Titre : Procès-verbaux / Commission municipale du Vieux Paris
Auteur : Paris. Commission du Vieux Paris. Auteur du texte
Éditeur : Imprimerie municipale (Paris)
Date d'édition : 1904-11-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34437664t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12289 Nombre total de vues : 12289
Description : 10 novembre 1904 10 novembre 1904
Description : 1904/11/10 (N6). 1904/11/10 (N6).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001 Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58200615
Source : Ville de Paris / Bibliothèque historique, BHVP, 2009-22757
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
- Aller à la page de la table des matières287
- TABLE DES CHAPITRES
- .......... Page(s) .......... 254
255 —
médecin, le vieux malade du Palais Villette
parle de l'enflure de ses jambes à son sauveur
du Palais-Royal (1). Une autrefois, s'adres-
sant au fidèle Wagnière, il lui racontera que
M. d'Ogny vient de lui faire parvenir une
caisse d'asperges pourries « qui empuantit
tous les cabinets dorés et tous les nids à rats
de M. de Villette (2).»
Au chevalier de Tressan, il écrit combien
Son ami le marquis de Villette aime le monde
et de quel éclat « il brille dans son éton-
nante maison » qu'il « a eu soin, ajoute-t-il,
de purifier en y amenant son épouse, jeune
femme chaste et pure et aussi honnête que
belle» (3).
L'expression, il l'a purifiée, est encore un
membre de phrase qui en dit long sur les
écarts de jeunesse du marquis.
Il, refuse, par exemple, de recevoir dans
cette étonnante maison certains gêneurs de
province qui voudraient y descendre et sem-
ble défendre la porte de l'hôtel de la rue de
Beaune avec toute la force épistolaire dont il
est encore susceptible. C'est ainsi que Wa-
gnière reçoit, le 13 mai 1778, une lettre fu-
rieuse le priant d'enjoindre absolument à
Bardy de ne pas nourrir plus longtemps cette,
extravagance, d'envoyer sa femme à Paris,
l'informant qu'il lui est impossible de la loger
ni chez le marquis de Villette, ni chez lui (4).
Et toujours, au milieu de ses tribulations,-
de ses souffrances, de ses colères, la douce
Belle et Bonne reste pour lui comme l'objet
d'un culte domestique, comme la muse chérie
qui soutient ses derniers pas et inspire ses
derniers . vers. M. Lebrun dans une lettre
écrite à M. de Buffon, en mars 1778, lui rend
compte d'une visite qu'il lui fit au quai des
Théatins et au cours de laquelle on parla
longtemps de Mlle de Varicour devenue mar-
quise. L'attendrissement de l'illustre philoso-
phe en parlant de son adoptée fit grande im-
pression Sur l'esprit du visiteur, charmé, en
même temps, de l'ingénieuse comparaison
établie par l'auteur de Candide entre les
grâces naïves de Belle et Bonne et celles
de Mme du Barry qui venait justement de
sortir (1).
C'est que, probablement, les yeux si péné-
trants du vieillard, ces yeux qui brillaient
encore comme des escarboucles aux derniers
moments de sa vie, voyaient à n'en pas
douter que la fille chérie de son coeur était le
seul dévouement exempt de calculs et d'inté-
rêts qui restait auprès de lui. C'est que, pro-
bablement, il savait distinguer les doux soins
de Belle et Bonne de ceux de Villette, battant
la caisse autour de son hospitalité; de ceux
de Mme Denis, escomptant un gros héritage.
N'est-ce pas à elle, d'ailleurs, qu'il pense,
quand la loge des Neuf soeurs l'admit dans
son sein, le 7 avril 1778, et que, le F.', abbé
Cordier de Saint Firmin, lui remettant les
gants de femme, symbole de fidélité, il dit au
marquis de Villette, présent à la cérémonie :
« Puisqu'ils supposent un attachement hon-
nête, tendre et mérité, je vous prie de les
présenter à Belle et Bonne » (2).
Et la planche qui relate ces faits ajoute
que Voltaire fut reconduit au quai des Théa-
tins, par une foule de F. ■. F. •. et do pro-
fanes réunis, avec les acclamations et les
vivats qui ne manquent pas de lui faire cor-
tège chaque fois qu'il assiste à une cérémonie
publique ou privée.
La maladie, pourtant, fait son oeuvre, ne
laissant que peu de répit au vieillard, en
butte aux suggestions de ses médecins, de ses
amis, de ses visiteurs. A son docteur, il écrit
pour la dernière fois, à la fin de mai, que
« le patient de la rue de Beaune » souffre
toutes les nuits des convulsions d'une toux
violente et de vomissements de sang (3).
Wagnière a raconté les scènes tristement
comiques qui se passèrent à ce sujet en février
et mars. Il y avait deux médecins, Tronchin
et Lorri, qui, naturellement, n'étaient pas d'ac-
cord. Villette tenait pour Lorri tandis que
d'autres familiers soutenaient Tronchin, ce
qui n'était pas, on le conçoit, sans amener des
disputes continuelles entre les partisans des
deux systèmes. Un jour Tronchin, exaspéré,
prit le marquis par le bras et le fit sortir par
force de la chambre du malade. Wagnière ra-
(1) OEuvres complètes de Voltaire, Garnier
frères, t. 50, p. 374.
(2) OEuvres complètes de Voltaire, Garnier
frères, t. 52, appendice, p. 603.
(3) Lefeuve. Histoire de Paris, rue par rue,
maison par maison. T. I, p. 229.
(4) OEuvres complètes de Voltaire. Garnier
rères. T. LII. Appendice, p. 603.
(1) OEuvres complètes de Voltaire* Garnier
frères. T. L, p. 376.
(2) Correspondance de Grimm, édition Tour-
neux. T. XII, p. 185.
(3) OEuvres complètes de Voltaire. Garnier
frères. Lettre à Tronchin. T. L, 396.
médecin, le vieux malade du Palais Villette
parle de l'enflure de ses jambes à son sauveur
du Palais-Royal (1). Une autrefois, s'adres-
sant au fidèle Wagnière, il lui racontera que
M. d'Ogny vient de lui faire parvenir une
caisse d'asperges pourries « qui empuantit
tous les cabinets dorés et tous les nids à rats
de M. de Villette (2).»
Au chevalier de Tressan, il écrit combien
Son ami le marquis de Villette aime le monde
et de quel éclat « il brille dans son éton-
nante maison » qu'il « a eu soin, ajoute-t-il,
de purifier en y amenant son épouse, jeune
femme chaste et pure et aussi honnête que
belle» (3).
L'expression, il l'a purifiée, est encore un
membre de phrase qui en dit long sur les
écarts de jeunesse du marquis.
Il, refuse, par exemple, de recevoir dans
cette étonnante maison certains gêneurs de
province qui voudraient y descendre et sem-
ble défendre la porte de l'hôtel de la rue de
Beaune avec toute la force épistolaire dont il
est encore susceptible. C'est ainsi que Wa-
gnière reçoit, le 13 mai 1778, une lettre fu-
rieuse le priant d'enjoindre absolument à
Bardy de ne pas nourrir plus longtemps cette,
extravagance, d'envoyer sa femme à Paris,
l'informant qu'il lui est impossible de la loger
ni chez le marquis de Villette, ni chez lui (4).
Et toujours, au milieu de ses tribulations,-
de ses souffrances, de ses colères, la douce
Belle et Bonne reste pour lui comme l'objet
d'un culte domestique, comme la muse chérie
qui soutient ses derniers pas et inspire ses
derniers . vers. M. Lebrun dans une lettre
écrite à M. de Buffon, en mars 1778, lui rend
compte d'une visite qu'il lui fit au quai des
Théatins et au cours de laquelle on parla
longtemps de Mlle de Varicour devenue mar-
quise. L'attendrissement de l'illustre philoso-
phe en parlant de son adoptée fit grande im-
pression Sur l'esprit du visiteur, charmé, en
même temps, de l'ingénieuse comparaison
établie par l'auteur de Candide entre les
grâces naïves de Belle et Bonne et celles
de Mme du Barry qui venait justement de
sortir (1).
C'est que, probablement, les yeux si péné-
trants du vieillard, ces yeux qui brillaient
encore comme des escarboucles aux derniers
moments de sa vie, voyaient à n'en pas
douter que la fille chérie de son coeur était le
seul dévouement exempt de calculs et d'inté-
rêts qui restait auprès de lui. C'est que, pro-
bablement, il savait distinguer les doux soins
de Belle et Bonne de ceux de Villette, battant
la caisse autour de son hospitalité; de ceux
de Mme Denis, escomptant un gros héritage.
N'est-ce pas à elle, d'ailleurs, qu'il pense,
quand la loge des Neuf soeurs l'admit dans
son sein, le 7 avril 1778, et que, le F.', abbé
Cordier de Saint Firmin, lui remettant les
gants de femme, symbole de fidélité, il dit au
marquis de Villette, présent à la cérémonie :
« Puisqu'ils supposent un attachement hon-
nête, tendre et mérité, je vous prie de les
présenter à Belle et Bonne » (2).
Et la planche qui relate ces faits ajoute
que Voltaire fut reconduit au quai des Théa-
tins, par une foule de F. ■. F. •. et do pro-
fanes réunis, avec les acclamations et les
vivats qui ne manquent pas de lui faire cor-
tège chaque fois qu'il assiste à une cérémonie
publique ou privée.
La maladie, pourtant, fait son oeuvre, ne
laissant que peu de répit au vieillard, en
butte aux suggestions de ses médecins, de ses
amis, de ses visiteurs. A son docteur, il écrit
pour la dernière fois, à la fin de mai, que
« le patient de la rue de Beaune » souffre
toutes les nuits des convulsions d'une toux
violente et de vomissements de sang (3).
Wagnière a raconté les scènes tristement
comiques qui se passèrent à ce sujet en février
et mars. Il y avait deux médecins, Tronchin
et Lorri, qui, naturellement, n'étaient pas d'ac-
cord. Villette tenait pour Lorri tandis que
d'autres familiers soutenaient Tronchin, ce
qui n'était pas, on le conçoit, sans amener des
disputes continuelles entre les partisans des
deux systèmes. Un jour Tronchin, exaspéré,
prit le marquis par le bras et le fit sortir par
force de la chambre du malade. Wagnière ra-
(1) OEuvres complètes de Voltaire, Garnier
frères, t. 50, p. 374.
(2) OEuvres complètes de Voltaire, Garnier
frères, t. 52, appendice, p. 603.
(3) Lefeuve. Histoire de Paris, rue par rue,
maison par maison. T. I, p. 229.
(4) OEuvres complètes de Voltaire. Garnier
rères. T. LII. Appendice, p. 603.
(1) OEuvres complètes de Voltaire* Garnier
frères. T. L, p. 376.
(2) Correspondance de Grimm, édition Tour-
neux. T. XII, p. 185.
(3) OEuvres complètes de Voltaire. Garnier
frères. Lettre à Tronchin. T. L, 396.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.38%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.38%.
- Collections numériques similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
- Auteurs similaires Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 63/106
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k58200615/f63.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k58200615/f63.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k58200615/f63.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k58200615/f63.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k58200615
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k58200615
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k58200615/f63.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest