Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1868-06-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 20 juin 1868 20 juin 1868
Description : 1868/06/20 (Numéro 1997). 1868/06/20 (Numéro 1997).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5900476
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
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-LES BAÏiKES '-$S&L0S!BLES
Nous avons lu? deniièriiàent dans les
feuilles publiques que, sur l'initiative prise
par la Russie, on allait renoncer désor-
mais, à la guerre, à l'usage des ballesex-
plosibles, et què tous les pays semblaient
décidés à repousser à l'avenir ce projectile
Je ne fais partie !du Comité de défense
d'aucune nationa,lité belliqueuse, c'est
tout au plus si j'ai appris au régiment à
charger un fusil, et dans la vie privée
charger un revolver.
entend par balles explosibles.
Et voici le résultat de mes investiga-
tions.
Il y a cette différence entre la balle ex-
plosible et la balle ordinaire, que la pre-
mière est un projectile plein, ne se divi-
sant pas pour frapper le but que le tireur
lui donne -tandis que la seconde inventée
tout d'abord pour taire sauter des caissons
d'artillerie, éclate en dix morceaux et
plus.
Et au cas, dit M. de Parville dans
le^ Constitutionnel de ce matin, où la balle
explosible atteint le.corps humain, elle y
produit des blessures extrêmement dou-
loureuses et presque toujours mortelles.
lfi' est; .curieux de remonter à l'origine
de l'usage des balles en France.
Suivant Brantôme, ce fut Strozzi qui
le premier fit adopter parmi nous le
mousquet, « et certes avecques une très
grande peine, car il ne trouvait soldats
qui s'en voulaient charger. Mais pour les
gaigner peu à peu, luy mëme, au-siege cie
La jftochelle, en faisait porter toujours un
à un page ou à un laquais; et quand il
voyait un beau coup il tirait! »
"Brantôme parle ailleurs de balles d'un.
alliage particulier, inventé par un gentil-
homme d'Ecosse nommé Stuart.
Il n'y avait cuirasse à épreuve ni à si
tonne trempe. que la balle Stuart ne
Mais il était réservé aux inventeurs de
notre siècle de fabriquer une balle qui en
devint dix, en arrivant meurtrièrement
à sa destination.
J'ai longtemps çru que les archers
Feuilleton du 20 Juin 1868
MONSIEUR LECOQ
PREMIÈRE PARTIE
.;•̃• Le Meurtre
Ces offièïïsëê -vieilles, qui oui trafiqué de
fous les vices et bu toutes les hontes, attei-
gnent parfois une perfection d'hypocrisie à
mettre en défaut la plus subtile pénétration.
Un homme non prévenu, par exemple,
eût pu se laisser prendre à la candeur de la
veuve Chupin, .tant, elle y mettait de natu-
rel, tant elle rencontrait à propos la juste
intonation de la franchise, de la surprise ou
ûe l'effroi.
Malheureusement elle avait contre elle ses
yeux, ses petits yeux gris mobiles comme
ceux dela bête inquiète, où l'astuce heureuse
tllumait des étincelles.
C'est qu'elle se réjoüissait, au-dedans d'elle-
Voir le Pttiï Journal depuis le 27 mai»
étaient des soldats débonnaires et qu'il
ne s'en suivait prts de grands carnages
quand ils avaient donne dans les ba-
tailles.
Je me trompais il existait des archers
qui ne perdaient pas un seul de leurs
coups, qui tiraient à une grande distance
et faisaient un grand. ravage dans les
rangs ennemis.
Les pointes de leurs flèches étaient en
fer, en airain, en étain, en plomba en
corne, en verre, en os, en roseau, et même
en bois.
Dans les blessures faites par les flèches
les plus ordinaires, il se présentait son-
vent une complication gênante pour le
chirurgien chargé de guérir les blessures.
Il existait certaines flèches dont l'ex-
trémité de fer tenait si peu au bois qu'il
s'en séparait et restait à l'état d'isolement
dans la plaie, quand on tentait de retirer
le trait de la blessure.
Il en existait d'autres avec des pointes
aux deux extrémités afin que l'on_ se
blessât en voulant les retirer de la plaie.
Néanmoins, les. sentiments d'humanité
n'étaient pas'inconnus h nos_premiers sol-
dats, même il (ieux qui se servaient de
l'arc, car deux titres de la loi salique
punissent quiconque coupe le second
doigt, c'est-à-dire celui qui sert à bander
l'arc, à un combattant.
Ou qui, dans un combat, a blessé un
homme avec une ilèche empoisonnée.
La raison de ces prescriptions légales
interdisant l'emploi du poison pour les ex-
trémités des. flèches, est facile à deviner..
Dans une rencontre, on désire surtout
mettre les hommes hors de combat, porter
le trouble dans les rangs ennemis, et vain-
cre par la valeur, non par la cruauté.
II n'y a que les Indlens barbares, qui
recourant à certaines herbes
leurs forêts, ou au sang de leurs plus hi-
deux reptiles, rendent les traits de leurs.
flèches mortels à quiconque en est
atteint
La suppression des balles explosibies,
si terribles quand elles atteignent un
soldat, est la continuation de cette tradi-
tion généreuse. qui fit supprimer dans
les armées d'autrefois les traits empoi-
sonnés..
Il est à remarquer que, même en se ser-
vant des armes perfectionnées, à tir mul-
tiple, les blessures de buerre sont les plus
faciles à guérir; elles sont reçues et sup-
portées par des hommes intrépides, forts,
courageux, pleins de cette énergie de ca-
ractère qui constitue la moitié de la gué-
rison du malade.
Un soldat qui a le moral solide, di-
même, de sou bonheur et de son adresse,
n'étant pas fort éloignée de croire que le juge
ajoutait foi à ses déclarations.
Dans le fait, pas un des muscles du visage
de M. Segmuller n'avait trahi ses impres-
sions pendant le récit de fa vieille, récit dé-
bité avec une prestigieuse volubilité.
Quand elle s'arrêta, à bout d'haleine, il se
leva sans mot dire et s'approcha de son gref-
fier pour surveiller la rédaction du procès-
verbal de cette première partie de l'interro-
gatoire.
Du coin où il se tenait modestement assis,
Lecoq ne cessait d'observer la prévenue-.
Elle pense pourtant, se thsait-il, 'que
c'est fini, et que sa déposition va passer
comme une lettre à la'PQste.
Si telle était, en effet, l'espérance de la
veuve Chupin, elle ne tarda pas à être déçue.
M. Segmuller, après quelques légères ob-
servations du souriant Goguet, vint s'asseoir
près de la cheminée,'estimant le moment ar-
rivé de pousser vivement l'interrogatoire.
Ainsi, veuve .Chupin, commença-t-il,
vous affirmez n'être pas restée un seul ins-
tant près des gens qui étaient entrés boire
chez vous.
Pas une minute.
Ils entraient et commandaient, vous
les serviez et vous vous hâtiez de sortir,
sait le baron Larrey, eût-il quatre balles
dans le eorps, est à, moitié rétabli, avant
même l'arrivée du médecin.
Toutefois les anciens chirurgiens mili-
taires se t-ont trompés longtemps sur. les
blessures des armes à feu.
On croyait d'abord qu'elles ne sai-
gnaient pas, on avait surtout l'habitude
d'y passer l'huile bouillante et le fer rouge
dans la crainte que les balles tussent em-
poisonnées.
Ambroise Paré se reprochait, le lende-
main de l'affaire du Pas-cle-Suze, de n'a-
voir pas eu assez d'huile bouillante pour
la cautérisation des plaies de certains
blessés.
Il ne put dormir à son aise, ayant le
remords professionnel sur la conscience.
11 trouva, le lendemain, les blessés en
un .excellent état,
Et il renonça dès lors à une pratique
qui éta it préconisée par tous les praticiens
de son époque.
Dans l'emploi de la balle ordinaire, le
chirurgien n'a à rechercher qu'un projec-
tile, comme le fit M. Nélaton dans la bles-
Quand on se sert de la balle explosible;
il peut y avoir dans les chairs dix projec-
tiles au lieu d'un, dix corps étrangers,
corps dont l'extraction occasionnerait des
souffrances et des dangers successifs.
A la balle massive, celle avec laquelle la
vieille armée a conquis le monde, ¡nette
balle-ci le blessé peut dire, comme Thé-
mistocle à son brutal interpellateur
Frappe, mais écoute!
'Ecoute le sentiment de générosité qui
veut mettre un adversaire hors d'état de
-nuire,, mais qui n'en veut pas à sa vie.
Et huit fois sur dix la balle blesse,
mais ne tue pas.
Avec le progrès actuel de la science
chirurgicale l'extraction de la balle d'une
blessure, sans complications absolues, est
assez facile.
M. Pierre Larousse, qui est chirurgien
à ses heures, dit ce qui suit dans son Dic-
tionnaire, à, propos de l'instrument dont
se servit NI. le docteur Nélaton pour
constater la présence d'une balle dans la
blessure du général Garibaldi.
« C'était une sonde terminée par une pe-
tite olive en porcelaine dure, blanche et
rugueuse. Cette sonde, introduite dans
la plaie du blessé, -se' recouvrit, par un
léger frottement, d'une espècé d'enduit
noir, qui ne pouvait provenir ni de l'os
ni des chairs. D'ailleurs, les caractères
chimiques et physiques de cet enduit vin-
rent démontrer qu'on avait affaire à du
Il me paraît impossible, cependant
que vous n'ayez pas surpris quelques mots
de leur conversation. De quoi causaient-ils ?
Ce n'est pas mon habitude d'espionner
mes pratiques.
Enfin, avez-vous entendu quelque
chose?
Rien.
Le juge d'instruction haussa les épaules
d'un air de commisération.
-En d'autres termes, reprit-il, vous re-
fusez d'éclairer la justice.
Oh! si on peut dire.
Laissez-moi finir. Toutes ces histoires
invraisemblables de sorties, de blouses pour
votre fils à raccommoder dans votre cham-
bre, vous ne les avez inventées que pour
avoir le droit de me répondre « Je n'ai rien
vu, rien entendu, je ne sais rien. » Si tel est
le système que vous adoptez, je déclare qu'il
n'est pas soutenable et ne serait admis par
aucun' tribunal.
Ce n'est pas un système, c'est la vérité.
M. Segmuller parut se recueillir, puis tout
à coup
Décidément, vous n'avez rien à me dire
sur ce misérable assassin?
Mais ce n'est pas un assassin, ravon bon
monsieur.
Que:prétendez,vous?
'-Dame il a tué les autres en., sa de'
plomb. Depuis, l'enlèvement de la ballS
vint confirmer le remarquable diagnostic
de notre célèbre chirurgien mais l'atten-
tion, portée sur ce nouveau point, ne,
tarda pas à créer de nouvelles découvër-
tes ayant trait au diagnostic des balles
restées dans la hlaie. »
un remarquable et ingénieux: c'est une
sonde d'ivoire, contenant dans son mté-<
rieur deux fils de cuivre isolés par un en--
duit de gutta-percha et de. soie, et terrai*
nés intérieurement par deux petites bouV.
les de métal un peu éloignées l'une des
l'autre. Si l'on introduit cet instrument
au fond d'une plaie jusqu'au voisinage
d'un obstacle soupçonné de nature métal-
lique, et qu'on 'mette en communication
les deux fils avec les pôles d'une pile, 16)
courant électrique* passera si les Doules
terminales s'appuient sur un métal, et ne
passera pas si elles reposent sur un os ou
toute ,autre partie organique; au reste,,
on reconnaîtra le passage du
les procédés ordinaires,
l'emploi du rhéomètre. •
Une balle reconnue dans une plaie d'ar-
mes feu doit être extraite, ajoute-t-il,
autant qu'il sera possible, et on a du in-
venter pour opérer cette extraction une
foule d'instruments que la chirurgie mo-
derne, loin de multiplier, a simplifies
d'une manière remarquable. Le triple
tire-balle de Percy réunit en lui seul tons
les instruments utiles déjà connus c est\
une forte, pince à cuiller, qui peut se de-
monter; une branche forme curette pour
1 branche contient un tire-fond pour pêne-
itrer à travers la balle et l'amener dans
une position convenable; les branches
réunies concourent a l'extraction. D'au-
tres tire-balles plus simples sont il la dis-
position des chirurgiens, et satîsiôiit aux
différentes indications. Enfin, si la balle
est située très loin de son ouverture d'en-
trée, il y a souvent avantage à 1 extraire
par une contre-ouverture.
M. de Parville, dans son article au
Constitutionnel, nous donne de la balle ex-
plosible un tableau qui ne doit pas nous •.
faire regretter sa suppression.
La balle explosible ne blesse pas, elle
tue elle fait explosion dans le corps hu-
main quand elle a atteint son but, quand
eli est violemment entrée dans les tissus,
elle n'a fait que commencer ses ravages
elle brise en' éclatant les organes, Mit
éruption dans la chair et occasionne des
désordres affreux chez le blesse!
Et si elle n'a pas, comme les balles d or
fendant. On -lui cherchait querelle, il étai
seul contre trois hommes, il voyait bien qui
n'avait pas de grâce à attendre de brigands
Elle s'arrêta court, toute interdite, se re-
prochant sans doute de s'être laissée entiaî-
ner, d'avoir eu la langue trop longue. Elle
put espérer, il est vrai, que le iugé n'avait
rien remarqué. Un tison venait de rouler du.
foyer,.il avait pris les pincettes et ne sem-
blait préoccupé que du soin de reconstruire.
artistement l'édifice écroulé de son feu.
Qui me dira, murmurait-il, entre haut
et bas. qui me garantira que ce n'est pas cet
homme, au' contraire, qui a attaqué les trois
aU-le-Moi, déclara carrément la veuve Chu-
M. se redressa, aussi étonné eu
apparence que possible.
Comment pouvez-vous savoir, prononça-
t-il, comment pouvez-vous jurer? Vous étiez
dans votre chambre quand la querelle ».
commencé.
Grave et immobile sur sa chaise; Lecoq ju-
bilait intérieurement. Il trouvait que c était
un joli résultat, et qui promettait d'avoir, en
huit questions, amené cette vieille rouée à sa
démentir. Il se disait aussi que la preuve da.
la connivence éclatait. Sans un intérêt se- r
cret, la vieille châtiera n'eût si.
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par la Russie, on allait renoncer désor-
mais, à la guerre, à l'usage des ballesex-
plosibles, et què tous les pays semblaient
décidés à repousser à l'avenir ce projectile
Je ne fais partie !du Comité de défense
d'aucune nationa,lité belliqueuse, c'est
tout au plus si j'ai appris au régiment à
charger un fusil, et dans la vie privée
charger un revolver.
entend par balles explosibles.
Et voici le résultat de mes investiga-
tions.
Il y a cette différence entre la balle ex-
plosible et la balle ordinaire, que la pre-
mière est un projectile plein, ne se divi-
sant pas pour frapper le but que le tireur
lui donne -tandis que la seconde inventée
tout d'abord pour taire sauter des caissons
d'artillerie, éclate en dix morceaux et
plus.
Et au cas, dit M. de Parville dans
le^ Constitutionnel de ce matin, où la balle
explosible atteint le.corps humain, elle y
produit des blessures extrêmement dou-
loureuses et presque toujours mortelles.
lfi' est; .curieux de remonter à l'origine
de l'usage des balles en France.
Suivant Brantôme, ce fut Strozzi qui
le premier fit adopter parmi nous le
mousquet, « et certes avecques une très
grande peine, car il ne trouvait soldats
qui s'en voulaient charger. Mais pour les
gaigner peu à peu, luy mëme, au-siege cie
La jftochelle, en faisait porter toujours un
à un page ou à un laquais; et quand il
voyait un beau coup il tirait! »
"Brantôme parle ailleurs de balles d'un.
alliage particulier, inventé par un gentil-
homme d'Ecosse nommé Stuart.
Il n'y avait cuirasse à épreuve ni à si
tonne trempe. que la balle Stuart ne
Mais il était réservé aux inventeurs de
notre siècle de fabriquer une balle qui en
devint dix, en arrivant meurtrièrement
à sa destination.
J'ai longtemps çru que les archers
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MONSIEUR LECOQ
PREMIÈRE PARTIE
.;•̃• Le Meurtre
Ces offièïïsëê -vieilles, qui oui trafiqué de
fous les vices et bu toutes les hontes, attei-
gnent parfois une perfection d'hypocrisie à
mettre en défaut la plus subtile pénétration.
Un homme non prévenu, par exemple,
eût pu se laisser prendre à la candeur de la
veuve Chupin, .tant, elle y mettait de natu-
rel, tant elle rencontrait à propos la juste
intonation de la franchise, de la surprise ou
ûe l'effroi.
Malheureusement elle avait contre elle ses
yeux, ses petits yeux gris mobiles comme
ceux dela bête inquiète, où l'astuce heureuse
tllumait des étincelles.
C'est qu'elle se réjoüissait, au-dedans d'elle-
Voir le Pttiï Journal depuis le 27 mai»
étaient des soldats débonnaires et qu'il
ne s'en suivait prts de grands carnages
quand ils avaient donne dans les ba-
tailles.
Je me trompais il existait des archers
qui ne perdaient pas un seul de leurs
coups, qui tiraient à une grande distance
et faisaient un grand. ravage dans les
rangs ennemis.
Les pointes de leurs flèches étaient en
fer, en airain, en étain, en plomba en
corne, en verre, en os, en roseau, et même
en bois.
Dans les blessures faites par les flèches
les plus ordinaires, il se présentait son-
vent une complication gênante pour le
chirurgien chargé de guérir les blessures.
Il existait certaines flèches dont l'ex-
trémité de fer tenait si peu au bois qu'il
s'en séparait et restait à l'état d'isolement
dans la plaie, quand on tentait de retirer
le trait de la blessure.
Il en existait d'autres avec des pointes
aux deux extrémités afin que l'on_ se
blessât en voulant les retirer de la plaie.
Néanmoins, les. sentiments d'humanité
n'étaient pas'inconnus h nos_premiers sol-
dats, même il (ieux qui se servaient de
l'arc, car deux titres de la loi salique
punissent quiconque coupe le second
doigt, c'est-à-dire celui qui sert à bander
l'arc, à un combattant.
Ou qui, dans un combat, a blessé un
homme avec une ilèche empoisonnée.
La raison de ces prescriptions légales
interdisant l'emploi du poison pour les ex-
trémités des. flèches, est facile à deviner..
Dans une rencontre, on désire surtout
mettre les hommes hors de combat, porter
le trouble dans les rangs ennemis, et vain-
cre par la valeur, non par la cruauté.
II n'y a que les Indlens barbares, qui
recourant à certaines herbes
leurs forêts, ou au sang de leurs plus hi-
deux reptiles, rendent les traits de leurs.
flèches mortels à quiconque en est
atteint
La suppression des balles explosibies,
si terribles quand elles atteignent un
soldat, est la continuation de cette tradi-
tion généreuse. qui fit supprimer dans
les armées d'autrefois les traits empoi-
sonnés..
Il est à remarquer que, même en se ser-
vant des armes perfectionnées, à tir mul-
tiple, les blessures de buerre sont les plus
faciles à guérir; elles sont reçues et sup-
portées par des hommes intrépides, forts,
courageux, pleins de cette énergie de ca-
ractère qui constitue la moitié de la gué-
rison du malade.
Un soldat qui a le moral solide, di-
même, de sou bonheur et de son adresse,
n'étant pas fort éloignée de croire que le juge
ajoutait foi à ses déclarations.
Dans le fait, pas un des muscles du visage
de M. Segmuller n'avait trahi ses impres-
sions pendant le récit de fa vieille, récit dé-
bité avec une prestigieuse volubilité.
Quand elle s'arrêta, à bout d'haleine, il se
leva sans mot dire et s'approcha de son gref-
fier pour surveiller la rédaction du procès-
verbal de cette première partie de l'interro-
gatoire.
Du coin où il se tenait modestement assis,
Lecoq ne cessait d'observer la prévenue-.
Elle pense pourtant, se thsait-il, 'que
c'est fini, et que sa déposition va passer
comme une lettre à la'PQste.
Si telle était, en effet, l'espérance de la
veuve Chupin, elle ne tarda pas à être déçue.
M. Segmuller, après quelques légères ob-
servations du souriant Goguet, vint s'asseoir
près de la cheminée,'estimant le moment ar-
rivé de pousser vivement l'interrogatoire.
Ainsi, veuve .Chupin, commença-t-il,
vous affirmez n'être pas restée un seul ins-
tant près des gens qui étaient entrés boire
chez vous.
Pas une minute.
Ils entraient et commandaient, vous
les serviez et vous vous hâtiez de sortir,
sait le baron Larrey, eût-il quatre balles
dans le eorps, est à, moitié rétabli, avant
même l'arrivée du médecin.
Toutefois les anciens chirurgiens mili-
taires se t-ont trompés longtemps sur. les
blessures des armes à feu.
On croyait d'abord qu'elles ne sai-
gnaient pas, on avait surtout l'habitude
d'y passer l'huile bouillante et le fer rouge
dans la crainte que les balles tussent em-
poisonnées.
Ambroise Paré se reprochait, le lende-
main de l'affaire du Pas-cle-Suze, de n'a-
voir pas eu assez d'huile bouillante pour
la cautérisation des plaies de certains
blessés.
Il ne put dormir à son aise, ayant le
remords professionnel sur la conscience.
11 trouva, le lendemain, les blessés en
un .excellent état,
Et il renonça dès lors à une pratique
qui éta it préconisée par tous les praticiens
de son époque.
Dans l'emploi de la balle ordinaire, le
chirurgien n'a à rechercher qu'un projec-
tile, comme le fit M. Nélaton dans la bles-
Quand on se sert de la balle explosible;
il peut y avoir dans les chairs dix projec-
tiles au lieu d'un, dix corps étrangers,
corps dont l'extraction occasionnerait des
souffrances et des dangers successifs.
A la balle massive, celle avec laquelle la
vieille armée a conquis le monde, ¡nette
balle-ci le blessé peut dire, comme Thé-
mistocle à son brutal interpellateur
Frappe, mais écoute!
'Ecoute le sentiment de générosité qui
veut mettre un adversaire hors d'état de
-nuire,, mais qui n'en veut pas à sa vie.
Et huit fois sur dix la balle blesse,
mais ne tue pas.
Avec le progrès actuel de la science
chirurgicale l'extraction de la balle d'une
blessure, sans complications absolues, est
assez facile.
M. Pierre Larousse, qui est chirurgien
à ses heures, dit ce qui suit dans son Dic-
tionnaire, à, propos de l'instrument dont
se servit NI. le docteur Nélaton pour
constater la présence d'une balle dans la
blessure du général Garibaldi.
« C'était une sonde terminée par une pe-
tite olive en porcelaine dure, blanche et
rugueuse. Cette sonde, introduite dans
la plaie du blessé, -se' recouvrit, par un
léger frottement, d'une espècé d'enduit
noir, qui ne pouvait provenir ni de l'os
ni des chairs. D'ailleurs, les caractères
chimiques et physiques de cet enduit vin-
rent démontrer qu'on avait affaire à du
Il me paraît impossible, cependant
que vous n'ayez pas surpris quelques mots
de leur conversation. De quoi causaient-ils ?
Ce n'est pas mon habitude d'espionner
mes pratiques.
Enfin, avez-vous entendu quelque
chose?
Rien.
Le juge d'instruction haussa les épaules
d'un air de commisération.
-En d'autres termes, reprit-il, vous re-
fusez d'éclairer la justice.
Oh! si on peut dire.
Laissez-moi finir. Toutes ces histoires
invraisemblables de sorties, de blouses pour
votre fils à raccommoder dans votre cham-
bre, vous ne les avez inventées que pour
avoir le droit de me répondre « Je n'ai rien
vu, rien entendu, je ne sais rien. » Si tel est
le système que vous adoptez, je déclare qu'il
n'est pas soutenable et ne serait admis par
aucun' tribunal.
Ce n'est pas un système, c'est la vérité.
M. Segmuller parut se recueillir, puis tout
à coup
Décidément, vous n'avez rien à me dire
sur ce misérable assassin?
Mais ce n'est pas un assassin, ravon bon
monsieur.
Que:prétendez,vous?
'-Dame il a tué les autres en., sa de'
plomb. Depuis, l'enlèvement de la ballS
vint confirmer le remarquable diagnostic
de notre célèbre chirurgien mais l'atten-
tion, portée sur ce nouveau point, ne,
tarda pas à créer de nouvelles découvër-
tes ayant trait au diagnostic des balles
restées dans la hlaie. »
un remarquable et ingénieux: c'est une
sonde d'ivoire, contenant dans son mté-<
rieur deux fils de cuivre isolés par un en--
duit de gutta-percha et de. soie, et terrai*
nés intérieurement par deux petites bouV.
les de métal un peu éloignées l'une des
l'autre. Si l'on introduit cet instrument
au fond d'une plaie jusqu'au voisinage
d'un obstacle soupçonné de nature métal-
lique, et qu'on 'mette en communication
les deux fils avec les pôles d'une pile, 16)
courant électrique* passera si les Doules
terminales s'appuient sur un métal, et ne
passera pas si elles reposent sur un os ou
toute ,autre partie organique; au reste,,
on reconnaîtra le passage du
les procédés ordinaires,
l'emploi du rhéomètre. •
Une balle reconnue dans une plaie d'ar-
mes feu doit être extraite, ajoute-t-il,
autant qu'il sera possible, et on a du in-
venter pour opérer cette extraction une
foule d'instruments que la chirurgie mo-
derne, loin de multiplier, a simplifies
d'une manière remarquable. Le triple
tire-balle de Percy réunit en lui seul tons
les instruments utiles déjà connus c est\
une forte, pince à cuiller, qui peut se de-
monter; une branche forme curette pour
1 branche contient un tire-fond pour pêne-
itrer à travers la balle et l'amener dans
une position convenable; les branches
réunies concourent a l'extraction. D'au-
tres tire-balles plus simples sont il la dis-
position des chirurgiens, et satîsiôiit aux
différentes indications. Enfin, si la balle
est située très loin de son ouverture d'en-
trée, il y a souvent avantage à 1 extraire
par une contre-ouverture.
M. de Parville, dans son article au
Constitutionnel, nous donne de la balle ex-
plosible un tableau qui ne doit pas nous •.
faire regretter sa suppression.
La balle explosible ne blesse pas, elle
tue elle fait explosion dans le corps hu-
main quand elle a atteint son but, quand
eli est violemment entrée dans les tissus,
elle n'a fait que commencer ses ravages
elle brise en' éclatant les organes, Mit
éruption dans la chair et occasionne des
désordres affreux chez le blesse!
Et si elle n'a pas, comme les balles d or
fendant. On -lui cherchait querelle, il étai
seul contre trois hommes, il voyait bien qui
n'avait pas de grâce à attendre de brigands
Elle s'arrêta court, toute interdite, se re-
prochant sans doute de s'être laissée entiaî-
ner, d'avoir eu la langue trop longue. Elle
put espérer, il est vrai, que le iugé n'avait
rien remarqué. Un tison venait de rouler du.
foyer,.il avait pris les pincettes et ne sem-
blait préoccupé que du soin de reconstruire.
artistement l'édifice écroulé de son feu.
Qui me dira, murmurait-il, entre haut
et bas. qui me garantira que ce n'est pas cet
homme, au' contraire, qui a attaqué les trois
aU-le-Moi, déclara carrément la veuve Chu-
M. se redressa, aussi étonné eu
apparence que possible.
Comment pouvez-vous savoir, prononça-
t-il, comment pouvez-vous jurer? Vous étiez
dans votre chambre quand la querelle ».
commencé.
Grave et immobile sur sa chaise; Lecoq ju-
bilait intérieurement. Il trouvait que c était
un joli résultat, et qui promettait d'avoir, en
huit questions, amené cette vieille rouée à sa
démentir. Il se disait aussi que la preuve da.
la connivence éclatait. Sans un intérêt se- r
cret, la vieille châtiera n'eût si.
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