Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-04-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 25 avril 1867 25 avril 1867
Description : 1867/04/25 (Numéro 1545). 1867/04/25 (Numéro 1545).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5896267
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
BuFcaux rue Hicffielien, Ha
Librairie du Petit Journal
anonnenjents Paris Abonnement» Départ.
• TROIS MOIS 5"fK. TROJS MOIS. 6FR:-
Cî«qnième Année K*
Jeudi 25 avril 1867
Tirage du Petit Journal:
MERCREDI 24 AYRÎL i 867
ROMÉO ET JULIETTE
cette se-
maine, au Théatrc, Impérial Lyrique, un
nouvel opéra eu cinq actes.
Le sujet du livrer est emprunté à un An-
glais do, ;t, 'esouvi ri.ï était fôié hier parla
Graude-Breiagne tout entière.
L'ouvrage mis en Musique, s'appelle Ro-
méo et Juliette. ̃ •
Son auteur, mort le même jour que Mi-
chel Cervantes, oVst'à-djre te 23 avril
n'était pas dénué de monte. il se nom-
màit William Shakespeare.
Le musicien qui a écrit F&jst a Iedroit
d'espérer un grand succès.
Les bruits de la répétition générale font
présager un chef-d'oeuvre.
Pendant un an, nousverrbns donc affiché
dans toutes les rues, sur tous les murs, aux.
quatrièmes pages de tous les. journaux, à la
première colonne de tous les programmée
de spectacles ee ti tre. liomèo et Juliette.
Les les très, les amateurs de musique, la
clientèle ordinaire de M. Carvalho, se sou-
viendront du sujet déjà mis en nmsique
sous le titre dl Capideti Montaiou, par
Bellini.
Mais la plus grande partie des passants
ignorera absolument ce que ce titre veut
dire.
J'ai demandé ce matin mon épicier
Counaissez-vous Roméo ?
Monsieur, m'a-t-il répondu, nous n'a-
vons personne de oenomlàdansnolrerue.
J'ai demandé à un concierge qui a des
prétentions littéraires
Connaissez-vous- Juliette?
Il m'a répondu avec autorité
Monsieur sait bien que nous ne louons
pas. aux femmes dans la maison.
Je suis donc certain d avoir pour moi l'ho-
oorable et savant ministre de l'instruction
publiqu", S. Exc. Al.-Du.ruy, dans- l'affirma-
tion qui va suiv-re.
Saus .autre à l'Université, sans usurper
les principes d'enseignement scolaire con-
férés par les diplômes, sans prendre une
chaire d'assaut. ou se coiffer illégalement
d'un bonnet de docteur, il est bon de semer
dans les musses les grands exemples-litté-
raires.
FEUILLETON DU 25 AVRIL 4867
LE";DOSSIE.SV.N* 113
XIX
̃ –Suite
Le jour vint, cependant, .où Madeleine et sa
taule se trouvaient àuisi dénuées de tout l'une
jue l'autre.
La veille, M"-° Fauve! avait eu quelques per-
sonnes à dîner, et c'est à gnmd'p'eine qu'elle a-
vait pu donner au cuisinier l'argent nécessaire
a ctj taii-is chats qu'il était allé faire a Paris.
Haoui si; présenta ce juur-là. Jamais à ce
iiu'd .prétendit, il ne&'éiau trouvé dans un em-
barras si grand¡ il lui fallait absolument deux
mille f. ancs.
On eut beau lui exp.ifluer la situation, le
conjtirei- d'attendre, il. ne voulut. rienentendre,
il iul'.e:r,ible, impitoyable.
Mais je n'f«i plus rit-n malheureux, repé-
tait M"?auvei désespérée, plus rieuau mon-
de tM tf»?HS iout pris.. Il ue me re te que mes
Chacun devrait- connaître, sur le bout du,
doigt, les sujets chantés par les poètes, et j
qui ont traversé les siècles, résistant au
temps,par la force de leur éclatante beauté.
L'ouvrier le moins instruit, le csmpa-
gn&rdJe plus ignorant devraient connaître !a
Mignon, de Gœihe; les trigmtds, de Schil-
ler la Divine Comédie, du Dante; les Jlora-
ces et ie CiA,û& Corneille; YBemani, de Vic-
L'Odyssée d'Homère est une histoire
meneilleuse, qu'on pourrait raconter à la
.multitude comme on aoalys6 une féerie de
M.'Dennery. ̃
Et c'est surtout à une feuille qui compte
un million de lecteurs. qu'il appartient de
faire servir sa publicité à la propagation, en
,tous lieux des grands récits recueillis par la
postérité.
Il lài convient de mettre a la portée de
tout le monde les héroïques épopées et les
douces liistoircs"qui sont devenues des re-
liques littéraires.
il n'est pas mauvais de faire entrer Sha-
kespeare et Goldsmith, Gœthe, Kotzebue et
Schiller, Lope de Vega et Manaoni, dans
l'atelier du ^travailleur et dans la chaumière
du paysan
Hélas ces analyses des chefs-d'oeuvre
impérissables perdront une grande partie
de leur éclat à cette réduction forcée du
compte-rendu. <'
Mais il restera encore une partie de leurs
beautés. dans les colonnes de ce journal.
La rosé desséchée conservéa dévotement
dans un livre. garde toujours, malgré ses
couleurs ternies et sa forme disparue, une
partie de son arôme.
Je veux donc raconter aujourd'hui cette
sentimentale histoire de Roméo et Juliette,
telle que ^bakespeore la conçut.
Il existait vers 1303, à Vérone, deux ra-
ce* ennemies.
L'âne s'appelait les Capulet; c'était une
famille giberne dont on voyait encore la
maison à Vérone, il y a quelques années.
L'autre était distinguée sous le nom des
Montaigu.
Leur haine était de longue date et allait
s'augmentant avec les années.
Ceèt ile ce ressentiment héréditaire que
le grand dramaturge a tiré, en prenant le
sujet dans les histoires véridiques du domi-
nicain Bandel, la pièce immortelle que je
vais essayer d'analyser.
L'action commence dans une rue de Vé-
rone, deux va'ets des Capulet sont accostés
par deux valets- des Montaigu, et tirent
leurs lames du fourreau.
Leurs maîtres, Benvolio et Tybalt, en
bijoux, les veux-tu? S'ils peuvent te servir,
prends-les..
Si grande que fût l'impudence du jeune ban-'
dit, il ne put s'empêcher de rougir. Il avait
honte, il.avait regret.
Il était pris de pitié pour cette femme infor-
tunéè, -qui avait été si bonne, si indulgente
pour-lui, qui tant de foislni avait prod gué ses'
maternelles caresses. Il plaigoaiu-ette matheu-
reuse jeune tiUe, noble victime d'une situation
qui. n'était pas son œuvre.
Mais il avait promis, mais il savait qu'une
main puissante arrêterait ces pauvres femmes
au-bard du précipice, mais il voyait la fortune,
une grande fortune, au bout de toutes ces infa-
mies, qu'il fie promettait d'silleuis de racheter
plus tard..
Il se raidit donc contre sou attendrissement,
et c'est d'une voix brutale 'qu'il répondit à sa
mère
Docrne j'irai au Mont-de-Piété.
Mme Fauvel lui donna un écrin renfermant
une parure de diamants. C'était le présent que
lui avait fait son n ari le jour où, examinant sa
situation, il avait reconnu qu'il possédait plus
d'un million.
Et telle était l'atroce gêne de ces deux
femmes, qu'entourait un luxe princier, dont
dix domrstiques attendaient les ordres, dont
les chevaux attelés piaffaient dans la cour;
qu' elles conjurèrent Raoui de jeurapporterquel-
voulant les séparer, se reconnaissent et- se
prennent leur tour de querelle.
Au cliquetais des lames le vieux Capulet'1
descend de son palais en robe. soutenu
par sa femme.
Quel est ce bruit ? dit le vieillard.
IIolà donnez-moi ma longue épée.
-Vous, une épée! répond la dame,
des béquilles plutôt., pour soutenir vos pas
Mon épée continue Capulet, /aperçois
le vieux Moutiiigu; il agite la sienne et la
fait siffler dans l'air pour me braver.
Il dit vrai. Voici le doyen des blon-
taiç;u qui s'avance.
Les vieillards vont se battre, comme
avant eux se sont battus les jeunes sei-
gneurs, comme se sont battus les valets des
deux maisous. Quand le prince de Vérone
arrive avec sa suite. |
Il admoneste ces forcenés qui répandent,
pour d'oiseuses querelles, le pur sang ita-
lien. et il affirme qu'à l'avenir leurs têtes
payeront la paix troublée.
ue brave lienvouo, le *iontaigu qui s est
battu contre Tybalt le Capulet, a un parent,
le sentimental Roméo, qui cache un mysté'-
rieux amour.
Il aime Juliette, la propre fille de Capulet,
le plus cruel ennemi du sa race,Juliette, qui
n'a pas, au d ire même de sa nourrice, atteint
ses quatorze ans.
Un ami de la famille, le beau comte Paris;
demande sa main.
Le marinage est arrêtée quand un inconnu
se glisse à la fête desCapulets, sous le mas-
que, c'est Roméo, qui parle d'amour à Ju-
lîetîe, cette vierge dont la beauté efface
l'éclatde tous les lustres, et brille sur le
frout de la nuit comme un diamant à l'o-
reille basanée d'une Ethiopienne.
roméo, preimnt la main Ele Juliette,. Si
j'ai proïaué avec mon indigne main cette
chàsse sacrée, je suis prêt à une douce pé:
nitence permettez à mes lèvres, comme
à deux pèlerins rougissantes, d'effacer ce
grossier attouchement par un tendre baiser.
JULIETTE. Boa pèlerin, vous êtes trop
sévère pour votre main qui n'a fait preù-
ve en ceci que d'une respectueuse dévotion.
Les saintes mêmes ont des mains' que
peuvent toucher les mains des pèlerins
et cette étreinte est un pieux baiser.
Juliette aime. Elle voit s'éloigv.er Roméo
à la fiu de la fète, elle apprend qu'i; est un
ennemi de sa race, et s'écrie prophétique-
ment
Nourrice) mon cercueil pourrait bien
être mon lit nuptial.
Les amants s'adorent et se disent leur
amour.
que chose de ce que lui prêterait le Mont-de-
Piéte, si peu que ce fût.
Il promit et tint parole.
Mais on lui avait montré une ressource nou-;
velle, une mine à exploiter; il en abusa.
Une h une, toutes h parures de Mm8 Fauvel
suivirent les diamants, et, ses bijoux épuisés,
ceux de Madeleine partirent.
Un procès récent, qui nous a montré unè
f mme jeune encore et charmante, exploitée,'
cinq années durant, par un vil scélérat qui s'é-
tait emparé de sa correspondance, un proues
dont la lecture fait monter le rouge au;front,
nous a appris jusqu'où peut descendre l'infamie
humaine.
Et de u 11«îs abominations ne sont pas aussi
rares qu'on le peut supposer.
Combien-ne vivent que d'un secret volé qu'ils
font « suer Il, depuis ie coucher qui arrache pé-
riodiquement dix louis à l'imprudente qu'il a
conduite à un rendez-vous, jusqu'au qredin
ganté de frais qui, ayant surpris unecombihai-
son financière, force les intéressés à acheter
C'estia ce qu'on nomme le chantage, Je plus
lâche et le plus odieux des crimes, et que la
ioi;malheureusement,ne peut que rarement at-
teindre et punir.
« Le chantage, disait un. ancien préfet de
police, est une industrie qui fait vivre, à Pa-
» ris seulement, un millier d'individus. Par-
Ils-ont un dialogue charmant dans le jar-
din de Capulet.
Ah Juliette, dit Roméo, si ta voûte du
ciel était en cette nuit enrichie île tes deux
yeux en guise d'étoiles. les oiseaux chan-
teraient. croyant saluer l'anrore.
Trois mots exicore, ehrr Roméo, et
bonne nuit, cette fois! soupir/ Jul-cfo. Si
l'intention de ton amour est h tnorablo, si
ton but estla
mr.in, par la personne qu>' je ferai par<
venir jusqu'à toi, -en quel lieu et à quel
moment tu veux accomplir la cérémonie,
et alors je déposerai à tes pieds mes destin
nées, et je te suivrai, mon soigneur, jus»
qu'au bout du monde
Un religieux, le père Laurence. est averti;
c'est devant lui que les amoureux se pros-
ternent.
Il bénit leur union.
A peine Roméo a-t-il épousé clandestine'
ment Juliette, qu'une rixe a luj-u dans le5
rues de Vérone entre les Capulets et les
Le gai Mereutio est tué par le farouehei
Tybalt; celui-ci tombe à son tour sous l'é-
pée de Roméo vengeur.
Le podestat condamne le jeune Roméo a
un bannissement perp4tuel.
Epoux proscrit, amant désolé, il va dire
nuitamment adieu à sa femme.
Veux-tu donc partir, dit Juliette, le
jour n'est pas proche encore, c'était le ros-
signol et non 1 alouette, dont la voix per-
çait ton oreille, craintive. Toutes les nutts
il change sur le là-bas. »Crois-
moi, amour, c'était le rossignol.
C'était l'alouette, répond Roméo, la
messagère du matin, -et non le rossignol.
Regarde, amour, ces lueurs ja!ouses qui
dentellent le bord des nuages l'orient
Les flambeaux de la nuit sont éteints, et le
jour joyeux se dresse sur la pointe du
pied au sommet brumeux de la montagne.;
Je dois partir et vivre ou rester et
mourir.
Il parut, et la famille de Juliette la force à
épouser le comte Paris, car Roméo, qui a
tué Tybalt, leur parent, est un monstre à
leurs yeux.
Juliette, qui résiste, va trouver le père
Laurence et lui annonce qu'elle va se tuer.
-Ecoute, dit le moine; rentre la maison,
;i e l'air gai et dis que tu consens a épouser
Paris. C'est demain mercredi Demain
soir, fais en sorte de coucher *,euie que ta
nourrice ne couche pas dans ta chambre;
une fois au lit, prends cetlfc fiole et avale
i cette liqueur qui y est distillée. Aussitôt
1 dans toutes tes veines se répandra une froi-
de et léthargique humeur le pouls suspen-
dra son mouvement naturel et cessera de
» fois, nous connaissons le «maître chanteur »,
«nous connaissons la victime, et cependant,
nous sommes condamnés à i'inac!ion..Bien(
plus, s'il nous arrive d'essayer de prendre le*
» gredin en flagrant délit, la victime, dans sont
» éffrui de voir son secret divulgué, se tourn»
contre nous. »
Et c'est vrai, le chantage est une industrie.
C'est celle bien souvent de ces drôles odieux,
qu'on veit oisifs, qui,sans qu'on leur connaisse
un sou de revenu, dépensent beaucoup d'ar-
gent, et dont on dit:
-De quoi vivent-ils?
C'est que les victimes ignorent combien il est
aisé de se débarrasser de leurs tyrans. La po-
elle aussi, sait lorsqu'il le faut garder les:.
secrets, Uriv visite rue de une con-;
fidence à un cÎKf de bureau aussi discret qu'un
confessionnal, et le tour est fail, saus bruit^
sans éclat, .ans que rien en transpire. Il y a
des traquenards à « maîtres 'chanteurs ».
l'Il'110 Fauvel pour se défendre des miséraËles(
qui s'acharnaient après elle, n'avait que ses'
prières et ses larmes c'était peu.
Seulement, ces révoltants extorsions ame-J
naient parfois de telles crises,, que Raoul éma,'
bouleversé, était pris, pour lui-même, d'hor-<
reur et de dégoût.
plusieurs fois déjà, il était aHé trnuver son
oncle pour lui déclarer qu'il ne se sentit plud
le coumgude continuer cet odieux métier
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• TROIS MOIS 5"fK. TROJS MOIS. 6FR:-
Cî«qnième Année K*
Jeudi 25 avril 1867
Tirage du Petit Journal:
MERCREDI 24 AYRÎL i 867
ROMÉO ET JULIETTE
cette se-
maine, au Théatrc, Impérial Lyrique, un
nouvel opéra eu cinq actes.
Le sujet du livrer est emprunté à un An-
glais do, ;t, 'esouvi ri.ï était fôié hier parla
Graude-Breiagne tout entière.
L'ouvrage mis en Musique, s'appelle Ro-
méo et Juliette. ̃ •
Son auteur, mort le même jour que Mi-
chel Cervantes, oVst'à-djre te 23 avril
n'était pas dénué de monte. il se nom-
màit William Shakespeare.
Le musicien qui a écrit F&jst a Iedroit
d'espérer un grand succès.
Les bruits de la répétition générale font
présager un chef-d'oeuvre.
Pendant un an, nousverrbns donc affiché
dans toutes les rues, sur tous les murs, aux.
quatrièmes pages de tous les. journaux, à la
première colonne de tous les programmée
de spectacles ee ti tre. liomèo et Juliette.
Les les très, les amateurs de musique, la
clientèle ordinaire de M. Carvalho, se sou-
viendront du sujet déjà mis en nmsique
sous le titre dl Capideti Montaiou, par
Bellini.
Mais la plus grande partie des passants
ignorera absolument ce que ce titre veut
dire.
J'ai demandé ce matin mon épicier
Counaissez-vous Roméo ?
Monsieur, m'a-t-il répondu, nous n'a-
vons personne de oenomlàdansnolrerue.
J'ai demandé à un concierge qui a des
prétentions littéraires
Connaissez-vous- Juliette?
Il m'a répondu avec autorité
Monsieur sait bien que nous ne louons
pas. aux femmes dans la maison.
Je suis donc certain d avoir pour moi l'ho-
oorable et savant ministre de l'instruction
publiqu", S. Exc. Al.-Du.ruy, dans- l'affirma-
tion qui va suiv-re.
Saus .autre à l'Université, sans usurper
les principes d'enseignement scolaire con-
férés par les diplômes, sans prendre une
chaire d'assaut. ou se coiffer illégalement
d'un bonnet de docteur, il est bon de semer
dans les musses les grands exemples-litté-
raires.
FEUILLETON DU 25 AVRIL 4867
LE";DOSSIE.SV.N* 113
XIX
̃ –Suite
Le jour vint, cependant, .où Madeleine et sa
taule se trouvaient àuisi dénuées de tout l'une
jue l'autre.
La veille, M"-° Fauve! avait eu quelques per-
sonnes à dîner, et c'est à gnmd'p'eine qu'elle a-
vait pu donner au cuisinier l'argent nécessaire
a ctj taii-is chats qu'il était allé faire a Paris.
Haoui si; présenta ce juur-là. Jamais à ce
iiu'd .prétendit, il ne&'éiau trouvé dans un em-
barras si grand¡ il lui fallait absolument deux
mille f. ancs.
On eut beau lui exp.ifluer la situation, le
conjtirei- d'attendre, il. ne voulut. rienentendre,
il iul'.e:r,ible, impitoyable.
Mais je n'f«i plus rit-n malheureux, repé-
tait M"?auvei désespérée, plus rieuau mon-
de tM tf»?HS iout pris.. Il ue me re te que mes
Chacun devrait- connaître, sur le bout du,
doigt, les sujets chantés par les poètes, et j
qui ont traversé les siècles, résistant au
temps,par la force de leur éclatante beauté.
L'ouvrier le moins instruit, le csmpa-
gn&rdJe plus ignorant devraient connaître !a
Mignon, de Gœihe; les trigmtds, de Schil-
ler la Divine Comédie, du Dante; les Jlora-
ces et ie CiA,û& Corneille; YBemani, de Vic-
L'Odyssée d'Homère est une histoire
meneilleuse, qu'on pourrait raconter à la
.multitude comme on aoalys6 une féerie de
M.'Dennery. ̃
Et c'est surtout à une feuille qui compte
un million de lecteurs. qu'il appartient de
faire servir sa publicité à la propagation, en
,tous lieux des grands récits recueillis par la
postérité.
Il lài convient de mettre a la portée de
tout le monde les héroïques épopées et les
douces liistoircs"qui sont devenues des re-
liques littéraires.
il n'est pas mauvais de faire entrer Sha-
kespeare et Goldsmith, Gœthe, Kotzebue et
Schiller, Lope de Vega et Manaoni, dans
l'atelier du ^travailleur et dans la chaumière
du paysan
Hélas ces analyses des chefs-d'oeuvre
impérissables perdront une grande partie
de leur éclat à cette réduction forcée du
compte-rendu. <'
Mais il restera encore une partie de leurs
beautés. dans les colonnes de ce journal.
La rosé desséchée conservéa dévotement
dans un livre. garde toujours, malgré ses
couleurs ternies et sa forme disparue, une
partie de son arôme.
Je veux donc raconter aujourd'hui cette
sentimentale histoire de Roméo et Juliette,
telle que ^bakespeore la conçut.
Il existait vers 1303, à Vérone, deux ra-
ce* ennemies.
L'âne s'appelait les Capulet; c'était une
famille giberne dont on voyait encore la
maison à Vérone, il y a quelques années.
L'autre était distinguée sous le nom des
Montaigu.
Leur haine était de longue date et allait
s'augmentant avec les années.
Ceèt ile ce ressentiment héréditaire que
le grand dramaturge a tiré, en prenant le
sujet dans les histoires véridiques du domi-
nicain Bandel, la pièce immortelle que je
vais essayer d'analyser.
L'action commence dans une rue de Vé-
rone, deux va'ets des Capulet sont accostés
par deux valets- des Montaigu, et tirent
leurs lames du fourreau.
Leurs maîtres, Benvolio et Tybalt, en
bijoux, les veux-tu? S'ils peuvent te servir,
prends-les..
Si grande que fût l'impudence du jeune ban-'
dit, il ne put s'empêcher de rougir. Il avait
honte, il.avait regret.
Il était pris de pitié pour cette femme infor-
tunéè, -qui avait été si bonne, si indulgente
pour-lui, qui tant de foislni avait prod gué ses'
maternelles caresses. Il plaigoaiu-ette matheu-
reuse jeune tiUe, noble victime d'une situation
qui. n'était pas son œuvre.
Mais il avait promis, mais il savait qu'une
main puissante arrêterait ces pauvres femmes
au-bard du précipice, mais il voyait la fortune,
une grande fortune, au bout de toutes ces infa-
mies, qu'il fie promettait d'silleuis de racheter
plus tard..
Il se raidit donc contre sou attendrissement,
et c'est d'une voix brutale 'qu'il répondit à sa
mère
Docrne j'irai au Mont-de-Piété.
Mme Fauvel lui donna un écrin renfermant
une parure de diamants. C'était le présent que
lui avait fait son n ari le jour où, examinant sa
situation, il avait reconnu qu'il possédait plus
d'un million.
Et telle était l'atroce gêne de ces deux
femmes, qu'entourait un luxe princier, dont
dix domrstiques attendaient les ordres, dont
les chevaux attelés piaffaient dans la cour;
qu' elles conjurèrent Raoui de jeurapporterquel-
voulant les séparer, se reconnaissent et- se
prennent leur tour de querelle.
Au cliquetais des lames le vieux Capulet'1
descend de son palais en robe. soutenu
par sa femme.
Quel est ce bruit ? dit le vieillard.
IIolà donnez-moi ma longue épée.
-Vous, une épée! répond la dame,
des béquilles plutôt., pour soutenir vos pas
Mon épée continue Capulet, /aperçois
le vieux Moutiiigu; il agite la sienne et la
fait siffler dans l'air pour me braver.
Il dit vrai. Voici le doyen des blon-
taiç;u qui s'avance.
Les vieillards vont se battre, comme
avant eux se sont battus les jeunes sei-
gneurs, comme se sont battus les valets des
deux maisous. Quand le prince de Vérone
arrive avec sa suite. |
Il admoneste ces forcenés qui répandent,
pour d'oiseuses querelles, le pur sang ita-
lien. et il affirme qu'à l'avenir leurs têtes
payeront la paix troublée.
ue brave lienvouo, le *iontaigu qui s est
battu contre Tybalt le Capulet, a un parent,
le sentimental Roméo, qui cache un mysté'-
rieux amour.
Il aime Juliette, la propre fille de Capulet,
le plus cruel ennemi du sa race,Juliette, qui
n'a pas, au d ire même de sa nourrice, atteint
ses quatorze ans.
Un ami de la famille, le beau comte Paris;
demande sa main.
Le marinage est arrêtée quand un inconnu
se glisse à la fête desCapulets, sous le mas-
que, c'est Roméo, qui parle d'amour à Ju-
lîetîe, cette vierge dont la beauté efface
l'éclatde tous les lustres, et brille sur le
frout de la nuit comme un diamant à l'o-
reille basanée d'une Ethiopienne.
roméo, preimnt la main Ele Juliette,. Si
j'ai proïaué avec mon indigne main cette
chàsse sacrée, je suis prêt à une douce pé:
nitence permettez à mes lèvres, comme
à deux pèlerins rougissantes, d'effacer ce
grossier attouchement par un tendre baiser.
JULIETTE. Boa pèlerin, vous êtes trop
sévère pour votre main qui n'a fait preù-
ve en ceci que d'une respectueuse dévotion.
Les saintes mêmes ont des mains' que
peuvent toucher les mains des pèlerins
et cette étreinte est un pieux baiser.
Juliette aime. Elle voit s'éloigv.er Roméo
à la fiu de la fète, elle apprend qu'i; est un
ennemi de sa race, et s'écrie prophétique-
ment
Nourrice) mon cercueil pourrait bien
être mon lit nuptial.
Les amants s'adorent et se disent leur
amour.
que chose de ce que lui prêterait le Mont-de-
Piéte, si peu que ce fût.
Il promit et tint parole.
Mais on lui avait montré une ressource nou-;
velle, une mine à exploiter; il en abusa.
Une h une, toutes h parures de Mm8 Fauvel
suivirent les diamants, et, ses bijoux épuisés,
ceux de Madeleine partirent.
Un procès récent, qui nous a montré unè
f mme jeune encore et charmante, exploitée,'
cinq années durant, par un vil scélérat qui s'é-
tait emparé de sa correspondance, un proues
dont la lecture fait monter le rouge au;front,
nous a appris jusqu'où peut descendre l'infamie
humaine.
Et de u 11«îs abominations ne sont pas aussi
rares qu'on le peut supposer.
Combien-ne vivent que d'un secret volé qu'ils
font « suer Il, depuis ie coucher qui arrache pé-
riodiquement dix louis à l'imprudente qu'il a
conduite à un rendez-vous, jusqu'au qredin
ganté de frais qui, ayant surpris unecombihai-
son financière, force les intéressés à acheter
C'estia ce qu'on nomme le chantage, Je plus
lâche et le plus odieux des crimes, et que la
ioi;malheureusement,ne peut que rarement at-
teindre et punir.
« Le chantage, disait un. ancien préfet de
police, est une industrie qui fait vivre, à Pa-
» ris seulement, un millier d'individus. Par-
Ils-ont un dialogue charmant dans le jar-
din de Capulet.
Ah Juliette, dit Roméo, si ta voûte du
ciel était en cette nuit enrichie île tes deux
yeux en guise d'étoiles. les oiseaux chan-
teraient. croyant saluer l'anrore.
Trois mots exicore, ehrr Roméo, et
bonne nuit, cette fois! soupir/ Jul-cfo. Si
l'intention de ton amour est h tnorablo, si
ton but estla
mr.in, par la personne qu>' je ferai par<
venir jusqu'à toi, -en quel lieu et à quel
moment tu veux accomplir la cérémonie,
et alors je déposerai à tes pieds mes destin
nées, et je te suivrai, mon soigneur, jus»
qu'au bout du monde
Un religieux, le père Laurence. est averti;
c'est devant lui que les amoureux se pros-
ternent.
Il bénit leur union.
A peine Roméo a-t-il épousé clandestine'
ment Juliette, qu'une rixe a luj-u dans le5
rues de Vérone entre les Capulets et les
Le gai Mereutio est tué par le farouehei
Tybalt; celui-ci tombe à son tour sous l'é-
pée de Roméo vengeur.
Le podestat condamne le jeune Roméo a
un bannissement perp4tuel.
Epoux proscrit, amant désolé, il va dire
nuitamment adieu à sa femme.
Veux-tu donc partir, dit Juliette, le
jour n'est pas proche encore, c'était le ros-
signol et non 1 alouette, dont la voix per-
çait ton oreille, craintive. Toutes les nutts
il change sur le là-bas. »Crois-
moi, amour, c'était le rossignol.
C'était l'alouette, répond Roméo, la
messagère du matin, -et non le rossignol.
Regarde, amour, ces lueurs ja!ouses qui
dentellent le bord des nuages l'orient
Les flambeaux de la nuit sont éteints, et le
jour joyeux se dresse sur la pointe du
pied au sommet brumeux de la montagne.;
Je dois partir et vivre ou rester et
mourir.
Il parut, et la famille de Juliette la force à
épouser le comte Paris, car Roméo, qui a
tué Tybalt, leur parent, est un monstre à
leurs yeux.
Juliette, qui résiste, va trouver le père
Laurence et lui annonce qu'elle va se tuer.
-Ecoute, dit le moine; rentre la maison,
;i e l'air gai et dis que tu consens a épouser
Paris. C'est demain mercredi Demain
soir, fais en sorte de coucher *,euie que ta
nourrice ne couche pas dans ta chambre;
une fois au lit, prends cetlfc fiole et avale
i cette liqueur qui y est distillée. Aussitôt
1 dans toutes tes veines se répandra une froi-
de et léthargique humeur le pouls suspen-
dra son mouvement naturel et cessera de
» fois, nous connaissons le «maître chanteur »,
«nous connaissons la victime, et cependant,
nous sommes condamnés à i'inac!ion..Bien(
plus, s'il nous arrive d'essayer de prendre le*
» gredin en flagrant délit, la victime, dans sont
» éffrui de voir son secret divulgué, se tourn»
contre nous. »
Et c'est vrai, le chantage est une industrie.
C'est celle bien souvent de ces drôles odieux,
qu'on veit oisifs, qui,sans qu'on leur connaisse
un sou de revenu, dépensent beaucoup d'ar-
gent, et dont on dit:
-De quoi vivent-ils?
C'est que les victimes ignorent combien il est
aisé de se débarrasser de leurs tyrans. La po-
elle aussi, sait lorsqu'il le faut garder les:.
secrets, Uriv visite rue de une con-;
fidence à un cÎKf de bureau aussi discret qu'un
confessionnal, et le tour est fail, saus bruit^
sans éclat, .ans que rien en transpire. Il y a
des traquenards à « maîtres 'chanteurs ».
l'Il'110 Fauvel pour se défendre des miséraËles(
qui s'acharnaient après elle, n'avait que ses'
prières et ses larmes c'était peu.
Seulement, ces révoltants extorsions ame-J
naient parfois de telles crises,, que Raoul éma,'
bouleversé, était pris, pour lui-même, d'hor-<
reur et de dégoût.
plusieurs fois déjà, il était aHé trnuver son
oncle pour lui déclarer qu'il ne se sentit plud
le coumgude continuer cet odieux métier
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