Mal plané pour épier les impressions de
Crochard, le juge s'était levé sans affectation
et était allé s'adosser à la cheminée.
Vous comprenez au contraire fort bien,
prononça-t-il durement. Le lieutenant
Champèey dit que vous êtes bien l'homme
qui a tenté de le noyer dans le Don-Naï.
Il vous reconnaît.
C'est impossible s'écria le prévenu,
ça c'est impossible, car.
Mais le reste de la phrase expira dans son
gosier.
Une soudaine réflexion lui avait montré
clientèle sérieuse, de faire de loin en loin
une exposition générale; un grand maga-
sin doit avoir une spécialité a lui, ce que
nous appellerions en librairie un livre de
fond.
Le Printemps a compris le premier
cette nécessité, et il a créé une étoffe de
soie noire qu'il appelle le Marit-Blanche
et qui est à la fbis brillante, d'une qualité
irréprochable et d'un prix très modéré.
1 M. Jules Jàluzot, le propriétaire et le
fondateur des grands magasins du Prin-
temps, avait remarqué que parmi les étof-
fés de soie noire, dont les prix varient
entre 5 et 20 fr. le mètre, celles qui sa-
tisfaisaient le plus les acheteurs et pour
lesquelles on avait le plus rarement des
réclamations coûtait de 8 à 12 fr. le
mètre.
Il a donc fait une étude spéciale sur
ces étoffes; il les a décomposées fil par
fil; il a noté soigneusement la quantité
de soie employée, le poids de la chaîne
et de la trame, leur combinaison mathé-
matiquement puis, il a fait fabriquer le
Marie-Blanche, et il en connaît si bien la
fabrication, qu'il peut le garantir sans
crainte.
J'ai profité de l'obligeance de mon ci-
cérone pour visiter ces vastes magasins
de la cave au grenier. Je n'exagère rien;
le sous-sol est occupé par les rayons de
blanc, toiles, calicots, bureaux de pro-
vince, etc., de telle sorte que M. Jules
Jaluzot à dû louer dans une maison voi-
sine une cave pour son usage parti-
culier.
C'est une dure nécessité surtout lors-
que comme lui on est propriétaire de
l'immeuble dans lequel sont établis ses
magasins.
Ce fait, très important, explique com-
ment le Printemps peut établir ses arti-
cles à des prix d'un bon marché remar-
quable. Il n'est pas soumis à un loyer
écrasant; tous les services sont centra-
lisés la surveillance est plus aisée, et
pour employer un mot de commerce le
coulage plus facile à éviter.
Il y a dans cette situation une analo-
gie avec le Petit Journal, propriétaire lui
aussi de l'hôtel dans lequel tous les ser-
vices sont réunis, ce qui lui permet de
faire de notables économies, et par consé-
quent de donner les magnifiques résul-
tats que tout le monde connaît.
Nous avons eu plusieurs fois l'occasion
de vous parler de notre organisation, et
le piège qui lui était tendu, piége familier
aux juges d'instruction, et terrible par sa
simplicité même.
Encore un neu et il s'écriait
« C'est impossible, car la nuit était
bien trop noire pour qu'on pût distinguer les
traits d'un homme. »
Et c'eût été comme un aveu, et il n'eût
plus su que répondre au juge, qui n'aurait
pas manqué de lui demander
« Comment savez-vous que l'obscurité
était si profonde sur les bords du fleuve?.
Vous y étiez donc?. »
Tout blême du danger qu'il venait d'évi-
ter, il dit simplement.
L'officier se trompe.
Je ne le pense pas, fit le juge.
Et se retournaut vers Daniel
Persistez-vous dans votre déclaration,
lieutenant? interrogea-t-il.
Plus que jamais, monsieur. J'affirme
sur l'honneur que je reconnais la voix de cet
homme. Lorsqu'il m'a,proposé un bateau,
il parlait une sorte de jargon à peine com-
préhensible, cousu de mots anglais et espa-
gnols, mais il avait oublié de changer ses
intonations et son accent.
Affectant une assurance déjà bien loin de
son esprit, Crochard, dit Bagnolet, haussait
les épaules d'un air dédaigneux.
Est-ce que je sais l'anglais ? fit-il est-
tout le premier je prends un grand plai-
sir à m'initier aux détails de cette mer-
veilleuse administration du Petit Journal^
qui fait vivre, tant à Paris que dans les
départements, environ douze mille per-v
sonnes. Bientôt sans doute je vous la ie-^
rai connaître dans tous ses détails; mai&,
j'avoue que je ne me doutais pas de ce:
u'est une grande maison de nouveautés.
C'est un monde.
Pour pouvoir répondre à toutes vos de^
mandes, mesdames, pour satisfaire à vos'
moindres fantaisies, il faut avoir toujours
un assortiment de toutes sortes d'étoffes:
et de colifichets, qui né représentent pas
moins de 3 millions de francs; 225 per-t
sonnes environ, chefs de rayon, employés,
commis, caissiers, demoiselles de comp-'
toir, sont à vos ordres, sans compter les"
porteurs qui vont à domicile vous remet-'
tre vos paquets.
Et puis, fussiez-vous entrées une seule
fois au ,Printemps, et n'y eussiez-vous
acheté qu'une robe de laine, votre nom.
et votre adresse sont relevés et vous re-)
cevez à chaque saison les catalogues des;
expositions non pas une aride nomen-
clature, mais de véritables volumes illus-;
très.
J'ai appris avec une véritable stupé-*
faction qu'on n'y emploie pas moins de
25,000 fr. d'étoffes de soie pour la seul
fourniture des échantillons. D'ingénieur
ses machines ont été créées tout exprè
pour les découper. J
La création de ce catalogue fut une ex-^j
cellenteidée; ils font la joie de toutes les
dames, qui se livrent à mille combinai-j
sont et font de magnifiques châteaux e
Espagne, sauf à changeur toutes leurs
combinaisons quand elles sont dans 1
sanctuaire des nouveautée, ne fut-ce que
pour donner raison à la devise de Fran-f
çois Ier
Souvent femme varie,
Mais bien entendu que nous parlons
chiffons; c'est donc moins que jamais le
cas d'ajouter le second vers, par trop ir-
révérencieux
Bien fol est qui s'y f e.
Bien au contraire; en ces matières, il
faut vous croire aveuglément.
Mais je m'aperçois que je suis bien loin'
de mon point de départ. On a bien raison
de dire que tout est dans tout. Je ne
croyais certainement pas qu'un bouquet
de violettes me ferait faire tant de che*
min.
Si vous vous êtes intéressées a ma mé^
ce que je sais l'espagnol?
Non, très probablement. Mais comme
tous les Français qui ont habité les colonies',
comme tous les soldats de l'infanterie de mï.|
rine, vous devez connaître un certain nom*
bre de mots de ces deux langues.
A la grande surprise de Daniel et du doc-;
teur, le prévenu ne protesta pas. On eût di£.
qu'il se sentait attiré ver3 un terrain dari-!
gereux. j
N'importe! fit-il du ton le plus^rw
rogant, il est tout de même un peu fort d'ac-
cuser un honnête homme d'un crime, parce
que sa voix ressemble à celle d'un coquint
Le magistrat hochait doucement la tête. j
Prétendez-vous être un honnête hom~,
me, vous, CrocharJ? fit-il.
Commen;, si je le prétends! Qu'ott
fasse venir mes patrons.
C'est inutile. Je connais votre passe,
depuis la première escroquerie, qui vous a
valu quelques mois de prison, jusqu'au vol
qualité pour lequel vous avez té condamné
aux travaux forcés, lorsque vous étiez au ré-
giment.
Une profonde stupeur se lisait sur les traits
de Crochard, mais il n'était pas homme à
abandonner, sans la disputer, une partie
dont sa tête était l'enjeu.
Eh bien! vous êtes dans l'erreur, mon*,
sieur le jnge, pvonou^art-il froidement.g{
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