SPORTS DE NEIGE ET DE QLAOE
123
LAGE HÉROÏQUE DU BOBSLEIGH
Dans quelques jours, le gros de l'armée de
nos athlètes va se mettre en route pour aller
défendre les couleurs de la France dans les
différentes épreuves de Chamonix. Si parmi nos
nationaux nous comptons des fervents de tous
les sports pratiqués là-bas, certains de ces sports
ont été jusqu'à ces dernières années presque
complètement ignorés du grand public : le cur-
ling et le bobsleigh sont du nombre, bien que
le premier fût déjà très populaire en Ecosse
avant le temps du Grand Roi. Les lettres de
noblesse du second sont de date plus récente :
elles comptent néanmoins près d'un demi-siè-
cle d'existence, puisque nous trouvons officiel-
lement narrée l'histoire d'une première course
de luges organisée sur la vieille Schaltzalp vers
1881.
En 1883 prenait naissance le « Toboggan
Club de Davos », aux destinées duquel un ma-
gnifique sportsman, M. Harold Freeman, a
présidé pendant lus de 30 ans. M. Freeman
a plus que personne contribué au développe-
ment des sports d'hiver dans les Grisons et il
n'est guère de trophée, à Ivlosters ou à Davos,
sur lequel nous ne trouvions point mentionné
le nom de son « Pegasus » aux ailes noires.
A cette époque, les sports d'hiver étaient
peu pratiqués dans l'Europe centrale, sauf en
Suisse Vallonné et dans les Grisons. Le bobs-
leigh fut vite en honneur, mais les différences
d'altitude et de climat devaient amener la cons-
truction de pistes différentes, d'où résultèrent
deux écoles de bob ; par la suite, les engins
qui sur les unes connurent les plus grands suc-
cès ne réussirent guère sur les autres.
Cette règle comporte cependant quelques glo-
rieuses exceptions dont nos nationaux ont été
les artisans presque exclusifs. Ils sont posté-
rieurs à l'année 1902, quand le jeune Roessin-
ger, en traitement à Leysin, voulut appliquer
au bobsleigh resté passablement rudimentaire
quelques-unes des conceptions que lui pouvait
suggérer son expérience de dessinateur auto-
mobile. C'est l'époque de la « Bombe », du
« Fram » et de la nombreuse famille des
« Boule-de-Neige ». Bachmann a depuis lors
le monopole de la fabrication des bobs cons-
truits d'après cette formule dont la licence lui
a été cédée en 1905 par Roessinger.
Nous ne reviendrons pas aujourd'hui sur la
question de savoir lequel du bob à volant ou du
bob à ficelles possède une supériorité sur l'au-
tre : ils sont trop différents pour se pouvoir effi-
cacement comparer. Dans les Grisons, dont
nous connaissons plus particulièrement les
pistes, nous avons régulièrement vu les parti-
sans les plus acharnés du bob à volant l'aban-
donner après quelques premiers échecs. Nous
croyons qu'à Saint-Moritz par exemple, où il
importe avant tout de ne pas quitter la trace,
le conducteur du bob à ficelles sent avec plus
de délicatesse sa direction au bout de ses doigts
qu'à travers les modes de démultiplication
d'un volant. Ce dernier, par contre, peut of-
frir plus de stabilité et nous lui donnerons la
préférence sur une piste possédant de belles
lignes droites et dont les virages ne sont pas
trop rapprochés. Nous sommes plus sceptiques
sur la valeur du frein à pied que nous avons
vu généralement inutilisé sur les bobs où il
avait été installé comme mesure supplémen-
taire de sécurité.
Quoi qu'il en soit, le premier succès impor-
tant remporté par un bob français sur la route
de Klosters, la plus ancienne piste de Davos,
devait être celui d'un bob à ficelles, « La
Bombe », inscrivant en 1903 son nom sur la
« Manchester Bowl », la première des gran-
des épreuves organisées par le Toboggan Club
de Davos. A notre compatriote Mérot revient
le mérite d'avoir pour la première fois fait
triompher nos couleurs.
Boule-de-Xeige, conduite par Emile Muus
gagnant du Derby de Saint-Moritz eu 1904.
Cette victoire devait comporter de nombreux
lendemains. L'année suivante, sur la même
piste, un autre bob français, le « Fram », con-
duit par M. Carrelet, connaissait la gloire à
son tour en remportant la « Coupe de Fiance »,
autre trophée offert par la colonie latine à
l'image du Manchester Bowl, dû à la géné-
rosité des Saxons.
L'an 1904 devait être plus glorieux encore :
la « Boule de Neige », bob à volant de chez
Bachmann, permettait à Emile Maas de triom-
pher dans le Derby de Saint-Moritz qui a tou-
jours été considéré comme le « blue ribbon »
des bobs. Notre équipe n'était, hélas! française
qu'en partie : Mrs Bichardson occupait la troi-
sième place, Broad était second et Stephenson
courait comme arrière.
Cette sensationnelle victoire témoigna quand
même aux sportsmen d'alors que la France
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LAGE HÉROÏQUE DU BOBSLEIGH
Dans quelques jours, le gros de l'armée de
nos athlètes va se mettre en route pour aller
défendre les couleurs de la France dans les
différentes épreuves de Chamonix. Si parmi nos
nationaux nous comptons des fervents de tous
les sports pratiqués là-bas, certains de ces sports
ont été jusqu'à ces dernières années presque
complètement ignorés du grand public : le cur-
ling et le bobsleigh sont du nombre, bien que
le premier fût déjà très populaire en Ecosse
avant le temps du Grand Roi. Les lettres de
noblesse du second sont de date plus récente :
elles comptent néanmoins près d'un demi-siè-
cle d'existence, puisque nous trouvons officiel-
lement narrée l'histoire d'une première course
de luges organisée sur la vieille Schaltzalp vers
1881.
En 1883 prenait naissance le « Toboggan
Club de Davos », aux destinées duquel un ma-
gnifique sportsman, M. Harold Freeman, a
présidé pendant lus de 30 ans. M. Freeman
a plus que personne contribué au développe-
ment des sports d'hiver dans les Grisons et il
n'est guère de trophée, à Ivlosters ou à Davos,
sur lequel nous ne trouvions point mentionné
le nom de son « Pegasus » aux ailes noires.
A cette époque, les sports d'hiver étaient
peu pratiqués dans l'Europe centrale, sauf en
Suisse Vallonné et dans les Grisons. Le bobs-
leigh fut vite en honneur, mais les différences
d'altitude et de climat devaient amener la cons-
truction de pistes différentes, d'où résultèrent
deux écoles de bob ; par la suite, les engins
qui sur les unes connurent les plus grands suc-
cès ne réussirent guère sur les autres.
Cette règle comporte cependant quelques glo-
rieuses exceptions dont nos nationaux ont été
les artisans presque exclusifs. Ils sont posté-
rieurs à l'année 1902, quand le jeune Roessin-
ger, en traitement à Leysin, voulut appliquer
au bobsleigh resté passablement rudimentaire
quelques-unes des conceptions que lui pouvait
suggérer son expérience de dessinateur auto-
mobile. C'est l'époque de la « Bombe », du
« Fram » et de la nombreuse famille des
« Boule-de-Neige ». Bachmann a depuis lors
le monopole de la fabrication des bobs cons-
truits d'après cette formule dont la licence lui
a été cédée en 1905 par Roessinger.
Nous ne reviendrons pas aujourd'hui sur la
question de savoir lequel du bob à volant ou du
bob à ficelles possède une supériorité sur l'au-
tre : ils sont trop différents pour se pouvoir effi-
cacement comparer. Dans les Grisons, dont
nous connaissons plus particulièrement les
pistes, nous avons régulièrement vu les parti-
sans les plus acharnés du bob à volant l'aban-
donner après quelques premiers échecs. Nous
croyons qu'à Saint-Moritz par exemple, où il
importe avant tout de ne pas quitter la trace,
le conducteur du bob à ficelles sent avec plus
de délicatesse sa direction au bout de ses doigts
qu'à travers les modes de démultiplication
d'un volant. Ce dernier, par contre, peut of-
frir plus de stabilité et nous lui donnerons la
préférence sur une piste possédant de belles
lignes droites et dont les virages ne sont pas
trop rapprochés. Nous sommes plus sceptiques
sur la valeur du frein à pied que nous avons
vu généralement inutilisé sur les bobs où il
avait été installé comme mesure supplémen-
taire de sécurité.
Quoi qu'il en soit, le premier succès impor-
tant remporté par un bob français sur la route
de Klosters, la plus ancienne piste de Davos,
devait être celui d'un bob à ficelles, « La
Bombe », inscrivant en 1903 son nom sur la
« Manchester Bowl », la première des gran-
des épreuves organisées par le Toboggan Club
de Davos. A notre compatriote Mérot revient
le mérite d'avoir pour la première fois fait
triompher nos couleurs.
Boule-de-Xeige, conduite par Emile Muus
gagnant du Derby de Saint-Moritz eu 1904.
Cette victoire devait comporter de nombreux
lendemains. L'année suivante, sur la même
piste, un autre bob français, le « Fram », con-
duit par M. Carrelet, connaissait la gloire à
son tour en remportant la « Coupe de Fiance »,
autre trophée offert par la colonie latine à
l'image du Manchester Bowl, dû à la géné-
rosité des Saxons.
L'an 1904 devait être plus glorieux encore :
la « Boule de Neige », bob à volant de chez
Bachmann, permettait à Emile Maas de triom-
pher dans le Derby de Saint-Moritz qui a tou-
jours été considéré comme le « blue ribbon »
des bobs. Notre équipe n'était, hélas! française
qu'en partie : Mrs Bichardson occupait la troi-
sième place, Broad était second et Stephenson
courait comme arrière.
Cette sensationnelle victoire témoigna quand
même aux sportsmen d'alors que la France
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