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- PREMIERE EPOQUE (1731-1755)
- DEUXIEME EPOQUE (1755-1764)
- TROISIEME EPOQUE (1764-1787)
178 MÉMOIRES DU COMTE DUFORT DE CHEVERNY.
Cheverny, où il fait l'ornement de mon premier perron.
Colombes a toujours été le rendez-vous des gens de plaisir.
M. de Bauche, depuis Bandeville ', avait acheté la Garenne 2
de la fameuse actrice de l'Opéra, mademoiselle Pélissier. Il
était lié avec le marquis d'Étrehan 3 ; ils avaient une baignoire
à l'Opéra, et tout l'été partageaient leurs plaisirs entre le
séjour de Colombes et celui de Paris. De Bauche vivait avec
Coupé l et avait pour ami M. de Marcande, homme d'esprit,
aimable, et de sang-froid, qui s'est tué depuis par ennui de
la vie.
M. de Marcande, un matin, prit son fusil pour aller tirer
un lapin dans la garenne. Il passe dans la tête de de Bauche
de courir en avant et d'aller se mettre au coin d'une allée,
près de l'endroit où son ami se plaçait, dans la posture de
Sancho Pança, lorsqu'il pariait qu'un coup de plomb ne
l'atteindrait pas. Marcande l'aperçoit; il s'approche douce-
ment, ramasse une poignée de sable et la lance avec roideur ;
en même temps, il lâche un coup de fusil en l'air. Le tour
fut si preste que de Bauche ne douta pas qu'il ne fût atteint,
parle plomb. La peur le saisit; il court comme un égaré,
tenant sa culotte à deux mains, et arrive à mademoiselle
Coupé, qui, après avoir visité les parties offensées, eut toutes
les peines du monde à le rassurer. C'est d'elle-même que
j'ai su l'histoire, et elle ajouta que cette aventure l'avait cor-
rigé de sa mauvaise plaisanterie.
Les parlements se brouillaient tous les jours de plus en
plus contre l'autorité royale ; les impôts en étaient le pré-
texte. Mais rien n'était si ridiculement républicain que le
1 Michel Doublet, baron de Bauche, né eu 1707, conseiller au Parlement.
Il prit le nom de marquis de Dandeville en 1761, à la mort de son frère aîné,
Pierre-François Doublet. Il épousa en 1762 une demoiselle Niquet, qui lui
donna une fille.
9 Château entre Colombes et Courbevoie.
3 C'est, je crois, Jacques-Hobert d'IIéricy, marquis d'Estrchans, lieutenant
général depuis 1748, vieillard assez ridicule, qui avait passé sa vie dans la
meilleure compagnie. Ses amis l'appelaient le père, (V. les Souvenirs de
Félicie, p. 173 et suîv.)
* Actrice de l'Opéra, que l'on retrouvera plus loin.
Cheverny, où il fait l'ornement de mon premier perron.
Colombes a toujours été le rendez-vous des gens de plaisir.
M. de Bauche, depuis Bandeville ', avait acheté la Garenne 2
de la fameuse actrice de l'Opéra, mademoiselle Pélissier. Il
était lié avec le marquis d'Étrehan 3 ; ils avaient une baignoire
à l'Opéra, et tout l'été partageaient leurs plaisirs entre le
séjour de Colombes et celui de Paris. De Bauche vivait avec
Coupé l et avait pour ami M. de Marcande, homme d'esprit,
aimable, et de sang-froid, qui s'est tué depuis par ennui de
la vie.
M. de Marcande, un matin, prit son fusil pour aller tirer
un lapin dans la garenne. Il passe dans la tête de de Bauche
de courir en avant et d'aller se mettre au coin d'une allée,
près de l'endroit où son ami se plaçait, dans la posture de
Sancho Pança, lorsqu'il pariait qu'un coup de plomb ne
l'atteindrait pas. Marcande l'aperçoit; il s'approche douce-
ment, ramasse une poignée de sable et la lance avec roideur ;
en même temps, il lâche un coup de fusil en l'air. Le tour
fut si preste que de Bauche ne douta pas qu'il ne fût atteint,
parle plomb. La peur le saisit; il court comme un égaré,
tenant sa culotte à deux mains, et arrive à mademoiselle
Coupé, qui, après avoir visité les parties offensées, eut toutes
les peines du monde à le rassurer. C'est d'elle-même que
j'ai su l'histoire, et elle ajouta que cette aventure l'avait cor-
rigé de sa mauvaise plaisanterie.
Les parlements se brouillaient tous les jours de plus en
plus contre l'autorité royale ; les impôts en étaient le pré-
texte. Mais rien n'était si ridiculement républicain que le
1 Michel Doublet, baron de Bauche, né eu 1707, conseiller au Parlement.
Il prit le nom de marquis de Dandeville en 1761, à la mort de son frère aîné,
Pierre-François Doublet. Il épousa en 1762 une demoiselle Niquet, qui lui
donna une fille.
9 Château entre Colombes et Courbevoie.
3 C'est, je crois, Jacques-Hobert d'IIéricy, marquis d'Estrchans, lieutenant
général depuis 1748, vieillard assez ridicule, qui avait passé sa vie dans la
meilleure compagnie. Ses amis l'appelaient le père, (V. les Souvenirs de
Félicie, p. 173 et suîv.)
* Actrice de l'Opéra, que l'on retrouvera plus loin.
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