Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1931-06-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 19 juin 1931 19 juin 1931
Description : 1931/06/19 (A93,T2)-1931/06/25. 1931/06/19 (A93,T2)-1931/06/25.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5794655f
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LE • MENESTREL
affirmer que depuis Molière, ce sont les opérettes de ce
trio d'Offenbach-Meilhac-Halévy qui ont laissé le plus
de mots types, d'airs qui répondent le mieux à des situ-
ations quotidiennes. »
Les Brigands ont vu la rampe des Variétés le 10 dé-
cembre 1869- et sont restés l'une des gloires de ce
théâtre tant que la musique y a tenu la première place.
•On a commencé par les jouer jusqu'en 1876; puis une
reprise les'a remis en honneur de i885 à 1888; une
autre entre 1893 et 1894; une autre encore en 1900.
Entre temps, une direction momentanée leur avait
donné l'hospitalité à la Gaîté, en 1878 et 1879 ; et c'est
encore à cette scène qu'est due la dernière reprise de
1921-1922. Les images que les interprétations succes-
sives évoquent dans le souvenir ont le piquant des con-
trastes.
En 1869, les auteurs avaient à leur disposition leurs
interprètes habituels : José Dupuis, Kopp, Léonce, -Ba-
ron... Ils comptaient sur Ffortense Schneider pour Fra-
goletto, mais « la grande-duchesse » n'était plus aux
Variétés et c'est Zulma Bouffar (la Gabrielle de la Vie
Parisienne) qui bénéficia de ce gai personnage et le
mit au premier rang. La Fiorella, MUe Aimée, avait,
paraît-il, plus de voix que de jeu et n'a pas fait carrière.
Mais Dupuis avait l'une et l'autre, et il est resté assez
longtemps fidèle à son fastueux personnage de Falsa-
cappa pour que j'en aie pu juger encore. Il avait une
voix de ténor très souple, dont il tirait des effets de
timbre fort amusants., et son jeu très fin alliait parfai-
tement la dignité à l'ironie. En 1900, c'est Guy qui
prit sa succession, avec un organe claironnant et un
jeu plus en dehors. C'était encore et toujours Baron, à
cette époque, qui incarnait le chef des carabiniers,
comme en 1869, où sa haute taille et son organe aussi
tonitruant que brumeux avaient paru si indiqués.
La principale caricature de la pièce est celle du cais-
sier, mais fine, ironique, candidement sournoise.
Léonce garda longtemps le rôle, mais je vois surtout
Lassouche, dont ce fut l'une des dernières apparitions
(en 1893) et la souriante bonhommie d'Albert Brasseur
(en 1900). Kopp était le vieux Pietro ; ce facétieux per-
sonnage devint plus tard très gros avec Gobin (1893) et
très mince avec Petit (1900), lequel avait été d'abord
le dansant Gloria-Cassis (1893) avant de passer le rôle
au jeune Prince (1900). Quant au gentil Fragoletto,
c'était, en 1893, la fine Marguerite Ugalde et en 1900
l'éclatante Méaly, tandis que Fiorella avait, à la pre-
mière de ces reprises, la radieuse blondeur de Mathilde
Auguez, à la seconde, le brio vocal et la mordante dic-
tion de Mme Tariol-Baugé.
Enfin le duc de Mantoue fut, dans l'une, l'élégant
Cooper, lequel avait débuté, en 1869, par le petit per-
sonnage du page Adolphe, tenu, cette fois, par Eve
Lavallière; dans l'autre (fantaisie plutôt étrange !), la
charmante Diéterle, en travesti. Quant aux représenta-
tions de la Gaîté, qui avaient réuni, en 1878, Christian
et Léonce, Mmes Grivot et Peschard, on se souvient bien
de celles de 1921, où le rôle de Falsacappa, aiguillé
pour la première fois du côté des barytons, était tenu
par Jean P.érier, avec sa pittoresque fantaisie coutu-
rnière et son art consommé de diseur ; où le réjouissant
Vilbert était le caissier, où Mmes Vécart et Alvar prê-
taient leurs voix souples à Fiorella et Fragoletto.
M P^ra~Comique, sous la direction nerveuse de
M. Lauwerynsà l'orchestre, avec la mise en scène très
vivante de M. Gabriel Dubois, dans les décors originaux
et mouvementés de M. Deshays, peuplés' des harmo-
nieux costumes dessinés par M. Mûltzer et exécutés par
M. Mathieu et Mme Solatgès, les Brigands ont été chan-
tés et joués... comme Ta été le Roi malgré lui, comme le
sera le Mariage de Télémaque quand on aura la bonne
idée de le reprendre. Je ne vois pas, pour ma part, ce
que je souhaiterais de plus, sinon, peut-être, d'une
façon générale, le s;ns et le souci, plus continuels, plus
naturels, de ce rythme endiablé qui est le propre et
l'essence même d'Offenbach.
M. Musy est un Falsacappa sonore, mordant, au jeu
ferme et ironique à la fois, avec qui on ne perd pas une
syllabe du texte, et dont l'autorité met en relief toute la
portée de ce texte. Mme Emma Luart, en Fiorella, est
toujours la fine comédienne, à la grâce piquante et mu-
tine, la délicate chanteuse, au timbre frais, aux notes
aiguës légères comme des gouttes de rosée. Mais quelle
heureuse idée d'avoir demandé à Mlle Marcelle Denya
d'incarner Fragoletto ! S'il n'y avait la princesse de
Marouf, tout à la fin, je croirais bien que c'est son
premier « travesti » : il lui va à merveille. Elle est preste,
leste, gaie, inventive, ardente, ... et elle l'est constam-
ment. Sa voix brillante et claire scintille dans les en-
sembles et s'harmonise le mieux du monde à celle de la
fille du bandit. Le quatuor se complète excellemment
avec le fidèle Pietro qu'est M. Carpentier, si savoureux
comédien. On ne saurait jouer et chanter avec un co-
mique plus léger, plus fin, les scènes du second acte, du
notaire et des marmitons.
Le fameux caissier du troisième acte, que la tradition
a tourné en caricature (ce qui n'était pas indispensable,
je le maintiens, le texte suffisant bien, et, surtout, ce qui
n'est pas une raison pour que les autres personnages
fassent de même), a valu naturellement un gros succès
à M. Dranem : mais quelle finesse, aussi, dans sa drôle-
rie et même dans sa façon de chanter et de filer ses
notes ! Le duc de Mantoue a l'élégance souriante de
M. Pujol et la princesse de Grenade la distinction et la
pure beauté de MUe Agnus. Près d'elle, le suave page
Adolphe est M1Ie Lebard. Le chef des carabiniers, forcé-
ment grotesque, a la voix et la prestance de M. Balbon;
l'aubergiste terrorisé est M . Roussel ; le noble Cam-
potasso est spirituellement campé par M. Baldous, et
le désinvolte et dansant Gloria-Cassis a valu un juste
succès à M. Le Prin. Les trois brigands, Vieuille, Payen,
Derroja, ont des silhouettes superbes, et le dernier un
sens du burlesque tout à fait particulier. La bonne grâce
et la vivacité de Mmes Bernadet, Vavon, Fénoyer, Mar-
tin, etc., sous les divers costumes qu'elles font valoir, ne
peuvent être oubliées; ni la figure sévère de M. Gilles,
le percepteur, ni l'entrain de M1Iea Villette et Quénet
dans l'auberge... Mais quoi? si on les nomme tous et
toutes, c'est qu'ils pensent à ce qu'ils sont, c'est qu'ils
s'amusent — et nous aussi par conséquent : c'est toujours
la meilleure règle ! Henri DE CURZON.
NOTRE SUPPLEMENT MUSICAL
(pour les seuls abonnés à la musique)
Nos abonnés à la musique trouveront, encarté dans ce numéro,
Pour l'Enfant, de J. Canteloube, extrait des Chants d'Auvergne
(4e série).
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affirmer que depuis Molière, ce sont les opérettes de ce
trio d'Offenbach-Meilhac-Halévy qui ont laissé le plus
de mots types, d'airs qui répondent le mieux à des situ-
ations quotidiennes. »
Les Brigands ont vu la rampe des Variétés le 10 dé-
cembre 1869- et sont restés l'une des gloires de ce
théâtre tant que la musique y a tenu la première place.
•On a commencé par les jouer jusqu'en 1876; puis une
reprise les'a remis en honneur de i885 à 1888; une
autre entre 1893 et 1894; une autre encore en 1900.
Entre temps, une direction momentanée leur avait
donné l'hospitalité à la Gaîté, en 1878 et 1879 ; et c'est
encore à cette scène qu'est due la dernière reprise de
1921-1922. Les images que les interprétations succes-
sives évoquent dans le souvenir ont le piquant des con-
trastes.
En 1869, les auteurs avaient à leur disposition leurs
interprètes habituels : José Dupuis, Kopp, Léonce, -Ba-
ron... Ils comptaient sur Ffortense Schneider pour Fra-
goletto, mais « la grande-duchesse » n'était plus aux
Variétés et c'est Zulma Bouffar (la Gabrielle de la Vie
Parisienne) qui bénéficia de ce gai personnage et le
mit au premier rang. La Fiorella, MUe Aimée, avait,
paraît-il, plus de voix que de jeu et n'a pas fait carrière.
Mais Dupuis avait l'une et l'autre, et il est resté assez
longtemps fidèle à son fastueux personnage de Falsa-
cappa pour que j'en aie pu juger encore. Il avait une
voix de ténor très souple, dont il tirait des effets de
timbre fort amusants., et son jeu très fin alliait parfai-
tement la dignité à l'ironie. En 1900, c'est Guy qui
prit sa succession, avec un organe claironnant et un
jeu plus en dehors. C'était encore et toujours Baron, à
cette époque, qui incarnait le chef des carabiniers,
comme en 1869, où sa haute taille et son organe aussi
tonitruant que brumeux avaient paru si indiqués.
La principale caricature de la pièce est celle du cais-
sier, mais fine, ironique, candidement sournoise.
Léonce garda longtemps le rôle, mais je vois surtout
Lassouche, dont ce fut l'une des dernières apparitions
(en 1893) et la souriante bonhommie d'Albert Brasseur
(en 1900). Kopp était le vieux Pietro ; ce facétieux per-
sonnage devint plus tard très gros avec Gobin (1893) et
très mince avec Petit (1900), lequel avait été d'abord
le dansant Gloria-Cassis (1893) avant de passer le rôle
au jeune Prince (1900). Quant au gentil Fragoletto,
c'était, en 1893, la fine Marguerite Ugalde et en 1900
l'éclatante Méaly, tandis que Fiorella avait, à la pre-
mière de ces reprises, la radieuse blondeur de Mathilde
Auguez, à la seconde, le brio vocal et la mordante dic-
tion de Mme Tariol-Baugé.
Enfin le duc de Mantoue fut, dans l'une, l'élégant
Cooper, lequel avait débuté, en 1869, par le petit per-
sonnage du page Adolphe, tenu, cette fois, par Eve
Lavallière; dans l'autre (fantaisie plutôt étrange !), la
charmante Diéterle, en travesti. Quant aux représenta-
tions de la Gaîté, qui avaient réuni, en 1878, Christian
et Léonce, Mmes Grivot et Peschard, on se souvient bien
de celles de 1921, où le rôle de Falsacappa, aiguillé
pour la première fois du côté des barytons, était tenu
par Jean P.érier, avec sa pittoresque fantaisie coutu-
rnière et son art consommé de diseur ; où le réjouissant
Vilbert était le caissier, où Mmes Vécart et Alvar prê-
taient leurs voix souples à Fiorella et Fragoletto.
M P^ra~Comique, sous la direction nerveuse de
M. Lauwerynsà l'orchestre, avec la mise en scène très
vivante de M. Gabriel Dubois, dans les décors originaux
et mouvementés de M. Deshays, peuplés' des harmo-
nieux costumes dessinés par M. Mûltzer et exécutés par
M. Mathieu et Mme Solatgès, les Brigands ont été chan-
tés et joués... comme Ta été le Roi malgré lui, comme le
sera le Mariage de Télémaque quand on aura la bonne
idée de le reprendre. Je ne vois pas, pour ma part, ce
que je souhaiterais de plus, sinon, peut-être, d'une
façon générale, le s;ns et le souci, plus continuels, plus
naturels, de ce rythme endiablé qui est le propre et
l'essence même d'Offenbach.
M. Musy est un Falsacappa sonore, mordant, au jeu
ferme et ironique à la fois, avec qui on ne perd pas une
syllabe du texte, et dont l'autorité met en relief toute la
portée de ce texte. Mme Emma Luart, en Fiorella, est
toujours la fine comédienne, à la grâce piquante et mu-
tine, la délicate chanteuse, au timbre frais, aux notes
aiguës légères comme des gouttes de rosée. Mais quelle
heureuse idée d'avoir demandé à Mlle Marcelle Denya
d'incarner Fragoletto ! S'il n'y avait la princesse de
Marouf, tout à la fin, je croirais bien que c'est son
premier « travesti » : il lui va à merveille. Elle est preste,
leste, gaie, inventive, ardente, ... et elle l'est constam-
ment. Sa voix brillante et claire scintille dans les en-
sembles et s'harmonise le mieux du monde à celle de la
fille du bandit. Le quatuor se complète excellemment
avec le fidèle Pietro qu'est M. Carpentier, si savoureux
comédien. On ne saurait jouer et chanter avec un co-
mique plus léger, plus fin, les scènes du second acte, du
notaire et des marmitons.
Le fameux caissier du troisième acte, que la tradition
a tourné en caricature (ce qui n'était pas indispensable,
je le maintiens, le texte suffisant bien, et, surtout, ce qui
n'est pas une raison pour que les autres personnages
fassent de même), a valu naturellement un gros succès
à M. Dranem : mais quelle finesse, aussi, dans sa drôle-
rie et même dans sa façon de chanter et de filer ses
notes ! Le duc de Mantoue a l'élégance souriante de
M. Pujol et la princesse de Grenade la distinction et la
pure beauté de MUe Agnus. Près d'elle, le suave page
Adolphe est M1Ie Lebard. Le chef des carabiniers, forcé-
ment grotesque, a la voix et la prestance de M. Balbon;
l'aubergiste terrorisé est M . Roussel ; le noble Cam-
potasso est spirituellement campé par M. Baldous, et
le désinvolte et dansant Gloria-Cassis a valu un juste
succès à M. Le Prin. Les trois brigands, Vieuille, Payen,
Derroja, ont des silhouettes superbes, et le dernier un
sens du burlesque tout à fait particulier. La bonne grâce
et la vivacité de Mmes Bernadet, Vavon, Fénoyer, Mar-
tin, etc., sous les divers costumes qu'elles font valoir, ne
peuvent être oubliées; ni la figure sévère de M. Gilles,
le percepteur, ni l'entrain de M1Iea Villette et Quénet
dans l'auberge... Mais quoi? si on les nomme tous et
toutes, c'est qu'ils pensent à ce qu'ils sont, c'est qu'ils
s'amusent — et nous aussi par conséquent : c'est toujours
la meilleure règle ! Henri DE CURZON.
NOTRE SUPPLEMENT MUSICAL
(pour les seuls abonnés à la musique)
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