Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-05-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 20 mai 1869 20 mai 1869
Description : 1869/05/20 (Numéro 2331). 1869/05/20 (Numéro 2331).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590382m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Le Petit Journal
3
CAUSERIE
J'ai toujours rêvé décrire un livre qui au-
rait pour titre « Les Choses qui s'en vont. »
Chaque génération, en effet, apporte et
emporte avec elle son contingent d'usages, de
modes et d'objets qui sont presque ignorés
de la génération qui suit.
L'autre jour, précisément, l'idée du vo-
lume en question m'est revenue à la pensée,
en voyant l'annonce de la vente après décès
ou faillite (je ne me rappelle plus exacte-
ment), d'un vieux fonds de magasin de fa-
bricant d'horloges à musique.
L'horloge à musique une chose qui
s'en val. on peut même dire une chose
qui s'en est allée!
Vous souvenez-vous comme Us firent flo-
rès aux abords de 1810, les tableaux mécani-
ques représentant un invariable paysage à
dispositions inamovibles?
.A droite, une chute d'eau; à gauche, deux
maisons et une église.
Dans le clocher de l'église, un cadran;
c'était là qu'était placé l'appareil. Et quand
l'heure sonnait, on entendait soudain un
craquement, des dents d'acier grinçaient à la
cantonade, et un air saccadé commençait à
entrechoquer-ses notes cassantes.
D'ordinaire, le répertoire se composait
d'une valse, d'une tyrolienne (la tyrolienne!
encore une chose qui s'en va!) et d'un airde
la Danre Blanche ou de la chanson
Je suis le petit tambour
De la garde nationale 1
Gîil les ponts-neufs évanouis! L'hor-
loge à musique était l'orgueil de l'intérieur
bourgeois qui le possédait. Ou interrompait
le repas pour écouter ses refrains articulés
les enfants s'attroupaient bouche béante pour
l'admirer, en demandant à ce qu'on leur fit
voir la bébéte qui était derrière.
Aujourd'hui nous avons changé tout cela.
Les bambins de sont trop benoiton-
nés pour que leur scepticisme s'accommode
de ces joujoux naïfs; {le Petit Tnmbour a été
remplacé par la Femme à barbe, et l'horloge
à musique a vécu.
Il en est une toutefois dont l'image est
restée gravée au plus profond de ma mémoi-
re, et qui joua un rôle que je n'oublierai de
ma vie.
Celle-là était installée ch£z mpn brave
oncle dont elle était l'orgueil, car elle jouait
l'air de la PoZ/caalors dans sa primeur.
Le brave oncle avait une fille, la petite
cousine de tous les romans, jeune, jolie,
comme dans les romans aussi.
Elle me paraissait surtout belle à travers
les illusions de la seizième année. Pauvre
Un matin, la chère enfant fut prise d'un
frisson. Oh! presque rien d'abord. Seule-
ment, quand le médecin arriva, il déclara
qu'il fallait craindre une phthisie galo-
pante.
Huit jours après, Lisa était à l'agonie.
Nous étions tous rassemblés à son chevet.
Des larmes dans tous les yeux; des sanglots
sur toutes les lèvres.
La moribonde tout à coup se souleva, fit
un effort pour regarder le ciel à travers la
croisée entr'ouverte et retomba.
Elle était morte.
En même temps, au milieu de ce deuil
terrible, alors que le désespoir étreignait et
broyait tous les cœurs, éclata comme une
abominable ironie un air guilleret. L'air
de la polka Tra la la, la la, la la
C'était l'horloge à musique de mon oncle
qui continuait tranquillement ses brillants
exercices.
Nous nous regardions tous, ahuris, ef-
farés.
Les tra ila la allaient toujours.
CURIOSITÉS DE i/histoire ET DE LA science
Le Chien du Commissaire
Parmi les Rapports sur les progrès des sciences
en 4867, se trçuve celui de M. Claude Bernard sur
la physiologie, Nul mieux que ce savant illustre ne
pouvait exposer des travaux auxquels il a pris une
si large part. Aussi, cet ouvrage a-t-il été promp-
tement épuisé. A propos des difficultés de toute na-
ture que rencontraient, il n'y a pas longtemps en-
core, les physiologistes dans 'l'accomplissement de
leurs travaux, M. Claude Bernard raconte l'anecdote
suivante, qui nous a paru de nature à amuser nos
lecteurs, mais qui ne saurait en ancune façon lais-
ser présumer les recherches curieuses et les décou-
vertes intéressantes que contient le volume auquel
nous l'empruntons. F. H.
Il y vingt-cinq ans, lorsque j'entrai dans la
physiologie expérimentale, je me trouvai dans
des circonstances où j'eus moi-même, comme
d'autres, à subir toutes les entraves qui étaient
réservées aux expérimentateurs. Il fallait être
soutenu alors par une vraie passion pour la phy-
siologie et avpir une patience et un courage sou-
vent,très grands pour ne pas se laisser rebuter.
Dès qu'un physiologiste expérimentateur était dé-
couvert, il était dénoncé, voué à l'abomination
des voisins et livré aux poursuites des commis-
maires de police.
La malheureuse mère tomba évanouie.
Les tra la la allaient encore 1
Je me sauvai, n'y pouvant plus résister.
Et voilà pourquoi, parmi les choses qui
s'en vont, l'horloge à musique est la dernière
que j'aurai jamais envie de regretter.
PIERRE VÉRON.
CONCOURS INTERNATIONAL
DES SOCIÉTÉS CHORALES, DE MUSIQUES ET DE
FANFARES A REIMS
Reims. 18 mai 1869.
Je vous assure, mon cher directeur, qu'il y a
une ville en France où, depuis quelques jours, il
est fort peu question de politique et où les élec-
tions ne troublent guère les esprits. C'est Reims,
la patrie du Champagne, la cité manufacturière et
laborieuse par excellence. Depuis :plusieurs se-
maines il n'y est plus question que de musique,
grâce à son nouveau maire, M. Simon Dauphinot,
qui ne croit pas qu'un administrateur habile doi-
ve être un ennemi des arts.
On eùt dit, dimanche matin, que toutes les so-
ciétés chorales du monde s'y étaient donné
rendez-vous. Ce n'était plus dans l'air que chants
et flots d'harmonie. Il est vrai que plus de huit
mille chanteurs et musiciens avaient répondu à
l'invitation qui leur avait été adressée par M.
Dauphinot, et que les dispositions les plus com-
plètes avaient été prises pour les recevoir aussi
gracieusement que possible.
Les organisateurs de la fût, MM. Labitte, Ad.
Dauphinot, Bazin, Brion, etc., s'étaient multi-
pliés pour bien faire et ils ont réussi au mieux.
Depuis la jarc jusqu'à l'hôtel de ville, où flot-
taient les drapeaux helge et français, ce n'étaient
que fleurs, pavois, ares de triomphe, acclamations
enthousiastes, et les premiers négociants de la
ville s'étaient fait une fête d'offrir l'hospitalité
aux invités de la ville. La' devise de tous était
gaieté et concorde. En ce temps d'agitation, cela
changeait!
Le dimanche matin, les sociétés chorales dé filè-
rent, au nombre de plus de 150, et ce fut vraiment
un curieux spectacle que celui que donnèrent ces
groupes aux uniformes divers, aux bannières do-
rées, venus les uns des environs de Paris, les
autres de Belgique et des départements voisins.
Après avoir été reçues à l'hôtel de ville par les
autorités et avoir bu le vin d'honneur,-du cliam-
pagne et du meilleur, nature! lement-les sociétés
se dirigèrent vers les endroits où les concours de-
vaient s'ouvrir. Il s'agissait, pour elles, de gagner
quelque chose des 25,000 fr. de médailles et d'ob-
jets d'art, prix offerts par la ville aux concurrents.
Le succès de la journée a été pour la société
royale du Choral de Gand, qui a vaincu sa rivale
la Réunion lyrique de Bruxelles. Après elle sont
venues les sociétés de Saint-Gilles, de Bar-le-
Duc, de Soissons et de Roubaix.
Le soir, banquet offert aux vainqueurs et bal
public sur les splendides promenades de Reims
illuminées a giorno.
Le lendemain, même cérémonie et même dé-
filé, plus pittoresque encore cette fois; c'étaient
toutes des musiques des départements voisins et
du Nord, avec leurs bannières chargées de mé-
dailles, trophées. de précédentes victoires.
Ce second jour de lutte, c'est la musique muni-
cipale de Turcoinf, dirigée par M. Stappert, qui
a obtenu la victoire. Après elle sont venues les
musiques de Fosses, d'Ay, de Binche et de Saint-
Germain-en-Laye.
Le soir, dans le concours de soli qui a eu lieu
au Cirque splendide qu'une société rémoise a fait
construire à ses frais, les musiciens de Tureoing
ont encore été victorieux. Nous leur demanderons
seulement pourquoi tant de Wagner et d'aussi
longs morceaux? C'était être un peu sans pitié
pour ces juges dévoués qui les écoutaient depuis
deux jours.
Ambroise Thomas, ce soir-là, présidait le jury,
ainsi qu'il l'avait fait courageusement durant toute
la fête. Ses auxiliaires avaient été choisis de facon
à faire 3e cette fête rémoise une véritable solèn-
nité musicale. C'étaient et j'en oublie certai-
nement, ce dont je m'excuse MM. Perrin, di-
recteur de l'Opéra, Victor Massé, Gevaërt, Bazin,
A. Elwart, Cabel, Oscar Comettant, Pauve, Bien-
der, Thibaut, chef des fanfares de l'Opéra, etc.
Les places réservées étaient occupées par les
autorités départementales Mgr Landriot, arche-
vêque de Reims; le général Susbielle M. Werlé;
M. Amelin, préfet de la Marne; le sous-préfet de
\eims, M. Sebastiani M. Simon Dauphinot, le
éprouvé bien des fois des ennuis de cette nature
mais je dois dire qu'il m'arriva cependant, par le
fait du hasard, d'ètre protégé précisément par un
commissaire de police. Cela m'advint par suite
d'une circonstance assez singulière, que je vais
raconter pour donner une idée' des difficultés que
rencontraient lesphysiologistes. C'était vers 1 8 4-i
j'étudiais les propriétés di^estives du suc gastri-
que, à l'aide du procédé découvert par M. Blondlot
(de Nancy), qui consiste à recueillir du suc gas-
trique au moyen d'une canule ou d'une sorte de
robinet d'argent adapté à l'estomac des chiens vi-
vants, sans que leur santé en souffre d'ailleurs le
moins du monde.
Alors, un célèbre chirurgien de Berlin, Dief-
fenbach, vint à Paris; il entendit parler de mes
expériences par mon ami, M. Pelouze, que la
science vient de perdre, et il désira voir faire
l'opération de l'application de la canule stoma-
cale. Ayant été prévenu de ce désir, je m'em-
pressai de le satisfaire, et je fis l'expérience sur
un chien, dans le laboratoire de chimie que M.
Pelouze avait alors rue Dauphine. Après l'opéra-
tion, on renferma l'animal dans la cour, afin de
le revoir plus tard. Mais, le lendemain, le chien
s'était sauvé, malgré la surveillance, emportant
au ventre la canule accusatrice d'un physiolo-
giste. Quelques jours après, de grand matin, étant
encore au lit, je reçus la visite d'un homme qui
venait me dire que le commissaire de police de
l'Ecole-de-Médecine avait à me parler et que
j'eusse à passer chez lui.
Je me rendis dans la journée chez le commis-
saire de police de la^ue du Jardiner Je trouvai
maire de la ville; pu;s par toute la société élé-
gante de; Reims, que le mauvais temps n'avait
pas effrayée, car le ciel n'a pas toujours été
de la fête.
Enlin, à minuit, après un morceau d'adieu, de-
mandé à la musique de Turcoing et exécuté gra-
cieusement et avec un ensemhle parfait, on s'est
séparé, mais sans nul doute, les invités de Reims,
aussi bien que les habitants eux-mêmes, garde-
ront longtemps le souvenir de cette fête toute de
concorde et d'harmonie, qui fait le plus grand
honneur à ceux qui l'ont organisée et à ceux qui
y ont pris part.
RENÉ DE POYT-JEST.
Chaque jour, UlVBttlVIiB.V5îE Ad. RioNpour lOc
Hier, en vente, Travaux d'aiguille, avec ligures
Aujourd'hui, Dessin d'imitation, avec liguées,
Et demain, avec figuret.
Dans toute la France 10 c. chez tous libraires
ÉCONOMIE DOMESTIQUE
PETITE CUISINE
Menu du dîner. 20 mai
LAPEREAU AUX PETITS POIS. GATEAU AU RIZ
Bien des gens élèvent des lapins sans pour
cela avoir six mille livres de rente, ce qui ne
les empêche pas d'en croquer un de temps à
autre. Parfois ils s'en privent parce qu'ils les
trouvent trop jeunes. Voici un moyen par la
saison de petits pois où nous sommes, de se
faire un vrai régal d'un jeune lapin de
choux. Je dis de choux, synonyme de do
mestique, car le lapereau de garenne a beau-
coup trop de fumet pour convenablement
s'allier aux petits pois.
lapereau aux PETITS lois. Couper un lape-
reau en morceaux, laver ces morceaux à l'eau
tiède et les essuyer avec un linge. Mettre à fondre
dans une casserole, soit du beurre, soit du lard,
en y joignant une fine tranche de jambon et y pas-
ser les morceaux,de lapereau assaisonnés de sel
et de poivre. Après un instant, ajouter un peu
do farine, mouiller avec du bouillon ou simple-
ment de l'eau et joindre un bouquet, un oignon et
un litre de petits pois.
Laisser cuire à t'eu doux, et après cuisson reti-
rer le bouquet et le morceau de jambon; dresser
en rocher les morceaux de lapereau sur le milieu
d'un plat, lier, les petits pois dans la casserole
avec deux ou trois jaunes d'œufs acidulés de vi-
naigre ou de jus de citron, les verser en couronne
autour des morceaux de lapereau et servir.
Le baron BRISSE.
DÉPARTEMENTS
On écrit d'Agen, 16 mai
Jeudi dernier, vers trois heuras de l'après-midi,
une partie de la toiture de l'église Saint-Sardos
s'est elfondrée ies décombres en sont venus tom-
ber au milieu du sanctuaire.
Toute la population enrayée par le bruit s'est
précipitée vers l'édilice; on craignait qu'il n'y eût
des victimes.
Par bonheur une seule personne se trouvait
dans l'église. Elle en a été quitte pour la peur.
On nous écrit de Grenoble
Un ouvrier charpentier-couvreur, nommé Bally,
travaillait hier à la toiture en réparation de l'hôtel
de Reynaud, place Sainte-Claire.
Par suite d'un faux mouvement, il glissa et
tomba sur le sol la mort a été instantanée.
Trois paysans qui avaient été à la foire de
Landernau s'en revenaient tranquillement cha-
cun avec sa voiture.
En arrivant près de Daoulas (Finistère), où la
route monte une côte assez forte, ils aperçurent
tout à coup un objet qui descendait rapidement
la route et arrivait sur eux.
Il faisait beaucoup de vent et l'objet roulant
était entouré d'un nuage de poussière; les pay-
sans ne purent distinguer exactement cet être
mystérieux et rapide comme le vent: ils eurent
peur et fouettèrent leurs chevaux, qui partirent à
fond de train.
Une voiture de meunier arrivait derrière eux
les chevaux, entraînés par l'exemple, s'emportè
un petit vieillard d'un aspect très respectable,
qui me reçut d'abord assez froidement et sans me
rien dire;*puis, me faisant passer dans une pièce
à côté, il me montra, à mon grand étonnement,
le chien que j'avais opéré dans le laboratoire de
M. Pelouze. Il me demanda si je le reconnaissais
pour lui avoir mis l'instrument qu'il avait dans
le ventre. Je répondis affirmativement, en ajou-
tant-que j'étais très content de retrouver mu ca-
nule que je croyais perdue. Mon aveu, loin de
satisfaire le commissaire, provoqua probablement
sa colère, car il m'adressa une admonestation
d'une sévérité exagérée, accompagnée de mena-
ces, pour avoir eu l'audace de lui prendre son
chien pour l'expérimenter.
J'expliquai au commissaire que ce n'était pas
moi qui étais veriu prendre son chien, mais que
je l'avais acheté à des individus qui les vendaient
aux physiologistes et qui se disaient employés
par la police pour ramasser les chiens errants.
,f'a,joutai que je regrettais d'avôir été la cause in-
volontaire de la peine que produisait chez lui la
mésaventure de son chien, mars que l'animal
n'en mourrait pas; qu'il n'y avait qu'une chose à
faire, c'était de me laisser reprendre ma canule
d'argent, et qu'il garderait son chien. Ces der-
nières paroles firent changer le commissaire de
langagex elles calmèrent surtout complétement sa
femme et sa fille. J'enlevai mon instrument, et
je promis en partant de revenir.
Je retournai, en effet, plusieurs fois rue du
de quelques jours; j'étais devenu l'ami du com-
rent et manquèrent se précipiter dans un préci-
Enfin, l'épouvantail arriva; on put le distin-
guer c'était un vélocipède avec son cavalier.
Les paysans avaient eu une belle .frayeur. Ja-
mais ils n'avaient vu une aussi étrange machine.
Une pittoresque troupe de Bohémiens est cam-
pée en ce moment à Oullins, au bord de l'Yze-
ron, non loin de Lyon.
Ils exercent la profession de rétameurs, possé-
dent de beaux chevaux de belles tentes; les
hommes sont très bien faits et bien mis, longs
cheveux noirs flottants, grandes bottes à la Sou-
varow les femmes sont moins bien, les enfants
fort peu vêtus.
Depuis quelques jours qu'ils stationnent dans
ce quartier, il ont déjà célébré un mariage et un
baptême.
Au mariage, on a beaucoup bu et beaucoüp,
fumé en signe de réjouissance.
Quant au baptême, une femme ayant mis au
monde un enfant, il a été immédiatement plongé
dans le Rhône, et n'a pas survécu longtemps à
cette immersion, qui ressemble fort à un homi-
cide par imprudence. Les laveuses de lessive té-
moins du fait ont jeté leurs battoirs aux parents,
d'indignation. La mère se porte bien d'ailleurs,
elle se promène dans la saulée, fort légèrement
vêtue.
Du reste, ces nouveaux venus ne se comportent
pas mal, ils ont des bourses pleines d'or, ee
payent tout ce qu'ils prennent.
Deux terribles Brigands
Le correspondant de New-York du Droit, en-
voie à ce journal, à la date du 5 mai, le récit des
aventures de deux brigands dans le comté de d
Johnson, Texas (Etats-Unis).
L'un était le redouté Bickerstaff, l'autre le fa-
rouche Thompson tous les doux faisaient partie
de la bande des Outlaws, mot qui signifie « mis
hors la loi. «
Bickerstaff paraissait et disparaissait comme
par enchantement, sans qu'on put jamais savoir
d'où il venait, ni où il allait. Quelquefois il se
montrait en compagnie de Thompson, 'quelque-
fois il était seul mais, dans l'un comme dans
l'autre cas, il n'apparaissait jamais qu'armé jus-
qu'aux dents.
Entre temps, de nombreuses déprédations 'se
commettaient dans le riche comté de Johnson.
Des vols importants étaient signalés tantôt sur un
point, tantôt sur l'autre. Pendant l'absence des
planteurs, leurs plantations étaient mises au pil-
lage. Des nègres étaient violemment dépouillés
de leurs armes, de leurs instruments de travail,
souvent même de leurs vêtements. Ces mysté-
rieux malfaiteurs avaient, au besoin, recours à
l'incendie.
11 résulta de cette succession de crimes que les
gens de couleur prirent l'épouvante et que les
planteurs eurent beaucoup de peine à les empê-
cher de quitter leur service, encore ceux qui res-
taient ne faisaient-ils pas le quart da leur travail
accoutumé. Pour tout dires, en un mot, Bickerstaff
était devenu un objet de terreur pour tout le
monde. En voici un exemple, qui paraîtrait in-
croyable s'il n'était pas officiellement constaté.
Dans la première semaine d'avril, la Cour do
district du comté se réunit à Alvarado qui en est
le chef-lieu.
Les magistrats se ressentirent bientôt de la
présence des desperados. L'administration de la
justice était devenue impossible, les huissiers
n'osant pas délivrer les assignations.
Le grand jury se laissa intimider et se sépara
sans avoir accompli le quart de sa tâche. Le juge
président lui-même, M. Norton, craignant pour
sa vie, s'enfuit sous un déguisement, et la Cour
cessa de siéger.
La coupe était déjà pleine, ce nouvel incident
la Et déborder. Les habitants d'Alvarado résolu-
rent de faire face au danger et s'armèrent en
conséquence.
Le jeudi 8 avril, une demi-heure avant le cou-
cher du soleil, Bickerstaff et Thompson entrèrent
à cheval dans la ville et se dirigèrent vers un coin
de la place publique, où ils arrêtèrent leurs mon.
tures; mais avant qu'ils eussent eu le temps da
mettre pied à terre, plusieurs coups de fusil fu-
rent, tirés sur eux.
Thompson tomba de cheval il était mort. Bic-
kerstaff, un revolver à six coups dans chaque
main, tomba aussi mais il put se relever et faire
feu à son tour à plusieurs reprises. Heureuse-
ment, il n'atteignit personne. Les habitants tiré-
sur sa protection. C'est pourquoi je vins bientôt
installer mon laboratoire dans sa circonscription,
et pendant plusieurs années je pus continuer mes
cours privés de physiologie expérimentale dans
le quartier, ayant toujours l'avertissement et la
protection du commissaire pour m'éviter de trop
grands désagréments, jusqu'à l'époque où enfin je
fus nommé suppléant de Magendie au collège de
France.
CLAUDE BERNARD.
MM. les Abonnés des départements
dont l'abonnement expire le 31 mai
sont priés de vouloir bien le renouveler
immédiatement, s'ils ne veulent par
éprouver de retard dans la réception du
journal.
Le mode d'abonnement le plus sûr con-
siste dans l'envoi d'un mandat-poste à
l'ordre du directeur; le talon de la poste
sert de reçu.
Les demandes de renouvellement, les
réclamations et changements d'adresse
doivent être accompagnés d'une des der-
nières bandes imprimees.
3
CAUSERIE
J'ai toujours rêvé décrire un livre qui au-
rait pour titre « Les Choses qui s'en vont. »
Chaque génération, en effet, apporte et
emporte avec elle son contingent d'usages, de
modes et d'objets qui sont presque ignorés
de la génération qui suit.
L'autre jour, précisément, l'idée du vo-
lume en question m'est revenue à la pensée,
en voyant l'annonce de la vente après décès
ou faillite (je ne me rappelle plus exacte-
ment), d'un vieux fonds de magasin de fa-
bricant d'horloges à musique.
L'horloge à musique une chose qui
s'en val. on peut même dire une chose
qui s'en est allée!
Vous souvenez-vous comme Us firent flo-
rès aux abords de 1810, les tableaux mécani-
ques représentant un invariable paysage à
dispositions inamovibles?
.A droite, une chute d'eau; à gauche, deux
maisons et une église.
Dans le clocher de l'église, un cadran;
c'était là qu'était placé l'appareil. Et quand
l'heure sonnait, on entendait soudain un
craquement, des dents d'acier grinçaient à la
cantonade, et un air saccadé commençait à
entrechoquer-ses notes cassantes.
D'ordinaire, le répertoire se composait
d'une valse, d'une tyrolienne (la tyrolienne!
encore une chose qui s'en va!) et d'un airde
la Danre Blanche ou de la chanson
Je suis le petit tambour
De la garde nationale 1
Gîil les ponts-neufs évanouis! L'hor-
loge à musique était l'orgueil de l'intérieur
bourgeois qui le possédait. Ou interrompait
le repas pour écouter ses refrains articulés
les enfants s'attroupaient bouche béante pour
l'admirer, en demandant à ce qu'on leur fit
voir la bébéte qui était derrière.
Aujourd'hui nous avons changé tout cela.
Les bambins de sont trop benoiton-
nés pour que leur scepticisme s'accommode
de ces joujoux naïfs; {le Petit Tnmbour a été
remplacé par la Femme à barbe, et l'horloge
à musique a vécu.
Il en est une toutefois dont l'image est
restée gravée au plus profond de ma mémoi-
re, et qui joua un rôle que je n'oublierai de
ma vie.
Celle-là était installée ch£z mpn brave
oncle dont elle était l'orgueil, car elle jouait
l'air de la PoZ/caalors dans sa primeur.
Le brave oncle avait une fille, la petite
cousine de tous les romans, jeune, jolie,
comme dans les romans aussi.
Elle me paraissait surtout belle à travers
les illusions de la seizième année. Pauvre
Un matin, la chère enfant fut prise d'un
frisson. Oh! presque rien d'abord. Seule-
ment, quand le médecin arriva, il déclara
qu'il fallait craindre une phthisie galo-
pante.
Huit jours après, Lisa était à l'agonie.
Nous étions tous rassemblés à son chevet.
Des larmes dans tous les yeux; des sanglots
sur toutes les lèvres.
La moribonde tout à coup se souleva, fit
un effort pour regarder le ciel à travers la
croisée entr'ouverte et retomba.
Elle était morte.
En même temps, au milieu de ce deuil
terrible, alors que le désespoir étreignait et
broyait tous les cœurs, éclata comme une
abominable ironie un air guilleret. L'air
de la polka Tra la la, la la, la la
C'était l'horloge à musique de mon oncle
qui continuait tranquillement ses brillants
exercices.
Nous nous regardions tous, ahuris, ef-
farés.
Les tra ila la allaient toujours.
CURIOSITÉS DE i/histoire ET DE LA science
Le Chien du Commissaire
Parmi les Rapports sur les progrès des sciences
en 4867, se trçuve celui de M. Claude Bernard sur
la physiologie, Nul mieux que ce savant illustre ne
pouvait exposer des travaux auxquels il a pris une
si large part. Aussi, cet ouvrage a-t-il été promp-
tement épuisé. A propos des difficultés de toute na-
ture que rencontraient, il n'y a pas longtemps en-
core, les physiologistes dans 'l'accomplissement de
leurs travaux, M. Claude Bernard raconte l'anecdote
suivante, qui nous a paru de nature à amuser nos
lecteurs, mais qui ne saurait en ancune façon lais-
ser présumer les recherches curieuses et les décou-
vertes intéressantes que contient le volume auquel
nous l'empruntons. F. H.
Il y vingt-cinq ans, lorsque j'entrai dans la
physiologie expérimentale, je me trouvai dans
des circonstances où j'eus moi-même, comme
d'autres, à subir toutes les entraves qui étaient
réservées aux expérimentateurs. Il fallait être
soutenu alors par une vraie passion pour la phy-
siologie et avpir une patience et un courage sou-
vent,très grands pour ne pas se laisser rebuter.
Dès qu'un physiologiste expérimentateur était dé-
couvert, il était dénoncé, voué à l'abomination
des voisins et livré aux poursuites des commis-
maires de police.
La malheureuse mère tomba évanouie.
Les tra la la allaient encore 1
Je me sauvai, n'y pouvant plus résister.
Et voilà pourquoi, parmi les choses qui
s'en vont, l'horloge à musique est la dernière
que j'aurai jamais envie de regretter.
PIERRE VÉRON.
CONCOURS INTERNATIONAL
DES SOCIÉTÉS CHORALES, DE MUSIQUES ET DE
FANFARES A REIMS
Reims. 18 mai 1869.
Je vous assure, mon cher directeur, qu'il y a
une ville en France où, depuis quelques jours, il
est fort peu question de politique et où les élec-
tions ne troublent guère les esprits. C'est Reims,
la patrie du Champagne, la cité manufacturière et
laborieuse par excellence. Depuis :plusieurs se-
maines il n'y est plus question que de musique,
grâce à son nouveau maire, M. Simon Dauphinot,
qui ne croit pas qu'un administrateur habile doi-
ve être un ennemi des arts.
On eùt dit, dimanche matin, que toutes les so-
ciétés chorales du monde s'y étaient donné
rendez-vous. Ce n'était plus dans l'air que chants
et flots d'harmonie. Il est vrai que plus de huit
mille chanteurs et musiciens avaient répondu à
l'invitation qui leur avait été adressée par M.
Dauphinot, et que les dispositions les plus com-
plètes avaient été prises pour les recevoir aussi
gracieusement que possible.
Les organisateurs de la fût, MM. Labitte, Ad.
Dauphinot, Bazin, Brion, etc., s'étaient multi-
pliés pour bien faire et ils ont réussi au mieux.
Depuis la jarc jusqu'à l'hôtel de ville, où flot-
taient les drapeaux helge et français, ce n'étaient
que fleurs, pavois, ares de triomphe, acclamations
enthousiastes, et les premiers négociants de la
ville s'étaient fait une fête d'offrir l'hospitalité
aux invités de la ville. La' devise de tous était
gaieté et concorde. En ce temps d'agitation, cela
changeait!
Le dimanche matin, les sociétés chorales dé filè-
rent, au nombre de plus de 150, et ce fut vraiment
un curieux spectacle que celui que donnèrent ces
groupes aux uniformes divers, aux bannières do-
rées, venus les uns des environs de Paris, les
autres de Belgique et des départements voisins.
Après avoir été reçues à l'hôtel de ville par les
autorités et avoir bu le vin d'honneur,-du cliam-
pagne et du meilleur, nature! lement-les sociétés
se dirigèrent vers les endroits où les concours de-
vaient s'ouvrir. Il s'agissait, pour elles, de gagner
quelque chose des 25,000 fr. de médailles et d'ob-
jets d'art, prix offerts par la ville aux concurrents.
Le succès de la journée a été pour la société
royale du Choral de Gand, qui a vaincu sa rivale
la Réunion lyrique de Bruxelles. Après elle sont
venues les sociétés de Saint-Gilles, de Bar-le-
Duc, de Soissons et de Roubaix.
Le soir, banquet offert aux vainqueurs et bal
public sur les splendides promenades de Reims
illuminées a giorno.
Le lendemain, même cérémonie et même dé-
filé, plus pittoresque encore cette fois; c'étaient
toutes des musiques des départements voisins et
du Nord, avec leurs bannières chargées de mé-
dailles, trophées. de précédentes victoires.
Ce second jour de lutte, c'est la musique muni-
cipale de Turcoinf, dirigée par M. Stappert, qui
a obtenu la victoire. Après elle sont venues les
musiques de Fosses, d'Ay, de Binche et de Saint-
Germain-en-Laye.
Le soir, dans le concours de soli qui a eu lieu
au Cirque splendide qu'une société rémoise a fait
construire à ses frais, les musiciens de Tureoing
ont encore été victorieux. Nous leur demanderons
seulement pourquoi tant de Wagner et d'aussi
longs morceaux? C'était être un peu sans pitié
pour ces juges dévoués qui les écoutaient depuis
deux jours.
Ambroise Thomas, ce soir-là, présidait le jury,
ainsi qu'il l'avait fait courageusement durant toute
la fête. Ses auxiliaires avaient été choisis de facon
à faire 3e cette fête rémoise une véritable solèn-
nité musicale. C'étaient et j'en oublie certai-
nement, ce dont je m'excuse MM. Perrin, di-
recteur de l'Opéra, Victor Massé, Gevaërt, Bazin,
A. Elwart, Cabel, Oscar Comettant, Pauve, Bien-
der, Thibaut, chef des fanfares de l'Opéra, etc.
Les places réservées étaient occupées par les
autorités départementales Mgr Landriot, arche-
vêque de Reims; le général Susbielle M. Werlé;
M. Amelin, préfet de la Marne; le sous-préfet de
\eims, M. Sebastiani M. Simon Dauphinot, le
éprouvé bien des fois des ennuis de cette nature
mais je dois dire qu'il m'arriva cependant, par le
fait du hasard, d'ètre protégé précisément par un
commissaire de police. Cela m'advint par suite
d'une circonstance assez singulière, que je vais
raconter pour donner une idée' des difficultés que
rencontraient lesphysiologistes. C'était vers 1 8 4-i
j'étudiais les propriétés di^estives du suc gastri-
que, à l'aide du procédé découvert par M. Blondlot
(de Nancy), qui consiste à recueillir du suc gas-
trique au moyen d'une canule ou d'une sorte de
robinet d'argent adapté à l'estomac des chiens vi-
vants, sans que leur santé en souffre d'ailleurs le
moins du monde.
Alors, un célèbre chirurgien de Berlin, Dief-
fenbach, vint à Paris; il entendit parler de mes
expériences par mon ami, M. Pelouze, que la
science vient de perdre, et il désira voir faire
l'opération de l'application de la canule stoma-
cale. Ayant été prévenu de ce désir, je m'em-
pressai de le satisfaire, et je fis l'expérience sur
un chien, dans le laboratoire de chimie que M.
Pelouze avait alors rue Dauphine. Après l'opéra-
tion, on renferma l'animal dans la cour, afin de
le revoir plus tard. Mais, le lendemain, le chien
s'était sauvé, malgré la surveillance, emportant
au ventre la canule accusatrice d'un physiolo-
giste. Quelques jours après, de grand matin, étant
encore au lit, je reçus la visite d'un homme qui
venait me dire que le commissaire de police de
l'Ecole-de-Médecine avait à me parler et que
j'eusse à passer chez lui.
Je me rendis dans la journée chez le commis-
saire de police de la^ue du Jardiner Je trouvai
maire de la ville; pu;s par toute la société élé-
gante de; Reims, que le mauvais temps n'avait
pas effrayée, car le ciel n'a pas toujours été
de la fête.
Enlin, à minuit, après un morceau d'adieu, de-
mandé à la musique de Turcoing et exécuté gra-
cieusement et avec un ensemhle parfait, on s'est
séparé, mais sans nul doute, les invités de Reims,
aussi bien que les habitants eux-mêmes, garde-
ront longtemps le souvenir de cette fête toute de
concorde et d'harmonie, qui fait le plus grand
honneur à ceux qui l'ont organisée et à ceux qui
y ont pris part.
RENÉ DE POYT-JEST.
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ÉCONOMIE DOMESTIQUE
PETITE CUISINE
Menu du dîner. 20 mai
LAPEREAU AUX PETITS POIS. GATEAU AU RIZ
Bien des gens élèvent des lapins sans pour
cela avoir six mille livres de rente, ce qui ne
les empêche pas d'en croquer un de temps à
autre. Parfois ils s'en privent parce qu'ils les
trouvent trop jeunes. Voici un moyen par la
saison de petits pois où nous sommes, de se
faire un vrai régal d'un jeune lapin de
choux. Je dis de choux, synonyme de do
mestique, car le lapereau de garenne a beau-
coup trop de fumet pour convenablement
s'allier aux petits pois.
lapereau aux PETITS lois. Couper un lape-
reau en morceaux, laver ces morceaux à l'eau
tiède et les essuyer avec un linge. Mettre à fondre
dans une casserole, soit du beurre, soit du lard,
en y joignant une fine tranche de jambon et y pas-
ser les morceaux,de lapereau assaisonnés de sel
et de poivre. Après un instant, ajouter un peu
do farine, mouiller avec du bouillon ou simple-
ment de l'eau et joindre un bouquet, un oignon et
un litre de petits pois.
Laisser cuire à t'eu doux, et après cuisson reti-
rer le bouquet et le morceau de jambon; dresser
en rocher les morceaux de lapereau sur le milieu
d'un plat, lier, les petits pois dans la casserole
avec deux ou trois jaunes d'œufs acidulés de vi-
naigre ou de jus de citron, les verser en couronne
autour des morceaux de lapereau et servir.
Le baron BRISSE.
DÉPARTEMENTS
On écrit d'Agen, 16 mai
Jeudi dernier, vers trois heuras de l'après-midi,
une partie de la toiture de l'église Saint-Sardos
s'est elfondrée ies décombres en sont venus tom-
ber au milieu du sanctuaire.
Toute la population enrayée par le bruit s'est
précipitée vers l'édilice; on craignait qu'il n'y eût
des victimes.
Par bonheur une seule personne se trouvait
dans l'église. Elle en a été quitte pour la peur.
On nous écrit de Grenoble
Un ouvrier charpentier-couvreur, nommé Bally,
travaillait hier à la toiture en réparation de l'hôtel
de Reynaud, place Sainte-Claire.
Par suite d'un faux mouvement, il glissa et
tomba sur le sol la mort a été instantanée.
Trois paysans qui avaient été à la foire de
Landernau s'en revenaient tranquillement cha-
cun avec sa voiture.
En arrivant près de Daoulas (Finistère), où la
route monte une côte assez forte, ils aperçurent
tout à coup un objet qui descendait rapidement
la route et arrivait sur eux.
Il faisait beaucoup de vent et l'objet roulant
était entouré d'un nuage de poussière; les pay-
sans ne purent distinguer exactement cet être
mystérieux et rapide comme le vent: ils eurent
peur et fouettèrent leurs chevaux, qui partirent à
fond de train.
Une voiture de meunier arrivait derrière eux
les chevaux, entraînés par l'exemple, s'emportè
un petit vieillard d'un aspect très respectable,
qui me reçut d'abord assez froidement et sans me
rien dire;*puis, me faisant passer dans une pièce
à côté, il me montra, à mon grand étonnement,
le chien que j'avais opéré dans le laboratoire de
M. Pelouze. Il me demanda si je le reconnaissais
pour lui avoir mis l'instrument qu'il avait dans
le ventre. Je répondis affirmativement, en ajou-
tant-que j'étais très content de retrouver mu ca-
nule que je croyais perdue. Mon aveu, loin de
satisfaire le commissaire, provoqua probablement
sa colère, car il m'adressa une admonestation
d'une sévérité exagérée, accompagnée de mena-
ces, pour avoir eu l'audace de lui prendre son
chien pour l'expérimenter.
J'expliquai au commissaire que ce n'était pas
moi qui étais veriu prendre son chien, mais que
je l'avais acheté à des individus qui les vendaient
aux physiologistes et qui se disaient employés
par la police pour ramasser les chiens errants.
,f'a,joutai que je regrettais d'avôir été la cause in-
volontaire de la peine que produisait chez lui la
mésaventure de son chien, mars que l'animal
n'en mourrait pas; qu'il n'y avait qu'une chose à
faire, c'était de me laisser reprendre ma canule
d'argent, et qu'il garderait son chien. Ces der-
nières paroles firent changer le commissaire de
langagex elles calmèrent surtout complétement sa
femme et sa fille. J'enlevai mon instrument, et
je promis en partant de revenir.
Je retournai, en effet, plusieurs fois rue du
de quelques jours; j'étais devenu l'ami du com-
rent et manquèrent se précipiter dans un préci-
Enfin, l'épouvantail arriva; on put le distin-
guer c'était un vélocipède avec son cavalier.
Les paysans avaient eu une belle .frayeur. Ja-
mais ils n'avaient vu une aussi étrange machine.
Une pittoresque troupe de Bohémiens est cam-
pée en ce moment à Oullins, au bord de l'Yze-
ron, non loin de Lyon.
Ils exercent la profession de rétameurs, possé-
dent de beaux chevaux de belles tentes; les
hommes sont très bien faits et bien mis, longs
cheveux noirs flottants, grandes bottes à la Sou-
varow les femmes sont moins bien, les enfants
fort peu vêtus.
Depuis quelques jours qu'ils stationnent dans
ce quartier, il ont déjà célébré un mariage et un
baptême.
Au mariage, on a beaucoup bu et beaucoüp,
fumé en signe de réjouissance.
Quant au baptême, une femme ayant mis au
monde un enfant, il a été immédiatement plongé
dans le Rhône, et n'a pas survécu longtemps à
cette immersion, qui ressemble fort à un homi-
cide par imprudence. Les laveuses de lessive té-
moins du fait ont jeté leurs battoirs aux parents,
d'indignation. La mère se porte bien d'ailleurs,
elle se promène dans la saulée, fort légèrement
vêtue.
Du reste, ces nouveaux venus ne se comportent
pas mal, ils ont des bourses pleines d'or, ee
payent tout ce qu'ils prennent.
Deux terribles Brigands
Le correspondant de New-York du Droit, en-
voie à ce journal, à la date du 5 mai, le récit des
aventures de deux brigands dans le comté de d
Johnson, Texas (Etats-Unis).
L'un était le redouté Bickerstaff, l'autre le fa-
rouche Thompson tous les doux faisaient partie
de la bande des Outlaws, mot qui signifie « mis
hors la loi. «
Bickerstaff paraissait et disparaissait comme
par enchantement, sans qu'on put jamais savoir
d'où il venait, ni où il allait. Quelquefois il se
montrait en compagnie de Thompson, 'quelque-
fois il était seul mais, dans l'un comme dans
l'autre cas, il n'apparaissait jamais qu'armé jus-
qu'aux dents.
Entre temps, de nombreuses déprédations 'se
commettaient dans le riche comté de Johnson.
Des vols importants étaient signalés tantôt sur un
point, tantôt sur l'autre. Pendant l'absence des
planteurs, leurs plantations étaient mises au pil-
lage. Des nègres étaient violemment dépouillés
de leurs armes, de leurs instruments de travail,
souvent même de leurs vêtements. Ces mysté-
rieux malfaiteurs avaient, au besoin, recours à
l'incendie.
11 résulta de cette succession de crimes que les
gens de couleur prirent l'épouvante et que les
planteurs eurent beaucoup de peine à les empê-
cher de quitter leur service, encore ceux qui res-
taient ne faisaient-ils pas le quart da leur travail
accoutumé. Pour tout dires, en un mot, Bickerstaff
était devenu un objet de terreur pour tout le
monde. En voici un exemple, qui paraîtrait in-
croyable s'il n'était pas officiellement constaté.
Dans la première semaine d'avril, la Cour do
district du comté se réunit à Alvarado qui en est
le chef-lieu.
Les magistrats se ressentirent bientôt de la
présence des desperados. L'administration de la
justice était devenue impossible, les huissiers
n'osant pas délivrer les assignations.
Le grand jury se laissa intimider et se sépara
sans avoir accompli le quart de sa tâche. Le juge
président lui-même, M. Norton, craignant pour
sa vie, s'enfuit sous un déguisement, et la Cour
cessa de siéger.
La coupe était déjà pleine, ce nouvel incident
la Et déborder. Les habitants d'Alvarado résolu-
rent de faire face au danger et s'armèrent en
conséquence.
Le jeudi 8 avril, une demi-heure avant le cou-
cher du soleil, Bickerstaff et Thompson entrèrent
à cheval dans la ville et se dirigèrent vers un coin
de la place publique, où ils arrêtèrent leurs mon.
tures; mais avant qu'ils eussent eu le temps da
mettre pied à terre, plusieurs coups de fusil fu-
rent, tirés sur eux.
Thompson tomba de cheval il était mort. Bic-
kerstaff, un revolver à six coups dans chaque
main, tomba aussi mais il put se relever et faire
feu à son tour à plusieurs reprises. Heureuse-
ment, il n'atteignit personne. Les habitants tiré-
sur sa protection. C'est pourquoi je vins bientôt
installer mon laboratoire dans sa circonscription,
et pendant plusieurs années je pus continuer mes
cours privés de physiologie expérimentale dans
le quartier, ayant toujours l'avertissement et la
protection du commissaire pour m'éviter de trop
grands désagréments, jusqu'à l'époque où enfin je
fus nommé suppléant de Magendie au collège de
France.
CLAUDE BERNARD.
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