REVUE DE PARIS. 233
et se font mener à Longchamps par un cocher à perruque poudrée. Il est cer-
tain que, comme ensemble*- le coup d'oeil de Longchamps a beaucoup gagné;
la science des cochers français s'est perfectionnée, les chevaux s'améliorent, la
tenue des domestiques devient convenable, nos carrossiers sont aujourd'hui les
meilleurs de l'Europe; en un mot, depuis quinze ansi, la.proportion des;beâux
équipages s'est augmentée de un à cinquante. ,., ■-.-.
Les piétons, rangés sur les deux côtés de l'avenue des Champs-Elysées; ont
eu lieu de se louer des attentions de l'autorité et de l'exécution imprévue de
l'ordonnance de police sur la circulation des voitures. Autrefois les beaux atte-
lages, les voitures triomphantes, tenaient le milieu du pavé, sous le: prétexte
que ce milieu du pavé était réservé aux ambassadeurs, aux ministres,'aux
pairs de France, à toutes les personnes enfin que, dans notre langue démocra-
tique, on appelle lès gens comme il faut. Cette année, par une interprétation
toute nouvelle de cette ordonnance qui ne varie jamais, par un quiproquo de
consigne ou par toute autre raison, le milieu de la chaussée.était traversé en
tout sens par les carrioles les plus incommodes, les landaus les plus crevés,
les berlingots les plus huileux, les vinaigrettes les plus déguenillées ; or nous
ne pouvons croire que tous les braves gens qui se pavanaient dans ces coffres
de forme et de noms différens eussent des médailles de pairs de France : tout
ce qu'il y avait au contraire de belles calèches, d'attelagessoignés, délivrées
de bon goût, s'alignait docilement dans la file et masquait les. misères du
milieu. ■:.'::.■..-; :L-
On trouve généralement que la mode des petites voitures basses,.à pincettes,,
est arrivée au dernier terme de l'abus, et l'on affirme que bientôt elles ne
serviront plus qu'aux médecins et aux agens de change, pour leurs visites et
leurs courses. Les couleurs employées pour ces voitures sont devenues aussi
extravagantes que leur forme est commune à présent : on fait des panneaux
cerise, amaranthe, fraise écrasée, rose, café au lait, chocolat à la crème, avec
des réchampissages qui tiennent du délire. On en reviendra certainement à
l'ancien oeil de corbeau. :
Le prince Tufiackin était dans une calèche àquatre chevaux, pas très beaux,
menée par deux postillons, et surmontée par deux valets de pied rouges,
chargés d'épauléttes comme des généraux anglais.
Là princesse Bagration et la comtesse Samoï'loff se promenaient toutes deux
dans une calèche noire menée en daumont par des hommes en deuil, et pré-
cédée par un piqueur. ■:'■. .r.y
Mme dp Viana va détruire la famille Thorn si celle-ci n'y prend garde. Deux
piqueurs, parfaitement montés, marchaient en avant de sa calèche à quatre
chevaux conduite par des postillons en vestes de velours bleu : une autre voi-
ture avec la même livrée suivait la calèche, et cela faisait un fort bel étalage de
gens de livrée, de harnais ,et de chevaux. La voiture de Mme de Massa, menée
à grand'guides avec un cheval gris dans l'attelage, a paru de très bon goût.
La demi-daumont, de M. le duc de Caylus, est un joli équipage déjeune
homme qui ne pourrait être comparé qu'à la voiture de M. Feuillant, le riche
