Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 13 décembre 1868 13 décembre 1868
Description : 1868/12/13 (Numéro 2173). 1868/12/13 (Numéro 2173).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5902240
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
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Dimanche 13 décembre 186fJ
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SAMEDI 12 DJ&ÉMBRE
jLipsf DES
Après l'incendie Ro-
sés, au théâtre de la Gaîtep- le roman
ide Madeleine Bertin, de M. Jules Claretie,
ëhez Michel Lévy, l'élection prochaine
d'un futur Dictateur pour la Société
des Gens de lettres. il n'est rien dont
Paris s'occupe davantage que des nou-
veaux artistes de M. DeJean, le directeur
du cirque Napoléon.
Ce sont des gaillards plus rebelles à la
critique qu'un pensionnaire de la Comé-
die-Française,
Et si on les attaquait, ils auraient des
ongles assez.longs pour se défendre;
,"M. Dejean est le directeur des deux
cirques.
Du Cirque Napoléon, situé boulevard
des Filles du Calvaire, durant l'hiver.
Du Cirque de l'Impératrice, établi dans
1e milieu des Champs-Elysées pendant
l'été.
C'est un peu souvent le même réper-
toire le Travail à cheval et les Poses aca-
démiques, la Haute-Ecole inventée par
Franconi et les farces des clowns %qui se
ressemblent depuis Auriol jusqu'à Price
cadet.
Mais enfin, de temps en temps, on varie
le programme.
On fait applaudir un singe écuyer, un
éléphant premier danseur, un gymnasiar-
Ïùe commeLéotar d ou un dompteur comme
Crockett ou" Batty.
Il n'en faut pas davantage pour faire
accourir les Parisiens.
Le uorvelliste de Rouen de ce matin
raconte que la foule a été immense au ]
mariage du nain de son cirque, M. An- i
:got, qui vient d'épouser une petite coutu-
rière mademoiselle Caroline -Adelina 1
'Caumont, laquelle se trouve être plus
petite que ce clown du cirque Rouennais. (
A Paris, on ne demande pas que les
phénomènes se mêlent à la vie publique, (
et qu'ils sortent des coulisses pour se
-faire admirer.
Il y a mieux; la chose est interdite par i
contrat.
Le Gréant du Café Bataclan, qui a près
'de sept pieds d'élévation, y compris ses
,.talons de bottes, ne peut se promener de c
jour pour prendre l'air que dans les fossés o
;des fortifications ou enfermé dans une
du 13 ISécembre
LES
». PREMIÈRE PARTIE
Pardon, monsieur, dit Langlois "ta peu
embarrassé, mais il me semble que vous avez
prononcé mon nom.
Langlois. sans doute; n'est-ce pas le
vôtre ?
*̃– En effet.
-A moins que vous n'en ayez plusieurs.
Comment?
Et que j'aie négligé de vous donner celui
que vous préférez.
voiture de place, ce qui est très gênant,
en raison de sa grandetaille.
Donc, à Paris, quand on veut admirer
des Phénomènes, il n'est pas nécessaire
d'attendre, comme à Rouen, qu'ils se ma-
rient.
Il les faut aller voir sur la scène où ils
se manifestent.
Il en est ainsi des nouveaux Pension-
naires survenus au Cirque. Napoléon.
Ce. sont une demi douzaine de Lions
africains, qui ont des idées particulières
sur la civilisation de îl'Algérie. de-
vant lesquels le Lion magnanime d'An-
droclès doit passer pour un niais, et dont
la physionomie n'est pas marquée de cette
causticité de bonne humeur qui caracté-
rise les figures chiffonnées.
J'avais reçu un billet l'autre jour, pour
aller voir ces quadrupèdes farouches que
Buffon a appelés Jes Rois de7a Nature.
Quand les amis de Diogène voulurent
le racheter de l'esclavage, il leur dit
Vous êtes des imbéciles 1 les lions
ne sont pas les esclaves de ceux qui les
nourrissent.
Je me suis toujours demandé si réelle-
ment les Lions enfermés dans une cage
ne se croyaient pas supérieurs à nous,
qui nous estimons leurs dompteurs.
Je ne me fierais pas du tout leurs câ-
lineries quand ils se roulent au soleil
leurs gigantesques pattes en avant.
Je suis toujours, quand ils font les bons
apôtres, tenté de dire ce que disait l'ami-
ral Bonnivet à François 1er, relativement
aux Lions qui forment les armes d'Espa-
gne. i
Ils dorment. mais il faut compter
qu'ils se réveilleront
Je suppose qu'il existe peu de person-
nes, parmi mes lecteurs, qui n'aient vu
un Lion vivant.
Il est donc peu utile de tracer ici son
portrait.
J e n'ai d'ailleurs qu'à détacher le dessin
que Buffon a signé, il dit
Le corps du Lion paraît être le modèle
de la force jointe à l'agilité.
Il est tout nerf et tout muscle.
Sa grande force musculaire se marque
par des sauts et des bonds prodigieux.
Le mouvement brusque de sa queue est
assez fort pour terrasser un homme.
Le rugissement du Lion est si puisant
qu'il ressemble, la nuit, dans les forêts,
au bruit du tonnerre.
Sa langue est ornée de pointes si dures
Mais, monsieur.
L'inconnu présenta un siège à son inter-
locuteur.
Asseyez-vous, monsieur Polichinelle,
ajouta-t-il en souriant nous avons peut-
être à causer.. et il ne sera pas dit.
Au nom de Polichinelle, Langlois s'était
redressé avec une sorte d'effarement, et je-
tant un mauvais regard à l'incoun.u, il avait
fait un pas vers la porte.
Mais ce dernier le prévint. D'une main -ra-
pide il le saisit étroitement au poignet, et
tirant de l'autre un pistolet de sa poche.
Allons, dit-il sans quitter le ton enjoué,
ne faisons pas le méchant,. mon bonhomme,
et souviens-toi que tu n'as jamais été le plus
fort avec moi.
Mais qui êtes-vous donc? balbutia Poli-
Qh tu peux me tutoyer, si en te gêne
pour parler..
Lorin
Parbleu-!
Pourquoi pas?.
Langlois passa à plusieurs reprises les
mains sur ses yeux, pour s'assurer qu'il était
bien éveillé.
Comment! toi? reprit-il bientôt; toi
que j'ai laissé là Laval, après .l'affaire du
qu'elle suffit seule pour écorcher la peau
et entamer la chair d'une victime, sans
qu'il lui soit nécessaire de se servir des
ongles et des dents.
il voit la nuit, comme les chats. Il
ne dert pas longtemps. on a même
prétendu qu'il dormait les yeux ou-
darisîaeage duquel entre
un nouveau dompteur, qui se nomme
Cooper, et doit, avec ce nom, être na-
turellement Américain.
J'ai voulu le voir l'autre soir, muni de
mon billet d'entrée.
Et, très distrait, j'ai oublié que depuis
le 15 octobre, la troupe équestre de M. De-
jean avait quitté le Cirque de l'Impéra-
trice, aux Champs-Elysées et avait pris
ses quartiers d'hiver au Cirque Napo-
léon.
Un de mes camarades m'avertit de cette
mutation.
Mais je suis entêté comme un Wag-
neriste, et je me figurai absolument que
l'on faisait voir les Lions à l'amphithéâtre
du rond-point des Champs-Elysées.
Je ne fus pas longtemps à être certain
que je ne me trompais pas.
Le théâtre- était resplendissant de'lu-
mières au dehors.
Des gardes municipaux et des sergents
de ville faisaient entrer en bon ordre.
une foule nombreuse et choisie.
Et une musique entraînante et bruyan-
te se répandait.en flots harmonieux.
J'entrai et voulus montrer mon billet.
C'est inutile, Monsieur Tiimm, me
dit courtoisement le Contrôleur.
C'est bien ici, demandai-je à un em-
ployé que je reconnus, qu'on peut voir les
Lions.
Je vous crois, me dit-il plaisamment,
et des lions à tous crins, s'il vous plaît,
jeunes, hardis, rugissant au besoin.
Sont-ils bien domptés au moins, de-
mandai-je avec ma prudence ordinaire.
Comme le Lion amoureux peint par
Camille Iloqueplan, et auquel une .belle
fille rogne les ongles. me répondit
l'homme interpellé, entrez, vous en ju-
gerez.
J'entrai, en effet, sans avoir eu besoin
de montrer mon ticlcet, et je fus fort sur-
pris.
Il n'y avait pas là cette voiture-cage
où les ménageries voyageuses s'installent
11 n'y avait pas là le Dompteur en ha-
bit couleur de lave, en pantalon à pail-
lettes d'or.
Tu vois que je n'ai pas été longtemps,
sans trouver une condition.
Chez qui es-tu ?
Je n'en sais rien.
-'l'on maître esfc riche, au moinj
Je l'espère..
Son âge?
cinquante ans.
Son nom?
Baron de Lorsay.
Il a une femme?
Je ne sais pas.
Et tu l'as rencontré?
D'où venait-il?
De Brest.
Polichinelle eut un rire ironique.
tout ce qui reluit n'est pas or, et je n'au-
rais qu'une confiance limitée dans un baron
qui vient de Brest.
Lorin allait répliquer, mais res premières
mesures du second acte de Norma qui se fi-
rent entendre rappelèrent les deux amis à la
réalité de la situation.
Polichinélle gagna la porte.
Ton maître va rentrer, dit-il; je m'éva-
nouis, mais je te reverrai.
Parbleu.
Où demeurez-vous?
Il y avait un quadrille avec cent dan-
seurs, se remuant, se trémoussant, se
précipitant et finissant par un galop très
passablement infernal.
Où sont donc les Lions demandai-
je à l'employé qui avait bien voulu me
servir d'introducteur.
Les voilà, me dit-il un peu par^i
toutl. ;_̃
Et il me montra des jeunes gens fort
élégants, le gilet en cotur, le col blanc ra-
battu, la bande au pantalon, la fraisure
aux tempes, la violette à la bouton-
Je compris alors ce qu'il voulait ta&(
dire.
Lion, dans le langage moderne, rem-
place les mots merveilleux, raffine, -mus-
cadin, dandy, et a été lui-même remplacé
par le mot gandin, d'invention et d appli-
cation modernes.
Le Cirque-de-1'Impératrice, théàtre des,
écuyers, des clowns et des gymnasiarquei
durant l'été. est devenu un bal publics!
pendant l'hiver. 'j-
Les Lions qui s'y donnent rendez- vous;
pour voir les danseuses de M.abille et dû
Château-des-Fleurs emmitouflées dans
leurs fourrures. m'ont paru depuis long:!
temps apprivoisés.
Il y a une métamorphose dans ce bat
nouveau, qui a bien son originalité, quoi-
que ce ne soit ni une Métamorphose d'fc
vide, ni une de ces gravures qu'on adr
mire dans les Métamorphoses dw Jour, de
Granville, que la librairie Garnier vient
de rééditer pour les étrennes.
C'est la formation du restaurant destiné
à alimenter les Lions, qui payent à sou-
per.
Avec quoi croyez-vous qu'on ait fait
des cabinets particuliers?. je vous le
donne en cent. je vous le donne eus
mille
Avec les stalles occupées il y a deux
mois par les chevaux.
On sert des écrevisses bordelaises à l'en-
droit où le cheval dressé Apollon et la ju-
ment docile Elodie mangeaient leur a-
voine.
Et on ne dira pas qu'on s'y comporte'
comme dans. une écurie. car il est,
défendu d'y fumer
Tandis que je voyais Turlûrèîtè, et; Iâ'j
Marinière, Dure cl'oreilles, et Riz-Pain- Seh
c'est-à-dire les chorégraphes en vogue
danser sur des airs folâtres, à la grande
joie de la galerie, les véritables Lions
Polichinelle allait sortir.- Lorin le retint»
C'est cette nuit, dit-il, le banquet an-
nuel de l'institution. Viendras-tu?
Cette demande 1.
A bientôt, alors.
A bientôt.
Cette fois Polichinelle s'éloigna
Il était temps.
Quelques pas plus loin, dans le couloir, il
se croisa avec un personnage de haute taille,
d'une rare élégance de manières, mis avec un
goût exquis, et qui se dirigeait vers l'avant'
scène qu'il venait de quitter.
C'était le baron de Lorsay
Polichinelle eut à peine le temps de le'
voir; mais si rapide qu'eut été le regard que
le baron lui avait jeté en passant, ce regard
l'avait pénétré comme la pointe acérée et
froide d'un poignard.
Singulier homme! murmura Polichi"1
nelle, en remontant pensif à la première ga-
Le baron de Lorsay avait, de son ç5tè,
pénétré dans sa loge, et tout en remettant
son chapeau à Lorin
Quel est le personnage qui sort 4
lui demanda-t-il d'un ton bref en le regâf*
dant froidement dans les yeux.
Monsieur le baron l'a aperçu? répondit
Loxin un peu embarrassé»
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SAMEDI 12 DJ&ÉMBRE
jLipsf DES
Après l'incendie Ro-
sés, au théâtre de la Gaîtep- le roman
ide Madeleine Bertin, de M. Jules Claretie,
ëhez Michel Lévy, l'élection prochaine
d'un futur Dictateur pour la Société
des Gens de lettres. il n'est rien dont
Paris s'occupe davantage que des nou-
veaux artistes de M. DeJean, le directeur
du cirque Napoléon.
Ce sont des gaillards plus rebelles à la
critique qu'un pensionnaire de la Comé-
die-Française,
Et si on les attaquait, ils auraient des
ongles assez.longs pour se défendre;
,"M. Dejean est le directeur des deux
cirques.
Du Cirque Napoléon, situé boulevard
des Filles du Calvaire, durant l'hiver.
Du Cirque de l'Impératrice, établi dans
1e milieu des Champs-Elysées pendant
l'été.
C'est un peu souvent le même réper-
toire le Travail à cheval et les Poses aca-
démiques, la Haute-Ecole inventée par
Franconi et les farces des clowns %qui se
ressemblent depuis Auriol jusqu'à Price
cadet.
Mais enfin, de temps en temps, on varie
le programme.
On fait applaudir un singe écuyer, un
éléphant premier danseur, un gymnasiar-
Ïùe commeLéotar d ou un dompteur comme
Crockett ou" Batty.
Il n'en faut pas davantage pour faire
accourir les Parisiens.
Le uorvelliste de Rouen de ce matin
raconte que la foule a été immense au ]
mariage du nain de son cirque, M. An- i
:got, qui vient d'épouser une petite coutu-
rière mademoiselle Caroline -Adelina 1
'Caumont, laquelle se trouve être plus
petite que ce clown du cirque Rouennais. (
A Paris, on ne demande pas que les
phénomènes se mêlent à la vie publique, (
et qu'ils sortent des coulisses pour se
-faire admirer.
Il y a mieux; la chose est interdite par i
contrat.
Le Gréant du Café Bataclan, qui a près
'de sept pieds d'élévation, y compris ses
,.talons de bottes, ne peut se promener de c
jour pour prendre l'air que dans les fossés o
;des fortifications ou enfermé dans une
du 13 ISécembre
LES
». PREMIÈRE PARTIE
Pardon, monsieur, dit Langlois "ta peu
embarrassé, mais il me semble que vous avez
prononcé mon nom.
Langlois. sans doute; n'est-ce pas le
vôtre ?
*̃– En effet.
-A moins que vous n'en ayez plusieurs.
Comment?
Et que j'aie négligé de vous donner celui
que vous préférez.
voiture de place, ce qui est très gênant,
en raison de sa grandetaille.
Donc, à Paris, quand on veut admirer
des Phénomènes, il n'est pas nécessaire
d'attendre, comme à Rouen, qu'ils se ma-
rient.
Il les faut aller voir sur la scène où ils
se manifestent.
Il en est ainsi des nouveaux Pension-
naires survenus au Cirque. Napoléon.
Ce. sont une demi douzaine de Lions
africains, qui ont des idées particulières
sur la civilisation de îl'Algérie. de-
vant lesquels le Lion magnanime d'An-
droclès doit passer pour un niais, et dont
la physionomie n'est pas marquée de cette
causticité de bonne humeur qui caracté-
rise les figures chiffonnées.
J'avais reçu un billet l'autre jour, pour
aller voir ces quadrupèdes farouches que
Buffon a appelés Jes Rois de7a Nature.
Quand les amis de Diogène voulurent
le racheter de l'esclavage, il leur dit
Vous êtes des imbéciles 1 les lions
ne sont pas les esclaves de ceux qui les
nourrissent.
Je me suis toujours demandé si réelle-
ment les Lions enfermés dans une cage
ne se croyaient pas supérieurs à nous,
qui nous estimons leurs dompteurs.
Je ne me fierais pas du tout leurs câ-
lineries quand ils se roulent au soleil
leurs gigantesques pattes en avant.
Je suis toujours, quand ils font les bons
apôtres, tenté de dire ce que disait l'ami-
ral Bonnivet à François 1er, relativement
aux Lions qui forment les armes d'Espa-
gne. i
Ils dorment. mais il faut compter
qu'ils se réveilleront
Je suppose qu'il existe peu de person-
nes, parmi mes lecteurs, qui n'aient vu
un Lion vivant.
Il est donc peu utile de tracer ici son
portrait.
J e n'ai d'ailleurs qu'à détacher le dessin
que Buffon a signé, il dit
Le corps du Lion paraît être le modèle
de la force jointe à l'agilité.
Il est tout nerf et tout muscle.
Sa grande force musculaire se marque
par des sauts et des bonds prodigieux.
Le mouvement brusque de sa queue est
assez fort pour terrasser un homme.
Le rugissement du Lion est si puisant
qu'il ressemble, la nuit, dans les forêts,
au bruit du tonnerre.
Sa langue est ornée de pointes si dures
Mais, monsieur.
L'inconnu présenta un siège à son inter-
locuteur.
Asseyez-vous, monsieur Polichinelle,
ajouta-t-il en souriant nous avons peut-
être à causer.. et il ne sera pas dit.
Au nom de Polichinelle, Langlois s'était
redressé avec une sorte d'effarement, et je-
tant un mauvais regard à l'incoun.u, il avait
fait un pas vers la porte.
Mais ce dernier le prévint. D'une main -ra-
pide il le saisit étroitement au poignet, et
tirant de l'autre un pistolet de sa poche.
Allons, dit-il sans quitter le ton enjoué,
ne faisons pas le méchant,. mon bonhomme,
et souviens-toi que tu n'as jamais été le plus
fort avec moi.
Mais qui êtes-vous donc? balbutia Poli-
Qh tu peux me tutoyer, si en te gêne
pour parler..
Lorin
Parbleu-!
Pourquoi pas?.
Langlois passa à plusieurs reprises les
mains sur ses yeux, pour s'assurer qu'il était
bien éveillé.
Comment! toi? reprit-il bientôt; toi
que j'ai laissé là Laval, après .l'affaire du
qu'elle suffit seule pour écorcher la peau
et entamer la chair d'une victime, sans
qu'il lui soit nécessaire de se servir des
ongles et des dents.
il voit la nuit, comme les chats. Il
ne dert pas longtemps. on a même
prétendu qu'il dormait les yeux ou-
darisîaeage duquel entre
un nouveau dompteur, qui se nomme
Cooper, et doit, avec ce nom, être na-
turellement Américain.
J'ai voulu le voir l'autre soir, muni de
mon billet d'entrée.
Et, très distrait, j'ai oublié que depuis
le 15 octobre, la troupe équestre de M. De-
jean avait quitté le Cirque de l'Impéra-
trice, aux Champs-Elysées et avait pris
ses quartiers d'hiver au Cirque Napo-
léon.
Un de mes camarades m'avertit de cette
mutation.
Mais je suis entêté comme un Wag-
neriste, et je me figurai absolument que
l'on faisait voir les Lions à l'amphithéâtre
du rond-point des Champs-Elysées.
Je ne fus pas longtemps à être certain
que je ne me trompais pas.
Le théâtre- était resplendissant de'lu-
mières au dehors.
Des gardes municipaux et des sergents
de ville faisaient entrer en bon ordre.
une foule nombreuse et choisie.
Et une musique entraînante et bruyan-
te se répandait.en flots harmonieux.
J'entrai et voulus montrer mon billet.
C'est inutile, Monsieur Tiimm, me
dit courtoisement le Contrôleur.
C'est bien ici, demandai-je à un em-
ployé que je reconnus, qu'on peut voir les
Lions.
Je vous crois, me dit-il plaisamment,
et des lions à tous crins, s'il vous plaît,
jeunes, hardis, rugissant au besoin.
Sont-ils bien domptés au moins, de-
mandai-je avec ma prudence ordinaire.
Comme le Lion amoureux peint par
Camille Iloqueplan, et auquel une .belle
fille rogne les ongles. me répondit
l'homme interpellé, entrez, vous en ju-
gerez.
J'entrai, en effet, sans avoir eu besoin
de montrer mon ticlcet, et je fus fort sur-
pris.
Il n'y avait pas là cette voiture-cage
où les ménageries voyageuses s'installent
11 n'y avait pas là le Dompteur en ha-
bit couleur de lave, en pantalon à pail-
lettes d'or.
Tu vois que je n'ai pas été longtemps,
sans trouver une condition.
Chez qui es-tu ?
Je n'en sais rien.
-'l'on maître esfc riche, au moinj
Je l'espère..
Son âge?
cinquante ans.
Son nom?
Baron de Lorsay.
Il a une femme?
Je ne sais pas.
Et tu l'as rencontré?
D'où venait-il?
De Brest.
Polichinelle eut un rire ironique.
tout ce qui reluit n'est pas or, et je n'au-
rais qu'une confiance limitée dans un baron
qui vient de Brest.
Lorin allait répliquer, mais res premières
mesures du second acte de Norma qui se fi-
rent entendre rappelèrent les deux amis à la
réalité de la situation.
Polichinélle gagna la porte.
Ton maître va rentrer, dit-il; je m'éva-
nouis, mais je te reverrai.
Parbleu.
Où demeurez-vous?
Il y avait un quadrille avec cent dan-
seurs, se remuant, se trémoussant, se
précipitant et finissant par un galop très
passablement infernal.
Où sont donc les Lions demandai-
je à l'employé qui avait bien voulu me
servir d'introducteur.
Les voilà, me dit-il un peu par^i
toutl. ;_̃
Et il me montra des jeunes gens fort
élégants, le gilet en cotur, le col blanc ra-
battu, la bande au pantalon, la fraisure
aux tempes, la violette à la bouton-
Je compris alors ce qu'il voulait ta&(
dire.
Lion, dans le langage moderne, rem-
place les mots merveilleux, raffine, -mus-
cadin, dandy, et a été lui-même remplacé
par le mot gandin, d'invention et d appli-
cation modernes.
Le Cirque-de-1'Impératrice, théàtre des,
écuyers, des clowns et des gymnasiarquei
durant l'été. est devenu un bal publics!
pendant l'hiver. 'j-
Les Lions qui s'y donnent rendez- vous;
pour voir les danseuses de M.abille et dû
Château-des-Fleurs emmitouflées dans
leurs fourrures. m'ont paru depuis long:!
temps apprivoisés.
Il y a une métamorphose dans ce bat
nouveau, qui a bien son originalité, quoi-
que ce ne soit ni une Métamorphose d'fc
vide, ni une de ces gravures qu'on adr
mire dans les Métamorphoses dw Jour, de
Granville, que la librairie Garnier vient
de rééditer pour les étrennes.
C'est la formation du restaurant destiné
à alimenter les Lions, qui payent à sou-
per.
Avec quoi croyez-vous qu'on ait fait
des cabinets particuliers?. je vous le
donne en cent. je vous le donne eus
mille
Avec les stalles occupées il y a deux
mois par les chevaux.
On sert des écrevisses bordelaises à l'en-
droit où le cheval dressé Apollon et la ju-
ment docile Elodie mangeaient leur a-
voine.
Et on ne dira pas qu'on s'y comporte'
comme dans. une écurie. car il est,
défendu d'y fumer
Tandis que je voyais Turlûrèîtè, et; Iâ'j
Marinière, Dure cl'oreilles, et Riz-Pain- Seh
c'est-à-dire les chorégraphes en vogue
danser sur des airs folâtres, à la grande
joie de la galerie, les véritables Lions
Polichinelle allait sortir.- Lorin le retint»
C'est cette nuit, dit-il, le banquet an-
nuel de l'institution. Viendras-tu?
Cette demande 1.
A bientôt, alors.
A bientôt.
Cette fois Polichinelle s'éloigna
Il était temps.
Quelques pas plus loin, dans le couloir, il
se croisa avec un personnage de haute taille,
d'une rare élégance de manières, mis avec un
goût exquis, et qui se dirigeait vers l'avant'
scène qu'il venait de quitter.
C'était le baron de Lorsay
Polichinelle eut à peine le temps de le'
voir; mais si rapide qu'eut été le regard que
le baron lui avait jeté en passant, ce regard
l'avait pénétré comme la pointe acérée et
froide d'un poignard.
Singulier homme! murmura Polichi"1
nelle, en remontant pensif à la première ga-
Le baron de Lorsay avait, de son ç5tè,
pénétré dans sa loge, et tout en remettant
son chapeau à Lorin
Quel est le personnage qui sort 4
lui demanda-t-il d'un ton bref en le regâf*
dant froidement dans les yeux.
Monsieur le baron l'a aperçu? répondit
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