Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-09-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 15 septembre 1868 15 septembre 1868
Description : 1868/09/15 (Numéro 2084). 1868/09/15 (Numéro 2084).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k590135d
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue de La Fayette,
librairie du Petit Journal
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1 TROIS MOIS 5 FR.
SIX- MOIS 9 FR.
UN AN 18 FR.
UM NUMÉRO 'S. CENTIMES
Abonnements Départ-
TROIS MOIS.
SIX MOIS.
UN AN. 24 il%.
Tirage du Petit Journal: 26f,lS0
̃- A SAINT-REMY, TSS^^i^f^^i^
Mon cher ami et directeur,
Vous savez que j'ai reçu du maire des
votre charmante ville, une très aimable
invitation d'avoir à. assister aux fêtes qui
y ont lieu les 13, 14 et 15 de ce mois.
Depuis sa, cordiale lettre, M. Gautier
a pris la peine de m'envoyer, en guise
de post-scriptum, plusieurs télégrammes
pressants et vifs., .̃comme l'électricité qui
les a apportés.
Pendant deux nuits, je n'ai rêvé que
routes garnies de deux rangs d'oliviers,
formant la haie d'honneur sur le passage
des invités, comme autant de soldats au
port d'arme devant des souverains, que
chants provençaux, troubadours et trou-
vères, brises d'air chargées des parfums de
l'oranger.
Les étoiles du ciel, ennuyées d'éclairer
les rues de Paris, conjointement avec les
becs de gaz du baron Haussmann, sem-
blaient me dir e
Va donc là-bas, nous brillons plus
belles dans un ciel plus bleu.
v Et je croyais fermement que les étoiles
filantes étaient des météores se met-
tant en voyage pour votre riante contrée.
La Science me disais
N'es-tu pas* curieux de recherche
i/ur cette terre fertile les pas vainqueurs
de Marius dans les Gaules, les musées,
ies débris de théâtres antiques et les res-
tes de ces aqueducs qélèbres^ui menaient
dans Arles les eaux pures des montagnes
-̃ de Saint-Remy.
La Poésie me disait ce que disait Méry,
ce fils de Marseille au Marseillais George
Fils des hautes Pyrénées
Voulant par monts et par vaux,
Ces, routes abandonnées
Par'Roland de Roncevaux,
Comment faites-vous pour vivre?
Un journal sous une main
Et sous l'autre main .un livre,
Dans le faubourg Saint-Germain?
Oh1 quel sort digne d'envie!
Jouir de tout dans la vie,
Avec de pauvres habits
Vins de France et vins 'd'Espagne,
En conduisant des brebis 1
Ainsi donc je vous invite
Feuilleton du-- 15 Septembre
DEUXIÈME PARTIS
L'Efoûneur du non'
.'•̃ XL .-•.̃̃•
C'est avèc la docilité passive et muette des
grandes douleurs que Mme d'Escorval suivit
le curé de Sairmeuse.
Son corps seul agissait, machinalement
son âme et sa pensée s'envolaient à travers
les espaces, vers l'homme qui avait été tout
pour elle et dont l'âme et la pensée, sans
doute, l'appuient du fond de l'abime où il
avait roulé.
Mais qugad. e^* eût passé le seuil du sa-
lon, elle tressaillit gt quitta le bras du prêtre,
brusquement ramenée au sentiment de la
réalité présente
,'Voir le Petit Journal depuis le 27 mal.
ReproductiOB et traduction interdites.
A gagner en feuilletons >
Cent mille écus au plus vite
l'our acheter trois moutons.
Je ne sais quel goût m'attire
Depuis que j'ai réfléchi,
Vew le métier, de Tityre,
Mais d'uu Tityre enrichi
Puis les heures fortunées,
Ami, pour vous sonneront;'
Vous irez aux-Pyrénées
Xa résille sur le front;
fi Vous aurez l'air pur, l'eau vive*'
A table plus d'un convive,
EL des appétits gloutons,
Et vous mangerez vos rentes '̃
Sur des rives odorantes
En conduisant vos moutons.
Après les vers du poète regretté, au
milieu des douces chimères du rêve, je
voyais s'avancer une beauté, vêtue com-
me les historiens de la Provence, Gin-
guené en tête, nous la représentent
Sa belle chevelure était ornée d'or et de
perles.
Elle portait une robe de pourpre, bro-
dée d'azur, semée de roses, et enrichie de
pierreries.
Ses regards étaient pleins de gaieté,
d'honnêteté et de douceur.
C'était celle dont il a été dit
En petit lieu compris vous pouvez voir
Ce qui comprend beaucoup par renommée,
Plume, labeur, la largue et le savoir
Furent vaincus par l'àymant de l'aymée.
0 gentil âme, étant tant estimée,
Qui le pourra louer qu'en se taisant
Car la parole est toujours réprimée
Quand le sujet surmonte le disant.
C'était la belle Laure, que Pétrarque
vit pour la première fois dans l'église de
Sainté-Çlaire, à A vignon, dans le sixième
jour de l'avril de l'an du Seigneur 1327,
et qui mourut le même jour, le même
mois de l'année 1348, à la même heure,
à l'heure où le soleil se lève.
Laure me dit
Pourquoi ne vas-tu pas te mêler au
cortége des poëtes tridârphants. Pétrar-
que lui aussi eut ses joies et son triomphe.
Il fut couronné vainqueur de la lutte intel-
lectuelle, au Capitole de Rome, le 1er avril
1341.*Il marcha vêtudelarobe éblouissante
que le roi de Naples lui avait donnée, le
poëtë marchait au milieu des six princi-
paux citoyens, vêtus de vert, et précédé
de douze jeunes gens de quinze ans, vê-
tus d'écarlate; les grands, les gardes, le
peuple en masse se pressaient sur ses pas,
quand il reçut la couronne de lauriers,
qu'il alla ensuite déposer sur l'autel de
Saint-Pierre. La fête des Félibres n'est
que la continuation de ses triomphes, poé-
tiques. ta place, ô chroniqueur, est
parmi ceux qui crient No"l sur le pas-
sage des princes de la Gaie Science.
Je vous dirai, mon cher Alphonse,
:jue la belle Laure me laissa quelque hé-
sitation.
j'ai vu les- portraits du temps, Laure
Elle venait d'apercevoir Marie-Anne sur le
lecanapéoùlesdomestifjuésl'avaientdéposée.
Mlle Lacheneur balbutia-t-elle, ici,
sous ce costume, morte
On devait la croire morte, en effet, la pau-
vre enfant, à la voir ainsi roide et glacée, li-
vide, comme si on lui eût tiré des veines la
dernière goutte de sang. Son visage si beau
avait l'immobilité du marbre ses lèvres
blanches s'entr'ouvraient sur ses dents con-
vulsivement serrées et un large cercle, d'un
bleu intense, cernait ses paupières fermées.
Ses longs cheveux noirs, qu'elle avait rou-
I lés pour les glisser sous son chapeau de pay-
san, s'étaient détachés ils s'éparpillaient
opulentes et splendides sur ses épaules et
traînaient jusqu'à terre.
Ce n'est -qu'une syncope sans gravité,
déclara l'abbé Midon, après avoir examiné
Marie-Anne, elle ne tardera pas à reprendre
ses sens
Et aussitôt, rapidement etcla,irement, il in-
diqua ce qu'il y avait à faire, aux femmes de
la baronne, aussi éperdues que leur maî-
tresse.
Mme d'Escorval regardait la- pupille dilatée
par la terreur, elle paraissait douter de sa
raison, et incessamment elle passait la main
sur son front mouillé d'une sueur froide.
Quelle nuit 1 murmurait-elle, quelle
nuit lu*.
était blonde, dans le pays natal des
brunes. et elle fut toujours cruelle
pour son amant.
Une Avignonnaise blonde est déjà un
Une aimante qui ne donne que le bout
de ses doigts rosés à baiser.a son soupi-
rant de longuets années, a peut-être plus
d'honnêteté que de cœur.
Les du pays où son illustre
amoureux soupira, sont plus généreuses
pour ceux qui leur consacrent des loisirs.
Malgré le peu de croyance que j'avais
en la belle Laure, vue en songe. le 12 de
ce mois, c'est-à-dire samedi dernier, j'é-
tais décidé à partir pour Saint-Remy.
On m'annonçait dans un wagon dont je
devais avoir l'honneur' de faire partie,
Frédéric Sarcey, l'éminent critique;
M. Oharles Monselet, le poëte aimé;
M. Victor Cochinat, un créole qui sait
apprécier, par comparaison, le£ beaux
sites et les terres fertiles, et qui împrovi-
seraitxlcs Bucoliques au besoin; M. d'Àu-
qui va. reproduire avec la plume et lé
M. Blavet, qui sème les bons mots et les
anecdotes piquantes sur son passage,
comme le Petit' Poucet semait des cail-
loux M. Pierre Zaccone, un romancier
qui est capable d'illustrer la Provence
comme il a illustré la Bretagne. Ce n'é-
tait pas-un wagon, c'était une académie
roulante!
Notre ami Paul Klotz, le directeur du
nouveau journal la Sûreté financière, avait
même mis mes bottes de rechange. dans
sa malle. comme un ôtage. comme
une garantie. il supposait que je sui-
'vrai^ma chaussure par habitude.
Les bottes sont parties pour la Pro-
vence. et moi, moins fbrtuné que mes
chaussures/ mon cher Alphonse, je suis
demeuré at Paris.
On cite souvent dans les traits d'ava-
rice, le conte ci-après
Un soir d'hiver, il son valet malade,
Un vieux vilain, comme enclume endurct,
Disait il faut aller à. l'Estrapade
Porter ,ce colfre et cette malle-ci,
Chez Harpagon qui te rendra la mienne.
Je n'irai point, dit le dolent Etienne,
Car je me meurs! Afin qu'il t'en souvienne,
Dors, fainéant, et j'irai volontiers.
Vous? Moi! j'irai, mais avec tes souliers.
Ce n'était pas l'avarice qui m'empê-
chait d'aller à Saint-Remy, puisque j'en-
voyais mes bottes en avant -garde.
une chose me retenait un peu à l'égar d
de cette fête des poëtes espagnols et pro-
vençaux.
Je ne sais pas faire des vers.
Je. ne sais l'espagnol que tout juste ce
Il faut vous remettre, madame, pro-
nonça le prêtre d'un accent ému mais ferme
la religion, le devoir vous défendent de vous
abandonner ainsi Epouse, où donc est
votre énergie Chrétienne, qu'est devenue
votre confiance en Dieu juste et bon
Oh! j'ai du courage, monsieur, bé-
gayait l'infortunée, j'ai du courage
L'abbé Midon la conduisit à un fauteuil'où
il la força de- s'asseoir, pendant que les fem-
mes de chambre s'empressaient autour de
Marie-Anne, et d'un ton plus doux il reprit:
Pourquoi désespérer d'ailleurs, mada-
me ?. Votre fils est près de vous, en sû-
reté. Votre mari: ne saurait être compro-
mis, jl n'a rien fait que je n'aie fait moi-
même.
Et en peu de mots, avec une r^re préci-
sion, il expliqua le rôle du baron et le sien
pendant cette funeste soirée.
Mais ce récit, loin de rassurer la baronne,
semblait augmenter son épouvante.
Je vous entends, monsieur le curé, in-
terrompit-elle, et je vous crois. Mais je
sais aussi que tous les gens de la campagne
sont persuadés que mon mari commande
tous les paysans soulevés, ils le croient et ils
le disent.
Eh bien?
S'il a été fait-prisonnier, comme vous
me la donnez a entendre, il sera traduit de-
qu'il en faut pour comprendre les enye-
lopp es des papiers à cigarettes.
Et je ne sais pas du tout ce Provençal, -v
que j'appellerais peut-être un patois, si
Mistral et Koumanille n'en avaient fait
un dialecte.
M. Àmédée Pichot, un .de vos campa)
triotes, et dont la place était marquée
dans ces Fêtes, que je regrette de ne pas
voir j l'auteur des Artésiennes a dit
ceci
« A l'âge de six ans je ne savais guère
plus de français que notre servante, et
comme elle en savait à-peine quelque
demi-phrases, elle m'inspirait une sorte'
de haine instinctive contre cette langue
qui était celle de l'école! Hélas l'heure de'
récole sonna, puis celle du pensionnat,
puis celle du colléne de Juilly,, où, à deux
cents lieues d'Arles, je finis par oublie?
le dialecte arlésien.
» Lors de mon retour à la maison pater-
nelle, 'je m'y remis,- mais sans pouvoir ja-
mais le parler beaucoup mieux -que Ttiii-
glais, l'espagnol ou l'italien. Je l'écris, je
fâis même des vers, dictés par YesprU- de
mon enfance, et qui valent au moins les
vers anglais dictés .par YesprU de lord
Byron, avec cette 'différence que je. suis
plus fort sur l'orthographe anglaise que
sur l'orthographe de b langue romane.
Aussi, quand J. Boumanille a bien voulu
me demander quelques poésies pour son,,
Armana, il a dû les écrire de sa main-
avant de les imprimer. Il a même corrigé
deux rimes fautives. »
C'est il ce sujet que M. Amédée Pichot
a, répondu à Roumanille
Poëte on rossignol, j'adore tes concarfcs
Merci de tes leçons, critique de mos ver?;
Maître trop iudulgent pour mon braire profane,"
Caclie sous ton laurier mes deux oreilles d'une.
Peut-être l'écolier rétif sous le bâton
Aurait-il regimbé; mais tu tires la bride
Avec tant de douceur, clu'à mon aimable guide
Je laisse la farine, heureux d'avoir le son.
Je ne sais donc pas la- langue romane,
comme le savant directeur de la Revue
Aller dans un pays dont on ignore ;la'
langue, c'est aller il l'Opéra quand o'n est
sourd. c'est toucher un tableau de Diaa
ou de Delacroix. quand on est aveugle.
Puis il m'est survenu, le 12 au soir, un
mal de gorge opiniâtre, entêté, irritante
amenant à sa suite un enroulement à faire
damner un ténor et il. ruiner un impres-
sario.
Je parlais si peu, mon cher
que je n'aurais pas pu dire Merci toutes
les politesses qui m'étaient promises.
Je parlais si peu que je n'aurais pu
m'exprimer ni en provençal, ni mGme eii
'vaut là Cour prévôtale' N'était-il pas
l'ami ,de l'empereur C'est un crime .cela,,
vous le savez bien 1 Il sera jugé et condamné
à mort.
Non, madame, non! ne suis-je pas
là? Je me présenterai devant le tribunal,- et,
'je dirai « Me voici, j'ai vu, adswntjui vidi. »
Et ils vou8*arrèterqnt vous aussi, mon-
sieur l'abbé, parce que vous n'êtes pas un
prêtre selon le coeur de ces hommès cruels;
ils vous jetteront'en prison, et ils vous en-
verront à l'échafaud!
Depuis un moment, Maurice écoutait,
,pâle, anéanti, près de tomber.
'Sur ces derniers mots, il s'affaissa pax
terre, sur le tapis, à genoux, cachant son
visage entre ses mains. v
Ah j'ai tué mon père 1. s écria-
Malheureux enfant Que dis-tu i
Le prêtre lui faisait signe de se taire, il na
le vit pas et poursuivit
-Mon père ignorait jusqu'à l'existence do
cette conspiration, dont M. Lacheneur était
l'âme, mais. je la connaissais, moi! Je vo,u-
lais qu'elle réussît, parce que dé. son succès
dépendait le bonheur de ma vie. Et alors,
misérable que je suis, quand il s'agissait d'at-
tirer dans nos rangs quelque complice timide
et indécis,»' aima
!d'Escorval,y..Ah-l j'éiais fou! « j'étais foui.».
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̃- A SAINT-REMY, TSS^^i^f^^i^
Mon cher ami et directeur,
Vous savez que j'ai reçu du maire des
votre charmante ville, une très aimable
invitation d'avoir à. assister aux fêtes qui
y ont lieu les 13, 14 et 15 de ce mois.
Depuis sa, cordiale lettre, M. Gautier
a pris la peine de m'envoyer, en guise
de post-scriptum, plusieurs télégrammes
pressants et vifs., .̃comme l'électricité qui
les a apportés.
Pendant deux nuits, je n'ai rêvé que
routes garnies de deux rangs d'oliviers,
formant la haie d'honneur sur le passage
des invités, comme autant de soldats au
port d'arme devant des souverains, que
chants provençaux, troubadours et trou-
vères, brises d'air chargées des parfums de
l'oranger.
Les étoiles du ciel, ennuyées d'éclairer
les rues de Paris, conjointement avec les
becs de gaz du baron Haussmann, sem-
blaient me dir e
Va donc là-bas, nous brillons plus
belles dans un ciel plus bleu.
v Et je croyais fermement que les étoiles
filantes étaient des météores se met-
tant en voyage pour votre riante contrée.
La Science me disais
N'es-tu pas* curieux de recherche
i/ur cette terre fertile les pas vainqueurs
de Marius dans les Gaules, les musées,
ies débris de théâtres antiques et les res-
tes de ces aqueducs qélèbres^ui menaient
dans Arles les eaux pures des montagnes
-̃ de Saint-Remy.
La Poésie me disait ce que disait Méry,
ce fils de Marseille au Marseillais George
Fils des hautes Pyrénées
Voulant par monts et par vaux,
Ces, routes abandonnées
Par'Roland de Roncevaux,
Comment faites-vous pour vivre?
Un journal sous une main
Et sous l'autre main .un livre,
Dans le faubourg Saint-Germain?
Oh1 quel sort digne d'envie!
Jouir de tout dans la vie,
Avec de pauvres habits
Vins de France et vins 'd'Espagne,
En conduisant des brebis 1
Ainsi donc je vous invite
Feuilleton du-- 15 Septembre
DEUXIÈME PARTIS
L'Efoûneur du non'
.'•̃ XL .-•.̃̃•
C'est avèc la docilité passive et muette des
grandes douleurs que Mme d'Escorval suivit
le curé de Sairmeuse.
Son corps seul agissait, machinalement
son âme et sa pensée s'envolaient à travers
les espaces, vers l'homme qui avait été tout
pour elle et dont l'âme et la pensée, sans
doute, l'appuient du fond de l'abime où il
avait roulé.
Mais qugad. e^* eût passé le seuil du sa-
lon, elle tressaillit gt quitta le bras du prêtre,
brusquement ramenée au sentiment de la
réalité présente
,'Voir le Petit Journal depuis le 27 mal.
ReproductiOB et traduction interdites.
A gagner en feuilletons >
Cent mille écus au plus vite
l'our acheter trois moutons.
Je ne sais quel goût m'attire
Depuis que j'ai réfléchi,
Vew le métier, de Tityre,
Mais d'uu Tityre enrichi
Puis les heures fortunées,
Ami, pour vous sonneront;'
Vous irez aux-Pyrénées
Xa résille sur le front;
fi Vous aurez l'air pur, l'eau vive*'
A table plus d'un convive,
EL des appétits gloutons,
Et vous mangerez vos rentes '̃
Sur des rives odorantes
En conduisant vos moutons.
Après les vers du poète regretté, au
milieu des douces chimères du rêve, je
voyais s'avancer une beauté, vêtue com-
me les historiens de la Provence, Gin-
guené en tête, nous la représentent
Sa belle chevelure était ornée d'or et de
perles.
Elle portait une robe de pourpre, bro-
dée d'azur, semée de roses, et enrichie de
pierreries.
Ses regards étaient pleins de gaieté,
d'honnêteté et de douceur.
C'était celle dont il a été dit
En petit lieu compris vous pouvez voir
Ce qui comprend beaucoup par renommée,
Plume, labeur, la largue et le savoir
Furent vaincus par l'àymant de l'aymée.
0 gentil âme, étant tant estimée,
Qui le pourra louer qu'en se taisant
Car la parole est toujours réprimée
Quand le sujet surmonte le disant.
C'était la belle Laure, que Pétrarque
vit pour la première fois dans l'église de
Sainté-Çlaire, à A vignon, dans le sixième
jour de l'avril de l'an du Seigneur 1327,
et qui mourut le même jour, le même
mois de l'année 1348, à la même heure,
à l'heure où le soleil se lève.
Laure me dit
Pourquoi ne vas-tu pas te mêler au
cortége des poëtes tridârphants. Pétrar-
que lui aussi eut ses joies et son triomphe.
Il fut couronné vainqueur de la lutte intel-
lectuelle, au Capitole de Rome, le 1er avril
1341.*Il marcha vêtudelarobe éblouissante
que le roi de Naples lui avait donnée, le
poëtë marchait au milieu des six princi-
paux citoyens, vêtus de vert, et précédé
de douze jeunes gens de quinze ans, vê-
tus d'écarlate; les grands, les gardes, le
peuple en masse se pressaient sur ses pas,
quand il reçut la couronne de lauriers,
qu'il alla ensuite déposer sur l'autel de
Saint-Pierre. La fête des Félibres n'est
que la continuation de ses triomphes, poé-
tiques. ta place, ô chroniqueur, est
parmi ceux qui crient No"l sur le pas-
sage des princes de la Gaie Science.
Je vous dirai, mon cher Alphonse,
:jue la belle Laure me laissa quelque hé-
sitation.
j'ai vu les- portraits du temps, Laure
Elle venait d'apercevoir Marie-Anne sur le
lecanapéoùlesdomestifjuésl'avaientdéposée.
Mlle Lacheneur balbutia-t-elle, ici,
sous ce costume, morte
On devait la croire morte, en effet, la pau-
vre enfant, à la voir ainsi roide et glacée, li-
vide, comme si on lui eût tiré des veines la
dernière goutte de sang. Son visage si beau
avait l'immobilité du marbre ses lèvres
blanches s'entr'ouvraient sur ses dents con-
vulsivement serrées et un large cercle, d'un
bleu intense, cernait ses paupières fermées.
Ses longs cheveux noirs, qu'elle avait rou-
I lés pour les glisser sous son chapeau de pay-
san, s'étaient détachés ils s'éparpillaient
opulentes et splendides sur ses épaules et
traînaient jusqu'à terre.
Ce n'est -qu'une syncope sans gravité,
déclara l'abbé Midon, après avoir examiné
Marie-Anne, elle ne tardera pas à reprendre
ses sens
Et aussitôt, rapidement etcla,irement, il in-
diqua ce qu'il y avait à faire, aux femmes de
la baronne, aussi éperdues que leur maî-
tresse.
Mme d'Escorval regardait la- pupille dilatée
par la terreur, elle paraissait douter de sa
raison, et incessamment elle passait la main
sur son front mouillé d'une sueur froide.
Quelle nuit 1 murmurait-elle, quelle
nuit lu*.
était blonde, dans le pays natal des
brunes. et elle fut toujours cruelle
pour son amant.
Une Avignonnaise blonde est déjà un
Une aimante qui ne donne que le bout
de ses doigts rosés à baiser.a son soupi-
rant de longuets années, a peut-être plus
d'honnêteté que de cœur.
Les du pays où son illustre
amoureux soupira, sont plus généreuses
pour ceux qui leur consacrent des loisirs.
Malgré le peu de croyance que j'avais
en la belle Laure, vue en songe. le 12 de
ce mois, c'est-à-dire samedi dernier, j'é-
tais décidé à partir pour Saint-Remy.
On m'annonçait dans un wagon dont je
devais avoir l'honneur' de faire partie,
Frédéric Sarcey, l'éminent critique;
M. Oharles Monselet, le poëte aimé;
M. Victor Cochinat, un créole qui sait
apprécier, par comparaison, le£ beaux
sites et les terres fertiles, et qui împrovi-
seraitxlcs Bucoliques au besoin; M. d'Àu-
qui va. reproduire avec la plume et lé
M. Blavet, qui sème les bons mots et les
anecdotes piquantes sur son passage,
comme le Petit' Poucet semait des cail-
loux M. Pierre Zaccone, un romancier
qui est capable d'illustrer la Provence
comme il a illustré la Bretagne. Ce n'é-
tait pas-un wagon, c'était une académie
roulante!
Notre ami Paul Klotz, le directeur du
nouveau journal la Sûreté financière, avait
même mis mes bottes de rechange. dans
sa malle. comme un ôtage. comme
une garantie. il supposait que je sui-
'vrai^ma chaussure par habitude.
Les bottes sont parties pour la Pro-
vence. et moi, moins fbrtuné que mes
chaussures/ mon cher Alphonse, je suis
demeuré at Paris.
On cite souvent dans les traits d'ava-
rice, le conte ci-après
Un soir d'hiver, il son valet malade,
Un vieux vilain, comme enclume endurct,
Disait il faut aller à. l'Estrapade
Porter ,ce colfre et cette malle-ci,
Chez Harpagon qui te rendra la mienne.
Je n'irai point, dit le dolent Etienne,
Car je me meurs! Afin qu'il t'en souvienne,
Dors, fainéant, et j'irai volontiers.
Vous? Moi! j'irai, mais avec tes souliers.
Ce n'était pas l'avarice qui m'empê-
chait d'aller à Saint-Remy, puisque j'en-
voyais mes bottes en avant -garde.
une chose me retenait un peu à l'égar d
de cette fête des poëtes espagnols et pro-
vençaux.
Je ne sais pas faire des vers.
Je. ne sais l'espagnol que tout juste ce
Il faut vous remettre, madame, pro-
nonça le prêtre d'un accent ému mais ferme
la religion, le devoir vous défendent de vous
abandonner ainsi Epouse, où donc est
votre énergie Chrétienne, qu'est devenue
votre confiance en Dieu juste et bon
Oh! j'ai du courage, monsieur, bé-
gayait l'infortunée, j'ai du courage
L'abbé Midon la conduisit à un fauteuil'où
il la força de- s'asseoir, pendant que les fem-
mes de chambre s'empressaient autour de
Marie-Anne, et d'un ton plus doux il reprit:
Pourquoi désespérer d'ailleurs, mada-
me ?. Votre fils est près de vous, en sû-
reté. Votre mari: ne saurait être compro-
mis, jl n'a rien fait que je n'aie fait moi-
même.
Et en peu de mots, avec une r^re préci-
sion, il expliqua le rôle du baron et le sien
pendant cette funeste soirée.
Mais ce récit, loin de rassurer la baronne,
semblait augmenter son épouvante.
Je vous entends, monsieur le curé, in-
terrompit-elle, et je vous crois. Mais je
sais aussi que tous les gens de la campagne
sont persuadés que mon mari commande
tous les paysans soulevés, ils le croient et ils
le disent.
Eh bien?
S'il a été fait-prisonnier, comme vous
me la donnez a entendre, il sera traduit de-
qu'il en faut pour comprendre les enye-
lopp es des papiers à cigarettes.
Et je ne sais pas du tout ce Provençal, -v
que j'appellerais peut-être un patois, si
Mistral et Koumanille n'en avaient fait
un dialecte.
M. Àmédée Pichot, un .de vos campa)
triotes, et dont la place était marquée
dans ces Fêtes, que je regrette de ne pas
voir j l'auteur des Artésiennes a dit
ceci
« A l'âge de six ans je ne savais guère
plus de français que notre servante, et
comme elle en savait à-peine quelque
demi-phrases, elle m'inspirait une sorte'
de haine instinctive contre cette langue
qui était celle de l'école! Hélas l'heure de'
récole sonna, puis celle du pensionnat,
puis celle du colléne de Juilly,, où, à deux
cents lieues d'Arles, je finis par oublie?
le dialecte arlésien.
» Lors de mon retour à la maison pater-
nelle, 'je m'y remis,- mais sans pouvoir ja-
mais le parler beaucoup mieux -que Ttiii-
glais, l'espagnol ou l'italien. Je l'écris, je
fâis même des vers, dictés par YesprU- de
mon enfance, et qui valent au moins les
vers anglais dictés .par YesprU de lord
Byron, avec cette 'différence que je. suis
plus fort sur l'orthographe anglaise que
sur l'orthographe de b langue romane.
Aussi, quand J. Boumanille a bien voulu
me demander quelques poésies pour son,,
Armana, il a dû les écrire de sa main-
avant de les imprimer. Il a même corrigé
deux rimes fautives. »
C'est il ce sujet que M. Amédée Pichot
a, répondu à Roumanille
Poëte on rossignol, j'adore tes concarfcs
Merci de tes leçons, critique de mos ver?;
Maître trop iudulgent pour mon braire profane,"
Caclie sous ton laurier mes deux oreilles d'une.
Peut-être l'écolier rétif sous le bâton
Aurait-il regimbé; mais tu tires la bride
Avec tant de douceur, clu'à mon aimable guide
Je laisse la farine, heureux d'avoir le son.
Je ne sais donc pas la- langue romane,
comme le savant directeur de la Revue
Aller dans un pays dont on ignore ;la'
langue, c'est aller il l'Opéra quand o'n est
sourd. c'est toucher un tableau de Diaa
ou de Delacroix. quand on est aveugle.
Puis il m'est survenu, le 12 au soir, un
mal de gorge opiniâtre, entêté, irritante
amenant à sa suite un enroulement à faire
damner un ténor et il. ruiner un impres-
sario.
Je parlais si peu, mon cher
que je n'aurais pas pu dire Merci toutes
les politesses qui m'étaient promises.
Je parlais si peu que je n'aurais pu
m'exprimer ni en provençal, ni mGme eii
'vaut là Cour prévôtale' N'était-il pas
l'ami ,de l'empereur C'est un crime .cela,,
vous le savez bien 1 Il sera jugé et condamné
à mort.
Non, madame, non! ne suis-je pas
là? Je me présenterai devant le tribunal,- et,
'je dirai « Me voici, j'ai vu, adswntjui vidi. »
Et ils vou8*arrèterqnt vous aussi, mon-
sieur l'abbé, parce que vous n'êtes pas un
prêtre selon le coeur de ces hommès cruels;
ils vous jetteront'en prison, et ils vous en-
verront à l'échafaud!
Depuis un moment, Maurice écoutait,
,pâle, anéanti, près de tomber.
'Sur ces derniers mots, il s'affaissa pax
terre, sur le tapis, à genoux, cachant son
visage entre ses mains. v
Ah j'ai tué mon père 1. s écria-
Malheureux enfant Que dis-tu i
Le prêtre lui faisait signe de se taire, il na
le vit pas et poursuivit
-Mon père ignorait jusqu'à l'existence do
cette conspiration, dont M. Lacheneur était
l'âme, mais. je la connaissais, moi! Je vo,u-
lais qu'elle réussît, parce que dé. son succès
dépendait le bonheur de ma vie. Et alors,
misérable que je suis, quand il s'agissait d'at-
tirer dans nos rangs quelque complice timide
et indécis,»' aima
!d'Escorval,y..Ah-l j'éiais fou! « j'étais foui.».
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