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façon assez fruste, il est vrai, l'hôtel du mar-
quis de Villette (1).
C'est là, au dire de Bachaumont, que Vol-
taire se montra à la foule, le 7 avril 1778,
après sa réception à la Loge des Neuf-Soeurs :
« Il s'est retiré de bonne heure; il s'est
montré dans l'après-dînée sur son balcon au
peuple assemblé ; il était entre M. le comte
d'Argental et le marquis de Thibouville. » (2).
C'est encore de ce balcon que, plus tard,
pendant la Révolution, l'ex^-marquis de Vil-
lette encouragea la foule, ameutée sous ses
fenêtres, à conspuer les prêtres non jureurs
qui officiaient dans l'église des Théatins, sa
voisine (3).
Cet ouvrage en fer forgé a aujourd'hui dis-
paru; il a été remplacé par des appuis formés
de balustres en pierre, qui se répètent aux
cinq fenêtres du premier étage sur le quai.
Dans l'intérieur du salon, nous dit l'état
des lieux, les deux.fenêtres « sont ornées de
sculptures antiques et- les embrazements ornés
de guirlandes de fleurs sculptées ».
En face de ces deux ouvertures se trouve
une répétition de fenêtres dans l'une des-
quelles est coupée la porte à placard d'entrée.
Au lieu de carreaux de verre : «. ce sont des
glaces qui appartiennent à M. de Villette ».
Le plafond, qui n'est plus aujourd'hui
qu'une oeuvre insignifiante et sans intérêt,
est simplement indiqué de la façon suivante :
. « Un plafond peint de différents ornements,
figures et fleurs. »
Sous le. plafond, une corniche sculptée, dé-
corée de modillons, est portée par des pilastres
ioniques cannelés dont les chapiteaux et leurs
bases sont eh marbre et posées sur le par-
quet.
La cheminée, qui forme arrière-corps, est
flanquée de deux colonnes rondes en plâtre,
semblables aux pilastres.
Deux baies de porte sans fermeture :
« entrent, l'une dans un boudoir à l'en-
coignure du quay et l'autre, dans un pareil
boudoir. Ils sont tous deux lambrissés de
panneaux et pilastres dont les moulures sont
en plâtre, plafonnés en menuiserie dans la-
quelle est un petit bas-relief dans une bordure
ovale; en face de l'entrée, un parquet et sa
bordure, dans le panneau du haut un petit
bas-relief; sur les chambranles des dittes
portes, des frises sculptées de faisceaux de
lauriers et au-dessus, des bas-reliefs en plâtre
bronzés d'une bronse antique. Les entrées de
ces boudoirs sont répétées du. côté opposé,
dans l'une, une porte à placard à deux van-
taux dont le parement du côté du sallon est
garni de glaces, l'autre porte, qui n'est point
ouvrante, est égallement garnie de glaces et,
entre les pilastres, sur la face du quay, une
niche en maçonnerie dans laquelle est une
figure sculptée en plâtre bronzée d'une bronse
antique et le dessus de la niche est terminé
.d'un panneau dont le cadre est sculpté et sur
le dit panneau un vaze en plâtre en bas-
relief. »
Entre les deux croisées feintes situées en
face des deux fenêtres du quai, est encore
signalée une décoration avec des niches au-
dessous desquelles sont de petites tables de
marbre blanc veiné posées sur des consoles
sculptées et dorées.
Tous les ornements et moulures, dont ledit
salon est décoré, dit l'état des lieux, sont
dorés d'or fin (1).
On entre du salon dans une chambre à cou-
cher éclairée sur le quai par une fenêtre « ou-
vrante à un vanteau fermant par. deux becs
de canne ».
Cette fenêtre a été depuis, modifiée.
Un parquet avec sa bordure dorée monte
jusque sous la corniche; une cheminée d'un
côté et de l'autre une cheminée feinte les-
quelles sont décorées de guirlandes et de fais-
ceaux de feuilles de laurier « en cuivre doré
d'or moulu».
En face de la croisée, un renfoncement d'al-
côve dont le devant est en menuiserie formée
par un chambranle en plein cintre, orné de*
baguettes et faisceaux, couronné d'une tête de
Silène entourée de feuilles de vigne et de
(1) L'état des lieux de 1793, reproduit en partie
plus loin, indique pour ce.salon : « à l'extérieur, deux
balcons ' eh fer avec plates-bandes et contrevents de
toiles cirées ». Peut-être s'agissait-il d'un de ces balcons
comme il s'en faisait à l'époque, de forme contournée
et se rétrécissant entre les deux fenêtres de façon à
figurer deux plates-formes ?
(2) Mémoires de Bachaumont, 1778, t. XI, p. 221.
(3) Anacharsis Cloots, par Georges Avenel, t. I,
p. 275.
(1) Le musée Carnavalet possède, dans ses. estampes,
une reproduction photographique intéressante de ce
salon, faite en 1902 par M. Emonts, l'un des photo-
graphes du musée.
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