Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-01-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 janvier 1869 31 janvier 1869
Description : 1869/01/31 (Numéro 2222). 1869/01/31 (Numéro 2222).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590273b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bareaax rae de La Fayette, 61
UMîiè dû Petit Journal
Abonnement* Paris
TROIS mois 5 Flt.
six mois 9fr.
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QUOTIDIEN
UN NUMÉRO CENTIHES
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TROIS !LOIS.
Sixième année ï a*
Bimasek 31 janvier 1869
AVIS
au* porteurs de parts du Petit journal
Le dividende à répartir pour le
dernier semestre de 1888 est de
39 fr. 73 pour chaque part
Le compte rendu semestriel' est,
sous pressé, il sera adressé du l*r
au 15 février à chaque intéresse
qui aura, comme à l'ordinaire, à
signer la quittance y annexée, pour
toucher le dividende à la Caisse du
Petit Journal, 61, rue Lafayette.
Tirage dn Petit Journal 264,150
SAMEDI 30 JANVIER 1869
LE BALAI MÉCANIQUE
La Seine charriait déjà. le lac du
bois de Boulogne était pris. les mar-
chands commençaient à faire des affai-
res. la Cour se promenait sur la glace.
le Club des patineurs était dans l'allé-
gresse.
Lorsqu'en l'espace de quelques heures
la temperature. s'est abaissée, la tiédeur
s'est manifestée.
Et voilà que nous arrive. le DÉGEL.
Il s'ensuit que les rues de Paris, hier
encore sèches comme un prêteur d'ar-
gent, blanches comme une robe de com-
muniante, sont devenues humides à Inégal
des paupières d'une spectatrice de Miss
Multon, du Vaudeville, et boueuses à la
façon de me mon encre en juillet.
Si l'autorité municipale n'y veillait pas,
on serait éclaboussé d'une façon regretta-
ble, et pas une dame ne sauverait, en tra-
versant les rues, l'albâtre immaculé de
ses bas blancs.
llais il existe le service du Balayage
public.
Il existe surtout la Balayeuse mécani-
que, qui est une invention de ces temps-
Le poète Pons de Verdun, avec un scep-
ticisme de grand seigneur habitué aux
carrosses. s'est moqué du dégel.
Chacun connaît son histoire d'ivrogne
Un soir d'hiver. Dieu sait comme il gelait
Ivre et demi. Vincent cherchait son gîte;
Feuilleton du 31 M%i 1869
LES
LVII
Un Protecteur inconnu
Une fois dans la rue, Gontran. crut pou-
voir commencer la conversation.
il pressa le pas, et vint se placer à côté de
l'enfant.
Comment t'appelles-tu? lui dit-il avec
intérêt.
Je m'appelle Maurice répondit le
gamin.
-Où demeures-tu?
Au faubourg Antoine.
Et le bonhomme, à qui le pied tremblait,
Tombait souvent, bien qu'il n'allât pas vite.
Il tomba tant qu'en11n il en fut las;
Lés jurements s'écliappaient de sa bouche;
En maudissant mille fois le verglas,
sur les cailloux le voilà qui se couche.
A ses côtés un sien ami passant,
Le reconnaît, et lui dit, avec zèle
Coïncidai, (,,est toi! que fais-tu là? Vincent.
Ce que je fais? moi. j'attends qu'il dègèlfi.
et la répartie sont attri-
buées à l'abbé de Lattaignant, mais elles
ne combattent pas les inconvénients du
dégel que je viens de signaler.
Le Balai-Mécanique a inspiré la muse
d'un rimeur, qui ne m'a pas autorisé à
publier son nom. il dit
Laissez passer cet instrument parfait f
Dont nous dota notre aimable Préfet.
Le temps n'est plus où, dès l'aube accourue,
Vos légions, ô balayeurs des rues,
Pouvaient suffire à votre humble travail.
Jetez au loin votre vain attirail,
Pour votre emploi, les saisons sont trop dures,
Car aujourd'hui Paris a trop d'ordures
Pour eiilever les stigmates secrets,
Qui vont tomber sur vos pavés proprets,
Pour nettoyer la souillure cynique,
Laissez passer. le BALAI MÉCANIQUE!
L'on a trop vu des buveurs éhontés,
Jeter leur verre aux pavés des cités,
Et, chancelants au milieu de l'orgie,
Au macadam faire boire lour lie.
L'on a trop vu des filles, sans pudeur,
Faire marché public de déshonneur;
Et balayer carrefours et ruelles
Des lloes coûteux des robes de dentelles.
L'on a trop vu les flatteurs vils et bas
Dans la poussière abaisser leurs fronts plats,
Pour enlever au plus tôt cette clique,
Laisser passer. le Balai Mécanique.
Il est une foule de gens auxquels la
Balayeuse Mécanique ne fait aucunement
concurrence. -*»►».
Force beaux jeunes gens bien mis,
nombre de belles dames bien attifées.
Et desquels on dit souvent:
Les uns et les autres. ils ont rôti
le balai!
De leur vie, ils n'ont touché l'instru-
ment purificateur de la boue.
Jamais leurs doigts chargés de bagues,
blanchis au savon à la rose, n'ont manié
le manche de l'ustensile si utile à la ser-
vante vigilante.
Comment, s'ils ne l'ont pas tenu, ont-
ils pu le rôtir.
Un savant, M. Quitard, nous donne le
mot de cette énigme, ainsi qu'il suit
« Ceux qui fréquentaient le sabbat de-
vaient s'y rendre avec un balai dont ils
tenaient la tête entre les mains et le man-
che entre les jambes, ce qui les fit appeler
à la Ferté-Milon chevauchers de ramon, et
à Y cvbevie^hevauchews d'escovvette (ra-
mon et escouvette sont deux vieux mots
qui signifient balai)
Tu es apprenti?
Oui, m'sieur.
Et qui t'a prié de porter le billet que tu
m'as remis.
Dam! vous le savez bien, puisque vous
êtes venu.
Gontran protesta du geste.
Sans doute. je le sais bien. dit-il;
mais je voulais te demander si c'était Char-
mette qui t'avait remis elle-même le billet.
Pour ça, j'ignore son nom.
Elle était seule?
Toute seule.
Et elle ne t'a rien dit?
Rien du tout.
Enfin. tu n'as riea remarqué d'extraor-
dinaire dans sa physionomie.
Le petit Maurice se prit à rire.
Oh! pour ça, répondit-il, je n'ai remar-
qué qu'une chose, c'est que c'est une bien
bonne fille, et jolie. Ah! çà n'est pas comme
l'autre.
Quel autre?
Mais l'homme, pardi.
Il v a donc un homme?
Tiens, c't' idée.
Comment s'appelle-t-il??.
Je ne lui ai pas demandé-
Et que t'a-t-il dit ?
Oh! il ne parle pas, celui-là*
» Tous les nouveaux admis au sabbat
étaient dressés à ce manége. Edoclus quis-
que, dit Gaguin, scopam sumere in inter
)) Une fois passés maîtres
rie, ils pouvaient aller à l'assemblée in-
fernale sur un cheval, sur un âne ou sur
un bouc. Quelquefois même ils n'avaient
pas besoirf de monture; il leur suffisait
de se frotteur de certain onguent ou de
prononcer certaines paroles dont la vertu
toute seule les y transportait, en les fai-
sant passer par les tuyaux des cheminées;
mais avant de jouir de ce privilège vrai-
ment magique, il fallait qu'ils eussent
bien chevauché sur le balai.
» Lorsque le balai avait fait le service
exigé, il était rôti, c'est-à-dire brîilé dans
le grand brasier destiné à faire bouillir la
grandc claaudière des maléfices, et le sor-
cier à qui il appartenait se dévouait par
cet acte symbolique à la géhenne des feux
éternels pour ne plus être séparé de Sa-
tan, son seigneur et maître.
» Telle :est l'idée que la crédulité su-
perstitieuse du Moyen Age attachait à la
combustion dû balai. Il est tout naturel
qu'elle ait .donné naissance à l'expression
proverbiale dont on se sert en parlant
d'un homme ou d'une femme qu'on accuse
grossièrement d'avoir mené une vie fort
déréglée.
̃» Cette origine a été indiquée par Ré-
gnier, lorsqu'il a dit dans sa plaisante
description des meubles d'une courtisane,
satire 11
Du blanc, un peu de rouge, un chiffon de rabat,
Un balet pour brusler en allant au sabbat.
Le mot Balai, disent les érudits, dérive
de valletus, parce que les balais sont ordi-
nairement enmanchés d'un bâton.
C'est peut-être ce qui faisait répondre à
un personnage auquel on demandait ce
qu'il ferait si l'on venait à balayer la
corporation dont il faisait partie.
Je me mettrais du c6té du manche.
On donne aux balais différentes formes
et on les fabrique de diverses matières,
suivant l'usage auquel on les destine. Les
brindilles de bouleau, de bruyère, de ge-
nets; les panicules de sorgho, de roseau,
de mélique bleue; les tiges de jonc, de
sparte, d'ansérine, sont le plus souvent
employées,
Pour nettoyer les étables, les basses-
cours, on se sert de balais de bouleau.
Ceux de houx sont les plus convena-
bles pour enlever des prairies, au com-
mencement du printemps, les feuilles, les
pailles, le fumier non consommé et le
menu bois provenant de la tonte des
haies.
Eh vous m'en demandez bien long,
M'sieu; moi, je n'en sais pas davantage.
On m'a remis une lettre, etje l'ai portée. On
m'a prié de vous conduire, et je vous con-
duis. Voilà tout!
Gontran n'insista pas.
Ils avaient descendu la rue de la Harpe,
avaient pris les quais, gagné l'île Saint-Louis
et prenaient la direction du faubourg Saint-
Antoine.
Est-ce que nous allons loin, comme
cela ? demanda Gontran en arrivant sur le
quai des Célestins.
Mais nous allons où l'on m'a dit de vous
mener, répondit le petit Maurice.
Y en a-t-il pour longtemps?
» Ça dépend de la vitesse que nous y met-
trons.
Tu m'as l'air bien discret, mon enfant?
Moi, je fais ce qu'on me dit de faire,
m'sieu, et je m'en tiens aux recommanda-
tions qui m'ont été adressées.
Quelles recommandations?
On m'a dit, comme ça, on ne manquera
pas de te questionner. on cherchera à te
faire parl er mais si tu veux gagner la ré-
compense que je t'ai promise, tune diras rien
à personne.
Et tu gardes le silencs?
Comme vous voyez.
Pour faire un bon balai, il est impor-
tant de n'employer ces matériaux (ju-'à..
moitié desséchés le bois est plus r/ésis-
tant, ne fait pas de retrait et les liens ne
se détachent pas.
Les petits balais pour chasser les mou-
ches étaient autrefois vendus par des fil.
les alsaciennes, vêtues dans leur costi^»-
me national, et qui tiraient leurs-
chandises de leur pays même.
C'est un négoce qui a disparu, co'mmë
la vente des riz, au-lait dans les cafés, est
des chaussons aux pommes au coin [des.'
rues. •
Le Balai-mécanique enlève toutes les
ordures de la voie avec une régularité
automatique.
4u II passe son niveau immense sujSuiï
terrain souillé d'immondices, couvert de «
boue, et en une seconde, amène les dé-
tritus en tas, tout prêts à être enlevés
par la voiture des boueux.
Cela est précieux quand la neige tombée
Cela est surtout utile quand le dégel
a converti la glace en boue.
Le balai-mécanique est, dans l'humble
rôle qu'il est appelé à jouer dans le'mon-
de physique, une des curiosités de Paris
Le manche à balai est le sceptre des
servantes accortes.
Elles y appuient ïeurs bras vigoureux, •
et plus d'un peintre a représenté ainsi
Gothon-la-Joyeuse ou Manette-la-Po-
telée.
C'est avec un simple manche à balai
enjolivé que Cooper, le dompteur, entre,
au' Cirque Napoléon, dans la cage de -ses
bêtes fauves.'
J'ai cru longtemps que ce manche à
balai fascinateur. était aidé par le,
magnétisme.
Une communication particulière m'a
enlevé cette illusion.
Voici ce qu'un lecteur compétent m'a
fait parvenir sur cette importante ma-
tière
Monsieur Timothée Trimm,
La vraie manière de dompter les animaux fé-
roces a été indiquée par Eugène Sue, en .parlant
de Morok, qui présentait une baguette de fer
chaud aux animaux, en leur brûlant du bout da
nez. Vous avez pu remarquer que ni Van Am-
berg, ni Carter, ni Pianet et consorts, n'entrent
dans les cages sans la baguette, que l'animal
croit être celle qui l'a fait souffrir.
Proposez-leur de prendre des poignards, des
pistolets, mais de laisser leur baguette magique à
la porte, ils n'y consentiront à aucun prix; si l'on
présente une baguette chauffée à un méchant
chien de garde-, quand il aura été brûlé, il ira se
cacher au fond de sa niche chaque fois qu'il verra
un homme avec un bâton. Ainsi, il n'est pas vrai.,
comme cherchent à le faire croire les dompteurs,
que c'est par le regard, en magnétisant les ani-
rien
de l'enfant, qui était obstiné, et à partir der
ce moment, il le suivit, sans solliciter davan-
tage ses confidences.
La course touchait, du reste, à son terme.
I1s venaient de traverser la place de la Bas-
tille, étaient entrés dans le faubourg Saints
Antoine et avaient enfilé la rue de Ghà,».
ronno.
Au n° 20, ils s'arrêtèrent.
C'est donc ici ? demanda Gontran, dont
le cœur se prit à battre à la pensée que Char-
mette était à quelques pas de lui, et qu'il al-
lait la revoir.
C'est ici, répondit Maurice.
A quel étage faut-il monter?
Pour le moment, si vous le voulez bien,
vous allez attendre dans la rue, parce que^la
personne qui m'envoie m'a bien prié de 1'a-.
vertir de votre arrivée.
Mais pourquoi tant de précautions?
Tiens à cause de l'autre, donc.
Le petit Maurice s'éloigna sur ces mots,
laissant Gontran fort perplexe.
Quel était cet autres qui revenait à chaque
instant dans la conversation. Aux mains da
quel mystérieux personnage se trouvais..
Chàrmette, et que devait-il espérer ou crain-
dre de ce protecteur quelque peu suspect qui
l'avait momentanément sauvée.
Mais que lui importait après tout.
uunutes, il Allait le, voir, et.
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Bimasek 31 janvier 1869
AVIS
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Le dividende à répartir pour le
dernier semestre de 1888 est de
39 fr. 73 pour chaque part
Le compte rendu semestriel' est,
sous pressé, il sera adressé du l*r
au 15 février à chaque intéresse
qui aura, comme à l'ordinaire, à
signer la quittance y annexée, pour
toucher le dividende à la Caisse du
Petit Journal, 61, rue Lafayette.
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SAMEDI 30 JANVIER 1869
LE BALAI MÉCANIQUE
La Seine charriait déjà. le lac du
bois de Boulogne était pris. les mar-
chands commençaient à faire des affai-
res. la Cour se promenait sur la glace.
le Club des patineurs était dans l'allé-
gresse.
Lorsqu'en l'espace de quelques heures
la temperature. s'est abaissée, la tiédeur
s'est manifestée.
Et voilà que nous arrive. le DÉGEL.
Il s'ensuit que les rues de Paris, hier
encore sèches comme un prêteur d'ar-
gent, blanches comme une robe de com-
muniante, sont devenues humides à Inégal
des paupières d'une spectatrice de Miss
Multon, du Vaudeville, et boueuses à la
façon de me mon encre en juillet.
Si l'autorité municipale n'y veillait pas,
on serait éclaboussé d'une façon regretta-
ble, et pas une dame ne sauverait, en tra-
versant les rues, l'albâtre immaculé de
ses bas blancs.
llais il existe le service du Balayage
public.
Il existe surtout la Balayeuse mécani-
que, qui est une invention de ces temps-
Le poète Pons de Verdun, avec un scep-
ticisme de grand seigneur habitué aux
carrosses. s'est moqué du dégel.
Chacun connaît son histoire d'ivrogne
Un soir d'hiver. Dieu sait comme il gelait
Ivre et demi. Vincent cherchait son gîte;
Feuilleton du 31 M%i 1869
LES
LVII
Un Protecteur inconnu
Une fois dans la rue, Gontran. crut pou-
voir commencer la conversation.
il pressa le pas, et vint se placer à côté de
l'enfant.
Comment t'appelles-tu? lui dit-il avec
intérêt.
Je m'appelle Maurice répondit le
gamin.
-Où demeures-tu?
Au faubourg Antoine.
Et le bonhomme, à qui le pied tremblait,
Tombait souvent, bien qu'il n'allât pas vite.
Il tomba tant qu'en11n il en fut las;
Lés jurements s'écliappaient de sa bouche;
En maudissant mille fois le verglas,
sur les cailloux le voilà qui se couche.
A ses côtés un sien ami passant,
Le reconnaît, et lui dit, avec zèle
Coïncidai, (,,est toi! que fais-tu là? Vincent.
Ce que je fais? moi. j'attends qu'il dègèlfi.
et la répartie sont attri-
buées à l'abbé de Lattaignant, mais elles
ne combattent pas les inconvénients du
dégel que je viens de signaler.
Le Balai-Mécanique a inspiré la muse
d'un rimeur, qui ne m'a pas autorisé à
publier son nom. il dit
Laissez passer cet instrument parfait f
Dont nous dota notre aimable Préfet.
Le temps n'est plus où, dès l'aube accourue,
Vos légions, ô balayeurs des rues,
Pouvaient suffire à votre humble travail.
Jetez au loin votre vain attirail,
Pour votre emploi, les saisons sont trop dures,
Car aujourd'hui Paris a trop d'ordures
Pour eiilever les stigmates secrets,
Qui vont tomber sur vos pavés proprets,
Pour nettoyer la souillure cynique,
Laissez passer. le BALAI MÉCANIQUE!
L'on a trop vu des buveurs éhontés,
Jeter leur verre aux pavés des cités,
Et, chancelants au milieu de l'orgie,
Au macadam faire boire lour lie.
L'on a trop vu des filles, sans pudeur,
Faire marché public de déshonneur;
Et balayer carrefours et ruelles
Des lloes coûteux des robes de dentelles.
L'on a trop vu les flatteurs vils et bas
Dans la poussière abaisser leurs fronts plats,
Pour enlever au plus tôt cette clique,
Laisser passer. le Balai Mécanique.
Il est une foule de gens auxquels la
Balayeuse Mécanique ne fait aucunement
concurrence. -*»►».
Force beaux jeunes gens bien mis,
nombre de belles dames bien attifées.
Et desquels on dit souvent:
Les uns et les autres. ils ont rôti
le balai!
De leur vie, ils n'ont touché l'instru-
ment purificateur de la boue.
Jamais leurs doigts chargés de bagues,
blanchis au savon à la rose, n'ont manié
le manche de l'ustensile si utile à la ser-
vante vigilante.
Comment, s'ils ne l'ont pas tenu, ont-
ils pu le rôtir.
Un savant, M. Quitard, nous donne le
mot de cette énigme, ainsi qu'il suit
« Ceux qui fréquentaient le sabbat de-
vaient s'y rendre avec un balai dont ils
tenaient la tête entre les mains et le man-
che entre les jambes, ce qui les fit appeler
à la Ferté-Milon chevauchers de ramon, et
à Y cvbevie^hevauchews d'escovvette (ra-
mon et escouvette sont deux vieux mots
qui signifient balai)
Tu es apprenti?
Oui, m'sieur.
Et qui t'a prié de porter le billet que tu
m'as remis.
Dam! vous le savez bien, puisque vous
êtes venu.
Gontran protesta du geste.
Sans doute. je le sais bien. dit-il;
mais je voulais te demander si c'était Char-
mette qui t'avait remis elle-même le billet.
Pour ça, j'ignore son nom.
Elle était seule?
Toute seule.
Et elle ne t'a rien dit?
Rien du tout.
Enfin. tu n'as riea remarqué d'extraor-
dinaire dans sa physionomie.
Le petit Maurice se prit à rire.
Oh! pour ça, répondit-il, je n'ai remar-
qué qu'une chose, c'est que c'est une bien
bonne fille, et jolie. Ah! çà n'est pas comme
l'autre.
Quel autre?
Mais l'homme, pardi.
Il v a donc un homme?
Tiens, c't' idée.
Comment s'appelle-t-il??.
Je ne lui ai pas demandé-
Et que t'a-t-il dit ?
Oh! il ne parle pas, celui-là*
» Tous les nouveaux admis au sabbat
étaient dressés à ce manége. Edoclus quis-
que, dit Gaguin, scopam sumere in inter
)) Une fois passés maîtres
rie, ils pouvaient aller à l'assemblée in-
fernale sur un cheval, sur un âne ou sur
un bouc. Quelquefois même ils n'avaient
pas besoirf de monture; il leur suffisait
de se frotteur de certain onguent ou de
prononcer certaines paroles dont la vertu
toute seule les y transportait, en les fai-
sant passer par les tuyaux des cheminées;
mais avant de jouir de ce privilège vrai-
ment magique, il fallait qu'ils eussent
bien chevauché sur le balai.
» Lorsque le balai avait fait le service
exigé, il était rôti, c'est-à-dire brîilé dans
le grand brasier destiné à faire bouillir la
grandc claaudière des maléfices, et le sor-
cier à qui il appartenait se dévouait par
cet acte symbolique à la géhenne des feux
éternels pour ne plus être séparé de Sa-
tan, son seigneur et maître.
» Telle :est l'idée que la crédulité su-
perstitieuse du Moyen Age attachait à la
combustion dû balai. Il est tout naturel
qu'elle ait .donné naissance à l'expression
proverbiale dont on se sert en parlant
d'un homme ou d'une femme qu'on accuse
grossièrement d'avoir mené une vie fort
déréglée.
̃» Cette origine a été indiquée par Ré-
gnier, lorsqu'il a dit dans sa plaisante
description des meubles d'une courtisane,
satire 11
Du blanc, un peu de rouge, un chiffon de rabat,
Un balet pour brusler en allant au sabbat.
Le mot Balai, disent les érudits, dérive
de valletus, parce que les balais sont ordi-
nairement enmanchés d'un bâton.
C'est peut-être ce qui faisait répondre à
un personnage auquel on demandait ce
qu'il ferait si l'on venait à balayer la
corporation dont il faisait partie.
Je me mettrais du c6té du manche.
On donne aux balais différentes formes
et on les fabrique de diverses matières,
suivant l'usage auquel on les destine. Les
brindilles de bouleau, de bruyère, de ge-
nets; les panicules de sorgho, de roseau,
de mélique bleue; les tiges de jonc, de
sparte, d'ansérine, sont le plus souvent
employées,
Pour nettoyer les étables, les basses-
cours, on se sert de balais de bouleau.
Ceux de houx sont les plus convena-
bles pour enlever des prairies, au com-
mencement du printemps, les feuilles, les
pailles, le fumier non consommé et le
menu bois provenant de la tonte des
haies.
Eh vous m'en demandez bien long,
M'sieu; moi, je n'en sais pas davantage.
On m'a remis une lettre, etje l'ai portée. On
m'a prié de vous conduire, et je vous con-
duis. Voilà tout!
Gontran n'insista pas.
Ils avaient descendu la rue de la Harpe,
avaient pris les quais, gagné l'île Saint-Louis
et prenaient la direction du faubourg Saint-
Antoine.
Est-ce que nous allons loin, comme
cela ? demanda Gontran en arrivant sur le
quai des Célestins.
Mais nous allons où l'on m'a dit de vous
mener, répondit le petit Maurice.
Y en a-t-il pour longtemps?
» Ça dépend de la vitesse que nous y met-
trons.
Tu m'as l'air bien discret, mon enfant?
Moi, je fais ce qu'on me dit de faire,
m'sieu, et je m'en tiens aux recommanda-
tions qui m'ont été adressées.
Quelles recommandations?
On m'a dit, comme ça, on ne manquera
pas de te questionner. on cherchera à te
faire parl er mais si tu veux gagner la ré-
compense que je t'ai promise, tune diras rien
à personne.
Et tu gardes le silencs?
Comme vous voyez.
Pour faire un bon balai, il est impor-
tant de n'employer ces matériaux (ju-'à..
moitié desséchés le bois est plus r/ésis-
tant, ne fait pas de retrait et les liens ne
se détachent pas.
Les petits balais pour chasser les mou-
ches étaient autrefois vendus par des fil.
les alsaciennes, vêtues dans leur costi^»-
me national, et qui tiraient leurs-
chandises de leur pays même.
C'est un négoce qui a disparu, co'mmë
la vente des riz, au-lait dans les cafés, est
des chaussons aux pommes au coin [des.'
rues. •
Le Balai-mécanique enlève toutes les
ordures de la voie avec une régularité
automatique.
4u II passe son niveau immense sujSuiï
terrain souillé d'immondices, couvert de «
boue, et en une seconde, amène les dé-
tritus en tas, tout prêts à être enlevés
par la voiture des boueux.
Cela est précieux quand la neige tombée
Cela est surtout utile quand le dégel
a converti la glace en boue.
Le balai-mécanique est, dans l'humble
rôle qu'il est appelé à jouer dans le'mon-
de physique, une des curiosités de Paris
Le manche à balai est le sceptre des
servantes accortes.
Elles y appuient ïeurs bras vigoureux, •
et plus d'un peintre a représenté ainsi
Gothon-la-Joyeuse ou Manette-la-Po-
telée.
C'est avec un simple manche à balai
enjolivé que Cooper, le dompteur, entre,
au' Cirque Napoléon, dans la cage de -ses
bêtes fauves.'
J'ai cru longtemps que ce manche à
balai fascinateur. était aidé par le,
magnétisme.
Une communication particulière m'a
enlevé cette illusion.
Voici ce qu'un lecteur compétent m'a
fait parvenir sur cette importante ma-
tière
Monsieur Timothée Trimm,
La vraie manière de dompter les animaux fé-
roces a été indiquée par Eugène Sue, en .parlant
de Morok, qui présentait une baguette de fer
chaud aux animaux, en leur brûlant du bout da
nez. Vous avez pu remarquer que ni Van Am-
berg, ni Carter, ni Pianet et consorts, n'entrent
dans les cages sans la baguette, que l'animal
croit être celle qui l'a fait souffrir.
Proposez-leur de prendre des poignards, des
pistolets, mais de laisser leur baguette magique à
la porte, ils n'y consentiront à aucun prix; si l'on
présente une baguette chauffée à un méchant
chien de garde-, quand il aura été brûlé, il ira se
cacher au fond de sa niche chaque fois qu'il verra
un homme avec un bâton. Ainsi, il n'est pas vrai.,
comme cherchent à le faire croire les dompteurs,
que c'est par le regard, en magnétisant les ani-
rien
de l'enfant, qui était obstiné, et à partir der
ce moment, il le suivit, sans solliciter davan-
tage ses confidences.
La course touchait, du reste, à son terme.
I1s venaient de traverser la place de la Bas-
tille, étaient entrés dans le faubourg Saints
Antoine et avaient enfilé la rue de Ghà,».
ronno.
Au n° 20, ils s'arrêtèrent.
C'est donc ici ? demanda Gontran, dont
le cœur se prit à battre à la pensée que Char-
mette était à quelques pas de lui, et qu'il al-
lait la revoir.
C'est ici, répondit Maurice.
A quel étage faut-il monter?
Pour le moment, si vous le voulez bien,
vous allez attendre dans la rue, parce que^la
personne qui m'envoie m'a bien prié de 1'a-.
vertir de votre arrivée.
Mais pourquoi tant de précautions?
Tiens à cause de l'autre, donc.
Le petit Maurice s'éloigna sur ces mots,
laissant Gontran fort perplexe.
Quel était cet autres qui revenait à chaque
instant dans la conversation. Aux mains da
quel mystérieux personnage se trouvais..
Chàrmette, et que devait-il espérer ou crain-
dre de ce protecteur quelque peu suspect qui
l'avait momentanément sauvée.
Mais que lui importait après tout.
uunutes, il Allait le, voir, et.
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