Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 11 décembre 1868 11 décembre 1868
Description : 1868/12/11 (Numéro 2171). 1868/12/11 (Numéro 2171).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5902227
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bflfcanx rue de La Fayette,
« librairie du Petit Journal
Abonnement* paris
TROIS MOIS 5 FR.
SIX MOIS
UN AN.
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO s CENTIMES
Abonnements Départ»
TROIS MOIS 6 fr.
SIX mois. 12 tr.
UN AH ~2ÎFR.
Sixième Année ne
Vendredi 11 décembre 1868
1 Non il n'est pas de romancier à l'i-
magination fantasque de mélodrama-
turge fertile en situations poignantes,
de peintre de récole de. ltibera, broyant
du noir sur sa palette, qui ait rêvé un
drame semblable. à celui qui vient de
se dénouer devant la Cour d'assises des
Autour des trois femmes, qui ont mis à
mort leurs maris,, viennent se placer deux
personnages qui semblent appartenir à
d'autres temps.
Il y a le Magicien qui donne des col-
sultations aux amoureuses »
he Piagîcien ne parle pas toutes les
langues Odirinie Ruggieri, et n'est pas.
je fameux Silly, du temps dé Jac-
ques I", auquel ce roi fit grâce parce qu'il
était plus sorcier dans la langue grecque
que tous les prélats du rôyaiîîîîe.
La pythonisse n'est pas de la famille
des devineresses de Shakespeare qui an-
noncèrent à Macbeth qu'il serait roi.
Tous deux, bien qu'associés à la cabale
comme des Mages, interrogeant l'eau
comme un chercheur dé sources ou le feu
comme un disciple de Zoroastre se
sont mis au service de femmes' sîpparte-
nant à la classe ouvrière,
Sous Henri III, les grandes dames al-
laient visiter le Nécroman et faisaient,
pour se faire aimer, piquer au cœur une
figure de, cire, représentant le cavalier
A l'époque actuelle, ces femmes, éga-
rées par la passion, ne demandent pas
l'Amour, mai s bien la Mort aux prétendus
interprètes des sciences occultes.
Je ne fais pas partie de cette foule vé-
hémente, justement scandalisée, mais
menaçante et colère, qui insultait les ac-
cusés quand ils se rendaient, par la place
d,es Prêcheurs, au tribunal d'Aix.
Du moment où la Justice prend en main
la cause de la morale, la défense de l'in-
nocent mis à mort, la flétrissure du vice
devenant crime, je n'ai pas mêler mes
imprécations aux remords des coupables.
Quelle est, la profession des trois Em-
poisonneuses
'Feuilleton du Il Décembre 1868
-PREMIÈRE PARTIE
VII ';•̃••
Le 'ISaptëme de fer
LeleniiemaiQ, Gontran se leva de bon
matin.
• U avait peu dormi.
Toutes les aventures de la soirée précé-
'dente lui avaient trotté par l'esprit, et l'a-
vaient -tenu éveillé une honne partie de la
nuit.
(owtig dgiâjjsAe 4 décembre).
La femme Ville, au caractère sombre
Ffetf énergique, au front haut, aux traits
^réguliers, rappelant le type grec, si com-
niun dans le Midi, est marchande de
faïences et de porcelaines. C'est la plus
figée et la moins pauvre des accusées;
elle a quarante et un ans.
La femme Salvago, qui a trente ans, et
qui est italienne de naissance est une
simple porteuse on commissionnaire.
La plus jeune des trois accusées est la
femme Gabriel elle n'a que vingt ans,
elle est malade, elle a bravé les fa-
tigues de l'audience pour ne pas prolon-
ger les angoisses de ses co-accusés.
On la dépeint, devant la Cour d'assises
d'Aix, placée sur une chaise longue, les
pieds posant sur un tabouret, toute vêtue
de noir.
C'est une grande fille aux yeux lourds,
au teîni fatigué, qui semble brisée par la
-douleur.
La sorcière Lamberte semble 'être la
seule qui ait fait toilette; la sybitle n'a'
que trente-trois ans, elle .a un bonnet
blanc, richement ruché et à grandes bar-
bes elle n'a pas la laideur des femmes
qui jettent des sorts. elle serait même
belle s'il n'existait un sentiment de
cruauté, peint sur son anxieuse physio-
nomie.
11 y à aussi le magicien, le nécroman,
le tireur de cartes, celui qui parle au nom
du Diable sans avoir, bien entendu, de
procuration en règle.
C'est l'herboriste François Joye, le
vendeur d'arsenic, le correcteur des anti-
pathies matrimoniales.
Un journal judiciaire a dit qu'avec son
fror.t bats, ses pommettes- saillantes, sa
large bouche, sa taille courte, ramassée
et carrée, il avait la complète physiono-
mie d'un de ces nègres qui, dans nos co-
lonies, sont charmeurs de serpents ou ap-
privoiseurs de crocodiles.. 4
Quelle a été l'origine du triste crime
des Empoisonneuses -de la
La Lamberte tirait les cartes an milieu
des populations crédules du vieux Mar-
et a. meilleur marché.
La femme Ville va consulter tout d'a-
bord pour savoir qui l'aime le mieux, de
son amant ou de son mari.
La Lamberte consulte ses cartes et ré-
pond. que c'est l'amant.
Cette suprématie de l'amant devait être
la condamnation de l'époux. Lamberte
n'a pas les moyens de donner la liberté
la femme mariée, elle l'adresse au'sorcier
herboriste Joye.
Il avait rompu avec ce -bon sommeil de
la jeunesse, si profond et si réconfortant.
Mais le jour venu, il fallait songer aux af-
faires utiles. "•;• ̃ ̃
Une fois à bas de son lit, il procéda à sa
Il avait deux visites k faire, deux lettres
de présentation à remettre'.
l'une le comte des. Aiglade?, rue de
la Paix l'antre b M le baron de Lorsay, aux
sait sur l'importance que peut avoir la coupe
d'u:; gilet et le nœud d'une cravate.
Quoique l'on ait dit cju'il ne faut juger des
gens ni sur l'habit, ni sur la raille^ l'oti lie
saurait juger autrement, et iiiàihetireù^-
une première impression.
Or, Gontran avait une sainte horreur dû
ridicule, et il savait que la personne qu'il de-
vait voir appartenait au monde élégant.
Sa toilette terminée à sa propre satisfac-
tion, il prit une voiture, et se -lit conduire,
rue de la Paix, chez le comte des Aiglades.
Le comte était absent.. mais comme on
Grisier, le célèbre professeur d'escrime il se
remonter dans
On délivre l'arsenic et la belladone al-
ternativement, et la femme Ville af'firme
qu'elle a payé trois ou quatre mille francs
ces 1(oisons' qu'on fait passer pour des
nienees de sortilège.
Ces quatre mille francs, la femme Sal-
vago n'a pàs pu les donner aux deux scé-
lérats qui fournissaient -ensemble, les uns
amenant les autres, les pronostics et les
poisons.
Celle-là est une. simple porteuse, une
commissionnaire des Messageries impé-
riales. •
L'acte d'accusation nous apprend que
la Lamberte prélevait sur la part de la
femme Ville, assez de poison pour déli-
vrer la Salvago du mari, quelque peu ivro-
gne, dont elle voulait se défaire.
C'est chez la Lamberte que les deux
épouses homicides se sont souvent ren-
contrées.
Le type de la femme Gabriel est peut-
être le plus singulier séduite, égarée,
étourdie, coquette d'abord, adultère en-
suite, elle accomplit son attentat dans les
mêmes conditions que les deux coupables
dont nous venons de parler.
Mais elle mêle la dévotion au cri-
me et, chez elle elle fait brûler un
cierge à la bonne Mère, à la Sainte Vierge,
pour que son forfait ne soit jamais décou-
vert,
C'est un des amants de-ces femmes qui
va révéler à l'autorité le secret d'un
crime dont ie~ hasard l'a rendu posses-
C'est plus tard la femme Ville qui lui
avoue les noms de deux autres miséra-
bles qui ont également employé la bella-
done et l'acide arsénieux, comme moyens
surnaturels
Tous les clients de la Brinvilliers mo-
derne, toutes les pratiques du nouveau
Desrues, toutes les créatures qui ont été
acheter cette nouvelle poudre de succes-
sion. d'amour. se jettent les accusa-
tions à la tête.
Et l'on voit, un beau jour, ce monde
fantastique, hideux, repoussant. de-
bout devant la justice vengeresse.
Si je reviens sur ce procès qui restera
célèbre, si j'en parle après M. le procu-
reur général Merville, si éloquemment
vrai, après les avocats si dévoués, après
M. le président Rigaud, dont le résume
a si vivement frappé l'opinion publique,
c'est que je veux faire la guerre à la Su-
dit faubourg Montmartre, à l'adresse qu'on
lui avait indiquée.
Il était impatient de voir le comte.
Certaines réticences bizarres avec lesquel-
les lui avait été remise la lettre dont il était
porteur, avaient éveillé au plus haut point sa
Un secret instinct l'avertissait que la dé-
marche qu'il faisait était importante, et
qu'elle devait avoir une influence conside-
rnhtfi sur sa destinée.
Arrive chez Casier, il demanda le comte
1 n des formules ordinaires de politesse,
e.ùai>»- lettre qui lui était destinée.
il lui .remit i» -te la parcourait, il
Puis, tandis que le
regarda lés assauts engagés. "MJ-
de ses préoobupatioiM,
ne iaicca -a-ïc rmp dp. l'intéresser
Au moment où il se mêlait au groupe des
en échangeant quelques mots avec la galerie
Olui'rmi paraissait avoit- apporte ,ce- jeu:
le plus de passion, était un homme de vingt-
jdnq anB;e^yiron, calm-e et froid, et conser-
perstition, dans l'intérêt de nos popula-
tions poétiques et nerveuses du Midi.
Croirait-on qu'au dix-aenvième siècle,
dans une'ville intelligente et éclairée
comme la ville de Marseille, jl se soit
trouvé un homme qui ait pu dire, aveu
la chance d'être écouté, à une lenirne.»
mariée
Voici dans votre jeu. une carte qui'
est celle du Diable; elle m'apprend que*
votre mari vous a battue Mais si vous
voulez, avec un os de mort, je rendrai'
votre mari puis sage, je
dans le dialecte du ?re-
tendu-sorcier Joye; cela veut dire empoi-
sonner..
Un autre jour, Joye dit à une très joli*
personne, 'la dame Aurigo
Vous n'êtes pas heureuse en ména-
ge, j'ai un moyen manque de voue > en-
dre veuve.. il faucha aller au cime-
tière. vous y prendra vji desciou,
la caisse d'un mort. ei vous invo^-
rez le clou en ces ternies
Clou! je t'invoque daOs le butaC
faire mourir mon ?Tari.
Après cela,
trai quelque chose qui fera le rest*. v •
,<̃• ̃̃
II y a à l'audience une femme ,<£ui
pose contre la Lamberte, et qui,
des magistrats, du ministère public'1»; ûes*
douze jurés, des avocats et da Vauditoi ve^
craint que la tireuse' de cartes ne lui y ^>
un sort.
Et fait un signe de croix pour coir:
le malin esprit.
On se croirait aux temps de barbarie
où les possédés s'oignaient de graissa pour
se rendre au Sabbat. où -les vieïllesi
femmes croyaient n'avoir qu'a- se
a cheval sur un manche à balai pcW
rencontrer le Diable entre quatre routes.-1»
Ce qui pourrait servir de lien. entre l'é-
poque des anciens sorciers et la cause qui
vient de se juger à Aix, c'est qu'il a été
reconnu que le Sabbat ancien ne devait
avoir qu'un seul objet la débauche.
Et que cette débauche se traduisait de
quatre manières, par l'adoration du bouc,
par des festins sacrilèges, par des danse;;
obscènes, par le commerce impudique
avec les démons. Ces quatre principales
fonctions du Sabbat, à toutes les époques
et en tous les pays, sont dûment établies
et constatées dans les interrogatoires et
les enquêtes des procès de sorcellerie.
N'est-ce pas aussi la débauche qui était
le motif agissant des malheureuses qui
croyaient a"la sorcellerie de, Joye et de la.
femme Lamberte v
s
vant, malgré l'ardeur du jeu, un teint pâle
et un charmant sourire.
On l'appelait Robert, et il venait d'être
reçu doctèur.
Son adversaire, Henri Finard, avait plus
d'aptitude aux opérations de la Bourse qu'aux
exercices du Sport; mais, sur ce point, il
n'était d'accord avec personne et avait la
double prétention de briller le matin chez
Grisier, et à deux heures d'influer sur le
cours des fonds publics.
Gomme la nature avait mieux partage ses
vingt-cinq ans du côté du confort que d,u
côté de l'élégance, Honoré Finard apportais
en salle une fatuité assez voisine de l'imper-
Tandis que Gontran prenait du regard les
croquis que nous venons de. reproduire, la-
comte des Aiglades serrait Illettré dont il
avait achevé.la lecture, et s'avançait vers le
groups des tireurs.
Tl tendit la main au jeune breton.
̃ V '̃sieur, lui dit-il, les ter'mes aans
Md. ""̃s adresse à moi me font vive-
lesquels du Vu. -tvix votre ami. Dispo-
ment désirer ^ous l'entendrez, et,
sez donc de moi Gomme >». voulez bien, je
quelques a,utref
« librairie du Petit Journal
Abonnement* paris
TROIS MOIS 5 FR.
SIX MOIS
UN AN.
QUOTIDIEN
UN NUMÉRO s CENTIMES
Abonnements Départ»
TROIS MOIS 6 fr.
SIX mois. 12 tr.
UN AH ~2ÎFR.
Sixième Année ne
Vendredi 11 décembre 1868
1 Non il n'est pas de romancier à l'i-
magination fantasque de mélodrama-
turge fertile en situations poignantes,
de peintre de récole de. ltibera, broyant
du noir sur sa palette, qui ait rêvé un
drame semblable. à celui qui vient de
se dénouer devant la Cour d'assises des
Autour des trois femmes, qui ont mis à
mort leurs maris,, viennent se placer deux
personnages qui semblent appartenir à
d'autres temps.
Il y a le Magicien qui donne des col-
sultations aux amoureuses »
he Piagîcien ne parle pas toutes les
langues Odirinie Ruggieri, et n'est pas.
je fameux Silly, du temps dé Jac-
ques I", auquel ce roi fit grâce parce qu'il
était plus sorcier dans la langue grecque
que tous les prélats du rôyaiîîîîe.
La pythonisse n'est pas de la famille
des devineresses de Shakespeare qui an-
noncèrent à Macbeth qu'il serait roi.
Tous deux, bien qu'associés à la cabale
comme des Mages, interrogeant l'eau
comme un chercheur dé sources ou le feu
comme un disciple de Zoroastre se
sont mis au service de femmes' sîpparte-
nant à la classe ouvrière,
Sous Henri III, les grandes dames al-
laient visiter le Nécroman et faisaient,
pour se faire aimer, piquer au cœur une
figure de, cire, représentant le cavalier
A l'époque actuelle, ces femmes, éga-
rées par la passion, ne demandent pas
l'Amour, mai s bien la Mort aux prétendus
interprètes des sciences occultes.
Je ne fais pas partie de cette foule vé-
hémente, justement scandalisée, mais
menaçante et colère, qui insultait les ac-
cusés quand ils se rendaient, par la place
d,es Prêcheurs, au tribunal d'Aix.
Du moment où la Justice prend en main
la cause de la morale, la défense de l'in-
nocent mis à mort, la flétrissure du vice
devenant crime, je n'ai pas mêler mes
imprécations aux remords des coupables.
Quelle est, la profession des trois Em-
poisonneuses
'Feuilleton du Il Décembre 1868
-PREMIÈRE PARTIE
VII ';•̃••
Le 'ISaptëme de fer
LeleniiemaiQ, Gontran se leva de bon
matin.
• U avait peu dormi.
Toutes les aventures de la soirée précé-
'dente lui avaient trotté par l'esprit, et l'a-
vaient -tenu éveillé une honne partie de la
nuit.
(owtig dgiâjjsAe 4 décembre).
La femme Ville, au caractère sombre
Ffetf énergique, au front haut, aux traits
^réguliers, rappelant le type grec, si com-
niun dans le Midi, est marchande de
faïences et de porcelaines. C'est la plus
figée et la moins pauvre des accusées;
elle a quarante et un ans.
La femme Salvago, qui a trente ans, et
qui est italienne de naissance est une
simple porteuse on commissionnaire.
La plus jeune des trois accusées est la
femme Gabriel elle n'a que vingt ans,
elle est malade, elle a bravé les fa-
tigues de l'audience pour ne pas prolon-
ger les angoisses de ses co-accusés.
On la dépeint, devant la Cour d'assises
d'Aix, placée sur une chaise longue, les
pieds posant sur un tabouret, toute vêtue
de noir.
C'est une grande fille aux yeux lourds,
au teîni fatigué, qui semble brisée par la
-douleur.
La sorcière Lamberte semble 'être la
seule qui ait fait toilette; la sybitle n'a'
que trente-trois ans, elle .a un bonnet
blanc, richement ruché et à grandes bar-
bes elle n'a pas la laideur des femmes
qui jettent des sorts. elle serait même
belle s'il n'existait un sentiment de
cruauté, peint sur son anxieuse physio-
nomie.
11 y à aussi le magicien, le nécroman,
le tireur de cartes, celui qui parle au nom
du Diable sans avoir, bien entendu, de
procuration en règle.
C'est l'herboriste François Joye, le
vendeur d'arsenic, le correcteur des anti-
pathies matrimoniales.
Un journal judiciaire a dit qu'avec son
fror.t bats, ses pommettes- saillantes, sa
large bouche, sa taille courte, ramassée
et carrée, il avait la complète physiono-
mie d'un de ces nègres qui, dans nos co-
lonies, sont charmeurs de serpents ou ap-
privoiseurs de crocodiles.. 4
Quelle a été l'origine du triste crime
des Empoisonneuses -de la
La Lamberte tirait les cartes an milieu
des populations crédules du vieux Mar-
et a. meilleur marché.
La femme Ville va consulter tout d'a-
bord pour savoir qui l'aime le mieux, de
son amant ou de son mari.
La Lamberte consulte ses cartes et ré-
pond. que c'est l'amant.
Cette suprématie de l'amant devait être
la condamnation de l'époux. Lamberte
n'a pas les moyens de donner la liberté
la femme mariée, elle l'adresse au'sorcier
herboriste Joye.
Il avait rompu avec ce -bon sommeil de
la jeunesse, si profond et si réconfortant.
Mais le jour venu, il fallait songer aux af-
faires utiles. "•;• ̃ ̃
Une fois à bas de son lit, il procéda à sa
Il avait deux visites k faire, deux lettres
de présentation à remettre'.
l'une le comte des. Aiglade?, rue de
la Paix l'antre b M le baron de Lorsay, aux
sait sur l'importance que peut avoir la coupe
d'u:; gilet et le nœud d'une cravate.
Quoique l'on ait dit cju'il ne faut juger des
gens ni sur l'habit, ni sur la raille^ l'oti lie
saurait juger autrement, et iiiàihetireù^-
une première impression.
Or, Gontran avait une sainte horreur dû
ridicule, et il savait que la personne qu'il de-
vait voir appartenait au monde élégant.
Sa toilette terminée à sa propre satisfac-
tion, il prit une voiture, et se -lit conduire,
rue de la Paix, chez le comte des Aiglades.
Le comte était absent.. mais comme on
Grisier, le célèbre professeur d'escrime il se
remonter dans
On délivre l'arsenic et la belladone al-
ternativement, et la femme Ville af'firme
qu'elle a payé trois ou quatre mille francs
ces 1(oisons' qu'on fait passer pour des
nienees de sortilège.
Ces quatre mille francs, la femme Sal-
vago n'a pàs pu les donner aux deux scé-
lérats qui fournissaient -ensemble, les uns
amenant les autres, les pronostics et les
poisons.
Celle-là est une. simple porteuse, une
commissionnaire des Messageries impé-
riales. •
L'acte d'accusation nous apprend que
la Lamberte prélevait sur la part de la
femme Ville, assez de poison pour déli-
vrer la Salvago du mari, quelque peu ivro-
gne, dont elle voulait se défaire.
C'est chez la Lamberte que les deux
épouses homicides se sont souvent ren-
contrées.
Le type de la femme Gabriel est peut-
être le plus singulier séduite, égarée,
étourdie, coquette d'abord, adultère en-
suite, elle accomplit son attentat dans les
mêmes conditions que les deux coupables
dont nous venons de parler.
Mais elle mêle la dévotion au cri-
me et, chez elle elle fait brûler un
cierge à la bonne Mère, à la Sainte Vierge,
pour que son forfait ne soit jamais décou-
vert,
C'est un des amants de-ces femmes qui
va révéler à l'autorité le secret d'un
crime dont ie~ hasard l'a rendu posses-
C'est plus tard la femme Ville qui lui
avoue les noms de deux autres miséra-
bles qui ont également employé la bella-
done et l'acide arsénieux, comme moyens
surnaturels
Tous les clients de la Brinvilliers mo-
derne, toutes les pratiques du nouveau
Desrues, toutes les créatures qui ont été
acheter cette nouvelle poudre de succes-
sion. d'amour. se jettent les accusa-
tions à la tête.
Et l'on voit, un beau jour, ce monde
fantastique, hideux, repoussant. de-
bout devant la justice vengeresse.
Si je reviens sur ce procès qui restera
célèbre, si j'en parle après M. le procu-
reur général Merville, si éloquemment
vrai, après les avocats si dévoués, après
M. le président Rigaud, dont le résume
a si vivement frappé l'opinion publique,
c'est que je veux faire la guerre à la Su-
dit faubourg Montmartre, à l'adresse qu'on
lui avait indiquée.
Il était impatient de voir le comte.
Certaines réticences bizarres avec lesquel-
les lui avait été remise la lettre dont il était
porteur, avaient éveillé au plus haut point sa
Un secret instinct l'avertissait que la dé-
marche qu'il faisait était importante, et
qu'elle devait avoir une influence conside-
rnhtfi sur sa destinée.
Arrive chez Casier, il demanda le comte
1 n des formules ordinaires de politesse,
e.ùai>»- lettre qui lui était destinée.
il lui .remit i» -te la parcourait, il
Puis, tandis que le
regarda lés assauts engagés. "MJ-
de ses préoobupatioiM,
ne iaicca -a-ïc rmp dp. l'intéresser
Au moment où il se mêlait au groupe des
en échangeant quelques mots avec la galerie
Olui'rmi paraissait avoit- apporte ,ce- jeu:
le plus de passion, était un homme de vingt-
jdnq anB;e^yiron, calm-e et froid, et conser-
perstition, dans l'intérêt de nos popula-
tions poétiques et nerveuses du Midi.
Croirait-on qu'au dix-aenvième siècle,
dans une'ville intelligente et éclairée
comme la ville de Marseille, jl se soit
trouvé un homme qui ait pu dire, aveu
la chance d'être écouté, à une lenirne.»
mariée
Voici dans votre jeu. une carte qui'
est celle du Diable; elle m'apprend que*
votre mari vous a battue Mais si vous
voulez, avec un os de mort, je rendrai'
votre mari puis sage, je
dans le dialecte du ?re-
tendu-sorcier Joye; cela veut dire empoi-
sonner..
Un autre jour, Joye dit à une très joli*
personne, 'la dame Aurigo
Vous n'êtes pas heureuse en ména-
ge, j'ai un moyen manque de voue > en-
dre veuve.. il faucha aller au cime-
tière. vous y prendra vji desciou,
la caisse d'un mort. ei vous invo^-
rez le clou en ces ternies
Clou! je t'invoque daOs le butaC
faire mourir mon ?Tari.
Après cela,
trai quelque chose qui fera le rest*. v •
,<̃• ̃̃
II y a à l'audience une femme ,<£ui
pose contre la Lamberte, et qui,
des magistrats, du ministère public'1»; ûes*
douze jurés, des avocats et da Vauditoi ve^
craint que la tireuse' de cartes ne lui y ^>
un sort.
Et fait un signe de croix pour coir:
le malin esprit.
On se croirait aux temps de barbarie
où les possédés s'oignaient de graissa pour
se rendre au Sabbat. où -les vieïllesi
femmes croyaient n'avoir qu'a- se
a cheval sur un manche à balai pcW
rencontrer le Diable entre quatre routes.-1»
Ce qui pourrait servir de lien. entre l'é-
poque des anciens sorciers et la cause qui
vient de se juger à Aix, c'est qu'il a été
reconnu que le Sabbat ancien ne devait
avoir qu'un seul objet la débauche.
Et que cette débauche se traduisait de
quatre manières, par l'adoration du bouc,
par des festins sacrilèges, par des danse;;
obscènes, par le commerce impudique
avec les démons. Ces quatre principales
fonctions du Sabbat, à toutes les époques
et en tous les pays, sont dûment établies
et constatées dans les interrogatoires et
les enquêtes des procès de sorcellerie.
N'est-ce pas aussi la débauche qui était
le motif agissant des malheureuses qui
croyaient a"la sorcellerie de, Joye et de la.
femme Lamberte v
s
vant, malgré l'ardeur du jeu, un teint pâle
et un charmant sourire.
On l'appelait Robert, et il venait d'être
reçu doctèur.
Son adversaire, Henri Finard, avait plus
d'aptitude aux opérations de la Bourse qu'aux
exercices du Sport; mais, sur ce point, il
n'était d'accord avec personne et avait la
double prétention de briller le matin chez
Grisier, et à deux heures d'influer sur le
cours des fonds publics.
Gomme la nature avait mieux partage ses
vingt-cinq ans du côté du confort que d,u
côté de l'élégance, Honoré Finard apportais
en salle une fatuité assez voisine de l'imper-
Tandis que Gontran prenait du regard les
croquis que nous venons de. reproduire, la-
comte des Aiglades serrait Illettré dont il
avait achevé.la lecture, et s'avançait vers le
groups des tireurs.
Tl tendit la main au jeune breton.
̃ V '̃sieur, lui dit-il, les ter'mes aans
Md. ""̃s adresse à moi me font vive-
lesquels du Vu. -tvix votre ami. Dispo-
ment désirer ^ous l'entendrez, et,
sez donc de moi Gomme >». voulez bien, je
quelques a,utref
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.58%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.58%.
- Collections numériques similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
- Auteurs similaires Monnaies grecques Monnaies grecques /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MonnGre"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5902227/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5902227/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5902227/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5902227/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5902227
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5902227
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5902227/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest