Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-02-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 02 février 1869 02 février 1869
Description : 1869/02/02 (Numéro 2224). 1869/02/02 (Numéro 2224).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5902753
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue de La Fayette, 61
Librairie du Petit Journal
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SIX MOIS 9 FR
QUOTIDIEN
NUMÉRO
1 Abonnements Départ» 1
1 six .mois.. 12 FR.r
Sixième
Mardi 2 février
Tirage du Petit Journal
LUNDI fer
Le Petit Jourlnal n'est pas exclusive-
ment rédigé pour les hommes, au profit
absolu du sexe qui porte des chapeaux
plats et des favoris en côtelettes
Il importe que les dames y trouvent
également un sujet de récréations.
Je ne leur parlerai pas du divorce,- de
leur avènement aux fonctions publiques.,
d'une émancipation dont je ne découvre
pas pour elles le côté absolument avanta-
geux.
Mais je serai touj ours heureux lorsqu'il
me sera permis de traiter un sujet sus-
ceptible de leur plaire.
On fait à l'heure qu'il est des Conféren-
ces sur toutes choses sur l'électricité
et le progrès, sur le journalisme et la va-
peur, sur l'esclavage et sur la liberté.
Pourquoi n'imiterai&je. pas, dans la
limite de mes faibles moyens, d'aussi il-
lustres exemples.
J'ai fait hier, dans un salon d'amis, une
conférence que je veux reproduire ici.
On m'avait laissé choisir lé sujet de
mon improvisation.
Je suis allé auprès d'une très charmante
demoiselle anglaise, miss Lizzy.
Et je lui ai demandé la permission de
faire une Conférence. sur ses épaules.
Qu'est-ce que cela a de si étrange, mon
aimable Lectrice, que vous vous mettez
déjà à sourire. en cachant votre gai vi-
sage dans la feuille du présent journal`?.
On a bien fait des confërences sur la
neige j'en puis bien faire sur deux
épaules d'albâtre.
D'ailleurs, j'en dois bien faire ici le
pudique et public aveu
Quand je fixe mes yeux, avides de
beautés, sur les épaules d'une jeune
dame. j'ai un but principal la femme
étant un ange de la terre, j'y cherche
tout bonnement. des ailes.
Toutefois je ne suis pas assez indiscret
pour livrer à ma curieuse analyse le bloc
de marbre, dont deux bras blancs sem-
blent surgir. comme par prodige.
Fenilleton du 2 Févvier 1869
•*̃'̃̃•̃• LES '̃
MANSARDES DE PARIS
"Une nouvelle disparition
Vous voulez, donc m'assassiner s'écria
Polichinelle, en faisant un effort pour se le-
ver.
Où serait le mal? répondit Sac-à-Plâtre
en riant.
f Polichinelle ne répondit pas. Il avait été
un moment distrait et peut-être effrayé par
la menace de Sac-à-Plâtre, mais les paroles
de Rougeot-Cad et lui revinrent à l'esprit, et
il se demandait ce que voulait dire la ques-
tion qu'elles renfermaient.
Madame de Sévigné, naturellement im-
patiente, disait plaisamment qu'on la sur-1
renait presque toujours ù pousser le
emps avec les épaules.
jALes jeunes filles, qui ne sont pas si
Ijaessées de vieillir, ont déjà bien assez
peine à les empêcher de sortir de leurs
$bes de bal» ..ces épaules mignonnes,
sans les employer, comme l'auteur des
Lettres célèbrés, à d'autres usagesr
Il n'y a qu'un médecin pour chercher
dans le buste éblouissant d'une jeune per-
sonne les muscles qui le font mouvoir, à
savoir le ses-épineux, le sous-épineux, le
grand rond, le sous-scapulair'e et le del-
torde..
Les épaules ne sont-elles pas à une
tête charmante ce qu'est un magnifique
soubassement à un dôme radieux?.
On a eu beau dire que le Style est à
l'Idée ce que l'émail est aux dents, en ce
qu'il la conserve et la fait valoir, il est
impossible de faire, sans inconvenance ou
pédantisme, une conférence sur les épau-
les mêmes
A quoi servirait de chercher par quel
miracle de construction du Divin Ou-.
vrier elles sont unies au tronc humain?
Et de déterminer, devant les auditeurs
d'un salon, quels sont les noms divers
des artères, des veines et des vaisseaux
lymphatiques qui y entretiennent la vie
et le mouvement.
Le Sujet d'ailleurs ne se prêterait pas à
cet examen indiscret et mettrait, devant
son conférencier audacieux, sa pelisse ou
son châle.
Mais les Alpes ne sont pas seulement
des monts"souvent couverts de neige.
Le paysagiste consciencieux y décou,vre
les sapins, les mélèzes, les chênes, les hê-
tres, les cerisiers, et même les vignes-
au feuillage opulent.
J'approche des deux montagnes roses
et blanches qui apparaissent. encadrées,
dans la robe de miss Lizzy, par une gar-
niture de Chantilly
Quelque chose y paraît perdu dans le
ton mat de la chair, comme des fraises
couvertes de sucre.
On dirait les cerises des Alpes mon-
trant leurs grains vermeils au-dessus des
glaciers.
C'est un collier. un collier à la mode
anglaise. un collier de corail.
Je me suis mis en face de miss Lizzy.
j'ai pris en main son collier par les plus
grosses perles et je me suis exprimé en
ces termes
Si Rougeot-Cadet et Sac-à-Plâtre s'inté-
ressaient à Charmette, c'est qu'ils étaient
poussés par Grandier, et quel autre que ce
dernier avait pu s'emparer de Charmette, au
milieu du désordre provoqué par l'arrivée de
Louvet au Petit-Pot.
Il n'y comprenait plus rien.
Qu'était donc devenue la jolie grisette?
Entre les mains de quel mystérieux protec-
teur était-elle tombée? Ou plutôt quel rôle
étrange jouait le jeune Gontran dans toute
cette affaire, puisque, connaissant la retraite
de Charmette, il l'avait cachée à Grandier et
à Sac-à-Plâtre.
Polichinelle se perdait en conjectures
contradictoires.
Eh bien! eh bien! fit tout à coup Rou-
geot-Cadet en le secouant brusquement.
Est-ce que nous allons endormir, à pré-
sent. ou la joie de nous avoir retrouvés
t'a-t-elle ravi la parole.
C'est que ces cordes m'entrent dans les
chairs, répondit Polichinelle.
Bon! il va jouer la Tour de Nesle. ré-
pliqua Sac-à-Plâtre.
Et puis, ce n'est pas tout çà. ajouta
question, et entre gens bien élevés, une de-
mande vaut une réponse. Exécute-toi donc,
et plus vite que ça.
j^ais je vous jure 1 balbujja le patient.
Mademoiselle!
Mesdames et Messieurs
La substance charmante que je rencon-
tre sur ces délicates épaules a causé'bien
des désordres. et amené bien des
morts..
Rien ne m'assure que ce fragment rose
que j'ai l'honneur de tenir actuellement:
entre mes doigts, n'ait pas amené trépas
d'homme.
Pendant .de nombreux siècles on a cru
que le corail était une fleur.
Theophraste, Dioscofide et Pline sou-
tenaient que' c'était une plante.
Tourneiort, un naturaliste placé plus
près de nous, reproduisait, en 1700, la
même idée.
En vain le comte de Marsigli, natura-
liste d'un grand renom, avait affirmé
avoir découvert les fleurs du corail..
Un Marseillais, Jean-André de Peys-
sonnel renversa ce système en 1723.
Il affirma que le corail n'était pas du-
tout une plante, mais bien un être
qu'il convenait de placer aux derniers
rangs de l'échelle zoologique.
Je fis fleurir le corail, dit Peyssonnel, dans des
vases pleins d'eau de mer, et j'observai que ce
que' nous croyions être la fleur de cette préten-
due plante, p'é:ait au vrai qu'un insecte,
semblable à une petite ortie, ou poulpe.
J'avais le plaisir de voir remuer les pattes ou
les pieds de cette ortie, et ayant mis le vase plein
d'eau où le corail étai¡, à une douce chaleur au-
près du feu, tous les petits insectes s'épanouirent.
L'ortie sortie étend les pieds et forme ce que
M. de Marsigli et moi avions pris pour des péta-
les de la fleur. Le calice de celte prétendue fleur
est le corps même de l'animal avancé et sorti
hors de la cellule..
Les observations de Peyssonnel ve-
naient réduire à néant une découverte
qui avait excité une admiration unani-
me. Aussi fut-elle très mal accueillie des
naturalistes du jour.. Réaumur se distin-
gua surtout dans une guerre qui fut en-
treprise contre le jeune novateur.
Peyssonnel, attristé et dégoûté par le.
mauvais accueil fait à ses travaux, aban-
donna ses recherches. Il abandonna mê-
me la science et les hommes, et alla vieil-
lir obscurément aux Antilles conime chi-
rurgien de marine.
Pendant que Peyssonnel vivait oublié
aux Antilles, ses travaux scientifiques
étaient couronnés à Paris d'un triomphe
complet, mais stérile pour lui. Réaumur
donna aux animalcules qui vivent sur le
corail le nom de Polypes, et celui de.poly-
pier aux parties dures qui leur servent
d'enveloppe ou de support. Il considéra
ces polypiers comme des produits de l'in-
dustrie architecturale des polypes. En
d'autres termes, Réaumur introduisit
dans la science les vues mêmes qu'il n'a-
Où l'avez-vous cachée?
Je n'en sais rien.
Tu t'obstines?.
Mais, puisque je vous dis
Polichinelle n'acheva pas.
La pointe du couteau de Sac-à-Plâtre, en
pénétrant de deux lignes dans les chairs, lui
avait coupé la parole.
Ah je te repincerai au'demi-cer-
cle, hurla Polichinelle avec fureur.
Menacer n'est pas répondrel insista
Rougeot-Cadet.
Mais quand vous me tueriez.
Ça pourra aller jusque-là.
Comment vous dire ce que j'ignore?
Tu mens
D'ailleurs, continua Polichinelle, au
lieu de me torturer comme ferait un bour-
reau, il serait bien plus simple de vous adres-
ser à un de vos amis, qui doit en savoir long
à ce sujet'
Qui cela?
Gontran.
Qu'est-ce que cette plaisanterie? fit
Sac-à-Plâtre.
Je ne plaisante pas.
Il connaît donc la demeure de Char-
mette ?
Parbleu 1
Qui te l'a dit.
_-rJeul'ài vu.
vait cessé de combattre et de contester à
leur auteur.
Depuis cette discussion célèbre ditivi.
Figuier, auquel j'empruiite ces détails,
l'animalité du Corail n'a jamais été mis en
doute; v. .v ;w>.
Ici miss Lizzy fit une interruption-,
Comment, j'aurais,des animaux, dës
bêtes sur mes épaules! dit-Vdle avec
terreur. .;• »,
¡-Assurément, lui dis-je; le èo^ail est
composé par des polypes.
des êtres qui tiennent le, milieu et î°r~
Un sac dont l'ouverture forme la 0011-
che et la tête de l'animal, le bout du sac
sa queue et les petits barbillons de l'ou-
verture ses bras.voilà,-dit M.Berthelot,
le Polype atl complet..
Un' écrivain spécial, M. Th. Chritén,
dans scm Traité cle l'art du lapidaire, qui
vient de paraître, dit ceci
« Il y a plusieurs espèces de corail et
de plusieurs couleurs; il est rouge, blanc,
noir, vert, jaunâtre, cendré et autres cou-
leurs mélangées, mais c'est le rouge que
l'on préfère.
« Depuis quelques années (environ qua-
tre ans), on a repris le corail en mode,
mais on a changé de goût et c'est le corail
rouge qui remporte la palme. Cette cou-
leur est donnée au corailpar des moyens
cliimiques; mais le rouge sera toujours le
mieux, cette couleur étant naturelle.
» On a reconnu que le* corail était une
habitation d'une multitude de petits poT
lypes de mer. Il'
» Ils sont les architectes de ces ouvra-
ges si délicats, dont la substance est peu
dure, compacte, entièrement pleine
et massive sans aucuns trous ni poro-
sités apparentes quoiqu'elle soit re-
vêtue d'une espèce d'écorce tartreuse, de
tubules et de petits trous.
» On enlève facilement cette écorce au
moment où le corail sort de l'eau; mais
dès qu'il a été exposé à l'air pendant un
certain temps, on ne peut plus la déta-
cher sans l'user ou la réduire en poudre
par un moyen quelconque.
C'est toujours dans la partie extérieure
qu'habitent les polypes. Ils étendent une
multitude de petits bras en rayons, pour
saisir les animalcules dont ils se nourris-
sent.
On remarque au Jardin-des-Plantes un
petit morceau de corail bien intéressant,
on y voit le polype dans cet état de déve-
loppement.
Quand cela?
Ce matin. et si vous en doutez, vous
n'avez qu'à le lui demander à lui-même.
Polichinelle achevait à peine ces paroles
que Gontran lui-même, guidé par le bruit
des voix, arrivait au milieu du groupe. j
Sac-à-Plâtre ne put retenir un geste dé-
tonnement à sa vue.
Vous ici, monsieur Gontran, dit-il en
cherchant une raison plausible à sa présence.
Oui, c'est moi, mon ami. répondit le
jeune homme d'un ton soucieux et préoccu-
pé. Je quitte Grandier à l'instant. Il m'a
confié le but de votre entreprise nocturne, et
je suis accouru pour vous empêcher de com-
mettre un meurtre.
Un meurtre 1 répéta Sac-à-Plâtre.
Vous pouviez tuer cet homme.
Mais il refuse de répondre.
Par la raison fort simple .que Char-
mette n'est pas entre les mains de ceux que
vous croyez.
Vous savez donc où elle est?
Je le sais.
Et où est-elle?
Je ne puis ]Le dire.
-Au moins, vous avez pu confier ce se-
cret à M. Grand'ier.
Ni a lui, nu à personne.
Sac-à-Plâtre eut un mouvement de ae<
fiance, et chère [ha à distinguer l'expression
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LUNDI fer
Le Petit Jourlnal n'est pas exclusive-
ment rédigé pour les hommes, au profit
absolu du sexe qui porte des chapeaux
plats et des favoris en côtelettes
Il importe que les dames y trouvent
également un sujet de récréations.
Je ne leur parlerai pas du divorce,- de
leur avènement aux fonctions publiques.,
d'une émancipation dont je ne découvre
pas pour elles le côté absolument avanta-
geux.
Mais je serai touj ours heureux lorsqu'il
me sera permis de traiter un sujet sus-
ceptible de leur plaire.
On fait à l'heure qu'il est des Conféren-
ces sur toutes choses sur l'électricité
et le progrès, sur le journalisme et la va-
peur, sur l'esclavage et sur la liberté.
Pourquoi n'imiterai&je. pas, dans la
limite de mes faibles moyens, d'aussi il-
lustres exemples.
J'ai fait hier, dans un salon d'amis, une
conférence que je veux reproduire ici.
On m'avait laissé choisir lé sujet de
mon improvisation.
Je suis allé auprès d'une très charmante
demoiselle anglaise, miss Lizzy.
Et je lui ai demandé la permission de
faire une Conférence. sur ses épaules.
Qu'est-ce que cela a de si étrange, mon
aimable Lectrice, que vous vous mettez
déjà à sourire. en cachant votre gai vi-
sage dans la feuille du présent journal`?.
On a bien fait des confërences sur la
neige j'en puis bien faire sur deux
épaules d'albâtre.
D'ailleurs, j'en dois bien faire ici le
pudique et public aveu
Quand je fixe mes yeux, avides de
beautés, sur les épaules d'une jeune
dame. j'ai un but principal la femme
étant un ange de la terre, j'y cherche
tout bonnement. des ailes.
Toutefois je ne suis pas assez indiscret
pour livrer à ma curieuse analyse le bloc
de marbre, dont deux bras blancs sem-
blent surgir. comme par prodige.
Fenilleton du 2 Févvier 1869
•*̃'̃̃•̃• LES '̃
MANSARDES DE PARIS
"Une nouvelle disparition
Vous voulez, donc m'assassiner s'écria
Polichinelle, en faisant un effort pour se le-
ver.
Où serait le mal? répondit Sac-à-Plâtre
en riant.
f Polichinelle ne répondit pas. Il avait été
un moment distrait et peut-être effrayé par
la menace de Sac-à-Plâtre, mais les paroles
de Rougeot-Cad et lui revinrent à l'esprit, et
il se demandait ce que voulait dire la ques-
tion qu'elles renfermaient.
Madame de Sévigné, naturellement im-
patiente, disait plaisamment qu'on la sur-1
renait presque toujours ù pousser le
emps avec les épaules.
jALes jeunes filles, qui ne sont pas si
Ijaessées de vieillir, ont déjà bien assez
peine à les empêcher de sortir de leurs
$bes de bal» ..ces épaules mignonnes,
sans les employer, comme l'auteur des
Lettres célèbrés, à d'autres usagesr
Il n'y a qu'un médecin pour chercher
dans le buste éblouissant d'une jeune per-
sonne les muscles qui le font mouvoir, à
savoir le ses-épineux, le sous-épineux, le
grand rond, le sous-scapulair'e et le del-
torde..
Les épaules ne sont-elles pas à une
tête charmante ce qu'est un magnifique
soubassement à un dôme radieux?.
On a eu beau dire que le Style est à
l'Idée ce que l'émail est aux dents, en ce
qu'il la conserve et la fait valoir, il est
impossible de faire, sans inconvenance ou
pédantisme, une conférence sur les épau-
les mêmes
A quoi servirait de chercher par quel
miracle de construction du Divin Ou-.
vrier elles sont unies au tronc humain?
Et de déterminer, devant les auditeurs
d'un salon, quels sont les noms divers
des artères, des veines et des vaisseaux
lymphatiques qui y entretiennent la vie
et le mouvement.
Le Sujet d'ailleurs ne se prêterait pas à
cet examen indiscret et mettrait, devant
son conférencier audacieux, sa pelisse ou
son châle.
Mais les Alpes ne sont pas seulement
des monts"souvent couverts de neige.
Le paysagiste consciencieux y décou,vre
les sapins, les mélèzes, les chênes, les hê-
tres, les cerisiers, et même les vignes-
au feuillage opulent.
J'approche des deux montagnes roses
et blanches qui apparaissent. encadrées,
dans la robe de miss Lizzy, par une gar-
niture de Chantilly
Quelque chose y paraît perdu dans le
ton mat de la chair, comme des fraises
couvertes de sucre.
On dirait les cerises des Alpes mon-
trant leurs grains vermeils au-dessus des
glaciers.
C'est un collier. un collier à la mode
anglaise. un collier de corail.
Je me suis mis en face de miss Lizzy.
j'ai pris en main son collier par les plus
grosses perles et je me suis exprimé en
ces termes
Si Rougeot-Cadet et Sac-à-Plâtre s'inté-
ressaient à Charmette, c'est qu'ils étaient
poussés par Grandier, et quel autre que ce
dernier avait pu s'emparer de Charmette, au
milieu du désordre provoqué par l'arrivée de
Louvet au Petit-Pot.
Il n'y comprenait plus rien.
Qu'était donc devenue la jolie grisette?
Entre les mains de quel mystérieux protec-
teur était-elle tombée? Ou plutôt quel rôle
étrange jouait le jeune Gontran dans toute
cette affaire, puisque, connaissant la retraite
de Charmette, il l'avait cachée à Grandier et
à Sac-à-Plâtre.
Polichinelle se perdait en conjectures
contradictoires.
Eh bien! eh bien! fit tout à coup Rou-
geot-Cadet en le secouant brusquement.
Est-ce que nous allons endormir, à pré-
sent. ou la joie de nous avoir retrouvés
t'a-t-elle ravi la parole.
C'est que ces cordes m'entrent dans les
chairs, répondit Polichinelle.
Bon! il va jouer la Tour de Nesle. ré-
pliqua Sac-à-Plâtre.
Et puis, ce n'est pas tout çà. ajouta
question, et entre gens bien élevés, une de-
mande vaut une réponse. Exécute-toi donc,
et plus vite que ça.
j^ais je vous jure 1 balbujja le patient.
Mademoiselle!
Mesdames et Messieurs
La substance charmante que je rencon-
tre sur ces délicates épaules a causé'bien
des désordres. et amené bien des
morts..
Rien ne m'assure que ce fragment rose
que j'ai l'honneur de tenir actuellement:
entre mes doigts, n'ait pas amené trépas
d'homme.
Pendant .de nombreux siècles on a cru
que le corail était une fleur.
Theophraste, Dioscofide et Pline sou-
tenaient que' c'était une plante.
Tourneiort, un naturaliste placé plus
près de nous, reproduisait, en 1700, la
même idée.
En vain le comte de Marsigli, natura-
liste d'un grand renom, avait affirmé
avoir découvert les fleurs du corail..
Un Marseillais, Jean-André de Peys-
sonnel renversa ce système en 1723.
Il affirma que le corail n'était pas du-
tout une plante, mais bien un être
qu'il convenait de placer aux derniers
rangs de l'échelle zoologique.
Je fis fleurir le corail, dit Peyssonnel, dans des
vases pleins d'eau de mer, et j'observai que ce
que' nous croyions être la fleur de cette préten-
due plante, p'é:ait au vrai qu'un insecte,
semblable à une petite ortie, ou poulpe.
J'avais le plaisir de voir remuer les pattes ou
les pieds de cette ortie, et ayant mis le vase plein
d'eau où le corail étai¡, à une douce chaleur au-
près du feu, tous les petits insectes s'épanouirent.
L'ortie sortie étend les pieds et forme ce que
M. de Marsigli et moi avions pris pour des péta-
les de la fleur. Le calice de celte prétendue fleur
est le corps même de l'animal avancé et sorti
hors de la cellule..
Les observations de Peyssonnel ve-
naient réduire à néant une découverte
qui avait excité une admiration unani-
me. Aussi fut-elle très mal accueillie des
naturalistes du jour.. Réaumur se distin-
gua surtout dans une guerre qui fut en-
treprise contre le jeune novateur.
Peyssonnel, attristé et dégoûté par le.
mauvais accueil fait à ses travaux, aban-
donna ses recherches. Il abandonna mê-
me la science et les hommes, et alla vieil-
lir obscurément aux Antilles conime chi-
rurgien de marine.
Pendant que Peyssonnel vivait oublié
aux Antilles, ses travaux scientifiques
étaient couronnés à Paris d'un triomphe
complet, mais stérile pour lui. Réaumur
donna aux animalcules qui vivent sur le
corail le nom de Polypes, et celui de.poly-
pier aux parties dures qui leur servent
d'enveloppe ou de support. Il considéra
ces polypiers comme des produits de l'in-
dustrie architecturale des polypes. En
d'autres termes, Réaumur introduisit
dans la science les vues mêmes qu'il n'a-
Où l'avez-vous cachée?
Je n'en sais rien.
Tu t'obstines?.
Mais, puisque je vous dis
Polichinelle n'acheva pas.
La pointe du couteau de Sac-à-Plâtre, en
pénétrant de deux lignes dans les chairs, lui
avait coupé la parole.
Ah je te repincerai au'demi-cer-
cle, hurla Polichinelle avec fureur.
Menacer n'est pas répondrel insista
Rougeot-Cadet.
Mais quand vous me tueriez.
Ça pourra aller jusque-là.
Comment vous dire ce que j'ignore?
Tu mens
D'ailleurs, continua Polichinelle, au
lieu de me torturer comme ferait un bour-
reau, il serait bien plus simple de vous adres-
ser à un de vos amis, qui doit en savoir long
à ce sujet'
Qui cela?
Gontran.
Qu'est-ce que cette plaisanterie? fit
Sac-à-Plâtre.
Je ne plaisante pas.
Il connaît donc la demeure de Char-
mette ?
Parbleu 1
Qui te l'a dit.
_-rJeul'ài vu.
vait cessé de combattre et de contester à
leur auteur.
Depuis cette discussion célèbre ditivi.
Figuier, auquel j'empruiite ces détails,
l'animalité du Corail n'a jamais été mis en
doute; v. .v ;w>.
Ici miss Lizzy fit une interruption-,
Comment, j'aurais,des animaux, dës
bêtes sur mes épaules! dit-Vdle avec
terreur. .;• »,
¡-Assurément, lui dis-je; le èo^ail est
composé par des polypes.
des êtres qui tiennent le, milieu et î°r~
Un sac dont l'ouverture forme la 0011-
che et la tête de l'animal, le bout du sac
sa queue et les petits barbillons de l'ou-
verture ses bras.voilà,-dit M.Berthelot,
le Polype atl complet..
Un' écrivain spécial, M. Th. Chritén,
dans scm Traité cle l'art du lapidaire, qui
vient de paraître, dit ceci
« Il y a plusieurs espèces de corail et
de plusieurs couleurs; il est rouge, blanc,
noir, vert, jaunâtre, cendré et autres cou-
leurs mélangées, mais c'est le rouge que
l'on préfère.
« Depuis quelques années (environ qua-
tre ans), on a repris le corail en mode,
mais on a changé de goût et c'est le corail
rouge qui remporte la palme. Cette cou-
leur est donnée au corailpar des moyens
cliimiques; mais le rouge sera toujours le
mieux, cette couleur étant naturelle.
» On a reconnu que le* corail était une
habitation d'une multitude de petits poT
lypes de mer. Il'
» Ils sont les architectes de ces ouvra-
ges si délicats, dont la substance est peu
dure, compacte, entièrement pleine
et massive sans aucuns trous ni poro-
sités apparentes quoiqu'elle soit re-
vêtue d'une espèce d'écorce tartreuse, de
tubules et de petits trous.
» On enlève facilement cette écorce au
moment où le corail sort de l'eau; mais
dès qu'il a été exposé à l'air pendant un
certain temps, on ne peut plus la déta-
cher sans l'user ou la réduire en poudre
par un moyen quelconque.
C'est toujours dans la partie extérieure
qu'habitent les polypes. Ils étendent une
multitude de petits bras en rayons, pour
saisir les animalcules dont ils se nourris-
sent.
On remarque au Jardin-des-Plantes un
petit morceau de corail bien intéressant,
on y voit le polype dans cet état de déve-
loppement.
Quand cela?
Ce matin. et si vous en doutez, vous
n'avez qu'à le lui demander à lui-même.
Polichinelle achevait à peine ces paroles
que Gontran lui-même, guidé par le bruit
des voix, arrivait au milieu du groupe. j
Sac-à-Plâtre ne put retenir un geste dé-
tonnement à sa vue.
Vous ici, monsieur Gontran, dit-il en
cherchant une raison plausible à sa présence.
Oui, c'est moi, mon ami. répondit le
jeune homme d'un ton soucieux et préoccu-
pé. Je quitte Grandier à l'instant. Il m'a
confié le but de votre entreprise nocturne, et
je suis accouru pour vous empêcher de com-
mettre un meurtre.
Un meurtre 1 répéta Sac-à-Plâtre.
Vous pouviez tuer cet homme.
Mais il refuse de répondre.
Par la raison fort simple .que Char-
mette n'est pas entre les mains de ceux que
vous croyez.
Vous savez donc où elle est?
Je le sais.
Et où est-elle?
Je ne puis ]Le dire.
-Au moins, vous avez pu confier ce se-
cret à M. Grand'ier.
Ni a lui, nu à personne.
Sac-à-Plâtre eut un mouvement de ae<
fiance, et chère [ha à distinguer l'expression
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