Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 01 février 1869 01 février 1869
Description : 1869/02/01 (Numéro 2223). 1869/02/01 (Numéro 2223).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590274q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
"tïtààiii rue de La Fayette, il.
îibrâMe da Petit
abonnements Parie
TROIS MOIS 5 FE.
SIX MOIS. 9 FE.
TJH AK. 18 FIL
QUOTIDIEN
UN NUMERO S CENTIMES
abonnements Départ*
TROIS MOIS. 6 FR:
SIX MOIS. 12 FEi
UN AN. 24HU
Sixième Année
Lundi le, février 1869
•- $os auteurs dramatiques, suivant cette
fille fantasque qu'on appelle la.Folle
Logis et que le classique Delillë npsïmait.
tout bonnement l'Imagination, ont été
chercher le poignant et le pathétique dans
les invraisemblables péripéties des romans
de cape et "d'aventure.
Ils ont tout mis en mouvement, sur lè
théâtre, pour émouvoir un spectateur qui
avait payé, comme on disait autrefois,
'trois livres douze sous le droit de s'attén-
C'est ainsi que les po'ëtes ont fait mou-
riri dans leurs tragédies, des personnages
qui rendaient en vers alexandrins.
leur dernier soupir.
Les prosateurs qnt animé l'adultère et
même l'inceste; puis l'incendiaire,le faus-
saire et l'assassin pour remuer la fibre
publique.
Car il est presque aussi difficile de faire
pleurer les gens. que de les faire rire.
Je trouve que nous avons, les uns et
les autres, devant nos yeux, des scènes
tout aussi émouvantes que celles qui sont
inventées par MM. Dennery, Barrière,
Diimâs père et fils et Victorien Sardou,
pour les nécessités des spectacles.
Cela n'a besoin ni de rampe allumée,
ni d'ouverture imitant Beethoven ou
Gluck pour lever de rideau, ni des trois
coups du régisseur pour faire commencer
l'action.
Il suffit d'être quelque peu dans la con-
fidence des personnages pour en pouvoir
parler sciemment.
L'épisode très répandu, très fréquent
dont je veux parler. c'est le Drame de
la fin du mois.
Pârdîêïï! j'entends d'ici une bonne
partie de ma clientèle qui s'écrie
Chroniqueur! vous nous là baillez
belle.pour nous la fin du mois est une
somme à toucher.C'est une date de plai-
sir et de récréation; la fin du mois pour
l'employé équivaut au jour de paye pour
l'ouvrier, c'est le moment privilégié où
une goutte du Pactole vient humecter le
bout de nos doigts é
fMMm fin Ier Février 1869
̃ LES
MANSARDES DE PARIS
'>̃̃- ̃ LVIII
Un coup demain
Quelques jours s'étaient écoulées sans ame-
ner aucun incident nouveau.
,Gontran avait revu Grandie? et Sac-à-
Plâtre mais, fidèle à la promesse qu'il avait
faite à Charmette, il leur avait caché le sort
de la jeune fille, tout en leur laissant suppo-
se qu'il continuait ardemment ses recher-
elles.
Grandier, de son côté, ne lui avàit pas fait
part de ses projets. Il était toujours per-
suadé, lui, que sa fille était entre les mains
de ses ennemis, et par ce qu'ils avaient fait
jusqu'alors, il ne se faisait pas illusion sur
le sort qui loi était réservé,
(Voir le Petit Journai depuis le 4 décembre).
Ce sont les commis, les clercs, les ser-
viteurs à gages, de quelque nature que
soient leurs appointements, qui ont le
oit de parler ainsi:
Pour eux, là fin du mois n'est pas un
"qranie mais bien une scène exempte
é mélancolie et mêlée de chansons
joyeuses.
Ce ne sont donc pas les employés supé-
rieurs ou subalternes, les serviteurs des
monarques ou des particuliers dont les
soins sont récompensés tous les trente
jours, qui jouent le Drame de la fin du
mois.
.Ce drame dont j'ai été le témoin se
passe souvent dans le petit commerce.
Il se représente loin des spectateurs,
par des artistes peu jaloux de là publicité,
se mouvant dans cette ombre qu'affec-
tibnne le véritable héroïsme, avec cette
humilité qui 'caractérisé lé vrai, cçfu-
rage.
Il faut être un ami, un initié, pour: as-
sister àces scènes pathétiques.
On a dit de tout temps que la violeté
était l'emblème de la modestie.
Je ne suis pas absolument de cet avis
relativement a cette fleur, une bonapar-
triste de la veille.
Elle est' si peu modeste qu'elle a donné
son nom à une couleur.
Et puis prendriez-vous pour une per-
sonne modeste, ennemie de la recherche
et du faste, tél individu qui lancerait de
son domicile, comme un thuriféraire, le
parfum et l'encens au nez des passants.
Les violettes n'accomplissent pas autre
chose, en "faisant surgir de l'herbe dont
elles se font un voile vert, leurs énivraaits
Elles, se trahissent. les gens qui re-
présentent le Drame de la fin du mois ne
se trahissent pas
Il n'y a pas de mise à l'ordre du jour
pour honorer leur vaillance; il n'y a pas
de médaille spéciale pour récompenser
leur courage.
j'ai àf&isïé, dans l'intérieur d'une ar-
rière boutique, à ce que j'appelle le
Drame de la fit du mois.
Au fur et à mesure que le temps passe,
le commerçant consulte ses recettes.
Cel'ui d-ont je parle, et que je me gar-
derai bien de nommer, a un tout petit
négoce.
Son grand livre et son livre journal ne
soilt pas, comme la comptabilité des fai-
sons importantes, garnis de fermoirs d'àr-
Une songeait plus qu'à se venger, et pour
atteindre ce but, il préparait patiemment,
avec une astuce profonde, les moyens qui
lui .semblaient..le..plus propres à assurer le
succès de ce qu'il allait tenter.
Quant à Sac-â-Plàtre, il observait tout et
ne disait rien.
Cependant,: d'un autre côté, les hôtes de
l'hôtel d'Orvado n'étaient pas restés inactifs.
Glotilde poursuivait obstinément sa pen-
sée, de concert avec le comte des Aiglades et
Polichinelle,.
Mais ce dernier était tenu à une grande
prudence, depuis l'affaire du Petit-Pot, où il
n'avait dû son salut qu'à une fuite précipitée
dans laquelle il avait perdu Charmette.
Il faisait, son habitat.ion d'une des man-
sardes de l'hôtel d'Orvado, et ne sortait-le
jour, quand il sortait, que sous les
déguisements les plus habilement combinés.
Un soir, dix heures venaient de sonner,
Mme d'Orvado était seule dans sa chambre,
et elle paraissait attendre avec une vive im-
patience 'l'arrivée d'une personne £ qu'elle
s'inquiétait de ne point voir venir.
Enfin, un pas se fit entendre et un homme
parut peu après dans la chambre.
C'était Polichinelle. 1
C'est vous! dit Mme d'Orvado, entai
adressant un regard ;plein..d'interrogations'.
Voilà une heure que je vous attends. <
gentjà serrures secrètes.
Mais tout est relatif.
Et quand les affaires n'ont pas -donné,
mon bonhomme constate avec terreur la
marche du temps.
Le point noir. le dramatique. ►» le
dangereux. l'émotion principale du
Drame dé la* Fin du Mois. c'est l'E-
GHEANC&
Il est un'honneur resté absolument de-
bout, sans faiblesse, ni dérogation, sans
compromis^ ni demande en grâce.
C est l'honneur commercial.
Un billet est signé, il faut le payer.
Une obligation est prise. il faut la
tenir.
Qu'un fils de famille, qui a fait légère-
ment une lettre de change se soit mis en
retard pour l'acquitter. ce n'est pas
une action méritoire, mais enfin le sous-
cripteur n'est pas commerçant.
Mais un trafiquantj un débitant au dé-
tail des marchandises achetées par lui en
gros qui ne fait pas honneur à sa si-
gnature.c'est un incident émouvant.
une sombre et sinistre tragédie
Je le répète, j'ai assiste au Drame de la
fin du mois. °dans un coin du Paris
commercial.
Vous croyez peut-être, ami Lecteur,
que janvier 1869 a trente et un jours.
Vous vous trompez. il n'en a que
trente en matière d'échéance.
Comme le dernier jour du mois, consa-
cré à Junon, tombe cette année un diman-
che. on à présenté les effets à recevoir
vingt-quatre heures plus tôt.
Et il faut être en mesure devant le
garçon de recettes de la Banque de Fran-
ce, si Kqv tient à conserver son crédit.
Il y avait hier, dans le modeste établies-
sement dont je parle, une échéance de
francs.
La vente au détail n'avait pas marché,
Et il manquait seize cents francs
Trouver seize cents francs quand on
paye un petit loyer de mille écus et qu'on
ne jette pas de poudre aux yeux, c'est sou-
vent une impossibilité.
Charles Monselet, parlant d'un débi-
teur attendrissant son créancier, a dit
Or il lui fit un renouvellement..
Mais Monselet citait un rêveur, un ri-
mer, un individu absolument affranchi
des prescriptions du Code de commerce.
Eh! on ne fait pas ce qu'on veut, ré-
partit Polichinelle. Et il n'est pas facile de
filer quelqu'un, quand on craint de l'être soi-
même.
Et qui filiez vous, dit Mme d'Orvado en
empruntant ce mot à la langue de Polichi-
nelle.
Gontran.
A quel propos?
Ah voilà c'est tout -une histoire.
Figurez-vous que l'autre jour, comme je me
promenais dans les environs de la rue de la
Harpe, j'ai aperçu le jeune Gontran qui des-
cendait vers les quais, le nez au vent, les
main dans les poches, et fumant un cigare.
Eh bien?
Cette attitude calme, d'un homme satis-
fait de la vie, et dont le visage n'annonçait
aucune préoccupation sérieuse, m'a particu-
lièrement frappé.
'pourquoi cela.
Je me suis dit qu'un amoureux qui
pouvait être inquiet sur le sort de sa maî-
tresse ne devait pas avoir cette allure exempte
de soucis, et j'en ai conclu que le jeune hom-
me savait a quoi s'en tenir sur la retraite de
Gharmetle.
Et vous, l'avez-vous suivi?
j'étais déguisé cë jour-là, de manière'
à dérouter le père Louvet •lui-mênïë,K|ilôi-
Il n'en était pas ainsi da bon boutik
quier, mon ami.
Il était dix heures du matin.
Son garçon de banque arrivait à midi.
On fit à la hâte quelques factures.^
On envoya les recevoir.
Toutes ne furent pas acquittées..
Madame payera le mois prochain., ~.j l
elle s'est enrhumée en sortant des Ita-ï
liens, et ne peut s'occuper d'affaires.
avait répondu une femme de chambre.
Monsieur passera.. il s'est refroidi
hier, en patinant sur la glace au bois de
Boulogne, et a absolument défendu sa;
porte. avait objecté un domestique.
Les factures présentées produisirent
600 francs.
Il manquait un billet de mille franco
5OTO parfaire la totalité de
Le pauvre commerçant se tenai
dans ses deux mains, comme un homm.0
au désespoir.
Bien qu'il fit grand froid, de grosses
gouttes de sueur perlaient sur son front¡
déjà sillonné par les soucis des aff'aires..
Mais il avait, penchée sur- lui,, une,
créature adorable, sa femme, qui. lui du
sait
Ne te désole pas. mon excellent
ami, ne te rends pas malade. nous irons
payer lundi à la Banque.il n'y aura pas
de protêt.
Ma pauvre Anna, sôupirà le coins
mércant, tout est indice, symptôme, ma-
tière à observation dans la grande ques-
tion du Crédit Privé. Une nouvelle, de
Bourse, souvent faussé et malicieuse, suf-
fit à faire baisser les valeurs d'un Etat.
un rien suffit pour diminuer le crédit d'uxr
petit commerçant comme moi. Ne pas
payer présentation, aller payer le lundi
matin à la Banqne, cela se peut savoir.
et il faut éviter à tout prix ces iûdjgçré-
tiolis-là.
L'épouse, aimable et dévouée, me sent*
blait bien adorable dans son rôle d'ange
consolateur.
C'était une de ces brunes à l'éclatante
carnation qui unissent dans le regard la
vaillance de l'homme et la douceur de la
Ses cheveux étaient si noirs qu'ils en
étaient bleus.
Ses boucles couleur d'aile de corbeau
étaient si abondantes que c'est à peine si
l'on pouvait distinguer de petites oreil-
les, ourlées et roses comme un coquillage
de la mer, et au bout desquelles étin-
celaient des diamantsj comme la rosée
au calice des fleurs.
à redouter de Gontran, et je lui ai emboitù
le pas, seulement, à moitié chemin, il a pris
une voiture.
Alors, vous ignorez encore.
Tout viendra à point, n'en doutez pas;
pour le moment, je connais tout ce qu'il nous
est utile de connaître.
Gharmette est donc entre les maxûS" as
Grandier?
C'est vraisemblable. ` `
Et Gontran va la voir?
Tous les jours, et demain je saurai où
la petite a fait son nid.
Mme d'Orvado se leva.
Voilà qui simplifie la situation, dit»
elle, en fronçant le sourcil; mais cette fpîs^
si nous parvenons à nous emparer de
mette, il né faut pas qu'une imprudence-, f
Polichinelle l'interrompit du geste rj^Jjf
Oh! pour ce qui est de ça dit-tt^ Tgrçe»
allons nous en occuper avèc.,anrour -"inaîs-Jl
est un point sur lequel il- pour
moment, de porter toute no.U'e attention ."vis»
Le comte des
Le comte
A sa place, vous eu.. feriez
lettres sont entre les m*
il a dû en faire usage dès
îibrâMe da Petit
abonnements Parie
TROIS MOIS 5 FE.
SIX MOIS. 9 FE.
TJH AK. 18 FIL
QUOTIDIEN
UN NUMERO S CENTIMES
abonnements Départ*
TROIS MOIS. 6 FR:
SIX MOIS. 12 FEi
UN AN. 24HU
Sixième Année
Lundi le, février 1869
•- $os auteurs dramatiques, suivant cette
fille fantasque qu'on appelle la.Folle
Logis et que le classique Delillë npsïmait.
tout bonnement l'Imagination, ont été
chercher le poignant et le pathétique dans
les invraisemblables péripéties des romans
de cape et "d'aventure.
Ils ont tout mis en mouvement, sur lè
théâtre, pour émouvoir un spectateur qui
avait payé, comme on disait autrefois,
'trois livres douze sous le droit de s'attén-
C'est ainsi que les po'ëtes ont fait mou-
riri dans leurs tragédies, des personnages
qui rendaient en vers alexandrins.
leur dernier soupir.
Les prosateurs qnt animé l'adultère et
même l'inceste; puis l'incendiaire,le faus-
saire et l'assassin pour remuer la fibre
publique.
Car il est presque aussi difficile de faire
pleurer les gens. que de les faire rire.
Je trouve que nous avons, les uns et
les autres, devant nos yeux, des scènes
tout aussi émouvantes que celles qui sont
inventées par MM. Dennery, Barrière,
Diimâs père et fils et Victorien Sardou,
pour les nécessités des spectacles.
Cela n'a besoin ni de rampe allumée,
ni d'ouverture imitant Beethoven ou
Gluck pour lever de rideau, ni des trois
coups du régisseur pour faire commencer
l'action.
Il suffit d'être quelque peu dans la con-
fidence des personnages pour en pouvoir
parler sciemment.
L'épisode très répandu, très fréquent
dont je veux parler. c'est le Drame de
la fin du mois.
Pârdîêïï! j'entends d'ici une bonne
partie de ma clientèle qui s'écrie
Chroniqueur! vous nous là baillez
belle.pour nous la fin du mois est une
somme à toucher.C'est une date de plai-
sir et de récréation; la fin du mois pour
l'employé équivaut au jour de paye pour
l'ouvrier, c'est le moment privilégié où
une goutte du Pactole vient humecter le
bout de nos doigts é
fMMm fin Ier Février 1869
̃ LES
MANSARDES DE PARIS
'>̃̃- ̃ LVIII
Un coup demain
Quelques jours s'étaient écoulées sans ame-
ner aucun incident nouveau.
,Gontran avait revu Grandie? et Sac-à-
Plâtre mais, fidèle à la promesse qu'il avait
faite à Charmette, il leur avait caché le sort
de la jeune fille, tout en leur laissant suppo-
se qu'il continuait ardemment ses recher-
elles.
Grandier, de son côté, ne lui avàit pas fait
part de ses projets. Il était toujours per-
suadé, lui, que sa fille était entre les mains
de ses ennemis, et par ce qu'ils avaient fait
jusqu'alors, il ne se faisait pas illusion sur
le sort qui loi était réservé,
(Voir le Petit Journai depuis le 4 décembre).
Ce sont les commis, les clercs, les ser-
viteurs à gages, de quelque nature que
soient leurs appointements, qui ont le
oit de parler ainsi:
Pour eux, là fin du mois n'est pas un
"qranie mais bien une scène exempte
é mélancolie et mêlée de chansons
joyeuses.
Ce ne sont donc pas les employés supé-
rieurs ou subalternes, les serviteurs des
monarques ou des particuliers dont les
soins sont récompensés tous les trente
jours, qui jouent le Drame de la fin du
mois.
.Ce drame dont j'ai été le témoin se
passe souvent dans le petit commerce.
Il se représente loin des spectateurs,
par des artistes peu jaloux de là publicité,
se mouvant dans cette ombre qu'affec-
tibnne le véritable héroïsme, avec cette
humilité qui 'caractérisé lé vrai, cçfu-
rage.
Il faut être un ami, un initié, pour: as-
sister àces scènes pathétiques.
On a dit de tout temps que la violeté
était l'emblème de la modestie.
Je ne suis pas absolument de cet avis
relativement a cette fleur, une bonapar-
triste de la veille.
Elle est' si peu modeste qu'elle a donné
son nom à une couleur.
Et puis prendriez-vous pour une per-
sonne modeste, ennemie de la recherche
et du faste, tél individu qui lancerait de
son domicile, comme un thuriféraire, le
parfum et l'encens au nez des passants.
Les violettes n'accomplissent pas autre
chose, en "faisant surgir de l'herbe dont
elles se font un voile vert, leurs énivraaits
Elles, se trahissent. les gens qui re-
présentent le Drame de la fin du mois ne
se trahissent pas
Il n'y a pas de mise à l'ordre du jour
pour honorer leur vaillance; il n'y a pas
de médaille spéciale pour récompenser
leur courage.
j'ai àf&isïé, dans l'intérieur d'une ar-
rière boutique, à ce que j'appelle le
Drame de la fit du mois.
Au fur et à mesure que le temps passe,
le commerçant consulte ses recettes.
Cel'ui d-ont je parle, et que je me gar-
derai bien de nommer, a un tout petit
négoce.
Son grand livre et son livre journal ne
soilt pas, comme la comptabilité des fai-
sons importantes, garnis de fermoirs d'àr-
Une songeait plus qu'à se venger, et pour
atteindre ce but, il préparait patiemment,
avec une astuce profonde, les moyens qui
lui .semblaient..le..plus propres à assurer le
succès de ce qu'il allait tenter.
Quant à Sac-â-Plàtre, il observait tout et
ne disait rien.
Cependant,: d'un autre côté, les hôtes de
l'hôtel d'Orvado n'étaient pas restés inactifs.
Glotilde poursuivait obstinément sa pen-
sée, de concert avec le comte des Aiglades et
Polichinelle,.
Mais ce dernier était tenu à une grande
prudence, depuis l'affaire du Petit-Pot, où il
n'avait dû son salut qu'à une fuite précipitée
dans laquelle il avait perdu Charmette.
Il faisait, son habitat.ion d'une des man-
sardes de l'hôtel d'Orvado, et ne sortait-le
jour, quand il sortait, que sous les
déguisements les plus habilement combinés.
Un soir, dix heures venaient de sonner,
Mme d'Orvado était seule dans sa chambre,
et elle paraissait attendre avec une vive im-
patience 'l'arrivée d'une personne £ qu'elle
s'inquiétait de ne point voir venir.
Enfin, un pas se fit entendre et un homme
parut peu après dans la chambre.
C'était Polichinelle. 1
C'est vous! dit Mme d'Orvado, entai
adressant un regard ;plein..d'interrogations'.
Voilà une heure que je vous attends. <
gentjà serrures secrètes.
Mais tout est relatif.
Et quand les affaires n'ont pas -donné,
mon bonhomme constate avec terreur la
marche du temps.
Le point noir. le dramatique. ►» le
dangereux. l'émotion principale du
Drame dé la* Fin du Mois. c'est l'E-
GHEANC&
Il est un'honneur resté absolument de-
bout, sans faiblesse, ni dérogation, sans
compromis^ ni demande en grâce.
C est l'honneur commercial.
Un billet est signé, il faut le payer.
Une obligation est prise. il faut la
tenir.
Qu'un fils de famille, qui a fait légère-
ment une lettre de change se soit mis en
retard pour l'acquitter. ce n'est pas
une action méritoire, mais enfin le sous-
cripteur n'est pas commerçant.
Mais un trafiquantj un débitant au dé-
tail des marchandises achetées par lui en
gros qui ne fait pas honneur à sa si-
gnature.c'est un incident émouvant.
une sombre et sinistre tragédie
Je le répète, j'ai assiste au Drame de la
fin du mois. °dans un coin du Paris
commercial.
Vous croyez peut-être, ami Lecteur,
que janvier 1869 a trente et un jours.
Vous vous trompez. il n'en a que
trente en matière d'échéance.
Comme le dernier jour du mois, consa-
cré à Junon, tombe cette année un diman-
che. on à présenté les effets à recevoir
vingt-quatre heures plus tôt.
Et il faut être en mesure devant le
garçon de recettes de la Banque de Fran-
ce, si Kqv tient à conserver son crédit.
Il y avait hier, dans le modeste établies-
sement dont je parle, une échéance de
francs.
La vente au détail n'avait pas marché,
Et il manquait seize cents francs
Trouver seize cents francs quand on
paye un petit loyer de mille écus et qu'on
ne jette pas de poudre aux yeux, c'est sou-
vent une impossibilité.
Charles Monselet, parlant d'un débi-
teur attendrissant son créancier, a dit
Or il lui fit un renouvellement..
Mais Monselet citait un rêveur, un ri-
mer, un individu absolument affranchi
des prescriptions du Code de commerce.
Eh! on ne fait pas ce qu'on veut, ré-
partit Polichinelle. Et il n'est pas facile de
filer quelqu'un, quand on craint de l'être soi-
même.
Et qui filiez vous, dit Mme d'Orvado en
empruntant ce mot à la langue de Polichi-
nelle.
Gontran.
A quel propos?
Ah voilà c'est tout -une histoire.
Figurez-vous que l'autre jour, comme je me
promenais dans les environs de la rue de la
Harpe, j'ai aperçu le jeune Gontran qui des-
cendait vers les quais, le nez au vent, les
main dans les poches, et fumant un cigare.
Eh bien?
Cette attitude calme, d'un homme satis-
fait de la vie, et dont le visage n'annonçait
aucune préoccupation sérieuse, m'a particu-
lièrement frappé.
'pourquoi cela.
Je me suis dit qu'un amoureux qui
pouvait être inquiet sur le sort de sa maî-
tresse ne devait pas avoir cette allure exempte
de soucis, et j'en ai conclu que le jeune hom-
me savait a quoi s'en tenir sur la retraite de
Gharmetle.
Et vous, l'avez-vous suivi?
j'étais déguisé cë jour-là, de manière'
à dérouter le père Louvet •lui-mênïë,K|ilôi-
Il n'en était pas ainsi da bon boutik
quier, mon ami.
Il était dix heures du matin.
Son garçon de banque arrivait à midi.
On fit à la hâte quelques factures.^
On envoya les recevoir.
Toutes ne furent pas acquittées..
Madame payera le mois prochain., ~.j l
elle s'est enrhumée en sortant des Ita-ï
liens, et ne peut s'occuper d'affaires.
avait répondu une femme de chambre.
Monsieur passera.. il s'est refroidi
hier, en patinant sur la glace au bois de
Boulogne, et a absolument défendu sa;
porte. avait objecté un domestique.
Les factures présentées produisirent
600 francs.
Il manquait un billet de mille franco
5OTO parfaire la totalité de
Le pauvre commerçant se tenai
dans ses deux mains, comme un homm.0
au désespoir.
Bien qu'il fit grand froid, de grosses
gouttes de sueur perlaient sur son front¡
déjà sillonné par les soucis des aff'aires..
Mais il avait, penchée sur- lui,, une,
créature adorable, sa femme, qui. lui du
sait
Ne te désole pas. mon excellent
ami, ne te rends pas malade. nous irons
payer lundi à la Banque.il n'y aura pas
de protêt.
Ma pauvre Anna, sôupirà le coins
mércant, tout est indice, symptôme, ma-
tière à observation dans la grande ques-
tion du Crédit Privé. Une nouvelle, de
Bourse, souvent faussé et malicieuse, suf-
fit à faire baisser les valeurs d'un Etat.
un rien suffit pour diminuer le crédit d'uxr
petit commerçant comme moi. Ne pas
payer présentation, aller payer le lundi
matin à la Banqne, cela se peut savoir.
et il faut éviter à tout prix ces iûdjgçré-
tiolis-là.
L'épouse, aimable et dévouée, me sent*
blait bien adorable dans son rôle d'ange
consolateur.
C'était une de ces brunes à l'éclatante
carnation qui unissent dans le regard la
vaillance de l'homme et la douceur de la
Ses cheveux étaient si noirs qu'ils en
étaient bleus.
Ses boucles couleur d'aile de corbeau
étaient si abondantes que c'est à peine si
l'on pouvait distinguer de petites oreil-
les, ourlées et roses comme un coquillage
de la mer, et au bout desquelles étin-
celaient des diamantsj comme la rosée
au calice des fleurs.
à redouter de Gontran, et je lui ai emboitù
le pas, seulement, à moitié chemin, il a pris
une voiture.
Alors, vous ignorez encore.
Tout viendra à point, n'en doutez pas;
pour le moment, je connais tout ce qu'il nous
est utile de connaître.
Gharmette est donc entre les maxûS" as
Grandier?
C'est vraisemblable. ` `
Et Gontran va la voir?
Tous les jours, et demain je saurai où
la petite a fait son nid.
Mme d'Orvado se leva.
Voilà qui simplifie la situation, dit»
elle, en fronçant le sourcil; mais cette fpîs^
si nous parvenons à nous emparer de
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Polichinelle l'interrompit du geste rj^Jjf
Oh! pour ce qui est de ça dit-tt^ Tgrçe»
allons nous en occuper avèc.,anrour -"inaîs-Jl
est un point sur lequel il- pour
moment, de porter toute no.U'e attention ."vis»
Le comte des
Le comte
A sa place, vous eu.. feriez
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il a dû en faire usage dès
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