Titre : Procès-verbaux / Commission municipale du Vieux Paris
Auteur : Paris. Commission du Vieux Paris. Auteur du texte
Éditeur : Imprimerie municipale (Paris)
Date d'édition : 1904-01-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34437664t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 12289 Nombre total de vues : 12289
Description : 21 janvier 1904 21 janvier 1904
Description : 1904/01/21 (N1). 1904/01/21 (N1).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001 Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5820026q
Source : Ville de Paris / Bibliothèque historique, BHVP, 2009-22757
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
30 —
Mais la photographie qu'on verra plus loin me dis-
pense d'insister.
V.
L'ancien régime est clos : avec l'abbaye "de Sainte-
Geneviève, cens et rente finissent. Du cens, rien à dire ;
mais la rente avait eu une histoire. A côté de la filière
des possesseurs du sol, il y eut celle des possesseurs
ou, comme on disait parfois, des seigneurs de la rente ;
parcourons-la rapidement.
Louis d'Albiac, le premier bénéficiaire, mourut de
mai à juin 1532. H laissait quatre enfants : Jean, qui
eut une courte carrière; Raphaël, que nous allons
retrouver; Louis, avocat au Parlement; et Jeanne.
Raphaël appartint au clergé, il se qualifiait, en 1560,
protecteur du Saint-Siège apostolique, il hérita de son
père la seigneurie de Franconville et les rentes du
Champ d'Albiac. Celles-ci passèrent, à sa mort, à son
neveu « Maurice de Lauzebergie, dit de Lorge, avocat au
Parlement » (1). Puis un décret des requêtes de l'Hôtel
les adjugea, le 24 octobre 1610, à « Jean Hurault,
seigneur de Rochetaillée, Mespuis et Pastoillet, conseil-
ler au Parlement, demeurant en sa maison de Pas-
toillet, faubourg .Saint-Victor de Paris (2) ». Celui-ci
mort en 1630, ces rentes tombèrent aux mains des
deux filles qu'il avait eues de Marguerite de Bourdin,
Geneviève et Marie : la première, épouse de Biaise
Méliand, seigneur d'Egligny, de la Borde et de Bré-
viande, ambassadeur on Suisse en 1635, conseiller
d'Etat en 1640, procureur général au Parlement de
Paris en 1641; la seconde, mariée à un moindre per-
sonnage, Louis de Bréhant, seigneur de la Roche-
Bonneuil. Après elles, on se trouve en présence de
leurs héritiers : d'une part, Victor-Augustin Méliand,
conseiller du Roi en ses conseils, aumônier ordinaire
de la Reine-mère, abbé de Saint-Etienne-de-Bassac,
futur évêque de Gap et d'Alais, dont la mère est
morte en 1635, et le père en 1661 ; — et, d'autre part,
ses cousins, les enfants mineurs de Louis de Bréhant (3).
L'attribution qui précède date de 1663. On a vu,
dans l'adjudication du 22 août 1689, que lé bénéfice
de la rente foncière fut réservé, pour une moitié, à
l'Hôpital général et, pour l'autre, à l'abbaye de Sainte-
Geneviève. Je ne sais à quelle date exacte, dans cet
' (1) S. 1768 M.
La forme exacte de ce nom doit être « Lausseler-
gie ». C'est celui d'une famille de Montpellier, dont
deux membres furent « conseillers en la cour des géné-
raux (Bibl. nat., Mss, cabinet des titres, dossiers
bleus, vol. 386) ».
Le père de Maurice fut sans doute « noble homme
Antoine de Laussergerye (encore une autre forme du
même nom), avocat en Parlement », époux de Jeanne
d'Albiac, <* tuteur et curateur des enfants mineurs de
feu noble homme Louis d'Albiac, en son vivant élu de
Paris (S. 1651, f 89, v°) ». Le document cité est daté
du 24. décembre 1546. Dans le même registre, on
trouve, sous la date du 12 avril 1538 « Antoine de
Lauzergerie, seigneur delaSallade ».
(2) S. 1768, pièce 4, i' 29 v" ; S. 1769, f 17.
(3) S. 1768, pièce 29.
intervalle de vingt-six ans, les héritiers Méliand l'alié-
nèrent en faveur de ces établissements. Les rentes
d'Albiac étaient ainsi tombées en mainmorte, plus
d'un siècle avant la Révolution.
Il me reste peu de chose à ajouter sur le xix" siècle.
Aux héritiers de Pourfour du Petit, Jacques-René et
Marie-Madeleine-Françoise Leblond, succéda François
Gallien, marchand de galons, et à celui-ci, le 30 avril
1802, le général de brigade Jean Sarrazin, qui devait être
poursuivi pour crime de bigamie, en 1819, après son ma-
riage avec Georgina-Maria Hutchinson. Mais, dès le
10 avril 1804, il avait revendu ses maisons, « sises
rue Copeau n° 490 » (voilà le numéro substitué à l'en-
seigne), à Charles-Louis Watrin, autre marchand de
galons, et à Elisabeth-Victoire Larcher sa femme.
M™" veuve Watrin en fut propriétaire à la mort de
son mari (7 janvier 1839), et. après elle (9 août 1850),
sa fille, épouse du baron Alexandre, ancien procureur
général à la cour royale de Rouen. Celle-ci vendit, le
4 juin 1851, à" M. Baulès, qu'a remplacé le docteur
Galet, le 23 mai 1857. La partie postérieure de l'an-
cienne maison de l'Etrier d'or avait été réunie de
nouveau à l'Eléphant, avant la fin du premier Em-
pire (1) ; M"" Galet y a joint la partie antérieure ; de
sorte qu'elle a exactement aujourd'hui les deux lots
dont les Foucart achevaient la première réunion le 17
janvier 1581.
Je termine par un souvenir historique qui remonte
un peu avant les dernières mutations. Le 12 juillet
1834, la propriété dont il s'agit servit de voie à une
évasion célèbre : celle d'un groupe d'hommes poli-
tiques arrêtés à la suite des émeutes d'avril, et
détenus à Sainte-Pélagie. Il y avait là Marrast, Gui-
nard, Godefroy Cavaignac, Berryër-Fontaine et d'au-
tres. On les surveillait mollement; ils passaient la
journée ensemble, dans leur chambre où dans là cour.
Une cave s'ouvrait dans- cette cour, et s'étendait du
côté du jardin de l'hôtel voisin, le nôtre. Les prison-
niers creusèrent patiemment une galerie dans la même
direction, et, au bout, d'une fouille d'une dizaine de
mètres, dépassèrent les limites de Sainte-Pélagie. Le
soir du 12 juillet, en ayant fait tomber le toit, ils
émergèrent de la mine, et, avec mille excuses rapides,
■ traversèrent l'intérieur des bourgeois stupéfaits de la
rue Copeau. Des voitures et des relais les attendaient,
qui leur firent franchir Paris et la frontière du Nord
sans beaucoup d'encombre. Et leur .satisfaction fut
partagée par le Gouvernement, dit-on.
Signé : AUGUSTE REÏ.
Des félicitations sont adressées à M. Au-
guste Rey pour son intéressante étude.
La Commission décidé que la reproduction
de l'hôtel de la rue Laçépède sera annexée au
procès-verbal.
(1) Arch. nat., Cadastre de Paris de 1810.
Mais la photographie qu'on verra plus loin me dis-
pense d'insister.
V.
L'ancien régime est clos : avec l'abbaye "de Sainte-
Geneviève, cens et rente finissent. Du cens, rien à dire ;
mais la rente avait eu une histoire. A côté de la filière
des possesseurs du sol, il y eut celle des possesseurs
ou, comme on disait parfois, des seigneurs de la rente ;
parcourons-la rapidement.
Louis d'Albiac, le premier bénéficiaire, mourut de
mai à juin 1532. H laissait quatre enfants : Jean, qui
eut une courte carrière; Raphaël, que nous allons
retrouver; Louis, avocat au Parlement; et Jeanne.
Raphaël appartint au clergé, il se qualifiait, en 1560,
protecteur du Saint-Siège apostolique, il hérita de son
père la seigneurie de Franconville et les rentes du
Champ d'Albiac. Celles-ci passèrent, à sa mort, à son
neveu « Maurice de Lauzebergie, dit de Lorge, avocat au
Parlement » (1). Puis un décret des requêtes de l'Hôtel
les adjugea, le 24 octobre 1610, à « Jean Hurault,
seigneur de Rochetaillée, Mespuis et Pastoillet, conseil-
ler au Parlement, demeurant en sa maison de Pas-
toillet, faubourg .Saint-Victor de Paris (2) ». Celui-ci
mort en 1630, ces rentes tombèrent aux mains des
deux filles qu'il avait eues de Marguerite de Bourdin,
Geneviève et Marie : la première, épouse de Biaise
Méliand, seigneur d'Egligny, de la Borde et de Bré-
viande, ambassadeur on Suisse en 1635, conseiller
d'Etat en 1640, procureur général au Parlement de
Paris en 1641; la seconde, mariée à un moindre per-
sonnage, Louis de Bréhant, seigneur de la Roche-
Bonneuil. Après elles, on se trouve en présence de
leurs héritiers : d'une part, Victor-Augustin Méliand,
conseiller du Roi en ses conseils, aumônier ordinaire
de la Reine-mère, abbé de Saint-Etienne-de-Bassac,
futur évêque de Gap et d'Alais, dont la mère est
morte en 1635, et le père en 1661 ; — et, d'autre part,
ses cousins, les enfants mineurs de Louis de Bréhant (3).
L'attribution qui précède date de 1663. On a vu,
dans l'adjudication du 22 août 1689, que lé bénéfice
de la rente foncière fut réservé, pour une moitié, à
l'Hôpital général et, pour l'autre, à l'abbaye de Sainte-
Geneviève. Je ne sais à quelle date exacte, dans cet
' (1) S. 1768 M.
La forme exacte de ce nom doit être « Lausseler-
gie ». C'est celui d'une famille de Montpellier, dont
deux membres furent « conseillers en la cour des géné-
raux (Bibl. nat., Mss, cabinet des titres, dossiers
bleus, vol. 386) ».
Le père de Maurice fut sans doute « noble homme
Antoine de Laussergerye (encore une autre forme du
même nom), avocat en Parlement », époux de Jeanne
d'Albiac, <* tuteur et curateur des enfants mineurs de
feu noble homme Louis d'Albiac, en son vivant élu de
Paris (S. 1651, f 89, v°) ». Le document cité est daté
du 24. décembre 1546. Dans le même registre, on
trouve, sous la date du 12 avril 1538 « Antoine de
Lauzergerie, seigneur delaSallade ».
(2) S. 1768, pièce 4, i' 29 v" ; S. 1769, f 17.
(3) S. 1768, pièce 29.
intervalle de vingt-six ans, les héritiers Méliand l'alié-
nèrent en faveur de ces établissements. Les rentes
d'Albiac étaient ainsi tombées en mainmorte, plus
d'un siècle avant la Révolution.
Il me reste peu de chose à ajouter sur le xix" siècle.
Aux héritiers de Pourfour du Petit, Jacques-René et
Marie-Madeleine-Françoise Leblond, succéda François
Gallien, marchand de galons, et à celui-ci, le 30 avril
1802, le général de brigade Jean Sarrazin, qui devait être
poursuivi pour crime de bigamie, en 1819, après son ma-
riage avec Georgina-Maria Hutchinson. Mais, dès le
10 avril 1804, il avait revendu ses maisons, « sises
rue Copeau n° 490 » (voilà le numéro substitué à l'en-
seigne), à Charles-Louis Watrin, autre marchand de
galons, et à Elisabeth-Victoire Larcher sa femme.
M™" veuve Watrin en fut propriétaire à la mort de
son mari (7 janvier 1839), et. après elle (9 août 1850),
sa fille, épouse du baron Alexandre, ancien procureur
général à la cour royale de Rouen. Celle-ci vendit, le
4 juin 1851, à" M. Baulès, qu'a remplacé le docteur
Galet, le 23 mai 1857. La partie postérieure de l'an-
cienne maison de l'Etrier d'or avait été réunie de
nouveau à l'Eléphant, avant la fin du premier Em-
pire (1) ; M"" Galet y a joint la partie antérieure ; de
sorte qu'elle a exactement aujourd'hui les deux lots
dont les Foucart achevaient la première réunion le 17
janvier 1581.
Je termine par un souvenir historique qui remonte
un peu avant les dernières mutations. Le 12 juillet
1834, la propriété dont il s'agit servit de voie à une
évasion célèbre : celle d'un groupe d'hommes poli-
tiques arrêtés à la suite des émeutes d'avril, et
détenus à Sainte-Pélagie. Il y avait là Marrast, Gui-
nard, Godefroy Cavaignac, Berryër-Fontaine et d'au-
tres. On les surveillait mollement; ils passaient la
journée ensemble, dans leur chambre où dans là cour.
Une cave s'ouvrait dans- cette cour, et s'étendait du
côté du jardin de l'hôtel voisin, le nôtre. Les prison-
niers creusèrent patiemment une galerie dans la même
direction, et, au bout, d'une fouille d'une dizaine de
mètres, dépassèrent les limites de Sainte-Pélagie. Le
soir du 12 juillet, en ayant fait tomber le toit, ils
émergèrent de la mine, et, avec mille excuses rapides,
■ traversèrent l'intérieur des bourgeois stupéfaits de la
rue Copeau. Des voitures et des relais les attendaient,
qui leur firent franchir Paris et la frontière du Nord
sans beaucoup d'encombre. Et leur .satisfaction fut
partagée par le Gouvernement, dit-on.
Signé : AUGUSTE REÏ.
Des félicitations sont adressées à M. Au-
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de l'hôtel de la rue Laçépède sera annexée au
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