Titre : Procès-verbaux / Commission municipale du Vieux Paris
Auteur : Paris. Commission du Vieux Paris. Auteur du texte
Éditeur : Imprimerie municipale (Paris)
Date d'édition : 1904-11-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34437664t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12289 Nombre total de vues : 12289
Description : 10 novembre 1904 10 novembre 1904
Description : 1904/11/10 (N6). 1904/11/10 (N6).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001 Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58200615
Source : Ville de Paris / Bibliothèque historique, BHVP, 2009-22757
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
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- TABLE DES CHAPITRES
- .......... Page(s) .......... 254
245
jouirait jusqu'aux habitants de la triste Ge-
nève. Dieu m'a envoyé ce jeune homme pour
me consoler dans mon dépérissement et pour
égayer ma décrépitude (1). »
On sait que Charles-Michel, marquis de
Villette, fils d'un ancien trésorier de l'extra-
ordinaire des guerres, avait qurlté l'aimée
avec le grade de maréchal-des-logis de cavale-
rie. Sa jeunesse, frivole et légère, sa légen-
daire couardise le firent fort mal juger de ses
contemporains, qui écrivirent de lui des choses
peu aimables. Grimm n'a-t-il pas dit quelque
part dans sa correspondance qu'il ne s'était
encore fait remarquer que par des scènes de
platitude peu dignes d'un jeune homme de
vingt ans (2) ? '
Si ses amis, pourtant, lui accordaient quel-
que talent comme poète, ils reconnaissaient
aussi fort plaisamment qu'il avait encore plus
de vices que de talent.
Ce jugement est toujours celui des écrivains
de notre époque.
Ah ! les moeurs de Charles ! s'écrie Georges
Avenel dans son Anacharsis Cloots.
Son arrivée à Ferney, vers l'automne de
1777, pendant lequel il fit la connaissance de
Belle et Bonne, était elle-même la conséquence
d'une méchante affaire de moeurs, terminée
par un coup de fouet appliqué sur la joue
droite de M"e Thévenin, danseuse à l'Opéra.
Celle-ci avait refusé, devant tous les habitués
du Vaux-Hall, d'aller souper avec lui, pour les
raisons fort équivoques qu'elle lui donna (3).
Wagnière, le secrétaire particulier de Vol-
taire, dont on connaît l'inimitié pour le mar-
quis-, a raconté avec plus de précision encore
cette scène du Vaux-Hall, disant qu'il passait
tout simplement pour avoir pris les diamants
de la belle, ce qui aurait amené l'explication
plutôt vive du coup de cravache. Il'ajoute
même qu'à cette occasion, devant se battre
avec un officier suisse, amant de la danseuse,
il serait arrivé trois heures après le rendez-
vous et que, n'y trouvant plus personne, il
aurait fait précipitamment ses paquets pour
Ferney (1).
On ne sera guère surpris, après la lecture
de cette anecdote de Wagnière, des conseils
sur le duel que donnait le même Villette en
1790 aux abonnés de la Chronique de Paris,
alors qu'il n'était plus que le citoyen Oh. Vil-
lette, journaliste militaut et d'avant-garde :
« En attendant, tenez-vous sur vos gardes,
n'acceptez pas le duel : l'épée n'est qu'un jeu
d'adresse où brillent les ferrailleurs assassins...
on ne doit répondre aux injures que par des
injures. Le rendez-vous, les témoins, le choix
des armes, invention de la chevalerie qui
voulait se distinguer des vilains. Il en faut
revenir au vilain ; quand on le frappe, celui-ci
tue et ne donne point de rendez-vous. » (2)
Quoi qu'il en soit, Voltaire et Mme Denis
connaissaient les turpitudes du marquis au
moment où celui-ci sollicitait la main virgi-
nale de Belle et Bonne. Mais péchés de jeu-
nesse ne devaient-ils pas se pardonner? Et
puis, pourquoi notre amoureux ne se conver-
tirait-il pas, tout comme un autre ?
Il ne faut pas douter, pourtant, que ce ne
soit à cette conduite passée que Voltaire fait
allusion dans une lettre écrite au maréchal de
Beauvau, demandant une faveur réclamée par
l'amour-propre du futur marié :
« Cet homme qui veut faire la fortune et le
bonheur de M"- 0 de Varicour est M. de Villette.
— Oui, M. de Villette, qui il est chez moi
depuis un mois ; c'est une belle conversion. ■» (3).
Bien entendu, le bruit de cet hymen, en
(1) Lettre au comte d'Argental, du 27 février 1765.
OEuvres complètes de Voltaire. Garnier frères,
t. XLItr, p. 470. Ce portrait de Villette fut écrit à
l'occasion de son passage à Femey, en 1765, où il
resta deux mois chez Voltaire. Il y était venu à la
suite de démêlés dont le célèbre écrivain demande
ainsi l'explication à son ami d'Argental : « Nous avons
ici M. de Villette. Quelle est donc son aventure? 11 dit
qu'il a été emprisonné et exilé pour avoir fait sem-
blant de tuer un homme; que serait-ce donc s'il l'avait
tué effectivement? » (Lettre au comte d'Argental du
25 février 1765. OEuvres complètes de Voltaire,
Garnier frères, t. L, p. 441).
(2) Correspondance de Grimm, édition Tour-
neux, t. XII, p. 343.
(3) Correspondance de Grimm, édition Tourneux,
t. XJI, p. 120.
(1) Mémoires sur Voltaire, par Longchamp et
Wagnière, 1826. T. I, p. 115.
(2) Lettres choisies de Ch. Villette sur les
principaux événements de la Révolution.
Paris, 1792. Lettre du 28 mars 1790, p. 61.
Nota. — Les lettres réunies dans ce volume sont
presque toutes extraites de la Chronique de Paris.
(3) Cette faveur n'était autre que la mise à la
retraite du père de M"° de Varicour, dont le grade
inférieur dans la compagnie de Beauvau humiliait le
marquis. OEuvres complètes de Voltaire, t. L,
p. 298.
jouirait jusqu'aux habitants de la triste Ge-
nève. Dieu m'a envoyé ce jeune homme pour
me consoler dans mon dépérissement et pour
égayer ma décrépitude (1). »
On sait que Charles-Michel, marquis de
Villette, fils d'un ancien trésorier de l'extra-
ordinaire des guerres, avait qurlté l'aimée
avec le grade de maréchal-des-logis de cavale-
rie. Sa jeunesse, frivole et légère, sa légen-
daire couardise le firent fort mal juger de ses
contemporains, qui écrivirent de lui des choses
peu aimables. Grimm n'a-t-il pas dit quelque
part dans sa correspondance qu'il ne s'était
encore fait remarquer que par des scènes de
platitude peu dignes d'un jeune homme de
vingt ans (2) ? '
Si ses amis, pourtant, lui accordaient quel-
que talent comme poète, ils reconnaissaient
aussi fort plaisamment qu'il avait encore plus
de vices que de talent.
Ce jugement est toujours celui des écrivains
de notre époque.
Ah ! les moeurs de Charles ! s'écrie Georges
Avenel dans son Anacharsis Cloots.
Son arrivée à Ferney, vers l'automne de
1777, pendant lequel il fit la connaissance de
Belle et Bonne, était elle-même la conséquence
d'une méchante affaire de moeurs, terminée
par un coup de fouet appliqué sur la joue
droite de M"e Thévenin, danseuse à l'Opéra.
Celle-ci avait refusé, devant tous les habitués
du Vaux-Hall, d'aller souper avec lui, pour les
raisons fort équivoques qu'elle lui donna (3).
Wagnière, le secrétaire particulier de Vol-
taire, dont on connaît l'inimitié pour le mar-
quis-, a raconté avec plus de précision encore
cette scène du Vaux-Hall, disant qu'il passait
tout simplement pour avoir pris les diamants
de la belle, ce qui aurait amené l'explication
plutôt vive du coup de cravache. Il'ajoute
même qu'à cette occasion, devant se battre
avec un officier suisse, amant de la danseuse,
il serait arrivé trois heures après le rendez-
vous et que, n'y trouvant plus personne, il
aurait fait précipitamment ses paquets pour
Ferney (1).
On ne sera guère surpris, après la lecture
de cette anecdote de Wagnière, des conseils
sur le duel que donnait le même Villette en
1790 aux abonnés de la Chronique de Paris,
alors qu'il n'était plus que le citoyen Oh. Vil-
lette, journaliste militaut et d'avant-garde :
« En attendant, tenez-vous sur vos gardes,
n'acceptez pas le duel : l'épée n'est qu'un jeu
d'adresse où brillent les ferrailleurs assassins...
on ne doit répondre aux injures que par des
injures. Le rendez-vous, les témoins, le choix
des armes, invention de la chevalerie qui
voulait se distinguer des vilains. Il en faut
revenir au vilain ; quand on le frappe, celui-ci
tue et ne donne point de rendez-vous. » (2)
Quoi qu'il en soit, Voltaire et Mme Denis
connaissaient les turpitudes du marquis au
moment où celui-ci sollicitait la main virgi-
nale de Belle et Bonne. Mais péchés de jeu-
nesse ne devaient-ils pas se pardonner? Et
puis, pourquoi notre amoureux ne se conver-
tirait-il pas, tout comme un autre ?
Il ne faut pas douter, pourtant, que ce ne
soit à cette conduite passée que Voltaire fait
allusion dans une lettre écrite au maréchal de
Beauvau, demandant une faveur réclamée par
l'amour-propre du futur marié :
« Cet homme qui veut faire la fortune et le
bonheur de M"- 0 de Varicour est M. de Villette.
— Oui, M. de Villette, qui il est chez moi
depuis un mois ; c'est une belle conversion. ■» (3).
Bien entendu, le bruit de cet hymen, en
(1) Lettre au comte d'Argental, du 27 février 1765.
OEuvres complètes de Voltaire. Garnier frères,
t. XLItr, p. 470. Ce portrait de Villette fut écrit à
l'occasion de son passage à Femey, en 1765, où il
resta deux mois chez Voltaire. Il y était venu à la
suite de démêlés dont le célèbre écrivain demande
ainsi l'explication à son ami d'Argental : « Nous avons
ici M. de Villette. Quelle est donc son aventure? 11 dit
qu'il a été emprisonné et exilé pour avoir fait sem-
blant de tuer un homme; que serait-ce donc s'il l'avait
tué effectivement? » (Lettre au comte d'Argental du
25 février 1765. OEuvres complètes de Voltaire,
Garnier frères, t. L, p. 441).
(2) Correspondance de Grimm, édition Tour-
neux, t. XII, p. 343.
(3) Correspondance de Grimm, édition Tourneux,
t. XJI, p. 120.
(1) Mémoires sur Voltaire, par Longchamp et
Wagnière, 1826. T. I, p. 115.
(2) Lettres choisies de Ch. Villette sur les
principaux événements de la Révolution.
Paris, 1792. Lettre du 28 mars 1790, p. 61.
Nota. — Les lettres réunies dans ce volume sont
presque toutes extraites de la Chronique de Paris.
(3) Cette faveur n'était autre que la mise à la
retraite du père de M"° de Varicour, dont le grade
inférieur dans la compagnie de Beauvau humiliait le
marquis. OEuvres complètes de Voltaire, t. L,
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