Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 décembre 1868 22 décembre 1868
Description : 1868/12/22 (Numéro 2182). 1868/12/22 (Numéro 2182).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590233z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue de La Fayette., 61
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UN
QUOTIDIEN
t'if 'NUMÉRO o CENTIMES
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SIX MOIS 12 FR.
Mardi 22 décembre 1868
Tirage du Petit Jouru^VSÏÎ.ioO
LUNDI 21
LA BOURSE.
Paris a beau être habité par nous de-
puis plus de vingt ans, c'est en vain que
nous croyons avoir visité toutes ses rues,
fouillé tous ses carrefours, constaté tou-
tes ses habit'ades.
Il arrive un jour où nous découvrons un
élément nouveau, un détail perdu,
une habitude demeurée invisible ou ou-
bliée.
Les voyageurs qui écrivent sur le Paris
qu'ils ont visité, croient avoir tout dit
quand ils ont décrit Notre-Dame et l'Obé-
lisque, l'intérieur de la Madeleine et la
marmite des Invalides.
J'ai été à même de juger la semaine
dernière combien, les uns et les autres,
nous connaissions peu notre capitale.
Privat d'Anglemont affirmait qu'il sa-
vait les repaires où se logent les classes
dangereuses.
J'ai raconté ici ce qui restait de l'ancien
hôtel du Pou-Volant, un caravansérail
moins élégant que le pavillon de Rohan,
où s'est logée la cour d'Espatrne, ou le
Grand-Hôtel, où descendent les diplomates
en disponibilité.
On m'a montré souvent, sous'leurs
simples habits, les matadors de la Bour-
se, les dispensateurs du Crédit -publie,
les autorites en matière de finances.
On. m'a fait voir à l'Exposition un mil-
lion en or; à la Société d'horticulture un
camélia gigantesque; au carnaval dernier
l'état-major du bœuf gras.
Mais ce que j'ai vu hier dépasse peut-
être en étrangeté ces spectacles si di-
vers.
J'ai demaridé souvent s'il n'y aurait
pas à former, au bénéfice de quelque gran-
de œuvre de biéufaisance, un spectacle
extraordinaire,
Pour la vue duquel on donnerait un
franc,
Qui attirerait forcément les divers
millions de vivants qui forment la popu-
lation de Paris,
Et il m'a toujours semblé qu'il était
possible de créer une exhibition bien au-
trement séduisante que celle d'un million
en numéraire.
Ce serait un monceau, de diamants!
Si l'on faisait appel à toutes les dames,
Feuilleton du 22 Décembre 1868
LES
MANSARDES DE PARIS
PREMIÈRE PARTIE
XVII
La mère et la fille
Le comte obéit, et quand il eut fait ce que
lui ordonnait Polichinelle, ce dernier com-
mença en ces termes
« Monsieur,
» Un homme qui se fait appeler le baron
de Lorsay, habite depuis quelques jours un
hôtel des Champs-Elysées.
(Voir le petit Journal depuis Io 4
Si .on leur, demandait pour quelques]
pois leurs brillants afin de grossir le tas
lumineux!
Il y aurait là par milliers, des rivières,
nies, des colliers et des bagues. je-
tcs'san's" ordre
bleu pâle qui fait si bien valoir le brillant.
Ce congrès d'échantillons éblouissants de
la pierre la plus précieuse entre toutes
les pierres, formerait un foyer de lumière
féerique à l'œil, représentant un véritable
trésor et que tout le monde voudrait
avoir vu.
ce propos, je me suis souvent de-
mandé oi1, dans ce grand Paris, le dia-
mant se promenait.
Vous vous imaginez qu'il reste 'sta-
tionnairc à la devanture de Janisset.
Ou qu'on le retrouve simplement aux
oreilles ou bien sur les blanches poitrines
de nos élégantes.
C'est une erreur plus grosse qu'un bril-
lant de dix carats.
Il y a dans cette capitale renommée
pour ses vaudevilles et son article bim-
beloterie un véritable -marché aux dia-
mants,, une halle aux pierres précieuses.
Je veux parler d'une réunion d'hommes
qui s'assemblent, se vendent et s'achè-
tent les joyaux les. plus remarquables.
Et qui font entre eux la hausse et la
baisse des brillants les plus étincelants..
Je m'étais imaginé que les marchands
de diamants devaient se réunir dans un
palais éblouissant, à l'égal de leur pré-
cieuse marchandise.
Dans un Alhambra, un Alcazar, un El-
dorado, un Escurial quelconque.
Je me trompais étrangement.
Ce ne sont pas des Arabes chassant
devant eux des chameaux chargés de ri-
ches cargaisons, qui font cet important
négoce.
Ce ne sont pas des Musulmans atta-'
chant la plus grosse fraction de leur as-
sortiment de pierreries à leur turban.
Ce sont des gens mis comme vous et
moi, et qui s'assemblent chaque jour.
au Café de Suède, sur le boulevard Mont-
martre.
autour du billard, les échantillons
se déploient, les qualités se discutent, les
estimations se font. entre deux et qua-
tre heures de l'après-midi.
Les petits-cousins du Régent ou du
Sancij sont discutés par un groupe de
consommateurs de petits verres de vieille
eau-de-vie, d'absinthe suisse ou de ver-
mouth de Turin.
» Je crois rendre un service à la justice de
mon pays en vous informant que cet hom-
me, qui se cache sous un nom d'emprunt,
n'est autre qu'un malheureux du nom de
Grandier, condamné, il y a quinze ans, pour
assassinat, aux travaux forcés à perpétuité.
» Signé GEORGES Ruders. »
Est-ce tout? fit le comte après avoir
écrit.
C'est tout, en ce qui concerne le baron,
répondit Polichinelle; mais il reste la com-
tesse.
Quel est ton projet?
Il est simple. L'hôtel d'Orvado t'est fa-
milier ?
Sans doute.
Tu y pénètres quand tu veux?
En effet.
Soit par la porte du faubourg, soit par
celle des Champs-Elysées.
Après?
Nous nous y rendrons ce soir..
Pourquoi faire ?
Polichinelle fit un mouvement d'épaules
significatif.
La comtesse, m'as-tu dit, possède des
lettres, à l'aide desquelles elle peut ;te
perdre.
Ce ,marché des diamants, à Paris, s'est
tenu jadis au Café do Mulhouse et au Café
des Variétés.-
Les trafiqueurs sont généralement au
nombre de cinquante-cinq à soixante.
Ils n'ont évidemment pas sur eux-le-
diamant du Itadja de Matan, dans 1 île
de Bornéo,. lequel pèse 367 "carats, c'est-
à-dire plus de 75 grammes) ni le Kahi-
IVoor (le mont de lumière), de l'empereur
du Mogol, qui pèse 279 carats, ni mê-
me le diamant de l'empereur de Russie,
qui, gros comme un œuf de pigeon, pèse
193 carats.
On assure que ce dernier diamant for-
mait un' des yeux de la fameuse statue
de Sheringari, dans le temple de Brama.
Un grenadier, amoureux de la statne,
l'aurait rendue borgne
Et son larcin passa plus tard dans les
mains de l'impératrice Catherine, qui le
paya 2 millions 250,000 livres comptant.
Et 100,000 livres de rente viagère.
Le diamant le Régent, qui pendant la
Révolution fut mis en gage et retiré sous
le gouvernement consulaire, est le plus
beau diamant que l'on connaisse. Voici
son histoire extraite des Mémoires de
Saint-Simon
Un employé aux mines de diamants,
dans le Mogol, en prit un d'une grosseur
prodigieuse, qu'il vint à bout de cacher
en l'introduisant dans son propre corps.
Il arriva en Europe avec le vol précieux
qu'il avait fait; il le fit voir à plusieurs
princes de différentes cours, qui tous l'ad-
mirèrent, mais qu'ils trouvèrent en même
temps au-dessus de leurs facultés pécu-'
niaires.
Le Régent de France fut lui-même ef-
frayé du prix, lorsque Law, à qui le pro-
priétaire l'avait présenté, le présenta à
son tour à Son Altesse Royale. Law, étayé
par le duc de Saint-Simon, insista auprès
du Ré ent.
Le Régent opposait la fâcheuse situa-
tion des finances. Mais ce qui encoura-
geait le directeur-général (Law) c'était
l'impossibilité où se trouvait le proprié-
taire du diamant de le vendre sa valeur.
C'est ce qu'il lui représenta pour le. dé-
terminer à en baisser le prix, et ce qu'il
représenta au Due-Régent, pour le déter-
miner à faire une offre.
On se rapprocha. On offrit deux mil-
liolis et les rognures qui sortiraient de la
taille.
Les conditions fnrent enfin acceptées et
le diamant qui, après la taille, pesait en-
core plus de 500 grains, fut acquis à la
France.
C'est de là qu'il fut appelé le Régent.
Eii bien! ce sont ces lettres qu'il te
faut?
Tu sais donc où les trouver?
Cette nuit même, elles seront entre nos
mains. Comprends-tu?
Parfaitement,
Alors c'est convenu.
Je t'attendrai cette nuit. à la porte
des Champs-Elysées.
La chambre qu'occupait Juliette à l'hôtel
était, nous l'avons dit, comprise dans l'ap-
partement de la comtesse.
Depuis quelque temps, Juliette voyait sa
mère rarement.
Elle vivait très retirée ne descendait
presque jamais au salon, et; 's'enfermait le
plus souvent dans sa chambre, une heure
après 1 dîner.
Ce soir-là, elle était remontée plus tôt en-
core que de coutume, et une fois chez elle,
s'était enfermée à clef.
Elle était fort paile; et. somlire plutôt que
triste. Que se passait-il dans son coeur ?
Qui pourrait le dire.
Elle ne l'avait jamais confié personne.
Mais elle souffrait.
Elle reska, auprès de la fenêtre ouverte,
une heure au moinf;, sans crue rien, sur eon
visage, ne vînt ti-al ju- s<>s secrètes pensées.
Le jour baissait peu a wii
L'ombre envahissait le parc; le vent fraî-
Les pierres, à la, Bourse des Diamants,
sont montées ou sur papier.
En général on ne compte pour rien la
monture, le bijou en or dans lequel le
dans un papier blanc recouvert d'un pa-
pier gris.
Le tout est renfermé dans une lletite
boîte en ferblanc, garnie d'un fermoir iL,
tringle.
Tout cela est mignon, de peu dedimèn-
sion, caché' dans le vêtement du ven-
deur.
Les marchands de diamants nomades,
en Hollande^rincipalemeiit, détient le
chercheur le plus intrépide de trouver la
précieuse marchandise sur eux.
Rien dans les mains, rien dans les
poches
Ils ne font pourtant pas comme ce fi-
dèle valet de Nicolas de.HarIai de Sal1cy,
qui, attaqué, .par des voleurs, -avala le
diamant, qui fut retrouvé dans son corps,
quand on le déterra dans la forêt de
Dole. ̃̃̃
Le vol de diamants est -un faitrare, car
tout diamant, dépassant u.u certain prix,
est connu sur la place
Les braves trafiquants qui i>équentent
la Bourse aux Diamants, reconnaissent
au premier coup d'œil la pierre qu'ils ont
vendue depuis plusieurs années. • • ">
Dès qu'un diamant disparaît, soïi si-
gnalement est envoyé à tous les .bijou-
tiers, lapidaires, prêteurs sur gages et
m'onts-de-piété «••>.
Tout diamant a un signalement précis..
11 est de forme octaèdre, dodécaèdre/,
rhomboïde, trétaëdre plus ou moins régu-
lière.
11 est plus ou moins électrique et lumi-
neux par insolation.
Il est blanc, jaune, rosé, violet, bleu,
vert ou même noir.
Il a une limpidité que l'on peut déter-
miner.
La taille lui a laissé des signes
tiers, qui le feront reconnaître et saisir
entre les mains d'un voleur
On achète généralement le diamant
après l'avoir examiné de jour et a le
loupe.
On ne prête pas aux bureaux du Mont-
de-Piété sur des diamants présentes la
nuit, car les diamants jaunes, de moindre
valeur que les diamants .blancs, ont la
nuit plus d'éclat et de chatoiement que
les brillants les plus parfaits.
chissait au dehors.
Elle rentra,
En passant près de la cheminée, elle s.5 ar-
rêta devant un petit meuble de Boule et -un
éclair jaillit de ses yeux.
devinrent blêmes, et une grosse larme coula
sur ses joues fatiguées d'insomnie..
Toutefois, cette impression ne fut que pas-
Presque aussitôt, elle secoua le front avec
violence, dévora la larme qui s'était arrêtée
sur ses lèvres, et d'une main fiévreuse elle
se disposa à ouvrier le tiroir du meuble prêt
duquel elle s'était arrêtée.
Mais elle n'alla pas plus loin.
Tout son sang s était glacé dans ses vei-
nes et elle avait bondi vers la porte.
Juliette! aphelait au dehors la voix de
j sa mère. Es-tu lu mon enfant?
Juliette s'empressa d'ouvrir, et la comtesse
entra..
Mme Clotilde d'Orvado avait, a cette epO"
aue. trente-deux an s .accomplis.
Flle était dans -iroute la splendeur de sa
Au contraire des créoles qui, d'ordinaire,
s'étiolent vite sous nos climats tempérés,
elle s'était développée peu à peu, ai?, contact
̃[ de la vie élégante et facile; 141e sorte aa Vv
librairie du Petit Journal
Abonnements Paris
UN
QUOTIDIEN
t'if 'NUMÉRO o CENTIMES
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SIX MOIS 12 FR.
Mardi 22 décembre 1868
Tirage du Petit Jouru^VSÏÎ.ioO
LUNDI 21
LA BOURSE.
Paris a beau être habité par nous de-
puis plus de vingt ans, c'est en vain que
nous croyons avoir visité toutes ses rues,
fouillé tous ses carrefours, constaté tou-
tes ses habit'ades.
Il arrive un jour où nous découvrons un
élément nouveau, un détail perdu,
une habitude demeurée invisible ou ou-
bliée.
Les voyageurs qui écrivent sur le Paris
qu'ils ont visité, croient avoir tout dit
quand ils ont décrit Notre-Dame et l'Obé-
lisque, l'intérieur de la Madeleine et la
marmite des Invalides.
J'ai été à même de juger la semaine
dernière combien, les uns et les autres,
nous connaissions peu notre capitale.
Privat d'Anglemont affirmait qu'il sa-
vait les repaires où se logent les classes
dangereuses.
J'ai raconté ici ce qui restait de l'ancien
hôtel du Pou-Volant, un caravansérail
moins élégant que le pavillon de Rohan,
où s'est logée la cour d'Espatrne, ou le
Grand-Hôtel, où descendent les diplomates
en disponibilité.
On m'a montré souvent, sous'leurs
simples habits, les matadors de la Bour-
se, les dispensateurs du Crédit -publie,
les autorites en matière de finances.
On. m'a fait voir à l'Exposition un mil-
lion en or; à la Société d'horticulture un
camélia gigantesque; au carnaval dernier
l'état-major du bœuf gras.
Mais ce que j'ai vu hier dépasse peut-
être en étrangeté ces spectacles si di-
vers.
J'ai demaridé souvent s'il n'y aurait
pas à former, au bénéfice de quelque gran-
de œuvre de biéufaisance, un spectacle
extraordinaire,
Pour la vue duquel on donnerait un
franc,
Qui attirerait forcément les divers
millions de vivants qui forment la popu-
lation de Paris,
Et il m'a toujours semblé qu'il était
possible de créer une exhibition bien au-
trement séduisante que celle d'un million
en numéraire.
Ce serait un monceau, de diamants!
Si l'on faisait appel à toutes les dames,
Feuilleton du 22 Décembre 1868
LES
MANSARDES DE PARIS
PREMIÈRE PARTIE
XVII
La mère et la fille
Le comte obéit, et quand il eut fait ce que
lui ordonnait Polichinelle, ce dernier com-
mença en ces termes
« Monsieur,
» Un homme qui se fait appeler le baron
de Lorsay, habite depuis quelques jours un
hôtel des Champs-Elysées.
(Voir le petit Journal depuis Io 4
Si .on leur, demandait pour quelques]
pois leurs brillants afin de grossir le tas
lumineux!
Il y aurait là par milliers, des rivières,
tcs'san's" ordre
bleu pâle qui fait si bien valoir le brillant.
Ce congrès d'échantillons éblouissants de
la pierre la plus précieuse entre toutes
les pierres, formerait un foyer de lumière
féerique à l'œil, représentant un véritable
trésor et que tout le monde voudrait
avoir vu.
ce propos, je me suis souvent de-
mandé oi1, dans ce grand Paris, le dia-
mant se promenait.
Vous vous imaginez qu'il reste 'sta-
tionnairc à la devanture de Janisset.
Ou qu'on le retrouve simplement aux
oreilles ou bien sur les blanches poitrines
de nos élégantes.
C'est une erreur plus grosse qu'un bril-
lant de dix carats.
Il y a dans cette capitale renommée
pour ses vaudevilles et son article bim-
beloterie un véritable -marché aux dia-
mants,, une halle aux pierres précieuses.
Je veux parler d'une réunion d'hommes
qui s'assemblent, se vendent et s'achè-
tent les joyaux les. plus remarquables.
Et qui font entre eux la hausse et la
baisse des brillants les plus étincelants..
Je m'étais imaginé que les marchands
de diamants devaient se réunir dans un
palais éblouissant, à l'égal de leur pré-
cieuse marchandise.
Dans un Alhambra, un Alcazar, un El-
dorado, un Escurial quelconque.
Je me trompais étrangement.
Ce ne sont pas des Arabes chassant
devant eux des chameaux chargés de ri-
ches cargaisons, qui font cet important
négoce.
Ce ne sont pas des Musulmans atta-'
chant la plus grosse fraction de leur as-
sortiment de pierreries à leur turban.
Ce sont des gens mis comme vous et
moi, et qui s'assemblent chaque jour.
au Café de Suède, sur le boulevard Mont-
martre.
autour du billard, les échantillons
se déploient, les qualités se discutent, les
estimations se font. entre deux et qua-
tre heures de l'après-midi.
Les petits-cousins du Régent ou du
Sancij sont discutés par un groupe de
consommateurs de petits verres de vieille
eau-de-vie, d'absinthe suisse ou de ver-
mouth de Turin.
» Je crois rendre un service à la justice de
mon pays en vous informant que cet hom-
me, qui se cache sous un nom d'emprunt,
n'est autre qu'un malheureux du nom de
Grandier, condamné, il y a quinze ans, pour
assassinat, aux travaux forcés à perpétuité.
» Signé GEORGES Ruders. »
Est-ce tout? fit le comte après avoir
écrit.
C'est tout, en ce qui concerne le baron,
répondit Polichinelle; mais il reste la com-
tesse.
Quel est ton projet?
Il est simple. L'hôtel d'Orvado t'est fa-
milier ?
Sans doute.
Tu y pénètres quand tu veux?
En effet.
Soit par la porte du faubourg, soit par
celle des Champs-Elysées.
Après?
Nous nous y rendrons ce soir..
Pourquoi faire ?
Polichinelle fit un mouvement d'épaules
significatif.
La comtesse, m'as-tu dit, possède des
lettres, à l'aide desquelles elle peut ;te
perdre.
Ce ,marché des diamants, à Paris, s'est
tenu jadis au Café do Mulhouse et au Café
des Variétés.-
Les trafiqueurs sont généralement au
nombre de cinquante-cinq à soixante.
Ils n'ont évidemment pas sur eux-le-
diamant du Itadja de Matan, dans 1 île
de Bornéo,. lequel pèse 367 "carats, c'est-
à-dire plus de 75 grammes) ni le Kahi-
IVoor (le mont de lumière), de l'empereur
du Mogol, qui pèse 279 carats, ni mê-
me le diamant de l'empereur de Russie,
qui, gros comme un œuf de pigeon, pèse
193 carats.
On assure que ce dernier diamant for-
mait un' des yeux de la fameuse statue
de Sheringari, dans le temple de Brama.
Un grenadier, amoureux de la statne,
l'aurait rendue borgne
Et son larcin passa plus tard dans les
mains de l'impératrice Catherine, qui le
paya 2 millions 250,000 livres comptant.
Et 100,000 livres de rente viagère.
Le diamant le Régent, qui pendant la
Révolution fut mis en gage et retiré sous
le gouvernement consulaire, est le plus
beau diamant que l'on connaisse. Voici
son histoire extraite des Mémoires de
Saint-Simon
Un employé aux mines de diamants,
dans le Mogol, en prit un d'une grosseur
prodigieuse, qu'il vint à bout de cacher
en l'introduisant dans son propre corps.
Il arriva en Europe avec le vol précieux
qu'il avait fait; il le fit voir à plusieurs
princes de différentes cours, qui tous l'ad-
mirèrent, mais qu'ils trouvèrent en même
temps au-dessus de leurs facultés pécu-'
niaires.
Le Régent de France fut lui-même ef-
frayé du prix, lorsque Law, à qui le pro-
priétaire l'avait présenté, le présenta à
son tour à Son Altesse Royale. Law, étayé
par le duc de Saint-Simon, insista auprès
du Ré ent.
Le Régent opposait la fâcheuse situa-
tion des finances. Mais ce qui encoura-
geait le directeur-général (Law) c'était
l'impossibilité où se trouvait le proprié-
taire du diamant de le vendre sa valeur.
C'est ce qu'il lui représenta pour le. dé-
terminer à en baisser le prix, et ce qu'il
représenta au Due-Régent, pour le déter-
miner à faire une offre.
On se rapprocha. On offrit deux mil-
liolis et les rognures qui sortiraient de la
taille.
Les conditions fnrent enfin acceptées et
le diamant qui, après la taille, pesait en-
core plus de 500 grains, fut acquis à la
France.
C'est de là qu'il fut appelé le Régent.
Eii bien! ce sont ces lettres qu'il te
faut?
Tu sais donc où les trouver?
Cette nuit même, elles seront entre nos
mains. Comprends-tu?
Parfaitement,
Alors c'est convenu.
Je t'attendrai cette nuit. à la porte
des Champs-Elysées.
La chambre qu'occupait Juliette à l'hôtel
était, nous l'avons dit, comprise dans l'ap-
partement de la comtesse.
Depuis quelque temps, Juliette voyait sa
mère rarement.
Elle vivait très retirée ne descendait
presque jamais au salon, et; 's'enfermait le
plus souvent dans sa chambre, une heure
après 1 dîner.
Ce soir-là, elle était remontée plus tôt en-
core que de coutume, et une fois chez elle,
s'était enfermée à clef.
Elle était fort paile; et. somlire plutôt que
triste. Que se passait-il dans son coeur ?
Qui pourrait le dire.
Elle ne l'avait jamais confié personne.
Mais elle souffrait.
Elle reska, auprès de la fenêtre ouverte,
une heure au moinf;, sans crue rien, sur eon
visage, ne vînt ti-al ju- s<>s secrètes pensées.
Le jour baissait peu a wii
L'ombre envahissait le parc; le vent fraî-
Les pierres, à la, Bourse des Diamants,
sont montées ou sur papier.
En général on ne compte pour rien la
monture, le bijou en or dans lequel le
dans un papier blanc recouvert d'un pa-
pier gris.
Le tout est renfermé dans une lletite
boîte en ferblanc, garnie d'un fermoir iL,
tringle.
Tout cela est mignon, de peu dedimèn-
sion, caché' dans le vêtement du ven-
deur.
Les marchands de diamants nomades,
en Hollande^rincipalemeiit, détient le
chercheur le plus intrépide de trouver la
précieuse marchandise sur eux.
Rien dans les mains, rien dans les
poches
Ils ne font pourtant pas comme ce fi-
dèle valet de Nicolas de.HarIai de Sal1cy,
qui, attaqué, .par des voleurs, -avala le
diamant, qui fut retrouvé dans son corps,
quand on le déterra dans la forêt de
Dole. ̃̃̃
Le vol de diamants est -un faitrare, car
tout diamant, dépassant u.u certain prix,
est connu sur la place
Les braves trafiquants qui i>équentent
la Bourse aux Diamants, reconnaissent
au premier coup d'œil la pierre qu'ils ont
vendue depuis plusieurs années. • • ">
Dès qu'un diamant disparaît, soïi si-
gnalement est envoyé à tous les .bijou-
tiers, lapidaires, prêteurs sur gages et
m'onts-de-piété «••>.
Tout diamant a un signalement précis..
11 est de forme octaèdre, dodécaèdre/,
rhomboïde, trétaëdre plus ou moins régu-
lière.
11 est plus ou moins électrique et lumi-
neux par insolation.
Il est blanc, jaune, rosé, violet, bleu,
vert ou même noir.
Il a une limpidité que l'on peut déter-
miner.
La taille lui a laissé des signes
tiers, qui le feront reconnaître et saisir
entre les mains d'un voleur
On achète généralement le diamant
après l'avoir examiné de jour et a le
loupe.
On ne prête pas aux bureaux du Mont-
de-Piété sur des diamants présentes la
nuit, car les diamants jaunes, de moindre
valeur que les diamants .blancs, ont la
nuit plus d'éclat et de chatoiement que
les brillants les plus parfaits.
chissait au dehors.
Elle rentra,
En passant près de la cheminée, elle s.5 ar-
rêta devant un petit meuble de Boule et -un
éclair jaillit de ses yeux.
devinrent blêmes, et une grosse larme coula
sur ses joues fatiguées d'insomnie..
Toutefois, cette impression ne fut que pas-
Presque aussitôt, elle secoua le front avec
violence, dévora la larme qui s'était arrêtée
sur ses lèvres, et d'une main fiévreuse elle
se disposa à ouvrier le tiroir du meuble prêt
duquel elle s'était arrêtée.
Mais elle n'alla pas plus loin.
Tout son sang s était glacé dans ses vei-
nes et elle avait bondi vers la porte.
Juliette! aphelait au dehors la voix de
j sa mère. Es-tu lu mon enfant?
Juliette s'empressa d'ouvrir, et la comtesse
entra..
Mme Clotilde d'Orvado avait, a cette epO"
aue. trente-deux an s .accomplis.
Flle était dans -iroute la splendeur de sa
Au contraire des créoles qui, d'ordinaire,
s'étiolent vite sous nos climats tempérés,
elle s'était développée peu à peu, ai?, contact
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