Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1869-01-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 30 janvier 1869 30 janvier 1869
Description : 1869/01/30 (Numéro 2221). 1869/01/30 (Numéro 2221).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590272z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Abonnements Départ-
BGreâax rue de La Fayette, (U
Librairie du Petit Journal
Tirage dn Petit Journal 261,136
̃VENDREDI 29 JANVIER 1S69.
LES GRANDEURS. A 25 FRANCS P4R W.S!
J'ai ̃ résolu d'esquisser, ce nïatin/iupe.
figure très honnête et très originale (le
notre original Paris.
• Yriarte a publié les Singularités de laRue;
Charles Monselet a fait les Physionomies
bizarres; Privat d'Anglémont, dans ses
Curiosités contepiporaihes, nous a initié a
l'existence du mireur d'aûuf's, du jardinier
en chambre et du fabricant de crêtes-de-
vent.. alpage des iabripants de vols-au-
Mon héros est d'essence plus noble,.
d'aspirations plus élev,ées.
Il accomplit encore, à l'heure qu'il est,
d'importantes et augustes fonctions.
Quand je parcours ses états de service.,
je le trouve
Premier aide de camp de l'Empereur
-Chef des gardes du pacha;,
Chevalier du roi de Sicile;
Commandant, des troupes nègres du
Pérou
Capitaine des gardes cypriotes;
Guerrier sous Koland, aux temps de là
plus héroïque chevalerie,
Et, malgré cela, combattant dans les
guerres modernes, sous l'habit de Ber-
thier, de Kegnault-de-Saint-Jean-d'An-
Et se distinguant, comme général ano-
nynre, aux batailles de l'Aima, à la prise
de Puebla, partout où s'est promené, vic-
torieux et civilisateur, le drapeau fran-
çais..♦
Mon personnage a été tour à tour
souverain; général en chef devant l'en-
nemi, homme d'armes et prince de l'E-
C'est un très crâne et très solide gar-
çon, qui n'est pas absolument jeunepuis-
cl u'il a été, en 1815, admis dans les Petits
Pupilles du Roi de Rome.
Il a ses journées libres. malgré les
importan,tes fonctions qu'il a remplies et
qu il remplit encore le soir.
Il est digne, par son caractère, par sa
résignation., par sa situation intéressante,
de la sollicitude publique.
Bien qu'il ait figuré dans les troupes
de Béli6aire, il est trop fier pour tendre
feuilleton du 3a Janvier i 809
LVI
Un nouvea.u Mystère
!Grandier était resté à peu près seul dans
le caboulot en compagnie de Sac-à-Plâtre,
qui furetait dans les coins pour tâcher de
trouver un indice quelconque qui le mit sur
la trace de Charmette.
Mais il avait eu beau chercher. Charmette
avait disparu, et ni les garçons, ni le maître
de l'établissement ne purent lui donner au-
cun renseignement à ce sujet.
,(Voir le Petit Journai depuis le 4 décembre),
U.ï NUMÉRO 5 CENTIMES
son casque. à l'exemple du général
de Justinien.
C'est du travail qu'il demande.
̃ Jteiusera-t-on quelqu,- humble, mais
honorable emploi, à un homme d'armes,
à un potentat, à un grand de ce monde.
qui. veut utiliser ses heures inoccu-
peqs?.
Mon protégé s'appelle Benjamin-Auguste
LANE; il est le fils d'un ancien gouver-
neur de possessions américaines, qui est
mort ruiné par les événements qui ont
bouleversé le Nouveau-Monde à l'égal
de l'Ancien.
Toutes les fonctions qu'il remplit de
huit heures à minuit lui rapportent.
25 fi·ancs par mois.
C'est lui qui représente le [premier ca-
valier qui suit l'empereur Sigismond dans
la Juive," ce qui ne l'empêche pas de repa-
raître, dans un acte suivant, sous la robe
écarlate des cardinaux.
Il était Clisson et d Armagnac dans le
Charles V/d'Halévy.'
Il était le chef du camp dans le Toou-
vère, de Verdi, etl'undes soldats siciliens
qui cherchent à arrêter, dans Robert le
Diable, l'audacieux Rainfbaud quand ce-
lui-ci a osé raconter
L'histoire épouvantable
Du mauvais garnement, par Lucifer vomi,
Et qui, pour ses méfaits, s'exila du pays.
C'est encore lui qui est le grand écuyer
de la reine de Navarre quand elle arrive
à cheval sur le théâtre de la guerre reli-
gieuse, au troisième acte des' Huguenots.
E11 un mot, mon protégé remplit les
fonctions de. compar se au grand Opéra.
J'ai connu dans ma vie des comparses
ou figurants de petits théâtr es.
L'un d'eux, dans une pièce où l'on avait
représenté un éléphant postiche, était
chargé, sous la peau immense qui imitai
l'animal gigantesque, de représenter.
un pied de clerrière.
On m'a promis de l'avancement, di-
sait-il avec une noble ambition. dans
un mois, je représenterai. un. pied
de devant.
Un autre, en parlant des voyages loin-
tains, me disait
Il me semble que je n'aurais pas peur
de la mer.
Pourquoi ?
Parce que dans le Naufrage de la
Méduse, j'ai représenté une vague
Ces braves gens gagnaient peu. Je
le déplore, mais je le conçois. ils ne fi-
guraient que des parties d'un tout
7.Rien! rien 1 murmuraGrandier, en proie
au plus sombre désespoir.
Et d'un poing plein de fureur, il frappa
sur la table, sur laquelle il s'accoudait.
Cependant, au bout de dix minutes, une
chose étrange se passa dans la salle du
Petit-Pot.
A l'arrivée de Louvet et de ses acolytes,
toute la bande des bohémiens de Paris s'était
enfuie comme par enchantement, etiln'était
plus resté que quelques buveurs inoffensifs
ou quelques bandits qui, pour le moment,
n'avaient rien à redouter de la police.
Mais à peine Louve' se fut-il retiré. que
l'on vit reparaître une aune les têtes hideuses
qui, tout à l'heure, peuplaient le rez-de-
chaussée et que, peu à peu, la grande salle
reprit son animation accoutumée.
C'est ainsi que l'on vit revenir la Fouine
d'abord, puis le Jaguar. puis enfin Rou-
geot-Cadet, dont le rire bruyant et cynique
ramena la gaieté parmi les hôtes rassurés.
Ah ça dit tout à coup la Fouine en le-
vant les yeux vers le plafond, maintenant
que vous voici en famille, il faudrait voir
m peu à se rendre compte de ce qui s'est
passé tout à l'heure.
La Pluie d'Or?. fit Rougeot-Cadet. &
Précisément.
Cela t'intrigue.
Dam! il y en a peut-être encore,
QUOTIDIEN
TROIS MOIS 6 FR:
SIX MOIS 12 FR.
.un 24fr,
Il n'en estpas de même pour monhomme
qui représente il l'Opéra les empereurs et
les grands dignitaires.
irancs par mois celui qui com-
mande la troupe du palais danois dans
Hamlet, ou les lanciers noirs dans V Afri-
caine. c'est un peu maigre.
Encore né faut-il-pas niédirc de ce der-
nier emploi c'est le mieux rétribué.
Comme les Comparses sont obligés à
se noircir le visage pour figurer convena-
blement côté de la blanche Madame
Sass. il leur est alloué, par soir, un
franc de gratification.
Aussi, l'Africaine est-elle la pièce la
plus estimée par MM. les Figurants de
l'Académie impériale de Musique.
M. Lane est témoin l'Opéra de bien
des charmantes terreurs.
Quand Madame Miolan-Carvalho monte
à cheval dans les Huguenots, et
Qu'elle ne peut pas reutrer dans son palais,
Sans trouver sur ses pas la discorde et là guerre.
Elle hésite. car elle, est plus vir-
tuose que cavalière.
Le brave Lane est là pour surveiller
son dada, dans le cas ou les cheveux
blonds ou le bâton de mesure impé-
rieux du chef d'orchestre Georges Hàinl
lui feraient peur.
L'administration économe a supprimé
les chevaux, qui devaient porter, dans
Guillaume Mathilde au delà des
monts. Sous le régime de la première
mise en scène, Lane tendait l'étrier à la
fille des Rois, amoureuse d'un simple habi-
tant de ces wtoidagnes
Il a l'œil jur les coursiers qui restent
parfois dans les coulisses, au milieu des
chanteuses mignardes et des danseuses
éiéo-antes.
Ces quadrupèdes, introduits dans la
pompe des grandes œuvres lyriques, sont
fournis par le manège Pellier et ont une
écurie sous..la rue Rossini.
En écoutant le sol, on serait étonné
d'entendre piaffer la monture des prin-
cesses de l'Académie impériale de musi-
que ce sont cps bêtes-là qui descen-
dent au galop un praticable. sous la
conduite de mon excellent protégé.
Lane n'a pas toujours été à l'Opéra; il
a servi, comme général de division, à
l'Hippodrome.
Il y a pris Puebla et MalakofF.
11 y a vingt ans, dans la Première
Page d'une grande Histoire, qu'on donnait
Grandier écoutait. Il releva la tête, et son
regard se croisa avec celui du Jaguar.
Ce dernier fit un mouvement.
Pardieu dit-il un peu surpris, voilà
un museau que je n'ai pas encore vu.
Grandier se leva.
Ce museau-là, l'ami, répondit-il, est
resté ici pour vous pailer.
A moi. dit le jaguar.
A vous tous. A Rougeot-Cadet, à la
Fouine.
Est-ce que c'est toi, l'homme aux louis
d'or?
C'est moi.
Et tu en as toujours?
J'en ai assez pour vous enrichir tous.
Tous les buveurs dressèrent l'oreille.
Quelques-uns se levèrent; on fit cercle
autour de Grandier.
Rougeot-Cadet était venu le dernier; mais
à peine eut-il examiné bs traits de Grandier
qu'il laissa"*échapper un geste de surprise.
J'ai vu cette tête-là quelque part, bal-
butia-t-il en cherchant à se rappeler.
Tu l'as vue pendant cinq ans, rérondit
Grandier.
OÙ cela?
A Brest.
Et quel est ton nosa?
3,090.
Sixième année ne
Samedi 30 janvier I»
au théâtre du Cirque, un cheval, effrayé
par le bruit de la fusillade. faillit fran-
chir la rampe.
Il est juste de dire que ce n'était pas
un cheval francais.
Lane, porteur des épaulettes à étoiles.
ne crut pas déroger en saisissant la bride
de ranimai affolé de terreur.
Et il le ramena avec une adresse excès*
sive.
Un spectateur, fort amateur de clic-;
vaux et d'équitation, fêtait à l'avant-
scène.
Il fut frappé de ce sang-froid et da
cette dextérité.
Et il jeta à l'écuyer habile un porte-1
monnaie. orné d'abeilles d'or.
Ce spectateur était le prince Louis Na-
poléon, Président de la République.
Je dois avouer que parfois mon austèra
Père Lane se mêle aux joies de ce monde,
aux folies du Carnaval Parisien.
Mais là encore il reste grave et impo-
sant.
Il est ordonnateur du cortége du Boeuf
Gras.
Il a en main Y Itinéraire, ce qu'on ap-1'
pelle vulgairement l'Ordre et la Marche, et
il conduit le Cortège dans les Palais, les
Ministères et les Ambassades.
J'ai cru qu'il portait l'Amour aux sonv*
mités sociales, désireuses de faire sa con-
naissance.
Je me trompais
L'Amour, au cortége des Bœufs-Gras,1
est toujours porté par le dieu Mars. qnï.
est dans la vie réelle un estimable mar-
chaud de volailles du quartier Mouffe-i
tard
Quant à mon- ordonnateur, vêiu en!
costume de colonel des chevau-légers
du roi Louis XIV, le frac de velours
grenat au dos, les bottes molles épe-
ronnées aux pieds, le collant blanc aux
jambes, le tricorne au front. il demeure
à cheval, sans boire, pour donner à sa
troupe l'exemple de la sobriété.1
Ces .fonctions carnavalesques, ces Mon-'
neurs qui vont du Dimanche au Mardi-
Gras. ne rapportent que de 50 à 60
francs. peur les Trois Jours.
Cela est fort bon quand cela arrive,
mais l'année se compose de trois cent
soixante-cinq journées. quand elle n'est
pas bissextile.
Et pour mon brave père Lane, le Ca-
rême est de plus longue Ldurée que Ie
Lui-même.
Rougeot-Cadet tendit à Grandier une mairi
que celui-ci serra sans hésitation.
Il avait besoin de cet homme, et ce n'était
pas ie moment de laisser voir le dégoût qu'il
lui inspirait.
Que fais-tu à Paris, reprit Rougeot-
Cadet après un court silence.
Je ne fais rien, répondit Grandier.
Mais tu as quelque projet?
J'en ai un!
Pour l'exécution duquel tu as besoin dâ;
nous.
Peut-être.
Rougeot-Cadet se prit à sourire.
Tu as de sac, à ce que je vois, pourâmV
vit-il avec un clignement d'yeux significatif.
J'ai plusieurs millions. <-
Et l'on pourra y tâter?
Vous aurez de l'or autant que VOUS]
pourrez en désirer.
Qui faut-il tuer?
Personne.
Alors, c'est pour rien. parle. nous
t'écoutons!
Grandier remua la tète avec défiance.
Non, pas aujourd'hui, 'répondit-il.. v.
mon plan a besoin d'être mûri encore. Mais
avant peu. dans quelques jours. le ptre
Mansarde ou Sac-piâtre viendront vous
BGreâax rue de La Fayette, (U
Librairie du Petit Journal
Tirage dn Petit Journal 261,136
̃VENDREDI 29 JANVIER 1S69.
LES GRANDEURS. A 25 FRANCS P4R W.S!
J'ai ̃ résolu d'esquisser, ce nïatin/iupe.
figure très honnête et très originale (le
notre original Paris.
• Yriarte a publié les Singularités de laRue;
Charles Monselet a fait les Physionomies
bizarres; Privat d'Anglémont, dans ses
Curiosités contepiporaihes, nous a initié a
l'existence du mireur d'aûuf's, du jardinier
en chambre et du fabricant de crêtes-de-
vent.. alpage des iabripants de vols-au-
Mon héros est d'essence plus noble,.
d'aspirations plus élev,ées.
Il accomplit encore, à l'heure qu'il est,
d'importantes et augustes fonctions.
Quand je parcours ses états de service.,
je le trouve
Premier aide de camp de l'Empereur
-Chef des gardes du pacha;,
Chevalier du roi de Sicile;
Commandant, des troupes nègres du
Pérou
Capitaine des gardes cypriotes;
Guerrier sous Koland, aux temps de là
plus héroïque chevalerie,
Et, malgré cela, combattant dans les
guerres modernes, sous l'habit de Ber-
thier, de Kegnault-de-Saint-Jean-d'An-
Et se distinguant, comme général ano-
nynre, aux batailles de l'Aima, à la prise
de Puebla, partout où s'est promené, vic-
torieux et civilisateur, le drapeau fran-
çais..♦
Mon personnage a été tour à tour
souverain; général en chef devant l'en-
nemi, homme d'armes et prince de l'E-
C'est un très crâne et très solide gar-
çon, qui n'est pas absolument jeunepuis-
cl u'il a été, en 1815, admis dans les Petits
Pupilles du Roi de Rome.
Il a ses journées libres. malgré les
importan,tes fonctions qu'il a remplies et
qu il remplit encore le soir.
Il est digne, par son caractère, par sa
résignation., par sa situation intéressante,
de la sollicitude publique.
Bien qu'il ait figuré dans les troupes
de Béli6aire, il est trop fier pour tendre
feuilleton du 3a Janvier i 809
LVI
Un nouvea.u Mystère
!Grandier était resté à peu près seul dans
le caboulot en compagnie de Sac-à-Plâtre,
qui furetait dans les coins pour tâcher de
trouver un indice quelconque qui le mit sur
la trace de Charmette.
Mais il avait eu beau chercher. Charmette
avait disparu, et ni les garçons, ni le maître
de l'établissement ne purent lui donner au-
cun renseignement à ce sujet.
,(Voir le Petit Journai depuis le 4 décembre),
U.ï NUMÉRO 5 CENTIMES
son casque. à l'exemple du général
de Justinien.
C'est du travail qu'il demande.
̃ Jteiusera-t-on quelqu,- humble, mais
honorable emploi, à un homme d'armes,
à un potentat, à un grand de ce monde.
qui. veut utiliser ses heures inoccu-
peqs?.
Mon protégé s'appelle Benjamin-Auguste
LANE; il est le fils d'un ancien gouver-
neur de possessions américaines, qui est
mort ruiné par les événements qui ont
bouleversé le Nouveau-Monde à l'égal
de l'Ancien.
Toutes les fonctions qu'il remplit de
huit heures à minuit lui rapportent.
25 fi·ancs par mois.
C'est lui qui représente le [premier ca-
valier qui suit l'empereur Sigismond dans
la Juive," ce qui ne l'empêche pas de repa-
raître, dans un acte suivant, sous la robe
écarlate des cardinaux.
Il était Clisson et d Armagnac dans le
Charles V/d'Halévy.'
Il était le chef du camp dans le Toou-
vère, de Verdi, etl'undes soldats siciliens
qui cherchent à arrêter, dans Robert le
Diable, l'audacieux Rainfbaud quand ce-
lui-ci a osé raconter
L'histoire épouvantable
Du mauvais garnement, par Lucifer vomi,
Et qui, pour ses méfaits, s'exila du pays.
C'est encore lui qui est le grand écuyer
de la reine de Navarre quand elle arrive
à cheval sur le théâtre de la guerre reli-
gieuse, au troisième acte des' Huguenots.
E11 un mot, mon protégé remplit les
fonctions de. compar se au grand Opéra.
J'ai connu dans ma vie des comparses
ou figurants de petits théâtr es.
L'un d'eux, dans une pièce où l'on avait
représenté un éléphant postiche, était
chargé, sous la peau immense qui imitai
l'animal gigantesque, de représenter.
un pied de clerrière.
On m'a promis de l'avancement, di-
sait-il avec une noble ambition. dans
un mois, je représenterai. un. pied
de devant.
Un autre, en parlant des voyages loin-
tains, me disait
Il me semble que je n'aurais pas peur
de la mer.
Pourquoi ?
Parce que dans le Naufrage de la
Méduse, j'ai représenté une vague
Ces braves gens gagnaient peu. Je
le déplore, mais je le conçois. ils ne fi-
guraient que des parties d'un tout
7.Rien! rien 1 murmuraGrandier, en proie
au plus sombre désespoir.
Et d'un poing plein de fureur, il frappa
sur la table, sur laquelle il s'accoudait.
Cependant, au bout de dix minutes, une
chose étrange se passa dans la salle du
Petit-Pot.
A l'arrivée de Louvet et de ses acolytes,
toute la bande des bohémiens de Paris s'était
enfuie comme par enchantement, etiln'était
plus resté que quelques buveurs inoffensifs
ou quelques bandits qui, pour le moment,
n'avaient rien à redouter de la police.
Mais à peine Louve' se fut-il retiré. que
l'on vit reparaître une aune les têtes hideuses
qui, tout à l'heure, peuplaient le rez-de-
chaussée et que, peu à peu, la grande salle
reprit son animation accoutumée.
C'est ainsi que l'on vit revenir la Fouine
d'abord, puis le Jaguar. puis enfin Rou-
geot-Cadet, dont le rire bruyant et cynique
ramena la gaieté parmi les hôtes rassurés.
Ah ça dit tout à coup la Fouine en le-
vant les yeux vers le plafond, maintenant
que vous voici en famille, il faudrait voir
m peu à se rendre compte de ce qui s'est
passé tout à l'heure.
La Pluie d'Or?. fit Rougeot-Cadet. &
Précisément.
Cela t'intrigue.
Dam! il y en a peut-être encore,
QUOTIDIEN
TROIS MOIS 6 FR:
SIX MOIS 12 FR.
.un 24fr,
Il n'en estpas de même pour monhomme
qui représente il l'Opéra les empereurs et
les grands dignitaires.
irancs par mois celui qui com-
mande la troupe du palais danois dans
Hamlet, ou les lanciers noirs dans V Afri-
caine. c'est un peu maigre.
Encore né faut-il-pas niédirc de ce der-
nier emploi c'est le mieux rétribué.
Comme les Comparses sont obligés à
se noircir le visage pour figurer convena-
blement côté de la blanche Madame
Sass. il leur est alloué, par soir, un
franc de gratification.
Aussi, l'Africaine est-elle la pièce la
plus estimée par MM. les Figurants de
l'Académie impériale de Musique.
M. Lane est témoin l'Opéra de bien
des charmantes terreurs.
Quand Madame Miolan-Carvalho monte
à cheval dans les Huguenots, et
Qu'elle ne peut pas reutrer dans son palais,
Sans trouver sur ses pas la discorde et là guerre.
Elle hésite. car elle, est plus vir-
tuose que cavalière.
Le brave Lane est là pour surveiller
son dada, dans le cas ou les cheveux
blonds ou le bâton de mesure impé-
rieux du chef d'orchestre Georges Hàinl
lui feraient peur.
L'administration économe a supprimé
les chevaux, qui devaient porter, dans
Guillaume Mathilde au delà des
monts. Sous le régime de la première
mise en scène, Lane tendait l'étrier à la
fille des Rois, amoureuse d'un simple habi-
tant de ces wtoidagnes
Il a l'œil jur les coursiers qui restent
parfois dans les coulisses, au milieu des
chanteuses mignardes et des danseuses
éiéo-antes.
Ces quadrupèdes, introduits dans la
pompe des grandes œuvres lyriques, sont
fournis par le manège Pellier et ont une
écurie sous..la rue Rossini.
En écoutant le sol, on serait étonné
d'entendre piaffer la monture des prin-
cesses de l'Académie impériale de musi-
que ce sont cps bêtes-là qui descen-
dent au galop un praticable. sous la
conduite de mon excellent protégé.
Lane n'a pas toujours été à l'Opéra; il
a servi, comme général de division, à
l'Hippodrome.
Il y a pris Puebla et MalakofF.
11 y a vingt ans, dans la Première
Page d'une grande Histoire, qu'on donnait
Grandier écoutait. Il releva la tête, et son
regard se croisa avec celui du Jaguar.
Ce dernier fit un mouvement.
Pardieu dit-il un peu surpris, voilà
un museau que je n'ai pas encore vu.
Grandier se leva.
Ce museau-là, l'ami, répondit-il, est
resté ici pour vous pailer.
A moi. dit le jaguar.
A vous tous. A Rougeot-Cadet, à la
Fouine.
Est-ce que c'est toi, l'homme aux louis
d'or?
C'est moi.
Et tu en as toujours?
J'en ai assez pour vous enrichir tous.
Tous les buveurs dressèrent l'oreille.
Quelques-uns se levèrent; on fit cercle
autour de Grandier.
Rougeot-Cadet était venu le dernier; mais
à peine eut-il examiné bs traits de Grandier
qu'il laissa"*échapper un geste de surprise.
J'ai vu cette tête-là quelque part, bal-
butia-t-il en cherchant à se rappeler.
Tu l'as vue pendant cinq ans, rérondit
Grandier.
OÙ cela?
A Brest.
Et quel est ton nosa?
3,090.
Sixième année ne
Samedi 30 janvier I»
au théâtre du Cirque, un cheval, effrayé
par le bruit de la fusillade. faillit fran-
chir la rampe.
Il est juste de dire que ce n'était pas
un cheval francais.
Lane, porteur des épaulettes à étoiles.
ne crut pas déroger en saisissant la bride
de ranimai affolé de terreur.
Et il le ramena avec une adresse excès*
sive.
Un spectateur, fort amateur de clic-;
vaux et d'équitation, fêtait à l'avant-
scène.
Il fut frappé de ce sang-froid et da
cette dextérité.
Et il jeta à l'écuyer habile un porte-1
monnaie. orné d'abeilles d'or.
Ce spectateur était le prince Louis Na-
poléon, Président de la République.
Je dois avouer que parfois mon austèra
Père Lane se mêle aux joies de ce monde,
aux folies du Carnaval Parisien.
Mais là encore il reste grave et impo-
sant.
Il est ordonnateur du cortége du Boeuf
Gras.
Il a en main Y Itinéraire, ce qu'on ap-1'
pelle vulgairement l'Ordre et la Marche, et
il conduit le Cortège dans les Palais, les
Ministères et les Ambassades.
J'ai cru qu'il portait l'Amour aux sonv*
mités sociales, désireuses de faire sa con-
naissance.
Je me trompais
L'Amour, au cortége des Bœufs-Gras,1
est toujours porté par le dieu Mars. qnï.
est dans la vie réelle un estimable mar-
chaud de volailles du quartier Mouffe-i
tard
Quant à mon- ordonnateur, vêiu en!
costume de colonel des chevau-légers
du roi Louis XIV, le frac de velours
grenat au dos, les bottes molles épe-
ronnées aux pieds, le collant blanc aux
jambes, le tricorne au front. il demeure
à cheval, sans boire, pour donner à sa
troupe l'exemple de la sobriété.1
Ces .fonctions carnavalesques, ces Mon-'
neurs qui vont du Dimanche au Mardi-
Gras. ne rapportent que de 50 à 60
francs. peur les Trois Jours.
Cela est fort bon quand cela arrive,
mais l'année se compose de trois cent
soixante-cinq journées. quand elle n'est
pas bissextile.
Et pour mon brave père Lane, le Ca-
rême est de plus longue Ldurée que Ie
Lui-même.
Rougeot-Cadet tendit à Grandier une mairi
que celui-ci serra sans hésitation.
Il avait besoin de cet homme, et ce n'était
pas ie moment de laisser voir le dégoût qu'il
lui inspirait.
Que fais-tu à Paris, reprit Rougeot-
Cadet après un court silence.
Je ne fais rien, répondit Grandier.
Mais tu as quelque projet?
J'en ai un!
Pour l'exécution duquel tu as besoin dâ;
nous.
Peut-être.
Rougeot-Cadet se prit à sourire.
Tu as de sac, à ce que je vois, pourâmV
vit-il avec un clignement d'yeux significatif.
J'ai plusieurs millions. <-
Et l'on pourra y tâter?
Vous aurez de l'or autant que VOUS]
pourrez en désirer.
Qui faut-il tuer?
Personne.
Alors, c'est pour rien. parle. nous
t'écoutons!
Grandier remua la tète avec défiance.
Non, pas aujourd'hui, 'répondit-il.. v.
mon plan a besoin d'être mûri encore. Mais
avant peu. dans quelques jours. le ptre
Mansarde ou Sac-piâtre viendront vous
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