Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-02-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 10 février 1869 10 février 1869
Description : 1869/02/10 (Numéro 2232). 1869/02/10 (Numéro 2232).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590283p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
inreànx iràe de ta Fayette, 61
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[ Septième ïnt^e^ip-l^^
Mercredi 10 février 1869
Tirage du Petit Journal
MARDI 9 FÉVRIER h
T fe>'C CATTVTT'Ct ilSè" A 'ifcf; -»
Ii n'y â, dit le' proverbe,
ne font rien. qui ne se trompent jamais.
Ijans Un récent article sur les curiosi-
tés de la Bibliothèque de Constantinople,
visitée et décrite par M. Alfred de Cas-
tin, j'ai confondu dans une même véné-
ration Jean-Baptiste et Jean l'Eyangélis-
te. la main qui versa l'eau sainte et la
main qui tint la plume inspirée.
Il n'y avaitpourtant pas à s'y tromper.
Saint Jean-Baptiste, ce descendant de
la tribu d'Abia, qui s'en allait vêtu de
peaux de bêtes, se nourrissant de saute-
relles et de miel sauvage, et qui eut l'in-
signe honneur de verser l'eau du Jour-
dain sur le fr6nt du Christ, était né avant
lui.
Les Peintres célèbres ont représenté les
deux enfants, dont l'un semble déjà le
disciple de l'autre.
Tandis que saint Jean l'Evangéliste,
fils de Zébedée et de Salomé, naquit plus
tard que le Sauveur.
Il lui survécut pendant de longues
années, puisque tous les historiens s'ac-
cordent à soutenir qu'il mourut vers la
fin du premier siècle de notre ère, à un
âge très avancé.
L'erreur était aperçue un quart-d'heure
après que la phrase était écrite.
Mais allez donc l'arrêter.
Le clicheur avait déjà immobilisé les
caractères mouvants dont se forme la
page du Petit Journal.
Les mécaniques, qui sont tenues à ti-
rer 300,000 exemplaires en deux heures
lançaient déjà leurs soupirs pleins de
vapeur.
je criai arrêtez? arrêtez! ce n'est pas
saint Jean-Baptiste qui a écrit l'Apoca-
lypse.
Les machines ne faisaient pas la moin-
dre attention à mes réclamations.
Ne vous faites pas de bile, m'a ré-
pondu le chauffeur, Dieu reconna.îtra les
siens
Comme, aussi bien, nous entrons de
main dans le Carême il m'a pris ce
matin fantaisie de faire aux deux saints
Jean confondus. mes très ferventes
excuses.
Feuilleton du ÎO Février 1869
LES
MANSARDES DE PARIS
LXVIï
L'implacable ennemie
Voici ce qui s'était passé
Juliette, conduite par Polichinelle, était
arrivée au caboulot de 'a place Maubert,
quelque temps après Grandier, et elle avait
acquis immédiatement la certitudé que la
comtesse se trouvait dans la mansarde du
Philosophe, dans la triste compagnie où nous
venons de la voir.
N'écoutant alors que son,coeur, elle s'était
J'ai ouvert le livre des bienheureux, où
ils sont représentés en robes jaunes,
rouges ou bleues, l'auréole au fiont et la
alme verte aux doigts.
,) fais je me suis arrêté toutintimidé.
̃ÎU t'y a pas que deux saints Jean.
J] y en a plus de quatre, il y en a plus
r3e/dix. il y en a plus de vingt.
'l'Quand Dieu appelle Jean dans le Pa-
radis, plus d'un bienheureux doit ré-
pondre.
Puisque nous allons entrer, mes chers
Lecteurs, dans le saint temps des médita-
tions pieuses,et que les trompes du Mardi-
Gras lancent leur dernière fanfare discor-
dante dans les airs.laissez-moi vous pré-
senter à quelques-uns de ces Jean. qui
ont embaumé le monde par leurs vertus.
Voici venir saint Jean Colombîni. il
avait fondé en Italie un Ordre de Jésus
qui ne s'appelait pas les Jésuites, mais
bien les Jesuates.
C'était un homme précieux pour les
pauvres, dont il soulageait les misères.
Il avait débuté dans la vie par être élu
premier magistrat de Sienne, [son pays
natal.
Revenant un jour à midi très fatigué,
parce qu'il avait été accablé d'affaires
tout le matin, il ne trouva point le dîner
prêt, ce qui le fit entrer dans une étrange
colère. Sa femme, pour le désennuyer, lui
donna un livre et le pria de le lire jusqu'à
ce qu'il pût se mettre à table. C'était la Vie
des Saint. Colombini, dans l'accès de sa
fureur, prend le livre et le jette par terre.
Mais le moment d'après il a honte de
lui-même, il ramasse le livre l'ouvre et
tombe sur la Vie de sainte Marie d'E-
gypte. Il la lit, et y trouve tant de plaisir
qu'il ne pense plus à son dîner. Insensi-
blement son cœur s'attendrit, il conçoit
de la douleur de ses fautes passées, il for-
me la résolution de changer de conduite,
et de renoncer à ce monde qui l'avait sé-
duit.
Avant Jean Colombini, qui mourut en
1367, il y eut le bienheureux Jean de
Montmirel, né en 1217, et qui fut tout
d'abord un des plus brillants seigneurs de
la cour de Philippe-Auguste, celui-là ne
demandait comme nourriture, au monas-
tère de Citeaux, où il s'était retiré, que
le pain dc ce dont oo y nourrissait les
chiens.
Il y eut aussi un saint Jean anglais,
c'est-à-dire saint Jean de Bridlington, qui
naquit dans un port de mer du Yorkshire
et mourut, catholique modèle, pénitent,
élancée dans l'escalier, et avait gravi les cinq
étages, sans tenir compte des observations
que lui adressait Polichinelle.
Elle voulait voir sa mère, elle voulait par-
tager les dangers auxquels elle savait main-
tenant qu'elle était exposée, car chemin fai-
sant, son compagnon lui avait appris bien
des choses.
Elle n'avait qu'une crainte, c'était d'arri-
ver trop tard
Polichinelle la suivait de près, et quand
elle atteignit la mansarde du philosophe et
qu'une fois entrée dans la première chambre
elle put entendre le désordre bruyant qui ré-
gnait dans la pièce voisine, elle s'arrêta ha-
letante, comprima sa poitrine de ses deux
mains et frissonna de tout son être, aux pro-
pos cyniques et grossiers qui parvinrent jus-
qu'à son oreille.
A ce moment et malgré l'exaltation de son
esprit, elle eut réellement peur.
La chambre dans laquelle elle avait pé-
nétré était plongée dans l'obscurité, et pen-
dant les premières minutes, elle ne put y rien
distinguer.
Mais peu à peu son regard s'habitua à ces
ténèbres qui l'enveloppaient, et à travers
l'ombre, elle finit par apercevoir une vague
silhouette de femme qui se détachait dans
un coin de la Chambre..
Quelle était cette femme.?. que faisait-elle
fervent, dans la protestante Angleterre,
le 10 octobre 1376.
Il y eut encore un savant digne du sur-
nom de scholastigue, qui se nommait saint
Jean Çlimaque, pieux anachorète qui cher-
chait dans une absolue solitude et un si-
lence éternel les moyens d'élever et d'as-
sainir son âme.
Il y eut de même saint Jean de Kenti,
l'une des gloires de la Pologne religieuse.
Non content d'enseigner la vérité, il
parcourut les hôpitaux, prêcha au pied du
lit des malades, entendit les contessions
des mourants, et se montra, près du pau-
vre, un digne prêtre de Jésus-Christ.
Il visita les lieux saints en Palestine,
et fit quatre fois le voyage de Rome.
Dans un de ses voyages il fut arrêté
par des voleurs, qui le dépouillèrent de
tout son argent, en lui demandant s'il
n'en avait pas davantage. Jean répondit
que non quelques instants après il s'a-
perçut qu'il lui restait encore quelques
pièces d or. il rappela donc les voleurs
et les leur offrit aussi
Alors, pénétrés d'admiration pour une
telle candeur, les brigands se jetèrent à
ses pieds et lui rendirent tout ce qu'ils lui
avaient enlevé auparavant.
Ce saint homme resta constamment le
modèle des plus sublimes vertus, et mou-
rut le 24 décembre 1473.
llyeutdemêmesami/eçmrfe Capistran,
religieux de l'ordre de saint François, un
prédicateur qui prêchait la Guerre Sainte
contre les Dlahométans, et dont le corps,
jeté par les Luthériens dans le Danube,
en fut retiré plus tard pour figurer dans
le d:ocèse de Salmone.
Voici saint Jean Marinon, qui inven-
ta le premier Mont-de-Piété à Naples,
puis saint Jean de PérouZe, qui fut dé-
capité par ordre d'Agoze, roi de Va-
lence.
Puis encore saint Jean le Nain, un ana-
chorète dont la piété était plus grande que
la taille.
Son directeur lui ordonna un jour de
planter dans un terrain sec le bâton qu'il
tenait à sa main, et de l'arroser tous les
jours jusqu'à ce qu'il produisît du fruit.
Le disciple obéit avec simplicité, quoique
la rivière qui pouvait lui fournir de l'eau
fût à une grande distance. On rapporte
qu'ayant fait pendant trois ans, sans dire
un seul mot, ce qui lui avait été prescrit,
le bâton prit racines et produisit du fruit,
et que le vieil ermite l'ayant cueilli, le
porta à l'église, et dit aux frères « Pre-
» nez et mangez le fruit de l'obéissance. »
On lit dans Sulpice-Sévère que Postu-
là? que fallait-il, espérer ou craindre de sa
présence?
Troublée, incertaine, émue, elle fit quel-
ques pas vers elle.
Puis, comme prise tout à coup d'un redou-
blement de frayeur, elle peussa un cri, et
recula atterrée.
C'était Charmstte qui était devant elie!
Charmette, unie sans doute à Grandier
pour accomplir une vengeance terrible,
Charmette implacable et décidée à rendre à
la comtesse tout le mal que la comtesse avait
voulu lui faire!
Juliette sentit sa raison près- de sombrer
dans une épouvante sans nom.
0 ma mère 1 -ma mère! balbutia-t-elle,
en cherchant à étouffer ses sanglots.
Elle n'eut pas le temps d'achever. la
main de Charmette venait de s'emparer de
la sienne et la lui avait serrée!
Elle se releva comme si elle eut été tou-
chée par l'étincelle électrique.
Charmette! fit-elle avec une surprise
mêlée d'une sorte d'effroi.
Je vous attendais, répondit la jolie gri-
sette.
Mais comment .êtes-vous ici, continua
Juliette, Vous ignorez, peut-être ce qui s'y
mien, qui était en Egypte en 402, vit
l'arbre dont il s'agit couvert de feules,
Les Jean porter de l'auréole sainte se
pressent en foule dans l'Histoire de la Re-v
ligion.
Je vous rappelle le
Jean de Ribéra, le bienheureux qui prédit
la défaite de la flotte ou Armada, otiq
Philippe III opposa aux vaisseaux d'klbï )
sabeth d'Angleterre. '̃̃
Je vous rappelle Saint Tëàn
fils d'un riche seigneur de Constantinô-\
pie, et qui quitta la somptueuse maison^
de son père pour aller rejoindre les Acé^
m'êtes, c'est-à-dire les moines. qui net'
dormaient jamais!
Je vous rappelle Saint Jean de Réomay,,
l'un des fondateurs de la vie monastique-
en France.
Je vous rappelle Saint Jean VAiimâ-^
nier, qui nourrissait 7,500 pauvres. Il
Un homme riche d'Alexandrie, qui sut}
que le saint n'avait qu'une mauvaise cou-^1
verture à son lit, lui en envoya une pré-
cieuse, en le priant de vouloir s'en servir:
pour l'amour de lui. La nuit suivante, le,
saint s'en couvrit par complaisance; mais
la comparaison qu'il fit de son état avec-
celui de tant de pauvres qui manquaient
du nécessaire l'empêcha de dormir. La
couverture fut vendue le lendemain pour
faire des aumônes. Celui qui l'avait don-
née la racheta pour la rendre au saint
pasteur, qui la vendit une seconde, puis
une troisième fois, en disant agréable-
ment
Nous verrons lequel des deux se las-
sera le premier.
Honneur et respect encore à saint Jean
d'Alexandrie, sur les plaies duquel on versa
du vin et du vinaigre.
A saints Jean de Matha, dont on voit,
à Rome le tombeau.
A saint Jean de Sahagun, qui répandit;
ses doctrines en Espagne, dans le royaume
de Léon.
Et aussi à tous les Papes qui ont porté
le nom de Jean et illustre l'Eglise.
Vous voyez que le Chroniqueur, étourdi
par les bruits mondains du Carnaval, peut
se tromper en face de cette sainte légion,
Et que sa plume, en fourchant, a pu
confondre dans une même vénération le
Jean qui baptisa le Christ et, le Jean qui
écrivit sa sublime histoire.
Il y eut un Jean qui possédait tous les,
talents nécessaires pour devenir un histo-:
rien sacré il se nommait saint Jean Chry^
sostome.
Je sais tout, au contraire. Sauvée des
mains de Polichinelle par Louvet, c'est ce
dernier qui m'a dit de venir en ces lieux..
Et vous a-t-il prévenu aussi du danger
que court ma mère. Charmette, ce qui est
arrivé est horrible. On l'a enlevée de l'hô-<
tel. au milieu d'un bal. On l'a conduite
ici, et on l'y retient, en compagnie des cri-1
minels les plus odieux.
N'est-ce pas là le sort que Mme d'Or"
vado m'avait réservé à moi-même 2
Que dites-vous.
Ne le savez-vous pas?
Juliette voulut,,protester du geste.
Non, non.écoutez-moi. dit-elle il
est impossible que vous soyez sans pitié. Je
vous ai connue bonne, aimante, dévouée,
Charmette. laissez-moi vous dire. une'
rivalité passagère nous a faites ennemies, un
moment. vous aimiez Gontran, et moi, je
l'aimais aussi. La jalousie m'a rendue
folle, et j'ai tout oublié, pour satisfaire une
passion qui dominait tout en moi!
« Eh bien, je me repens, entendez-vous
à partir de cette heure, je renonce à cet
amour dont j'avais fait l'unique rêve de ma
vie, la seule joie de mon cœur. Gontran
vous aime, je le sais, je le proclame et
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Mercredi 10 février 1869
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T fe>'C CATTVTT'Ct ilSè" A 'ifcf; -»
Ii n'y â, dit le' proverbe,
ne font rien. qui ne se trompent jamais.
Ijans Un récent article sur les curiosi-
tés de la Bibliothèque de Constantinople,
visitée et décrite par M. Alfred de Cas-
tin, j'ai confondu dans une même véné-
ration Jean-Baptiste et Jean l'Eyangélis-
te. la main qui versa l'eau sainte et la
main qui tint la plume inspirée.
Il n'y avaitpourtant pas à s'y tromper.
Saint Jean-Baptiste, ce descendant de
la tribu d'Abia, qui s'en allait vêtu de
peaux de bêtes, se nourrissant de saute-
relles et de miel sauvage, et qui eut l'in-
signe honneur de verser l'eau du Jour-
dain sur le fr6nt du Christ, était né avant
lui.
Les Peintres célèbres ont représenté les
deux enfants, dont l'un semble déjà le
disciple de l'autre.
Tandis que saint Jean l'Evangéliste,
fils de Zébedée et de Salomé, naquit plus
tard que le Sauveur.
Il lui survécut pendant de longues
années, puisque tous les historiens s'ac-
cordent à soutenir qu'il mourut vers la
fin du premier siècle de notre ère, à un
âge très avancé.
L'erreur était aperçue un quart-d'heure
après que la phrase était écrite.
Mais allez donc l'arrêter.
Le clicheur avait déjà immobilisé les
caractères mouvants dont se forme la
page du Petit Journal.
Les mécaniques, qui sont tenues à ti-
rer 300,000 exemplaires en deux heures
lançaient déjà leurs soupirs pleins de
vapeur.
je criai arrêtez? arrêtez! ce n'est pas
saint Jean-Baptiste qui a écrit l'Apoca-
lypse.
Les machines ne faisaient pas la moin-
dre attention à mes réclamations.
Ne vous faites pas de bile, m'a ré-
pondu le chauffeur, Dieu reconna.îtra les
siens
Comme, aussi bien, nous entrons de
main dans le Carême il m'a pris ce
matin fantaisie de faire aux deux saints
Jean confondus. mes très ferventes
excuses.
Feuilleton du ÎO Février 1869
LES
MANSARDES DE PARIS
LXVIï
L'implacable ennemie
Voici ce qui s'était passé
Juliette, conduite par Polichinelle, était
arrivée au caboulot de 'a place Maubert,
quelque temps après Grandier, et elle avait
acquis immédiatement la certitudé que la
comtesse se trouvait dans la mansarde du
Philosophe, dans la triste compagnie où nous
venons de la voir.
N'écoutant alors que son,coeur, elle s'était
J'ai ouvert le livre des bienheureux, où
ils sont représentés en robes jaunes,
rouges ou bleues, l'auréole au fiont et la
alme verte aux doigts.
,) fais je me suis arrêté toutintimidé.
̃ÎU t'y a pas que deux saints Jean.
J] y en a plus de quatre, il y en a plus
r3e/dix. il y en a plus de vingt.
'l'Quand Dieu appelle Jean dans le Pa-
radis, plus d'un bienheureux doit ré-
pondre.
Puisque nous allons entrer, mes chers
Lecteurs, dans le saint temps des médita-
tions pieuses,et que les trompes du Mardi-
Gras lancent leur dernière fanfare discor-
dante dans les airs.laissez-moi vous pré-
senter à quelques-uns de ces Jean. qui
ont embaumé le monde par leurs vertus.
Voici venir saint Jean Colombîni. il
avait fondé en Italie un Ordre de Jésus
qui ne s'appelait pas les Jésuites, mais
bien les Jesuates.
C'était un homme précieux pour les
pauvres, dont il soulageait les misères.
Il avait débuté dans la vie par être élu
premier magistrat de Sienne, [son pays
natal.
Revenant un jour à midi très fatigué,
parce qu'il avait été accablé d'affaires
tout le matin, il ne trouva point le dîner
prêt, ce qui le fit entrer dans une étrange
colère. Sa femme, pour le désennuyer, lui
donna un livre et le pria de le lire jusqu'à
ce qu'il pût se mettre à table. C'était la Vie
des Saint. Colombini, dans l'accès de sa
fureur, prend le livre et le jette par terre.
Mais le moment d'après il a honte de
lui-même, il ramasse le livre l'ouvre et
tombe sur la Vie de sainte Marie d'E-
gypte. Il la lit, et y trouve tant de plaisir
qu'il ne pense plus à son dîner. Insensi-
blement son cœur s'attendrit, il conçoit
de la douleur de ses fautes passées, il for-
me la résolution de changer de conduite,
et de renoncer à ce monde qui l'avait sé-
duit.
Avant Jean Colombini, qui mourut en
1367, il y eut le bienheureux Jean de
Montmirel, né en 1217, et qui fut tout
d'abord un des plus brillants seigneurs de
la cour de Philippe-Auguste, celui-là ne
demandait comme nourriture, au monas-
tère de Citeaux, où il s'était retiré, que
le pain dc ce dont oo y nourrissait les
chiens.
Il y eut aussi un saint Jean anglais,
c'est-à-dire saint Jean de Bridlington, qui
naquit dans un port de mer du Yorkshire
et mourut, catholique modèle, pénitent,
élancée dans l'escalier, et avait gravi les cinq
étages, sans tenir compte des observations
que lui adressait Polichinelle.
Elle voulait voir sa mère, elle voulait par-
tager les dangers auxquels elle savait main-
tenant qu'elle était exposée, car chemin fai-
sant, son compagnon lui avait appris bien
des choses.
Elle n'avait qu'une crainte, c'était d'arri-
ver trop tard
Polichinelle la suivait de près, et quand
elle atteignit la mansarde du philosophe et
qu'une fois entrée dans la première chambre
elle put entendre le désordre bruyant qui ré-
gnait dans la pièce voisine, elle s'arrêta ha-
letante, comprima sa poitrine de ses deux
mains et frissonna de tout son être, aux pro-
pos cyniques et grossiers qui parvinrent jus-
qu'à son oreille.
A ce moment et malgré l'exaltation de son
esprit, elle eut réellement peur.
La chambre dans laquelle elle avait pé-
nétré était plongée dans l'obscurité, et pen-
dant les premières minutes, elle ne put y rien
distinguer.
Mais peu à peu son regard s'habitua à ces
ténèbres qui l'enveloppaient, et à travers
l'ombre, elle finit par apercevoir une vague
silhouette de femme qui se détachait dans
un coin de la Chambre..
Quelle était cette femme.?. que faisait-elle
fervent, dans la protestante Angleterre,
le 10 octobre 1376.
Il y eut encore un savant digne du sur-
nom de scholastigue, qui se nommait saint
Jean Çlimaque, pieux anachorète qui cher-
chait dans une absolue solitude et un si-
lence éternel les moyens d'élever et d'as-
sainir son âme.
Il y eut de même saint Jean de Kenti,
l'une des gloires de la Pologne religieuse.
Non content d'enseigner la vérité, il
parcourut les hôpitaux, prêcha au pied du
lit des malades, entendit les contessions
des mourants, et se montra, près du pau-
vre, un digne prêtre de Jésus-Christ.
Il visita les lieux saints en Palestine,
et fit quatre fois le voyage de Rome.
Dans un de ses voyages il fut arrêté
par des voleurs, qui le dépouillèrent de
tout son argent, en lui demandant s'il
n'en avait pas davantage. Jean répondit
que non quelques instants après il s'a-
perçut qu'il lui restait encore quelques
pièces d or. il rappela donc les voleurs
et les leur offrit aussi
Alors, pénétrés d'admiration pour une
telle candeur, les brigands se jetèrent à
ses pieds et lui rendirent tout ce qu'ils lui
avaient enlevé auparavant.
Ce saint homme resta constamment le
modèle des plus sublimes vertus, et mou-
rut le 24 décembre 1473.
llyeutdemêmesami/eçmrfe Capistran,
religieux de l'ordre de saint François, un
prédicateur qui prêchait la Guerre Sainte
contre les Dlahométans, et dont le corps,
jeté par les Luthériens dans le Danube,
en fut retiré plus tard pour figurer dans
le d:ocèse de Salmone.
Voici saint Jean Marinon, qui inven-
ta le premier Mont-de-Piété à Naples,
puis saint Jean de PérouZe, qui fut dé-
capité par ordre d'Agoze, roi de Va-
lence.
Puis encore saint Jean le Nain, un ana-
chorète dont la piété était plus grande que
la taille.
Son directeur lui ordonna un jour de
planter dans un terrain sec le bâton qu'il
tenait à sa main, et de l'arroser tous les
jours jusqu'à ce qu'il produisît du fruit.
Le disciple obéit avec simplicité, quoique
la rivière qui pouvait lui fournir de l'eau
fût à une grande distance. On rapporte
qu'ayant fait pendant trois ans, sans dire
un seul mot, ce qui lui avait été prescrit,
le bâton prit racines et produisit du fruit,
et que le vieil ermite l'ayant cueilli, le
porta à l'église, et dit aux frères « Pre-
» nez et mangez le fruit de l'obéissance. »
On lit dans Sulpice-Sévère que Postu-
là? que fallait-il, espérer ou craindre de sa
présence?
Troublée, incertaine, émue, elle fit quel-
ques pas vers elle.
Puis, comme prise tout à coup d'un redou-
blement de frayeur, elle peussa un cri, et
recula atterrée.
C'était Charmstte qui était devant elie!
Charmette, unie sans doute à Grandier
pour accomplir une vengeance terrible,
Charmette implacable et décidée à rendre à
la comtesse tout le mal que la comtesse avait
voulu lui faire!
Juliette sentit sa raison près- de sombrer
dans une épouvante sans nom.
0 ma mère 1 -ma mère! balbutia-t-elle,
en cherchant à étouffer ses sanglots.
Elle n'eut pas le temps d'achever. la
main de Charmette venait de s'emparer de
la sienne et la lui avait serrée!
Elle se releva comme si elle eut été tou-
chée par l'étincelle électrique.
Charmette! fit-elle avec une surprise
mêlée d'une sorte d'effroi.
Je vous attendais, répondit la jolie gri-
sette.
Mais comment .êtes-vous ici, continua
Juliette, Vous ignorez, peut-être ce qui s'y
mien, qui était en Egypte en 402, vit
l'arbre dont il s'agit couvert de feules,
Les Jean porter de l'auréole sainte se
pressent en foule dans l'Histoire de la Re-v
ligion.
Je vous rappelle le
Jean de Ribéra, le bienheureux qui prédit
la défaite de la flotte ou Armada, otiq
Philippe III opposa aux vaisseaux d'klbï )
sabeth d'Angleterre. '̃̃
Je vous rappelle Saint Tëàn
fils d'un riche seigneur de Constantinô-\
pie, et qui quitta la somptueuse maison^
de son père pour aller rejoindre les Acé^
m'êtes, c'est-à-dire les moines. qui net'
dormaient jamais!
Je vous rappelle Saint Jean de Réomay,,
l'un des fondateurs de la vie monastique-
en France.
Je vous rappelle Saint Jean VAiimâ-^
nier, qui nourrissait 7,500 pauvres. Il
Un homme riche d'Alexandrie, qui sut}
que le saint n'avait qu'une mauvaise cou-^1
verture à son lit, lui en envoya une pré-
cieuse, en le priant de vouloir s'en servir:
pour l'amour de lui. La nuit suivante, le,
saint s'en couvrit par complaisance; mais
la comparaison qu'il fit de son état avec-
celui de tant de pauvres qui manquaient
du nécessaire l'empêcha de dormir. La
couverture fut vendue le lendemain pour
faire des aumônes. Celui qui l'avait don-
née la racheta pour la rendre au saint
pasteur, qui la vendit une seconde, puis
une troisième fois, en disant agréable-
ment
Nous verrons lequel des deux se las-
sera le premier.
Honneur et respect encore à saint Jean
d'Alexandrie, sur les plaies duquel on versa
du vin et du vinaigre.
A saints Jean de Matha, dont on voit,
à Rome le tombeau.
A saint Jean de Sahagun, qui répandit;
ses doctrines en Espagne, dans le royaume
de Léon.
Et aussi à tous les Papes qui ont porté
le nom de Jean et illustre l'Eglise.
Vous voyez que le Chroniqueur, étourdi
par les bruits mondains du Carnaval, peut
se tromper en face de cette sainte légion,
Et que sa plume, en fourchant, a pu
confondre dans une même vénération le
Jean qui baptisa le Christ et, le Jean qui
écrivit sa sublime histoire.
Il y eut un Jean qui possédait tous les,
talents nécessaires pour devenir un histo-:
rien sacré il se nommait saint Jean Chry^
sostome.
Je sais tout, au contraire. Sauvée des
mains de Polichinelle par Louvet, c'est ce
dernier qui m'a dit de venir en ces lieux..
Et vous a-t-il prévenu aussi du danger
que court ma mère. Charmette, ce qui est
arrivé est horrible. On l'a enlevée de l'hô-<
tel. au milieu d'un bal. On l'a conduite
ici, et on l'y retient, en compagnie des cri-1
minels les plus odieux.
N'est-ce pas là le sort que Mme d'Or"
vado m'avait réservé à moi-même 2
Que dites-vous.
Ne le savez-vous pas?
Juliette voulut,,protester du geste.
Non, non.écoutez-moi. dit-elle il
est impossible que vous soyez sans pitié. Je
vous ai connue bonne, aimante, dévouée,
Charmette. laissez-moi vous dire. une'
rivalité passagère nous a faites ennemies, un
moment. vous aimiez Gontran, et moi, je
l'aimais aussi. La jalousie m'a rendue
folle, et j'ai tout oublié, pour satisfaire une
passion qui dominait tout en moi!
« Eh bien, je me repens, entendez-vous
à partir de cette heure, je renonce à cet
amour dont j'avais fait l'unique rêve de ma
vie, la seule joie de mon cœur. Gontran
vous aime, je le sais, je le proclame et
J.9
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