Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-05-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 07 mai 1867 07 mai 1867
Description : 1867/05/07 (Numéro 155). 1867/05/07 (Numéro 155).
Description : Note : numérotation incomplète. Note : numérotation incomplète.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589638b
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Bureaux rue Richelieu, Il
librairie du Petit Journal fsf j
SÏR.
SIX MOIS. A 9 FK.
|; UN AN. is FK.
UN NIJMÉRO 5 /CENTIMES
Cinquième Année
Mardi 7 mai 1867
Tirage de Petit Journal:
.LUNDI 6 MAI
LE LECTEUR. EN FAUTEUIL ROULANT L.
II existe, à l'Exposition Universelle, de
petites voitures dans lesquelles on s'établit
et à l'aide desquelles on transporte, le visi-
teur afin qu'il puisse examiner, sans fati-
gues, les merveilles du gigantesque palais.
Ce sont des fauteuils roulants, rembour-
rés, couverts de cuir, fixés sur trois roues,
la roue de devant restant mobile ei tous
sebs, afin de pouvoir tourner. le fauteuil-
carrosse dans.toutes les' directions.
Les fauteuils roulants, dans lesquels le
visiteur indolent s'installe, sont poussés par
les hommes en uniforme, pantalon couleur
perle, blouse à parements rouges, casquet-
ies passementées.
Je veux aujourd'hui faire pour mon public
îe que les fauteuils roulants du Champ-
le^Mars font pour les touristes.
Je vais essayer de le transporter, sans
qu'il éprouve de lassitude, dans tous les
lieux où il s'èst produit, cette semaine,
quelque événement nouveau.
Le chroniqueur n'est pas autre chose pour
ion lecteur que cet honnête pousseur de vé-
hicule, amenant son client sur tous les
Doints remarquables, sans déoenses, dan-
gers ni secousses.
Si nous étions Allemands, cher lecteur,
nous nous arrêterions d'abord sur le calen-
trier.
C'est aujourd'hui, 6 mai, qu'un grand
!avant d'outre-Rhin, dont les parents fu-
ent ministres de Prusse avant le tapageur
4. de Bismark. a rendu son âme à Dieu.
C'était un professeur aimable, que celui
qui se nommait le baron de Humboldt.
Il a agrandi le cercle des sciences exac-
les; il était maître en physique, en chi-
mie, en géologie, en géographie, en bota-
nique.
Il à résidé à Paris de à 1843, lié de
par son titre de conseillerprivé à nos diplo-
mates et de par son titre d'académicien à
ios érudits.
II est mort en et a laissé des
ouvrages précieux bien qu'il ait toute sa vie
ravaiïlé. pour le roi de Prusse.
Ce voyageur intrépide, qui avait visité le
Mexique bien avant nous, me remet en mé-
moire un autre voyageur dont j'ai écrit ici
FEUILLETON DU 7 MAI 4867
LE DOSSIER ? 113
Le Dénoûment
Suite-
Pauvre Nina Chacun des jours écoulés de-
puis qu'elle était entrée au service de Madb-
leine avait pesé autant qu'une année sur sa tête
charmante.
Les larmes avaient-éteint la flamme amoureu-
se de ses grands ,yeux noirs; ses joues fraîches
avaient pâli et s'étaient creusées, le so'nire
s'était glacé-sar ses lèvres jadis si provocantes
et -plus rouges-quela greBacte entr'ôoyerte.
Pauvre Gypsyl -EU^si vive autrefois, si gaie,
si remuante, elle était paintenanl affaissée sous
le poids decïfasrins trop lourds pour elle. A-
près avoir eu toutes lès insolences du bonheur,
elle était humble comme-la misère.
Prosper s'imaginait que, folle de la joie de le
revoir, toute fière de s'être si noblement dé-
7
1 histoire véridique, j'ai nommé l'intrépide |
du loup de mer qui fit trembler les
Anglais et les Hollandais réunis. n'est pas.
encore éteinte.
Ce sang valeureux n'est-pas tari, car voi-
ci la lettre que je reçois à l'instant.
f A Monsieur Timothée Trimm.
Carvin (Pas-de-Calais), le 28 avril i867.
Monsieur,
Permettez à une petite-nièce de Jean Bart de
vous exprimer en son nom, comme au nom de
sa sœur, l'impression que nous a faite votre
article sur le héros dunkerquois.
Le Petit Journal vient me trouver chaque
jour dans mon modeste 'bureau de poste de Car-
vin.
Votre article du 27 avril nous a causé, à ma
sœur et à moi, plus qu'une douce émotion, une
recrudescence de fierté pour le nom que nous
portons.
Un autre; portant ce nom, vous eût mieux re-
mercié, monsieur, il l'eût rendu glorieux.
Jean-Pierre Bart, notre frère, lieutenant de
vaisseau, pendant une expédition à l'île Mnyotte,
en 1843, a été arrêté, par une mort prématu-
rée, dans sa carrière brillamment commencée.
C'était le dénier représentant, le dernier es-
poir d'un nom, bien lourd, bien stérile, hélas 1
aujourd'hui pour deux femmes.
Je ne veux pas transformer cette lettre en
une série de notes inédites sur notre famille.
Mais vous avez ravivé le souvenir de notre pau-
vre frère. nous venons simplement, ma soeur
et moi, vous dire Merci! 1
Vous recevez souvent, monsieur, des lettres
semblables à celle-ci vous devez votre répu^
tation, votre popularité, moins peut-être à votre
talent d'écrivain qu'à votré faculté toute spé-
ciale de vous faire comprendre de tous, moins
à votre esprit qu'à votre coeur.
Votre plume soutient, relève tout ce qui est
grand, bon et beau; les gens d'esprit et les
gens de cœur vous aiment.
Nous faisons, nous, comme les gens de
cœur.
Veuillez recevoir, etc.
ELISA JEAN BART.
P. S. A mon aînée, revenait le droit de vous
remercier permettez-moi, monsieur, quelques
lignes de post-scriptum.
Je me joins à ma sœur pour tout ce que sa
lettre exprime de reconnaissance.
Parler de Jean Bart, c'est toucher à.la fois le
cœur et l'orgueil des Dunkerquois.
Merci pour nous et pour eux, monsieur, et
recevez l'assurance de mes sentiments affec-
tueux,
MÉLAME TAVERNE DE TERSUD,
Née JEAN.BART.
Vous éprouverez comme moi, mon cher
lecteur, une respectueuse sympathie pour
ces deux descendantes du plus illustre de
nos hommes de mer. Leur nom commande
amitié et dévouement.
Après nous être arrêtes avec déférence
vouée pour lui, Nina allait se jeter à son cou et
l'étreindre entre ses bras. Il se trompait et,
bien que tout entier à Madeleine depuis qu'il
,connaissait les raisons de sa dureté, cette dé-
ception l'affecta.
C'est à peine si Mme Gypsy eut l'air de le re-
conaaître. Elle le salua timidement, presque,
comme un étranger.
Toute son attention se 'concentrait sur M.
Verduret. Les regards qu'elle attachait sur lui
avaient cette timidité craintive et aimante du
pauvre animal souvent rudoyé par son maître.
Lui, cependant, se montrait excellent pour
elle, paternel, affectueux.
Eh bien, chère enfant, lui demanda-t-il
de sa bonne voix, quels renseignements m'ap-
portez-vous ?
Il doit y avoir du nouveau à la maison,
monsieur, et j'avais hâte de vous prévenir,
,mais j'étais retenue par mon service, et il a
fallu que Mlle Madeleine prît' la peine de me
trouver un prétexte de sortir.
Vous remercierez mademoiselle Madeleine
de sa confiarce, reprit le gros bomme; en at- j
tendant que je lui exprime moi-même toute ma
reconnaissance. J'imagine que, pour le reste,
elle est fidèle à nos conventions ?
Oui, monsieur.
On reçoit le marquis de Clameran ?
Depuis que le mariage est arrêté, il vient
devant ces souvenirs du passé, poussons j
plus loin, cher lecteur.
L'Art a ses deuils comme laGloire voici
Mme Persiani, la célèbre mezzo soprano de
notre ancien Opéra-Italien, qui vient de
s'éteindre dans sa petite maison deNeuilly.
Elle était fille de Tachinardi, le ténor.
Elle avait été surtout applaudie à Paris
dans la Lucia de Donizetti elle faisait
partie de cette troupe formidable que M.
Bagier ne retrouvera jamais, et qui se com-
posait, avec l'illustre défunte, de Rubini,
Tamburini, Lablache, Ivanoff, et de Mm6S
Grisi et Albertazzi.
Mme Peraiani, née en 4818, n'avait que
quarante-neuf ans.
A ce propos, il n'est pas inutile de dire
que plus d'une grande artiste moderne s'est
int la fleur de l'âge.
Mm° Malibran est morte le même jour et
au même âge que Bellini à vingt-huit ans
Mme Jenny Colon est morte à 23 ans
Mme Sontag est morte à 49 ans
Mmo Favart est morte à 45 ans
M116 Philis est morte à peine âgée de BjO
ans;
M110 Huberty est morte à 50 ans.
Toutefois, il est des cantatrices qui ont
survécu à leurs succès
Mme pasta est morte tout récemment à
l'âge de 67 ans, dans sa magnifique'villa du
lac de Çôme
Bimo Damoreau-Cinti est morte à 62 ans;
M"18 Boulanger est morte à 60 ans;
Mme Branchu arriva à une grande vieil-
lesse
La célèbre Mm° Dugazon est morte à Pa-
ris en 1 821 à l'âge de 66 ans.
Mmo Catalani est morte octogénaire, et la
fameuse Sophie Arnould, quand elle expira
dans la chambre même où avait été assas-
siné l'amiral Coligny, et la même année que
jjmes Clairon et Duchesnois, avait dépassé
cinquante-neuf ans.
Il résulte néanmoins de ces chiffres que le
théâtre est un dévorant, et que le feu prend,
vite aux robes de pourpre et d'or des prin-
cesses de la rampe.
La littérature a aussi ses victimes voici
que dans nos rangs tombe un vaillant, un
bel esprit, un causeur charmant.
On annonce la mort de M.Alfred Delvaù,
qui était, à dix-huit ans, secrétaire particu-
lier de M. Ledru-Rollin.
Il a écrit Y Histoire de Garibaldi, les Cy-
thères parisiennes, l'Histoire de la Révolution
de Février, le Dessous de Paris, et tout ré-
cemment les Lions du jour.-
Pendant quelques semaines il apostro-
pha le lecteur sous le pseudonyme de Ju-
nius, qu'il avait pris à l'ancien Figaro mais
ce n'était pas un masque acheté à la Cour-
tous les soirs, et mademoiselle le reçoit bien. Il
a lfair ravi.
Ces assurances, qui renversaient toutes les
idées de Prosper, le transportèrent de colère.
Le pauvre garçon, qui ne comprenait rien aux
manoeuvres savantes de M. Verduret, qui se
sentait ballotté au gré de volontés inexplica-
bles, se vit tout à coup trahi, bafoué, joué.
Quoi, s'écria-t-il, ce misérable marquis
de Clameran, cet infâme voleur, cet assassin
admis familièrement chez M. Fauvel, il fait sa
cour à Madeleine Que me disiez-vous donc,
monsieur, de quelles espérances me berciez-
vous pour m'endormir?.
D'un geste impérieux M. Verduret coupa
court à ses récriminations.
As:ez, dit-il durement, en voilà assez.
Vous êtes par trop. honnête homme, à la fin,
mon camarade. Si vous êtes incapable de rien
tenxer de sérieux pour votre salut, au moins
laissez agir, saris les importuner sans cesse de
vos puérils soupçons, ceux qui travaillent pour
vous. Ne trouvez-vous pas en avoir fait assez
pour me gêner?
Cette leçon donnée, il se retourna vers Gyp-
sy, et d'un ton plus doux
-A nous deux, chère enfant, dit-il qu'a-
vez-vous appris ?
Eh! monsieur, rien de positif, malheu-
reusement, rien qui puisse vous fixer, et j'en
suis bien désolée,
tille, et dont l'ouverture donnait passage.
au Catéchisme de Vadé littéraire, mis à la
mode en ces temps. car on pouvait se
demander, souriant à ce bel esprit anony-!
me, comme on se demandait aux temps du'
Juniua anglais, qui fit sensation en 1712
Est-ce lord Sackville, Hamilton, lord Tem-
ple ou W. Bentick?. tant la raison cal-1'
malt l'ironie, tant le penseur se montrait k!
côté dé l'humoriste.
Notre fauteuil roulant, poussé par moi à
travers les événements, a été arrêté, bon
lecteur, par les cortéges funèbres. pous->
sons plus loin. voici un sujet très gai,'j
le Théâtre chinois bâti dans la vicinité dei
l'Exposition.
On y voit les danses grotesques de Ma-;
haradha et de ses en fants, on y admire un]
équilibriste javanais qui tient sur le nez;
une pyramide de verres pleins. Voici Yama-'<
dera le disloqué, et ses enfants, acrob-%
ates, Cropulos et Phr,ynée, jongleurs grecs,
Brai, clown oriental. autant d'artistes)
qui nous rendent honteux' de notre pesant
teur.
On sent davantage son infériorité devant;
des citoyens semblables. qui font le saut
de carpe en courant et goûtent le vin. la;
tête en bas.
Eux seuls savent se moucher du pied.
Par exemple, MIl0S Ya-Naï et Ya-Tchoé ne;
le pourraient pas, leurs orteils sont trop pe-'
tits.
Il faut absolument aller voir ces Chinoi-j
ses si mignonnes. que les enfants de-
mandent à les emporter.
Si j'étais riche, je les achèterais pour,
garnir mon étagère, à la place des hideux
magots de porcelaine dont on nous vante lai
prétendue originalité.
Nous avons déjà la femme souveraine en'
Occident, la femme esclave en Orient, nous
aurions aussi la femme curiosité de'
par la fraternité des deux parties du monde.
Poussons, pour voir vingt choses à la
fois, notre fauteuil roulant dans toutes les
directions.
Voici la terrasse du jardin de l'Exposi-,
tion, où l'on vous sert du thé à la façon de,
Canton, la feuille d'abord, l'eau chaude*
ensuite, la soucoupe couvrant le tout. pour
favoriser l'infusion.
Voici à quelques pas le Théâtre-Interna-
tional, qui va s'ouvrir sous peu avec sa'
troupe d'artistes polyglottes.
Voici encore la salle Suffren, où se don-
neront les concerts du soir.
Si vous voulez de la musique de jour,'
vous en trouverez à la section des instru-
ments..
Cependant, mon enfant, vous m'annonciez
un événement grave.
Mme Gypsy eut un geste découragé
-C'est-à-dire, monsieur, reprit-elle, que je,,
soupçonne; que je devine quelque chose. Quoi?'
Je ne saarais le dire ni l'exprimer clairoment.
Peut-être n'est-ce qu'un ridicule pressenti-1
ment qui me monstre tout sous un aspect ex-
traordinaire. Il me semble que le malheur est,
sur la maison, que nous touchons à la calas- j
trophe. Impossible de rien tirer de Mme Fau-
vel, désormais, elle est comme un corps sans
àme; je jurerais d'ailleurs qu'elle se défie de sa'
nièce, qu'elle se cache d'elle.
Et M. Fauvel?
J'allais vous en parler, monsieur. Il lui
est arrivé un malheur, j'en mettrais la main au;
feu. Depuis hier, il n'est plus le même homme.'
Il va, il vient, il ne tient pas en place, on di-[
rait un fou. Sa voix est tout altérée, si changée-
que mademoiselle s'en est aperçue et me l'adit^l
et que M. Lucien, lui aussi, l'a remarqué. Mon-j
sieur, que j'ai vu si bon, si'indulgent, est de-,
venu brusque, irritable, nerveux. Il a l'air de-
quelqu'un qui est près d'éclater et qui se con-:
tient. Enfin, ses yeux, que j'ai bien observés,!
ont une expression étrange, indéfinissable, et'
qui devient terrible quand il regarde madame.
Hier soir, dès que M. de Clameran est arrivé,!
monsieur est sorti brusquement en dlsant qu'il
avatyà travaillerâ
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SIX MOIS. A 9 FK.
|; UN AN. is FK.
UN NIJMÉRO 5 /CENTIMES
Cinquième Année
Mardi 7 mai 1867
Tirage de Petit Journal:
.LUNDI 6 MAI
LE LECTEUR. EN FAUTEUIL ROULANT L.
II existe, à l'Exposition Universelle, de
petites voitures dans lesquelles on s'établit
et à l'aide desquelles on transporte, le visi-
teur afin qu'il puisse examiner, sans fati-
gues, les merveilles du gigantesque palais.
Ce sont des fauteuils roulants, rembour-
rés, couverts de cuir, fixés sur trois roues,
la roue de devant restant mobile ei tous
sebs, afin de pouvoir tourner. le fauteuil-
carrosse dans.toutes les' directions.
Les fauteuils roulants, dans lesquels le
visiteur indolent s'installe, sont poussés par
les hommes en uniforme, pantalon couleur
perle, blouse à parements rouges, casquet-
ies passementées.
Je veux aujourd'hui faire pour mon public
îe que les fauteuils roulants du Champ-
le^Mars font pour les touristes.
Je vais essayer de le transporter, sans
qu'il éprouve de lassitude, dans tous les
lieux où il s'èst produit, cette semaine,
quelque événement nouveau.
Le chroniqueur n'est pas autre chose pour
ion lecteur que cet honnête pousseur de vé-
hicule, amenant son client sur tous les
Doints remarquables, sans déoenses, dan-
gers ni secousses.
Si nous étions Allemands, cher lecteur,
nous nous arrêterions d'abord sur le calen-
trier.
C'est aujourd'hui, 6 mai, qu'un grand
!avant d'outre-Rhin, dont les parents fu-
ent ministres de Prusse avant le tapageur
4. de Bismark. a rendu son âme à Dieu.
C'était un professeur aimable, que celui
qui se nommait le baron de Humboldt.
Il a agrandi le cercle des sciences exac-
les; il était maître en physique, en chi-
mie, en géologie, en géographie, en bota-
nique.
Il à résidé à Paris de à 1843, lié de
par son titre de conseillerprivé à nos diplo-
mates et de par son titre d'académicien à
ios érudits.
II est mort en et a laissé des
ouvrages précieux bien qu'il ait toute sa vie
ravaiïlé. pour le roi de Prusse.
Ce voyageur intrépide, qui avait visité le
Mexique bien avant nous, me remet en mé-
moire un autre voyageur dont j'ai écrit ici
FEUILLETON DU 7 MAI 4867
LE DOSSIER ? 113
Le Dénoûment
Suite-
Pauvre Nina Chacun des jours écoulés de-
puis qu'elle était entrée au service de Madb-
leine avait pesé autant qu'une année sur sa tête
charmante.
Les larmes avaient-éteint la flamme amoureu-
se de ses grands ,yeux noirs; ses joues fraîches
avaient pâli et s'étaient creusées, le so'nire
s'était glacé-sar ses lèvres jadis si provocantes
et -plus rouges-quela greBacte entr'ôoyerte.
Pauvre Gypsyl -EU^si vive autrefois, si gaie,
si remuante, elle était paintenanl affaissée sous
le poids decïfasrins trop lourds pour elle. A-
près avoir eu toutes lès insolences du bonheur,
elle était humble comme-la misère.
Prosper s'imaginait que, folle de la joie de le
revoir, toute fière de s'être si noblement dé-
7
1 histoire véridique, j'ai nommé l'intrépide |
du loup de mer qui fit trembler les
Anglais et les Hollandais réunis. n'est pas.
encore éteinte.
Ce sang valeureux n'est-pas tari, car voi-
ci la lettre que je reçois à l'instant.
f A Monsieur Timothée Trimm.
Carvin (Pas-de-Calais), le 28 avril i867.
Monsieur,
Permettez à une petite-nièce de Jean Bart de
vous exprimer en son nom, comme au nom de
sa sœur, l'impression que nous a faite votre
article sur le héros dunkerquois.
Le Petit Journal vient me trouver chaque
jour dans mon modeste 'bureau de poste de Car-
vin.
Votre article du 27 avril nous a causé, à ma
sœur et à moi, plus qu'une douce émotion, une
recrudescence de fierté pour le nom que nous
portons.
Un autre; portant ce nom, vous eût mieux re-
mercié, monsieur, il l'eût rendu glorieux.
Jean-Pierre Bart, notre frère, lieutenant de
vaisseau, pendant une expédition à l'île Mnyotte,
en 1843, a été arrêté, par une mort prématu-
rée, dans sa carrière brillamment commencée.
C'était le dénier représentant, le dernier es-
poir d'un nom, bien lourd, bien stérile, hélas 1
aujourd'hui pour deux femmes.
Je ne veux pas transformer cette lettre en
une série de notes inédites sur notre famille.
Mais vous avez ravivé le souvenir de notre pau-
vre frère. nous venons simplement, ma soeur
et moi, vous dire Merci! 1
Vous recevez souvent, monsieur, des lettres
semblables à celle-ci vous devez votre répu^
tation, votre popularité, moins peut-être à votre
talent d'écrivain qu'à votré faculté toute spé-
ciale de vous faire comprendre de tous, moins
à votre esprit qu'à votre coeur.
Votre plume soutient, relève tout ce qui est
grand, bon et beau; les gens d'esprit et les
gens de cœur vous aiment.
Nous faisons, nous, comme les gens de
cœur.
Veuillez recevoir, etc.
ELISA JEAN BART.
P. S. A mon aînée, revenait le droit de vous
remercier permettez-moi, monsieur, quelques
lignes de post-scriptum.
Je me joins à ma sœur pour tout ce que sa
lettre exprime de reconnaissance.
Parler de Jean Bart, c'est toucher à.la fois le
cœur et l'orgueil des Dunkerquois.
Merci pour nous et pour eux, monsieur, et
recevez l'assurance de mes sentiments affec-
tueux,
MÉLAME TAVERNE DE TERSUD,
Née JEAN.BART.
Vous éprouverez comme moi, mon cher
lecteur, une respectueuse sympathie pour
ces deux descendantes du plus illustre de
nos hommes de mer. Leur nom commande
amitié et dévouement.
Après nous être arrêtes avec déférence
vouée pour lui, Nina allait se jeter à son cou et
l'étreindre entre ses bras. Il se trompait et,
bien que tout entier à Madeleine depuis qu'il
,connaissait les raisons de sa dureté, cette dé-
ception l'affecta.
C'est à peine si Mme Gypsy eut l'air de le re-
conaaître. Elle le salua timidement, presque,
comme un étranger.
Toute son attention se 'concentrait sur M.
Verduret. Les regards qu'elle attachait sur lui
avaient cette timidité craintive et aimante du
pauvre animal souvent rudoyé par son maître.
Lui, cependant, se montrait excellent pour
elle, paternel, affectueux.
Eh bien, chère enfant, lui demanda-t-il
de sa bonne voix, quels renseignements m'ap-
portez-vous ?
Il doit y avoir du nouveau à la maison,
monsieur, et j'avais hâte de vous prévenir,
,mais j'étais retenue par mon service, et il a
fallu que Mlle Madeleine prît' la peine de me
trouver un prétexte de sortir.
Vous remercierez mademoiselle Madeleine
de sa confiarce, reprit le gros bomme; en at- j
tendant que je lui exprime moi-même toute ma
reconnaissance. J'imagine que, pour le reste,
elle est fidèle à nos conventions ?
Oui, monsieur.
On reçoit le marquis de Clameran ?
Depuis que le mariage est arrêté, il vient
devant ces souvenirs du passé, poussons j
plus loin, cher lecteur.
L'Art a ses deuils comme laGloire voici
Mme Persiani, la célèbre mezzo soprano de
notre ancien Opéra-Italien, qui vient de
s'éteindre dans sa petite maison deNeuilly.
Elle était fille de Tachinardi, le ténor.
Elle avait été surtout applaudie à Paris
dans la Lucia de Donizetti elle faisait
partie de cette troupe formidable que M.
Bagier ne retrouvera jamais, et qui se com-
posait, avec l'illustre défunte, de Rubini,
Tamburini, Lablache, Ivanoff, et de Mm6S
Grisi et Albertazzi.
Mme Peraiani, née en 4818, n'avait que
quarante-neuf ans.
A ce propos, il n'est pas inutile de dire
que plus d'une grande artiste moderne s'est
int la fleur de l'âge.
Mm° Malibran est morte le même jour et
au même âge que Bellini à vingt-huit ans
Mme Jenny Colon est morte à 23 ans
Mme Sontag est morte à 49 ans
Mmo Favart est morte à 45 ans
M116 Philis est morte à peine âgée de BjO
ans;
M110 Huberty est morte à 50 ans.
Toutefois, il est des cantatrices qui ont
survécu à leurs succès
Mme pasta est morte tout récemment à
l'âge de 67 ans, dans sa magnifique'villa du
lac de Çôme
Bimo Damoreau-Cinti est morte à 62 ans;
M"18 Boulanger est morte à 60 ans;
Mme Branchu arriva à une grande vieil-
lesse
La célèbre Mm° Dugazon est morte à Pa-
ris en 1 821 à l'âge de 66 ans.
Mmo Catalani est morte octogénaire, et la
fameuse Sophie Arnould, quand elle expira
dans la chambre même où avait été assas-
siné l'amiral Coligny, et la même année que
jjmes Clairon et Duchesnois, avait dépassé
cinquante-neuf ans.
Il résulte néanmoins de ces chiffres que le
théâtre est un dévorant, et que le feu prend,
vite aux robes de pourpre et d'or des prin-
cesses de la rampe.
La littérature a aussi ses victimes voici
que dans nos rangs tombe un vaillant, un
bel esprit, un causeur charmant.
On annonce la mort de M.Alfred Delvaù,
qui était, à dix-huit ans, secrétaire particu-
lier de M. Ledru-Rollin.
Il a écrit Y Histoire de Garibaldi, les Cy-
thères parisiennes, l'Histoire de la Révolution
de Février, le Dessous de Paris, et tout ré-
cemment les Lions du jour.-
Pendant quelques semaines il apostro-
pha le lecteur sous le pseudonyme de Ju-
nius, qu'il avait pris à l'ancien Figaro mais
ce n'était pas un masque acheté à la Cour-
tous les soirs, et mademoiselle le reçoit bien. Il
a lfair ravi.
Ces assurances, qui renversaient toutes les
idées de Prosper, le transportèrent de colère.
Le pauvre garçon, qui ne comprenait rien aux
manoeuvres savantes de M. Verduret, qui se
sentait ballotté au gré de volontés inexplica-
bles, se vit tout à coup trahi, bafoué, joué.
Quoi, s'écria-t-il, ce misérable marquis
de Clameran, cet infâme voleur, cet assassin
admis familièrement chez M. Fauvel, il fait sa
cour à Madeleine Que me disiez-vous donc,
monsieur, de quelles espérances me berciez-
vous pour m'endormir?.
D'un geste impérieux M. Verduret coupa
court à ses récriminations.
As:ez, dit-il durement, en voilà assez.
Vous êtes par trop. honnête homme, à la fin,
mon camarade. Si vous êtes incapable de rien
tenxer de sérieux pour votre salut, au moins
laissez agir, saris les importuner sans cesse de
vos puérils soupçons, ceux qui travaillent pour
vous. Ne trouvez-vous pas en avoir fait assez
pour me gêner?
Cette leçon donnée, il se retourna vers Gyp-
sy, et d'un ton plus doux
-A nous deux, chère enfant, dit-il qu'a-
vez-vous appris ?
Eh! monsieur, rien de positif, malheu-
reusement, rien qui puisse vous fixer, et j'en
suis bien désolée,
tille, et dont l'ouverture donnait passage.
au Catéchisme de Vadé littéraire, mis à la
mode en ces temps. car on pouvait se
demander, souriant à ce bel esprit anony-!
me, comme on se demandait aux temps du'
Juniua anglais, qui fit sensation en 1712
Est-ce lord Sackville, Hamilton, lord Tem-
ple ou W. Bentick?. tant la raison cal-1'
malt l'ironie, tant le penseur se montrait k!
côté dé l'humoriste.
Notre fauteuil roulant, poussé par moi à
travers les événements, a été arrêté, bon
lecteur, par les cortéges funèbres. pous->
sons plus loin. voici un sujet très gai,'j
le Théâtre chinois bâti dans la vicinité dei
l'Exposition.
On y voit les danses grotesques de Ma-;
haradha et de ses en fants, on y admire un]
équilibriste javanais qui tient sur le nez;
une pyramide de verres pleins. Voici Yama-'<
dera le disloqué, et ses enfants, acrob-%
ates, Cropulos et Phr,ynée, jongleurs grecs,
Brai, clown oriental. autant d'artistes)
qui nous rendent honteux' de notre pesant
teur.
On sent davantage son infériorité devant;
des citoyens semblables. qui font le saut
de carpe en courant et goûtent le vin. la;
tête en bas.
Eux seuls savent se moucher du pied.
Par exemple, MIl0S Ya-Naï et Ya-Tchoé ne;
le pourraient pas, leurs orteils sont trop pe-'
tits.
Il faut absolument aller voir ces Chinoi-j
ses si mignonnes. que les enfants de-
mandent à les emporter.
Si j'étais riche, je les achèterais pour,
garnir mon étagère, à la place des hideux
magots de porcelaine dont on nous vante lai
prétendue originalité.
Nous avons déjà la femme souveraine en'
Occident, la femme esclave en Orient, nous
aurions aussi la femme curiosité de'
par la fraternité des deux parties du monde.
Poussons, pour voir vingt choses à la
fois, notre fauteuil roulant dans toutes les
directions.
Voici la terrasse du jardin de l'Exposi-,
tion, où l'on vous sert du thé à la façon de,
Canton, la feuille d'abord, l'eau chaude*
ensuite, la soucoupe couvrant le tout. pour
favoriser l'infusion.
Voici à quelques pas le Théâtre-Interna-
tional, qui va s'ouvrir sous peu avec sa'
troupe d'artistes polyglottes.
Voici encore la salle Suffren, où se don-
neront les concerts du soir.
Si vous voulez de la musique de jour,'
vous en trouverez à la section des instru-
ments..
Cependant, mon enfant, vous m'annonciez
un événement grave.
Mme Gypsy eut un geste découragé
-C'est-à-dire, monsieur, reprit-elle, que je,,
soupçonne; que je devine quelque chose. Quoi?'
Je ne saarais le dire ni l'exprimer clairoment.
Peut-être n'est-ce qu'un ridicule pressenti-1
ment qui me monstre tout sous un aspect ex-
traordinaire. Il me semble que le malheur est,
sur la maison, que nous touchons à la calas- j
trophe. Impossible de rien tirer de Mme Fau-
vel, désormais, elle est comme un corps sans
àme; je jurerais d'ailleurs qu'elle se défie de sa'
nièce, qu'elle se cache d'elle.
Et M. Fauvel?
J'allais vous en parler, monsieur. Il lui
est arrivé un malheur, j'en mettrais la main au;
feu. Depuis hier, il n'est plus le même homme.'
Il va, il vient, il ne tient pas en place, on di-[
rait un fou. Sa voix est tout altérée, si changée-
que mademoiselle s'en est aperçue et me l'adit^l
et que M. Lucien, lui aussi, l'a remarqué. Mon-j
sieur, que j'ai vu si bon, si'indulgent, est de-,
venu brusque, irritable, nerveux. Il a l'air de-
quelqu'un qui est près d'éclater et qui se con-:
tient. Enfin, ses yeux, que j'ai bien observés,!
ont une expression étrange, indéfinissable, et'
qui devient terrible quand il regarde madame.
Hier soir, dès que M. de Clameran est arrivé,!
monsieur est sorti brusquement en dlsant qu'il
avatyà travaillerâ
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