Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 21 décembre 1868 21 décembre 1868
Description : 1868/12/21 (Numéro 2181). 1868/12/21 (Numéro 2181).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590232k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
rue de La Fayette,
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SIX MOIS 1J FR-
ON AN. MFR.
Sixième Année :ne
kadi 21 décembre 1868
Tirage du Petit
Le sort en est jèté! On a beau vou-
loir affirmer la sagesse humaine, la
gravité des temps, le progrès des
mœurs, il .n'en est pas moins arrivé
avec la ponctualité d'un amoureux.
Il a des grelots aux bras et aux jambes,
des taches de lie au front, des pâleurs de
poudre de riz et des pudeurs de rouge vé-
gétal aux* joues. il a la marotte en
main, la plume au front, la batte au côté.
Sabre de.bois. pistolet de paille! il ne
-faut pas rire de ce gentilhomme qui mar-
che sur les neiges comme une almée
valse sur les roses. et qui trouve tou-
jours son chemin à travers les brouillards
de l'hiver.
•C'est lé seigneur Carnaval -en per-
sonne!
Un causeur fort profond et particuliè-
rement judicieux, me faisait comprendre
nier que je ne possédais pas assez de li-
Et que le bon Dieu, qui m'a lancé sans
passeport et sans port d'armes dans le
monde, avait es l'intention de me laisser
,mae plus grande somme d'indépendance.
'• Voici que dès ce samedi, 19 décembre,
jusques et y compris le 12 -février. une-
liberté nouvelle m'est octroyée.
Il m'est loisible de répudier les habits
de mon sexe et la .,placidité naturelle de
mon caractère.
Je puis me déguiser en poissarde, en
grisette, en dame des anciennes cours, en,
paysanne romaine ou en laitière suisse.
Je puis attacher -à mes cheveux un
suivez-moi jeune homme, et me donner
"des grâces dans une crinoline perlec-
donnée!
Je puis enfin, prenant les uniformes
des filles d'Eve, me glisser, comme Achil-
'le, à la faveur de la muselière de dentel-
les et du paletot de drap doublé de petit
gris. parmi les filles de Lesbos.
Jl y a, dans un de nos nombreux codes,
un article qui me condamne à une peine
très afflictive si je porte un costume au-
quel je n'ai pas droit.
Mais le Carnaval a ses immunités.
Je ne puis pas me déguiser en cardinal,
comme les basses de l'Opéra, dans la
v. fe&îHeiOB du Si Décembre
PREMIÈRE PART
L'effroi du passé
Jûanglois dit le baron d'une voix forte
regarde moi bien en face rappelle tas §pu~
venirs, marche dans le passa et
me reconnais..
-Mais. balbutia Polichinelle.
̃̃'̃ Ingratl
C'est imp'os'sïbîë.
Pourquoi donc ?
On disait que tu étais mort.
(Voir le petit Journal depuis le 4 décembre)^
Juive; en lieutenant-général des armées
comme Donato, du théâtre militaire du
Châtelet. en sergent de ville, comme au-
trefois et Chillv, dans les Talis-
mans, de Frédéric Soulié, à l'Ambigu-
Mais il m'est loisible de fouiller dans
la garde-robe des siècles passés pour y
faire ma toilette..
Je puis être Carlin l'Arlequin; Ri-
chelieu le Séducteur; Bobèche le Lous-
Je puis être
Le beau Léandre,
Soupirant d'un air tendre
Un amoureux refrain.
Je puis être un page du grand Frédé-
ric, un Triboulet de ces Rois primitifs qui
voulaient qu'on les amusât, l'Amiral
suisse de la vie Parisienne, le Médecin de
Chilpèric, le Diplomate de Y Ile de TvÀipa-
tam, le Chanteur des rues de la Périchole
je puis me déguiser en Seigneur moyen-
âge, en Bailli d'opéra,comique, en Mé-
decin de Molière, en Mousquetaire gris,
en Pénitent blanc, en Pierrot ou en rail-
lasse '̃̃ ̃-
'Ne saut' pas à demi,
Paillasse, mon ami,
Saute pour tout le monde!
Dans un livre qu'il a fait éclore avec le
nremier quadrille de Strauss, Paul Malia-
fin dit, comme pour m'épargner la peine
de l'écrire
« Samedi, 19 décembre, à minuit qua-
rante-cinq-minutes du matin il y a
minuit du soir pour les gens qui se cou-
chent et minuit du matin pour les gens
qui ne se couchent pas le carnaval des
Parisiens de -Paris a commencé.
» Je vois d'ici les provinciaux de la capi-
tale se frotter les yeux à tour de bras de-
vant le calendrier, en m'accusant de l'a-
voir détraqué d'un epup de plume,-
ainsi que d'un coup de pouce, Horace de
Massaréna avance la pendule dans le Do-
mino noir, afin d'induire la belle Angèle
en erreur et en boléro .» »
Eh bien les honnêtes provinciaux au-
raient tort, le boulevard des Italiens
est illtiminé, des industriels légère-
ment enroués vous offrent des billets
moins chers qu'au bureau, et les gardes
municipaux à cheval font prendre la file
aux voitures qui amènent les déguisés au
théâtre ou l'on interprète Rossini et
Meyerbeer.
Le premier Bal de l'Opéra vient de
finir
La condition absolue pour entrer au
bal de l'Opéra, après avoir payé sa place,
Et tu l'as cru.
Il y a donc de ces miracles ?
Le baron ébaucha un sourire.
Dieu en fait quelquefois, dit-il, pour ré-
compenser ceux qui ont trop souffert, ou
pour punir ceux qui ont irrité sa patience
Grandier!
Tu me reconnais, maintenant.
Polichinelle passa sa main sur son front.
Et je t'ai vu mort cependant, murmu-
ra-t-il avec une sorte d'épouvanté j'ai tenu
ton cadavre dans mes bras. je t'ai enseveli
de mes mains.
Tu te rappelles cette nuit?
Quel souvenir!
Et quelle joie. pour ceux qui sur-
Polichinelle eut un frisson. Il se rappro-
cha frémissant du Baron lui toucha le
bras pour bien s'assurer qu'il'n'était pas le
jouet d'un rêve, et que celui qui était là, de-
.vant lui, n'était pas un fantôme.
'̃– Bnfin, dit-il bientôt après, pourquoi
es-tu revenu à Paris?
Crois-tu que je n'aie rien é, y faire!
répondit le baron.
Tu veux te venger?
Peut-être.
Perdre la comtess'pï
Gela dépend.
Dénoncer.le comte!
c'est d'être vêtu en habit noir et cravaté
de blanc. quand on ne s'est pas pro-
curé la débauche d'un costume.
Toutefois, Mahalin raconte l'histoire
d'un Anglais qui présentait au contrôle
une jeune lady, revêtue d'un costume peu
collet monté.
Les employés lui refusèrent l'entrée;
Mylord allait se récrier, lorsqu'on lui
montra l'écriteau.
Il lut à sa manière
Urte miss décente est de rigueur!
Paul Mahalin raconte dans son nou-
veau livré, Au Bal masqué, la légende
lugubre du passage de l'Opéra.
dit-il, vu brûler un homme un
soir de carnaval.
C'était le garçon d'un costumier de la
galerie de l'Horloge.
Son patron l'avait fait habiller en ours
pour servir d'enseigne à son établisse-
ment.
En voulant allulner sa pipe, le malheu-
reux alluma les étoupes dont se composait
son costume.
Et, pendant dix minutes, on le vit cou-
rir, bondir, -se rouler, se tordre, pleu-
rant, hurlant, rugissant, tourbillon de
flamïne, brasier animé, torche vivante
La foule, affolée d'épouvanté, fuyait de
toutes parts.
On se barricadait dans les boutiques.
Les grilles furent fermées.
A la fin, les pompiers ramassèrent un
mélange informe,- un tas fumant et gré-
sillant, de chairs -calcinées et sai-
gnantes.
Les passants, qui, de l'autre côté du*
boulevard aperce vaieat-cette .lueur et ce
mouvement, entendaient ces cris et ce
tumulte, se disaient avec un sourire
d'envie
Comme ils s'en donnent là-bas, les
gaillards! Comme ils s'en donnent!
J'en demande bien pardon à ceux de
mes Lecteurs qui ont des principes sévè-
res. Je suis allé à ce premier bal de l'O-
péra. sans casaque de pierrot, sans
manches pendantes et sans faux nez.
en simple frac noir, le visage découvert,
sans loup, barbe postiche ou masqne.
On a dansé sur l'air des Pompiers cle
Nanterre. J'ai vu défiler toutes les danseu-
ses à réputation Fuite de Gaz et Mouche à
Miel, Toupie et Nini Cliasse-
pot et la Réponse cles Primes.
Et toutes ces filles folles du quadrille
et de la cavalière seule et échevelée, aux-
quelles on peut dire
Le baron fit entendre à ce mot un gron-
dément sourd et ses sourcils se froncèrent;
ses dents mordirent ses lèvres jusqu'au sang
et une lueur farouche sillonna son front.
Oûi oui s'écria-t-il sur un ton de
haine implacable. Ah c'est lui surtout, qui
doit me payer toutes mes souffrances passées,
et mes illusions perdues, et mon amour
trahi, et mon déshonneur et ma honte.
Tu as raison, Langlois, c'est le comte, c'est
son sang, sa vie, son honneur qu'il me faut! 1
et je n'aurai de repos que, lorsqu'à, son
tour, il aura passé par toutes les infamies
dont il m'a abreuve r
Mais quel moyen? Prends garde le
comte est puissant, d'un mot il peut te ren-
voyer d'où tu viens d'un geste, il peut appe-
ler sur toi toutes les vengeances de la loi 1
Le baron haussa les épaules.
Depuis quinze années, répondit-il d'une
voix grave et presque solennelle, j'ai appris
la via et je sais quel fond il faut faire sur
la loyauté et le courage des hommes. Lejour
où je l'aurai résolu, le comte des Aiglades
sera perdu.
Je ne comprends pas.
Eh. bien; écoute, et tu vas me com-
prendre. Je ne t'ai pas fait venir pour autre
chose. Je vais te dire le service que j'at-
tends de toi, et quand tu m'aura entendu,,
Fillette agaçante et niutine,
Nous te verrons bien quelque jour
Moucher du bout de ta botùne.
Saint Jacques. enrliumé sur sa tour.
Aussitôt dans le foyer réservé aux
gens en bourgeois, les dominos abondent.
Je ne suis pas à la noce, bien qu'on
danse de toute part autour de moi.
Un domino noir, qui laisse échapper de
son capuchon couleur d'ébène de. jolis pe*;
tits cheveux blonds, me dit
Qu'est-ce que tu fais là, Timothée,
ton article ne sera jamais écrit pour de-
main matin. Tu.n'as même pas encore
ton sujet!
Vous vous trompez, lui dis-je, vos
cheveux qui ont l'air de rayons de soleil
filés. sont un sujet très .suffisant.
rappellerai ma chronique la Quatrième
Grâce, en songeant à, vous, et je vous
adresserai, en guise d'envoi, les vers sui-
vants
Jeune Eglé, si l'Amour voulait
Donner un Ùal aux trois sœurs immortelles,
Que ferait-il? Le nombre est incomplet.
Ce Dieu vous choisirait pour former le ballet,
Et pour figurer avec elle?.
Tandis que la belle se sauve-en riant,
il survient un domino rose qui murmure
entre ses dents sur un air connu
Trimm, Trimm,
Trimm. Trimm, Trimm.
Vous m'appelez, belle dame, lui
ai-je demandé.
Viens, dit-elle, donne-moi pour un
sou de quelque chose de 9;ai.
Ma belle, a,i-je objecté scandalisé,
je e ne porte pas ma marchandise sur moi.
Va donc, m'a-t-elle répondu, avec
un dédain marqué, tu as une araignée
dans le plafond, un hanneton dans la sala-
'ele, une écrevisse dans le godiveau.
Et elle s'est échappée comme un rai-
the qui aurait lancé saflèche.
Décidément ce n'est pas ce soir que le
trouverai des princesses Russes au pat
de l'Opéra.
On assure que les bals de l'Opéra tou-
client à leur fin, et qu'on ne dansera pas
dans la nouvelle salle qui i'ait lace à la
rue de la Paix.
On ne verra plus les Cloaoche s'ébat-
tre au milieu du temple des classiques
harmonies.
On n'entendra plus les cris remplaçant
les notes,
Je n'ai qu'à répéter a ce propos ce que
je disais à cette place il y a deux ans.
» Si ce bal masqué de l'Opéra doit être
tu seras libre d'aller redire au comte de*
Ajglades ce que je t'aurai confié.
Le baron parlait avec une autorité souve-
raine, à laquelle Polichinelle ne songeait pas
à se soustraire.
Il s'assit donc sur le siège qu'on lui indi-
quai et se disposa à écouter.
De quelles choses mystérieuses l'entretint
le baron ? à quelle confidence s'abandonna-
t-il envers cet être singulier et multiple,
nous ne saurions le dire.
Mais quand au bout de quelques heures,
Polichinelle, après avoir cruitté 1 hôtel des
Champs-Elysées, arriva chez le -comte des
Aiglades, qui avait passé la nuit à latten-
dre, il était pâle, essoufflé et profondément
troublé.
Qu'ya-t-il? demanda le comte étonné
de l'état dans lequel il se présentait..
Une chose invraisemblable. impossi-
ble. insensée. répondit Polichinelle.
Mais quoi, encore.
Grandier! Grandier
Allons donc.
Je viens de le voir.
Quelle folie.
Je lui ai parlé, te dis-je, et si'tu -ne
prends pas des mesures promptes, énergi-
ques, instantanées, la comtesse, Juliette et^
toi vous êtes perdus 1
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Le sort en est jèté! On a beau vou-
loir affirmer la sagesse humaine, la
gravité des temps, le progrès des
mœurs, il .n'en est pas moins arrivé
avec la ponctualité d'un amoureux.
Il a des grelots aux bras et aux jambes,
des taches de lie au front, des pâleurs de
poudre de riz et des pudeurs de rouge vé-
gétal aux* joues. il a la marotte en
main, la plume au front, la batte au côté.
Sabre de.bois. pistolet de paille! il ne
-faut pas rire de ce gentilhomme qui mar-
che sur les neiges comme une almée
valse sur les roses. et qui trouve tou-
jours son chemin à travers les brouillards
de l'hiver.
•C'est lé seigneur Carnaval -en per-
sonne!
Un causeur fort profond et particuliè-
rement judicieux, me faisait comprendre
nier que je ne possédais pas assez de li-
Et que le bon Dieu, qui m'a lancé sans
passeport et sans port d'armes dans le
monde, avait es l'intention de me laisser
,mae plus grande somme d'indépendance.
'• Voici que dès ce samedi, 19 décembre,
jusques et y compris le 12 -février. une-
liberté nouvelle m'est octroyée.
Il m'est loisible de répudier les habits
de mon sexe et la .,placidité naturelle de
mon caractère.
Je puis me déguiser en poissarde, en
grisette, en dame des anciennes cours, en,
paysanne romaine ou en laitière suisse.
Je puis attacher -à mes cheveux un
suivez-moi jeune homme, et me donner
"des grâces dans une crinoline perlec-
donnée!
Je puis enfin, prenant les uniformes
des filles d'Eve, me glisser, comme Achil-
'le, à la faveur de la muselière de dentel-
les et du paletot de drap doublé de petit
gris. parmi les filles de Lesbos.
Jl y a, dans un de nos nombreux codes,
un article qui me condamne à une peine
très afflictive si je porte un costume au-
quel je n'ai pas droit.
Mais le Carnaval a ses immunités.
Je ne puis pas me déguiser en cardinal,
comme les basses de l'Opéra, dans la
v. fe&îHeiOB du Si Décembre
PREMIÈRE PART
L'effroi du passé
Jûanglois dit le baron d'une voix forte
regarde moi bien en face rappelle tas §pu~
venirs, marche dans le passa et
me reconnais..
-Mais. balbutia Polichinelle.
̃̃'̃ Ingratl
C'est imp'os'sïbîë.
Pourquoi donc ?
On disait que tu étais mort.
(Voir le petit Journal depuis le 4 décembre)^
Juive; en lieutenant-général des armées
comme Donato, du théâtre militaire du
Châtelet. en sergent de ville, comme au-
trefois et Chillv, dans les Talis-
mans, de Frédéric Soulié, à l'Ambigu-
Mais il m'est loisible de fouiller dans
la garde-robe des siècles passés pour y
faire ma toilette..
Je puis être Carlin l'Arlequin; Ri-
chelieu le Séducteur; Bobèche le Lous-
Je puis être
Le beau Léandre,
Soupirant d'un air tendre
Un amoureux refrain.
Je puis être un page du grand Frédé-
ric, un Triboulet de ces Rois primitifs qui
voulaient qu'on les amusât, l'Amiral
suisse de la vie Parisienne, le Médecin de
Chilpèric, le Diplomate de Y Ile de TvÀipa-
tam, le Chanteur des rues de la Périchole
je puis me déguiser en Seigneur moyen-
âge, en Bailli d'opéra,comique, en Mé-
decin de Molière, en Mousquetaire gris,
en Pénitent blanc, en Pierrot ou en rail-
lasse '̃̃ ̃-
'Ne saut' pas à demi,
Paillasse, mon ami,
Saute pour tout le monde!
Dans un livre qu'il a fait éclore avec le
nremier quadrille de Strauss, Paul Malia-
fin dit, comme pour m'épargner la peine
de l'écrire
« Samedi, 19 décembre, à minuit qua-
rante-cinq-minutes du matin il y a
minuit du soir pour les gens qui se cou-
chent et minuit du matin pour les gens
qui ne se couchent pas le carnaval des
Parisiens de -Paris a commencé.
» Je vois d'ici les provinciaux de la capi-
tale se frotter les yeux à tour de bras de-
vant le calendrier, en m'accusant de l'a-
voir détraqué d'un epup de plume,-
ainsi que d'un coup de pouce, Horace de
Massaréna avance la pendule dans le Do-
mino noir, afin d'induire la belle Angèle
en erreur et en boléro .» »
Eh bien les honnêtes provinciaux au-
raient tort, le boulevard des Italiens
est illtiminé, des industriels légère-
ment enroués vous offrent des billets
moins chers qu'au bureau, et les gardes
municipaux à cheval font prendre la file
aux voitures qui amènent les déguisés au
théâtre ou l'on interprète Rossini et
Meyerbeer.
Le premier Bal de l'Opéra vient de
finir
La condition absolue pour entrer au
bal de l'Opéra, après avoir payé sa place,
Et tu l'as cru.
Il y a donc de ces miracles ?
Le baron ébaucha un sourire.
Dieu en fait quelquefois, dit-il, pour ré-
compenser ceux qui ont trop souffert, ou
pour punir ceux qui ont irrité sa patience
Grandier!
Tu me reconnais, maintenant.
Polichinelle passa sa main sur son front.
Et je t'ai vu mort cependant, murmu-
ra-t-il avec une sorte d'épouvanté j'ai tenu
ton cadavre dans mes bras. je t'ai enseveli
de mes mains.
Tu te rappelles cette nuit?
Quel souvenir!
Et quelle joie. pour ceux qui sur-
Polichinelle eut un frisson. Il se rappro-
cha frémissant du Baron lui toucha le
bras pour bien s'assurer qu'il'n'était pas le
jouet d'un rêve, et que celui qui était là, de-
.vant lui, n'était pas un fantôme.
'̃– Bnfin, dit-il bientôt après, pourquoi
es-tu revenu à Paris?
Crois-tu que je n'aie rien é, y faire!
répondit le baron.
Tu veux te venger?
Peut-être.
Perdre la comtess'pï
Gela dépend.
Dénoncer.le comte!
c'est d'être vêtu en habit noir et cravaté
de blanc. quand on ne s'est pas pro-
curé la débauche d'un costume.
Toutefois, Mahalin raconte l'histoire
d'un Anglais qui présentait au contrôle
une jeune lady, revêtue d'un costume peu
collet monté.
Les employés lui refusèrent l'entrée;
Mylord allait se récrier, lorsqu'on lui
montra l'écriteau.
Il lut à sa manière
Urte miss décente est de rigueur!
Paul Mahalin raconte dans son nou-
veau livré, Au Bal masqué, la légende
lugubre du passage de l'Opéra.
dit-il, vu brûler un homme un
soir de carnaval.
C'était le garçon d'un costumier de la
galerie de l'Horloge.
Son patron l'avait fait habiller en ours
pour servir d'enseigne à son établisse-
ment.
En voulant allulner sa pipe, le malheu-
reux alluma les étoupes dont se composait
son costume.
Et, pendant dix minutes, on le vit cou-
rir, bondir, -se rouler, se tordre, pleu-
rant, hurlant, rugissant, tourbillon de
flamïne, brasier animé, torche vivante
La foule, affolée d'épouvanté, fuyait de
toutes parts.
On se barricadait dans les boutiques.
Les grilles furent fermées.
A la fin, les pompiers ramassèrent un
mélange informe,- un tas fumant et gré-
sillant, de chairs -calcinées et sai-
gnantes.
Les passants, qui, de l'autre côté du*
boulevard aperce vaieat-cette .lueur et ce
mouvement, entendaient ces cris et ce
tumulte, se disaient avec un sourire
d'envie
Comme ils s'en donnent là-bas, les
gaillards! Comme ils s'en donnent!
J'en demande bien pardon à ceux de
mes Lecteurs qui ont des principes sévè-
res. Je suis allé à ce premier bal de l'O-
péra. sans casaque de pierrot, sans
manches pendantes et sans faux nez.
en simple frac noir, le visage découvert,
sans loup, barbe postiche ou masqne.
On a dansé sur l'air des Pompiers cle
Nanterre. J'ai vu défiler toutes les danseu-
ses à réputation Fuite de Gaz et Mouche à
Miel, Toupie et Nini Cliasse-
pot et la Réponse cles Primes.
Et toutes ces filles folles du quadrille
et de la cavalière seule et échevelée, aux-
quelles on peut dire
Le baron fit entendre à ce mot un gron-
dément sourd et ses sourcils se froncèrent;
ses dents mordirent ses lèvres jusqu'au sang
et une lueur farouche sillonna son front.
Oûi oui s'écria-t-il sur un ton de
haine implacable. Ah c'est lui surtout, qui
doit me payer toutes mes souffrances passées,
et mes illusions perdues, et mon amour
trahi, et mon déshonneur et ma honte.
Tu as raison, Langlois, c'est le comte, c'est
son sang, sa vie, son honneur qu'il me faut! 1
et je n'aurai de repos que, lorsqu'à, son
tour, il aura passé par toutes les infamies
dont il m'a abreuve r
Mais quel moyen? Prends garde le
comte est puissant, d'un mot il peut te ren-
voyer d'où tu viens d'un geste, il peut appe-
ler sur toi toutes les vengeances de la loi 1
Le baron haussa les épaules.
Depuis quinze années, répondit-il d'une
voix grave et presque solennelle, j'ai appris
la via et je sais quel fond il faut faire sur
la loyauté et le courage des hommes. Lejour
où je l'aurai résolu, le comte des Aiglades
sera perdu.
Je ne comprends pas.
Eh. bien; écoute, et tu vas me com-
prendre. Je ne t'ai pas fait venir pour autre
chose. Je vais te dire le service que j'at-
tends de toi, et quand tu m'aura entendu,,
Fillette agaçante et niutine,
Nous te verrons bien quelque jour
Moucher du bout de ta botùne.
Saint Jacques. enrliumé sur sa tour.
Aussitôt dans le foyer réservé aux
gens en bourgeois, les dominos abondent.
Je ne suis pas à la noce, bien qu'on
danse de toute part autour de moi.
Un domino noir, qui laisse échapper de
son capuchon couleur d'ébène de. jolis pe*;
tits cheveux blonds, me dit
Qu'est-ce que tu fais là, Timothée,
ton article ne sera jamais écrit pour de-
main matin. Tu.n'as même pas encore
ton sujet!
Vous vous trompez, lui dis-je, vos
cheveux qui ont l'air de rayons de soleil
filés. sont un sujet très .suffisant.
rappellerai ma chronique la Quatrième
Grâce, en songeant à, vous, et je vous
adresserai, en guise d'envoi, les vers sui-
vants
Jeune Eglé, si l'Amour voulait
Donner un Ùal aux trois sœurs immortelles,
Que ferait-il? Le nombre est incomplet.
Ce Dieu vous choisirait pour former le ballet,
Et pour figurer avec elle?.
Tandis que la belle se sauve-en riant,
il survient un domino rose qui murmure
entre ses dents sur un air connu
Trimm, Trimm,
Trimm. Trimm, Trimm.
Vous m'appelez, belle dame, lui
ai-je demandé.
Viens, dit-elle, donne-moi pour un
sou de quelque chose de 9;ai.
Ma belle, a,i-je objecté scandalisé,
je e ne porte pas ma marchandise sur moi.
Va donc, m'a-t-elle répondu, avec
un dédain marqué, tu as une araignée
dans le plafond, un hanneton dans la sala-
'ele, une écrevisse dans le godiveau.
Et elle s'est échappée comme un rai-
the qui aurait lancé saflèche.
Décidément ce n'est pas ce soir que le
trouverai des princesses Russes au pat
de l'Opéra.
On assure que les bals de l'Opéra tou-
client à leur fin, et qu'on ne dansera pas
dans la nouvelle salle qui i'ait lace à la
rue de la Paix.
On ne verra plus les Cloaoche s'ébat-
tre au milieu du temple des classiques
harmonies.
On n'entendra plus les cris remplaçant
les notes,
Je n'ai qu'à répéter a ce propos ce que
je disais à cette place il y a deux ans.
» Si ce bal masqué de l'Opéra doit être
tu seras libre d'aller redire au comte de*
Ajglades ce que je t'aurai confié.
Le baron parlait avec une autorité souve-
raine, à laquelle Polichinelle ne songeait pas
à se soustraire.
Il s'assit donc sur le siège qu'on lui indi-
quai et se disposa à écouter.
De quelles choses mystérieuses l'entretint
le baron ? à quelle confidence s'abandonna-
t-il envers cet être singulier et multiple,
nous ne saurions le dire.
Mais quand au bout de quelques heures,
Polichinelle, après avoir cruitté 1 hôtel des
Champs-Elysées, arriva chez le -comte des
Aiglades, qui avait passé la nuit à latten-
dre, il était pâle, essoufflé et profondément
troublé.
Qu'ya-t-il? demanda le comte étonné
de l'état dans lequel il se présentait..
Une chose invraisemblable. impossi-
ble. insensée. répondit Polichinelle.
Mais quoi, encore.
Grandier! Grandier
Allons donc.
Je viens de le voir.
Quelle folie.
Je lui ai parlé, te dis-je, et si'tu -ne
prends pas des mesures promptes, énergi-
ques, instantanées, la comtesse, Juliette et^
toi vous êtes perdus 1
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