Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1865-02-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 19 février 1865 19 février 1865
Description : 1865/02/19 (Numéro 750). 1865/02/19 (Numéro 750).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k588858c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
LE PETIT JOURNAL
%̃
O compteur que de leçons tu.pourrais
nousdonner!
Je te voudrais, d'abord, si la cbosône dé-
pendait que de moi,, adapté au coffre-tondu
la vie parisienne
On est jeune, on a sur laplancheiquelques!
belles et bonnes rentes. A quoi servirait de
calculer ?'̃•'̃•
A, vingt-cinq ans, ne croît-on pas toujours
aux cassettes inépuisables?
Tant et.si bien qu'à force de faire percer
des fenêtres pour y jeter son argent, là. ma-
rée basse arrive;
Le flot d'or qui apporta les amitiés éphé-
mères les remporte.
On reste seul. avec sa déconfiture.
-Mais supposez-le en exercice, le compteur
prudent.
Vous placez dans un tiroir vos revenus de
l'année. Tant par jour.
Si ce tant-là estdépassé, crac, un joli pe-
tit ressort joue aussitôt, et du tiroir jaillit
une intelligente pancarte sur laquelle vous
« Mon cher ami.
De ce train-là vous n'en avez pas pour
:rois'ans!Garde à vous,
» La contrainte par corps n'est pas abolie
encore! »
Un bon averti en vaut deux. Vous vous
grattez l'oreil!e, vous remettez dans le ti-
roir la somme que vous alliez prendre, le
ressort rentre dans sa charnière, et vous
êtes, sauvé!
O man compteur, que je Je remercie
Autre exemple
Vous avez une bonne, qui est un véritable
professeur de danse pour les -anses des pa-
niers qu'on lui confie.
Vite un amour de compteur à la poche de
l'infidèle.
Un bijou imperceptible qui veille pour
udus et' au retour vous dit- avec la franchise
de l'arithmétique:
« Nous avons dépensé dix. francs, pas un
denier de plus!
Troisième exemple
Vous savez bien maître X, l'avocat.
Un galant homme, en vérité,- qui n'a
"-qu'un tout petittravers.
Maître X. parle, sans verre d'eau, cinq
heures durant.
D'où il résulte que maître X. lasse ses
auditeurs au lieu de les convaincre.
Mais adaptez au pan de sa robe un comp-
teur de précaution, auquel on aura recom-
mandé de ne laisser parler maître X. que
le temps strictement nécessaire.
Soudain, alors qu'il allait se lancer-dans
ses périodes perpétuelles, l'orateur se sent
vivementtiré par sa toge. Il veut résister.
L'appareil tient bon et les secousses redou-
bient. Maître X. voit la partie inégale, se
résume-et gagne son- procès.
Quatrième exemple.
Mais, à vouloir développer mon sujet, j'al-
lais oublier de me conformer à ses ensei-
gnements.
Notre compteur, à nous, c'est la patience
du lecteur.
N'en abusons pas.
PIERRE VÉRON.
Voulez-vous, sans sortir de chez vous,
faire un voyage à Beauvais, admirer la sta-
tue de son héroïne Jeanne Hachette? Voulez-
vous assistera la séance d'ouverture des
Chambres, voir la somptueuse salle des Etats
au Louvre, les grands dignitaires, les séna-
teurs, les députés écoutant le discours pro-
noncc par l'Empereur? Voulez-vous suivre
les émouvantes et mystérieuses péripéties
de l'h'istoire du Bourreau de Colmar, en mê-
me temps que les Aventures comiques de Pi-
tanchu ? Voulez-vous assister à la Correction
maternelle, une scène intimecharmante;aux
débats judiciaires rendus d'une manière si
piquinte par Jules Moinaux? Voulez-vous
vous livrer au jeu d'espritleplus ingénieux,
le plus curieux, le plus originaldu mot cairé,
une vraie énigme du mystérieux Séméac ?
Vouiez-vous rire à la joyeuse et piquante
Petit!' Revue aux figures si drôlement crayon-
nées par Marcellin; savoir les bmitsdu jour
racontés avec tant de verve parChavette, les
nouvelles des théâtres rapportées par Fran-
cisque Sarcey? Voulez-vous deviner le nou-
vPau rébus et le logogriphe impénétrable de
Séméac? Achetez le dernier numéro du
JOURNAL ILLUSTRÉ
qui vient de paraître chez tous les libraires
et marchands de journaux de Paris et des
départements.
Un numéro, 10 centimes.
L'abonnement est de francs 50 c. par
an pour Paris; fr. 50 c. pour les dépar-
tements.
On s'abonneà la Librairie du Petit Journal,
boulevard Montmartre, au coin de la rue
Richelieu.
A la mémo librairie
lie BloUatsdsche ISliistrntie
LE JOUR&'ASj ILLUSTRÉ
A Amsterdam Loge Westeinde, hoek van
4e Assen Delftstraat, n° 38
LE ALLEMAWI»
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A Leipzig (Allemagne) Bosea-Stçasse,, 20.
LE JOURNAL ILLUSTRÉ ]ITALIEN
Il ttiornahs IHustrato
A Twni^viadiPOiS
Uaan, 8ifr. Six mois, 4 fr. Le rtu-
!méro, 45 centimes.
1XEPARTEMENTS
Le maire de Limoges a reçu une somme de
3,000 fr. provenant des souscriptions du corps
expéditionnaire du Mexique, en faveur des in-
cendiés de-Limoges. Ce nouvel envoi porte à
7,000 fr. les sommes données par nos soldats.
Le changement atmosphérique des derniers
jours a amené au Havre une petite tempête.
Hier, la mer a été très dure, les bateaux qui
font le service du Havre Trouville et du Ha-
vre à Caen n'ont pu effectuer leur départ par
suite du gros temps.
Le dégel a eu lieu également à Lyon. Le ser-
vice des bateaux les Mouches, interrompu pen-
dant quelques jours, a repris hier.
Dans la nuit d'avant-hier, un incendie considéra-
ble ¡¡éclaté dans la commune de Lacanau(Gironde).
L'usine à matières résineuses qui dépend du do-
maine de Lacanau a été complètement dévorée par
les flammes- Les pertes s'élèvent fr.
Le Théâtre-Français de Bordeaux jouera, dans
les premiers jours du mois de mars, une comé-
die en trois actes Nos ennemis, dueà là plume
d'un habitant de la ville.
Le train n° 46, parti hier de Pans à six heures
dùsoir.etqui doit arriver à Rouen à huit heu-
-res quarante minutes, avait dépassé la gare de.
Rosny (Seine-et-Oise), quand le mécanicien*
s'aperçut que l'essieu de la machine s'était
vcassé et qu'une bielle était forcée. Une machine
de secours fut aussitôt envoyée à Mantes mais
ce ne fut qu'à neuf heures que le train put re-
prendre sa marche. On attribue cet accident au
patinage de la machine sur les rails par suite du
dégel.
Le train n'estarrivé à Rouen qu'à dix heures
trente et une minutes, c'est à direavecunretard
de deux heures.
La semaine passée, une enfant de douze ans,
fille du sieur Guilioumeau, buraliste à Brigueuil
(Charente), mangea la moitié d'une poire que
son frère av.iit réservée pour elle, et qu'il avait
déposée sur la tablette de la cheminée de la cui-
sine, près de quelques allumettes chimiques
auxquelles il n'avait pas fait attention.
Depuis ce moment, la pauvre enfant n'a plus
eu un moment de santé; elle était constamment
souffrante, et enfin elle expira. Ses parents, qui
étaient loin de la croire en danger, n'avaient
fait venir le médecin que le cinquième jour de
l'empoisonnement;; il était trop tard, les soins
qui lui furent prodigués lurent sans résultat.
Ainsi, le contact de quelques allumettes chi-
miques a suffi pour empoisonner une poire au
point de la rendre mortelle.
SOUVENIRS JUDICIAIRES
LA PLANCHE DE SALUT.
Un jour, il y a-quelques années de cela;-
un voyageur arriva dans un des ports du nord
de l'Angleterre, et. descendit dans le meilleur
hôtel de la ville.
Il était suivi d'un domestique,
Le costume recherché et luxueux du voya-
geur, ses manières empreintes de la raideur
et de la morgue britanniques, son air froid et
hautain, et la dédaigneuse indifférence avec la-
quelle il accueillit les politesses obséquieuses
du maître de l'hôtel, tout indiquait que le nou-
vel arrivant appartenait à la haute aristocra-
tie anglaise.
Quelques heures après son installation dans
un appartement des plus confortables de l'hô-
tel, ce personnage fit monter chez lui l'hôte-
lier
Monsieur, lui dit-il, je voyage pour me dis-
traire, et ne suis jamais venu ici. Je désire donc
que vous m'indiquiez ce qu'il y a d'amusant à
voir dans votre ville, afin que je ne m'ennuie
pas trop pendant les deux ou trois jours que je
compte y rester.
Ahjtnylord! vous jouez de malheur 1-
Nous avions avant-hier encore des régates et
des courses, mais, depuis vingt-quatre heures,
tout est'fini.
Et alors, il n'y a plus qu'à s'en aller ail-
leurs ?
Nous avons bien la cour d'assises, mais je
doute que Votre Honneur prenne beaucoup
d'intérêt à ses audiences.
• Pourquoi non 1 Je ne déteste pas du tout
les affaires criminelles. Au contraire. Et, d'ail-
leurs, puisque c'est.la seule distraction qu'offre
votre pays, il faut bien en jouir.
–A dire vrai, je ne crois pas que Votre Grftce
s'y ennuiera, car on juge depuishier une affaire
qui excite un très vif intérêt dans notre ville;
c'est un certain Tom Littte, qui est accusé d'a-
'voirassassiné sur la grande route, pour le voler
sir Perkins un riche propriétaire des envi-
rons.
Etya-t-il des- preuves ccntïe ce miséra-
ble ?
Oui, mylord, et de très fortes; mais le
gredin soutient comme un beau diable, qu'il est
innocent, et que le jour où le crime a été com-
mis, il se trouvait à Calais, où, erâce à sa coin-
naissanee de la langue française, il espérait
s^Êtablir commissionnaire au service des An-'
,?niais-qui y viennent en si grapd no.mb.re.
Eh bien,, je veux aller voir condamner ce
drôle. Faites-moi conduire au tribunal.
L'hôtelier brigua l'honneur d'accompagner
;lu,i-même un client d'une si haute importance,
et quelques minutes après, ils pénétraient tous
':les deux dans la salle de la cour d'assises.
L'arrivée de ce fastueux étranger 'fit une cer-
taine sensation. Les juges et lés jurés eux-mé-
'mes dirigèrent sur lui leurs regards, mais ce
qui mit le comble à la curiosité générale, ce fut
lie crique poussa l'accusé lorsque, comme tout
le monde, il aperçut le nouvel auditeur.
Il devint pourpre. Les yeux semblaient lui
sortir de la tête, et, se levant de son banc, il
s'écria ensuite avec l'accent de la plus profonde
joie en désignant l'étranger de la main
Voilà-celui qui va me sauver, le voilà.
c'est le bon Dieu qui l'envoie 1 c'est un miracle
du, ciel en ma faveur
Ces paroles causèrent une vive émotion dans
tout l'auditoire, et quand le calme se fut réta-
bli, le président, s'adressant à l'accusé, lui de-
manda l'explication de ces étranges paroles.
Jé, dis que ce gentleman va établir mon
innocence,, mylord juge, parce que lui-même,
précisément, arrivait à Calais le jour où l'on
prétend que j'ai assassiné sir Perkins. C'estmoi
qui ai aidé son domestique à porter sa malle,
qui était trop lourde pour un homme seul, à
1 hôtel dieV. Et Sa Seigneurie m'a même donné
de sa propre main une guinée pour ce léger
service, en voyant que j'étais un compatriote.
On peut lui demander si je mens.
Cet incident était tellement saisissant, et le
hasard qui venait porter. ainsi la lumière dans
les ténèbres de cette affaire était si providen-
tiel que le président, usant de son pouvoir dis-
crétionnaire, fit appeler à la barre l'étranger,
plus étonné lui-même de tout ce qui arrivait
que tout le monde. Après qu'il eut décliné ses
nom. titres et qualités
-Reconnaissez-vous l'accusé, lui dit le pré-
sident, et affirmez-vous comme véritable ce
qu'il vient de dire
Le noble personnage jeta les yeux sur Tom
Little, chercha quelque temps dans ses souve-
nirs, en levant les yeux au plafond de la salle,
puis il répondit avec beaucoup de calme
-Non, monsieur le président, je ne me sou-
viens d'avoir vu cet homme nulle part; je ne le
connais pas, et je ne sais ce qu'il veut dire.
Comment, mylord, s'écria l'accusé déses-
péré, et blême comme un mort, vous avez la
cruauté de trahir la vérité dans un pareil mo-
ment Vous osez dire que je ne vous ai pas
accompagné à l'hôtel de. avec votre domesti-
que ?
Non, je ne m'en souviens pas du tout. Je
ne puis pas même affimer qùe.je suis descendu
à rhôtel que désigne l'accusé, inylord juge, car
je n'ai pas la mémoire des noms propres; et
mon domestique seul retient ceux des hôtels et
et des hôteliers. Il a même ordre d'écrire sur
un calepin les noms do tous les établissements
où je m'arrête, et de mettre une croix cdtz des
hôtels dont le service m'a paru convenable, a-
fin d'y retourner si je repasse dans le pays.
Mais, mylord. dit l'un des jurés, si vous ne
vous souvenez pas d'avoir vu l'accusé, votre
domestique peut s'en souvenir, lui?.
Oui, oui, dit avec angoisse Tom Little, qui
se rattachait comme un naufragé à cette plan-
che de, salut oui, il s'en souviendra
Où est ce domestique, dit le juge?
Il est à l'hôtel.
Il faut l'envoyer chercher·et lui prescrire
d'apporter en même temps le calepin.
L'hôtelier, qui avait conduit son hôte au tri-
bunal, retourna dans sa demeure, et ramena le
domestique.
Connaissez-vous l'accusé, lui demanda le
juge?
Le domestique examina Tom, et, après avoir
cherché quelque temps.dans sa mémoire, il ré-
pondit comme le maître
Non, mylord juge, je ne.me souviens pas.
de cet homme.
-Vous ne vous souvenez pas de moi de moi
qui vous ai aidé à transporter la malle de my-
lord à l'hôtel de.. répliqua l'accusé avec la
sueur de l'angoisse sur le front?
Non.
Ah c'est affreux C'est odieux de votre
part!
Voyez le calepin, dit le président.
Le domestique l'ouvrit, et, effectivement, à
l'une des pages, on vit marqué d'une croix le
nom de l'hôtel qu'avait désigné- l'accusé.
Cette circonstance lui lit beaucoup de- bien,
et un murmure de satisfaction se fit entendre
dans l'auditoire. Plus calme, alors, et comme
rafraîchi par cette premiëre épreuve, TonaLitlle
dit au domestique
bien vrai que vous ne vous rappe-
liez pas que tel jour et à telle heure, à Calais,
après l'arrivée du steamer, un homene vous ait
donné un coup de main et vous ait montré à la
tempe gauche la trace d'un coup de hjvche reçu
il la bataille de Navorin, où il servait comme
novice? Et vous, inylord, est-it possible que
vous ne vous souveniez pas de m'avoir donné
une guinée à cause de cette bléssure et de cette
bataille, où votre père commandait un. vaisseau
de Sa Majesté Britannique?
Attendez donc, dit l'Anglais en sefrappanl
le front et en s'interrogeant de nouveau. At-
tendez donc! Mais cela est vrai, et cet hom-
me a raison. Oui, il a raison, et je le recon-
nais.
Ah! dit à son tour le domestique, si vous
êtes cet homme de Calais qui a reçu lo coup de
hache à la tempe,et que mylord a secouru,c'est
différent; vous dites. la venté, et je vous recon-
nais à présent!
Enfin! Dieu soit loué! s'écria l'accusé
en poussant un soupir de reconnaissance et en
retombant à sa place. Dieu soit loué!
Devant une manifestation aussi claire de l'in-
nocence de l'accusé, la cour, cédant à l'éviden-
ce, ne put l'aire autrement que d'acquitter Tom
1 Little.
Mais une surprise bien plus grande était ré-
servée aux membres de là cour d'assises et à
ceux qui formaient l'auditoire.
Quand Tom Little fut relaxé, il se rendit a-
vectoylord et le domestique à. l'hôtel où ces
derniers étaient descendus,,et on, ne fut pas mé-
diocrement étonné de voir s'établir une. certai-
ne familiarité secrète entre ces trois hommes de.
conditions si diffërentes.
On en donna avis à la police.
Quelques jours après, un autre vol suivi d'as-
sassinat, et commis avec des circonstance»!
semblables à celui de sir Perkins, venait porter
la terreur dans la contrée.
On arrêta nos trois individus. Iis comparu-
rent devant la cour d'assises de la même ville,
et furent tous trois condamnés à mort.
Le grand seigneur, son domestique et Tom
Little étaient trois brigands affiliés à la même
bande, et c'était pour sauver Tom Little, leur
complice, auquel ils avaient fait parvenir l'avis
de leur stratagème, que les deux premiers a-
vaient joué une si habile comédie.
VICTOR COCBINAT
ÉTRANGER
Le 6 février dernier, la Cité dé Londres était en
émoi un horloger, M. Walker, avait été volé. On
avait pénétré dans le magasin, fracturé la serrure
de la chambre de, sûreté, et une immense quantité
de montres, de chaînes et de bijoux, s'élevant à là
valeur de fr., avaient disparu. •
Le 4, c'est à dire le samedi. Mal.- Walker père et
fils avaient quitté leur magasra à quatre heures du
soir.
William Smith, depuis 25 ans à leur service, fer-
ma le magasin il mit les cadenas etrserra les mon-
très dans la, chambre de sûreté dont il emporta la
clef. Il eut soin de placer au fond du magasin deux
grands miroirs qui permettent aux. polkemeiïdi'
voir, a travers deux ouvertures ménagées dans les
volets, tout ce qui peut se passer la nuit dans l'in-
térieur de la boutique.
Le lundi 6 lévrier, lorsque Smith vint pour ou-
vrir la boutique, la devanture ne présentait rien
d'extraordinaire, mains lorsqu'il eut pénétré dans
l'Intérieur, il aperçut la serrure de la chambre de
sûreté complétemént fracturée; il est inutile d'a-
jouter que cette chambre avait été pillée.
Sinith alla prévenir la police, qui se livn immé-
diatement à de minutieuses perquisitions, On cons-
tata un trou pratiqué dans un des. panneaux. M..
̃Walker, fit promettre fr. de récompense à oe-.
lui qui mettrait sur la trace du voleur.
Depuis cette époque, malgré la vigilance de po-
lice, on n'avait rien découvert.
Déjà tout le monde désespérait de trouver les
coupables ou leurs complices, lorsque l'inspecteur
Bouffer mit avant-hier la main sur un- individu
suspect qui entrait dans la boutique d'un orfèvre
de Wilderness row.
Le brave inspecteur suivit cet homme, et, sans
préambule. lui demanda ce qu'il venait faire dans
cette boutique; l'autre lui répondit que cela ne le
regardait pas. Si fait, répondit rasent.HJhomme
voulut s'échapper, et essaya, d'un coup de poing
comme sa vent. les allonger les Anglais, de se dé-
barrasser de l'inspecteur par trop curieux..
Mais Foulger riposta et parvint mettre les me-
notes à l'homme dont la culpabilité se trahissait
par des violences.
Il le terrassa et, après l'avoir fouillé, trauva
deux moutres sortant des fabriques de Ml Walker.
Enfin l'individu soupçonné déclara se, nommer
David Roberts, exercer le métier de tisserand et a-'
voir volé ces montres dans Hackpeyroad.
Emmené devant le lord-maire, David Roberts re-
fusa de s'expliquer. Il a été conduit en prison.
L'aH'uire est remise-à huitame. {Inlenualioual.}
VARIÉTÉS
UNE AFFAIRE D'if>B
HISTOIRE CALIFORNIENNE..
(Voir te Pcht Journal du 14 au 18 février.)
Au fond de la grande et riche pièce qui for-
mait le rez-de-chaussée de la Bella Union, s'é-
levait une estrade splendidement illuminée»
sur laquelle étaient assisplusieunsatrtîstesfran-
cais qui, tour à tour, taisaient entendre au pu-
blic des morceaux de leur choix,
Au milieu de tous trônait en reine- 1» prima
donna, qui n'était autre que la maîtresse mê-
me de l'établissement.
Le 6ar était occupé par une gracieuse Fran-
çaise, qui, pour- se venger de son. état de pri-
sonnière, abusait de ses charme* en se faisant
offrir force bouquets par des Yankees aussinaïf?
qu'amoureux.
Ce n'était pas; tout qùe d'entrer dans, ce café:
il fallait encorese placet- quelque part. Or, cet^
te seconde partie du programme présentait des
difficultés presque insurmontables, tant était
grande l'affluence des gens de toutes sortes qui
s'étaient donné rendez-vous nu; co&eert. A ce
point que beaucoup, ne trouvant règlement où
se loger, éta&ot forcés de se tenir debout en
attendant@une table libre.
Tel eûl-sartsdouie été notre sort sansun ami
de mylord Cire, qui, à la vue de ne*reembarras,,
s'empressa de nous faire placeauprès de lui.
Une fois- installés, mylord Cise demanda les
café, ut nous écoutâmes les chaatews. 1
Puis mora charmant compagnoareprit la conr-;
versation que nous avions été contraints d'iai-
terrompre, et.me fit part de ses projets (]lave-.
nir, m'iavitant, si jamais î'allafe à Londres. à
ne pas passer sans lui demaudeF l'hospitalité.
Une partie de la soirée s?éc«B:la ainsi.
L'amirie mylordCirei>9us-&'»aitfquittés«3spuis
!oft£çtemps;déjà etnous-mêmesaous apprêtions
à nous retirer, lorsqu'un teng murmus», qui
semblait la plus haute expression d'un conten-
tement indiciblte, traversa la salle et. parvint
jusqu'à nous.
Qu'y a-t-il donc? demandai-je, tout cu-
rieux.
Asseyez-vous,, me dit mylord Cire, et, res-
tons encoro quelques minutes c¥st la prima
donnu de l'endroit qui va chauvi' 'el dont on
raflbkj ici.
Mon Dieu, non 1
Comment alors expliquez-vous cet empres-
se,cnent?
f –C'est bien simple, aUcz! Ne save?- vous pas
%̃
O compteur que de leçons tu.pourrais
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Voulez-vous, sans sortir de chez vous,
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vous assistera la séance d'ouverture des
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vous livrer au jeu d'espritleplus ingénieux,
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4e Assen Delftstraat, n° 38
LE ALLEMAWI»
fouettai
A Leipzig (Allemagne) Bosea-Stçasse,, 20.
LE JOURNAL ILLUSTRÉ ]ITALIEN
Il ttiornahs IHustrato
A Twni^viadiPOiS
Uaan, 8ifr. Six mois, 4 fr. Le rtu-
!méro, 45 centimes.
1XEPARTEMENTS
Le maire de Limoges a reçu une somme de
3,000 fr. provenant des souscriptions du corps
expéditionnaire du Mexique, en faveur des in-
cendiés de-Limoges. Ce nouvel envoi porte à
7,000 fr. les sommes données par nos soldats.
Le changement atmosphérique des derniers
jours a amené au Havre une petite tempête.
Hier, la mer a été très dure, les bateaux qui
font le service du Havre Trouville et du Ha-
vre à Caen n'ont pu effectuer leur départ par
suite du gros temps.
Le dégel a eu lieu également à Lyon. Le ser-
vice des bateaux les Mouches, interrompu pen-
dant quelques jours, a repris hier.
Dans la nuit d'avant-hier, un incendie considéra-
ble ¡¡éclaté dans la commune de Lacanau(Gironde).
L'usine à matières résineuses qui dépend du do-
maine de Lacanau a été complètement dévorée par
les flammes- Les pertes s'élèvent fr.
Le Théâtre-Français de Bordeaux jouera, dans
les premiers jours du mois de mars, une comé-
die en trois actes Nos ennemis, dueà là plume
d'un habitant de la ville.
Le train n° 46, parti hier de Pans à six heures
dùsoir.etqui doit arriver à Rouen à huit heu-
-res quarante minutes, avait dépassé la gare de.
Rosny (Seine-et-Oise), quand le mécanicien*
s'aperçut que l'essieu de la machine s'était
vcassé et qu'une bielle était forcée. Une machine
de secours fut aussitôt envoyée à Mantes mais
ce ne fut qu'à neuf heures que le train put re-
prendre sa marche. On attribue cet accident au
patinage de la machine sur les rails par suite du
dégel.
Le train n'estarrivé à Rouen qu'à dix heures
trente et une minutes, c'est à direavecunretard
de deux heures.
La semaine passée, une enfant de douze ans,
fille du sieur Guilioumeau, buraliste à Brigueuil
(Charente), mangea la moitié d'une poire que
son frère av.iit réservée pour elle, et qu'il avait
déposée sur la tablette de la cheminée de la cui-
sine, près de quelques allumettes chimiques
auxquelles il n'avait pas fait attention.
Depuis ce moment, la pauvre enfant n'a plus
eu un moment de santé; elle était constamment
souffrante, et enfin elle expira. Ses parents, qui
étaient loin de la croire en danger, n'avaient
fait venir le médecin que le cinquième jour de
l'empoisonnement;; il était trop tard, les soins
qui lui furent prodigués lurent sans résultat.
Ainsi, le contact de quelques allumettes chi-
miques a suffi pour empoisonner une poire au
point de la rendre mortelle.
SOUVENIRS JUDICIAIRES
LA PLANCHE DE SALUT.
Un jour, il y a-quelques années de cela;-
un voyageur arriva dans un des ports du nord
de l'Angleterre, et. descendit dans le meilleur
hôtel de la ville.
Il était suivi d'un domestique,
Le costume recherché et luxueux du voya-
geur, ses manières empreintes de la raideur
et de la morgue britanniques, son air froid et
hautain, et la dédaigneuse indifférence avec la-
quelle il accueillit les politesses obséquieuses
du maître de l'hôtel, tout indiquait que le nou-
vel arrivant appartenait à la haute aristocra-
tie anglaise.
Quelques heures après son installation dans
un appartement des plus confortables de l'hô-
tel, ce personnage fit monter chez lui l'hôte-
lier
Monsieur, lui dit-il, je voyage pour me dis-
traire, et ne suis jamais venu ici. Je désire donc
que vous m'indiquiez ce qu'il y a d'amusant à
voir dans votre ville, afin que je ne m'ennuie
pas trop pendant les deux ou trois jours que je
compte y rester.
Ahjtnylord! vous jouez de malheur 1-
Nous avions avant-hier encore des régates et
des courses, mais, depuis vingt-quatre heures,
tout est'fini.
Et alors, il n'y a plus qu'à s'en aller ail-
leurs ?
Nous avons bien la cour d'assises, mais je
doute que Votre Honneur prenne beaucoup
d'intérêt à ses audiences.
• Pourquoi non 1 Je ne déteste pas du tout
les affaires criminelles. Au contraire. Et, d'ail-
leurs, puisque c'est.la seule distraction qu'offre
votre pays, il faut bien en jouir.
–A dire vrai, je ne crois pas que Votre Grftce
s'y ennuiera, car on juge depuishier une affaire
qui excite un très vif intérêt dans notre ville;
c'est un certain Tom Littte, qui est accusé d'a-
'voirassassiné sur la grande route, pour le voler
sir Perkins un riche propriétaire des envi-
rons.
Etya-t-il des- preuves ccntïe ce miséra-
ble ?
Oui, mylord, et de très fortes; mais le
gredin soutient comme un beau diable, qu'il est
innocent, et que le jour où le crime a été com-
mis, il se trouvait à Calais, où, erâce à sa coin-
naissanee de la langue française, il espérait
s^Êtablir commissionnaire au service des An-'
,?niais-qui y viennent en si grapd no.mb.re.
Eh bien,, je veux aller voir condamner ce
drôle. Faites-moi conduire au tribunal.
L'hôtelier brigua l'honneur d'accompagner
;lu,i-même un client d'une si haute importance,
et quelques minutes après, ils pénétraient tous
':les deux dans la salle de la cour d'assises.
L'arrivée de ce fastueux étranger 'fit une cer-
taine sensation. Les juges et lés jurés eux-mé-
'mes dirigèrent sur lui leurs regards, mais ce
qui mit le comble à la curiosité générale, ce fut
lie crique poussa l'accusé lorsque, comme tout
le monde, il aperçut le nouvel auditeur.
Il devint pourpre. Les yeux semblaient lui
sortir de la tête, et, se levant de son banc, il
s'écria ensuite avec l'accent de la plus profonde
joie en désignant l'étranger de la main
Voilà-celui qui va me sauver, le voilà.
c'est le bon Dieu qui l'envoie 1 c'est un miracle
du, ciel en ma faveur
Ces paroles causèrent une vive émotion dans
tout l'auditoire, et quand le calme se fut réta-
bli, le président, s'adressant à l'accusé, lui de-
manda l'explication de ces étranges paroles.
Jé, dis que ce gentleman va établir mon
innocence,, mylord juge, parce que lui-même,
précisément, arrivait à Calais le jour où l'on
prétend que j'ai assassiné sir Perkins. C'estmoi
qui ai aidé son domestique à porter sa malle,
qui était trop lourde pour un homme seul, à
1 hôtel dieV. Et Sa Seigneurie m'a même donné
de sa propre main une guinée pour ce léger
service, en voyant que j'étais un compatriote.
On peut lui demander si je mens.
Cet incident était tellement saisissant, et le
hasard qui venait porter. ainsi la lumière dans
les ténèbres de cette affaire était si providen-
tiel que le président, usant de son pouvoir dis-
crétionnaire, fit appeler à la barre l'étranger,
plus étonné lui-même de tout ce qui arrivait
que tout le monde. Après qu'il eut décliné ses
nom. titres et qualités
-Reconnaissez-vous l'accusé, lui dit le pré-
sident, et affirmez-vous comme véritable ce
qu'il vient de dire
Le noble personnage jeta les yeux sur Tom
Little, chercha quelque temps dans ses souve-
nirs, en levant les yeux au plafond de la salle,
puis il répondit avec beaucoup de calme
-Non, monsieur le président, je ne me sou-
viens d'avoir vu cet homme nulle part; je ne le
connais pas, et je ne sais ce qu'il veut dire.
Comment, mylord, s'écria l'accusé déses-
péré, et blême comme un mort, vous avez la
cruauté de trahir la vérité dans un pareil mo-
ment Vous osez dire que je ne vous ai pas
accompagné à l'hôtel de. avec votre domesti-
que ?
Non, je ne m'en souviens pas du tout. Je
ne puis pas même affimer qùe.je suis descendu
à rhôtel que désigne l'accusé, inylord juge, car
je n'ai pas la mémoire des noms propres; et
mon domestique seul retient ceux des hôtels et
et des hôteliers. Il a même ordre d'écrire sur
un calepin les noms do tous les établissements
où je m'arrête, et de mettre une croix cdtz des
hôtels dont le service m'a paru convenable, a-
fin d'y retourner si je repasse dans le pays.
Mais, mylord. dit l'un des jurés, si vous ne
vous souvenez pas d'avoir vu l'accusé, votre
domestique peut s'en souvenir, lui?.
Oui, oui, dit avec angoisse Tom Little, qui
se rattachait comme un naufragé à cette plan-
che de, salut oui, il s'en souviendra
Où est ce domestique, dit le juge?
Il est à l'hôtel.
Il faut l'envoyer chercher·et lui prescrire
d'apporter en même temps le calepin.
L'hôtelier, qui avait conduit son hôte au tri-
bunal, retourna dans sa demeure, et ramena le
domestique.
Connaissez-vous l'accusé, lui demanda le
juge?
Le domestique examina Tom, et, après avoir
cherché quelque temps.dans sa mémoire, il ré-
pondit comme le maître
Non, mylord juge, je ne.me souviens pas.
de cet homme.
-Vous ne vous souvenez pas de moi de moi
qui vous ai aidé à transporter la malle de my-
lord à l'hôtel de.. répliqua l'accusé avec la
sueur de l'angoisse sur le front?
Non.
Ah c'est affreux C'est odieux de votre
part!
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Le domestique l'ouvrit, et, effectivement, à
l'une des pages, on vit marqué d'une croix le
nom de l'hôtel qu'avait désigné- l'accusé.
Cette circonstance lui lit beaucoup de- bien,
et un murmure de satisfaction se fit entendre
dans l'auditoire. Plus calme, alors, et comme
rafraîchi par cette premiëre épreuve, TonaLitlle
dit au domestique
bien vrai que vous ne vous rappe-
liez pas que tel jour et à telle heure, à Calais,
après l'arrivée du steamer, un homene vous ait
donné un coup de main et vous ait montré à la
tempe gauche la trace d'un coup de hjvche reçu
il la bataille de Navorin, où il servait comme
novice? Et vous, inylord, est-it possible que
vous ne vous souveniez pas de m'avoir donné
une guinée à cause de cette bléssure et de cette
bataille, où votre père commandait un. vaisseau
de Sa Majesté Britannique?
Attendez donc, dit l'Anglais en sefrappanl
le front et en s'interrogeant de nouveau. At-
tendez donc! Mais cela est vrai, et cet hom-
me a raison. Oui, il a raison, et je le recon-
nais.
Ah! dit à son tour le domestique, si vous
êtes cet homme de Calais qui a reçu lo coup de
hache à la tempe,et que mylord a secouru,c'est
différent; vous dites. la venté, et je vous recon-
nais à présent!
Enfin! Dieu soit loué! s'écria l'accusé
en poussant un soupir de reconnaissance et en
retombant à sa place. Dieu soit loué!
Devant une manifestation aussi claire de l'in-
nocence de l'accusé, la cour, cédant à l'éviden-
ce, ne put l'aire autrement que d'acquitter Tom
1 Little.
Mais une surprise bien plus grande était ré-
servée aux membres de là cour d'assises et à
ceux qui formaient l'auditoire.
Quand Tom Little fut relaxé, il se rendit a-
vectoylord et le domestique à. l'hôtel où ces
derniers étaient descendus,,et on, ne fut pas mé-
diocrement étonné de voir s'établir une. certai-
ne familiarité secrète entre ces trois hommes de.
conditions si diffërentes.
On en donna avis à la police.
Quelques jours après, un autre vol suivi d'as-
sassinat, et commis avec des circonstance»!
semblables à celui de sir Perkins, venait porter
la terreur dans la contrée.
On arrêta nos trois individus. Iis comparu-
rent devant la cour d'assises de la même ville,
et furent tous trois condamnés à mort.
Le grand seigneur, son domestique et Tom
Little étaient trois brigands affiliés à la même
bande, et c'était pour sauver Tom Little, leur
complice, auquel ils avaient fait parvenir l'avis
de leur stratagème, que les deux premiers a-
vaient joué une si habile comédie.
VICTOR COCBINAT
ÉTRANGER
Le 6 février dernier, la Cité dé Londres était en
émoi un horloger, M. Walker, avait été volé. On
avait pénétré dans le magasin, fracturé la serrure
de la chambre de, sûreté, et une immense quantité
de montres, de chaînes et de bijoux, s'élevant à là
valeur de fr., avaient disparu. •
Le 4, c'est à dire le samedi. Mal.- Walker père et
fils avaient quitté leur magasra à quatre heures du
soir.
William Smith, depuis 25 ans à leur service, fer-
ma le magasin il mit les cadenas etrserra les mon-
très dans la, chambre de sûreté dont il emporta la
clef. Il eut soin de placer au fond du magasin deux
grands miroirs qui permettent aux. polkemeiïdi'
voir, a travers deux ouvertures ménagées dans les
volets, tout ce qui peut se passer la nuit dans l'in-
térieur de la boutique.
Le lundi 6 lévrier, lorsque Smith vint pour ou-
vrir la boutique, la devanture ne présentait rien
d'extraordinaire, mains lorsqu'il eut pénétré dans
l'Intérieur, il aperçut la serrure de la chambre de
sûreté complétemént fracturée; il est inutile d'a-
jouter que cette chambre avait été pillée.
Sinith alla prévenir la police, qui se livn immé-
diatement à de minutieuses perquisitions, On cons-
tata un trou pratiqué dans un des. panneaux. M..
̃Walker, fit promettre fr. de récompense à oe-.
lui qui mettrait sur la trace du voleur.
Depuis cette époque, malgré la vigilance de po-
lice, on n'avait rien découvert.
Déjà tout le monde désespérait de trouver les
coupables ou leurs complices, lorsque l'inspecteur
Bouffer mit avant-hier la main sur un- individu
suspect qui entrait dans la boutique d'un orfèvre
de Wilderness row.
Le brave inspecteur suivit cet homme, et, sans
préambule. lui demanda ce qu'il venait faire dans
cette boutique; l'autre lui répondit que cela ne le
regardait pas. Si fait, répondit rasent.HJhomme
voulut s'échapper, et essaya, d'un coup de poing
comme sa vent. les allonger les Anglais, de se dé-
barrasser de l'inspecteur par trop curieux..
Mais Foulger riposta et parvint mettre les me-
notes à l'homme dont la culpabilité se trahissait
par des violences.
Il le terrassa et, après l'avoir fouillé, trauva
deux moutres sortant des fabriques de Ml Walker.
Enfin l'individu soupçonné déclara se, nommer
David Roberts, exercer le métier de tisserand et a-'
voir volé ces montres dans Hackpeyroad.
Emmené devant le lord-maire, David Roberts re-
fusa de s'expliquer. Il a été conduit en prison.
L'aH'uire est remise-à huitame. {Inlenualioual.}
VARIÉTÉS
UNE AFFAIRE D'if>B
HISTOIRE CALIFORNIENNE..
(Voir te Pcht Journal du 14 au 18 février.)
Au fond de la grande et riche pièce qui for-
mait le rez-de-chaussée de la Bella Union, s'é-
levait une estrade splendidement illuminée»
sur laquelle étaient assisplusieunsatrtîstesfran-
cais qui, tour à tour, taisaient entendre au pu-
blic des morceaux de leur choix,
Au milieu de tous trônait en reine- 1» prima
donna, qui n'était autre que la maîtresse mê-
me de l'établissement.
Le 6ar était occupé par une gracieuse Fran-
çaise, qui, pour- se venger de son. état de pri-
sonnière, abusait de ses charme* en se faisant
offrir force bouquets par des Yankees aussinaïf?
qu'amoureux.
Ce n'était pas; tout qùe d'entrer dans, ce café:
il fallait encorese placet- quelque part. Or, cet^
te seconde partie du programme présentait des
difficultés presque insurmontables, tant était
grande l'affluence des gens de toutes sortes qui
s'étaient donné rendez-vous nu; co&eert. A ce
point que beaucoup, ne trouvant règlement où
se loger, éta&ot forcés de se tenir debout en
attendant@une table libre.
Tel eûl-sartsdouie été notre sort sansun ami
de mylord Cire, qui, à la vue de ne*reembarras,,
s'empressa de nous faire placeauprès de lui.
Une fois- installés, mylord Cise demanda les
café, ut nous écoutâmes les chaatews. 1
Puis mora charmant compagnoareprit la conr-;
versation que nous avions été contraints d'iai-
terrompre, et.me fit part de ses projets (]lave-.
nir, m'iavitant, si jamais î'allafe à Londres. à
ne pas passer sans lui demaudeF l'hospitalité.
Une partie de la soirée s?éc«B:la ainsi.
L'amirie mylordCirei>9us-&'»aitfquittés«3spuis
!oft£çtemps;déjà etnous-mêmesaous apprêtions
à nous retirer, lorsqu'un teng murmus», qui
semblait la plus haute expression d'un conten-
tement indiciblte, traversa la salle et. parvint
jusqu'à nous.
Qu'y a-t-il donc? demandai-je, tout cu-
rieux.
Asseyez-vous,, me dit mylord Cire, et, res-
tons encoro quelques minutes c¥st la prima
donnu de l'endroit qui va chauvi' 'el dont on
raflbkj ici.
Mon Dieu, non 1
Comment alors expliquez-vous cet empres-
se,cnent?
f –C'est bien simple, aUcz! Ne save?- vous pas
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