Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1867-03-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 17 mars 1867 17 mars 1867
Description : 1867/03/17 (Numéro 1497). 1867/03/17 (Numéro 1497).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589587c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
Librairie de Petit Joura^
QUOTIDIÈNj
IIK JS€MÊilO .5 CENTIMES
Àbonuaraenb) Départ.'
mois mois. 6FR.-
8IX MOIS. 12FB.
UN AN Si*».
ICfnquième Année Ne
Dimanche mars
Tirage
SAMEDH6 MABS 1867
Je racontais l'autre jour comment ine,
r mine de théâtre, à laquelle il ne man&uë
que le costume grec ou romain pour -qtre
ûamille ou Phèdre, Hermione ou Gléopà^re,
avaitpopulariséia tragédieà l'Eldoradoetfait
connaître avec avantage Racine et Corneille
aux habitués des cafésconcerts.
Je constatais ce
du goût des niasses.
Et j appuyais sur cette remarque qu'en
4840 la tragédie, ressuscitée par Bâche!,
renaissait avec le suffrage des classes ajris-
tocratiques, candie qu'en 4 8G7 elle se ré-
veillait au bruit des bravospopulaires.
Il s'est promut hier (au soir, à l'Alcazar,
un fait qui vient consolider mon argumen-
tation.
Après les frères Price, qui se tiennent en
équilibre sur une main, est veria unjenne*,
homme qui jongle avec les risses.
Le tour de force de l'esprit
celui du corps
Le' gymnasiarque a eu moins de succès
que l'improvisateur..
On nomme improvisateur toat homme gui
sans préparation, sans recueillement préa-
lable, par la simple force de sa< volonté, de-
sa mémoire, de son imagination. donne
à ses auditeurs une oeuvre littéraire ver-
baie, correcte dans sa forme, claire dans
ses développements, Jogique dans ses con-
On proposa à Bossuet, qui n'avait alors
que seize ans, de dire un sermon, sans le
secours des textes saints ou même des notes
écrites.
Le jeune théologien trouva tant de res-
sources dans ses connaissances spéciales et
son imagination que son1 hoHiéli& entre inti-
oies se prolongea depuis neuf heures jus-
qu'à onze heures du soir.
Ce qui fit dire au poète Voiture qu'il n'a-
fait jamais entendu prêcher si tôt ni si
*rd.
Bossuet se livrant à seize ans aux ardeurs
f ie son génie. était seul, parmi les prédi-
îateursde ce temps, uïi improvisateur.
Il y a" évidemment deuxsortes d'improvi-
ations/celles en prose et «elles en vers.
FEUILLETON DU 17 MARS IJ367,
LE DOSSIER
(Suite)
C'est une foisebàndonné ses réflexions que
Prosper cromprit vraiment et réellement de
tpcUe utilité lui avait été l'intervention toute
puissante de M. Verduret.
Examinant le champ des investigations de ce
aivstérieux protecteur;il était surpris et comme
̃^ épouvanté de son étendue.
Que de découvertes en moins de huit jours,
et avec luelle précision, bien qu'il préten-
IL avoir fait fausse route, avec quelle sïi-
r«té, ilen'iéfait venu d'inductions en^dédHc-
ti'ucrj sinon la véçité', au moins use histoire si
raisemblablc qu'elle semblait indiscutable
Prosper devait-' bien s'avouer que, parti de
Tim, jamais il ne serait arrivéseulà<;e ré'suitat
̃ qii confondait sa raison.
Outre qu'il n'avait'ui la pénétration .surpre-
(1 ) Voir le 7 £év. a a lfi-mars.
Les improvisations eh prose compren-
nent' les «ermtms prononcés à l'Eglise les
réquisitoires, résumas, discours de rentrée
et défenses des prévenus devant les tribu-
naux– les discours des ministres, sénateurs
et -députés aux chambres, les cours, le-
.gegs et entretiens dans les Académies,
î^yséep, Ecoles et Salies de conféiîeaces.
L'irar>povisastion non versifiée a son mé-
rite MM. Berryer, Jales^avre, Thiers, Rou:
lier sont des artistes*de la parole.
Mais il semble que cela soit facile, car
chacun'peut faire, comme M. Jourdain, de
la prose sans le savoir,
La véritable improvisation, dans le ans
étendu du mot, est l'art décomposer et de
dire.des vers avec une rapidité de produc-
tion qui étonne et enchante les audi-
teurs
Les érudits prétendent qu'Homère impro-.
visa les plus beaux passages de l'Iliade.
La plupart des poètes. grecs, Tyrtée, Al-
cée, Stésichore; étaient des improvisateurs.
C'était un usage à Rome d'inviter les
.poètes aux plus pompeux repas, à la condi-
tion que leurs lèvres, mouillée&par>unvgéné-
reux Falerne, laisseraient Xoial)er au dessert
's vers inspirés.
L talie, par sa langue mélodieuse, fàvo-
Torisa l'éclosion des vers à la minute.
Pétrarque dut être un improvisateur.
Quand Bernardo Accolti, qu'on surnom-
ma l'A"élin unique, improvisait sur une pla-
ce publique, les bouOques se fermaient, le
affaires étaient interrompues, et tous,! sa-
vants et illettrés, accouraient sa voix
éloquente.
Le pape Léon X était grand amateur d'im-
provisation.
-Son bouffon Querno qui le servait à table
avait le droit de boire du vin pur dans la
tasse du pape, s'if improvisait bien, sur un
sujet donné, deux vers latins.
Si les vers étaient mauvais, il était con-
traint de mettre de l'eau dans le qu'il
affectionnait fort.
Ii ne. faut pas oublier, parmi les célèbres
improvisateurs italiens, Sihrio Antoniano..
Il était admirablement versé dans toutes
lés sciences, et les vers jaillissaient comme
par, enchantement de son cerveau brûlant.
Un soir de printemps.comme il avait com-
mencé une improvisation sous un bosquet
de fleurs, il fut interrompu. pour la pre-
mière fois.*
Ce n'était pas un audacieux malappris
qui lui coupait ainsi la parole. c'était .un
L'eiseau, attiré par le son de la voix hu-
maine, s'était placé sur une branche voisine
de l'orateur. et se mit chanter avec une
rare perfection.
nante, ni la subtilité de conception de M. Ve i"
dur et, il n'avait ni son flair ni son audace il
ne possédait pas cet art, cette science dé se faire
obéir, de se créer des agents et des complices,
de faire 'concourir un résultat commun les
événements aussi bien que les hommes.
N'ayant plus près de M cet ami de l'àdvër-
sité, il le regrettait. Il regrettait cette voix tan-
tôt rude et tantôt bienveillante qui l'encoura-
geait ou le consolait.
Il se trouvait maintenant isolé jusqu'à l'ef-
froi, n'osant pour ainsi dire ni agir ni penser
seul, plus timide que l'enfantabandonné par
sa bonne.
le bon esprit de suivre les
recommandations de son mentor, Il serenferma
obstinément au Grand-Ârchang*, ae mettant
même pas le nez à la fenêtre.
Deux fois ileut des nonvelles deJB. Vesda-
ret. La première fois: il reçut une lettre où cet
ami lui disait avoir vu. son père, lequel lui
avait donné un bon coup, de main. La seconde
fois, Dqboisi le valet de chambre de M. de Cla-
mefan,xinfc, de lapait de celui qu'il appelait
«son » annoncer que tout allait, bien
Tout allait pour, lemieux, en effet, lorsque le
neuvième Jour de sa réclusion volontaire, sur:
les dix heures du soir, Prosper eut l'idée, de
sortir. Il avait un virolent mal de tête, depuis
plusieurs nuits il dormait mal, il pensa que le,
grand air lui ferait du bien,
C'était unjponcurrent dangereux que ce
virtuose qui,qui aussi, ne consultait aucune
note écrite pour faire ses modulations et ses
trilles. 6
Silvio Antoniano en bon confrère, ne
pesta point contre l'oiseau.
Changeant habilement de sujet, il se mit,
au contraire, à faire l'éloge de sa voix, des
grâces de son chant. en vers si splendides
que les .bravos de l'assistance effrayèrent le
) cosigne! qui s'envola.
Les femmes furent souvent des improvi-
satrices il faut citer Cécile Micheli de Ve-
nise, Giovana de Santi. et une nonne, Bar-
bapa de Corregio, qui lisait en vers la Bible
que ses yeux parcouraient en prose.
Il faut citer surtout la belle inspirée que
Mm° de Staël nous a montrée sous le nom de
Corinne.
L'Italie a eu de nos jours "Sgricci, Cicco-
ni, Bendocci, Sestini et l'improvisatrice
RosaTaddei.
Parmi lés improvisateurs des autres puis-
sances, rappelons M. de Clercq,en Hollande,
et Wolf d'Altara,en Allemagne.
L'Angleterre a possédé rarement des poè-
tes improvisateurs en raison des difficultés
que présente la langue, et encore ceux-là
firent-ils des vers blancs et non des vers Ci-
més. • *•̃'̃.
L'improvisateur français le plus eonnu
Ce n'es| pas qu'il n'eût eu des prédéces-
seurs. On sait que le roi Dagobert fit pré-
sent de deux boeufs à un improvisateur heu-
reux, et que Louis XIV donna un apparte-
'ment à Dangeau, en raison de son talent
pour l'improvisation.
Pierre-JSarie-Michel-Eugèw Go&tray de
Pràdel était né à Paris en
Il improvisait non-sëùlement des bouts
des quatrains, des acrostieb.es, toute
espèces d'impromptus, mais aussi des cou-
plets, dont il trouvait à la minute les paro-
les et l'air.
Il improvisait même des tragédies
Il voyagea, comme un simple trouvère,
en France et à l'Etranger durant de longues
années.
Il mourut pauvre, malgré ses succès de
vogue et d'argent, a Bruxelles, en septem-
bre*1857.
Sauf notre charmant Méry, qui n'improvi-
sait qu'à table chez ses amis, .personne ne
s'est présenté jusqu'à ce jour comme émule
du versificateur dont je rappelle le souve-
nir.
Hier seulement un jeune homme s'est of-
fert aux regards publics:
jjino Alexandre, qui semblait avoir été mise
quelque peu dans le secret par Verduret, lui
présenta quelques objections, il n'en tint
dans ce quartier Je longerai le quai jusqu'au.
Jardin des Plantes, et cet-tes je ne rencpnlrerai
personne.
Le malheur est qu'il ne suivit pas strictement
ce programme, et qu'arrivé près de la gare du
chemin de fer d'Orléans, ayant soif, il entra
dans un café et se pt servir un yerre-oebière.
Tout en-buvant à petits coups. maenînale-
ment il prit.un journal parisien, le SoleU^et à
I'article «, ,jour, ) » sous la signature
de Jacquesf>urand, ittut
« « On annonce le mariage-,de la.nièce d'un de
» nos' plus honorables 'fioanciers, M. Aadré
» Fanvel,
» le marquis Louis-de Clameran. »
L'a foudre tombant tsur la table-, même de
.IYosper ne luLeût pointiausé une si épouvan-
table impression. t,-
Cette nouvelle ajfirénse, qui lui arrivait là, à
rent delà joie-.ou dfeia douleur, qui s'appelle/le
jourbal, lui prouvait la justesse des aK«eoia-
ilélas 1 pourquoi cettecertitude ne lui ^onha-
-elle pasia foi absolue, c'est'-a-dire le/courage,
C'est un de nos camarades, grand garçoaf
au corps grêle, au cœur, vaillant, enveleppej
longueet délicate comme ces fourreaux qui
recèlent les épées les plus finèment trem-
Il est monté comme acteur dans le cha-
riot du roman comique, en sachant s'y te<
nir grave et digne ainsi qu'un Hidalgo.
Il a écrit deux volumes de poésies qui-
contiennent des morceaux de premier or-
dre, entre'autres Maigre vertu, un chef-
d'eeuvre.
Il est venu sur cette scène de l'Alcazar
lyrique, avant un bolero et après une chan-
son comique, jongler avec] les rimes. et il
ne s'est pas trop enroué. je vous le jure.
entre deux airs.
Je lui ai demandé sa biographie, voici ler
billet qu'il m'envoie
Mon cher Timothée.
A seize ans, je me suis fait comédien, y ai débuté
par le rôle muet -du passant dans les Deux Aveugles,
en Depuis ce ternps, j'ai erré un peu partout,
en Atlemagne, en Belgiqué, sautant de Lille à Dax.,
J'ai trouve des éditeurs pour. deux livres dé vers,
les Vignes fotles et les Flèches d'or. Je me suis fait
siffler une comédie à"Vichy, Vers les Saules. J'ai)
un talent tout spécial pour écrire des pièces: et
perdre ensuite les inanascrits. v
Je cherche un journal ou un éditeur qui veuilla
de mes Souvenirs de Comédien. En attendant! j'ai',
rencontré un excellent homme, M. Gonbert, qui a,
bien voulu risquer la tentative d'hier. J'avais très,
peur en commençant, et le succès m'a rendu trèr
heureux. Ajoutez à cela que ma première oeuvre
fat une tragédie classique, Virginie, dont le manus-
crit fut saisi par mon maître d'école, épouvanté de
voir un enfant de neuf ans se livrer aux coupables
excès de falexandrin.
j Je vous serre la main et vous remercie.
ALBERT ÛUiTTCNY.
Le jeune héritier des rhapsodes s'est pré-
senté un peu timidement, et il a improvis4
les vers suivants, adressés aq public
De palais en châteaux, de villes eu bourgades,
Les trouvèrett-MttÉwrt jadis, la lyre en main,
Et le ciel souriait à ces folles brigades
De pinsons étourdis connus du grand chemin.
Comme les ménestrels et comme les trouvères,
Cœur épris de couleur, de musique et de son,
Je viens, si les destins ne sont pas tror sévères,
Essayer à mon tour ma petite chanson.
Ecoutez-la. Sans doute, hélas la poésie
Au grand souffle, la muse éclatante sourit,
Elle qui du festin des dieux se rassasie
En voyant ce frivole et simple jeu d'esprit.
Mais, écartant, elle sait quec'est pour l'amour d'elle
Que j'arrive aujourd'hui, troubadour en retard,
Saisir au vol la rime aux ailes d'hirondelles
Et m'élancer dans-l'air ainsi que Léotard.
puisqu'elle est sans colère et que ceci l'amuse
De voir suivre l'idée'aux mille aspects changeants.
Ne soyez pas, Messieurs, plus cruels que la Muse;
Pour l'amour d'elle aussi montrez-vous indulgents.
Egaré par la douleur, perdant la tête, il vil
déjà Madeleine indissolublement liéeàce misé-
râblé, il se dit que M. Yerduret arriverait
peut-être trop tard, et qu'à tout prix il fallait
créer un obstacle.
Il demanda au garçon une plume et du pa-,
pier, ei oubliant qu'il n'est pas de situation qui
excuse cette lâcheté abominable qui s'appelle--
tme lettre anonyme, déguisant son écriture de;
son mieux U»écriv4t à son ancien patron
a Cher-monsieur,
Vo«s«av«s>UvTé à la justice votre caissier,;
vous avez bien fait, puisque vous êtes certain
qu'il a-été infidèle.
» Mais si c'est lui qui a pris à votre caisse-
SSO^OCO francs, est-ce aussi lui qui a volé les:
diamants de Mm6 Fauvel pour les porter au*
monMe^riéte, m ils-sonl actuellement?
».A votrepteoej prévenu comme Vous l^tes,
je ne ferais pas d'esclandre. Je surveillerais,
ma femme, et je découvrirais-qu'il faut toujours,
Se défier des petits-cousins.
» De plus, avant de signer le-conteat de M"
Madeleine, je passerais à la préfectu?e>de poli-i
ce m'édifier sur lexiompte du nobieanarquis de.
Clamesan.
» es na/vos Amis.
s Sa lettre écrite, Prosper ae hâta de payer et
'de sortir. Pois, comme «Ul>éût craint que-isadé-
QUOTIDIÈNj
IIK JS€MÊilO .5 CENTIMES
Àbonuaraenb) Départ.'
mois mois. 6FR.-
8IX MOIS. 12FB.
UN AN Si*».
ICfnquième Année Ne
Dimanche mars
Tirage
SAMEDH6 MABS 1867
Je racontais l'autre jour comment ine,
r mine de théâtre, à laquelle il ne man&uë
que le costume grec ou romain pour -qtre
ûamille ou Phèdre, Hermione ou Gléopà^re,
avaitpopulariséia tragédieà l'Eldoradoetfait
connaître avec avantage Racine et Corneille
aux habitués des cafésconcerts.
Je constatais ce
du goût des niasses.
Et j appuyais sur cette remarque qu'en
4840 la tragédie, ressuscitée par Bâche!,
renaissait avec le suffrage des classes ajris-
tocratiques, candie qu'en 4 8G7 elle se ré-
veillait au bruit des bravospopulaires.
Il s'est promut hier (au soir, à l'Alcazar,
un fait qui vient consolider mon argumen-
tation.
Après les frères Price, qui se tiennent en
équilibre sur une main, est veria unjenne*,
homme qui jongle avec les risses.
Le tour de force de l'esprit
celui du corps
Le' gymnasiarque a eu moins de succès
que l'improvisateur..
On nomme improvisateur toat homme gui
sans préparation, sans recueillement préa-
lable, par la simple force de sa< volonté, de-
sa mémoire, de son imagination. donne
à ses auditeurs une oeuvre littéraire ver-
baie, correcte dans sa forme, claire dans
ses développements, Jogique dans ses con-
On proposa à Bossuet, qui n'avait alors
que seize ans, de dire un sermon, sans le
secours des textes saints ou même des notes
écrites.
Le jeune théologien trouva tant de res-
sources dans ses connaissances spéciales et
son imagination que son1 hoHiéli& entre inti-
oies se prolongea depuis neuf heures jus-
qu'à onze heures du soir.
Ce qui fit dire au poète Voiture qu'il n'a-
fait jamais entendu prêcher si tôt ni si
*rd.
Bossuet se livrant à seize ans aux ardeurs
f ie son génie. était seul, parmi les prédi-
îateursde ce temps, uïi improvisateur.
Il y a" évidemment deuxsortes d'improvi-
ations/celles en prose et «elles en vers.
FEUILLETON DU 17 MARS IJ367,
LE DOSSIER
(Suite)
C'est une foisebàndonné ses réflexions que
Prosper cromprit vraiment et réellement de
tpcUe utilité lui avait été l'intervention toute
puissante de M. Verduret.
Examinant le champ des investigations de ce
aivstérieux protecteur;il était surpris et comme
̃^ épouvanté de son étendue.
Que de découvertes en moins de huit jours,
et avec luelle précision, bien qu'il préten-
IL avoir fait fausse route, avec quelle sïi-
r«té, ilen'iéfait venu d'inductions en^dédHc-
ti'ucrj sinon la véçité', au moins use histoire si
raisemblablc qu'elle semblait indiscutable
Prosper devait-' bien s'avouer que, parti de
Tim, jamais il ne serait arrivéseulà<;e ré'suitat
̃ qii confondait sa raison.
Outre qu'il n'avait'ui la pénétration .surpre-
(1 ) Voir le 7 £év. a a lfi-mars.
Les improvisations eh prose compren-
nent' les «ermtms prononcés à l'Eglise les
réquisitoires, résumas, discours de rentrée
et défenses des prévenus devant les tribu-
naux– les discours des ministres, sénateurs
et -députés aux chambres, les cours, le-
.gegs et entretiens dans les Académies,
î^yséep, Ecoles et Salies de conféiîeaces.
L'irar>povisastion non versifiée a son mé-
rite MM. Berryer, Jales^avre, Thiers, Rou:
lier sont des artistes*de la parole.
Mais il semble que cela soit facile, car
chacun'peut faire, comme M. Jourdain, de
la prose sans le savoir,
La véritable improvisation, dans le ans
étendu du mot, est l'art décomposer et de
dire.des vers avec une rapidité de produc-
tion qui étonne et enchante les audi-
teurs
Les érudits prétendent qu'Homère impro-.
visa les plus beaux passages de l'Iliade.
La plupart des poètes. grecs, Tyrtée, Al-
cée, Stésichore; étaient des improvisateurs.
C'était un usage à Rome d'inviter les
.poètes aux plus pompeux repas, à la condi-
tion que leurs lèvres, mouillée&par>unvgéné-
reux Falerne, laisseraient Xoial)er au dessert
's vers inspirés.
L talie, par sa langue mélodieuse, fàvo-
Torisa l'éclosion des vers à la minute.
Pétrarque dut être un improvisateur.
Quand Bernardo Accolti, qu'on surnom-
ma l'A"élin unique, improvisait sur une pla-
ce publique, les bouOques se fermaient, le
affaires étaient interrompues, et tous,! sa-
vants et illettrés, accouraient sa voix
éloquente.
Le pape Léon X était grand amateur d'im-
provisation.
-Son bouffon Querno qui le servait à table
avait le droit de boire du vin pur dans la
tasse du pape, s'if improvisait bien, sur un
sujet donné, deux vers latins.
Si les vers étaient mauvais, il était con-
traint de mettre de l'eau dans le qu'il
affectionnait fort.
Ii ne. faut pas oublier, parmi les célèbres
improvisateurs italiens, Sihrio Antoniano..
Il était admirablement versé dans toutes
lés sciences, et les vers jaillissaient comme
par, enchantement de son cerveau brûlant.
Un soir de printemps.comme il avait com-
mencé une improvisation sous un bosquet
de fleurs, il fut interrompu. pour la pre-
mière fois.*
Ce n'était pas un audacieux malappris
qui lui coupait ainsi la parole. c'était .un
L'eiseau, attiré par le son de la voix hu-
maine, s'était placé sur une branche voisine
de l'orateur. et se mit chanter avec une
rare perfection.
nante, ni la subtilité de conception de M. Ve i"
dur et, il n'avait ni son flair ni son audace il
ne possédait pas cet art, cette science dé se faire
obéir, de se créer des agents et des complices,
de faire 'concourir un résultat commun les
événements aussi bien que les hommes.
N'ayant plus près de M cet ami de l'àdvër-
sité, il le regrettait. Il regrettait cette voix tan-
tôt rude et tantôt bienveillante qui l'encoura-
geait ou le consolait.
Il se trouvait maintenant isolé jusqu'à l'ef-
froi, n'osant pour ainsi dire ni agir ni penser
seul, plus timide que l'enfantabandonné par
sa bonne.
le bon esprit de suivre les
recommandations de son mentor, Il serenferma
obstinément au Grand-Ârchang*, ae mettant
même pas le nez à la fenêtre.
Deux fois ileut des nonvelles deJB. Vesda-
ret. La première fois: il reçut une lettre où cet
ami lui disait avoir vu. son père, lequel lui
avait donné un bon coup, de main. La seconde
fois, Dqboisi le valet de chambre de M. de Cla-
mefan,xinfc, de lapait de celui qu'il appelait
«son » annoncer que tout allait, bien
Tout allait pour, lemieux, en effet, lorsque le
neuvième Jour de sa réclusion volontaire, sur:
les dix heures du soir, Prosper eut l'idée, de
sortir. Il avait un virolent mal de tête, depuis
plusieurs nuits il dormait mal, il pensa que le,
grand air lui ferait du bien,
C'était unjponcurrent dangereux que ce
virtuose qui,qui aussi, ne consultait aucune
note écrite pour faire ses modulations et ses
trilles. 6
Silvio Antoniano en bon confrère, ne
pesta point contre l'oiseau.
Changeant habilement de sujet, il se mit,
au contraire, à faire l'éloge de sa voix, des
grâces de son chant. en vers si splendides
que les .bravos de l'assistance effrayèrent le
) cosigne! qui s'envola.
Les femmes furent souvent des improvi-
satrices il faut citer Cécile Micheli de Ve-
nise, Giovana de Santi. et une nonne, Bar-
bapa de Corregio, qui lisait en vers la Bible
que ses yeux parcouraient en prose.
Il faut citer surtout la belle inspirée que
Mm° de Staël nous a montrée sous le nom de
Corinne.
L'Italie a eu de nos jours "Sgricci, Cicco-
ni, Bendocci, Sestini et l'improvisatrice
RosaTaddei.
Parmi lés improvisateurs des autres puis-
sances, rappelons M. de Clercq,en Hollande,
et Wolf d'Altara,en Allemagne.
L'Angleterre a possédé rarement des poè-
tes improvisateurs en raison des difficultés
que présente la langue, et encore ceux-là
firent-ils des vers blancs et non des vers Ci-
més. • *•̃'̃.
L'improvisateur français le plus eonnu
Ce n'es| pas qu'il n'eût eu des prédéces-
seurs. On sait que le roi Dagobert fit pré-
sent de deux boeufs à un improvisateur heu-
reux, et que Louis XIV donna un apparte-
'ment à Dangeau, en raison de son talent
pour l'improvisation.
Pierre-JSarie-Michel-Eugèw Go&tray de
Pràdel était né à Paris en
Il improvisait non-sëùlement des bouts
des quatrains, des acrostieb.es, toute
espèces d'impromptus, mais aussi des cou-
plets, dont il trouvait à la minute les paro-
les et l'air.
Il improvisait même des tragédies
Il voyagea, comme un simple trouvère,
en France et à l'Etranger durant de longues
années.
Il mourut pauvre, malgré ses succès de
vogue et d'argent, a Bruxelles, en septem-
bre*1857.
Sauf notre charmant Méry, qui n'improvi-
sait qu'à table chez ses amis, .personne ne
s'est présenté jusqu'à ce jour comme émule
du versificateur dont je rappelle le souve-
nir.
Hier seulement un jeune homme s'est of-
fert aux regards publics:
jjino Alexandre, qui semblait avoir été mise
quelque peu dans le secret par Verduret, lui
présenta quelques objections, il n'en tint
dans ce quartier Je longerai le quai jusqu'au.
Jardin des Plantes, et cet-tes je ne rencpnlrerai
personne.
Le malheur est qu'il ne suivit pas strictement
ce programme, et qu'arrivé près de la gare du
chemin de fer d'Orléans, ayant soif, il entra
dans un café et se pt servir un yerre-oebière.
Tout en-buvant à petits coups. maenînale-
ment il prit.un journal parisien, le SoleU^et à
I'article «, ,jour, ) » sous la signature
de Jacquesf>urand, ittut
« « On annonce le mariage-,de la.nièce d'un de
» nos' plus honorables 'fioanciers, M. Aadré
» Fanvel,
» le marquis Louis-de Clameran. »
L'a foudre tombant tsur la table-, même de
.IYosper ne luLeût pointiausé une si épouvan-
table impression. t,-
Cette nouvelle ajfirénse, qui lui arrivait là, à
rent delà joie-.ou dfeia douleur, qui s'appelle/le
jourbal, lui prouvait la justesse des aK«eoia-
ilélas 1 pourquoi cettecertitude ne lui ^onha-
-elle pasia foi absolue, c'est'-a-dire le/courage,
C'est un de nos camarades, grand garçoaf
au corps grêle, au cœur, vaillant, enveleppej
longueet délicate comme ces fourreaux qui
recèlent les épées les plus finèment trem-
Il est monté comme acteur dans le cha-
riot du roman comique, en sachant s'y te<
nir grave et digne ainsi qu'un Hidalgo.
Il a écrit deux volumes de poésies qui-
contiennent des morceaux de premier or-
dre, entre'autres Maigre vertu, un chef-
d'eeuvre.
Il est venu sur cette scène de l'Alcazar
lyrique, avant un bolero et après une chan-
son comique, jongler avec] les rimes. et il
ne s'est pas trop enroué. je vous le jure.
entre deux airs.
Je lui ai demandé sa biographie, voici ler
billet qu'il m'envoie
Mon cher Timothée.
A seize ans, je me suis fait comédien, y ai débuté
par le rôle muet -du passant dans les Deux Aveugles,
en Depuis ce ternps, j'ai erré un peu partout,
en Atlemagne, en Belgiqué, sautant de Lille à Dax.,
J'ai trouve des éditeurs pour. deux livres dé vers,
les Vignes fotles et les Flèches d'or. Je me suis fait
siffler une comédie à"Vichy, Vers les Saules. J'ai)
un talent tout spécial pour écrire des pièces: et
perdre ensuite les inanascrits. v
Je cherche un journal ou un éditeur qui veuilla
de mes Souvenirs de Comédien. En attendant! j'ai',
rencontré un excellent homme, M. Gonbert, qui a,
bien voulu risquer la tentative d'hier. J'avais très,
peur en commençant, et le succès m'a rendu trèr
heureux. Ajoutez à cela que ma première oeuvre
fat une tragédie classique, Virginie, dont le manus-
crit fut saisi par mon maître d'école, épouvanté de
voir un enfant de neuf ans se livrer aux coupables
excès de falexandrin.
j Je vous serre la main et vous remercie.
ALBERT ÛUiTTCNY.
Le jeune héritier des rhapsodes s'est pré-
senté un peu timidement, et il a improvis4
les vers suivants, adressés aq public
De palais en châteaux, de villes eu bourgades,
Les trouvèrett-MttÉwrt jadis, la lyre en main,
Et le ciel souriait à ces folles brigades
De pinsons étourdis connus du grand chemin.
Comme les ménestrels et comme les trouvères,
Cœur épris de couleur, de musique et de son,
Je viens, si les destins ne sont pas tror sévères,
Essayer à mon tour ma petite chanson.
Ecoutez-la. Sans doute, hélas la poésie
Au grand souffle, la muse éclatante sourit,
Elle qui du festin des dieux se rassasie
En voyant ce frivole et simple jeu d'esprit.
Mais, écartant, elle sait quec'est pour l'amour d'elle
Que j'arrive aujourd'hui, troubadour en retard,
Saisir au vol la rime aux ailes d'hirondelles
Et m'élancer dans-l'air ainsi que Léotard.
puisqu'elle est sans colère et que ceci l'amuse
De voir suivre l'idée'aux mille aspects changeants.
Ne soyez pas, Messieurs, plus cruels que la Muse;
Pour l'amour d'elle aussi montrez-vous indulgents.
Egaré par la douleur, perdant la tête, il vil
déjà Madeleine indissolublement liéeàce misé-
râblé, il se dit que M. Yerduret arriverait
peut-être trop tard, et qu'à tout prix il fallait
créer un obstacle.
Il demanda au garçon une plume et du pa-,
pier, ei oubliant qu'il n'est pas de situation qui
excuse cette lâcheté abominable qui s'appelle--
tme lettre anonyme, déguisant son écriture de;
son mieux U»écriv4t à son ancien patron
a Cher-monsieur,
Vo«s«av«s>UvTé à la justice votre caissier,;
vous avez bien fait, puisque vous êtes certain
qu'il a-été infidèle.
» Mais si c'est lui qui a pris à votre caisse-
SSO^OCO francs, est-ce aussi lui qui a volé les:
diamants de Mm6 Fauvel pour les porter au*
monMe^riéte, m ils-sonl actuellement?
».A votrepteoej prévenu comme Vous l^tes,
je ne ferais pas d'esclandre. Je surveillerais,
ma femme, et je découvrirais-qu'il faut toujours,
Se défier des petits-cousins.
» De plus, avant de signer le-conteat de M"
Madeleine, je passerais à la préfectu?e>de poli-i
ce m'édifier sur lexiompte du nobieanarquis de.
Clamesan.
» es na/vos Amis.
s Sa lettre écrite, Prosper ae hâta de payer et
'de sortir. Pois, comme «Ul>éût craint que-isadé-
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