Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-12-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 09 décembre 1868 09 décembre 1868
Description : 1868/12/09 (Numéro 2169). 1868/12/09 (Numéro 2169).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590220g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue.de La layette. 61
librairie du Petit Journal
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«TROIS MOIS 5 FR.
Six MOIS 9 FR.
uN AN. 18FR.
QUOTIDIEN
M NUMÉRO 5 CENTIMES
Abonnements Départ-
TROIS MOIS. 6 FR;
SIS 'MOtS 12FR.
ON AN 24FR.
Sixième Année ne 2,i69
Mercredi 9 décembre 1868
Tirage du Petit Journal'
JLE LINGE. PAPIER. j
J'avais ce
;joiir, que le papier blan'c sè¥Tait> princi-
palement à écrire, à recevoir, fixes en
noir sur la couleur d'albâtre les feux fol-
lets de l'esprit, les secrets du coeur, les
traces des transactions humaines.
C'est sur un papier blanc qu'Augier
écrit une comédie, .que Sainte-Beuve dé-
crète une critique, que Nadaud aligne
les rimes joviales d'une chanson.
Le papier blanc, c'est le livre, c'est le
journal, c'est la lettre d'amour où d'ami-
'tié, c'est aussi le billet à ordre dont
l'huissier poursuivra le recouvrement s'il
-n'est pas payé à son échéance.
•'̃̃̃ On nous a changé un peu tout cela.
Rien n'est certainement plus gracieux
qu'une main de papier blanc. avant
qu'une plumé indiscrète ait tracé sur sa
surface couleur de neige ses arbitraires
pattes de mouche.
C'est le terrain nu sur lequel on bâti-
ra un édifice encore .inconnu, palais artis-
tique ou bicoque, chef-d'œuvre ou bana-
Quand le papier reste blanc, il vaut de
15 à 40 francs la rame.
Quand il est mal noirci, il vaut, s'il
n'est pas vendu dans sa fraîcheur, com-
me le beurre frais ou la violette, de 15 à
.25 centimes le demi-kilo.
Bien employer le papier blanc, c'est
aussi délicat que la taille du diamant ou
l'opération de la cataracte. On peut
perdre la matière première en se mon-
trant mauvais opérateur
Ce que j'ai examiné hier assure au
papier blanc, une destination, une mis-
.sion, une voie nouvelles.
Jusqu'à ce jour on avaitfabriqué le pa-
pier avec du linge..
Mais, comme la mer fantasque, la cou-
tume publique a ses reflux.
Aujourd'hui on a modifié cette marche
régulière et classique de là fabrication.
En effet, Voltaire a clit du papier
Tout ce fatras fut du chanvre en son temps;
Linge il devint par l'art des tisserants;
Puis en lambeaux, des pilons le pressèrent;
II fut papier. -Cent cerveaux à l'envers
De visions à l'envi le chargèrent
Puis on le. brùle il vole. dans les airs.
Il est fumée aussi bien que la gloire.
De nos travaux voilà qù elle est l'histoire»
Tout est fumée, et tout nous fait sentir
Ce grand néant qui doit nous engloutir.
Feuilleton du 9 Décembre
LES
PREMIÈRE PARTIE
> IJne "Grisette
Cependant, l'affaire ne devait pas se ter-
miner là, et il restait à congédier l'homme
.dont l'intervention de Gontran venait con-
trarier les projets.
Il arriva juste au moment oùla jeune fille
prenait le bras de ce dernier.
Pardon, monsieur, dit-il, d'un ton iro-
(Voir le i'êtô /ownoi depuis lo,4 décembre v
Et, me fiant sur cette origine. 'du. Pà-
pier, je me félicitais de n'être pas obligé
d'écrire sur le papyrus des Anciens, sur
les feuilles de palmiers des' Gothiques, ni
même à la façon que nous enseigné Ho-
race, sur des tables enduites de cire, avec
un poinçon à deux bouts, l'un servant à
tracer les caractères, l'autre à les effa-
cer.
Je me figurais parfois, quand sur, le
blanc papier la plume était rapide, alerte,
sûre de son chemin. que ma feuille était
faite avec le rabat d'un bon prête, la cra-
vate d'un intègre magistrat, ou le. fichu
de batiste d'une jolie femme.' 1
Voici une Mode nouvelle qui dé-
tend comme une clameur, qui sé cram-
ponne comme une idée fixe', qui. fait rage,
en un mot, laquelle vient dérouter mes
espérances futures;
Si l'on fait du Papier avec le Linge, on
fait aussi du Liage. avec du Papier.
Le Lin avec lequel -se file la toile nous
vient des bords dû Nil, dont il est l'ana-
gramme, et où il .croissait particulière-
ment. •• ̃
On laissa longtemps le Un sans. emploi,
faute de savoir l'utiliser. il avait pour-
tant deux avantages la graine, dont on
extrait une huile précieuse, et-la tige,
avec laquelle on a fait le fil.
C'est parce que les Romains n'avaient
pas de linge de toile, mais seulement des
tuniques de laine, qu'ils prenaient dès
bains si souvent.
Toutefois, comme pour prouver l'ori-
gine reculée de la toile, on a trouvé à
Saint-Germain-des-Prés, dans des tom-
beaux du dixième siècle, des toiles fort.
remarquables, et les anciens Gaulois, au
rapport de Pline, semblent avoir excellé
dans l'art du tisserand.
Il est d'ailleurs prouvé que c'est aux
Sidoniens et aux Phéniciens que remonte
l'invention de la toile de lin, et que ce
n'est guère que deux ans avant les Croi-
sades que furent fabriquées les premières
toiles de cilanvre.
Parfois les tissus furent l'objet de vé-
ritables persécutions.
Louis XIV, pour mettre en discrédit la
toile de Chine, que .de son temps les An-
glais nous vendaient, dans le but de rui-
ner nos manufactures, s'avisa d'un sin-
gulier moyen.
Il ordonna que le Bourreau en porterait
chaque fois qu'il pendrait quelqu'un!
Aussitôt personne ne voulut plus de ce
tissu, malgré sa beauté et son bon mar-
Voilà l'histoire de la toile; mais il est
nique; mais je serais curieux de savoir.
Pardieu répliqua Gontran sur le même
ton, je trouve la question plaisante, puisque
j'use ici du droit que m'a donné mademoi-
selle. 1
Cependant, vous ne la connaissez pas,
cette jeune fille.
Qu'en savez-vous?
Et votre intervention ressemble à une
impertinence.
On n'en avait jamais tant dit à Gontran.
et il s'élançait déjà sur son adversaire, quand
la jeune fille le retint, en lui serrant la bras.
Monsieur monsieur.! supplia-t-elle, vi-
vement émue..
Gontran se contint, puis, tirant de sa po-
che un carnet sur une feuille duquel il écri-
vit à la hâte son nom et son adresse
Mademoiselle a raison, dit-il, en déchi-
rant la feuille et la présentant à son interlo-
cuteur il n'est pas bienséant que nous nous
prenions aux cheveux dans la rue, comme
deux-portefaix voici mon nom et mon adres-
se, monsieur; si vous avez à me demander
quelques explications, croyez que je serai
toujours heureux de vous recevoir.
Et reprenant le bras de la jeune fille, il
s'éloigna, laissant son adversaire interdit et
incertain sur ce qu'il devait faire.
J'espère, que vous êtes vif. dit la jeune
fille à Gontran, quand fait
bien question de cela au jour d'aujour-
On fait du linge en papier!
J'ai vu hier, aux numéros 308 et 310
du quai Jemmapes, une fabrique à la va-
peur de cols, faux-cols, manches et man-
chettes en papier. produisant des mil-
liers -de ces articles excentriques par
jour. une véritable usine.
̃> J'ai ^demandé quelques renseignements
M^ Mey, le Directeur, et il m'a été ap-
pris les cols, faux-cols et manchettes
en papier étaient d'origine américaine;
que fefmaison Gray, dont MM. Mey et Ce
sontips successeurs, existe pour cette fa-
brication depuis cinq ans aux Etats-Unis,
où e}lg,fabrique 400,000 cols et manchet-
tes pax jour.
Q'u"il a tout d'abord été établi une suc-
icursâ'je- à Londres.
Puis qu'on a fondé, il y deux ans, une
'fabrique à Paris, en se servant néanmoins.
pour la fabrication, des machines améri-
caines qui sont la propriété exclusive des
manufacturiers dont je vais parler.
La fabrication du Linge en Papier offre
une,éçonomie notable au consommateur,
et nè: sera peut-être pas encouragée par
les -blanchisseuses. mais on n'est pas
louis' d'or. on ne peut pas plaire à tout
Les -cols pour hommes, rabattus et
droits, commencent au prix de 60 centi-
mes la douzaine, donc, un sou le col, ce
qui représente exactement le prix de
blanchissage d'un col en étoffe.
Ce qui est à remarquer dans les arti-
cle!1 de la maison Mey et en sus du
moulage remarquable de chaque objet,
c'est que tous les articles sortis de sa'fa-
brique sont une imitation parfaite de la
toile, sans que cette maison ait eu recours
à des manœuvres chimiques dans leurs
matières premières c'est tout bonnement
une sorte spéciale de ^papier qui se fabri-
que exclusivement pour la maison,. et
possède les qualités' voulues, c'est-à-dire
solidité, blancheur éclatante et souplesse.
On a longtemps cherché à monter un
bouton pour les manchettes en papier, qui
entre et se défass facilement. C'est encore
la maison Mey et Ce qui en a pris l'initia-
tive. Ce bouton est aussi quelque chose de
curieux et de très commode. C'est le bou-
ton il. hélice. Imaginez-vous, au lieu du
simple patin, une petite hélice adaptée au
bouton; cette hélice se tourne comme un
tire-bouchon, et entre de cette manière
facilement, sans effort, dans la bouton-
nière la plus étroite. Ces boutons sont
1 faits de toutes les matières, de sorte qu'on
ques pas. vous voilà maintenant.une mé-
chante affaire sur les bras, pour moi, que
vous ne connaissez pas.
Méchante affaire, je n'en sais rien, ré-
pondit Gontran; mais ce dont je suis sûr,
c'est que j'en acceptais dix comme celle-
ci, pour avoir eu le plaisir de vous rencon-
trer.
Tiens. c'est gentil. cal. Est-ce
que vous jouez la comédie, par hasard?
Moi! fit Gontran effaré; pourquoi me
dites-vous cela?.
Dam c'est que ça à l'air d'une
phrase toute faite.- Vous savez. on croi-
rait qu'on a déjà entendu cela quelque-part.
Gontran se prit à sourire.
Après tout, dit-il, qu'importe'! Si cette
phrase exprime bien toute la joie que j'é-
prouve à me trouver près de vous.
La jeune fille fit un mouvement d'épaules.
Pour cela, dit-elle, je ne veux pas vous
contrarier; mais il me semble difficile que
l'on éprouve du plaisir à se trouver auprès
d'une personne que l'on ne connaît pas, que
l'on n'a jamais vue, et qui'peut être laide ou
vieille.
Gontran serra doucement le bras de sa
compagne.
Bon s'écria-t-il gaîment est-ce que
l'on peut être laide avec des yeux comme
ceux, qui m'ont regardé tout à l'heure x des
en a à tous prix. Ces boutons sont partir*/
culièrement adoptés pour les manchettes
en papier,parce qu'ils supprimentune pré-,
tendue dilficulté,cellë de porter «es maim;
chettes et qu'ils donnent le moyen d'en:
trer un bouton, quelquefois avec un patin
assez large, dans une boutonnière, sans-,
que l'on ait à la froisse.
Le tour de force du linge en papî#}''
c'est l'imitation parfaite de la.toile.
Toile d'Irlande ou toile de Silésie/
toile ancienne ou toile moderne, grains,
droits ou grains croisés, tout y est.
Le papier est solide comme de la toile;
tirez dessus, vous ne le déchirerez, pas.
De plus, pour les cois, on procede au,'
moulage, qui est l'objet de brevets d'in-f
vention.
Le moulage est l'opération par laquelle
on donne au colla forme clu cou il perd
dans cette opération sa raideur et devient-
parfaitement souple, de sorte qu'il se
prête à chaque encolure. Cette opération
a encore pour but d'examiner la iorce du
col, car chaque col doit, être adhérent,
parfait, intact et solide, de façon à pou,.
voir être porté plusieurs jours au cou,*
sans que les boutonnières ou le col lui-*
même ne se cassent.
Je me suis fait montrer, dans cette a!fp:!
ne du Linge en Papier, des objets pour les
Dames; car je ne dois pas oublier ce qui
peut amuser mes Lectrices.
Il y a des cols ronds, à 40 cen^mes la;
douzaine, des cols Marcia, à 55 centi-*1
mes la douzaine, des cols Eugénie, &̃
60 centimes la douzaine, des cols Eli'
sabeth, -à 80 centimes la douzaine. ̃
La paire de manchettes revient gêné-
ralement à 10 centimes, un sou par man-
chettes. ,̃
Les hommes ont des cols à choisir ,le
col Lincoln, le col Impérial, le col King-
William, que sais-je, voire même le col
Shakespeare, qui s'étend à longs bouts sur
le gilet. comme le port.ent les merveil-
leux de 1868, comme le portait le poète..
de
Si vous les regardez ,de près, vous ver--
rez la trame de la toile,'le,, piqûre parfaite
du point, cela résiste à la déchirure, cela
est d'une blancheur que le Linge ne sau-
rait atteindre.
Vous croyez que c'est,fàit avoc des cri-
seaux et une aiguille, que c'es't de la
toile, vous vous trompez. je voi;,s *aI^.
firme, c'est du papier
Cette fabrication, dont on peut voir^ef*
produits exposés à la devanture des mâi-jèe
sons de détail, 43, boulevard des CapjaciA
mains pareilles à celles que je presse dans^
les miennes. des dents qui éclatent ee
éblouissent, malgré les ténèbres. Est-ce que
l'on a jamais été vieille, avec cette voix charmante qui me parle et cette vivacité
d'enfant qui m'étourdit Vous avez Seize,
ans ou vous mentez.
Mettez dix-sept. mais parlons d'auto
chose.
Eh de quoi voulez-vous donc que noua?
parlions?
Est-ce que vous croyez que je vais ma
promener comme cela, pendant des heures?
Je ne pourrais rien imaginer qui pût
m'être plus agréable.
Moi, c'est différent j'ai une course à
faire, une course indispensable, et je nerveux
pas me laisser attarder davantage.
Me permettez-vous au moins de VOUS
accompagner?
Soit
Ou allons-nous, alors?
Rue Saint-Antoine. J'ai là une amie
qui est souffrante que je vais voir tous le»
jours, et si vous le voulez bien, nous pressa-
rons le pas pour rattraper le temps perdu.
Goatran s'inclina en signe d'acquiescé*
ment, et les deux jeunes gens se remirent
aussitôt en marche, devisant de mille choses),
causait et riant, sans sïnquiéterdesregarûs.
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Sixième Année ne 2,i69
Mercredi 9 décembre 1868
Tirage du Petit Journal'
JLE LINGE. PAPIER. j
J'avais ce
;joiir, que le papier blan'c sè¥Tait> princi-
palement à écrire, à recevoir, fixes en
noir sur la couleur d'albâtre les feux fol-
lets de l'esprit, les secrets du coeur, les
traces des transactions humaines.
C'est sur un papier blanc qu'Augier
écrit une comédie, .que Sainte-Beuve dé-
crète une critique, que Nadaud aligne
les rimes joviales d'une chanson.
Le papier blanc, c'est le livre, c'est le
journal, c'est la lettre d'amour où d'ami-
'tié, c'est aussi le billet à ordre dont
l'huissier poursuivra le recouvrement s'il
-n'est pas payé à son échéance.
•'̃̃̃ On nous a changé un peu tout cela.
Rien n'est certainement plus gracieux
qu'une main de papier blanc. avant
qu'une plumé indiscrète ait tracé sur sa
surface couleur de neige ses arbitraires
pattes de mouche.
C'est le terrain nu sur lequel on bâti-
ra un édifice encore .inconnu, palais artis-
tique ou bicoque, chef-d'œuvre ou bana-
Quand le papier reste blanc, il vaut de
15 à 40 francs la rame.
Quand il est mal noirci, il vaut, s'il
n'est pas vendu dans sa fraîcheur, com-
me le beurre frais ou la violette, de 15 à
.25 centimes le demi-kilo.
Bien employer le papier blanc, c'est
aussi délicat que la taille du diamant ou
l'opération de la cataracte. On peut
perdre la matière première en se mon-
trant mauvais opérateur
Ce que j'ai examiné hier assure au
papier blanc, une destination, une mis-
.sion, une voie nouvelles.
Jusqu'à ce jour on avaitfabriqué le pa-
pier avec du linge..
Mais, comme la mer fantasque, la cou-
tume publique a ses reflux.
Aujourd'hui on a modifié cette marche
régulière et classique de là fabrication.
En effet, Voltaire a clit du papier
Tout ce fatras fut du chanvre en son temps;
Linge il devint par l'art des tisserants;
Puis en lambeaux, des pilons le pressèrent;
II fut papier. -Cent cerveaux à l'envers
De visions à l'envi le chargèrent
Puis on le. brùle il vole. dans les airs.
Il est fumée aussi bien que la gloire.
De nos travaux voilà qù elle est l'histoire»
Tout est fumée, et tout nous fait sentir
Ce grand néant qui doit nous engloutir.
Feuilleton du 9 Décembre
LES
PREMIÈRE PARTIE
> IJne "Grisette
Cependant, l'affaire ne devait pas se ter-
miner là, et il restait à congédier l'homme
.dont l'intervention de Gontran venait con-
trarier les projets.
Il arriva juste au moment oùla jeune fille
prenait le bras de ce dernier.
Pardon, monsieur, dit-il, d'un ton iro-
(Voir le i'êtô /ownoi depuis lo,4 décembre v
Et, me fiant sur cette origine. 'du. Pà-
pier, je me félicitais de n'être pas obligé
d'écrire sur le papyrus des Anciens, sur
les feuilles de palmiers des' Gothiques, ni
même à la façon que nous enseigné Ho-
race, sur des tables enduites de cire, avec
un poinçon à deux bouts, l'un servant à
tracer les caractères, l'autre à les effa-
cer.
Je me figurais parfois, quand sur, le
blanc papier la plume était rapide, alerte,
sûre de son chemin. que ma feuille était
faite avec le rabat d'un bon prête, la cra-
vate d'un intègre magistrat, ou le. fichu
de batiste d'une jolie femme.' 1
Voici une Mode nouvelle qui dé-
tend comme une clameur, qui sé cram-
ponne comme une idée fixe', qui. fait rage,
en un mot, laquelle vient dérouter mes
espérances futures;
Si l'on fait du Papier avec le Linge, on
fait aussi du Liage. avec du Papier.
Le Lin avec lequel -se file la toile nous
vient des bords dû Nil, dont il est l'ana-
gramme, et où il .croissait particulière-
ment. •• ̃
On laissa longtemps le Un sans. emploi,
faute de savoir l'utiliser. il avait pour-
tant deux avantages la graine, dont on
extrait une huile précieuse, et-la tige,
avec laquelle on a fait le fil.
C'est parce que les Romains n'avaient
pas de linge de toile, mais seulement des
tuniques de laine, qu'ils prenaient dès
bains si souvent.
Toutefois, comme pour prouver l'ori-
gine reculée de la toile, on a trouvé à
Saint-Germain-des-Prés, dans des tom-
beaux du dixième siècle, des toiles fort.
remarquables, et les anciens Gaulois, au
rapport de Pline, semblent avoir excellé
dans l'art du tisserand.
Il est d'ailleurs prouvé que c'est aux
Sidoniens et aux Phéniciens que remonte
l'invention de la toile de lin, et que ce
n'est guère que deux ans avant les Croi-
sades que furent fabriquées les premières
toiles de cilanvre.
Parfois les tissus furent l'objet de vé-
ritables persécutions.
Louis XIV, pour mettre en discrédit la
toile de Chine, que .de son temps les An-
glais nous vendaient, dans le but de rui-
ner nos manufactures, s'avisa d'un sin-
gulier moyen.
Il ordonna que le Bourreau en porterait
chaque fois qu'il pendrait quelqu'un!
Aussitôt personne ne voulut plus de ce
tissu, malgré sa beauté et son bon mar-
Voilà l'histoire de la toile; mais il est
nique; mais je serais curieux de savoir.
Pardieu répliqua Gontran sur le même
ton, je trouve la question plaisante, puisque
j'use ici du droit que m'a donné mademoi-
selle. 1
Cependant, vous ne la connaissez pas,
cette jeune fille.
Qu'en savez-vous?
Et votre intervention ressemble à une
impertinence.
On n'en avait jamais tant dit à Gontran.
et il s'élançait déjà sur son adversaire, quand
la jeune fille le retint, en lui serrant la bras.
Monsieur monsieur.! supplia-t-elle, vi-
vement émue..
Gontran se contint, puis, tirant de sa po-
che un carnet sur une feuille duquel il écri-
vit à la hâte son nom et son adresse
Mademoiselle a raison, dit-il, en déchi-
rant la feuille et la présentant à son interlo-
cuteur il n'est pas bienséant que nous nous
prenions aux cheveux dans la rue, comme
deux-portefaix voici mon nom et mon adres-
se, monsieur; si vous avez à me demander
quelques explications, croyez que je serai
toujours heureux de vous recevoir.
Et reprenant le bras de la jeune fille, il
s'éloigna, laissant son adversaire interdit et
incertain sur ce qu'il devait faire.
J'espère, que vous êtes vif. dit la jeune
fille à Gontran, quand fait
bien question de cela au jour d'aujour-
On fait du linge en papier!
J'ai vu hier, aux numéros 308 et 310
du quai Jemmapes, une fabrique à la va-
peur de cols, faux-cols, manches et man-
chettes en papier. produisant des mil-
liers -de ces articles excentriques par
jour. une véritable usine.
̃> J'ai ^demandé quelques renseignements
M^ Mey, le Directeur, et il m'a été ap-
pris les cols, faux-cols et manchettes
en papier étaient d'origine américaine;
que fefmaison Gray, dont MM. Mey et Ce
sontips successeurs, existe pour cette fa-
brication depuis cinq ans aux Etats-Unis,
où e}lg,fabrique 400,000 cols et manchet-
tes pax jour.
Q'u"il a tout d'abord été établi une suc-
icursâ'je- à Londres.
Puis qu'on a fondé, il y deux ans, une
'fabrique à Paris, en se servant néanmoins.
pour la fabrication, des machines améri-
caines qui sont la propriété exclusive des
manufacturiers dont je vais parler.
La fabrication du Linge en Papier offre
une,éçonomie notable au consommateur,
et nè: sera peut-être pas encouragée par
les -blanchisseuses. mais on n'est pas
louis' d'or. on ne peut pas plaire à tout
Les -cols pour hommes, rabattus et
droits, commencent au prix de 60 centi-
mes la douzaine, donc, un sou le col, ce
qui représente exactement le prix de
blanchissage d'un col en étoffe.
Ce qui est à remarquer dans les arti-
cle!1 de la maison Mey et en sus du
moulage remarquable de chaque objet,
c'est que tous les articles sortis de sa'fa-
brique sont une imitation parfaite de la
toile, sans que cette maison ait eu recours
à des manœuvres chimiques dans leurs
matières premières c'est tout bonnement
une sorte spéciale de ^papier qui se fabri-
que exclusivement pour la maison,. et
possède les qualités' voulues, c'est-à-dire
solidité, blancheur éclatante et souplesse.
On a longtemps cherché à monter un
bouton pour les manchettes en papier, qui
entre et se défass facilement. C'est encore
la maison Mey et Ce qui en a pris l'initia-
tive. Ce bouton est aussi quelque chose de
curieux et de très commode. C'est le bou-
ton il. hélice. Imaginez-vous, au lieu du
simple patin, une petite hélice adaptée au
bouton; cette hélice se tourne comme un
tire-bouchon, et entre de cette manière
facilement, sans effort, dans la bouton-
nière la plus étroite. Ces boutons sont
1 faits de toutes les matières, de sorte qu'on
ques pas. vous voilà maintenant.une mé-
chante affaire sur les bras, pour moi, que
vous ne connaissez pas.
Méchante affaire, je n'en sais rien, ré-
pondit Gontran; mais ce dont je suis sûr,
c'est que j'en acceptais dix comme celle-
ci, pour avoir eu le plaisir de vous rencon-
trer.
Tiens. c'est gentil. cal. Est-ce
que vous jouez la comédie, par hasard?
Moi! fit Gontran effaré; pourquoi me
dites-vous cela?.
Dam c'est que ça à l'air d'une
phrase toute faite.- Vous savez. on croi-
rait qu'on a déjà entendu cela quelque-part.
Gontran se prit à sourire.
Après tout, dit-il, qu'importe'! Si cette
phrase exprime bien toute la joie que j'é-
prouve à me trouver près de vous.
La jeune fille fit un mouvement d'épaules.
Pour cela, dit-elle, je ne veux pas vous
contrarier; mais il me semble difficile que
l'on éprouve du plaisir à se trouver auprès
d'une personne que l'on ne connaît pas, que
l'on n'a jamais vue, et qui'peut être laide ou
vieille.
Gontran serra doucement le bras de sa
compagne.
Bon s'écria-t-il gaîment est-ce que
l'on peut être laide avec des yeux comme
ceux, qui m'ont regardé tout à l'heure x des
en a à tous prix. Ces boutons sont partir*/
culièrement adoptés pour les manchettes
en papier,parce qu'ils supprimentune pré-,
tendue dilficulté,cellë de porter «es maim;
chettes et qu'ils donnent le moyen d'en:
trer un bouton, quelquefois avec un patin
assez large, dans une boutonnière, sans-,
que l'on ait à la froisse.
Le tour de force du linge en papî#}''
c'est l'imitation parfaite de la.toile.
Toile d'Irlande ou toile de Silésie/
toile ancienne ou toile moderne, grains,
droits ou grains croisés, tout y est.
Le papier est solide comme de la toile;
tirez dessus, vous ne le déchirerez, pas.
De plus, pour les cois, on procede au,'
moulage, qui est l'objet de brevets d'in-f
vention.
Le moulage est l'opération par laquelle
on donne au colla forme clu cou il perd
dans cette opération sa raideur et devient-
parfaitement souple, de sorte qu'il se
prête à chaque encolure. Cette opération
a encore pour but d'examiner la iorce du
col, car chaque col doit, être adhérent,
parfait, intact et solide, de façon à pou,.
voir être porté plusieurs jours au cou,*
sans que les boutonnières ou le col lui-*
même ne se cassent.
Je me suis fait montrer, dans cette a!fp:!
ne du Linge en Papier, des objets pour les
Dames; car je ne dois pas oublier ce qui
peut amuser mes Lectrices.
Il y a des cols ronds, à 40 cen^mes la;
douzaine, des cols Marcia, à 55 centi-*1
mes la douzaine, des cols Eugénie, &̃
60 centimes la douzaine, des cols Eli'
sabeth, -à 80 centimes la douzaine. ̃
La paire de manchettes revient gêné-
ralement à 10 centimes, un sou par man-
chettes. ,̃
Les hommes ont des cols à choisir ,le
col Lincoln, le col Impérial, le col King-
William, que sais-je, voire même le col
Shakespeare, qui s'étend à longs bouts sur
le gilet. comme le port.ent les merveil-
leux de 1868, comme le portait le poète..
de
Si vous les regardez ,de près, vous ver--
rez la trame de la toile,'le,, piqûre parfaite
du point, cela résiste à la déchirure, cela
est d'une blancheur que le Linge ne sau-
rait atteindre.
Vous croyez que c'est,fàit avoc des cri-
seaux et une aiguille, que c'es't de la
toile, vous vous trompez. je voi;,s *aI^.
firme, c'est du papier
Cette fabrication, dont on peut voir^ef*
produits exposés à la devanture des mâi-jèe
sons de détail, 43, boulevard des CapjaciA
mains pareilles à celles que je presse dans^
les miennes. des dents qui éclatent ee
éblouissent, malgré les ténèbres. Est-ce que
l'on a jamais été vieille, avec cette voix
d'enfant qui m'étourdit Vous avez Seize,
ans ou vous mentez.
Mettez dix-sept. mais parlons d'auto
chose.
Eh de quoi voulez-vous donc que noua?
parlions?
Est-ce que vous croyez que je vais ma
promener comme cela, pendant des heures?
Je ne pourrais rien imaginer qui pût
m'être plus agréable.
Moi, c'est différent j'ai une course à
faire, une course indispensable, et je nerveux
pas me laisser attarder davantage.
Me permettez-vous au moins de VOUS
accompagner?
Soit
Ou allons-nous, alors?
Rue Saint-Antoine. J'ai là une amie
qui est souffrante que je vais voir tous le»
jours, et si vous le voulez bien, nous pressa-
rons le pas pour rattraper le temps perdu.
Goatran s'inclina en signe d'acquiescé*
ment, et les deux jeunes gens se remirent
aussitôt en marche, devisant de mille choses),
causait et riant, sans sïnquiéterdesregarûs.
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