Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-05-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 09 mai 1867 09 mai 1867
Description : 1867/05/09 (Numéro 1559). 1867/05/09 (Numéro 1559).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589640n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
librairie du Petit JÏhjçîï^
SIX MOIS. 9 FR.
QUOTIpIER
UN NUMÉRO CENTIMES
Abonnements Départ. jj
TROTS mois 6FB. j
NX MOIS.. « TR.
| UKAN.W. ai*». t
Cinquième
Jeudi 9 mai
Tirage du Petit Journal 242,5Qfr
• MERCREDI $ MAI t8B7
JEANNE DARC DÉLIVRANT
Il y aujourd'hui, jour pour jour, quatre
•;eènt trente-huit ans que le .France! était en
Depuis longtemps, une partie de ce beau
joyaume était occupée par des voisins bar-
lares et jàloux, messieurs les Anglais..
Une ville, proche voisine de Paris, était
entourée par leurs cohortes cruelles.
La famine allait désoler Ja cité d'Or-¡
léans.. r. "̃
Quand un général nouveau arriva et mit
en fuite les légions de Bedford.
Ce n'était point le bouillant Xaintrailles,
.point non plus le vaillant La Hire, point,
même monseigneur le Bâtard d'Orléans,
;Ce n'était pas un cousin de' Charles VII,»
un fls de preux, un paladin portant de tra-
dition la cuirasse et l'éperon»1,
C'était une fèmme ̃•̃
Cette femme, lecteur et lectrice, vous la
connaissez il y a beau jour.
C'est cette fille qui naquit dans la nuit de
l'Epiphanie de l'an à Domrémy, dans
le Barrois, et qu'on appela Jeanne Darc.
Ses parents étaient des gens aisés, possé-
dant quinze hectares de terre, une maison
avec jardin, quelques chevaux et du bétail.
Jeanne Darc avait reçu l'éducation des
filles de son temps.
Elle ne savait ni lire, ni écrire, ni comp-
ter, mais sa mère lui- avait appris le Credo,
le Pater noster, l'Ave Maria et l'art de
coudre et de filer dans la perfection.
Ce ne serait peut-être pas encore .aujpur-
d'hui un mauvais système d'éducation. te
défaut de savoir.chez l'homme s'appela tou-
jours ignorance chez la femme, il se nom-
• ma parfois innocence et naïveté.
Vous connaissez, je le répète, la Jeanne
Darc, -inspirée -par des esprits, poursuivie
par des visions, entendant une voix céleste,
qui lui crie d'aller délivrer. son pays et de
chasser l'étranger.
Nous l'avons vue reproduite de toutes
parts, armure au corsage et casque en tête,
Nous savons comment allant trouver le
Roi, elle le reconnut, bien qu'il se fût cou-
vert des plus simples habits. j
Nous nous 'rappelons la Pucelle valeu-
reuse confessant sa mission, demandant
FEUILLETON DU 9 MAI 4867
llÈ DOSSIER No 113
XXIII
Ae Dénoûment
̃•'̃• Suite
Baiettre anonyme disait vrai.
JGette certitude éclata comme un obus dans le
ceryeau dp M. Fauve.l.. Et cependant!
rîp^,balbutia-t-il, non, ce n'est pas pos-
Aussitôt, avec lefol acharnement, de Fan-
gaisse et çpmine(si, condanmé à mort, il eut eu
l'espoir de tfouyer sa grôcç, il se prit à fouiller
partout, a chercher dansions les meubles, avec
un cpçtajq, ordre cependant, prenant J>kn garde
de ne pas laisser, de, traces de ses perquisitions.
Wfiy Fauyei, il le comprenait vaguement,
pouvait aypir changé ses ipjoux de ptace, en
quelçpies-uns à raccomnioder ,bu à ra-
Rien, il ne trouvait rien
SI Voir le du* 7. (êv.
être placée à la tête des armées, répondant
à la fois aux matrones et aux docteurs en
théologie.
Les commissaires, dit mon savant con-
frère, M. N. Willaumé, se trouvant suffi-
Isaminent éclairés, présentèrentsur Jeanne
arc et sa mission providentielle, un rapport
favorable.
Ils ne trouvèrent en sa personne, ni en
ses paroles, rien de mal et de contraire à la
foi catholique.
Ses réponses étaient si sages qu'elles leur
semblaient inspirées.
En conséquence, attendu le péril immi-
nent delà ville d'Orléanset lé besoin quelle
avait d'être immédiatement secourue, ainsi
que la pressante nécessité du roi et du
;royaume1 qui ne pouvait plus attendre de
secours que de Dieu, ils étaient d'avis qu'on
envoyât cette jeune fille la tête des gens
d'armes., •
Si vous saviez ce qu'était l'enfant avant
de monter cheval,au milieu de tous ces
bruyants soldats.
Je m'embarrasse bien de vos tableaux et
;de vos statues, où l'héroïne est représentée
avec brassards et cuissards, épée et pa-
nache.
La Jeanne Oarc intéressante; grande par
sa faiblesse même, poétique, fervente, n'est-
ce pas plutôt celle dont 1 histoire npus lé-
!gué la gentille portraiture.
« Jeanne, alors âgée de dix-sept ans et de-
mi, était grande et parfaitement constituée,
tgrâce à l'air pur et aux travaux des champs,
souvent pénibles. Sa poitrine et sa gorge
étaient développées, sa taille fine, ses bras
et ses jambes forts; mais elle avait de pe-
tites mains et de petits pieds. Son -oeil, à la
fois doux, tendre et fier, inspirait la con-
fiance. Son front était très élevé. Elle avait
les cheveux noirs et la peau très blanche,
légèrement colorée. Sa voix était douce,mé-
lodieuse et forte. En un mot elle réunissait'
la noblesse des formes et toute la beauté et
la grâce de son sexe à la force physique des
hommes vulgaires. »
Je me rends compte de l'effet que dut
produire la vièrge de Vaucouleurs, cette
fillette de dix-sept ans et demi, aux petites
mains et aux petits pieds, égarée au milieu
de ces hommes de guerre. s
Les soldats du roi de France étaient dé-
couragés.
L'étendard des lis ne suffisait plus pour
entraîner les escadrons.
On place une enfant, brune et rose, à la
tête des colonnes d 'attaque
Ce n'est plus seulement une bannière qui
Alors il se souvint dû grand bal qu'avaient
donné les MM. Jandidier. Lui; vaniteux, il
avait dit à sa femme
Pourquoi ne mets-tu pas tes diamants?
Elle avait répondu en souriant
A quoi bon ? tout le monde les connaît
en n'en portant pas, je serai mieux remarquée
d'ailleurs, ils n'iraient pas avec mon costume.,
Oui, elle lui avait dit -cela sans se troubler,
sans rougir, sans un tremblement dans la voix.
Quelle impudence! quelles, corruptions, se
.cachaient donc sous ces apparences deivierge
qu'elle gardait après vingt années de mariage
Mais tout à coup, dans le désarroi de ses
peasées, un espoir lui vint, chétif, à. peine ac-
ceptable, auquel cependant il se raccrocha com-
me le noyé à son épave.
¡ Ses diamants, Mme Fauvel ponvait les a-
voir placés dans la chambre de Madeleine.
Sans réfléchir1 à l'odieux de ses învestigaT
tlons, il courut il cette chambre de Jv.uneTjHe'
et là, coin femthej il
ses mains brutales, oHLlteax darés|iect il
devait à ce'Sarictuîi»r^,
de',7^ aperçut
Elle aussi, elle
tfltitte au soleil. c'est une femme.qui s'é-
lance au devant de la mort!
Suivre à la fois la gloire et la beauté, être
en même temps héroïque et galant, voilà
une occasion que n'aurait eu eaide de man-
,quel' tan chevalier français.;
Et vraiment, elle était, plus tard, joli-
ment attifée, la pucelle valeureuse.
Elle avait une riche armure.
Elle demanda pour épée, celle marquée de
cinq croix, qu'elle indiqua être près de l'au-
tel de Sainte-Catherine de Prébois on la lui
apporta avec deux riches fourreaux, mais
elle en fit fabriquer un de cuir pour son
usage.
EHe fit faire son étendard de toile blan-
che semée;de lis sans nombre, et frangée
de soie. On y voyait aussi, dit M. Willaumé,
deux anges en adoration d'un côté, avec
les mots Jhesus Maria, et'sur le revers une
image de la Vierge, et l'ange annonciateur
1 tenant un lis immaculé.
Cet étendard, la Pucelle le portait elle-
même et le préférait quarante fois à son é-
,pée, comme elle l'avoua dans son procès,
parce qu'elle ne voulait pas tuer, et en ef-
fet, ne tua jamais personne.
Donc, ce fut cette femme qui ne'tirait pas
le glaive, bien qu'elle se livrât bravement
aux coups, qui marchait escortée de prê-
tres chantant les hymnes de la Vierge et de
soldats bardés de fer. ce fut cette faible
enfant qui délivra du joug de l'étranger la
1 France asservie.
Elle parle, et sa douce voix attendrit les
plus endurcis.
Les: populations se prosternent devant sa
grâce enfantine. •
Les consciences s'affermissent aux paroles
tombées de ces lèvres que n'a jamais blé-
mies le mensonge.
La Hire! le farouche et mécréant La Hire,
son compagnon de combat, se déshabitua
des blasphèmes familiers aux hommes des
camps, et, d'après son ordre, ne jura plus
sur Dieu. mais sur. son bâton.
Les exploits de Jeanne Darc, que la ville
d'Orléans çélèbre aujourd'hui, ont; com-
mencé le 15 avril.
Elle avait voulu marcher au secours
d'Orléans par la Beauce; on la trompa en
faisant marcher les iroupes par la So-
logne. '•'
Elle s'aperçut de la supercherie en fai-
sant la reconnaissance des lignes ennemies,
clés réels, que le conseil du Seigneur, éma-
Ce dernier coup br!sa le courage de M.
Fauvel,
Elle s'entendaient pour me tromper, mur-
murait- il,- elless'entëndaient!
Et anéanti; sans force, il se laisse tomber sur
uu fauteuil.
De grosses larmes silencieuses tombaient le
long de ses joués,.et par moments, un soupir
,'profond soulevait sa poitrine.
«en était fait de sa vie. En un instant, l'édi-
j ficè de son bonheur, de sa sécurité, de son
nir; qu'H'dv'aitmiS' vingt ans élever, qu'il
voyait d'une solidité à l'épreuve de tous les
caprices du sort, voléit en éclats, plus fragile'
que le verre. "••̃•̃ '•
En apparence, rien n'était changé dans son
̃ment; les objets autour de lui restaient les mê-1
ripes avec les mêmes aspects^ et cependant un
Bouleversement °éiiiit survenu plus inouï, plus
surprenant fiue'1'iuterversion du four et de là'1
femme qui loi étaii devenue de, plu» en plus
incodpparablà en apparence le
I EUele «rompait. elle. mére
né de sa bouche- était plus sage, et plus sûr
que celui des généraux elle n'en amena pas
moins des vivres dans Orléans.
Elle y fit son entrée solennelle à cheval
le lieutenant général se tenait à sa gauche.
Elle n'accepta d'un somptueux souper,
que quelques morceaux de pain qu'elle
trempa dans une tasse de vin mêlé d'eau.'
Elle se déshabilla pour la première fois des'
puis trois jours et fit coucher avec elle la
fille du,çrésorier du duché.
C'est un glorieux journal que celui de!
faits et gestes de la Pueellè
Le jeudi 5 mai, Jeanne Darc écrit une
lettre aux Anglais pour les.sommer d'aban-!
donner Orléans; elle l'envoie non par notre
télégraphe, mais au bout d'une .flèche, l'ar-
cher qui la lança criant, des hauteurs où il,
se trouvait Lises voici des nouvelles a.
Le vendredi 6 mai, elle attaque.l.es An-.
glais qui n'ont pas obéi à ses injonctions;
elle rentre blessée, son pied s'étant pris
dans une chausse-trappe.
Le samedi 7, ses généraux décident que,
vu le nombre des ennemis, il est prudent.
d'attendre du renfort.
Jeanne n'estj pas de cet avis, elle fait'
ouvrir la porte par son escorte et traverse -là'
Loire sur des bateaux. 1
Vers dix heures du matin, elle fait sonner
l'assaut du boulevard desTôureHes, pen-
dant qu'une formidable artillerie tonne de
part et d'autre. Les capitaines français s'é-
lancent dans le fossé à la tête des troupes
pour tenter de gravir les retranchements;
Jeanne se précipite dans le fossé,etose la
première appliquer une échelle contre le
boulevard. Mais, frappée duneffèche à la
gorge, elle tombe presque évanouie. Néan-
moins, plusieurs Anglais l'ayant entourée,'
elle retrouve assez de force pour les écarter
à coups d'épée. Malgré elle ses gens l'em-
portent du champ de bataille et la débarras-
sent de son armure ils ne peuvent dissimu-
ler leur frayeur en voyant le trait ressortir,
derrière le cou.
Jeanne s'écrie qu'elle vient d'être consolée{
et retire elle-même le trait.
Comme le sang de la jeune vierge cou,
iait avec aoonaance, des hommes d'armes
s'approchèrent pour charmer da plaie, c'est-
à-dire la guérir en prononçant'CertWiès pa-'
roles mystiques!
J'aimerais mieux mourir, s'écria Jean,
ne Darc, que de faire une chose que je sau-£>
rais être un péché. tJ
On appliqua sur la plaie du lard et de
l'huile d'olive.
'On veut sonner la retraite des troupes.
françaises.
Jeanne, qui s'est mise un quart d'heure
en prières dans une vigne voisine, remontai
Cette dernière pensée surtout révoltait tout
son être jusqu'au dégoût.
Ses fils Amère dérision 1 Etaient-ils bien
à lui? Celle qui maintenant, lorsque déjà des
cheveux blancs argentaient ses tempes, le
trompait, ne l'avait-elle pas trompé autrefois?
Et non-seulement il était torturé dans le pré-
sent, mais ilsoufl'rait dans le passé, payant par. v
des angoisses inouies de quelques minutes des
années de félicité, transporté de fureur au sou-
venir de certaines joies intimes comme' un."
homme qui tout à coup apprendrait que les
vins exquis dont il ;.s'est enivré renfermaient
du poison.
Car c'est ainsi, la confiance n'admet ni ac-L
commodemenls ni gradations, elle est où elle
'n'est pas- ''̃•̃̃
Et lui, il n'avait plus confiance.
Toiles rêves, toutês.les, espérances. de. cet;
homme si malheureux reposaient sur l'amour'
de cette¡femme. Découyrant, 'ce qu'il croyait,
qu'elle était indigne de lui', il n'admettait nulle
possibilité d^, bonheur et il se demandait à quoi
bon. désormais et pour quellerfin. ̃
iGependant
dura peu^;W: feu de la colère eut vite séché :ses
1 armes et il se redressa altéré
cidé.i
que sur ce Sevil indicje des
SIX MOIS. 9 FR.
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Cinquième
Jeudi 9 mai
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• MERCREDI $ MAI t8B7
JEANNE DARC DÉLIVRANT
Il y aujourd'hui, jour pour jour, quatre
•;eènt trente-huit ans que le .France! était en
Depuis longtemps, une partie de ce beau
joyaume était occupée par des voisins bar-
lares et jàloux, messieurs les Anglais..
Une ville, proche voisine de Paris, était
entourée par leurs cohortes cruelles.
La famine allait désoler Ja cité d'Or-¡
léans.. r. "̃
Quand un général nouveau arriva et mit
en fuite les légions de Bedford.
Ce n'était point le bouillant Xaintrailles,
.point non plus le vaillant La Hire, point,
même monseigneur le Bâtard d'Orléans,
;Ce n'était pas un cousin de' Charles VII,»
un fls de preux, un paladin portant de tra-
dition la cuirasse et l'éperon»1,
C'était une fèmme ̃•̃
Cette femme, lecteur et lectrice, vous la
connaissez il y a beau jour.
C'est cette fille qui naquit dans la nuit de
l'Epiphanie de l'an à Domrémy, dans
le Barrois, et qu'on appela Jeanne Darc.
Ses parents étaient des gens aisés, possé-
dant quinze hectares de terre, une maison
avec jardin, quelques chevaux et du bétail.
Jeanne Darc avait reçu l'éducation des
filles de son temps.
Elle ne savait ni lire, ni écrire, ni comp-
ter, mais sa mère lui- avait appris le Credo,
le Pater noster, l'Ave Maria et l'art de
coudre et de filer dans la perfection.
Ce ne serait peut-être pas encore .aujpur-
d'hui un mauvais système d'éducation. te
défaut de savoir.chez l'homme s'appela tou-
jours ignorance chez la femme, il se nom-
• ma parfois innocence et naïveté.
Vous connaissez, je le répète, la Jeanne
Darc, -inspirée -par des esprits, poursuivie
par des visions, entendant une voix céleste,
qui lui crie d'aller délivrer. son pays et de
chasser l'étranger.
Nous l'avons vue reproduite de toutes
parts, armure au corsage et casque en tête,
Nous savons comment allant trouver le
Roi, elle le reconnut, bien qu'il se fût cou-
vert des plus simples habits. j
Nous nous 'rappelons la Pucelle valeu-
reuse confessant sa mission, demandant
FEUILLETON DU 9 MAI 4867
llÈ DOSSIER No 113
XXIII
Ae Dénoûment
̃•'̃• Suite
Baiettre anonyme disait vrai.
JGette certitude éclata comme un obus dans le
ceryeau dp M. Fauve.l.. Et cependant!
rîp^,balbutia-t-il, non, ce n'est pas pos-
Aussitôt, avec lefol acharnement, de Fan-
gaisse et çpmine(si, condanmé à mort, il eut eu
l'espoir de tfouyer sa grôcç, il se prit à fouiller
partout, a chercher dansions les meubles, avec
un cpçtajq, ordre cependant, prenant J>kn garde
de ne pas laisser, de, traces de ses perquisitions.
Wfiy Fauyei, il le comprenait vaguement,
pouvait aypir changé ses ipjoux de ptace, en
quelçpies-uns à raccomnioder ,bu à ra-
Rien, il ne trouvait rien
SI Voir le du* 7. (êv.
être placée à la tête des armées, répondant
à la fois aux matrones et aux docteurs en
théologie.
Les commissaires, dit mon savant con-
frère, M. N. Willaumé, se trouvant suffi-
Isaminent éclairés, présentèrentsur Jeanne
arc et sa mission providentielle, un rapport
favorable.
Ils ne trouvèrent en sa personne, ni en
ses paroles, rien de mal et de contraire à la
foi catholique.
Ses réponses étaient si sages qu'elles leur
semblaient inspirées.
En conséquence, attendu le péril immi-
nent delà ville d'Orléanset lé besoin quelle
avait d'être immédiatement secourue, ainsi
que la pressante nécessité du roi et du
;royaume1 qui ne pouvait plus attendre de
secours que de Dieu, ils étaient d'avis qu'on
envoyât cette jeune fille la tête des gens
d'armes., •
Si vous saviez ce qu'était l'enfant avant
de monter cheval,au milieu de tous ces
bruyants soldats.
Je m'embarrasse bien de vos tableaux et
;de vos statues, où l'héroïne est représentée
avec brassards et cuissards, épée et pa-
nache.
La Jeanne Oarc intéressante; grande par
sa faiblesse même, poétique, fervente, n'est-
ce pas plutôt celle dont 1 histoire npus lé-
!gué la gentille portraiture.
« Jeanne, alors âgée de dix-sept ans et de-
mi, était grande et parfaitement constituée,
tgrâce à l'air pur et aux travaux des champs,
souvent pénibles. Sa poitrine et sa gorge
étaient développées, sa taille fine, ses bras
et ses jambes forts; mais elle avait de pe-
tites mains et de petits pieds. Son -oeil, à la
fois doux, tendre et fier, inspirait la con-
fiance. Son front était très élevé. Elle avait
les cheveux noirs et la peau très blanche,
légèrement colorée. Sa voix était douce,mé-
lodieuse et forte. En un mot elle réunissait'
la noblesse des formes et toute la beauté et
la grâce de son sexe à la force physique des
hommes vulgaires. »
Je me rends compte de l'effet que dut
produire la vièrge de Vaucouleurs, cette
fillette de dix-sept ans et demi, aux petites
mains et aux petits pieds, égarée au milieu
de ces hommes de guerre. s
Les soldats du roi de France étaient dé-
couragés.
L'étendard des lis ne suffisait plus pour
entraîner les escadrons.
On place une enfant, brune et rose, à la
tête des colonnes d 'attaque
Ce n'est plus seulement une bannière qui
Alors il se souvint dû grand bal qu'avaient
donné les MM. Jandidier. Lui; vaniteux, il
avait dit à sa femme
Pourquoi ne mets-tu pas tes diamants?
Elle avait répondu en souriant
A quoi bon ? tout le monde les connaît
en n'en portant pas, je serai mieux remarquée
d'ailleurs, ils n'iraient pas avec mon costume.,
Oui, elle lui avait dit -cela sans se troubler,
sans rougir, sans un tremblement dans la voix.
Quelle impudence! quelles, corruptions, se
.cachaient donc sous ces apparences deivierge
qu'elle gardait après vingt années de mariage
Mais tout à coup, dans le désarroi de ses
peasées, un espoir lui vint, chétif, à. peine ac-
ceptable, auquel cependant il se raccrocha com-
me le noyé à son épave.
¡ Ses diamants, Mme Fauvel ponvait les a-
voir placés dans la chambre de Madeleine.
Sans réfléchir1 à l'odieux de ses învestigaT
tlons, il courut il cette chambre de Jv.uneTjHe'
et là, coin femthej il
ses mains brutales, oHLlteax darés|iect il
devait à ce'Sarictuîi»r^,
de',7^ aperçut
Elle aussi, elle
tfltitte au soleil. c'est une femme.qui s'é-
lance au devant de la mort!
Suivre à la fois la gloire et la beauté, être
en même temps héroïque et galant, voilà
une occasion que n'aurait eu eaide de man-
,quel' tan chevalier français.;
Et vraiment, elle était, plus tard, joli-
ment attifée, la pucelle valeureuse.
Elle avait une riche armure.
Elle demanda pour épée, celle marquée de
cinq croix, qu'elle indiqua être près de l'au-
tel de Sainte-Catherine de Prébois on la lui
apporta avec deux riches fourreaux, mais
elle en fit fabriquer un de cuir pour son
usage.
EHe fit faire son étendard de toile blan-
che semée;de lis sans nombre, et frangée
de soie. On y voyait aussi, dit M. Willaumé,
deux anges en adoration d'un côté, avec
les mots Jhesus Maria, et'sur le revers une
image de la Vierge, et l'ange annonciateur
1 tenant un lis immaculé.
Cet étendard, la Pucelle le portait elle-
même et le préférait quarante fois à son é-
,pée, comme elle l'avoua dans son procès,
parce qu'elle ne voulait pas tuer, et en ef-
fet, ne tua jamais personne.
Donc, ce fut cette femme qui ne'tirait pas
le glaive, bien qu'elle se livrât bravement
aux coups, qui marchait escortée de prê-
tres chantant les hymnes de la Vierge et de
soldats bardés de fer. ce fut cette faible
enfant qui délivra du joug de l'étranger la
1 France asservie.
Elle parle, et sa douce voix attendrit les
plus endurcis.
Les: populations se prosternent devant sa
grâce enfantine. •
Les consciences s'affermissent aux paroles
tombées de ces lèvres que n'a jamais blé-
mies le mensonge.
La Hire! le farouche et mécréant La Hire,
son compagnon de combat, se déshabitua
des blasphèmes familiers aux hommes des
camps, et, d'après son ordre, ne jura plus
sur Dieu. mais sur. son bâton.
Les exploits de Jeanne Darc, que la ville
d'Orléans çélèbre aujourd'hui, ont; com-
mencé le 15 avril.
Elle avait voulu marcher au secours
d'Orléans par la Beauce; on la trompa en
faisant marcher les iroupes par la So-
logne. '•'
Elle s'aperçut de la supercherie en fai-
sant la reconnaissance des lignes ennemies,
clés réels, que le conseil du Seigneur, éma-
Ce dernier coup br!sa le courage de M.
Fauvel,
Elle s'entendaient pour me tromper, mur-
murait- il,- elless'entëndaient!
Et anéanti; sans force, il se laisse tomber sur
uu fauteuil.
De grosses larmes silencieuses tombaient le
long de ses joués,.et par moments, un soupir
,'profond soulevait sa poitrine.
«en était fait de sa vie. En un instant, l'édi-
j ficè de son bonheur, de sa sécurité, de son
nir; qu'H'dv'aitmiS' vingt ans élever, qu'il
voyait d'une solidité à l'épreuve de tous les
caprices du sort, voléit en éclats, plus fragile'
que le verre. "••̃•̃ '•
En apparence, rien n'était changé dans son
̃ment; les objets autour de lui restaient les mê-1
ripes avec les mêmes aspects^ et cependant un
Bouleversement °éiiiit survenu plus inouï, plus
surprenant fiue'1'iuterversion du four et de là'1
femme qui loi étaii devenue de, plu» en plus
incodpparablà en apparence le
I EUele «rompait. elle. mére
né de sa bouche- était plus sage, et plus sûr
que celui des généraux elle n'en amena pas
moins des vivres dans Orléans.
Elle y fit son entrée solennelle à cheval
le lieutenant général se tenait à sa gauche.
Elle n'accepta d'un somptueux souper,
que quelques morceaux de pain qu'elle
trempa dans une tasse de vin mêlé d'eau.'
Elle se déshabilla pour la première fois des'
puis trois jours et fit coucher avec elle la
fille du,çrésorier du duché.
C'est un glorieux journal que celui de!
faits et gestes de la Pueellè
Le jeudi 5 mai, Jeanne Darc écrit une
lettre aux Anglais pour les.sommer d'aban-!
donner Orléans; elle l'envoie non par notre
télégraphe, mais au bout d'une .flèche, l'ar-
cher qui la lança criant, des hauteurs où il,
se trouvait Lises voici des nouvelles a.
Le vendredi 6 mai, elle attaque.l.es An-.
glais qui n'ont pas obéi à ses injonctions;
elle rentre blessée, son pied s'étant pris
dans une chausse-trappe.
Le samedi 7, ses généraux décident que,
vu le nombre des ennemis, il est prudent.
d'attendre du renfort.
Jeanne n'estj pas de cet avis, elle fait'
ouvrir la porte par son escorte et traverse -là'
Loire sur des bateaux. 1
Vers dix heures du matin, elle fait sonner
l'assaut du boulevard desTôureHes, pen-
dant qu'une formidable artillerie tonne de
part et d'autre. Les capitaines français s'é-
lancent dans le fossé à la tête des troupes
pour tenter de gravir les retranchements;
Jeanne se précipite dans le fossé,etose la
première appliquer une échelle contre le
boulevard. Mais, frappée duneffèche à la
gorge, elle tombe presque évanouie. Néan-
moins, plusieurs Anglais l'ayant entourée,'
elle retrouve assez de force pour les écarter
à coups d'épée. Malgré elle ses gens l'em-
portent du champ de bataille et la débarras-
sent de son armure ils ne peuvent dissimu-
ler leur frayeur en voyant le trait ressortir,
derrière le cou.
Jeanne s'écrie qu'elle vient d'être consolée{
et retire elle-même le trait.
Comme le sang de la jeune vierge cou,
iait avec aoonaance, des hommes d'armes
s'approchèrent pour charmer da plaie, c'est-
à-dire la guérir en prononçant'CertWiès pa-'
roles mystiques!
J'aimerais mieux mourir, s'écria Jean,
ne Darc, que de faire une chose que je sau-£>
rais être un péché. tJ
On appliqua sur la plaie du lard et de
l'huile d'olive.
'On veut sonner la retraite des troupes.
françaises.
Jeanne, qui s'est mise un quart d'heure
en prières dans une vigne voisine, remontai
Cette dernière pensée surtout révoltait tout
son être jusqu'au dégoût.
Ses fils Amère dérision 1 Etaient-ils bien
à lui? Celle qui maintenant, lorsque déjà des
cheveux blancs argentaient ses tempes, le
trompait, ne l'avait-elle pas trompé autrefois?
Et non-seulement il était torturé dans le pré-
sent, mais ilsoufl'rait dans le passé, payant par. v
des angoisses inouies de quelques minutes des
années de félicité, transporté de fureur au sou-
venir de certaines joies intimes comme' un."
homme qui tout à coup apprendrait que les
vins exquis dont il ;.s'est enivré renfermaient
du poison.
Car c'est ainsi, la confiance n'admet ni ac-L
commodemenls ni gradations, elle est où elle
'n'est pas- ''̃•̃̃
Et lui, il n'avait plus confiance.
Toiles rêves, toutês.les, espérances. de. cet;
homme si malheureux reposaient sur l'amour'
de cette¡femme. Découyrant, 'ce qu'il croyait,
qu'elle était indigne de lui', il n'admettait nulle
possibilité d^, bonheur et il se demandait à quoi
bon. désormais et pour quellerfin. ̃
iGependant
dura peu^;W: feu de la colère eut vite séché :ses
1 armes et il se redressa altéré
cidé.i
que sur ce Sevil indicje des
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