Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1866-12-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 12 décembre 1866 12 décembre 1866
Description : 1866/12/12 (Numéro 1402). 1866/12/12 (Numéro 1402).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589492h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/07/2008
jr"
*Jn curieux document inédit, mis, en octobre'
sôùs les yeux du ctïmlté militaire de l'As-!
Semblée nationale, fait connaître que pendant une
période de trente ans, du 1er octobre 1760 au 2er
actobre 1791, il y a\ait eu à Paris ,2,51S incendies
térieux, feux de cheminées et 46 incendies
lans les faubourgs; soit m total de, 43,622 feux où
184 personnes avaient été brûlées et 94 blessées.
Les gardes-pompes avaient eu 6 des leurs -tués
at 38 blessés.,
Voilà, certes de glorieux états de services'pour
̃ une compagnie de 180 hoinme's; pauvre et modeste
corps que ne stimulaient alors ni les éloges pu-
blics ni les récompenses honorifiques.
Disons tout, cependant en on fit à ces
braves gens l'insigne faveur de les armer du
sabre. j
Le 27 février i795; le corps,porté à 3,compagnies
'de 70 hommes, reçut les vivres comme légion de
police, mais les hommes continuèrent à loger en
ville.
Le 6 juillet eut lieu la création des, corps de
cardes pompiers de la ville de Paris, qui en porta
l'effectif à 293 aomroes en 3 compagnies, et le pla-
ça pour le s ïrviae sous les ordres du préfet de po-
lice, et pour .l'administration; sous là surveillance
du préfet de la Seine. On y attacha deux ingé-,
meurs.
L'incendiî qui éclata dans la nuit du 1er juillet
1810, rue du Mont-Blanc, à l'hôtel Montesson, qu'oc-
dupait alors l'ambassade d'Autriche, pendant le bal j
jionné par le prince de Schwartzenbërg, à l'occa-
siondu mariage de l'empereur, suivi d'une .en-
quête qui cjéinohtra que le chef du corps des pom-
piers n'avait point une autorité suffisantepour faire
exécuter ses ordres, lorsqu'il se trouvait, sur. le
lieu d'un sinistre, en rapport avec les troupes de la.
garnison et les divers autres services.-
Pour remédier à ce grave accident, un décret
impérial du 18 décembre constitua militaire- ]
ment le corps des sapeurs-pompiers à;un bataillon (
de quatre compagnies, cômprenant 18 officiers et
363 hommes,.qui cessèrent dès lors de loger en
fille, et lurent casernes et armés de fmits pour la
première fois:-ce. noix*. (
xais, ou lca Thebaide dans un bocal; le Capitaine
de Jonsac,– Derrière les fagots, à André Chénitr.
d'aiguilles, De mon fau-
teuil, Sous ia vitrine, tel est le sommaire du pre-
mier numéro de la Revue de poche littéraire, et
anecdotique, qui parait aujourd'hui chéi les prin-
cipaux libraires. Cette publication, dont nous .avons
déjà parlé, se recommande à J'attention des curieux
et des bibliophiles par l'originalité élégante de son
format et de son édition elzévirienne, autant que par
le choix des ,articles qui la composent.
La Revue,de poche paraît le 10 et le 25 de chaque
mois par livraison de pages: fr.' là livraison.
Abonnements, Paris et départements: un an, i;5 fr.;
six mois, j i3 fr. A la librairie de la Société des au-
teurs dramatiques, 10, rue de la Bourse.
M. Bouteiiler vient d'être élu député au Corps
Jgislatif dans la 40 circonscription du- départemenl
te Saône-et-Loire. en remplacement de M. Chapuys-
ttoatlaville, décédé.
On nous écrit de Toulon, le i0 décembre
Hier,la frégate-transport le Panama débarqué
t Toulon le régiment de ligne, qui, depuis ptu-
rieurs années, tenait garnison à Rome.
On attend très prochainement le vaisseau l'In-
irépide, qui est allé prendre à Civita-Vecohia divers
létachements de cavalerie.
Ce vaisseau est disposé de manière à recevoir à
won bord 500 chevaux .et un millier de passagers.
Les troupes qui arrivent de Rome et qui débar-
jjuent successivement àToulon, trouvent des tentes
'butes disposées pour les recevoir.
Au Ghamp-de-Mars et sur les terrains libres près
Il la porte de France soat établis de véritables
lamps oa dirait une ville assiégée.
TRIBUNAUX!
:OUR D'ASSISES DES DEUX-SÈVRES
(Niort.)
Présidence de M. Henri Giraud, président
du tribunal eidil de Niort.
Audience du 10 décembre 1866
Affaire ffltartlu Itéau
(Voir le Petit Journal depuis le 7 décembre.)
L'audience est ouverte à dix héures et demie, et
le président continue l'audition-, des témoins à
décharge.
Dans celte longue série de témoignages, qui se
;«ssemblent'presque tous, et qui se bornent à dire
lue Martin Réau n'était pas un méchant.homme,et
;lu'il ne paraissait pas faire mauvais ménage avec
4a femme, nous relèverons seulement celui de
?ieire Bontemps, cultivateur, père de Jalie la
leuxièrrie femme de l'accusé.
L'entrée de ce témoin cause, on le comprend,
;ne vive émotion, et on écoute attentivement sa
iéposilion, qui n'a qu'un but déjfelldre 'Rjéau sur
ous les faits qui lui sont reprochés..Il aimait sa
émme, ilaimaît son enfant, le témoin ne croit pas
u'il soit 'coupable. Rien ne le, lui inique. M. de
térinvilleacherché vainement lui faire croireque
afllleet son petit-filsavaient été empoisonnés; ijlui
répondu Je suis comme saint Thonixs, je ne
rois que ce qneje vois; et si on le çondamue, je
se l'aurais: pas accusé je ferai comme Pi laie, je
l'en laverai les mains.
Continuant sa déposition, Pierre Bontemps affir-
ie que c'est lui-même qui n'fc pas voulu de mé-
avait déjà passé par des moments
ifflc:les,je croyais qu'il s'en tiréraitencore.Qu'au-
ait fait le YnMëcin? Il ne pouvait boire que de
eau sucrée, •;̃ '̃ .'̃ '••
Le père de Julie, termine en disant que sa femme
est «aorte de ta poitrine, et qu'il est certain que
c'est cette même maladie qui a enlevé sa fille.
La liste des témoins est épuisée Me Lacliàud de-
mande que M. Schlumberger, professeur de chi-
mie, soit entendu.5
M. Schlumberger est introduit.
M. le président Mais, MeLachâud, est-ce comme
témoin que vous désiriez faire entendre JMeSchlum-
berger ou comme expert?
\-ji's'Laisluvtd Mais sans doute, je ne suis pas chi-
miste, et il faut que je combattre M. le docteur Gan-
ne..l'ai fait venir le professeur le plus compétent
que je connaisse, afin de discuter tes expertises
mieux que je rie saurais le'faire moi-même.
M. le prénident M. Schlumberger va prêter le
serment comme témoin., et la cour se réserve' de
ne faire que les questions qu'elle jugera néces-
saires. ••̃
M. SchlumbergfiT prête serment e,t s'exprime en
ces termes
M° Lachaud m'a remis le rapport de MM. les ex-
pérts et m'a expliqué ce dont il s'agissait.. J'ai eu il
m'occuper de trois questions y a-t-il eu du
mercure, y a-t-il eu du sublimé corrosif, et enfin
y a-t-il eu empoisonnement?
Rendant d'abord un- hommage mérité au talent,
et aux travaux des experts, M. Schluouberger fait
observer à la cour que ces messieurs ne sauraient
un instant sentir leur amour-propre froissé de sa
discussion, car pour faire un chimiste il faut cfe
longues années, et il n'y aurait rien d'extraordi-
naire à ce que le docteur.Ganne se fût trompé.
Il aborde d'abord la question des réactifs qui
ont été employés.
M. Schlumberger croit devoir établir alors que,
la pile de Schmithson, mise de côté, il y reviendra;
les réactifs dont se sont servis les experts n'étaient
pas de nature à leur donner des résultats bien ct>rï-
cluants, et il s'etTorce de le prouver en déterminant
les phénomènes chimiques auxquels sont soumis
ensuite les réactifs selon le mode et les conditions
surtout de leur emploi.
Le savant prolesseur explique longuement ei clai-
rement l'erreur vers laquelle ont été en traînés les'
experts lorsqu'ils ont eu, à l'aide de leurs réactifs.
des précipités blancs, car ces réactifs devaient
produire d'eux-mêmes ces précipités sans rencon-
trer de mercure.
La meilleure preuve de cette erreur, c'est que
dans les analyses qui ont été faites en même temps
par les réactifs chimiques et par la pile de Smith-
son. le même résultat ri'a pas été obtenu. La où lés
réaclifs avaientparu faire découvrir du mercure en
grande quantité, c'est à peine si la pile de Smithson
en a fourni un globule visible au microscopie.
Lorsque les experts se sont servis d'iodure de
potassium, M. Schlumberger dit qu'ils ont encore
été induits en erreur, et sans suivre le savant pro-
fesseur dans sa démonstration, nous reproduirons
ses dernières paroles;
Vous voyez qiie des hommes aussi habiles que
MM. les experts peuvent se tromper, lorsqu'une
grande habitude ne les a pas familiarisés avec des
analyses chimiques, si délicates, si différentes par-
fois dans leurs résultats.
Y a-t-il du sublimé ? Tous les auteurs classiques
disent « Etant trouvé du mercuiedahsnn cada-
vre, on ne peut conclure à l'empoisonnement,par
ce sel que dans le cas où on a trouvé du sublimé à
l'état solide dans les organes?
Là est toute la question. On a remarqué dans l'es-
tomac d'A.bel -des granulations qui auraient été
peut-être des preuves; mais les solutions prove-
nant de ces granulations ont été soumises à ces
réactifs, dont j'ai parlé tout à l'heure, etquiétaient
impropres à donner des résultats complètement
certains. Il n'a donc pas été prouvé, seton moi, que
c'était du mercure qui avait été rencontré en gra-
nulations dans l'estomac de l'enfant. Les experts
ont bien fait ensuite bouillir l'estomac, et à la suite
de cette opération disent qu'ils ont obtenu du mer-
cure, fies globules infiniment petits, mais les gra-
nulations n'en contenàiént pas, puisqu'elles, n'ont
rien fourni à la pile de Smithson, qu'ils ont em-
ployée après les réactifs.
Doit-on, ayant trouvé du mercure, conclure à
l'empoisonnement?
On ne le peut d'une manière certaine que si les
symptômes observës pendantla] vie concordent avec
cette idée. Or, je n'ai rien trouvé de semblable
dans la déposition du médecin, et n'aiobservé ni
les désordres de l'absorption du mercure à haute
dose, ni ceux qu'auraient produit toute absorption
chronique.
Enfin le genre de décomposition du cadavre ne
pouvait pas avoir offert à MM. les experts ces preu-
vesnréfragables d'empoisonnementpar lemercure,
car .ils n'ont pas constàté ces taches d'une nature
toute particulière qui auraient frappé leurs yeux,
bien certainement.
MM. les experts ont dit que la bière d'Abel était
remplie d'eau, c'est-à-dire en renfermait à peu près
100 litres. Dans cette eau, l'aide de la pilo 'de
Smitbson, on à trouvé du mercure. Or, la sensibi-
lité de cette pile étant de 80mm, par ses résultats
on aurait dû trouver dans la bière un gramme et
demi. Et il est certain qu'une quantité de poison
aussi considérable n'avait pu être absorbée sans
causer sur le cadavre même des désordres qui
n'auraient pas échappé aux opérateurs.
Mime calcul pour la bière de Julie Bontemps; en
supposant qu'elle contînt 3 ou 400 litres d'eau, cette
femme aurait dù'absorber 4 grammes de mercure;
mais cela n'aurait pas été possible, sans que les'
médecins s'en fussent aperçus lorsqu'ils l'ont exa-
minée pendant sa dernière maladie; car je n'ap-
prendrai rien à personne en disant quels ravages
cause ce poison, quelque dose qu'il soit pris.
Le president Qu'avez-vous à répondre, mon-
sieur Ganne? J
M. Ganné a entendu avec un grand plaisir-la dé-
position de son habile confrère, mais il lui deman-
de pardon de ne pas être du tout de son ayis.il lui'
paraît difficile qu'en un instant M. Srhlumborger
ait pu donner une opinion aussi arrêtée sur des
expertises qui lui ont demandé trois mois de tra-
vail.̃̃•
Le savant docteur revient alors sur les analyses
qu'il faits, démontre le soin avec lequel il' "a d-
péré et dit, pour répondre à l'idée émise par M.
Schlumberger, à propos des quantités de mercure
trouvées dans les tombes et qui, selon lui, auraient
dû'causer des désordres plus» apparents lbrs.de son
absorotion, qu'il a soie.ç«î actes (*.t":?S POT"
1 tent aujourd'hui parfaitement bien et" qiiKoepen
i-dant. ont pris quinze grammes de mercure Les dé-
sordres ne sont pas toujours en raison de la'quaà-
ti!e de poison, mais en raison plutôt de son mode
d'administration.
H îermine en confirmant énergiquementson ana-
lyse et en concluant à rempoisonnemènt d'Abel
Réau, sans vouloir rien ajouteraux rapports qu'ila
remis la justice. '̃̃ "̃ ̃̃̃•̃̃• •-̃1*
M. Schlumberger, répondantaux affirmations du
docteur Ganne, est d'accord avec lui sur lesdiffé-
rents désordres qui se produisent selon le mode
d'empoisonnement; mais il repousse, avec tous' les
médecins légaux, cette suppositioa de l'expert que
le mercure pourrait s'emmagasiner daas un corps
de façon à ce qu'on çn retrouve encore 4 ou 5
grammes huit ou dix mbis après la mort. Or, d'a-
près la quantité'de poison 'fournie par les experti-
ses, ce ne serait pas moins de 5 grammes qu'aurait
du prendre Julie liontemps; M. Schlumberger per-
siste dàns son opinion que ces 5 grammes de
mercure aû'iil été pris par petites doses ou à hautes
doses, qu'il y ait eu empoisonnement aigu où em-
poisonnement chronique; il est impossible que les
médecins ne se soient aperçus dé rien pendant la
maladie, et qu'après la mort même, à la simple vue
du cadavre, ils n'ainit pas été frappés des ravages
causés par le poison. •» -;̃̃̃̃̃̃
Pendant toute cette savante et intéressante dis-
cussion entre le docteur Cannes, M. Schlumburger
et la défense, Réa? ne quitte pas les orateurs des
yeux. A chacune des erreurs que signale M.
Schlumburger, on voit son visage se transformer,
ses yeux devenir brillants, un sourire s'arrêter sur
ses lèvres. Il approuve d'un mouvement de` tète;
on croirait qu'il va parler lui-même.
La défense n'ayant plus de questions à adresser
aux experts, la discussion est close sur les analy-
ses, et l'audience est suspendue.
Un quart d'heure plus tard, elle est repris*, et la
parole est donnée au procureur impérial pour son
réquisitoire, qui ne dure pas moins de quatre
heures. ̃ ̃
Si. Ilardouin développe tons les faits rapportés
par l'accusation, retrace tous les crimes'de Martin
Réau, revient sur ia savante expertise qui a été
faite, démontre que l'accusé, a été poussé à l'empoi-
sonnement des trois victimes par une basse cupi-
dité et un orgueil insatiable qu'il a voulu complé-
ter tons ces actes infâmes par un dernier crime qui
serait la preuve évidente de tons les autres, si les
preuves manquaient, et demande enfin aux jurés
de frapper l'empoisonneur d'un verdict sévère, de
ne lias sP laisser toucher par cette pitié qui est
presque traditionnelle dans les jurys des Deux-Sè-
vres, pitié aveugle qui peut-être est volontairement
la causé des crimas qui sont si fréquents dans le
pays.
Ce remarquable réquisitoire a produit une vive
émotion. •
L'audience est levée à six heures et demie et ren-
voyée à deortia à dix heures pour la plaidoirie de
Me Lachaud. Il est hors de douteque leverdiet sera
rendu dans la journée.
RENÉ DE PONT-JEST.
EJu épifio&o de l'affaire Jacques liaiour
On écrit de Foix, le 7 décembre, au Journat de
Personne n'a oublié le terrible drame de la Bas-
tide-Besplas. Le propriétaire, M. Bugad de Lasalle,
et ses trois domestiques, furent assassinés, et un
des plus dramatiques procès criminels se déroula
devant la cour d'assises;de.l'Ati:.l;e: Le Petit Jour-
nal en a donné tous les détails du 19 au 30 août
Deux accusés. Jacques Latour et Audouy, ont ex-
pié leur crime, l'un sur l'échafaud, l'autre aux ga-
ières, où il est mort.
Mais il y ayait évidemment d'autres coupables
qui étaient parvenus à se soustraire à l'action du la
justice.
Les autres coupables seraient-ils découverts?
Parmi les' témoins entendus aux débats de la
cour d'assises de l'Ariége, en août 1864, figurait' la
femme Monté, née Vissac, marchande de para-
pluies, domiciliée à l?oix. Sa déposition se résu-
mait ainsi
Le 22 décembre i 863 (deux n:ois avant le crime),
je me trouvais à Rimont, on se tenait une foire.
J'étais dans une auberge, au coin du feu; à côté de
moi était assis'un;homme que je ne connaissais pas
et que l'aubergiste me dit être un charlatan, et une
femme que j'ai su plus tard être la concubine d'Au-
douy. Dans la cours de la conversation qui s'enga-
gea ntre nous, l'étranger me demanda où j'avais
résidé avant de me tixer à Foix. Je répondis à
Labastide.
Il y a un château dans cette localité ? me de-
manda-t-il ?– Oui.– Il est habité par un vieux.ladre
célibataire qui y entasse des éons. Il mériterait
bien qu'on lui f. un coup de fusil et qu'on lui vo-
lât son argent. Vous vous trompez, lui dis-je; il
existe bien un château à Labastide, il est bien ha-
bité par un riche propriétaire, mais il est marié,
pire de famille, et de plus très humain et très
charitable. Il répand d'abondantes aumônes.
Non, il est célibataire, c'est un vieil avare.
L'étranger prononçait ces mots d'ua ton très
animé.
J'insistais pour le détromper, lorsqu'une voix
vint mettre un terme à notre discussion. Cette voix
était celle d'Audotly dit l'Hercule Vous ne vous
entendez pas; toi, dit Audouy, s'adressant au char-
latan, tu.parles de M. de Lasallo à Labastillette (La-
bastide de Besplas), tandis que madame parle de
M. de M. à Labastide de Sérou.
Le charlatan que l'Hercule tutoyait ainsi, recom-
mençait à attaquer avec vivacité ce.qu'il appelait
la ladrerie du vieil avare (c'èst ainsi qu'il désignait
M. de Lasalle),Jor.que Audouy lui imposa silence:
C'est assez parlé, lui dil-il. Ils se mirentalous à ta-
ble. La,fille D. partagea leur déjeuner.
Lorsque deux mois aptès, l'infortuné -M. de La-
salle fat tombé sous la hache de ses assassins, et
qne son trésor, fruit de longues économies, eût été
enlevé, à la nouvelle de cette horrible boucherie,
la femme Monié se rappela avec effroi les paroles
du charlatan, et, quand-elle appritque Audouyétait
sous les verroux avec son complice, elle ne douta
pas un instant que. ce complice ne fût son interlo-
culeùr de l'auberge de Rimont. Elle fut détrompée.
J. ^Uwr, lm Bar>-
tiste Pnjol de Labastide Belplas. Le ohaflâtan, q
le 22 décembre BJraont, disait que" M. de L'aS
salle méritait un cou^de fusil, avait-il eu.iiorôlef
dans la tragédie du 24 février? -Qu-'éfait-H devenu?!
C'est ce que les débats ne purent révéler. Il avaig
disparu de nos contrées.
La justice avaitr-elle eu les yeux sur laf, oti bien'
Audouy, que l'on dit mort, aurait-il, en mourant;
fait des révélations, et l'aurait-il désigné comnifr
un de ses complices?. Les magistrats seuls
savent. Ce qui est certain, c'est qu'il y a une quiny1
zaine de jours, la femme Manié été appelée as/-
vant-M. le jugé d'instruction de Siiût-Gaudenà/
pour être confrontée dvec un individu qu'on Venai?
d'écrouer. La femme Monié n'a pas tardé'à à recon-'
naitre son interlocuteur de Riment.
Ce dernier avait été inscrit, par l'aubergiste d#'
cette ville, sous le nom de Pierre Sanlot, dit Enfant
de'troupe. C'est aussi le nom de' l'ipdïvidii déposa
dans la maison d'arrêt de Saint-GiU/dens. -11 a re^
connu s'être trouvé à le'-2'2 décembre, a<î
vec Audouy; il a reconnues vraies certaines parti-/
cularités indiquées par la femme mais ila^-
prétendu ne l'avoir jamais vue; il ne s'est points
trouve avec elle dans l'auberge, et, on le comprend,.1
tl nie avoir eu avec elle la conversation que nou0
avons fait connaître.'
Pierre Sanlôt est-il victime d'une fatale coïnci-1-
l'un des assassins ses paroles
tout si compromettantes, seront-elles 'le point de*
départ d'une information qui démontrera sa parlici-'
pation au massacre du château de Railla rd? L'ave-^
nir nous l'apprendra. La tâche est des plus ardues,-
mais elle n'est point assurément an-dessus de l'in-?
lelligenoe et de l'énergie de l'honorable chef du*
parquet de Saint-Gaudens.
Cette tâche deviendra plus facile, s'il est vrai
comme on nous le dit,, que Sanlot soit allé, quel-
ques jours avant le crime, chercher Audouy 11 La-
bastide de Sérou, et que, ne l'y trouvant pas, il se,
soit ¡consolé de ce contre-temps en disant Je lei'
trouverai au Mas-d'Azil s'il est vrai, enfin, que la'
surlendemain du 24 février ils se soient trouvés en-'
.semble à Varilhes. '̃' ̃̃̃«.
Attendops, et 'plaçons toute notre confiance dans'
la vigilance de la justice.
Dernièrement, un hôtelier de Nyhawn (Schles-;
wig) recevait comme cadeau une grenade du poids-,
de 2 idtog. et provenant de l'assaut de 'Dybbbl''
(Duppel). La croyant complétement vide, il voulut!
s'en servir pour y déposer des allumettes/maisv
comme ce projectile conservait difficilement l'é*'
quilibre, il résolut de 'remplir sa cavité avec du*
plomb fondu. A peine la matière liquide entrait-?1
elle dans la grenade que cette dernière fit explo-'
sion renversant ou détruisant tout ce qui garnis-,
sait .la chambre. Par miracle, l'hôtelier en fut quitte?
pour une grande frayeur; ni lui ni aucune des per-'
sonnes.présent'es n'ont été blessés
Le gouvernement espagnol vient d'accorder à le
Compagnie de télégraphie océanique l'autorisation'
définitive de fixer snr un point de File de Cubai
l'extrémité du câble sous-marin qui doit partir deP
côtes de la Floride (Etals-Unis^ l""î-
VARIETES
i, LE GRIME
(Voir le Petit Journal depuis le 30 octobre.
XLII
Peut-être le père Lechaillui le digne maître'
d'école, connaissait-il sa fille.
Il était seul, eu ce cas, à l'avoir devinée, car
jamais une hypocrisie plus consommée ne fut r
mise au service d'une perversité si profonde'
qu'elle peut sembler exagérée, d'une déprava-;
tion inconcevable chez une femme jeune et;
ayant peu vu le monde.
Tous ses actes furent si bien marqués au coin'-
d'une politique savante que son admirable corné-
die fit illusion, même à l'œil si perçant de v
jalousie.
Si bien 'que tout le monde disait:
t La belle Berthe est folle dé sôn'tnari.
C'était la conviction de Sauvresy, et il étailf
le premier à dire, sans ca,cher la joie qu'il en?
éprouvait:
Ma femme m'adore. ̃> ̃:
Tellè était exactement la situation des mat-?-
tres du Valfeuillu, lorsque Sauvresyreeueillit;Jkr
Sèvres, sur le bord de la Seine, le pistolet à 'II?
main, son ami Trémorel.
Ce soir-là, pour la première fois depuis son?
mariage, Sauvresy manqua le dîner après avoir^
promis d'arriver à l'heure, et se fit attendre.
Si incompréhensible était l'inexactitude, que£
Çerthe eût dû être inquiète. Elle n'était qu'in-^
dignée de ce qu'elle appelait un manque absolu'
Mais, elle se demandait queUe punition ellï1
infligerait au coupable, lorsque sur les dk heu^
res du soir, l,aportedu salon de Valfeuillu s'ou-^
vrit brusquement.
Sauvresy était sur le» seuil, gai, souriant.
Berthe, dit-il, je t'amène un revenant:
C'est à peine si elle daigna lever la tête, el
encore sans perdre l'alinéa du journal qu'elle
lisait.
Sauvresy continuait .<
Un revenant que tu connais, dont je t'aî?
parlé bien souvent, que tu aimeras puisque jq!
l'aime, et qu'il est mon plus vieux camaradei
mon meilleur ami.
En s'effaçant, :1 poussa Hector dans le salon,?
en disant:*
'•–Madame Sauvresy, permettez-moi ,de
vous présenter M. le comte Hector de
Pert.be se .leva brusquement, rouge, éiagglf
*Jn curieux document inédit, mis, en octobre'
sôùs les yeux du ctïmlté militaire de l'As-!
Semblée nationale, fait connaître que pendant une
période de trente ans, du 1er octobre 1760 au 2er
actobre 1791, il y a\ait eu à Paris ,2,51S incendies
térieux, feux de cheminées et 46 incendies
lans les faubourgs; soit m total de, 43,622 feux où
184 personnes avaient été brûlées et 94 blessées.
Les gardes-pompes avaient eu 6 des leurs -tués
at 38 blessés.,
Voilà, certes de glorieux états de services'pour
̃ une compagnie de 180 hoinme's; pauvre et modeste
corps que ne stimulaient alors ni les éloges pu-
blics ni les récompenses honorifiques.
Disons tout, cependant en on fit à ces
braves gens l'insigne faveur de les armer du
sabre. j
Le 27 février i795; le corps,porté à 3,compagnies
'de 70 hommes, reçut les vivres comme légion de
police, mais les hommes continuèrent à loger en
ville.
Le 6 juillet eut lieu la création des, corps de
cardes pompiers de la ville de Paris, qui en porta
l'effectif à 293 aomroes en 3 compagnies, et le pla-
ça pour le s ïrviae sous les ordres du préfet de po-
lice, et pour .l'administration; sous là surveillance
du préfet de la Seine. On y attacha deux ingé-,
meurs.
L'incendiî qui éclata dans la nuit du 1er juillet
1810, rue du Mont-Blanc, à l'hôtel Montesson, qu'oc-
dupait alors l'ambassade d'Autriche, pendant le bal j
jionné par le prince de Schwartzenbërg, à l'occa-
siondu mariage de l'empereur, suivi d'une .en-
quête qui cjéinohtra que le chef du corps des pom-
piers n'avait point une autorité suffisantepour faire
exécuter ses ordres, lorsqu'il se trouvait, sur. le
lieu d'un sinistre, en rapport avec les troupes de la.
garnison et les divers autres services.-
Pour remédier à ce grave accident, un décret
impérial du 18 décembre constitua militaire- ]
ment le corps des sapeurs-pompiers à;un bataillon (
de quatre compagnies, cômprenant 18 officiers et
363 hommes,.qui cessèrent dès lors de loger en
fille, et lurent casernes et armés de fmits pour la
première fois:-ce. noix*. (
xais, ou lca Thebaide dans un bocal; le Capitaine
de Jonsac,– Derrière les fagots, à André Chénitr.
d'aiguilles, De mon fau-
teuil, Sous ia vitrine, tel est le sommaire du pre-
mier numéro de la Revue de poche littéraire, et
anecdotique, qui parait aujourd'hui chéi les prin-
cipaux libraires. Cette publication, dont nous .avons
déjà parlé, se recommande à J'attention des curieux
et des bibliophiles par l'originalité élégante de son
format et de son édition elzévirienne, autant que par
le choix des ,articles qui la composent.
La Revue,de poche paraît le 10 et le 25 de chaque
mois par livraison de pages: fr.' là livraison.
Abonnements, Paris et départements: un an, i;5 fr.;
six mois, j i3 fr. A la librairie de la Société des au-
teurs dramatiques, 10, rue de la Bourse.
M. Bouteiiler vient d'être élu député au Corps
Jgislatif dans la 40 circonscription du- départemenl
te Saône-et-Loire. en remplacement de M. Chapuys-
ttoatlaville, décédé.
On nous écrit de Toulon, le i0 décembre
Hier,la frégate-transport le Panama débarqué
t Toulon le régiment de ligne, qui, depuis ptu-
rieurs années, tenait garnison à Rome.
On attend très prochainement le vaisseau l'In-
irépide, qui est allé prendre à Civita-Vecohia divers
létachements de cavalerie.
Ce vaisseau est disposé de manière à recevoir à
won bord 500 chevaux .et un millier de passagers.
Les troupes qui arrivent de Rome et qui débar-
jjuent successivement àToulon, trouvent des tentes
'butes disposées pour les recevoir.
Au Ghamp-de-Mars et sur les terrains libres près
Il la porte de France soat établis de véritables
lamps oa dirait une ville assiégée.
TRIBUNAUX!
:OUR D'ASSISES DES DEUX-SÈVRES
(Niort.)
Présidence de M. Henri Giraud, président
du tribunal eidil de Niort.
Audience du 10 décembre 1866
Affaire ffltartlu Itéau
(Voir le Petit Journal depuis le 7 décembre.)
L'audience est ouverte à dix héures et demie, et
le président continue l'audition-, des témoins à
décharge.
Dans celte longue série de témoignages, qui se
;«ssemblent'presque tous, et qui se bornent à dire
lue Martin Réau n'était pas un méchant.homme,et
;lu'il ne paraissait pas faire mauvais ménage avec
4a femme, nous relèverons seulement celui de
?ieire Bontemps, cultivateur, père de Jalie la
leuxièrrie femme de l'accusé.
L'entrée de ce témoin cause, on le comprend,
;ne vive émotion, et on écoute attentivement sa
iéposilion, qui n'a qu'un but déjfelldre 'Rjéau sur
ous les faits qui lui sont reprochés..Il aimait sa
émme, ilaimaît son enfant, le témoin ne croit pas
u'il soit 'coupable. Rien ne le, lui inique. M. de
térinvilleacherché vainement lui faire croireque
afllleet son petit-filsavaient été empoisonnés; ijlui
répondu Je suis comme saint Thonixs, je ne
rois que ce qneje vois; et si on le çondamue, je
se l'aurais: pas accusé je ferai comme Pi laie, je
l'en laverai les mains.
Continuant sa déposition, Pierre Bontemps affir-
ie que c'est lui-même qui n'fc pas voulu de mé-
avait déjà passé par des moments
ifflc:les,je croyais qu'il s'en tiréraitencore.Qu'au-
ait fait le YnMëcin? Il ne pouvait boire que de
eau sucrée, •;̃ '̃ .'̃ '••
Le père de Julie, termine en disant que sa femme
est «aorte de ta poitrine, et qu'il est certain que
c'est cette même maladie qui a enlevé sa fille.
La liste des témoins est épuisée Me Lacliàud de-
mande que M. Schlumberger, professeur de chi-
mie, soit entendu.5
M. Schlumberger est introduit.
M. le président Mais, MeLachâud, est-ce comme
témoin que vous désiriez faire entendre JMeSchlum-
berger ou comme expert?
\-ji's'Laisluvtd Mais sans doute, je ne suis pas chi-
miste, et il faut que je combattre M. le docteur Gan-
ne..l'ai fait venir le professeur le plus compétent
que je connaisse, afin de discuter tes expertises
mieux que je rie saurais le'faire moi-même.
M. le prénident M. Schlumberger va prêter le
serment comme témoin., et la cour se réserve' de
ne faire que les questions qu'elle jugera néces-
saires. ••̃
M. SchlumbergfiT prête serment e,t s'exprime en
ces termes
M° Lachaud m'a remis le rapport de MM. les ex-
pérts et m'a expliqué ce dont il s'agissait.. J'ai eu il
m'occuper de trois questions y a-t-il eu du
mercure, y a-t-il eu du sublimé corrosif, et enfin
y a-t-il eu empoisonnement?
Rendant d'abord un- hommage mérité au talent,
et aux travaux des experts, M. Schluouberger fait
observer à la cour que ces messieurs ne sauraient
un instant sentir leur amour-propre froissé de sa
discussion, car pour faire un chimiste il faut cfe
longues années, et il n'y aurait rien d'extraordi-
naire à ce que le docteur.Ganne se fût trompé.
Il aborde d'abord la question des réactifs qui
ont été employés.
M. Schlumberger croit devoir établir alors que,
la pile de Schmithson, mise de côté, il y reviendra;
les réactifs dont se sont servis les experts n'étaient
pas de nature à leur donner des résultats bien ct>rï-
cluants, et il s'etTorce de le prouver en déterminant
les phénomènes chimiques auxquels sont soumis
ensuite les réactifs selon le mode et les conditions
surtout de leur emploi.
Le savant prolesseur explique longuement ei clai-
rement l'erreur vers laquelle ont été en traînés les'
experts lorsqu'ils ont eu, à l'aide de leurs réactifs.
des précipités blancs, car ces réactifs devaient
produire d'eux-mêmes ces précipités sans rencon-
trer de mercure.
La meilleure preuve de cette erreur, c'est que
dans les analyses qui ont été faites en même temps
par les réactifs chimiques et par la pile de Smith-
son. le même résultat ri'a pas été obtenu. La où lés
réaclifs avaientparu faire découvrir du mercure en
grande quantité, c'est à peine si la pile de Smithson
en a fourni un globule visible au microscopie.
Lorsque les experts se sont servis d'iodure de
potassium, M. Schlumberger dit qu'ils ont encore
été induits en erreur, et sans suivre le savant pro-
fesseur dans sa démonstration, nous reproduirons
ses dernières paroles;
Vous voyez qiie des hommes aussi habiles que
MM. les experts peuvent se tromper, lorsqu'une
grande habitude ne les a pas familiarisés avec des
analyses chimiques, si délicates, si différentes par-
fois dans leurs résultats.
Y a-t-il du sublimé ? Tous les auteurs classiques
disent « Etant trouvé du mercuiedahsnn cada-
vre, on ne peut conclure à l'empoisonnement,par
ce sel que dans le cas où on a trouvé du sublimé à
l'état solide dans les organes?
Là est toute la question. On a remarqué dans l'es-
tomac d'A.bel -des granulations qui auraient été
peut-être des preuves; mais les solutions prove-
nant de ces granulations ont été soumises à ces
réactifs, dont j'ai parlé tout à l'heure, etquiétaient
impropres à donner des résultats complètement
certains. Il n'a donc pas été prouvé, seton moi, que
c'était du mercure qui avait été rencontré en gra-
nulations dans l'estomac de l'enfant. Les experts
ont bien fait ensuite bouillir l'estomac, et à la suite
de cette opération disent qu'ils ont obtenu du mer-
cure, fies globules infiniment petits, mais les gra-
nulations n'en contenàiént pas, puisqu'elles, n'ont
rien fourni à la pile de Smithson, qu'ils ont em-
ployée après les réactifs.
Doit-on, ayant trouvé du mercure, conclure à
l'empoisonnement?
On ne le peut d'une manière certaine que si les
symptômes observës pendantla] vie concordent avec
cette idée. Or, je n'ai rien trouvé de semblable
dans la déposition du médecin, et n'aiobservé ni
les désordres de l'absorption du mercure à haute
dose, ni ceux qu'auraient produit toute absorption
chronique.
Enfin le genre de décomposition du cadavre ne
pouvait pas avoir offert à MM. les experts ces preu-
vesnréfragables d'empoisonnementpar lemercure,
car .ils n'ont pas constàté ces taches d'une nature
toute particulière qui auraient frappé leurs yeux,
bien certainement.
MM. les experts ont dit que la bière d'Abel était
remplie d'eau, c'est-à-dire en renfermait à peu près
100 litres. Dans cette eau, l'aide de la pilo 'de
Smitbson, on à trouvé du mercure. Or, la sensibi-
lité de cette pile étant de 80mm, par ses résultats
on aurait dû trouver dans la bière un gramme et
demi. Et il est certain qu'une quantité de poison
aussi considérable n'avait pu être absorbée sans
causer sur le cadavre même des désordres qui
n'auraient pas échappé aux opérateurs.
Mime calcul pour la bière de Julie Bontemps; en
supposant qu'elle contînt 3 ou 400 litres d'eau, cette
femme aurait dù'absorber 4 grammes de mercure;
mais cela n'aurait pas été possible, sans que les'
médecins s'en fussent aperçus lorsqu'ils l'ont exa-
minée pendant sa dernière maladie; car je n'ap-
prendrai rien à personne en disant quels ravages
cause ce poison, quelque dose qu'il soit pris.
Le president Qu'avez-vous à répondre, mon-
sieur Ganne? J
M. Ganné a entendu avec un grand plaisir-la dé-
position de son habile confrère, mais il lui deman-
de pardon de ne pas être du tout de son ayis.il lui'
paraît difficile qu'en un instant M. Srhlumborger
ait pu donner une opinion aussi arrêtée sur des
expertises qui lui ont demandé trois mois de tra-
vail.̃̃•
Le savant docteur revient alors sur les analyses
qu'il faits, démontre le soin avec lequel il' "a d-
péré et dit, pour répondre à l'idée émise par M.
Schlumberger, à propos des quantités de mercure
trouvées dans les tombes et qui, selon lui, auraient
dû'causer des désordres plus» apparents lbrs.de son
absorotion, qu'il a soie.ç«î actes (*.t":?S POT"
1 tent aujourd'hui parfaitement bien et" qiiKoepen
i-dant. ont pris quinze grammes de mercure Les dé-
sordres ne sont pas toujours en raison de la'quaà-
ti!e de poison, mais en raison plutôt de son mode
d'administration.
H îermine en confirmant énergiquementson ana-
lyse et en concluant à rempoisonnemènt d'Abel
Réau, sans vouloir rien ajouteraux rapports qu'ila
remis la justice. '̃̃ "̃ ̃̃̃•̃̃• •-̃1*
M. Schlumberger, répondantaux affirmations du
docteur Ganne, est d'accord avec lui sur lesdiffé-
rents désordres qui se produisent selon le mode
d'empoisonnement; mais il repousse, avec tous' les
médecins légaux, cette suppositioa de l'expert que
le mercure pourrait s'emmagasiner daas un corps
de façon à ce qu'on çn retrouve encore 4 ou 5
grammes huit ou dix mbis après la mort. Or, d'a-
près la quantité'de poison 'fournie par les experti-
ses, ce ne serait pas moins de 5 grammes qu'aurait
du prendre Julie liontemps; M. Schlumberger per-
siste dàns son opinion que ces 5 grammes de
mercure aû'iil été pris par petites doses ou à hautes
doses, qu'il y ait eu empoisonnement aigu où em-
poisonnement chronique; il est impossible que les
médecins ne se soient aperçus dé rien pendant la
maladie, et qu'après la mort même, à la simple vue
du cadavre, ils n'ainit pas été frappés des ravages
causés par le poison. •» -;̃̃̃̃̃̃
Pendant toute cette savante et intéressante dis-
cussion entre le docteur Cannes, M. Schlumburger
et la défense, Réa? ne quitte pas les orateurs des
yeux. A chacune des erreurs que signale M.
Schlumburger, on voit son visage se transformer,
ses yeux devenir brillants, un sourire s'arrêter sur
ses lèvres. Il approuve d'un mouvement de` tète;
on croirait qu'il va parler lui-même.
La défense n'ayant plus de questions à adresser
aux experts, la discussion est close sur les analy-
ses, et l'audience est suspendue.
Un quart d'heure plus tard, elle est repris*, et la
parole est donnée au procureur impérial pour son
réquisitoire, qui ne dure pas moins de quatre
heures. ̃ ̃
Si. Ilardouin développe tons les faits rapportés
par l'accusation, retrace tous les crimes'de Martin
Réau, revient sur ia savante expertise qui a été
faite, démontre que l'accusé, a été poussé à l'empoi-
sonnement des trois victimes par une basse cupi-
dité et un orgueil insatiable qu'il a voulu complé-
ter tons ces actes infâmes par un dernier crime qui
serait la preuve évidente de tons les autres, si les
preuves manquaient, et demande enfin aux jurés
de frapper l'empoisonneur d'un verdict sévère, de
ne lias sP laisser toucher par cette pitié qui est
presque traditionnelle dans les jurys des Deux-Sè-
vres, pitié aveugle qui peut-être est volontairement
la causé des crimas qui sont si fréquents dans le
pays.
Ce remarquable réquisitoire a produit une vive
émotion. •
L'audience est levée à six heures et demie et ren-
voyée à deortia à dix heures pour la plaidoirie de
Me Lachaud. Il est hors de douteque leverdiet sera
rendu dans la journée.
RENÉ DE PONT-JEST.
EJu épifio&o de l'affaire Jacques liaiour
On écrit de Foix, le 7 décembre, au Journat de
Personne n'a oublié le terrible drame de la Bas-
tide-Besplas. Le propriétaire, M. Bugad de Lasalle,
et ses trois domestiques, furent assassinés, et un
des plus dramatiques procès criminels se déroula
devant la cour d'assises;de.l'Ati:.l;e: Le Petit Jour-
nal en a donné tous les détails du 19 au 30 août
Deux accusés. Jacques Latour et Audouy, ont ex-
pié leur crime, l'un sur l'échafaud, l'autre aux ga-
ières, où il est mort.
Mais il y ayait évidemment d'autres coupables
qui étaient parvenus à se soustraire à l'action du la
justice.
Les autres coupables seraient-ils découverts?
Parmi les' témoins entendus aux débats de la
cour d'assises de l'Ariége, en août 1864, figurait' la
femme Monté, née Vissac, marchande de para-
pluies, domiciliée à l?oix. Sa déposition se résu-
mait ainsi
Le 22 décembre i 863 (deux n:ois avant le crime),
je me trouvais à Rimont, on se tenait une foire.
J'étais dans une auberge, au coin du feu; à côté de
moi était assis'un;homme que je ne connaissais pas
et que l'aubergiste me dit être un charlatan, et une
femme que j'ai su plus tard être la concubine d'Au-
douy. Dans la cours de la conversation qui s'enga-
gea ntre nous, l'étranger me demanda où j'avais
résidé avant de me tixer à Foix. Je répondis à
Labastide.
Il y a un château dans cette localité ? me de-
manda-t-il ?– Oui.– Il est habité par un vieux.ladre
célibataire qui y entasse des éons. Il mériterait
bien qu'on lui f. un coup de fusil et qu'on lui vo-
lât son argent. Vous vous trompez, lui dis-je; il
existe bien un château à Labastide, il est bien ha-
bité par un riche propriétaire, mais il est marié,
pire de famille, et de plus très humain et très
charitable. Il répand d'abondantes aumônes.
Non, il est célibataire, c'est un vieil avare.
L'étranger prononçait ces mots d'ua ton très
animé.
J'insistais pour le détromper, lorsqu'une voix
vint mettre un terme à notre discussion. Cette voix
était celle d'Audotly dit l'Hercule Vous ne vous
entendez pas; toi, dit Audouy, s'adressant au char-
latan, tu.parles de M. de Lasallo à Labastillette (La-
bastide de Besplas), tandis que madame parle de
M. de M. à Labastide de Sérou.
Le charlatan que l'Hercule tutoyait ainsi, recom-
mençait à attaquer avec vivacité ce.qu'il appelait
la ladrerie du vieil avare (c'èst ainsi qu'il désignait
M. de Lasalle),Jor.que Audouy lui imposa silence:
C'est assez parlé, lui dil-il. Ils se mirentalous à ta-
ble. La,fille D. partagea leur déjeuner.
Lorsque deux mois aptès, l'infortuné -M. de La-
salle fat tombé sous la hache de ses assassins, et
qne son trésor, fruit de longues économies, eût été
enlevé, à la nouvelle de cette horrible boucherie,
la femme Monié se rappela avec effroi les paroles
du charlatan, et, quand-elle appritque Audouyétait
sous les verroux avec son complice, elle ne douta
pas un instant que. ce complice ne fût son interlo-
culeùr de l'auberge de Rimont. Elle fut détrompée.
J. ^Uwr, lm Bar>-
tiste Pnjol de Labastide Belplas. Le ohaflâtan, q
le 22 décembre BJraont, disait que" M. de L'aS
salle méritait un cou^de fusil, avait-il eu.iiorôlef
dans la tragédie du 24 février? -Qu-'éfait-H devenu?!
C'est ce que les débats ne purent révéler. Il avaig
disparu de nos contrées.
La justice avaitr-elle eu les yeux sur laf, oti bien'
Audouy, que l'on dit mort, aurait-il, en mourant;
fait des révélations, et l'aurait-il désigné comnifr
un de ses complices?. Les magistrats seuls
savent. Ce qui est certain, c'est qu'il y a une quiny1
zaine de jours, la femme Manié été appelée as/-
vant-M. le jugé d'instruction de Siiût-Gaudenà/
pour être confrontée dvec un individu qu'on Venai?
d'écrouer. La femme Monié n'a pas tardé'à à recon-'
naitre son interlocuteur de Riment.
Ce dernier avait été inscrit, par l'aubergiste d#'
cette ville, sous le nom de Pierre Sanlot, dit Enfant
de'troupe. C'est aussi le nom de' l'ipdïvidii déposa
dans la maison d'arrêt de Saint-GiU/dens. -11 a re^
connu s'être trouvé à le'-2'2 décembre, a<î
vec Audouy; il a reconnues vraies certaines parti-/
cularités indiquées par la femme mais ila^-
prétendu ne l'avoir jamais vue; il ne s'est points
trouve avec elle dans l'auberge, et, on le comprend,.1
tl nie avoir eu avec elle la conversation que nou0
avons fait connaître.'
Pierre Sanlôt est-il victime d'une fatale coïnci-1-
l'un des assassins ses paroles
tout si compromettantes, seront-elles 'le point de*
départ d'une information qui démontrera sa parlici-'
pation au massacre du château de Railla rd? L'ave-^
nir nous l'apprendra. La tâche est des plus ardues,-
mais elle n'est point assurément an-dessus de l'in-?
lelligenoe et de l'énergie de l'honorable chef du*
parquet de Saint-Gaudens.
Cette tâche deviendra plus facile, s'il est vrai
comme on nous le dit,, que Sanlot soit allé, quel-
ques jours avant le crime, chercher Audouy 11 La-
bastide de Sérou, et que, ne l'y trouvant pas, il se,
soit ¡consolé de ce contre-temps en disant Je lei'
trouverai au Mas-d'Azil s'il est vrai, enfin, que la'
surlendemain du 24 février ils se soient trouvés en-'
.semble à Varilhes. '̃' ̃̃̃«.
Attendops, et 'plaçons toute notre confiance dans'
la vigilance de la justice.
Dernièrement, un hôtelier de Nyhawn (Schles-;
wig) recevait comme cadeau une grenade du poids-,
de 2 idtog. et provenant de l'assaut de 'Dybbbl''
(Duppel). La croyant complétement vide, il voulut!
s'en servir pour y déposer des allumettes/maisv
comme ce projectile conservait difficilement l'é*'
quilibre, il résolut de 'remplir sa cavité avec du*
plomb fondu. A peine la matière liquide entrait-?1
elle dans la grenade que cette dernière fit explo-'
sion renversant ou détruisant tout ce qui garnis-,
sait .la chambre. Par miracle, l'hôtelier en fut quitte?
pour une grande frayeur; ni lui ni aucune des per-'
sonnes.présent'es n'ont été blessés
Le gouvernement espagnol vient d'accorder à le
Compagnie de télégraphie océanique l'autorisation'
définitive de fixer snr un point de File de Cubai
l'extrémité du câble sous-marin qui doit partir deP
côtes de la Floride (Etals-Unis^ l""î-
VARIETES
i, LE GRIME
(Voir le Petit Journal depuis le 30 octobre.
XLII
Peut-être le père Lechaillui le digne maître'
d'école, connaissait-il sa fille.
Il était seul, eu ce cas, à l'avoir devinée, car
jamais une hypocrisie plus consommée ne fut r
mise au service d'une perversité si profonde'
qu'elle peut sembler exagérée, d'une déprava-;
tion inconcevable chez une femme jeune et;
ayant peu vu le monde.
Tous ses actes furent si bien marqués au coin'-
d'une politique savante que son admirable corné-
die fit illusion, même à l'œil si perçant de v
jalousie.
Si bien 'que tout le monde disait:
t La belle Berthe est folle dé sôn'tnari.
C'était la conviction de Sauvresy, et il étailf
le premier à dire, sans ca,cher la joie qu'il en?
éprouvait:
Ma femme m'adore. ̃> ̃:
Tellè était exactement la situation des mat-?-
tres du Valfeuillu, lorsque Sauvresyreeueillit;Jkr
Sèvres, sur le bord de la Seine, le pistolet à 'II?
main, son ami Trémorel.
Ce soir-là, pour la première fois depuis son?
mariage, Sauvresy manqua le dîner après avoir^
promis d'arriver à l'heure, et se fit attendre.
Si incompréhensible était l'inexactitude, que£
Çerthe eût dû être inquiète. Elle n'était qu'in-^
dignée de ce qu'elle appelait un manque absolu'
Mais, elle se demandait queUe punition ellï1
infligerait au coupable, lorsque sur les dk heu^
res du soir, l,aportedu salon de Valfeuillu s'ou-^
vrit brusquement.
Sauvresy était sur le» seuil, gai, souriant.
Berthe, dit-il, je t'amène un revenant:
C'est à peine si elle daigna lever la tête, el
encore sans perdre l'alinéa du journal qu'elle
lisait.
Sauvresy continuait .<
Un revenant que tu connais, dont je t'aî?
parlé bien souvent, que tu aimeras puisque jq!
l'aime, et qu'il est mon plus vieux camaradei
mon meilleur ami.
En s'effaçant, :1 poussa Hector dans le salon,?
en disant:*
'•–Madame Sauvresy, permettez-moi ,de
vous présenter M. le comte Hector de
Pert.be se .leva brusquement, rouge, éiagglf
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.33%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.33%.
- Collections numériques similaires Scènes Scènes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Scènes"
- Auteurs similaires Scènes Scènes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Scènes"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 3/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k589492h/f3.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k589492h/f3.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k589492h/f3.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k589492h/f3.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k589492h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k589492h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k589492h/f3.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest