Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1865-08-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 août 1865 08 août 1865
Description : 1865/08/08 (Numéro 920). 1865/08/08 (Numéro 920).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589026c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
BUREAUX RUE RIÇHELlED^.
» au coin du boul. Montmartre "'•J
à la librairie du I'etit "Jouuhil
6 mois tfnan
parteritdnl*'oudul5decha(iue'inois
Mandat eu timbres-poste
> Numéro
8 août
TIRfiËE DU PETIT JOURNAL
Lundi': août isêa
EDMOND.
Je puis bien parler de lui, puisqti'il n'exis-
ïe plus; les gens qui prétendent que lors-
que je parle de. la Lune, c'est une réclame
payée par le bon Dieu, ne douteront pas de
mon impartialité.
Edmond n'est plus depuis un an qu'un
simple mortel, en bottes, en paletot, en faux
col, comme vous et moi, mon cher lecteur,
-ils n'a aucun intérêt à tirer des louanges
des journaux..
Hier dimanche, je "regardais .à Mabille le
lieu où j] trôna si longtemps.
Un petit kiosque aux formes chinoises, et
dont l'intérieur représente des figures d'ani-
maux antédiluviens et des chiffrés énigmati-
ques.
Le kiosque existe encore.
On y voit toujours quelques danseuses fa-
tiguées, regardant à travers les fentes de la
porte.
Mais Edmond est parti. pour son châ-
cris, il surveitle sa récolte.
Le nom d'Edmond ne dit rien h mes lec-
trices de province; c'est une appellation
toute bourgeoise, et qui ne sent ni le soufre,
ni le patchouli.
Pourtant à ce nom, les dames de Paris
tressaillent.
Leurs yeux s'animent, leurs lèvres s'a-
gitent.
Pour elles, Edmond était le sorcier du dix-
Le successeur unique de Mite Lenormand.
« Eve, disait le serpent à la première fem-
me, mange le fruit de l'arbre du bien et du
niai, ettu sauras l'avenir.» »
Et Eve mit les reinettes à la mode.
Et depuis ce temps, savoir t'avenir est le
plus vil désir des filles curieuses denptremô-
re commune, depuis la belle paysanne en
robe de-cotonnade, et en sabots vernis. jus-
qu'à la grande dame lei crinoline de soie
Toutefois .M110 Lenormand, la sibylle qui.
prophétisa depuis jusqu'au 25 juin
jour de sa mort, n'était pas logée comme
Edmond.
Vous souvenez-vous comment on entrait
chez elle, dans son antre de la rue de Tour--
non ? Il n'y avait sur la porte ni hibou em-
paillé, ni sphinx mythologique. On lisait
simplement cette prosaïque inscription
Vous frappiez, lc cœur ému. un vieux
domestique 'vous introduisait dans un petit
FEUILLETON OU PETIT JOURNAL
vU 8 août 1865.
1E BMIMï m C0I1ASDEUR
Suite (X).
Jean était amoureux. Jean se l'avouait a lui-
̃ môme, et il éprouvait le besoin de te confier
quelqu'un.
L'amour sans confident est chose si difficile,
qne cela îsc s'est jamais vu. Or, le cœur de Jean
oi-.liitait, il avait besoin de s'épnncher, et Jean'
n'avait d'autre ami que Pandrille.
Hé! hé! lui dit l'intendant, vous aies bien!
•>sureux. monsieur Jean.
Moi ? fit le jeune homme en rougissant.
Parbleu!
Pourquoi heureux? fit-il.
Parce que vous 6Les dans les bonnes grâces
de votre belle cousine.
Jeandevintcramuisi.
Je vous ai vus passer tous deux, continua
le bonhomme en clignant de l'oeil, et vous res-
sembliez.iol|inent ¡¡'deux amoureux.
Tais-toi, Pandrilie, tais-toi!
Ma foi n y en a de plus laids, après tout,
.monsieur Jean. Vous êtes lait au tour; et les
marquises, s'il y en avait encore, raffoleraient
de vous. Quant a Mmo la comtesse, vous savez
si elle est belle.
(il Y.oirle Petit-Journal du il juillet au G'aoùt. i
salon, oùsontvenus, à tour de rôle. bien des
grands de ce siècle. On voyait sur les murs
les portraits de toute la famille de Charles
X, les Fumeurs de pipe de Rembrandt, un
Gryuze admirable et d&uxMignard de grand
prix.
Un coup de sonnette indiquait le moment
de votre entrée chez la nécromancienne.
Vous la trouviez dans un vaste cabinet,
meublé en bois d'érable, et dans lequel on
distinguait le portrait de la sibylle, peint
parlsabey,et exposé au Salon de 1825'.
L'Hécubo moderne ne sentait nullement le
soufre et n'était point vêtue de peau de re-
quin elle portait une robe de soie puce,
garnie de fourrures en hiver et de denteUes
en été. et son front' était revêtu d'une to-
que, qui rappelait la Corinne de Mme de
Staël.
M110 Lenormand dédaignait les cartes or-
dinaires, et ne se servait que de tarots.
Edmond ne procédait pas comme la pro-
pliétessé qui eut des impératrices et des rei-
nes pour clientes.
Mais il est peut-être utile de dire comment
il vint s'emparer de cet empi re de la divi-
nation revendiqué en ce siècle par le som-
nambulisme, le spiritisme et autres moyens
de révélations par les procédés nouveaux.
Il y a une douzaine d'années un soldat
licencié flânait sur la place de la Bastille.
Une foule entourait un magicien qui faisait
ainsi l'annonce ordinaire
Messieurs et mesdames, en regardant le
costume que je porte, vous vous êtes dit
sans doute que j'étais Français vous ne
vous êtes point trompé, et je chercherais en
vain à vous le dissimuler; mais si j'appar-
tiens à la vieille Europe par la naissance,
j'ai puisé la science dans mes voyages. Pro-
fondément versé dans la chiromancie je
puis dévoilez à vos yeux l'avenir le plus
obscur; je dis le mal comme le bien, le bon-
heur comme le malheur; le noir et le blanc.
Voici des prospectus qui indiquent mon ca-
binet de consultation chez le marchand de
vin du coin.
Vous pouvez venir voir si je dis la vérité.
Si je ne mets pas le doigt sur la plaie dou-
loureuse si je ne dis pas les joies et les cha-
grins que vous avez éprouvés, entrez hardai-
ment dans ce cercle, et, devant l'honorable
société qui m'environne, traitez-moi d'igna-
re, de fourbe, de propre à rien déchirez
mon imprimé, je l'aurai mérité. Mais si,
au contraire, j'ai frappé juste, faites-en l'a-
veu à vos amis et connaissances; c'est un
service que vous leur rendrez. car un con-
seil peut souvent empêcher les procès, la
ruine et le déshonneur.
Voulant faire profiter mes concitovens des
faibles- talents que j'ai roçns de la nature, a-
vant mon départ pour l'Italie, où je suis im-
patiemment attendu, j'ai mis le prix du petit
jeu dix centimes, deux sous, et le- grand jeu
à un franc, au lieu de cent sous qu'on m'a
toujours payé. Allons, messieurs, pour deux
sous on n'a pas une maison de campagne
Mais tais-toi donc, bavard murmura Jean
ravi, les truites ne mordront pas.
Allons donc! répondit l'intendant d'un air
de triomphe, voyez plutôt.
L'eau, en efi'et, s'était légèrement agitée à sa
surface, Sa ligne avait fléchi brusquenient, en-
traînée par le poids, cl Pandrillo avait, rejeté
vivement sur le gazon une truite magnifique.
J« vous disais donc, poursuivit-il, que vous
étiez .amoureux de la comtesse.
-i- Moi? balbutia Jean tout ému.
-• Parbleu! et vous veniez même me le con-
ter, n'est-ce pas?
Et Pandrille sourit'd'un air mystérieux et fin
qui semblait dire fiez-vous en moi, je ferai
'vos affaires.
'̃ –Tu crois? demanda naïvement le jeune
homme.
Je crois bien d'autres choses encore.
Ati! et çîuc crois-Ui?
Que ta comtesse n'est. peint fâchée de votre
amour. '=
Mais elle l'ignore.
Bon!
J'aimerais mieux mourir mil'e fois.
Allons donc! mon jeune maître, les fem-
mes n'ont jamais besoin qu'on leur dise de ces
choses-là, elles devinent-
De rouge qu'il était, Jean devint tout à coup
fort plle.
Comment! murmura-t-il, tu crois qu'elle.
's'est aperçue que je l'aimais!
Aussi bien que moi.
Oh exclama le pauvre garçon d'un s^n, dé-
pas même une maison en ville Pour deux
sous vous n'achèterez pasdu mobilier et vous
nie mènerez pas vos femmes a l'Opéra Pail-
lasse fais le tour de la société et offre des
cartes au public idolâtre qui nous fait celui
de nous entourer.
Deux sous pour entendre l'avenir, c'était
dans les moyens du soldat licencié. –Il entra
chez le marchand de vin. Mais soit que le
sorcier eût trop donné de consultation, soit
que le sujet fut plus rebelle, il arriva que le
devin se sentit malade..
Voulez-vous que je vous remplace
sur la place? dit le militaire.
Moi-même, dire la banne aventure, ce
ne doit pas être malin,
Et voilà mon homme qui se présente dans
lecerclé.etditjsans apprentissage, sans con-
férences préalables avec le diable, des véri-
tés aux garçons et aux fillettes.
De ce jour, le soldat se fit DIEU. Dieu
des sciences occultes.
Il se posa en lecteur des chaos de l'avenir,
Et acquit, en peu de temps, une grande
popularité.
Il s'appelait EDMOND.
Le carrefour fut la première phase de son
élévation à la qualité d'oracle.
La seconde date fut sa prise de possession
du kiosque du destin à Mabille, et de l'antre
de Cachus à Valentino.
Là, il mit philantropiquement l'art divina-
toire à la portée de tout le monde.
II levait le voile de l'avenir dans,les prix
doux.
Il avait un grand cornet qui correspondait
de sa bouche à l'oreille de la consultante pla-
cée très loin.
La consultation était gratuite;
Seulement on donnait 50 centimes pour son
domestique.
il y eut des soirées où le domestique re-
cevait cent écus en pièces de dix sous.
Ces soirs-là. c'est lui qui donnait des ap-
pointements. à son maître.
On prétend qu'une des écervelées du bal
Mabille quitta les quadrilles de Pilodo pour
les planches d'un théâtre, puis le théâtre
même pour épouser un grand seigneur»
On afl'mme que le sorcier Edmond lui a-
vait prédit, moyennant 1 franc 50 centimes,
cette rapide élévation.
Et que la dame, en reconnaissance de ces
bonnes prophéties, fit sa réputation dans les
hautes sphères.
Tant est-il qu'Edmond quitta l'hôtel garni
qu'il occupait.
Il se logea d'abord faubourg Saint-Hono-
ré puis rue Fontaine-Saint-Georges.
Et ne donna pas de consultations a moins
d'une pièce d'or..
Edmond est un homme grand et gros, à la
tête intelligente, à l'œil indifférent en appa-
rence, mais qui scrute, sans en avoir l'air,.
la physionomie do son client.
Pourquoi donc, monsieur Jean?
Mais parce que ¡non amour est une imper-
tinence.
Bah! et. comment?
Tu oublies donc.
Ah oui, dit négligemment Pandrille, votre
naissance. Bah! après tout, n'etes-vous pas
son cousin? et puis aujourd'hui, voyez-vous, a-
près la révolution. ou passe sur bien des cho-
ses.
Le cœur de Jean tressautait dans sa poitrine,
comme s'il eu! dû ia briser.
Pandrille souriait de l'émotion dwjeuuc hom-
me, et, pour la prenuèro fois peut-être, il avait
des distractions i1 la' pèche.
Après tout, conliima-t-il, pourquoi ne l'é-
i pouseriez-vous pas?
Ah murmura Jean d'une voix étouffée,
tais-toi.
Elle est veuve, ta comtesse
Jean tremblait de tous ses iB^jûbres*
Vous serez riche.
-Mo;?
Tiens, fit nRâvement l'intendant, croyez-
vous que 3L le cc/ninuind^ur vous a oublié' .sur,
son testament? 1
Qui, les/autres?
Les efliiêriiicrs.
niriez par me l'ivfre jaser. lions»ir^ monsieur
Tu me renvoies ?
?\on; mais je ne yeux rien vo/js dire. Seu*1
̃ lement, i^'A'ais voug nosmer un|>on conseil.
Voulkz-vmis consumer le sorcier du dix-'
neuvième. siècle, vous demandiez au portier
d'e là maison
Monsieur Edmond?
Au premier, répon-dait le Pipelet.
On monSiit, et deux valets h riche livrée
vous faisaieat entrer dans un salim resplenP
dissaat de bronzes dorés, de lustres ce. crus-
tal, de- tapis dfAiibusson.ee des
Sur une grande table on trouvait um opus-f
cule da, sorcier, petit in-fi avec irra^uresh
symboliques
Tout à coup une vieille dame, sa mère,-
vous disait Entrez!
Et vous vous- trouviez. intimidé et"
voyan t à peine cldir. en de I Etiohaa-'
teur.
Ce n'était pas lk> le salon ompire-de S.110'
Lenormand,
Gelait un grand cabinet, noirs.
Les murs, tendus de velours, étaient (som^s
bres.
Le jour était intercepté par d'épiais-r*
deaux.
Sur les lambris on voyait une tôt© de*
mort, une chouette. une .orfraie;
L'écritoire formait un sphinx..
Le manche de la plume reppéspntaiti-ur»'!
petit squelette, ebla baguettedivinùioircétait*-
de l'ébàne traditionnel, surmontée d'urt-
hibou.
Quant à Edmond, il avait la -robot- de-
Ruggieri, l'oracle de Gatherino.de Médicis,
velours et argent, parsemée de olmuves-SGtt^
ris d'or.
Pour aller consumer Edmond et'être reçu,,
il fallait avoir:
Il, Vingt et un ans au.moins
2° Parler. le français, l'anglais ou l'aile-?
mand
31 Et être seul.
Le nécromancien vous posait quatre ques-v*
tiens
Quel jour êtes-vous nd?
Quelle est la bête que vous ab'hoiTcx?'
Quelle est votre couleur favorite ?
Au milieu. d'une montagne, aimez^vous*
mieux descendre que monter?
Les lundi, mercreduet samedi, il disait la*
bonne aventure par la chiromancie, ou, in-'
spection des lignes de-la main.
D'après les règles laissées par M"" Lcnor-
mand, on peut se dire la bonne aventure. b&
soi-même. Je copie ses ouvrages. Voyez les*-
-mains.
Main courte,
froide et égoïste.
Main a paume longue aux doigts régulier*v
–nature ouverte.
Main aux doigts
Main qui peut toucher la geuoax- quand
le corps est droit génie.
Main qui, l'individu debout, ne dopasse pas?
le mitieu de la cuisse– hmapaeité el .envie
Main aux doigts distancés– miser ci babil.
Main dans laquelle, Par tic, on en l'orme le*>
pouce avarica. "y
Parle.
Vous aimez la comtesse, n'est-ce pas?
Ohidit-iten co/iagrimant les balleiBéiitsdft\
son cœur..
Eh bien, tâchez, qu'elle voms aime^ Le reste
ira tout seul.
Mais le
̃ Ah! dame! cherchez..
Je donnerai s ma vie pour elle.
Tarare! la belle avance! Si vous lionnes
:votre viopour < »1 le. vous ne l'épouserez pas, biea
oerlainonwnt. Cherchons autre chose.
Jean, frisso'jnait d'émotion et regardait l\in-
driile d'un ;t.ir éperdu.
Tu crois donc qu'elle pourrait m'aimer?
balb\ilia-Wl.
Certainement.
Mais que faire, mon Dieu! que faire?
A-yolrc place, et tout bien n llcclii, je ne
ïerais,rien du tout. L'amour vient tout seul.
't'u rai fies-, Pandrille.
Non certes. Teniez, Urne vient une niée.
Je'.m se prit a écouter de ses deux oreilles.
je chercherais te diamant, moi, cl je lâche-
rais de le trouver. Ce serait un assez joii cadeau-
de noces, hein!
̃– Mais ce diamant.cslau château?
C'est probable.
Et tu sais bien, puisque tu nie i as conseil»
lé tcè-mêrcc, qu? je n'y euitc jàniiiis.
El. bien! vous y eiVircrex.'saaijiion.iHt.
Jean,
Quand vqus n'aviez au ehiUeau Q'j? gfi
> neniis, c'était fort sago à vous de ni1 \nxlin aller,
» au coin du boul. Montmartre "'•J
à la librairie du I'etit "Jouuhil
6 mois tfnan
parteritdnl*'oudul5decha(iue'inois
Mandat eu timbres-poste
> Numéro
8 août
TIRfiËE DU PETIT JOURNAL
Lundi': août isêa
EDMOND.
Je puis bien parler de lui, puisqti'il n'exis-
ïe plus; les gens qui prétendent que lors-
que je parle de. la Lune, c'est une réclame
payée par le bon Dieu, ne douteront pas de
mon impartialité.
Edmond n'est plus depuis un an qu'un
simple mortel, en bottes, en paletot, en faux
col, comme vous et moi, mon cher lecteur,
-ils n'a aucun intérêt à tirer des louanges
des journaux..
Hier dimanche, je "regardais .à Mabille le
lieu où j] trôna si longtemps.
Un petit kiosque aux formes chinoises, et
dont l'intérieur représente des figures d'ani-
maux antédiluviens et des chiffrés énigmati-
ques.
Le kiosque existe encore.
On y voit toujours quelques danseuses fa-
tiguées, regardant à travers les fentes de la
porte.
Mais Edmond est parti. pour son châ-
cris, il surveitle sa récolte.
Le nom d'Edmond ne dit rien h mes lec-
trices de province; c'est une appellation
toute bourgeoise, et qui ne sent ni le soufre,
ni le patchouli.
Pourtant à ce nom, les dames de Paris
tressaillent.
Leurs yeux s'animent, leurs lèvres s'a-
gitent.
Pour elles, Edmond était le sorcier du dix-
Le successeur unique de Mite Lenormand.
« Eve, disait le serpent à la première fem-
me, mange le fruit de l'arbre du bien et du
niai, ettu sauras l'avenir.» »
Et Eve mit les reinettes à la mode.
Et depuis ce temps, savoir t'avenir est le
plus vil désir des filles curieuses denptremô-
re commune, depuis la belle paysanne en
robe de-cotonnade, et en sabots vernis. jus-
qu'à la grande dame lei crinoline de soie
Toutefois .M110 Lenormand, la sibylle qui.
prophétisa depuis jusqu'au 25 juin
jour de sa mort, n'était pas logée comme
Edmond.
Vous souvenez-vous comment on entrait
chez elle, dans son antre de la rue de Tour--
non ? Il n'y avait sur la porte ni hibou em-
paillé, ni sphinx mythologique. On lisait
simplement cette prosaïque inscription
Vous frappiez, lc cœur ému. un vieux
domestique 'vous introduisait dans un petit
FEUILLETON OU PETIT JOURNAL
vU 8 août 1865.
1E BMIMï m C0I1ASDEUR
Suite (X).
Jean était amoureux. Jean se l'avouait a lui-
̃ môme, et il éprouvait le besoin de te confier
quelqu'un.
L'amour sans confident est chose si difficile,
qne cela îsc s'est jamais vu. Or, le cœur de Jean
oi-.liitait, il avait besoin de s'épnncher, et Jean'
n'avait d'autre ami que Pandrille.
Hé! hé! lui dit l'intendant, vous aies bien!
•>sureux. monsieur Jean.
Moi ? fit le jeune homme en rougissant.
Parbleu!
Pourquoi heureux? fit-il.
Parce que vous 6Les dans les bonnes grâces
de votre belle cousine.
Jeandevintcramuisi.
Je vous ai vus passer tous deux, continua
le bonhomme en clignant de l'oeil, et vous res-
sembliez.iol|inent ¡¡'deux amoureux.
Tais-toi, Pandrilie, tais-toi!
Ma foi n y en a de plus laids, après tout,
.monsieur Jean. Vous êtes lait au tour; et les
marquises, s'il y en avait encore, raffoleraient
de vous. Quant a Mmo la comtesse, vous savez
si elle est belle.
(il Y.oirle Petit-Journal du il juillet au G'aoùt. i
salon, oùsontvenus, à tour de rôle. bien des
grands de ce siècle. On voyait sur les murs
les portraits de toute la famille de Charles
X, les Fumeurs de pipe de Rembrandt, un
Gryuze admirable et d&uxMignard de grand
prix.
Un coup de sonnette indiquait le moment
de votre entrée chez la nécromancienne.
Vous la trouviez dans un vaste cabinet,
meublé en bois d'érable, et dans lequel on
distinguait le portrait de la sibylle, peint
parlsabey,et exposé au Salon de 1825'.
L'Hécubo moderne ne sentait nullement le
soufre et n'était point vêtue de peau de re-
quin elle portait une robe de soie puce,
garnie de fourrures en hiver et de denteUes
en été. et son front' était revêtu d'une to-
que, qui rappelait la Corinne de Mme de
Staël.
M110 Lenormand dédaignait les cartes or-
dinaires, et ne se servait que de tarots.
Edmond ne procédait pas comme la pro-
pliétessé qui eut des impératrices et des rei-
nes pour clientes.
Mais il est peut-être utile de dire comment
il vint s'emparer de cet empi re de la divi-
nation revendiqué en ce siècle par le som-
nambulisme, le spiritisme et autres moyens
de révélations par les procédés nouveaux.
Il y a une douzaine d'années un soldat
licencié flânait sur la place de la Bastille.
Une foule entourait un magicien qui faisait
ainsi l'annonce ordinaire
Messieurs et mesdames, en regardant le
costume que je porte, vous vous êtes dit
sans doute que j'étais Français vous ne
vous êtes point trompé, et je chercherais en
vain à vous le dissimuler; mais si j'appar-
tiens à la vieille Europe par la naissance,
j'ai puisé la science dans mes voyages. Pro-
fondément versé dans la chiromancie je
puis dévoilez à vos yeux l'avenir le plus
obscur; je dis le mal comme le bien, le bon-
heur comme le malheur; le noir et le blanc.
Voici des prospectus qui indiquent mon ca-
binet de consultation chez le marchand de
vin du coin.
Vous pouvez venir voir si je dis la vérité.
Si je ne mets pas le doigt sur la plaie dou-
loureuse si je ne dis pas les joies et les cha-
grins que vous avez éprouvés, entrez hardai-
ment dans ce cercle, et, devant l'honorable
société qui m'environne, traitez-moi d'igna-
re, de fourbe, de propre à rien déchirez
mon imprimé, je l'aurai mérité. Mais si,
au contraire, j'ai frappé juste, faites-en l'a-
veu à vos amis et connaissances; c'est un
service que vous leur rendrez. car un con-
seil peut souvent empêcher les procès, la
ruine et le déshonneur.
Voulant faire profiter mes concitovens des
faibles- talents que j'ai roçns de la nature, a-
vant mon départ pour l'Italie, où je suis im-
patiemment attendu, j'ai mis le prix du petit
jeu dix centimes, deux sous, et le- grand jeu
à un franc, au lieu de cent sous qu'on m'a
toujours payé. Allons, messieurs, pour deux
sous on n'a pas une maison de campagne
Mais tais-toi donc, bavard murmura Jean
ravi, les truites ne mordront pas.
Allons donc! répondit l'intendant d'un air
de triomphe, voyez plutôt.
L'eau, en efi'et, s'était légèrement agitée à sa
surface, Sa ligne avait fléchi brusquenient, en-
traînée par le poids, cl Pandrillo avait, rejeté
vivement sur le gazon une truite magnifique.
J« vous disais donc, poursuivit-il, que vous
étiez .amoureux de la comtesse.
-i- Moi? balbutia Jean tout ému.
-• Parbleu! et vous veniez même me le con-
ter, n'est-ce pas?
Et Pandrille sourit'd'un air mystérieux et fin
qui semblait dire fiez-vous en moi, je ferai
'vos affaires.
'̃ –Tu crois? demanda naïvement le jeune
homme.
Je crois bien d'autres choses encore.
Ati! et çîuc crois-Ui?
Que ta comtesse n'est. peint fâchée de votre
amour. '=
Mais elle l'ignore.
Bon!
J'aimerais mieux mourir mil'e fois.
Allons donc! mon jeune maître, les fem-
mes n'ont jamais besoin qu'on leur dise de ces
choses-là, elles devinent-
De rouge qu'il était, Jean devint tout à coup
fort plle.
Comment! murmura-t-il, tu crois qu'elle.
's'est aperçue que je l'aimais!
Aussi bien que moi.
Oh exclama le pauvre garçon d'un s^n, dé-
pas même une maison en ville Pour deux
sous vous n'achèterez pasdu mobilier et vous
nie mènerez pas vos femmes a l'Opéra Pail-
lasse fais le tour de la société et offre des
cartes au public idolâtre qui nous fait celui
de nous entourer.
Deux sous pour entendre l'avenir, c'était
dans les moyens du soldat licencié. –Il entra
chez le marchand de vin. Mais soit que le
sorcier eût trop donné de consultation, soit
que le sujet fut plus rebelle, il arriva que le
devin se sentit malade..
Voulez-vous que je vous remplace
sur la place? dit le militaire.
Moi-même, dire la banne aventure, ce
ne doit pas être malin,
Et voilà mon homme qui se présente dans
lecerclé.etditjsans apprentissage, sans con-
férences préalables avec le diable, des véri-
tés aux garçons et aux fillettes.
De ce jour, le soldat se fit DIEU. Dieu
des sciences occultes.
Il se posa en lecteur des chaos de l'avenir,
Et acquit, en peu de temps, une grande
popularité.
Il s'appelait EDMOND.
Le carrefour fut la première phase de son
élévation à la qualité d'oracle.
La seconde date fut sa prise de possession
du kiosque du destin à Mabille, et de l'antre
de Cachus à Valentino.
Là, il mit philantropiquement l'art divina-
toire à la portée de tout le monde.
II levait le voile de l'avenir dans,les prix
doux.
Il avait un grand cornet qui correspondait
de sa bouche à l'oreille de la consultante pla-
cée très loin.
La consultation était gratuite;
Seulement on donnait 50 centimes pour son
domestique.
il y eut des soirées où le domestique re-
cevait cent écus en pièces de dix sous.
Ces soirs-là. c'est lui qui donnait des ap-
pointements. à son maître.
On prétend qu'une des écervelées du bal
Mabille quitta les quadrilles de Pilodo pour
les planches d'un théâtre, puis le théâtre
même pour épouser un grand seigneur»
On afl'mme que le sorcier Edmond lui a-
vait prédit, moyennant 1 franc 50 centimes,
cette rapide élévation.
Et que la dame, en reconnaissance de ces
bonnes prophéties, fit sa réputation dans les
hautes sphères.
Tant est-il qu'Edmond quitta l'hôtel garni
qu'il occupait.
Il se logea d'abord faubourg Saint-Hono-
ré puis rue Fontaine-Saint-Georges.
Et ne donna pas de consultations a moins
d'une pièce d'or..
Edmond est un homme grand et gros, à la
tête intelligente, à l'œil indifférent en appa-
rence, mais qui scrute, sans en avoir l'air,.
la physionomie do son client.
Pourquoi donc, monsieur Jean?
Mais parce que ¡non amour est une imper-
tinence.
Bah! et. comment?
Tu oublies donc.
Ah oui, dit négligemment Pandrille, votre
naissance. Bah! après tout, n'etes-vous pas
son cousin? et puis aujourd'hui, voyez-vous, a-
près la révolution. ou passe sur bien des cho-
ses.
Le cœur de Jean tressautait dans sa poitrine,
comme s'il eu! dû ia briser.
Pandrille souriait de l'émotion dwjeuuc hom-
me, et, pour la prenuèro fois peut-être, il avait
des distractions i1 la' pèche.
Après tout, conliima-t-il, pourquoi ne l'é-
i pouseriez-vous pas?
Ah murmura Jean d'une voix étouffée,
tais-toi.
Elle est veuve, ta comtesse
Jean tremblait de tous ses iB^jûbres*
Vous serez riche.
-Mo;?
Tiens, fit nRâvement l'intendant, croyez-
vous que 3L le cc/ninuind^ur vous a oublié' .sur,
son testament? 1
Qui, les/autres?
Les efliiêriiicrs.
niriez par me l'ivfre jaser. lions»ir^ monsieur
Tu me renvoies ?
?\on; mais je ne yeux rien vo/js dire. Seu*1
̃ lement, i^'A'ais voug nosmer un|>on conseil.
Voulkz-vmis consumer le sorcier du dix-'
neuvième. siècle, vous demandiez au portier
d'e là maison
Monsieur Edmond?
Au premier, répon-dait le Pipelet.
On monSiit, et deux valets h riche livrée
vous faisaieat entrer dans un salim resplenP
dissaat de bronzes dorés, de lustres ce. crus-
tal, de- tapis dfAiibusson.ee des
Sur une grande table on trouvait um opus-f
cule da, sorcier, petit in-fi avec irra^uresh
symboliques
Tout à coup une vieille dame, sa mère,-
vous disait Entrez!
Et vous vous- trouviez. intimidé et"
voyan t à peine cldir. en de I Etiohaa-'
teur.
Ce n'était pas lk> le salon ompire-de S.110'
Lenormand,
Gelait un grand cabinet, noirs.
Les murs, tendus de velours, étaient (som^s
bres.
Le jour était intercepté par d'épiais-r*
deaux.
Sur les lambris on voyait une tôt© de*
mort, une chouette. une .orfraie;
L'écritoire formait un sphinx..
Le manche de la plume reppéspntaiti-ur»'!
petit squelette, ebla baguettedivinùioircétait*-
de l'ébàne traditionnel, surmontée d'urt-
hibou.
Quant à Edmond, il avait la -robot- de-
Ruggieri, l'oracle de Gatherino.de Médicis,
velours et argent, parsemée de olmuves-SGtt^
ris d'or.
Pour aller consumer Edmond et'être reçu,,
il fallait avoir:
Il, Vingt et un ans au.moins
2° Parler. le français, l'anglais ou l'aile-?
mand
31 Et être seul.
Le nécromancien vous posait quatre ques-v*
tiens
Quel jour êtes-vous nd?
Quelle est la bête que vous ab'hoiTcx?'
Quelle est votre couleur favorite ?
Au milieu. d'une montagne, aimez^vous*
mieux descendre que monter?
Les lundi, mercreduet samedi, il disait la*
bonne aventure par la chiromancie, ou, in-'
spection des lignes de-la main.
D'après les règles laissées par M"" Lcnor-
mand, on peut se dire la bonne aventure. b&
soi-même. Je copie ses ouvrages. Voyez les*-
-mains.
Main courte,
froide et égoïste.
Main a paume longue aux doigts régulier*v
–nature ouverte.
Main aux doigts
Main qui peut toucher la geuoax- quand
le corps est droit génie.
Main qui, l'individu debout, ne dopasse pas?
le mitieu de la cuisse– hmapaeité el .envie
Main aux doigts distancés– miser ci babil.
Main dans laquelle, Par tic, on en l'orme le*>
pouce avarica. "y
Parle.
Vous aimez la comtesse, n'est-ce pas?
Ohidit-iten co/iagrimant les balleiBéiitsdft\
son cœur..
Eh bien, tâchez, qu'elle voms aime^ Le reste
ira tout seul.
Mais le
̃ Ah! dame! cherchez..
Je donnerai s ma vie pour elle.
Tarare! la belle avance! Si vous lionnes
:votre viopour < »1 le. vous ne l'épouserez pas, biea
oerlainonwnt. Cherchons autre chose.
Jean, frisso'jnait d'émotion et regardait l\in-
driile d'un ;t.ir éperdu.
Tu crois donc qu'elle pourrait m'aimer?
balb\ilia-Wl.
Certainement.
Mais que faire, mon Dieu! que faire?
A-yolrc place, et tout bien n llcclii, je ne
ïerais,rien du tout. L'amour vient tout seul.
't'u rai fies-, Pandrille.
Non certes. Teniez, Urne vient une niée.
Je'.m se prit a écouter de ses deux oreilles.
je chercherais te diamant, moi, cl je lâche-
rais de le trouver. Ce serait un assez joii cadeau-
de noces, hein!
̃– Mais ce diamant.cslau château?
C'est probable.
Et tu sais bien, puisque tu nie i as conseil»
lé tcè-mêrcc, qu? je n'y euitc jàniiiis.
El. bien! vous y eiVircrex.'saaijiion.iHt.
Jean,
Quand vqus n'aviez au ehiUeau Q'j? gfi
> neniis, c'était fort sago à vous de ni1 \nxlin aller,
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