Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1865-02-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1865 21 février 1865
Description : 1865/02/21 (Numéro 752). 1865/02/21 (Numéro 752).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k588860p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
LE PETIT JOURNAL
3
le six décembre mil huit centcinq, à l'heure
de midi..
Il en mourut trente ans plus tard, ce qui
fut déploré dans tout le quartier, car,grâce
à son correspondant de Marseille, il avait
ducafé de Bourbon, première^ qualité mais
ce n'estpas de lui qu'il s'agit ici.
Antoinette (c'est le nom: que ses parents
lui avaient donné sur les fonts baptismaux,
mais son mari l'appelait plus souvent Petit-
Chat), Antoinette, dès le jour de son maria-
ge, prit le commandement de la manœuvre,
ou, pour parler plus élégamment, le sceptre.
En quoi elle fit bien, puisque son mari ne
s'y opposait pas; dans ses mains le sceptre
devint un bâton noueux, et elle s'en servit
pour corriger les gens d'irnporrrlance
comme elle disait en faisant sonner les rrr
avec la rude^e d'un tambour-major.
Aristide essaya quelques observations ti-
mides. C'était un petit homme très gros, très
joufflu, très bavard, amoureux -des demi-
tasses et du jeu de dominos (en ce temps
reculé la bière était à peu près inconnue).
Puisque tu ne fais rien au logis, mais
rien. rien, rien, absolumenLrien, interrom-
pit Petit-Chat, laisse-moi dû moins travail-
ler Ja ma guise.
Et comme il insistait, elle lui donna un si
beau soufflet, qu'il vit d'un coup d'œil toutes
les étoiles du firmament
Il allait riposter, mais elle appela au se-
cours, cria au meurtre et fit un tel tapage
que tous les habitants de la rue des Crevet-
tes entrèrent dans la boutique :de l'épicier
pour mettre le holà, et que tous lespassants
de la rue!Impériale s'assémbrèrentpour
couter le récit de l'assassinat que le pauvre
Aristide avaiteu l'intention de commettre (au
dire de sa femme).
D'où il suivit naturellementque M. le pro-
cureur impérial prit des informations, inter-
rogeâ et réprimanda très sévèrement Aristi-
de, et assura Petit-Chat de sa protection.
Aristide, effrayé, bassina sa joue toute
rouge encore du soufflet reçu. Gt ses excuses
à sa femmé, promit à NI. le procureur impé-
rial de se mieux conduire,donna les clés de
la caisseà « Petit-Chat », et fat désormais
un mari si sage et si bien pensant qu'on ne
l'entendit plus@ contredire; et qu'il ne rentra
plus dans. sa maison, si ce n'est pour man-
ger, boire, dormir, signer çà et là quelques
factures et conduire à l'école ses quatre fils
Pantaléon, Joachim, Darius et Charle-
magne,
Pantaléon était paresseux comme un loir.
Joachim était vorace comme une autruche.
Darius était sale comme un barbet.
Gharlemagneétaitentêté comme une mule.
Tous quatre réunis faisaient l'orgueil de
leur mère,
Elle, cependant, d'une main active; mesu-
rait le poivre, pesait les raisins et les figues,
comptait les noix, brossait le comptoir et
noircissait les registres en criant de toutes
ses forcés contre son mari, ses garçons, ses
enfants, sa servante et la destinée.
Où sont les chaussettes de Pantaléon?.
Te tairas-tu, Joachim?. Auras-tu bientôt
fini, Darius, de te battre avec Charlemagne ?
Jeaiineton, portez-moi ce paquet de bougie
à monsieur le receveurde l'enregistrement.
Marien, la pratique attend. On demande dé
la bougie. Où donc est Aristide? Aux do-
minos, sans doute On ne l'en arracherait
pas pour un empire. Moi, pendantlce temps,
je me tue, je m'extermine pour faire l'ou-
vrage de tout le monde
Et il est vrai qu'Aristide ne servait pas à
grand'chose et qu'il était comme nuétranger
et un invité dans sa propre maison. Pauvre
homme! il n'avait pas plus d'esprit qu'une
grue; et pas plus de cœur au travail qu'un
lézard empaillé mais il garda bon appétit
jusqu'au dernier jour, et ne fit de mal a per-
sonne. Que la terre lui soit légère 1
Petit-Chat 1 a pleuré longtemps et le pleu-
rerait encore, si le destin fin à
ses jours hier samedi, après diner; à l'âge
de soixante-seize ans Depuis longtemps,
elle avait quitté le commerce et vivait « de
ses rentes » rue de Pékin prolongée, n° 45,
dans un bel entresol, à deux cents pas du
boulevard des Italiens.
Au fond, je le répète, oui, tout au fond, c'é-
tait une très bonne femme.
ALFRED ASSOLLANT.
DEPARTEMENT^?
Voici quelques détails sur l'incendie du châ-
teau de Vizille (Isère) dont nous parlions hier.
Le feu s'est déclaré à minuit avec une gran-
de intensité; ce matin, à cinq heures, on en
était maître. Il a été circonscrit dans l'aile
nord, occupée par'la fabrique d'impression sur
étoffes, dirigée par M. Reviîliod,et qui était as-
surée.
Déjà, en 1825, ce château avait été totalement
incendié., et. comme aujourd'hui, l'incendie a-
vait commencé dans la partie occupée par l'in-
dustrie.
On n'a pas d'accident grave à déplorer.
Toutes les pompes de Grenoble ont été con-
fluites à Vizille par les compagnies de sapeurs-
pompiers mais déjà la part du feu était faite.
Il ne s'agissait plus que de préserver le reste
du château et la ville de Vizille.
Au premier signal, M. le préfet; M. Berger,
jubsjilu^ du procureur général; M. le procureur
impérial et M. le juge d'instruction se sonttrans-
portés sur les lieux.
On ne connaît pas la cause du sinistre.
On restaure en pe moment, à Orléans, la mai-
son de Diane de Poitiers.
M"' Marie Mary,' rentière h Lyon, a légué une
somme de 30,000 francs à ï Œuvre du Bon-Pasléûr,
établie à Vienne (Isère), pour être employée parti-
culièrement dans l'intérêt des jeunes filles de la
paroisse de Saint-Martin.
Pendant le dernier ouragan, un coup de vent a
emporté, au pont suspendu de Donzère (Drôme), le
tablier delà travée du milieu, et une partie de la
t'rawe de la rive gauche, dont un des haubans a
été cassé.
On n'a pas eu de malheur à déplorer, le pont
étant désert au moment de l'accident.
Les journaux du Havre nous apprennent que
lé tonnerre s'est fait entendre à plusieurs re-
prises dans la nuit d'hier. La pkne et la gpète
succédaientà des bourrasques du nord-ouest.
Samedi soir; vers onze heures et demie, un
bolide est passé au dessus de la ville. Il suivait
la direction du sud-est au nord-ouest et décri-
vai-t;une traînée lumineuse semblable à' des é-
toiles filantes, mais plus large. QummJ 1« mé-
téore parut être au dessus de Phôtel de -la Ma-
rine, une détonation se fit entendre et toast dis-
parut.
Rouen, depuis quelques jours, est sous le coup
d'une véritable tempête. Pendant la nuit, le vent
soufflant en furie envoyait des grains et des ra-
fales du sud-ouest. La Seine était tellement a-
gitée que les mariniers ont dû prendre les pré-
cautions nécessaires pour éviter tout danger.
Hier, M. F- • • d'Agen (Lot-et-Garonne), ainsi
que sa femme, s'étaient absentés laissant à la
maison deux enfants, l'un de cinq ans et l'autre
de sept ans, qui étaient couchés.
Le soir, quand les époux rentrèrent, ils sen-
tirent une odeur de fumée qui leur inspira de
.vives appréhensions. Ils se hâtèrent d'ouvrir
leur appartement. Un spectacle terrible s'offrit
à leurs yeux. La chambre était pleine d'une fu-
mée épaisse et suflboante, et, à travers ce. nua-
ge ils aperçurent leurs deux enfants,, les
mains crispées et la face encore horriblement
contractée par les convulsions de leur agonie.
La fumée avait étouffé les pauvres petits. Quel-
ques étincelles tombées sur des chiffons placés
près du foyer ont causé ce lamentable mal-
heur.
On cite une série d'alliances fort rares, qui au-
raient eu lieu entre deux familles honorables d'une
commune voisine d'Yvetot (Seine-Inférieure). Les
cinq frères ont épousé successivement les cinq
sœurs.
Les recherches pour retrouver M. Dumoutier, ca-
pitaine du génie, disparu de Lille le 9 février, sont
restées infructueuses.
On rappelle que cet officier est âgé de trente-sept
ans,; grand, maigre, brun, vêtu de noir, et qu'il
porte le ruban de la Légion d'hoNneur.
Prière d'adresser les renseignements soit aux au-
torités locales, soit à M. le commandant de la place,
à Lille (Nord).
M. Louis-Ed. Larcher, débitant de liquides et
de tabac, demeurant devant l'anse des Pilotps,
à peu de-distance de l'extrémité sud de la rue
de Paris, au Havre, vivait en mauvaise intelli-
gence avec sa femme. Celle-ci avait quitté la
maison de son mari, il y a quelques jours, pour
se rendre chez son père, et une demande en
séparation de corps était en instance devant le
tribunal civil.
Hier, vers neuf heures du matin, les voisins
du débitant entendirent soudain une détona-
tion M. Larcher venait de se tirer un coup de
pistolet dans la bouche, La mort a été instan-
tanée.
On nous écrit de Breuze (Haute-Saône) qu'un
sauvetage a été accompli par un enfant de neuf
ans.
En traversant la rivière sur un pont en fil de
fer en mauvais état avec son frère âgé de sept
ans, il est tombé à l'eau. Le jeune J. Pointet n'a
pas hésité à sauter dans la rivière et il a été
assez heureux pour le ramener sain et sauf la
maison de ses parents où des soins intelligents
ont préservé les deux enfants de toute maladie.
Le même jour, par une coïncidence étrange,
un acte de courage analogue a été accompli par
unvieillarddesoixante-cinqans,'àPont-d'Ouilry
(Calvados).
Un garçon d'écurie se voyait entraîné avec le
cheval qu'il montait par la rivière de l'Orne,
grossie par la fonte des neiges. Il allait périr,
quand M. Jouvin se précipita et, au péril de sa
propre vie, l'arracha au danger.
M. Jouvin n'en est pas à son premier sauveta-
ge. En 1826, il a préservé d'une mort certaine
quatre femmes qui se baignaient dans l'Orne
etqaeleur imprudence avait entraînées trop
loin.
Le train partant d'Arras pour Béthune, à mi-
di vingt minutes, venait de quitter Farbus,
lorsqu'à deux cents mètres de cette station un
voyageur saute sur la voie.
11 avait laissé tomber sa casquette, et risquait
sa-tête pour ne pas rester sans son couvre-chef.
Il eut une légère foulure du pied droit, une
écorchure au genou droit et une large coupure
à la main droite, qui avait porté sur un silex
tranchant; mais il a rattrapé sa casquette
Il y a-quelques jours, pendant le froid subit
qui a sévi presque dans toute la France, un
incendie, peu considérable d'ailleurs, éclatait à
Un pompier voulant s'assurer quel endroit de
la maison atteint par les flammes réclamait les
plus prompts secours, est monté à une échelle
transformée pour le moment en un énorme gla-
çon. Arrivé au sommet, après des difficultés
inouïes, il jette un rapide, coup d'oeil sur les,
points menacés et se dispose à redescendre.
Mais, ô fatalité ses pieds, ses mains, déjà en-
gourdis par la froid, ainsi que ses habits qui
étaient mouillés, ne font plus qu'un avec l'é-
chelle. Impossible de faire un mouvement, le
malheureux était gelé! 'Son appel au secours
fut entendu de suite heureusement, car sans
doute un fatal accident eût été à déplorer.
Un propriétaire d'Evreux (Eure) fait changer
en ce moment l'aménagement intérieur de sa
maison, située rue Grande.
Le rez-de-chaussée et le premier étage, dont
le plancher a été enlevé, sont livrés aux ou-
vriers. Le second est occupé par la famille
Le matin, vers onze heures, les solives du
deuxième étage ont cédé et le plancher s'est
écroulé, entraînant une partie des meubles.
Le sieur L. se trouvait dans la chambre au
moment de ce changement à vue aussi dange-
reux qu'inattendu. Heureusement il en a été
quitte pour la peur..
Personne n'a été blessé; tout s'est borné à
des dégâts matériels..
Une lettre adressée au ilfémoriat des Pyrénées,
annonce qu'un habitant de Bordères aurait dé-
couvert sur le territoire même de Loudenvielle,
une mine d'or qui, dit-il, est abondante. Le mê-
me thercheur aurait fait la découverte de mi-
nes d'argent et de'cuivre.
Nous ne garantissons pas plus cette singu-
lière nouvelle que le journal qui l'a miseen cir-
culation.
TRIBUNAUX
POLICE CORRECTIONNELLE.
UNE FARCE SOUS UN PARAPLUIE.
Après une averse, alors que la pluie a com-
plètement cessé, que souvent même le soleil a
reparu sur l'horizon, il n'est pas rare de voir
dés personnes continuer tenu: leur parapluie
ouvert, au grand dommage de la libre circula-
tion des passants et de la fatigue de leurs mus-
cles. Cette classe, assez nombreuse, de retarda-
taires peut se diviser en plusieurs catégories. Il
y a d'abord les gens distraits qui poursuivent
une idée, sans s'inquiéter de la pluie et du beau
temps; il y a ensuite les gens économes, pré-
cautionneux, qui se garderaient bien de fermer
leurparapluie avant que le taffetas ne fût com-
plètement séché; il y a enfin force petits garçons
et petites filles, tout Sers qu'on leur ait conf un
vieux riflard et qui le portent comme ils fe-
raient d'un drapeau.
A tous ces braves gens, le public fait large
place, ne se vengeant de leur petit traversqu'en
riant parfois sous cape. C'est pour avoir voulu
ailler plus loin qu'un jeune étudiant de premiè-
re année, Ernest B. s'est attiré une fâcheu-
se affaire qui l'amène aujourd'hui devant le
tribunal correctionnel sous la prévention de
coups volontaires.
Ernest se promenait; il venait de pleuvoir,
mais il ne pleuvait plus, quand il avisé un
grand monsieur entre deux âges, marchant à
pas comptés, les yeux à demi fermés et son pa-
rapluie tout grand ouvert.
Ernest presse le pas, aborde fort poliment le
grand monsieur, le chapeau à la main, le sou-
rire à la bouche, est lui dit
Monsieur, permettez-moi, je vous prie, de
vous rendre un léger service, oh bien léger as-
surément, mais de .tout cœur; je crois que vous
vous fatiguez inutilement à tenir 'votre para-
pluie ouvert; il y a cinq minutes et demie,
montre à la main, qu'il a cessé dé pleuvoir.
Qu'est-ce que cela peut vous faire, jeune
homme? lui répond le grand monsieur.
Oh 1 rien, monsieur, absolument rien je
n'ai voulu que vous prévenir de votre inadver-
tance vous me blesseriez si vous me prêtiez u-
ne autre intention.
Eh! que m'importe de vous blesser, jeune
homme, mêlez-vous de mes affaires et laissez-
moi tranquille.
Je pensais, monsieur, répond Ernest, se
croyant très spirituel, que s'est toujours une
grosse affaire que d'empêcher un honnête hom-
me de se donner un ridicule.
Un ridicule
Sans doute. monsieur; n'en est-ce pas un
que de se garer de la pluie qui ne tombe pas.
Jeune homme, vous m'impatientez 1.
Ce n'est vraiment pas l'effet que je voulais
produire, monsieur; je ne suis animé que des
meilleures intentions; je désire rendre service
à mon semblable, à mon aîné; veuillez fermer
votre parapluie, et je serai mille fois payé du
petit service que je désire vous rendre.
Vous m'agacez jeune cadet, et si votre aî-
né ferme son parapluie, ce sera pour vous en
frotter les épaules.
Oh monsieur, ce serait bien mal recon-
naître mes intentions; qu'est-ce que je vous de-
mande ? de ne pas vous fatiguer à tendre un
parapluie sur lequel la pluie ne veut pas tom-
ber de ne pas vous donner en spectacle; c'est
un ami qui vous parle; tenez, déjà votre ré-
sistance a fait sensation voyez comme les
gamins vous regardent.
II n'était que trop vrai des passants s'étaient
arrêtés au colloque des deux interlocuteurs, et
des enfants criaient déjà II le fermera 1 II ne le
fermera pas lorsque le grand monsieur exas-
péré ferme subitement son parapluie, le relève
plus prestement encore et le laisse retomber
sur les épaules d'Ernest. Alors les rieurs setour-
nent contre lui, applaudissent le grand mon-
sieur, si bjen que l'étudiant, moque, berné, per-
siflé, ne peut plus maîtriser sa colère, s'élance
sur le grand monsieur et lui donne une poussée
qui le renverse dans le ruisseau.
Le grand monsieur^ porté plainte en voies de
fait contre Ernest B. qui aujourd'hui, à l'au-
dience, a perdu beaucoup de sa vivacité et de
son amour de persiflage. Il lui a été tenu
compte cependant de la provocation dont 'il a
été l'objet; mais le tribunal, en le condamnant
u\ d'amende, a pensé que le petit coup de
parapluie, qui|avait lui-même été provoqué par
une plaisanterie beaucoup' trop prolongée, ne
pouvait justifier la gravité de la violence i.iont
il s'est rendu coupable.
(Gazette des Tribunaux.)1
ÉTRANGER
La princesse de Radziwill, qui vient de mou-
rir à Vienne (Autriche), était la fille d'un maître
d'hôtel de cette ville.
Le prince de Radzjwill.de passage danscette
capitale, en 1843, étant descendu à l'hôtel tenu
par le père de celle qui devait être sa femme, y
tomba sérieusement malade. Touché des bons '.soins que lui avait prodigués la jeune fille de
son hôte; et épris en même temps de ses char- •!>
mes, il lui'offrit de l'épouser. Leur bonheur fut
de courte durée. Quelques années plus tard, le
prince mourut des suites d'une chute de cheval,
laissant à sa veuve trois jeunes enfants. Ses
dettes étaient considérables, et la dot person-
nelle de la princesse ne s'élevait qu'à 18,000
florins de revenus. Comme la princesse était
mariée sous le régime de la communauté, les
créanciers de son mari furent impitoyables.
Après quelques années de poursuite, ils fini-
rent par obtenir la contrainte-par corps contre
là malheureuse femme. C'est dans la prison
pour dettes que l'infortunée princesse vient de
finiii ses jours, épuisée de misère et de chagrin.
Jusqu'à présent, le volcan le Vésuve, près de Na-
pies, n'a donné que les préludes de l'éruption, et
d'une éruption qui pourrait être très sérieuse, d a-
prèsles signes querecuejlleM:leprofesseurPalmie-
ri. monté depuis .trois jours à son observatoire de
l'Ermitage.
Toute la lave jusqu'ici se dirige donc vers la par-
tie la moins habitée du flanc de la montagne si
les choses se conduisent logiquement, et- qu'il
ne survienne point d'incident. Portici, Torre det
Greco et Torre Annunziata n'ont rien à redouter.
De Naples, on a le spectacle par derrière, mais
il est encore fort beau le. jour, une colonne de fu-
mée dont la base est rougeâtre et dont le faite for-
me parasol; le soir, la nuit, un feu mouvant, éclai-
rant la neige dont le cône de la montagne est enve-
loppé. On peut comparer cette neige et ce feu à un
casque immense, surmonté d'un rouge panache. A
travers la flamme, passent de moment en moment
des jets plus particulièrement lumineux ce sont
des pierres qui s'élancent de l'abîme.
Ces pierres rendent l'ascension dangereuse; nean-
moins, une caravane d'étrangers, chaque soir, se
porte au cratère. On a déjà à déplorer deux ou trois
accidents un Anglais, dont la tête a été fracassée;
un Français, qui a eu J'épaule cassât. On parle
aussi d'un guide qui, en, glissant s'est iTiveiseut
brûlé.
VARIÉTÉ
UNE AFFAIRE U'ôR
HISTOIRE CALIFOILNIENNE.
(Voir le ?eM Journad du au 20 février.)
Pour comble de profanation, sur le front du
cadavre livide, juste à la place du trou creusé
par la balle, s'étalait, dérision amère! un
large pain à cacheter noir.
D un cadavre, on avait fait une enseigne!
Dire l'effet que produisit sur moi la vue de
ce sacrilége serait impossible..
Pendant plus d'une minute, je restai comme
pétrifié mes yeux ne voyaient plus, ma bou-
che était muette, mes jambes vacillaient, j'àl-
lais tomber
Tout à coup, une violente réaction s'empara
de moi. Je pénétrai dans là boutique du mar-
chand de cigares, et, sans chercher à contenir
mon indignation, j'adressai au Yankee les plus
violents reproches et le sommai de me rendre le
corps, le menaçant, s'il refusait, de porter
plainte aux autorités.
Mais le misérable sourit. Bien plus, il pous-
sa l'audace jusqu'à me demander si je désirais
des cigares!
«j'en eiamropi.
Furieux, ne me connaissant plus, j'allais m'é.
lancer stir l'ignoble marchand, lorsque je mt
sentis saisir le bras par un de mes voisins.
C'était un Français de la Nouvelle-Orléans
qui m'assura que je n'avais rien à dire, que 1:
loi me donnerait tort et que l'Américain étai
parfaitement dans son droit.
Il avait trouvé le cadavre devant sa porte, ei
ouvrant sa boutique; il l'avait entré chez lui
l'avait nettoyé et habillé; c'était désormais s,
chose.
Je n'y pouvais rien, je sortis.
Que faire, en effet, dans un pays où Ja justic(
est toute dans le bon plaisir d'un juge, d'autant
mieux disposé qu'il aura mieux déjeuné le ma-
tin, ou prêt à condamner à tort et à travers.
sous prétexte que de mauvais rêves auront
troublé son-sommeil?
Je me rappellerai toujours l'histoire d'un des
mes amis, écrasé par un charretier américain.
Après être resté, trois mois durant, étendu
sur un lit de douleur, le convalescent fit appe-
ler devant le juge, pour lui réclamer de légiti-
mes dommages-intérêts, le charretier dont la
voiture lui avait passé sur le corps.
Avez-vous des témoins? demanda le juge
à mon ami.
Six personnes se levèrent, qui toutes déposè-
rent de l'accident arrivé sous leurs yeux par la
faute du charretier.
Les choses étaient au mieux pour mon ami, et
le juge s'apprêtait à condamner le charretier,
lorsque celui-ci produisit vingt témoins qui
n'avaient pas vu écraser le plaignant.
Je le crois bien! Ils étaient, ce jour-là, à deux
lieues de San Francisco! N'importe, le charre-
tier fut acquitté, et mon ami condamné aux dé-
pens.Voilà la justice américaine!
Malgré tous les obstacles que suscitait l'in-
suffisance des lois américaines, je ne pouvais
oublier qu'il me restait à remplir un de ces de-
voirs sérieux, puissants, impérieux, qui n'ad-
mettent pas de transaction possible.
Durant quatre jours, je revins, chaque matin,
chez le marchand de çjgï.ros, ©âpétj'at^oujojjrjf
3
le six décembre mil huit centcinq, à l'heure
de midi..
Il en mourut trente ans plus tard, ce qui
fut déploré dans tout le quartier, car,grâce
à son correspondant de Marseille, il avait
ducafé de Bourbon, première^ qualité mais
ce n'estpas de lui qu'il s'agit ici.
Antoinette (c'est le nom: que ses parents
lui avaient donné sur les fonts baptismaux,
mais son mari l'appelait plus souvent Petit-
Chat), Antoinette, dès le jour de son maria-
ge, prit le commandement de la manœuvre,
ou, pour parler plus élégamment, le sceptre.
En quoi elle fit bien, puisque son mari ne
s'y opposait pas; dans ses mains le sceptre
devint un bâton noueux, et elle s'en servit
pour corriger les gens d'irnporrrlance
comme elle disait en faisant sonner les rrr
avec la rude^e d'un tambour-major.
Aristide essaya quelques observations ti-
mides. C'était un petit homme très gros, très
joufflu, très bavard, amoureux -des demi-
tasses et du jeu de dominos (en ce temps
reculé la bière était à peu près inconnue).
Puisque tu ne fais rien au logis, mais
rien. rien, rien, absolumenLrien, interrom-
pit Petit-Chat, laisse-moi dû moins travail-
ler Ja ma guise.
Et comme il insistait, elle lui donna un si
beau soufflet, qu'il vit d'un coup d'œil toutes
les étoiles du firmament
Il allait riposter, mais elle appela au se-
cours, cria au meurtre et fit un tel tapage
que tous les habitants de la rue des Crevet-
tes entrèrent dans la boutique :de l'épicier
pour mettre le holà, et que tous lespassants
de la rue!Impériale s'assémbrèrentpour
couter le récit de l'assassinat que le pauvre
Aristide avaiteu l'intention de commettre (au
dire de sa femme).
D'où il suivit naturellementque M. le pro-
cureur impérial prit des informations, inter-
rogeâ et réprimanda très sévèrement Aristi-
de, et assura Petit-Chat de sa protection.
Aristide, effrayé, bassina sa joue toute
rouge encore du soufflet reçu. Gt ses excuses
à sa femmé, promit à NI. le procureur impé-
rial de se mieux conduire,donna les clés de
la caisseà « Petit-Chat », et fat désormais
un mari si sage et si bien pensant qu'on ne
l'entendit plus@ contredire; et qu'il ne rentra
plus dans. sa maison, si ce n'est pour man-
ger, boire, dormir, signer çà et là quelques
factures et conduire à l'école ses quatre fils
Pantaléon, Joachim, Darius et Charle-
magne,
Pantaléon était paresseux comme un loir.
Joachim était vorace comme une autruche.
Darius était sale comme un barbet.
Gharlemagneétaitentêté comme une mule.
Tous quatre réunis faisaient l'orgueil de
leur mère,
Elle, cependant, d'une main active; mesu-
rait le poivre, pesait les raisins et les figues,
comptait les noix, brossait le comptoir et
noircissait les registres en criant de toutes
ses forcés contre son mari, ses garçons, ses
enfants, sa servante et la destinée.
Où sont les chaussettes de Pantaléon?.
Te tairas-tu, Joachim?. Auras-tu bientôt
fini, Darius, de te battre avec Charlemagne ?
Jeaiineton, portez-moi ce paquet de bougie
à monsieur le receveurde l'enregistrement.
Marien, la pratique attend. On demande dé
la bougie. Où donc est Aristide? Aux do-
minos, sans doute On ne l'en arracherait
pas pour un empire. Moi, pendantlce temps,
je me tue, je m'extermine pour faire l'ou-
vrage de tout le monde
Et il est vrai qu'Aristide ne servait pas à
grand'chose et qu'il était comme nuétranger
et un invité dans sa propre maison. Pauvre
homme! il n'avait pas plus d'esprit qu'une
grue; et pas plus de cœur au travail qu'un
lézard empaillé mais il garda bon appétit
jusqu'au dernier jour, et ne fit de mal a per-
sonne. Que la terre lui soit légère 1
Petit-Chat 1 a pleuré longtemps et le pleu-
rerait encore, si le destin fin à
ses jours hier samedi, après diner; à l'âge
de soixante-seize ans Depuis longtemps,
elle avait quitté le commerce et vivait « de
ses rentes » rue de Pékin prolongée, n° 45,
dans un bel entresol, à deux cents pas du
boulevard des Italiens.
Au fond, je le répète, oui, tout au fond, c'é-
tait une très bonne femme.
ALFRED ASSOLLANT.
DEPARTEMENT^?
Voici quelques détails sur l'incendie du châ-
teau de Vizille (Isère) dont nous parlions hier.
Le feu s'est déclaré à minuit avec une gran-
de intensité; ce matin, à cinq heures, on en
était maître. Il a été circonscrit dans l'aile
nord, occupée par'la fabrique d'impression sur
étoffes, dirigée par M. Reviîliod,et qui était as-
surée.
Déjà, en 1825, ce château avait été totalement
incendié., et. comme aujourd'hui, l'incendie a-
vait commencé dans la partie occupée par l'in-
dustrie.
On n'a pas d'accident grave à déplorer.
Toutes les pompes de Grenoble ont été con-
fluites à Vizille par les compagnies de sapeurs-
pompiers mais déjà la part du feu était faite.
Il ne s'agissait plus que de préserver le reste
du château et la ville de Vizille.
Au premier signal, M. le préfet; M. Berger,
jubsjilu^ du procureur général; M. le procureur
impérial et M. le juge d'instruction se sonttrans-
portés sur les lieux.
On ne connaît pas la cause du sinistre.
On restaure en pe moment, à Orléans, la mai-
son de Diane de Poitiers.
M"' Marie Mary,' rentière h Lyon, a légué une
somme de 30,000 francs à ï Œuvre du Bon-Pasléûr,
établie à Vienne (Isère), pour être employée parti-
culièrement dans l'intérêt des jeunes filles de la
paroisse de Saint-Martin.
Pendant le dernier ouragan, un coup de vent a
emporté, au pont suspendu de Donzère (Drôme), le
tablier delà travée du milieu, et une partie de la
t'rawe de la rive gauche, dont un des haubans a
été cassé.
On n'a pas eu de malheur à déplorer, le pont
étant désert au moment de l'accident.
Les journaux du Havre nous apprennent que
lé tonnerre s'est fait entendre à plusieurs re-
prises dans la nuit d'hier. La pkne et la gpète
succédaientà des bourrasques du nord-ouest.
Samedi soir; vers onze heures et demie, un
bolide est passé au dessus de la ville. Il suivait
la direction du sud-est au nord-ouest et décri-
vai-t;une traînée lumineuse semblable à' des é-
toiles filantes, mais plus large. QummJ 1« mé-
téore parut être au dessus de Phôtel de -la Ma-
rine, une détonation se fit entendre et toast dis-
parut.
Rouen, depuis quelques jours, est sous le coup
d'une véritable tempête. Pendant la nuit, le vent
soufflant en furie envoyait des grains et des ra-
fales du sud-ouest. La Seine était tellement a-
gitée que les mariniers ont dû prendre les pré-
cautions nécessaires pour éviter tout danger.
Hier, M. F- • • d'Agen (Lot-et-Garonne), ainsi
que sa femme, s'étaient absentés laissant à la
maison deux enfants, l'un de cinq ans et l'autre
de sept ans, qui étaient couchés.
Le soir, quand les époux rentrèrent, ils sen-
tirent une odeur de fumée qui leur inspira de
.vives appréhensions. Ils se hâtèrent d'ouvrir
leur appartement. Un spectacle terrible s'offrit
à leurs yeux. La chambre était pleine d'une fu-
mée épaisse et suflboante, et, à travers ce. nua-
ge ils aperçurent leurs deux enfants,, les
mains crispées et la face encore horriblement
contractée par les convulsions de leur agonie.
La fumée avait étouffé les pauvres petits. Quel-
ques étincelles tombées sur des chiffons placés
près du foyer ont causé ce lamentable mal-
heur.
On cite une série d'alliances fort rares, qui au-
raient eu lieu entre deux familles honorables d'une
commune voisine d'Yvetot (Seine-Inférieure). Les
cinq frères ont épousé successivement les cinq
sœurs.
Les recherches pour retrouver M. Dumoutier, ca-
pitaine du génie, disparu de Lille le 9 février, sont
restées infructueuses.
On rappelle que cet officier est âgé de trente-sept
ans,; grand, maigre, brun, vêtu de noir, et qu'il
porte le ruban de la Légion d'hoNneur.
Prière d'adresser les renseignements soit aux au-
torités locales, soit à M. le commandant de la place,
à Lille (Nord).
M. Louis-Ed. Larcher, débitant de liquides et
de tabac, demeurant devant l'anse des Pilotps,
à peu de-distance de l'extrémité sud de la rue
de Paris, au Havre, vivait en mauvaise intelli-
gence avec sa femme. Celle-ci avait quitté la
maison de son mari, il y a quelques jours, pour
se rendre chez son père, et une demande en
séparation de corps était en instance devant le
tribunal civil.
Hier, vers neuf heures du matin, les voisins
du débitant entendirent soudain une détona-
tion M. Larcher venait de se tirer un coup de
pistolet dans la bouche, La mort a été instan-
tanée.
On nous écrit de Breuze (Haute-Saône) qu'un
sauvetage a été accompli par un enfant de neuf
ans.
En traversant la rivière sur un pont en fil de
fer en mauvais état avec son frère âgé de sept
ans, il est tombé à l'eau. Le jeune J. Pointet n'a
pas hésité à sauter dans la rivière et il a été
assez heureux pour le ramener sain et sauf la
maison de ses parents où des soins intelligents
ont préservé les deux enfants de toute maladie.
Le même jour, par une coïncidence étrange,
un acte de courage analogue a été accompli par
unvieillarddesoixante-cinqans,'àPont-d'Ouilry
(Calvados).
Un garçon d'écurie se voyait entraîné avec le
cheval qu'il montait par la rivière de l'Orne,
grossie par la fonte des neiges. Il allait périr,
quand M. Jouvin se précipita et, au péril de sa
propre vie, l'arracha au danger.
M. Jouvin n'en est pas à son premier sauveta-
ge. En 1826, il a préservé d'une mort certaine
quatre femmes qui se baignaient dans l'Orne
etqaeleur imprudence avait entraînées trop
loin.
Le train partant d'Arras pour Béthune, à mi-
di vingt minutes, venait de quitter Farbus,
lorsqu'à deux cents mètres de cette station un
voyageur saute sur la voie.
11 avait laissé tomber sa casquette, et risquait
sa-tête pour ne pas rester sans son couvre-chef.
Il eut une légère foulure du pied droit, une
écorchure au genou droit et une large coupure
à la main droite, qui avait porté sur un silex
tranchant; mais il a rattrapé sa casquette
Il y a-quelques jours, pendant le froid subit
qui a sévi presque dans toute la France, un
incendie, peu considérable d'ailleurs, éclatait à
Un pompier voulant s'assurer quel endroit de
la maison atteint par les flammes réclamait les
plus prompts secours, est monté à une échelle
transformée pour le moment en un énorme gla-
çon. Arrivé au sommet, après des difficultés
inouïes, il jette un rapide, coup d'oeil sur les,
points menacés et se dispose à redescendre.
Mais, ô fatalité ses pieds, ses mains, déjà en-
gourdis par la froid, ainsi que ses habits qui
étaient mouillés, ne font plus qu'un avec l'é-
chelle. Impossible de faire un mouvement, le
malheureux était gelé! 'Son appel au secours
fut entendu de suite heureusement, car sans
doute un fatal accident eût été à déplorer.
Un propriétaire d'Evreux (Eure) fait changer
en ce moment l'aménagement intérieur de sa
maison, située rue Grande.
Le rez-de-chaussée et le premier étage, dont
le plancher a été enlevé, sont livrés aux ou-
vriers. Le second est occupé par la famille
Le matin, vers onze heures, les solives du
deuxième étage ont cédé et le plancher s'est
écroulé, entraînant une partie des meubles.
Le sieur L. se trouvait dans la chambre au
moment de ce changement à vue aussi dange-
reux qu'inattendu. Heureusement il en a été
quitte pour la peur..
Personne n'a été blessé; tout s'est borné à
des dégâts matériels..
Une lettre adressée au ilfémoriat des Pyrénées,
annonce qu'un habitant de Bordères aurait dé-
couvert sur le territoire même de Loudenvielle,
une mine d'or qui, dit-il, est abondante. Le mê-
me thercheur aurait fait la découverte de mi-
nes d'argent et de'cuivre.
Nous ne garantissons pas plus cette singu-
lière nouvelle que le journal qui l'a miseen cir-
culation.
TRIBUNAUX
POLICE CORRECTIONNELLE.
UNE FARCE SOUS UN PARAPLUIE.
Après une averse, alors que la pluie a com-
plètement cessé, que souvent même le soleil a
reparu sur l'horizon, il n'est pas rare de voir
dés personnes continuer tenu: leur parapluie
ouvert, au grand dommage de la libre circula-
tion des passants et de la fatigue de leurs mus-
cles. Cette classe, assez nombreuse, de retarda-
taires peut se diviser en plusieurs catégories. Il
y a d'abord les gens distraits qui poursuivent
une idée, sans s'inquiéter de la pluie et du beau
temps; il y a ensuite les gens économes, pré-
cautionneux, qui se garderaient bien de fermer
leurparapluie avant que le taffetas ne fût com-
plètement séché; il y a enfin force petits garçons
et petites filles, tout Sers qu'on leur ait conf un
vieux riflard et qui le portent comme ils fe-
raient d'un drapeau.
A tous ces braves gens, le public fait large
place, ne se vengeant de leur petit traversqu'en
riant parfois sous cape. C'est pour avoir voulu
ailler plus loin qu'un jeune étudiant de premiè-
re année, Ernest B. s'est attiré une fâcheu-
se affaire qui l'amène aujourd'hui devant le
tribunal correctionnel sous la prévention de
coups volontaires.
Ernest se promenait; il venait de pleuvoir,
mais il ne pleuvait plus, quand il avisé un
grand monsieur entre deux âges, marchant à
pas comptés, les yeux à demi fermés et son pa-
rapluie tout grand ouvert.
Ernest presse le pas, aborde fort poliment le
grand monsieur, le chapeau à la main, le sou-
rire à la bouche, est lui dit
Monsieur, permettez-moi, je vous prie, de
vous rendre un léger service, oh bien léger as-
surément, mais de .tout cœur; je crois que vous
vous fatiguez inutilement à tenir 'votre para-
pluie ouvert; il y a cinq minutes et demie,
montre à la main, qu'il a cessé dé pleuvoir.
Qu'est-ce que cela peut vous faire, jeune
homme? lui répond le grand monsieur.
Oh 1 rien, monsieur, absolument rien je
n'ai voulu que vous prévenir de votre inadver-
tance vous me blesseriez si vous me prêtiez u-
ne autre intention.
Eh! que m'importe de vous blesser, jeune
homme, mêlez-vous de mes affaires et laissez-
moi tranquille.
Je pensais, monsieur, répond Ernest, se
croyant très spirituel, que s'est toujours une
grosse affaire que d'empêcher un honnête hom-
me de se donner un ridicule.
Un ridicule
Sans doute. monsieur; n'en est-ce pas un
que de se garer de la pluie qui ne tombe pas.
Jeune homme, vous m'impatientez 1.
Ce n'est vraiment pas l'effet que je voulais
produire, monsieur; je ne suis animé que des
meilleures intentions; je désire rendre service
à mon semblable, à mon aîné; veuillez fermer
votre parapluie, et je serai mille fois payé du
petit service que je désire vous rendre.
Vous m'agacez jeune cadet, et si votre aî-
né ferme son parapluie, ce sera pour vous en
frotter les épaules.
Oh monsieur, ce serait bien mal recon-
naître mes intentions; qu'est-ce que je vous de-
mande ? de ne pas vous fatiguer à tendre un
parapluie sur lequel la pluie ne veut pas tom-
ber de ne pas vous donner en spectacle; c'est
un ami qui vous parle; tenez, déjà votre ré-
sistance a fait sensation voyez comme les
gamins vous regardent.
II n'était que trop vrai des passants s'étaient
arrêtés au colloque des deux interlocuteurs, et
des enfants criaient déjà II le fermera 1 II ne le
fermera pas lorsque le grand monsieur exas-
péré ferme subitement son parapluie, le relève
plus prestement encore et le laisse retomber
sur les épaules d'Ernest. Alors les rieurs setour-
nent contre lui, applaudissent le grand mon-
sieur, si bjen que l'étudiant, moque, berné, per-
siflé, ne peut plus maîtriser sa colère, s'élance
sur le grand monsieur et lui donne une poussée
qui le renverse dans le ruisseau.
Le grand monsieur^ porté plainte en voies de
fait contre Ernest B. qui aujourd'hui, à l'au-
dience, a perdu beaucoup de sa vivacité et de
son amour de persiflage. Il lui a été tenu
compte cependant de la provocation dont 'il a
été l'objet; mais le tribunal, en le condamnant
u\ d'amende, a pensé que le petit coup de
parapluie, qui|avait lui-même été provoqué par
une plaisanterie beaucoup' trop prolongée, ne
pouvait justifier la gravité de la violence i.iont
il s'est rendu coupable.
(Gazette des Tribunaux.)1
ÉTRANGER
La princesse de Radziwill, qui vient de mou-
rir à Vienne (Autriche), était la fille d'un maître
d'hôtel de cette ville.
Le prince de Radzjwill.de passage danscette
capitale, en 1843, étant descendu à l'hôtel tenu
par le père de celle qui devait être sa femme, y
tomba sérieusement malade. Touché des bons '.soins que lui avait prodigués la jeune fille de
son hôte; et épris en même temps de ses char- •!>
mes, il lui'offrit de l'épouser. Leur bonheur fut
de courte durée. Quelques années plus tard, le
prince mourut des suites d'une chute de cheval,
laissant à sa veuve trois jeunes enfants. Ses
dettes étaient considérables, et la dot person-
nelle de la princesse ne s'élevait qu'à 18,000
florins de revenus. Comme la princesse était
mariée sous le régime de la communauté, les
créanciers de son mari furent impitoyables.
Après quelques années de poursuite, ils fini-
rent par obtenir la contrainte-par corps contre
là malheureuse femme. C'est dans la prison
pour dettes que l'infortunée princesse vient de
finiii ses jours, épuisée de misère et de chagrin.
Jusqu'à présent, le volcan le Vésuve, près de Na-
pies, n'a donné que les préludes de l'éruption, et
d'une éruption qui pourrait être très sérieuse, d a-
prèsles signes querecuejlleM:leprofesseurPalmie-
ri. monté depuis .trois jours à son observatoire de
l'Ermitage.
Toute la lave jusqu'ici se dirige donc vers la par-
tie la moins habitée du flanc de la montagne si
les choses se conduisent logiquement, et- qu'il
ne survienne point d'incident. Portici, Torre det
Greco et Torre Annunziata n'ont rien à redouter.
De Naples, on a le spectacle par derrière, mais
il est encore fort beau le. jour, une colonne de fu-
mée dont la base est rougeâtre et dont le faite for-
me parasol; le soir, la nuit, un feu mouvant, éclai-
rant la neige dont le cône de la montagne est enve-
loppé. On peut comparer cette neige et ce feu à un
casque immense, surmonté d'un rouge panache. A
travers la flamme, passent de moment en moment
des jets plus particulièrement lumineux ce sont
des pierres qui s'élancent de l'abîme.
Ces pierres rendent l'ascension dangereuse; nean-
moins, une caravane d'étrangers, chaque soir, se
porte au cratère. On a déjà à déplorer deux ou trois
accidents un Anglais, dont la tête a été fracassée;
un Français, qui a eu J'épaule cassât. On parle
aussi d'un guide qui, en, glissant s'est iTiveiseut
brûlé.
VARIÉTÉ
UNE AFFAIRE U'ôR
HISTOIRE CALIFOILNIENNE.
(Voir le ?eM Journad du au 20 février.)
Pour comble de profanation, sur le front du
cadavre livide, juste à la place du trou creusé
par la balle, s'étalait, dérision amère! un
large pain à cacheter noir.
D un cadavre, on avait fait une enseigne!
Dire l'effet que produisit sur moi la vue de
ce sacrilége serait impossible..
Pendant plus d'une minute, je restai comme
pétrifié mes yeux ne voyaient plus, ma bou-
che était muette, mes jambes vacillaient, j'àl-
lais tomber
Tout à coup, une violente réaction s'empara
de moi. Je pénétrai dans là boutique du mar-
chand de cigares, et, sans chercher à contenir
mon indignation, j'adressai au Yankee les plus
violents reproches et le sommai de me rendre le
corps, le menaçant, s'il refusait, de porter
plainte aux autorités.
Mais le misérable sourit. Bien plus, il pous-
sa l'audace jusqu'à me demander si je désirais
des cigares!
«j'en eiamropi.
Furieux, ne me connaissant plus, j'allais m'é.
lancer stir l'ignoble marchand, lorsque je mt
sentis saisir le bras par un de mes voisins.
C'était un Français de la Nouvelle-Orléans
qui m'assura que je n'avais rien à dire, que 1:
loi me donnerait tort et que l'Américain étai
parfaitement dans son droit.
Il avait trouvé le cadavre devant sa porte, ei
ouvrant sa boutique; il l'avait entré chez lui
l'avait nettoyé et habillé; c'était désormais s,
chose.
Je n'y pouvais rien, je sortis.
Que faire, en effet, dans un pays où Ja justic(
est toute dans le bon plaisir d'un juge, d'autant
mieux disposé qu'il aura mieux déjeuné le ma-
tin, ou prêt à condamner à tort et à travers.
sous prétexte que de mauvais rêves auront
troublé son-sommeil?
Je me rappellerai toujours l'histoire d'un des
mes amis, écrasé par un charretier américain.
Après être resté, trois mois durant, étendu
sur un lit de douleur, le convalescent fit appe-
ler devant le juge, pour lui réclamer de légiti-
mes dommages-intérêts, le charretier dont la
voiture lui avait passé sur le corps.
Avez-vous des témoins? demanda le juge
à mon ami.
Six personnes se levèrent, qui toutes déposè-
rent de l'accident arrivé sous leurs yeux par la
faute du charretier.
Les choses étaient au mieux pour mon ami, et
le juge s'apprêtait à condamner le charretier,
lorsque celui-ci produisit vingt témoins qui
n'avaient pas vu écraser le plaignant.
Je le crois bien! Ils étaient, ce jour-là, à deux
lieues de San Francisco! N'importe, le charre-
tier fut acquitté, et mon ami condamné aux dé-
pens.Voilà la justice américaine!
Malgré tous les obstacles que suscitait l'in-
suffisance des lois américaines, je ne pouvais
oublier qu'il me restait à remplir un de ces de-
voirs sérieux, puissants, impérieux, qui n'ad-
mettent pas de transaction possible.
Durant quatre jours, je revins, chaque matin,
chez le marchand de çjgï.ros, ©âpétj'at^oujojjrjf
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