Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1865-07-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juillet 1865 26 juillet 1865
Description : 1865/07/26 (Numéro 907). 1865/07/26 (Numéro 907).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589013w
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
BOREAUX RllËilIcnRliKU
6 mois Un ans
j DlCrAKTEMEKTS. '>'• «ST. S*f.
M MMÉRO CINQ CENTIMES
partentdul"oudul5dechaque in «i»
Mandat ou timbres-poste
B8©S
TIRAGE OU PETIT JOUfttlL
'mardi, 9» jufllet
LU LU. AUX VARIÉTÉS.
Le théâtre des Variétés a repris Lulli, ou
due Mademoiselle,, une char-
mante comédie de,M. Dumanoir, à laquelle
M Clairvilic a mis des couplets, comme tin
met des grelots d'oraux habits de satin dont
se parent les Folies.
La pièce avait été donnée le 44 janvier
pour la première fois..
Et avait obtenu un très grand succès.
Il faut avouer que le râle de Lulli était
tenu par une artiste d'un certain mérito,
Virginie Déjazet.
Malice contenue, finesse exquise, entente
admirable du lancement des traits, aptitude
remarquable a porter le costume historique,
méthode hors ligne' pour chanter le couplet
avéc la mélodie dans la strophe, la comédie
dans le mot, telle était. telle est encore
l'excellente comédienne que les cascadeuses
s modernes n'ont pas remplacée.
Mais dans Lulli, M110 Déjazet, malgré son
leu malin, sa voix vibrante, son brio irrésis-
tible, avait un défaut
Elle ne jouait pas du violon.
Or, si nous consultons l'histoire, nous ver-
rons que le vrai Lulli était très fort sur cet
instrument.
Lorsqu'il fut. son arrivée a Paris, place
comme marmiton dans les cuisines de
demoiselle de Montpensier, il s'exerçait tout
seul sur un mauvais violon qui lui était
tombé sous la main.
Là, entre une bouchée à la reine et un
glacis de volaille, il se désennuyait en grat-
tant avec l'archet.
Il gratta si bien, même sur la quatrième
eorde, que le comte de Nogent l'entendit.
Le grand seigneur craignit sans doute que
--e précurseur de Paganini ne fît, en absor-
bant l'attention de ses collègues en bonnets
de coton, brûler les rôtfs et tourner les sau-
Il parla ài Mademoiselle de ce cuisinier me-
lomane.
Et c'esf à la suite de ces concerts entre
deux cassernlles que Lulli reçut les leçons de
Métru, Roberdet et Gigauli, organistes de
Saint-Ni(îolas-des-Champs.
M"0 Déjazet ne sait pas se servir de colo-
phane, et serait fort embarrassée pour tirer
le moindre accent du plus beau Stradiva-
rius du mondo..
Mais le théâtre des Variétés possède une
actrice mignonne, M"e Vernet, qui est de
première force l'archet à la main.
FEUILLETON DU PETIT JOURNAL
DU 26 JUILLET 1865 ̃
LE DIAMANT DU COMMANDEUR
Suite (1).
Le cénéral avait un aide de camp, le vicom-
te Oscar de Verteuîl, un jeune homme de vieille
rocha que le prestige de la gloire francaiseavait
entraîné sous lès drapeaux comme simple volon-
Capitaine a vingt-quatre ans, aide de camp
du général, Oscar de Verleuiln'avait pu voir
la comtesse, qui était d'une merveilleuse beau-
té sans ressentir cour elle un violent amour,
qu'il osa un jour lui avouer.
Mme Durand était aussi vertueuse que belle
elle tendit la main au jeune homme, et lui dit
!Ion mari vous aime comme son frère, vou-
lez-vous que je sois votre amie votre soeur?,
Le jeune ofticier s'agenouilla devant ,elle, et
lui jura de se guérir et d'oublier son coupable
amour. Et il tint parole, et bientôt il en arriva
à regarder la comtesse comme sa,soeur.
Si bien qu'à la mort du général qu'un boulet
emportait à Eyiau, M. le Vicomte Oscar de Ver-
teuil qui alors aurait pu demander la main de
la comtesse, n'y songea point, et continua à ne
voir en elle que la veuve de son ami, une sœur
aimée à laquelle appartenait tout son sang.
(1) Voir le Petit Journal du J8 au 25 iuille.t:
ires. une pièce qui a eu sa réussite.
Et son solo, ^exécuté avec l'aplomb d'un.
lauréat du Conservatoire, avec la grâce d'un
vieux virtuose, excitait alors des bravos
'unanimes.
Elle nous a donné hier au soir, en habit
à la française, en culotte courte, tenant dans
sa main ornée de dentelles l'instrument il-
lustré par Allard et Viëuxtemps, un Lulli
fort réjouissant.
Rien n'est amusant comme le premier acte
de la pièce des Variétés. si ce-n'est le se-
cond.
Tandis que Lulli fait du macaroni en at-
tendant qu'il note des ariettes, son futur
poète Quinault apparaît en garçon boulan-
ger. ̃̃̃̃
Ah dit Quinault voyant Lulli protégé
parMadelon, la fille d'atours de Mademoi-
selle, tu es bien heureux Si les femmes
s'en mêlent. tu ne resteras pas dans les
cuisines du château. tandis que moi.
Toi, dit Lulli, en 'tonrnant son maca-
roni, tu voudrais aussi sortir du four?. Je
comprends ça.
Est-ce une existence tolérable. du
pain. toujours du pain.
C'est monotone.
Coiffér ce bonnet ridicule, quand on a
du génie.
Ah demande Lulli, tu as du génie, et
comment?.
Eh bien, répond lé garçon boulanger
Quinault en baissant la voix. je suis poète.
je fais des vers.
-Dans quel genre?
J'ai déjà fait trois tragédies.
Tu n'aurais pas autre chose. de moins
long.
J'ai composé, réplique le mitron, une
chanson sur ma bourgeoise, la grosse bou-
langère, elle est riche, elle a quarante ans.
et refuse tous lespartis.
Voyons, dit Lulli, la chanson.
Et il lit: V
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère
Aussi voit-on vingt prétendus
S'etibrcer de lui plaire;
Mais ce qu'ils adorent le plus,
Boulangère,
Ce sont tes écus.
Prends garde, boulangère 1
-Pas mal, pas mal! dit Lulli, des vers
bien coupés pour la musique Il faudrait là-
dessus une espèce de ronde.
Oui c'est ça soupire Quinault, mais
un musicien?
t– Voyons le second couplet, reprend Lulli
en lui prenant le papier des mains.
La boulangère a des amants
Qu'elle n'épouse guère;
Pour la fixer, les plus charmants
Ne savent plus que faire:
Ils sont trop petits ou trop grands
Trop beaux, trop laids, ou trop méchantes
Pour notre boulangère.
Très-bien! parfait exclame le mar-
miton je me charge de la musique.
Une intimité de trois ans avait tué en eux,
en elle aussi bien qu'en lui, la,possibilité de
toute pensée d'amour. Ils étaient frêne et soeur,
rien de plus.
C'était donc a ce simple titre que M. de Ver-
teuil accompagait à Montmorin là comtesse qui
revenait de cette petite ville allemande, ou re-
posait le corps de son père et où elle acconiplis-
sait chaque année un pieux pèlerinage.
La chaise de poste venait donc de s'arrêter au
petit relais de poste de C. et ce relais était le
dernier car de C. à Montmorin, bien qu'il
n'y eût plus qu'une faible distance, la route était
impraticable aux voitures.
Madame, dit le maître de poste a la com-
tesse, il esttout à fait impossible que vous son-
giez à continuer votre voyage en poste il faut
monter à cheval.
Qu'à cela ne tienne, dit-elle en souriant.
La comtesse était excellente écuyère.
Mais je n'ai plus que deux chevaux, objec-
ta le maître de poste. ;•
Eh bien 1 mon laquais et ma femme de
chambre resteront ici jusqu'à demain.
La perspective de l'auberge était affreuse, et
jlme Durand préférait de 'beaucoup quelques
heures de voyage la nuit, par des chemins mal
frayés, à ce gîte inhospitalier.
Quelle distance y a-t-il d'ici à Montmorin?
demanda-t-elle.
-Trois lieues de pays, c'est à dire quai^e
heures de marche à cheval.
Nous arriverons à huit heures, en ce cas.
A peu près, madame..
Comment! toi.. dit le poète enfariné.
Je veux dire. reprend le marmiton,
que je connais un musicien, qui fera un air
sur tes paroles. 1
Ah quelbonheur! murmure le poète.
Je veux qu'avant huit jours, tout Choisy
chante la Boulangère!
La scène suivante, où Lulli s'anime et
prend son violon en entendant dans le loin-
tain un air de Monte Verdi. est charmante.
on accourt. on découvre le coupable qui
joue avec inspiration. l'instrument du délit
lyriqûe la main.
On l'emmène en triomphe,
Et le chœur chante:
Grâce à son volon;
Déjà de la cuisine
Lulli monte au salon 1
La chanson ne fait pas seulement le tour
de la boutique de la boulangère, mais bien
de tout Paris.
Lulli et Quinault demandent à Mademoi-
selle de la prendre sous sa protection. Ils
chantent
Nous étions bien embarrassés
Car c'est notre premier ouvrage.
'Mais, puisque vous le connaissez,
Je retrouve tout mon courage.
Pour la chanson qu'ici nous publions,
Accordez-nous une dernière grâce.
MADEMOISELLE.
Laquelle?
Nous vous supplions,
D'en accepter là dédicace.
Mademoiselle, qui a cru voir une allusion
dans la chanson, chasse lès auteurs de l'œur
vre incriminée.
Mais 'u,ne intrigue d'amour vient au se;
cours de nos pauvres hères, et Lulli; plus en
faveur que jamais, reprend la direction des
Petits Violons du Roi.
Les Petits Violons du Roi s'appelaient aus-
si la Bande des Seize, pour les distinguer
des Vingt-quatre grands Violons ou la Gran-
de bande.
'Il existe. encore plusieurs copies, manus-
crites des symphonies, sarabandes, couran-
tes et gigues que Lulli composa pour sa ban-
de des petits violons.
Lulli; favori de Louis XIV, collaborateur
de Molière, obtint le privilège de l'Académie
royale de musique.
Le grand roi était le collaborateur du petit
cuisinier et du petit boulanger.
Quinault, devenu académicien, esquissait
les plans d'opéras..
Louis XIV en choississait un.
Lulli composait la musique.
Il aécritplus de cinquante opéras et tragé-
dies lyriques, et un grand nombre d'airs 4e
dans,e de morceaux pour violon et de chants
d'église. On lui attribue la musique du God
save the King que les Anglais prêtent à.
Hsendel.
Eh bien! sellez les chevaux, alors nous. i-
rons souper à Montmorin.
Madame, dit le maître de poste, au moment
où la comtesse montait à cheval, les dernières
pluies ont defoncé les chemins. Celui de Mont-
morin est mauvais, i
Peut-on se tromper?
Non, jusqu'au gué du Saut-du-Loup.
Qu'est-ce que ce gué?
C'est l'endroit où l'on passe le Cousin. Les
chevaux, en cet endroit, ont de l'eau jusqu'au
ventre: mais il ne faut pas se tromper.
Ah! fit la comtesse.
-Un peu plus bas, continua le maître de pos-
te, il y un tourbillon dangereux. Si vous pas-
siez l'eau, à cent mètres en aval, vous seriez
Perdue:
Diable 1 murinura le commandant.
Cependant, reprit l'aubergiste, il n'y a pas
à s'y tromper. Le éhemin arrive en face du gué
et un vieux hêtre planté sur la rive opposée serf,
de jalon.
Très bien. Nous serons prudents.
D'ailleurs, acheva l'aubergiste, il fait clair
de lune à huit heures.
Sur ces indications, Mmo Durand et son com-
pagnon poussèrent leurs chevaux et prirent la
route de Montmorin. ̃ '̃ ̃
Cette route qui n'était, à vrai dire qu'un mau-
vais sentier communal défoncé par les dernières
pluies, suivait, jusqu'au Cousm, les méandres
d'une de ces petites vallées sauvages comme il
en foisonne en Morvan, et qui sont couvertes de
..vastes forêts. '̃̃
ï.es deux vovaafurs chevauchèrent nenannt
La comédie de MM. Dumanoir et Glairville
est exacte comme dates.
Lulii. né à Florence en 4633 et Quinault,
né à Paris en 4635, étaient bien contempo-
rains. .•̃•
Mais ils ne se rencontrèrent qu'à un âgfc
plus avancé. v
Quiiiaùlt, devenu dévot par l'influence de
sa femme, renonça au théâtre. et mourut
occupé, de poésie sacrée, en
Lulli, l'avait précédé d'une année dans
la tombe.
11 s'était frappé le bout du pied en battant
la mesure avec sa-canne, l'orteil s'enflamma,
la gangrène survint, Lulli repoussa l'ampii^
tation.
II mourut dans une de ses maisons, située
rue de la Ville-l'Evêque.
Sa dernière réponse est un trait d'esprit.
Le curé qui reçut sa confession ne lui don-'
na l'absolution qu'à la condition qu'il brûy
lerait devant lui son dernier opéra.
Ce qui fut fait en signe de repentir.
Comment s'écria le prince de ContJ #
survenant devais-tu brûler une si bonne,
musique?.
'Paix! lui dit Lulli à l'oreille, j'en ai
une autre copie
La gentille M"e Vernet a eu hier, aux Va-
riétés, les honneurs de la soirée. A côté d'el-
le brillent deux beautés, M"° de Géraudon,'
qui porte la robe des duchesses comme si
elle avait été dorlotée tout enfant dans ses
plis, et M"6 Georgette Olivier, brune à la ma-
nière de Mignard, qui joue la dame d'atours
à faire envie à sa maitresse.
Lulli fera de l'argent aux Variétés, et lE
Public, sans se plaindre. paiera les vio*.
Ions.
TIMOTHÉE TRIMM..
PARIS
L'Académie française tiendra sa séance an*
nuelle le jeudi 3 août, a deux lieurcsvpréciseSï
sous la présidence de M. Sainte-Beuve.
Par arrêté de M. le sénateur préfet de là Sein
ne, en date du 21 courant, une enquête de huit
ours est ouverte à la 17e mai rie de Paris, sur;
le projet d'ouverture d'une rue D., de vingt mè-
tres de largeur, dans la plaine,de Monceaux, al-^
lant du parc de ce nom à l'embarcadère de Cour*
celles.
M. G6t, on le sait, a donné sa démission dm
sociétaire de la Comédie-Française. On assure
que le comité ayant refusé cetie démission, M.
Got intente à la Comédie-Française un procès
en dissolution de société.
Samedi, la première représentation <&e.VÂfri-.
caine a eu lieu à Londres, au théâtre de Covent-.
Garden, avec un immense succès, surtout pour
les 4° et 5° actes.
Plusieurs morceaux ont été bissés dans le pré-
lude.
Aujourd'hui commencé la souscription au
deux heures sans rencontrer âme qui vive, et la
nuit les surprit. Ce fut alors qu'ils, furent croi-
ses par un bûcheron qui portail un fagot de ;;au-
lis sur sa tète.
Sommes-nous bien loin de Montmorin ? lu!
demanda le commandant.
Une lieue encore, not' monsieur. Mais, da-
me ajouta le bûcheron, si vous êtes pressé, faut
prendre garde.
Et pourquoi, s'il vous plait?
Parce qu'il fait nuit, et qu'avec la nuit il
ne fait pas bon marcher.
Faut se garer du Saut-du^-Loup.
Qu'est-ce que le Saut-du-Loup?; demand-
Mme Durand, peu satisfaite de la première défi-
nition qui lui en avait donnée le maître de
poste.
Madame, répondit le bûcheron, c'est toute
unehistoire; et c'est long à dire.
Mais encore
Ah fit le madré paysan, si j'avais pas trois
lieues a faire, e vous la dirais bien, à preuve
même que ça donnerait à la lune le temps de se
lever.
Eh bien l dit la comtesse en lui jetant un
écu, voilà pour votre peine..
C'était ce que le drôle demandait indirecte-
ment Il posa son fagot au revers d'un fossé
et s'assit dessus, tandis que la comtesse arrêtait
sa monture et que le commandant l'imitait.
Faut vous dire, narra alors le bûcheron,,
qu'au temps jadis, le diable causait grand ra-
vage en ces climats. Si on l'eût laissé faire, il!
eût daroné tout le pays morvandiau et même,
6 mois Un ans
j DlCrAKTEMEKTS. '>'• «ST. S*f.
M MMÉRO CINQ CENTIMES
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Mandat ou timbres-poste
B8©S
TIRAGE OU PETIT JOUfttlL
'mardi, 9» jufllet
LU LU. AUX VARIÉTÉS.
Le théâtre des Variétés a repris Lulli, ou
due Mademoiselle,, une char-
mante comédie de,M. Dumanoir, à laquelle
M Clairvilic a mis des couplets, comme tin
met des grelots d'oraux habits de satin dont
se parent les Folies.
La pièce avait été donnée le 44 janvier
pour la première fois..
Et avait obtenu un très grand succès.
Il faut avouer que le râle de Lulli était
tenu par une artiste d'un certain mérito,
Virginie Déjazet.
Malice contenue, finesse exquise, entente
admirable du lancement des traits, aptitude
remarquable a porter le costume historique,
méthode hors ligne' pour chanter le couplet
avéc la mélodie dans la strophe, la comédie
dans le mot, telle était. telle est encore
l'excellente comédienne que les cascadeuses
s modernes n'ont pas remplacée.
Mais dans Lulli, M110 Déjazet, malgré son
leu malin, sa voix vibrante, son brio irrésis-
tible, avait un défaut
Elle ne jouait pas du violon.
Or, si nous consultons l'histoire, nous ver-
rons que le vrai Lulli était très fort sur cet
instrument.
Lorsqu'il fut. son arrivée a Paris, place
comme marmiton dans les cuisines de
demoiselle de Montpensier, il s'exerçait tout
seul sur un mauvais violon qui lui était
tombé sous la main.
Là, entre une bouchée à la reine et un
glacis de volaille, il se désennuyait en grat-
tant avec l'archet.
Il gratta si bien, même sur la quatrième
eorde, que le comte de Nogent l'entendit.
Le grand seigneur craignit sans doute que
--e précurseur de Paganini ne fît, en absor-
bant l'attention de ses collègues en bonnets
de coton, brûler les rôtfs et tourner les sau-
Il parla ài Mademoiselle de ce cuisinier me-
lomane.
Et c'esf à la suite de ces concerts entre
deux cassernlles que Lulli reçut les leçons de
Métru, Roberdet et Gigauli, organistes de
Saint-Ni(îolas-des-Champs.
M"0 Déjazet ne sait pas se servir de colo-
phane, et serait fort embarrassée pour tirer
le moindre accent du plus beau Stradiva-
rius du mondo..
Mais le théâtre des Variétés possède une
actrice mignonne, M"e Vernet, qui est de
première force l'archet à la main.
FEUILLETON DU PETIT JOURNAL
DU 26 JUILLET 1865 ̃
LE DIAMANT DU COMMANDEUR
Suite (1).
Le cénéral avait un aide de camp, le vicom-
te Oscar de Verteuîl, un jeune homme de vieille
rocha que le prestige de la gloire francaiseavait
entraîné sous lès drapeaux comme simple volon-
Capitaine a vingt-quatre ans, aide de camp
du général, Oscar de Verleuiln'avait pu voir
la comtesse, qui était d'une merveilleuse beau-
té sans ressentir cour elle un violent amour,
qu'il osa un jour lui avouer.
Mme Durand était aussi vertueuse que belle
elle tendit la main au jeune homme, et lui dit
!Ion mari vous aime comme son frère, vou-
lez-vous que je sois votre amie votre soeur?,
Le jeune ofticier s'agenouilla devant ,elle, et
lui jura de se guérir et d'oublier son coupable
amour. Et il tint parole, et bientôt il en arriva
à regarder la comtesse comme sa,soeur.
Si bien qu'à la mort du général qu'un boulet
emportait à Eyiau, M. le Vicomte Oscar de Ver-
teuil qui alors aurait pu demander la main de
la comtesse, n'y songea point, et continua à ne
voir en elle que la veuve de son ami, une sœur
aimée à laquelle appartenait tout son sang.
(1) Voir le Petit Journal du J8 au 25 iuille.t:
ires. une pièce qui a eu sa réussite.
Et son solo, ^exécuté avec l'aplomb d'un.
lauréat du Conservatoire, avec la grâce d'un
vieux virtuose, excitait alors des bravos
'unanimes.
Elle nous a donné hier au soir, en habit
à la française, en culotte courte, tenant dans
sa main ornée de dentelles l'instrument il-
lustré par Allard et Viëuxtemps, un Lulli
fort réjouissant.
Rien n'est amusant comme le premier acte
de la pièce des Variétés. si ce-n'est le se-
cond.
Tandis que Lulli fait du macaroni en at-
tendant qu'il note des ariettes, son futur
poète Quinault apparaît en garçon boulan-
ger. ̃̃̃̃
Ah dit Quinault voyant Lulli protégé
parMadelon, la fille d'atours de Mademoi-
selle, tu es bien heureux Si les femmes
s'en mêlent. tu ne resteras pas dans les
cuisines du château. tandis que moi.
Toi, dit Lulli, en 'tonrnant son maca-
roni, tu voudrais aussi sortir du four?. Je
comprends ça.
Est-ce une existence tolérable. du
pain. toujours du pain.
C'est monotone.
Coiffér ce bonnet ridicule, quand on a
du génie.
Ah demande Lulli, tu as du génie, et
comment?.
Eh bien, répond lé garçon boulanger
Quinault en baissant la voix. je suis poète.
je fais des vers.
-Dans quel genre?
J'ai déjà fait trois tragédies.
Tu n'aurais pas autre chose. de moins
long.
J'ai composé, réplique le mitron, une
chanson sur ma bourgeoise, la grosse bou-
langère, elle est riche, elle a quarante ans.
et refuse tous lespartis.
Voyons, dit Lulli, la chanson.
Et il lit: V
La boulangère a des écus
Qui ne lui coûtent guère
Aussi voit-on vingt prétendus
S'etibrcer de lui plaire;
Mais ce qu'ils adorent le plus,
Boulangère,
Ce sont tes écus.
Prends garde, boulangère 1
-Pas mal, pas mal! dit Lulli, des vers
bien coupés pour la musique Il faudrait là-
dessus une espèce de ronde.
Oui c'est ça soupire Quinault, mais
un musicien?
t– Voyons le second couplet, reprend Lulli
en lui prenant le papier des mains.
La boulangère a des amants
Qu'elle n'épouse guère;
Pour la fixer, les plus charmants
Ne savent plus que faire:
Ils sont trop petits ou trop grands
Trop beaux, trop laids, ou trop méchantes
Pour notre boulangère.
Très-bien! parfait exclame le mar-
miton je me charge de la musique.
Une intimité de trois ans avait tué en eux,
en elle aussi bien qu'en lui, la,possibilité de
toute pensée d'amour. Ils étaient frêne et soeur,
rien de plus.
C'était donc a ce simple titre que M. de Ver-
teuil accompagait à Montmorin là comtesse qui
revenait de cette petite ville allemande, ou re-
posait le corps de son père et où elle acconiplis-
sait chaque année un pieux pèlerinage.
La chaise de poste venait donc de s'arrêter au
petit relais de poste de C. et ce relais était le
dernier car de C. à Montmorin, bien qu'il
n'y eût plus qu'une faible distance, la route était
impraticable aux voitures.
Madame, dit le maître de poste a la com-
tesse, il esttout à fait impossible que vous son-
giez à continuer votre voyage en poste il faut
monter à cheval.
Qu'à cela ne tienne, dit-elle en souriant.
La comtesse était excellente écuyère.
Mais je n'ai plus que deux chevaux, objec-
ta le maître de poste. ;•
Eh bien 1 mon laquais et ma femme de
chambre resteront ici jusqu'à demain.
La perspective de l'auberge était affreuse, et
jlme Durand préférait de 'beaucoup quelques
heures de voyage la nuit, par des chemins mal
frayés, à ce gîte inhospitalier.
Quelle distance y a-t-il d'ici à Montmorin?
demanda-t-elle.
-Trois lieues de pays, c'est à dire quai^e
heures de marche à cheval.
Nous arriverons à huit heures, en ce cas.
A peu près, madame..
Comment! toi.. dit le poète enfariné.
Je veux dire. reprend le marmiton,
que je connais un musicien, qui fera un air
sur tes paroles. 1
Ah quelbonheur! murmure le poète.
Je veux qu'avant huit jours, tout Choisy
chante la Boulangère!
La scène suivante, où Lulli s'anime et
prend son violon en entendant dans le loin-
tain un air de Monte Verdi. est charmante.
on accourt. on découvre le coupable qui
joue avec inspiration. l'instrument du délit
lyriqûe la main.
On l'emmène en triomphe,
Et le chœur chante:
Grâce à son volon;
Déjà de la cuisine
Lulli monte au salon 1
La chanson ne fait pas seulement le tour
de la boutique de la boulangère, mais bien
de tout Paris.
Lulli et Quinault demandent à Mademoi-
selle de la prendre sous sa protection. Ils
chantent
Nous étions bien embarrassés
Car c'est notre premier ouvrage.
'Mais, puisque vous le connaissez,
Je retrouve tout mon courage.
Pour la chanson qu'ici nous publions,
Accordez-nous une dernière grâce.
MADEMOISELLE.
Laquelle?
Nous vous supplions,
D'en accepter là dédicace.
Mademoiselle, qui a cru voir une allusion
dans la chanson, chasse lès auteurs de l'œur
vre incriminée.
Mais 'u,ne intrigue d'amour vient au se;
cours de nos pauvres hères, et Lulli; plus en
faveur que jamais, reprend la direction des
Petits Violons du Roi.
Les Petits Violons du Roi s'appelaient aus-
si la Bande des Seize, pour les distinguer
des Vingt-quatre grands Violons ou la Gran-
de bande.
'Il existe. encore plusieurs copies, manus-
crites des symphonies, sarabandes, couran-
tes et gigues que Lulli composa pour sa ban-
de des petits violons.
Lulli; favori de Louis XIV, collaborateur
de Molière, obtint le privilège de l'Académie
royale de musique.
Le grand roi était le collaborateur du petit
cuisinier et du petit boulanger.
Quinault, devenu académicien, esquissait
les plans d'opéras..
Louis XIV en choississait un.
Lulli composait la musique.
Il aécritplus de cinquante opéras et tragé-
dies lyriques, et un grand nombre d'airs 4e
dans,e de morceaux pour violon et de chants
d'église. On lui attribue la musique du God
save the King que les Anglais prêtent à.
Hsendel.
Eh bien! sellez les chevaux, alors nous. i-
rons souper à Montmorin.
Madame, dit le maître de poste, au moment
où la comtesse montait à cheval, les dernières
pluies ont defoncé les chemins. Celui de Mont-
morin est mauvais, i
Peut-on se tromper?
Non, jusqu'au gué du Saut-du-Loup.
Qu'est-ce que ce gué?
C'est l'endroit où l'on passe le Cousin. Les
chevaux, en cet endroit, ont de l'eau jusqu'au
ventre: mais il ne faut pas se tromper.
Ah! fit la comtesse.
-Un peu plus bas, continua le maître de pos-
te, il y un tourbillon dangereux. Si vous pas-
siez l'eau, à cent mètres en aval, vous seriez
Perdue:
Diable 1 murinura le commandant.
Cependant, reprit l'aubergiste, il n'y a pas
à s'y tromper. Le éhemin arrive en face du gué
et un vieux hêtre planté sur la rive opposée serf,
de jalon.
Très bien. Nous serons prudents.
D'ailleurs, acheva l'aubergiste, il fait clair
de lune à huit heures.
Sur ces indications, Mmo Durand et son com-
pagnon poussèrent leurs chevaux et prirent la
route de Montmorin. ̃ '̃ ̃
Cette route qui n'était, à vrai dire qu'un mau-
vais sentier communal défoncé par les dernières
pluies, suivait, jusqu'au Cousm, les méandres
d'une de ces petites vallées sauvages comme il
en foisonne en Morvan, et qui sont couvertes de
..vastes forêts. '̃̃
ï.es deux vovaafurs chevauchèrent nenannt
La comédie de MM. Dumanoir et Glairville
est exacte comme dates.
Lulii. né à Florence en 4633 et Quinault,
né à Paris en 4635, étaient bien contempo-
rains. .•̃•
Mais ils ne se rencontrèrent qu'à un âgfc
plus avancé. v
Quiiiaùlt, devenu dévot par l'influence de
sa femme, renonça au théâtre. et mourut
occupé, de poésie sacrée, en
Lulli, l'avait précédé d'une année dans
la tombe.
11 s'était frappé le bout du pied en battant
la mesure avec sa-canne, l'orteil s'enflamma,
la gangrène survint, Lulli repoussa l'ampii^
tation.
II mourut dans une de ses maisons, située
rue de la Ville-l'Evêque.
Sa dernière réponse est un trait d'esprit.
Le curé qui reçut sa confession ne lui don-'
na l'absolution qu'à la condition qu'il brûy
lerait devant lui son dernier opéra.
Ce qui fut fait en signe de repentir.
Comment s'écria le prince de ContJ #
survenant devais-tu brûler une si bonne,
musique?.
'Paix! lui dit Lulli à l'oreille, j'en ai
une autre copie
La gentille M"e Vernet a eu hier, aux Va-
riétés, les honneurs de la soirée. A côté d'el-
le brillent deux beautés, M"° de Géraudon,'
qui porte la robe des duchesses comme si
elle avait été dorlotée tout enfant dans ses
plis, et M"6 Georgette Olivier, brune à la ma-
nière de Mignard, qui joue la dame d'atours
à faire envie à sa maitresse.
Lulli fera de l'argent aux Variétés, et lE
Public, sans se plaindre. paiera les vio*.
Ions.
TIMOTHÉE TRIMM..
PARIS
L'Académie française tiendra sa séance an*
nuelle le jeudi 3 août, a deux lieurcsvpréciseSï
sous la présidence de M. Sainte-Beuve.
Par arrêté de M. le sénateur préfet de là Sein
ne, en date du 21 courant, une enquête de huit
ours est ouverte à la 17e mai rie de Paris, sur;
le projet d'ouverture d'une rue D., de vingt mè-
tres de largeur, dans la plaine,de Monceaux, al-^
lant du parc de ce nom à l'embarcadère de Cour*
celles.
M. G6t, on le sait, a donné sa démission dm
sociétaire de la Comédie-Française. On assure
que le comité ayant refusé cetie démission, M.
Got intente à la Comédie-Française un procès
en dissolution de société.
Samedi, la première représentation <&e.VÂfri-.
caine a eu lieu à Londres, au théâtre de Covent-.
Garden, avec un immense succès, surtout pour
les 4° et 5° actes.
Plusieurs morceaux ont été bissés dans le pré-
lude.
Aujourd'hui commencé la souscription au
deux heures sans rencontrer âme qui vive, et la
nuit les surprit. Ce fut alors qu'ils, furent croi-
ses par un bûcheron qui portail un fagot de ;;au-
lis sur sa tète.
Sommes-nous bien loin de Montmorin ? lu!
demanda le commandant.
Une lieue encore, not' monsieur. Mais, da-
me ajouta le bûcheron, si vous êtes pressé, faut
prendre garde.
Et pourquoi, s'il vous plait?
Parce qu'il fait nuit, et qu'avec la nuit il
ne fait pas bon marcher.
Faut se garer du Saut-du^-Loup.
Qu'est-ce que le Saut-du-Loup?; demand-
Mme Durand, peu satisfaite de la première défi-
nition qui lui en avait donnée le maître de
poste.
Madame, répondit le bûcheron, c'est toute
unehistoire; et c'est long à dire.
Mais encore
Ah fit le madré paysan, si j'avais pas trois
lieues a faire, e vous la dirais bien, à preuve
même que ça donnerait à la lune le temps de se
lever.
Eh bien l dit la comtesse en lui jetant un
écu, voilà pour votre peine..
C'était ce que le drôle demandait indirecte-
ment Il posa son fagot au revers d'un fossé
et s'assit dessus, tandis que la comtesse arrêtait
sa monture et que le commandant l'imitait.
Faut vous dire, narra alors le bûcheron,,
qu'au temps jadis, le diable causait grand ra-
vage en ces climats. Si on l'eût laissé faire, il!
eût daroné tout le pays morvandiau et même,
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