Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 16 décembre 1868 16 décembre 1868
Description : 1868/12/16 (Numéro 2176). 1868/12/16 (Numéro 2176).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5902274
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Librairie du Petit -.Journal j
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TROIS MOIS. 5 FR.
.QUOTIDIEN
:-S CENTIMES
Abonnements Départ» j
TROIS MOIS 6 FRi
SIX JIOIS. FK.
ON AN, 24FR.
Xaércrea» 18 décembre Ï0B0
MARDI 15
pi SOCIETE DES
SON PRÉSIDENT. ET SON ALMANACH
La Librairie du Petit Journal vient de
publier un ouvrage spécial.- qui ne coûte
que 50 centimes et a plus d'esprit qu'il
n'est gros.C'est l'Almanach clé la So-
ci,été des Gens de Lettres.
Dans la note qui sert'd'Introduction
au volume, on trouve ce qu'on appelle à
la Chambre des Députés l'Ea-posé des
Motifs. En voici un extrait
Ce fut. seulement vers la fin ;du mois d'octo-
bre dernier que le Comité de la Société des Gens
de Lettres eut la pensée de publier cet aima: ad).
''Pressé,par le temps, il n'a pu qao rassembler quel-,
• un cadre dans lequel tout ce qui intéresse la fa-
mille littéraire aura annuellement sa place.
'•̃ Si désireux qu'il tut de prendre date, il eût été
impossible de publier'ca premier volume,-sous le
.millësime de s'il n'eût été seconde par la
sympathie efficace de M. Alphonse Miîlaud pour
•- lés gens de lettres'.
Ce dernier a compris que l'on posait le pre-
mier jalon d'une véritable histoire de la littéra-
turc contemporaine. C'est dans les archives de
la 5ociété, si.riches en documents précieux, que
l'on puisera à. l'avenir les principaux matériaux.
de cette histoire.
Et; eu eïïet,YAlmanach de la. Société des
gens de lettres, est composé de petits chefs-
d'œuvre LëoirGozlan,
Frédéric Soulié, Saintine, Charles Baude-
la;ire, Viennet, Th. Muret, M;irie*Ayeard,
Philoxène Boy er, Alfred Delvau, Eugène
Sue, F. Ponsard, Roger de Beauvoir, Ju-
les de Prémaray, Henri Murger.
Les rédacteurs de l'Almanach de la So-
ciété des Gcns de Lettres ont dû à l'obJi-
geance de MM. Michel JLévy frères, édi-
teurs, l'autorisation de publier dans ce
volume la nouvelle de Balzac, intitulée
Histoire d'une Clarinette. Cette nouvelle
reprendra son titre primitif, Facino Crne,
nitive des oeuvres de Balzac en vingt-
cinq volumes in-8", qui'paraîtra prochai-
nement chez MM. Lévy frères; avec por-
trait gravé sur acier et fac-similé de
l'écriture de Balzac. L'édition, ceci
est précieux pour les admirateurs du
grand peintre de.moeurs, contiendra tou-
tes les oeuvres, ainsi que tous les article
de Balzac, qui n'avaient pas encore été
l'éimpriinés, et sa Correspondance inédite.
Feuilleton da i6 Décembre
LES ̃'̃ •
PREMIÈRE PAB.TIE
XII
La poudre aux yeux
La première sensation fut profonde
Toutes les mains s'étendirent vers le porte-
feuille qui fut impitoyablement éventré.
''̃•'̃• Cinquante mille francs
-̃̃•̃ Plusieurs milliers de francs pour éhacua.
Une fortune!
En une seconde, chaque convive de ce si-
nistre bâttquet, froissa'dans sa main fiévreu-
se le papier soyeux de trois oa quatre billets
Ghoseétrange pourtant.
Ce n'ttaient pas les billets qu'il tenait à la
main, que chacun des bandits regarda tout
iïj&hoïd. C'étaient ceux de son voisin.
.(Voir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
Il est fort intéressant à consulter, cet
Almanach de la Société des Gens de LetÉ&s.
On y trouve des choses inconnues drUà-
bliées, entre autres que
Madame Dorval debuta à la Comédie-
Française en 1834; t ̃
~VHerrw.nl de Victor Hugo y fut repré-
senté le 9 mars"! 830;
Le grand comique Potier se retira .du
théâtre le 11 i avril 1S27
M. Villemain, secrétaire perpétuel de
l'Académie française, est ̃ né le 10 juin
Je soupçonne fort M. d'Auriac d'avoir'
rédigé ces éphémérides littéraires qui
vont du romancier au dramaturge, de
'l'acteur au musicien.
Mais il n'a pas pu y mettre un fait qui
avait peut-être son importance.
Je veux parler de l'élection qui a eu
lieu dimanche dernier, et qui a porté à la
présidence de la Société des gens de let-
tres notre excellent coairere et ami M.
Frédéric Thomas.
La Société des Gens de Lettres a eu
lemain, Victor Hugo, Viennet, Louis
tine, Léon Gozlan, Michel .Masson,;
Edouard. Thierry, Emmanuel
Paul Fc val et Jules Simon.
M. Frédéric Thomas arrive le treiziè-
me, à une époque où la république des!
Lettres a le plus d'exigence, de véhé-
Les amis de Frédéric Thomas, et le ré-
sultat du scrutin a prouvé qu'ils étaient
nombreux, savent depuis longtemps à
quoi s'en tenir sur_ la iinesse de son es-
prit, la bonne humeur de son style, Tat-
ticjsme (lui-lui, est naturel.
Mais il est parmi nous des gens qui re-
prochent à notre président, actuel la pos-
session d'une faculté précieuse.
Il sait écrire. mais aussi il sait
Il est homme de lettres, mais aussi.
il est avocat a la Cour impérial.
Le grand dommage, en vérité, que les
lèvres puissent dire ce que la plume eût
pu tracer spirituellement.
En quoi 1 orateur annihile-t-il l'é-
L'improvisation, n'est-ce point'une
œuvre faite au courant de la voix. au
lieu d'être faits au courant de la plume.
• II y- a cela de plus difficile dans l'art
oratoire, c'est qu on ne peut pas, comme
pour une œuvre de littérature, rattraper
Et quelle lueur de sang et de crime sil-
lonna à ce moment leurs regards altérés,
quelles menaces eifroyables grondèrent daus
ces douze poitrines.
Ce fut hideux.
Debout, les bras croisés, le baron s'était
pris à sourire.
ve, n'était-ce pas plutôt une mystifica-
Au moment où une terrible collision allait
peut-être ensanglanter la mansarde, cette
dernière pensée traversa tout à coup l'esprit
soupçonneux du Jaguar.
Il se tourna vers'ses compagnons
,-Ainsi, dit-il d'un ton ironique; vous
croyez, vous autres, que c'est des vrais, de la
Banque.
Cette simple interpellation contint l'orage
près d'éclater.
Les douze forçats se regardèrent quelque
peu décontenancés..
Qu'est-ce qu'il dit là,?. interrogèrent
Au fait! répartit Rougeoi-Cadet.
il a peut-être raison, le Jaguar.
Pourquoi est-ce qu'il nous ferait des ca-
deaux, d'abord?
Ça. je ne sais pas.
Éh bien, je vous dis que c'est une frime,
et la preuve, je vais vous la donner.? ,(,
le mot douteux, le, trope boiteux, l'hy-
perbole criarde, la métaphore inexacte,
comme on le ferait dans un feuilleton
écrit..
Mais, voy ezdonc comme dans Frédéric
Thomas, l'amour de l'urt littéraire se ma-
nifeste chez le parleur..
Savez-vous comment il a plaidé quand
il s'est adressé aux j âges pour la première
Il a plaidé en vers!
Il était à la' fois prévenu et avocat il
s'était lui-même chargé de sâ-propre dé-
Et voici comment débutait cette ha-
judiciaires du 7 juillet 1835:'
Un-jour, il m'en souvient. flânant à l'aventure»
Enfant, suivant l'instinct de la jeune nature,
Je courus boulevards, temples et carrelours,
Je suivis les soldats et leurs bruyants tambours,
J'entrai dans un palais où je lus Cour d'assises.
Un vieillard inconnu sur ses bras me haussant,
Me lit voir une tabla et des lambeaux de sang;
Curieux, j'explorai les lieux de ce théâtre,
Je suivis des gradins le raidç atnghiiliiitro.
De.3 et j'eu pe,ur de leur sévérité,
L)e leur cosiume rouge où vient |.âlir l'hermine,
J'eiis peur du prévenus il l'équivoque mina
Flanqués aux deux côtés d'un gendarme pareil.
A.!oi\s, jo voulus fuir ce sinistre appareil;
Mais l 'obligeant vieillard dont le pressais l'éraule,
-,le « Demeure, eniànl ceci vaut une école.
Vuis ces hom.nes en noir, sur deux bancs étagés,
Sortir, rentrer ensuite et dire Ils sont jugés!
Oui! "condaunês à. mort, ct peut-être, à leur place,
Un jour ju,.t3 verrai. Retiens cette menace!
Qu'elle soit ton égide et tourne à ton salut,
Enfant Ai;îsi parlé, le vieillard disparut,
Et moi, :ne rappelant ces fatale,
Je maudi-; le vieillard et pleurai sur les dalles. 1.
Dans mes deux mains meurtrissais mon front
pour soec-uer le sceau du prophétique alfront.
J'ignorais qu'en 4/ertu de précises
On iraduit en ces lieux, sur un banc-des assises,
ïo.ut coupable qui sait manier avec art
Sa plume populaire ou l'ipfàme poignard.
J'ignorais q:iu pour prix d'une parole vraie
On jetye le bon grain au milieu de l'ivraie;
( h! que si j'avais su, que d'iltustres at\iis.
Avant moi. sur ce banc se seraient tous assis 1
S'il m'eût ésti donné de nombrer par avance
Ces hommes, diamants qui couronn nt la France
Lés Carel, les Piasp'ail, les Bel't, les Philippont,
Les'Cabet; l-s ÈÏarast, les Trélat. les .Dupont-,
Oh! que si tout à conp en un faisceau pressée,
Mon œil eût tnirevu?cette sainte odyssée;
j'eusse, au \ie.llard, "serré la maul,'criant merci!
Le pr:;phé;o a dit vrai, car messieurs me voici
Mo voici. moi uliétif. moi votre nouvel hôte,
Attendant sf.ns trembleur, justice franche et haute.
J'ai racanté quelque part queNogent-
Sàint-jUmreut avait commencé par vou-
loir faire du théâtre.
Qu'il avait présenté un certain manus-
crit avec son ami Emile, èt que le Direc-
tour de l'Ambigu avait fait mauvais ac-
cueil a cette collaboration.
M. Nogeiit-Saint-Laurent n'y a pas mis
d'entêtement; il s'est fait une grande
place au barreau; tandis que son eopin, 1
Et prenant entre le pouce et l'index, deux
ou trois billets, il les froissa et les approcha
de la chandelle..
Le baron le regardait faire, impassible et
froid.
Le Jaguar cligna de l'oeil. au Rougeot,
comme pour le prendre à témoin de la vérité
de ses soupçons.
Et saisissant une autre poignée, il la pré-
senta également à la flamme qui, en moins
de dix secondes, la réduisit en cendres.
Alors, ce fut un jeu.
Chacun voulut brûleur une part de cette
fortune, et, grâce à l'ardeur déployée, il ne
resta plus bientôt sur la table qu'un seul bil-
let de mille.
Le deruier!
Déjà, Polichinelle étendait la main pour
's'eu emparer.
Le baron le prévint.
C'est bien le moins, dit-il, que celui-ci
me reste.
Qu'en veux-tu f.aire?
.Tu vas le savoir.
Et's'adressant au Philosophe:
Mon ami. ajouta-t-il du même ton
calme, va prier le père Rincebec de me
monter la monnaie de ce billet de banque.
Cette fois, un cri de stupeur'accueillit
cette invitation.
C'était doac du vrai Pqpiei''jQ$eph} s'é-v
plus tenace dans les affaires du théâtre
est devenu Emile Augier.
Frédéric Thomas a eu des débuts litté-
raires plus heuréux.
Il a obtenu, tout d'abord, une, distinc-
tion qui est fort prisée par les gens (in
Midi. 11 a été couronné aux Jeux Florat x
pour une ballade intitulée le Roi Artfm-i.
fin 1833, il avait fondé un journal q.j
prêtait à rire par son titre et son èui^n,-
phe, on le nommait
LE GASCON
La vérité. toute la vérité. rien que la virtië
On sait que de temps immémorial on
accuse les Gascons d'exagérations, de hâ-
bleries, on en a fait, surtout au dix-hi-i-
tième siècle, une sorte de menteurs invo-
lontaires.
Le Gascon fit mentir le proverbe. Il di-
sait même trop de vérités à la t'ois, puis;- <
que, sous un titre nouveau, la Pàtrie, il
fut poursuivi, et donna lieu à cette dé-
fense en vers qui semble faite pour réa,
nir dans un même homme le poète et Pu-
rateur, 'deux têtes dans un même bon-
net. d'avocat.
M. Alfred Sirven, dans'' 'son livre Jour-
naux et Journalistes, raconte une très pi-
quante histoire sur M. Eomiguières, qui
est mort pair de France et conseiller â la
cour de cassation, et qui était alors pro-
cureur général.
Pendant le réquisitoire de ce procureur
général contre Thomas, l'émineiit artiste,
Alexandre Bida, qui s'était assis à cc'rë
du prévenu, s'amusait crayonner la
caricature de l'orateur qui parlait, c'est-
à-dire de M. Roumiguières.
Celui-ci s'en aperçût et à la fin de son
réquisitoire ià fit signe à un huissier d'al-
ler prendre le dessin qu'était en train de
crayonneur Bida.
Le malheureux vit et comprit l'ordre
donné à l'huissier il se crut perdu et
voulut fuir. Mais touteslesaveuues étaie ;t
obstruées par la foule. Il tallut
donnât son dessin à l'huissier et attem'îï
sur place l'effet de la :ureur présumée de
13,1. le procureur général.
Jugez de l'anxiété du pauvre artu e
quand il vit M. Roumiguieres froncer la-
sourcil, regarder sa caricature et écrire
un mot au bas en donnant l'ordre à l 'huis-
sier de rapporter le tout à Bida. Celui-oi
crut qu'on venait de buriner sa sentenc.3.
Il lut avec empressement son arrêt qui
était ainsi conçu « garanti ressemblant i
Cela prouve que les magistrats sont
gens d'esprit. -–Celui-là donna à Frédé-
ric Thomas deux lettres de recommanda-
tion, l'une pour M. Odillot-Barrot, l'au-»
tre pour M. Armand Carrel..
cria Lorin avec désespoir.
Parbleu. répondit le baroa.
Et tu nous a- laissés faire.
Vons étiez prévenus.
Mais tu es donc bien riche?. insinua
Rougeot-Cadet.
Ca dépend.
Peut-être en as-tu d'autres sur toi?.
-Case pourrait bien. hsé»-. •••̃
Faudrait voir alors.
C'est dangereux.
̃^ Bah je n'ai Pas peur.
Ni moi.
Et puis; nous sommes douze.
Et moi. je suis trâze ïép'om \t
le baron en s'adossant à la muraille, et
dirigeant sur ses adversaires la gueule de
deux revolvers à six coups.
Si déturminés que tussent ces bandits, s
n'étaient armés que de cuulèaux, et Ieur
versaire pouvait, avant même d'être aUeii.t,
faire dans leurs rangs une épouvantatia
trouée.
Seul Rougeot-Cacîet ne pattageait Jàs la
sentiment gênerai, et frappa rudement du,
poing sur là table.
Ah vous êtes prudents, vous autres'! .n
hurla- t-il d'une voix tonnante. C'est humi<
liant d'associer son sort àde pareils lâches.
ils sont là, douze. et ils
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SIX JIOIS. FK.
ON AN, 24FR.
Xaércrea» 18 décembre Ï0B0
MARDI 15
pi SOCIETE DES
SON PRÉSIDENT. ET SON ALMANACH
La Librairie du Petit Journal vient de
publier un ouvrage spécial.- qui ne coûte
que 50 centimes et a plus d'esprit qu'il
n'est gros.C'est l'Almanach clé la So-
ci,été des Gens de Lettres.
Dans la note qui sert'd'Introduction
au volume, on trouve ce qu'on appelle à
la Chambre des Députés l'Ea-posé des
Motifs. En voici un extrait
Ce fut. seulement vers la fin ;du mois d'octo-
bre dernier que le Comité de la Société des Gens
de Lettres eut la pensée de publier cet aima: ad).
''Pressé,par le temps, il n'a pu qao rassembler quel-,
•
mille littéraire aura annuellement sa place.
'•̃ Si désireux qu'il tut de prendre date, il eût été
impossible de publier'ca premier volume,-sous le
.millësime de s'il n'eût été seconde par la
sympathie efficace de M. Alphonse Miîlaud pour
•- lés gens de lettres'.
Ce dernier a compris que l'on posait le pre-
mier jalon d'une véritable histoire de la littéra-
turc contemporaine. C'est dans les archives de
la 5ociété, si.riches en documents précieux, que
l'on puisera à. l'avenir les principaux matériaux.
de cette histoire.
Et; eu eïïet,YAlmanach de la. Société des
gens de lettres, est composé de petits chefs-
d'œuvre LëoirGozlan,
Frédéric Soulié, Saintine, Charles Baude-
la;ire, Viennet, Th. Muret, M;irie*Ayeard,
Philoxène Boy er, Alfred Delvau, Eugène
Sue, F. Ponsard, Roger de Beauvoir, Ju-
les de Prémaray, Henri Murger.
Les rédacteurs de l'Almanach de la So-
ciété des Gcns de Lettres ont dû à l'obJi-
geance de MM. Michel JLévy frères, édi-
teurs, l'autorisation de publier dans ce
volume la nouvelle de Balzac, intitulée
Histoire d'une Clarinette. Cette nouvelle
reprendra son titre primitif, Facino Crne,
nitive des oeuvres de Balzac en vingt-
cinq volumes in-8", qui'paraîtra prochai-
nement chez MM. Lévy frères; avec por-
trait gravé sur acier et fac-similé de
l'écriture de Balzac. L'édition, ceci
est précieux pour les admirateurs du
grand peintre de.moeurs, contiendra tou-
tes les oeuvres, ainsi que tous les article
de Balzac, qui n'avaient pas encore été
l'éimpriinés, et sa Correspondance inédite.
Feuilleton da i6 Décembre
LES ̃'̃ •
PREMIÈRE PAB.TIE
XII
La poudre aux yeux
La première sensation fut profonde
Toutes les mains s'étendirent vers le porte-
feuille qui fut impitoyablement éventré.
''̃•'̃• Cinquante mille francs
-̃̃•̃ Plusieurs milliers de francs pour éhacua.
Une fortune!
En une seconde, chaque convive de ce si-
nistre bâttquet, froissa'dans sa main fiévreu-
se le papier soyeux de trois oa quatre billets
Ghoseétrange pourtant.
Ce n'ttaient pas les billets qu'il tenait à la
main, que chacun des bandits regarda tout
iïj&hoïd. C'étaient ceux de son voisin.
.(Voir le Petit Journal depuis le 4 décembre),
Il est fort intéressant à consulter, cet
Almanach de la Société des Gens de LetÉ&s.
On y trouve des choses inconnues drUà-
bliées, entre autres que
Madame Dorval debuta à la Comédie-
Française en 1834; t ̃
~VHerrw.nl de Victor Hugo y fut repré-
senté le 9 mars"! 830;
Le grand comique Potier se retira .du
théâtre le 11 i avril 1S27
M. Villemain, secrétaire perpétuel de
l'Académie française, est ̃ né le 10 juin
Je soupçonne fort M. d'Auriac d'avoir'
rédigé ces éphémérides littéraires qui
vont du romancier au dramaturge, de
'l'acteur au musicien.
Mais il n'a pas pu y mettre un fait qui
avait peut-être son importance.
Je veux parler de l'élection qui a eu
lieu dimanche dernier, et qui a porté à la
présidence de la Société des gens de let-
tres notre excellent coairere et ami M.
Frédéric Thomas.
La Société des Gens de Lettres a eu
lemain, Victor Hugo, Viennet, Louis
tine, Léon Gozlan, Michel .Masson,;
Edouard. Thierry, Emmanuel
Paul Fc val et Jules Simon.
M. Frédéric Thomas arrive le treiziè-
me, à une époque où la république des!
Lettres a le plus d'exigence, de véhé-
Les amis de Frédéric Thomas, et le ré-
sultat du scrutin a prouvé qu'ils étaient
nombreux, savent depuis longtemps à
quoi s'en tenir sur_ la iinesse de son es-
prit, la bonne humeur de son style, Tat-
ticjsme (lui-lui, est naturel.
Mais il est parmi nous des gens qui re-
prochent à notre président, actuel la pos-
session d'une faculté précieuse.
Il sait écrire. mais aussi il sait
Il est homme de lettres, mais aussi.
il est avocat a la Cour impérial.
Le grand dommage, en vérité, que les
lèvres puissent dire ce que la plume eût
pu tracer spirituellement.
En quoi 1 orateur annihile-t-il l'é-
L'improvisation, n'est-ce point'une
œuvre faite au courant de la voix. au
lieu d'être faits au courant de la plume.
• II y- a cela de plus difficile dans l'art
oratoire, c'est qu on ne peut pas, comme
pour une œuvre de littérature, rattraper
Et quelle lueur de sang et de crime sil-
lonna à ce moment leurs regards altérés,
quelles menaces eifroyables grondèrent daus
ces douze poitrines.
Ce fut hideux.
Debout, les bras croisés, le baron s'était
pris à sourire.
ve, n'était-ce pas plutôt une mystifica-
Au moment où une terrible collision allait
peut-être ensanglanter la mansarde, cette
dernière pensée traversa tout à coup l'esprit
soupçonneux du Jaguar.
Il se tourna vers'ses compagnons
,-Ainsi, dit-il d'un ton ironique; vous
croyez, vous autres, que c'est des vrais, de la
Banque.
Cette simple interpellation contint l'orage
près d'éclater.
Les douze forçats se regardèrent quelque
peu décontenancés..
Qu'est-ce qu'il dit là,?. interrogèrent
Au fait! répartit Rougeoi-Cadet.
il a peut-être raison, le Jaguar.
Pourquoi est-ce qu'il nous ferait des ca-
deaux, d'abord?
Ça. je ne sais pas.
Éh bien, je vous dis que c'est une frime,
et la preuve, je vais vous la donner.? ,(,
le mot douteux, le, trope boiteux, l'hy-
perbole criarde, la métaphore inexacte,
comme on le ferait dans un feuilleton
écrit..
Mais, voy ezdonc comme dans Frédéric
Thomas, l'amour de l'urt littéraire se ma-
nifeste chez le parleur..
Savez-vous comment il a plaidé quand
il s'est adressé aux j âges pour la première
Il a plaidé en vers!
Il était à la' fois prévenu et avocat il
s'était lui-même chargé de sâ-propre dé-
Et voici comment débutait cette ha-
judiciaires du 7 juillet 1835:'
Un-jour, il m'en souvient. flânant à l'aventure»
Enfant, suivant l'instinct de la jeune nature,
Je courus boulevards, temples et carrelours,
Je suivis les soldats et leurs bruyants tambours,
J'entrai dans un palais où je lus Cour d'assises.
Un vieillard inconnu sur ses bras me haussant,
Me lit voir une tabla et des lambeaux de sang;
Curieux, j'explorai les lieux de ce théâtre,
Je suivis des gradins le raidç atnghiiliiitro.
De.3 et j'eu pe,ur de leur sévérité,
L)e leur cosiume rouge où vient |.âlir l'hermine,
J'eiis peur du prévenus il l'équivoque mina
Flanqués aux deux côtés d'un gendarme pareil.
A.!oi\s, jo voulus fuir ce sinistre appareil;
Mais l 'obligeant vieillard dont le pressais l'éraule,
-,le « Demeure, eniànl ceci vaut une école.
Vuis ces hom.nes en noir, sur deux bancs étagés,
Sortir, rentrer ensuite et dire Ils sont jugés!
Oui! "condaunês à. mort, ct peut-être, à leur place,
Un jour ju,.t3 verrai. Retiens cette menace!
Qu'elle soit ton égide et tourne à ton salut,
Enfant Ai;îsi parlé, le vieillard disparut,
Et moi, :ne rappelant ces fatale,
Je maudi-; le vieillard et pleurai sur les dalles. 1.
Dans mes deux mains meurtrissais mon front
pour soec-uer le sceau du prophétique alfront.
J'ignorais qu'en 4/ertu de précises
On iraduit en ces lieux, sur un banc-des assises,
ïo.ut coupable qui sait manier avec art
Sa plume populaire ou l'ipfàme poignard.
J'ignorais q:iu pour prix d'une parole vraie
On jetye le bon grain au milieu de l'ivraie;
( h! que si j'avais su, que d'iltustres at\iis.
Avant moi. sur ce banc se seraient tous assis 1
S'il m'eût ésti donné de nombrer par avance
Ces hommes, diamants qui couronn nt la France
Lés Carel, les Piasp'ail, les Bel't, les Philippont,
Les'Cabet; l-s ÈÏarast, les Trélat. les .Dupont-,
Oh! que si tout à conp en un faisceau pressée,
Mon œil eût tnirevu?cette sainte odyssée;
j'eusse, au \ie.llard, "serré la maul,'criant merci!
Le pr:;phé;o a dit vrai, car messieurs me voici
Mo voici. moi uliétif. moi votre nouvel hôte,
Attendant sf.ns trembleur, justice franche et haute.
J'ai racanté quelque part queNogent-
Sàint-jUmreut avait commencé par vou-
loir faire du théâtre.
Qu'il avait présenté un certain manus-
crit avec son ami Emile, èt que le Direc-
tour de l'Ambigu avait fait mauvais ac-
cueil a cette collaboration.
M. Nogeiit-Saint-Laurent n'y a pas mis
d'entêtement; il s'est fait une grande
place au barreau; tandis que son eopin, 1
Et prenant entre le pouce et l'index, deux
ou trois billets, il les froissa et les approcha
de la chandelle..
Le baron le regardait faire, impassible et
froid.
Le Jaguar cligna de l'oeil. au Rougeot,
comme pour le prendre à témoin de la vérité
de ses soupçons.
Et saisissant une autre poignée, il la pré-
senta également à la flamme qui, en moins
de dix secondes, la réduisit en cendres.
Alors, ce fut un jeu.
Chacun voulut brûleur une part de cette
fortune, et, grâce à l'ardeur déployée, il ne
resta plus bientôt sur la table qu'un seul bil-
let de mille.
Le deruier!
Déjà, Polichinelle étendait la main pour
's'eu emparer.
Le baron le prévint.
C'est bien le moins, dit-il, que celui-ci
me reste.
Qu'en veux-tu f.aire?
.Tu vas le savoir.
Et's'adressant au Philosophe:
Mon ami. ajouta-t-il du même ton
calme, va prier le père Rincebec de me
monter la monnaie de ce billet de banque.
Cette fois, un cri de stupeur'accueillit
cette invitation.
C'était doac du vrai Pqpiei''jQ$eph} s'é-v
plus tenace dans les affaires du théâtre
est devenu Emile Augier.
Frédéric Thomas a eu des débuts litté-
raires plus heuréux.
Il a obtenu, tout d'abord, une, distinc-
tion qui est fort prisée par les gens (in
Midi. 11 a été couronné aux Jeux Florat x
pour une ballade intitulée le Roi Artfm-i.
fin 1833, il avait fondé un journal q.j
prêtait à rire par son titre et son èui^n,-
phe, on le nommait
LE GASCON
La vérité. toute la vérité. rien que la virtië
On sait que de temps immémorial on
accuse les Gascons d'exagérations, de hâ-
bleries, on en a fait, surtout au dix-hi-i-
tième siècle, une sorte de menteurs invo-
lontaires.
Le Gascon fit mentir le proverbe. Il di-
sait même trop de vérités à la t'ois, puis;- <
que, sous un titre nouveau, la Pàtrie, il
fut poursuivi, et donna lieu à cette dé-
fense en vers qui semble faite pour réa,
nir dans un même homme le poète et Pu-
rateur, 'deux têtes dans un même bon-
net. d'avocat.
M. Alfred Sirven, dans'' 'son livre Jour-
naux et Journalistes, raconte une très pi-
quante histoire sur M. Eomiguières, qui
est mort pair de France et conseiller â la
cour de cassation, et qui était alors pro-
cureur général.
Pendant le réquisitoire de ce procureur
général contre Thomas, l'émineiit artiste,
Alexandre Bida, qui s'était assis à cc'rë
du prévenu, s'amusait crayonner la
caricature de l'orateur qui parlait, c'est-
à-dire de M. Roumiguières.
Celui-ci s'en aperçût et à la fin de son
réquisitoire ià fit signe à un huissier d'al-
ler prendre le dessin qu'était en train de
crayonneur Bida.
Le malheureux vit et comprit l'ordre
donné à l'huissier il se crut perdu et
voulut fuir. Mais touteslesaveuues étaie ;t
obstruées par la foule. Il tallut
donnât son dessin à l'huissier et attem'îï
sur place l'effet de la :ureur présumée de
13,1. le procureur général.
Jugez de l'anxiété du pauvre artu e
quand il vit M. Roumiguieres froncer la-
sourcil, regarder sa caricature et écrire
un mot au bas en donnant l'ordre à l 'huis-
sier de rapporter le tout à Bida. Celui-oi
crut qu'on venait de buriner sa sentenc.3.
Il lut avec empressement son arrêt qui
était ainsi conçu « garanti ressemblant i
Cela prouve que les magistrats sont
gens d'esprit. -–Celui-là donna à Frédé-
ric Thomas deux lettres de recommanda-
tion, l'une pour M. Odillot-Barrot, l'au-»
tre pour M. Armand Carrel..
cria Lorin avec désespoir.
Parbleu. répondit le baroa.
Et tu nous a- laissés faire.
Vons étiez prévenus.
Mais tu es donc bien riche?. insinua
Rougeot-Cadet.
Ca dépend.
Peut-être en as-tu d'autres sur toi?.
-Case pourrait bien. hsé»-. •••̃
Faudrait voir alors.
C'est dangereux.
̃^ Bah je n'ai Pas peur.
Ni moi.
Et puis; nous sommes douze.
Et moi. je suis trâze ïép'om \t
le baron en s'adossant à la muraille, et
dirigeant sur ses adversaires la gueule de
deux revolvers à six coups.
Si déturminés que tussent ces bandits, s
n'étaient armés que de cuulèaux, et Ieur
versaire pouvait, avant même d'être aUeii.t,
faire dans leurs rangs une épouvantatia
trouée.
Seul Rougeot-Cacîet ne pattageait Jàs la
sentiment gênerai, et frappa rudement du,
poing sur là table.
Ah vous êtes prudents, vous autres'! .n
hurla- t-il d'une voix tonnante. C'est humi<
liant d'associer son sort àde pareils lâches.
ils sont là, douze. et ils
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