Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-10-31
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1934 31 octobre 1934
Description : 1934/10/31 (Numéro 18486). 1934/10/31 (Numéro 18486).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2008
POUR L'ERECTION
D'DN MONUBIENT A ALBERT le'
Ee radio-diseours
fleM. Pierre Laval
MBk SOTTE' DE LA PREMIERE PAGE
r'JEHë Jtious l'a, ôté, mais elle nous l'a
rendu, -Elle nous a rendu le roi, le
soldât-et l'homme. Elle nous a mon-
tré .̃ èë roi, ce soldat, cet homme,
pleures avec -la même ferveur par
deux armées, par-deux nations.
Le. roi Albert fut,un grand, roi..
Il le '.fut-, pour avoir dominé les
événements. -Il le. fut pour avoir, à
l'heure tragique, l'heure où les
consciences, les. plus. fermes pou-
va.tent-.être ^troublées, choisi la ta-
che d'honneur et de sacrifice et fait
acte de foi, dans L'avenir..
Par l'endurance, par l'optimisme,
par l'exemple, le roi. Albert fut un
grand soldat.
un homme par self -nobles
qualités de cœur et- par sa commu-
BÏpri constante avec les plus hum-
bles, "Sa: vie fut une épopée' à la-
quelle la' poésie d'une chanson de
geste- n'ai.outerait rien.
Les faits parlent.
L'histoire. tedira sa' détermination
solennelle de faire obstacle à l'én-
vàh-isseur, sa promptitude à jeter
dans:le' cômbat' les 'forcés sublimes
de •;la-Jnatfon belge. .•
.Tact'.d'héroïsme ne pouvait être
décisif, par la '"seule 'opiniâtreté. Il
.Pas à; pas dans'la boue des Flan-
dre,- mêlé à 'ses 'hommes, partageant
f} éternellement leurs souffrances,
partageant nos '.incertitudes et nos
asgoisses; lé roi-soldat défendit plus
que- son pavs. 'H -.défendit plus au,8
le'-nôtre. Il défendit" le principe
mêrnê de ..la. 'civilisation.* H défendit
la règle et peut-être la fin suprême
de l'ordre international qui est le
respect de la parole donnée. H avait
exalté la conscience du peuple belge,.
la conscience du monde.
,:Vous;. vous le. représentez encore.
debout au coté de la. reine,' comme
1% çfigsré un peintre français, sous
un ciel lugubre. sur le dernier lam*
beau ravagé de sa' Belgique. Ce roi
n?aVpïus ;dè royaume. Mais de l'in-
lime puissance matérielle rayonne
une'immense puissance morale. AI-
bèrt-1?? avait sacrifié'" son territoire.
Ce fut pour agrandir sa -patrie.
,:Cette grandeur reste. Elle est son
apport lé plus précieux, son legs à
la Belgique et à l'humanité.
fils, élevé à, sm image, formé
par lui-même, au difficile et glorieux
métier de roi, poursuit son oeuvre de
défense de l'unité nationale, son
oeuvre de réconciliation soéiale et
d'affectueuse entente franco-belge.
.La sagesse lucide et la bonté du
roi disparu illuminent la couronne
du roi vivant. '̃ ̃
Envers Sa Majesté Léopold III.
envers l'héroïque population belge.
le gouvernement et le peuple de
Franche entendent confirmer leur de-
de,
Au mois de février dernier. la vi-
site -à. Bruxelles de M. le président
du confit et de deux ministres
d'-Etât,- MM. Herriot et Tardi<=u, la
présence aux funérailles royales de
M. le président de la République, de
M. -le .maréchal Pétain et de M.'Louis
Barthou associaient le deuil pro-
fond de, notre pays au deuil de la
Belgique. deuils communs comme
furent-communes les frontières.
Dès le lendemain des obsèques,
un autre "grand- disparu, le, maréchal
Lyaûtej, réunissait' un comité natio-
harpoûr élever an s-lorîéux spuve^
rain un monument diene de sa mé-
moire. Tous les grourjements d'an-
ciens combattants, dont l'armée a
dé6lé à Bruxelles devant le cercueil
du roi-chevalier, ont'été requis pour
cette noble entreprise.-
'Le Ier novenible, sous le patronage
de' M.- lé ministre des pensions, les
anciens combattants organisent
tine Journée nationale pour le
inMnment au roi des Belges
Je vous demande, mes chers.conci-
toyens^ dè leur" àbpôrtèr votre
concours. Je vous 'demandé de ré-
pondre avec générosité à l'appel que
VOUS' .adre'ssfÏQrit lés< compagnons
d'armes "du" .roi Albert,' ceux d'Ypres.
ceux de Dixmude., ceux des Flandres.
Je lï" demande" tous. Je le demande
au plus humble d'entre vous dont
Je" sais que le souvenir de ce
grand' roi .est moins périssable que
les monuments mêmes qui se propo-
sent d'exalter son exemple.: Je sais
restera vivant dans
l'hfstoire des hommes..
Jz vous demande de souligner
l'unanimité de notre gratitude en-
vers; le chef aimé d'un peuple' allié,
d'un peuple fidèle envers l'homme
qui se fit le champion des valeurs
jïrOT&l.es, opposa a la force du droit
aux -droits dfi la force ̃». et sut res-
l'idée de loyauté par le sa-
M* André Hesse
comparaît devant la cour-
protestant contre sa radiation
Les trois premières chambres de la
̃cour de Paris, comprenant quinze ma-
gistra.ts., étaient réunies hier sous la pré-
sidence de- M. Grignon- pour examiner
'le'cas de M> André Hèsse, rayé du bar-
reau de Paris par un arrêté du conseil
de l'Ordre, en date du 29.mai 1934, à
.'raison de son rôle dans l'a défense de
Stav4s&y' et plus spécialement dans l'ob-
tention -des remises du procès.
De cet arrêtée M* André. -Hesse interr
jeta appel.
Conformément à la règle des instan-
ces disciplinaires; les débats ont eu lieu
à.huis clos; l'affaire devait venir le 25
juillet,. mais Me André Hesse étant hors
d'état,, aux dires Ides médecins experts,
de .présenter sa défense, elle fut ren-
voyée après vacation.
M' André Hesse, qui était accompagné
de son défenseur 'et ancien collaborateur.
̃M* -Maurice Flacb, pénétra, revêtu de sa
xotoe, dans la salle d'audience.
Lè conseiller Tasson donna lecture de
".éon. rapport; puis, l'ancien avocat de
.Stayisky prit la parole pendant trois
heures. Cet après-midi, M. Fernand-
-Roux,' procureur général, prononcera son
Téquisitoire et M" Maurice Flach sa plai- 1
L'AUDITION DE DUBARRY PAR LA COMMISSION D'ENQUETE
SUITE DE NÔTRE COMPTE RENDU
S&^P LE PREMIERE PAGE'
Dubarry a, enfin 'été. entendu hier
matin, par la commission Stavisky, mais
au lieu d'apporter les-révélations que
l'on était ,en. droit, d'attendre de' lui, si
l'on considère le rôle qu'il a tenu. auprès
de l'escroc, lui faisant .ouvrir bien des
portes qui lui seraient demeurées fer-
mées sans son intervention, l'ancien di-
recteur de la Volonté s'est contenté de
se lancer dans un plaidoyer éperdu, et
de se poser en victime.
Il a rappelé d'aoord sa précédente au-
dition du 9 mai, ainsi que la lettre
adressée ultérieurement au président de
la commission,- par. laquelle il protestait
que, de toutes les sommes touchées par
lui de Stavisky; rien n'était, resté entre
ses mains.
Puis il à indiqué qu'il avait connu
Stavisky au casino de Cannes, au cours
de l'hiver et que l'aventurier
au cours d'un déjeuner, lui déclara que
l'investissement de gros capitaux en
Hongrie sur la foi. disait-il, des ac-
cords internationaux et des traités
''amènerait certainement un .iour à or-
saniser une campagne de presse.- Il se
faisait fort d'ailleurs- de réussir.- 'grâce
à. l'association de grosses. "compagnies
d'assurances. v
Trois semaines-plus tard, un mardi
matin, il vit arriver chez lui Alexandre
celui-ci sortait du train, indiené d'avoir
ê+i iiwjlinué dans, une affaire •' de tri-
cherie à Cannes, II avait ;de' bonnes rai-
sons- pour prouver .son-: innocence, il
sembïa'it,sincëre. Dubarry accepta d'in-
L'ancien publiciste-relate alors en- dé-
tail sa vie et se''livré à 'un panégyrique
de sa 'carrière dans' Je journalisme en
vouée à- la défense
dV-la République et -de la- -paix. w
Sept démarches
Acres cette longue- parenthèse où il
se donne pour un grand honnête homme
caïomhié, pubàrry' eri. artive enfin aux
faits mêmes pour lesquels M'est'.entendu,
c'est-à-dire a ses démarches en faveur .de
obligeant .par' nature » en- un- euphémis-
me savoureux.
Selon lui. il n'a fait en -tout et pour
tout '"que sept -.déma-r-ches.
La première eut lieu en avril-mai -1932.
«UTTès cie' la ̃SÛTeté- Férérale à la suit*
dé l'incident de jeu précédemment relate',
^lexa-ndre 'lui dit' que sôn dossâer :était
peut-être au Tiom de Staviskv. qui était
son" -véritable nqm.'spijs lequel il avait
eu dans sa jeunesse une' légère condam-
nation. depuis amnistiée. Il ajouta, que
son casier judiciaire 'était vierge,' il- le
montrà au- témoin ainsi. que sa carte
1 d'électeur,' ̃•̃•
Lé témoin alla voir -M< Julien, direc-
teur-de la Sûreté générale, qui lui dé-
clara que les sanctions étaient trop
récentes pour une mesure de, bienveil-
lance en .peu plus tard,' Stavisky
ayant signalé au'témoin que deux des
personnes -frappées avaient été' l'objet
d'une' mesure de faveur et de déficha^
ge, le témoin fit une nouvelle démar-
che, aü cours de laquelle il eut le sen-
timent qu'il ̃ n'y avait pas harmonie
dans le personnel s'occupant des jeux.
Le directeur de- la sûreté lui conseilla
de parler de l'affaire au ministre, M.
Mahieu, auprès' duquel il- obtint une
satisfaction de principe. -Mais la me-
sure ne fut pas notifiée et le ministre
ayant démissionné à la suite des élec-
tions, M. Julien fut remplacé par M.
Thpmé-et 'M.1 Mahieu par M. Chau-
La signification n'ayant pas :été ,laité
aux'établissements, Stavisky pria alors
le'témoin de voir M. Thomé. ̃
Démarche à la Banque dé France
En juin 1932, Garât vint à la
Volonté avec Stavisky, pour demander
au témoin dé transmettre une lettre
eu 'gouverneur de là- Banque de Fran-
ce., pour que fussent- accordées aux
monts-de-piété- de province les mêmes
facilités-- qu'au Mont-de-piété de' Paris.
Le témoih'reçut un. mot du gouverneur
indiquant.qu'il écrivait au député, maire
'Au' de l'été 1932, Dübarry se
rencontra'plusieurs fois avec Stavisky.
Celui-ci lui" 'confia" 'qu'il 'envisageait 18.
possibilité de 'créer une société ^permet-
Le développement de la « Volonté
A cet: eff et, la Volonté devait être
cédée une nouvelle société, la direc-
tion du journal étant" laissée à Dubarry,
moyennant un traitement de 15.000 fr.
par mois.
Dubarry -exigea là 'rédaction- d'une
clause lui garantissant un- million si
le contrat n'était pas exécuté.
'Selon le témoins, Stavisky. ne se mêlait
pas plus de là rédaction du journal, que
lui' ne s'occupait de l'administration et
de' la caisse.
La lettre de M. Dalimier
Pendant 'les négociations relatives 'à
la cession de la Volonté, Alexandre
remit au témoin'une- note relative à
là souscription éventuelle des bons du
Crédit municipal par les eaisses d'as-
surances. .'•'̃'••
:Le témoin remit cette note à M: Da-
limier en lui disant- qu'Alexandre était
intéressé dans le Crédit municipal de
Bayonne et que, par- ailleurs. il cons-
tituait une société qui devait,reprendre
la Volonte.
M: Dalimier répondit qu'il aviserait.
Là se borna l'intervention du témoin.
qui eut l'impression que M.. Dalimier
ne connaissait pas Alexandre.
Surpris du ton solennel de la missive
que lui. adressa M. Dalimier, Dubarry
donna cette lettre à Alexandre, qui de-
vait ultérieurement la remettre à ses
démarcheurs, en supprimant le nom du
destinataire.
Démarche auprès de M. Chiappe
Dubarry raconte ensuite que Sta-
visky s'était plaint de l'attitude de
certains journaux à son égard. Ces jour-
nàux étaient alimentés, disait-on, par
des fonctionnaires subalternes de la
police judiciaire.
Il se rendit à la préfecture, avec
Alexandre. « Envoyez-moi une plainte
écrite, dit le préfet,- je ferai les véri-
ficaïions -nécessaires. L'entrevue n'a-
vait duré que quelques .instants.
Démarche auprès de la B. N. C. I.
En mai 1933, rencontrant par hasard
le témoin qui allait à la B. N. C. t,-
Alexandre l'accompagna. Il le pria de
dire un mot à.la banque au sujet des
bons de Bayo*ne-dont. le dossier avait.
disait-iL été envoyé la banque et était
en bonne voie. -•̃.
Dubarry ne, voyant pas à la banque M.
Salomon qui était compétent pour cet-
te affaire, lui envoya un mot. Il fut
convoqué ultérieurement par M. Salo-
mon qui lui répondit sèchement que l'af-
faire ne l'intéressait pas.
Démarche
auprès de M. René Renoult
Gaulier avait parlé au témoin d'une
contravention mitigée à tort à la Fon-
cière. Dubarry vit le garde des sceaux
et obtins que Gaulier fût reçu aussitôt.
Quelques jours plus tard, il remit aux
finances, pour cette même affaire, une-
note rédigée par Gaulier.
Démarche
auprès de M. François Albert
En 'juillet 1933, Alexandre pria le té-
moin de rappeler à M. François Albert'
ia démarche qu'il avait faite auprès de
M. Dalimier et qui n'avait pas eu de
succès.
Cependant, c'est à ce moment, qu'à la
suite d'un incident survenu au Casino
de Deauville, Dubarry rpmpit avec
Alexandre sans soupçonner toutefois les
escroqueries de Bayonne.
Services désintéressés »
Dubarry affirme ensuite que ces dé-
marches furent toutes désintéressées. Il
"'a bénéficié, l'entendre, d'aucune libé-
ralité de Stavisky. L'argent de l'escroc
n'a pas servi à augmenter son patri-
moine.
Ses châteaux ? Sa propriété de Pacy-
sur-Eure ne lui coûté que 50.000
francs, 'et il a acheté 100.000 francs,
pour en faire cadeau à sa femme, sa
villa de Beaulieu. Quant à son écurie
de courses. il avait un cheval qu'il avait
payé 27;000 francs en pensant que la
surveillance de son entraînement lui
donnerait l'occasion de marcher au
grand, air, comme le médecin le lui pres-
crivait.
Où l'on parle de culture de ricin
,Enfin. Dubarry entend, dit,.il, s'expli-
quer sur une derniere afïaire celle de
la .concession marocaine; Il se demanda
s'il ne serait pas souhaitable de créer,
aux .portes de la métropole, une culture
intensive de ricin. Il partit alors. pour
le Maroc et obtint une concession, de
4.000 hectares aux conditions habituelles.
Il créa une société au capital de 500.000
francs. Mais sur ces 4.000 hectares, 300
à peine' étaient ,cultivables' sur une
plainte, de la société, la résidence pro-
posa en-échange un terrain de 1.000
hectares, mais loin de tout moyen de-
communication.
Péroraison.
Comme conclusion, Dubarry crie na-
turellement- à l'injustice, en ce qui con-
cerne la détention dont il- continue à-
être l'objet. Il prétend que -l'affaire
Stavisky a. été exagérée « hors de. toute
proportion par. des récits rocamboles-
ques ».̃̃'̃
Selon lui, bien des escroqueries ont
coûté infiniment' plus cher à la petite
ou à'ia moyenne' épargne. Témoin, l'af-
faire dé la Banque des fonctionnaires
et de 'l'autre Alexandre témoin, lr
krach de la Banque de crédit, dont les
responsables sont encore en liberté.
Et que diré de l'affaire Kreuger ?
Et c'est une dernière protestation
Les larmes qu'il a versées ont em-
porté sa colère et né lùi ont laissé que
dédain pour ceux qui l'ont abandonné
ou trahi. Il n'a été sauvé de la mort
que par la tendresse de sa femme qui
voulait le suivre dans la tombe. ;Il, a
repris goût à l'existence, mais. il ne veut
recommencer sa vie qu'avec son honneur
intact.
Et sur ce dernier mot, auquel certains
commissaires ne s'attendaient guère;:le
témoin est autorisé à se retirer.
En marge de l'audition de Dubarry
A l'issue de cette réunion, M. Man-
del a attiré l'attention de ses collègues
sur le fait, venu à sa connaissance, que
Al. Henrv Chéron aurait communiqué
à. la Sûreté nationale un doublé d*=
rapports quasi quotidiens oui lui étaient
adressés par lé parquet dé Dijon, au
cours dé l'instruction sur l'affaire Prince.
pour le tenir, au courant de la marche
de l'instruction judiciaire.
M. Mandel considère qu'il ne s'agit
rien de moins que de la violation, pair le
ministre, du secret de l'instruction, et
il a obtenu de lx commission qu'une dé-
marche serait faite auprès du nouveau
garde des sceaux, M. Lémery, afin qu'une
enquête soit ouverte à ce propos.
La commission a, d'autre part, chargé
son bureau de faire une démarche au-
près du ministre de l'intérieur, en' vue
de vérifier l'existence d'un dossier au-
quel avait fait allusion l'inspecteur Bon-
ny, dans sa déposition au jugé d'instruc-
tion.- Il, s'agirait de gratifications ré-
mises à l'inspecteur, à l'occasion d'une
affaire de fraudes fiscales, dans laquelle
auraient été compromises certaines per-
sonnalités. Les recherches, effectuées en
vue de découvrir le dossier de cette af-
faire, seraient restées, jusqu'à présent,
infructueuses.
A la reprise de la séance, M. Guernut
interrogea Dubarry, qu'il appelle .« mon-
sieur le directeur ».
Il le presse d'abord sur la nature- et
les modalités du contrat passé entre
Stavisky et le -témoin pour la gestion
de la Volonté..
1 Dubarry affirme que Stavisky était
tout dans la gestion », mais ne s'est
« mélé en. rien à la -direction ». Si
des articles ont paru, favorables à la
Hongrie et aux compagnies d'assurances,
Stavisky n'y. fut pour rien. Le témoin
ne se rappelle,pas, d'ailleurs, qui rédigea
ces articles isolés.
Mais pourquoi Stavisky payait-il
le journal ?
Parce que c'était un mégalomane,
parcs qu'il se plaisait à aaoit' une cour
autour de lui. S'est-il dit que je pourrais
lui être utile aux affaires étrangères
pour les bons hongrois, qui étaient sa
grande affaire? C'est. possiûLe, mais
il ne m'en a pas parlé.
D'après les comptes vérifiés par les
experts, Stavisky a apporté à la yolonté
3.300.000: francs il s'était engagé à
en. apporter 10. Il avait déclaré à Du-
barry qu'il était associé à des compa-
gnies d'assurances intéressées dans l'af-
faire des bons hongrois. Bonnaure
avait, d'ailleurs, annoncé que Stavisky
possédait des centaines de millions en
Hongrie. Si, en mai et juin 1933, des
échos furent publiés contre Stavisky,
ils furent ignorés du témoin et ne com-
mândèrent pas la rupture opérée en
juillet 1933.
Sur question, il déclara que ni
M. Thomé ni M. Chautemps ne lui ont
exprimé aucun soupçon touchant Sta-
viaky. S'il avait été prévenu que la fré-
quentation de Stavisky était dangereuse
il aurait rompu tout, de suite.
Mais que vous a dit M. Chiappe ?
J'ai eu une. très grande affection
pour M. Chiappe à causé de sa loyauté
et de son courage. Je l'ai informé que
je traitais avec Stavisky il. m'a dit
« Fais attention Prends bien tes pré-
cautions pour qu'on ne t'enlève pas ton
journal. » S'il dit àvoir été plus précis,
ce doit être exact, -ea mémoire vaut
mieus que la mienne.
M. Guernut pose encore ..cette ques-
tion ̃"•" •
Auez-vous annoncé à M. Chautemps
que vous cédiez la Volonté ?
Certainement oui.
Que lui avez-vous dit ?
Je lui ai annoncé le chnngement
de propriété et il m'a demandé Si je
gardais la direction politique c'était
la seule chose qui l'intéressait. Il ne m'a
rien dit touchant Stavisky et sa mo-
ra.lité.
Mets Garfunkel ne vous a-t-il pas
prévenu ?
J'affirme que Garfunkel, non plus
gue quiconque, ne m'a prévenu- que l'af-
jaire de Bayonne était une escroquerie.
Au mois de septembre 1932, un écho
parut dans Aux Ecoutes, attribué Mer-
cadier, Dubarry le fit venir parce que
Mercadier était son collaborateur au
Carnet de la Semaine et qu'il 'était gê-
nant que Mercadier dans son journal de
Bayonne attaquât les amis de, Stavisky,
notamment Garât. Il agit de même
lorsque Darius, dans Bec et Ongles; at-
taqua Garât, en lui représentant les
dangers qu'il courait du fait de la
plainte dé Gàrat. Darius lui répondit
n'avoir aucun renseignement à l'appui
d'un écho reçu par lui d'un inconnu.
M. Guernut passe à la seconde par-
tie de son interrogatoire quels ser-
vices le directeur de la Volonté a-t-il
rendus à Stavisky ?
Sur les démarches auprès de Darius
et de Mercadier, le témoin s'est expliqué.
Touchant la B. N. C. il a donné des
renseignements suffisants. Mais avec M.
Chiaoôe, n'y a-t-il pas eu plusieurs dé-
marches ?
Il y a eu un coup de téléphone
̃oour m'annoncer il p a eu ma visite
le lendemain et Stavisky. n'y a été
associé nue quelques mniutes. Si Stavis-
ky a dit autre chose à sa jemme, le
ne m'en étonne pas c'est un bluffeur
aui a dû rentrer en déclarant « J'ai
vu,le préfet, il a été charmant, ça va
très bien ». Je l'entends d'ici.
M. Gernut passe sur François-Albert.
Il insiste sur la visite à Dalimier.
Dubarrv répond qu'il a remis la note
au ministre en disant «Si tu peux
liti faire plaisir, tu me feras plaisir ».
Il n'a pas demandé à Dalimier de lui
adresser une lettre.
N'est-il pour rien dans le coup de té-
léphone réclamant une réponse ?
Sur ouoi Dubarry raconte, avoue
ou'en 1907 il fut déjà ainsi accusé
d'avoir. pour servir ses intérêts persan=
nels, téléphoné au mini stère des colonies,
en usurpant le nom d'Édeàr Combes-
mais' il assure être étranger au coup de
téléphone du ministère du travail
comme il le fut au coup de téléphone de
•
Cependant, continue M. Guernut, une
eranrfe intimité s'était établie entre
S^avisky et Dubarry. Celui-ci ne se sou-
vient-il pas de quelques-unes des .relà-;
tioris de Stavisky ?
Je ne l'ai présenté à aucun homme
volit' que, à aucune fonctionnaire, sauf d
M. Chiappe dans les conditions relatées
ci-dessus.
Dubarrv précise que Staviskv n'est
venu qu'une fois à son domicile, au'il
n'a pas dé.ieuné avec lui plus de trois
ou quatre fois Stavisky se vantait de
posséder une foule d'amis, notamment
parmi les'hommes politiques.. Il n'a pas
nommé beaucoup de monde il n'à ja-
mais cité1 les compagnies d'assurances et
la grande banque avec lesquelles il se
prétendait en affaire
• ̃ 4 quelle contre-partie correspon-
dent lets fonds secrets ? demande M.
Guernut
Jamais on ne m'a imposé une obli-
aation Quelconque en 1929, j'ai fait
un article, invitant les radicaux de Nar-
honne, a voter pour M Léon Blum. M
Tardieu, alors ministres de l'intérieur, .n'a
fait aucune observation.
C'est au tour du représentant des So-
viets de poser des questions le casier
judiciaire était-il au nom de Stavisky ou
au nom d'Alexandre'? M. Dubarry
l'ignore. Dans quelles conditions a-t-il
obtenu sa retraite proportionnelle ? Elle
rémunère vingt-cinq ans de services aux
colonies. Qu'a-t-il voulu dire en affir.
mant n'avoir pas caché ses relations
avec Stavisky. « aux plus hautes autori-
du pays » Il' désignait M., Chau-
temps, ministre de l'intérieur.
Sur la demande de M. Fié, Dubarry
déclare avoir touché quelque chose sur
les fonds secrets « sous tous les minis-
tères » depuis 1929.
'Enfin voici M, Mandel. Il reprend les
démarches faites par Dubarry auprès de
la Sûreté générale pour que Stavisky
recouvrât la libre entrée dans lés salles
de jeux. Dubarry répond que c'est en
toute conviction qu'il a plqidé auprès de
M. Mahieu lui-même l'innocence de Sta-
visky il a refait la même plaidoine
auprès de M. Thomé qu. a répondu
« Je vais en parler au ministre. »
Sollicité de donner des renseignements
sur les conversations qu'il eut avec M-
Chautemps. au ministère de l'intérieur.
Dubarry répète ce qu'il a déjà dit et
situe ces conversations, tout au moins
1rs premières, au retour du congrès ra-
dical-soéialiste de Toulouse (octobre
1932) pendant lequel un grand effort
avait été fait pour, lancer le journal.
M. Mandel s'étonne que jamais le'mi-
nistre ni d'autres n'aient, en 1932-1933,
fait allusion aux quinze mois dé prison
préventive accomplis par Stavisky en
1926-1927, ni à sa comparution immi-
nente en correctionnelle ces hommes
n'avaient-ils pas le devoir de vous -pré-
venir ? Dubarrv répond au'il est dans
une situation l'empêchant de dire son
sentiment.
ruelles étaient les stipulations essen-
tielles du contrat intervenu avec Sta-
visky ?
Il s'était engagé, dit Dubarry. à verser
10 millions, annonçant que les fonds se-
raient déposes au Crédit Lyonnais. En
fait, après avoir épuisé les fonds de la
Sapiens,- la société vivait .des libéralités
de Stavisky, en déduction desquelles ve-
naient donc les subsides ministériels. Et
le ministre de l'intérieur le savait.
Quelles ont été vos relations avec
M. Dalimier ? '̃̃
Nous nous tutoyons depuis un quart
de siècle. Neus nous connaissions très
bien.
M. Oalimier n'a pas precisément dit
cela dans sa déposition.
Dubarry réagit faiblement sous cette
rectification Mais il s'explique à fond
sur la fameuse lettre de septembre, il
ne s'explique pas que cette lettre, dont
on n'a mis en circulation que des copies,
ait pu exercer une influence décisive sur
la souscription des bons de Bayonne,
[nterrogé sur la procédure suivie à son
endroit, Dubarry ne cache pas sa ran-
coeur contre les ministres. et notamment
M\ Chautemps, « qui l'ont fait passer
du régime des subventions au régime
cellulaire
On revient encore une fois aux fonds
secrets. aux conditions- dans lesquelles
Dubarry y participait, et Dubarry dé-
clare que jamais il n'a reçu aucune
directive et que jamais il n'a fait au-
cune confidence sur la vie de son jour-
nal, sinon à M. Chautemps lorsque Sta-
viskv entra en maître à la Volonté.
Sur demande de M. Joseph Denais,
Dubarry déclare qu'il a. rendu compte
au ministre des finances (alors M. Geor-
ees Bonnet) du mauvais accueil reçu
par lui à la B. N. C. de la part dé'M.
Salomon et que les subsides attribués à
la Volonté en 1932-1933 pour émissions
du Trésor par l'agence du ministère des
finances ont été perçus par l'administra-
tion. Stavisky et lui en ont bénéficié.
Il n'a jamais rendu visite au minis-
tre de l'intérieur en compagnie de Bon-
naure et de M. Delorme.
De nombreuses questions sont encore
posées qui ne provoquent aucune révé-
lation sensationnelle de la part de Du-
barry,. lequel, jusqu'au bout, se montre
çirconspect.
Il regagne la prison de Fresnes à
18 h. 30.
La commission entendra, ce matin, le
commissaire Guillaume sur l'affaire
Prince.
Le drame de la rue Sainte-Isaure
Les constatations ont établi
qu'au cours d'une crise de démence
le cordonnier frappa ses enfants
et leur mère, qui les défendait
et fut lui-même, dans la lutte
mortellement atteint
En présence de deux memores de la
famille du cordonnier Antoine'' San-
gouard et non Sanguard, comme
nous l'avons écrit et assisté de
M. Girault, son secrétaire, et du bri-
gadier Lavail, de la brigade spéciale,
M. Siri, commissaire de police, s'est
rendu, hier.après-midi, 24, rue Sainte-
Isaure, dans le logement où s'est dé-
roulé, lundi soir, l'effroyable drame
que nous avons relaté et à l'issue du-
quel on découvrit les corps sanglants
du cordonnier et de sa femme, qui suc-
combèrent, et de leurs deux enfants
qui, très grièvement blessés,. furent
hospitalisés.
Les nouvelles constatations faites par
les enquêteurs ont confirmé la thèse
déjà admise à la suite de l'audition de
plusieurs témoins et selon laquelle ce
fut dans une crise de démence que
M. Sangouard blessa très grièvement
ses deux enfant* puis, au cours d'une
lutte où lui-même fut mortellement at-
teint, tua sa femme.
Depuis que:que temps le cordonnier
était fréquemment silencieux et préoc-
cupé. Il se croyait, en effet, dénoncé à
la police et filé comme dément.
Aux traces- sanglantes relevées dans
l'appartement, M. Siri a pu reconstituer
l'horrible tragédie telle qu'elle dut se
dérouler.
Armé d'un lourd carré de fer* M. San-
gouard s'approche des lits de ses en-
fants endormis et, férocement, les
frappe derrière la tête. Il s'acharne sur
eux mais la mère, alors, se précipite
sur le dément, se bat sauvagement avec
lui ainsi qu'en témoignent les macula-
tures sanglantes que l'on relève sur les
murs et jusqu'au plafond. Elle désarme
le meurtrier et, à son tour, le frappe,
jusqu'à le laisser pour mort sur le par-
quet de la cuisine où au cours dé leur
lutte, tous deux ont pénétré. Mais
l'homme se relève. Il va chercher dans
son atelier un tranchet, dont il frappe,
par trois fois, sa femme au visage. Puis
à nouveau il tombe, se blessant légè-
rement à la gorge avec la pointe de
son tranchet.
Il trouvera encore assez de force pour
ouvrir lorsque le concierge de l'immeu-
ble, M. Tailly, et M. Kremer vinrent,
alertés par les gémissements, frapper
à sa porte.
Les deux petites victimes ont dû subir,
la fillette Denise, à l'hôpital Bichat, le
garçon Lucien à l'hôpital Lariboisière,
l'opération du trépan. Leur état de-
meure tel qu'on désespère encore de
les sauver.
Le comte Jean de La Cour est acquitté
Devant la seizième chambre du tribu-
nal' correctionnel de la Seine vient de
comparaitre le comte Jean de La Cour,
metteur en scène de cinéma, connu sous
le pseudonyme de Jean Gerrard, inculpé
dans une affaire de stupéfiants.
Le comte Jean de La Cour a protesté
de sa bonne foi et le tribunal, estimant
que les charges relevées dans l'enquête
n'étaient pas fondées, après avoir en-
tendu la plaidoirie de Me Marcel Bloch,
a acquitté M. de La Cour.
L'accident d'aviation de Frontignan
On nous demande de signaler que
l'accident d'aviation de Frontignan a
fait une victime en la personne du chef
piloté de la marine Georges Allègre (et
non pas Allaigre, comme l'énonçait le
communiqué officiel). né le 23 août
1902, à Paris.
Les représentants des diverses
organisations des cheminots ont eu
une entrevue au siège de la C. G. T.
Les représentants des diverses organi-
sations Ces travailleurs des chemins de
fer Fédération confédérée. Fédération
unitaire, Fédération des cadres. Fédéra-
tion des mécaniciens et chauffeurs.. Fé-
dération dès cheminots de France (chré-
tièrs) et Union nationale de défense
professionnelle ont eu une entrevue.
hier. de 18 h. 30 à 20 h. 30, au siège de
la C. G. T., 211, rue Lafavette.
Ils ont procédé à un échange de, vues,
notamment au sujet de l'action à mener
contre les décrets-lois.
Une deuxième entrevue aura lieu in-
cessamment,.
Une élection sénatoriale aura lieu
dans le Doubs le 23 décembre prochain
Les électeurs sénatoriaux du département
du Doubs tant convoqués le dimanche M dé-
.cenjbre l'effet d'élire un sénateur, en._rsiOr_
placement de M. Ordinaire,: décédé.
Une cinémathèque nationale
serait inaugurée
au cours de l'Exposition de 1937
On parle depuis longtemps déjà de la
création prochaine et nécessaire d'une
cinémathèque nationale, qui pourrait,
pour la production cinématographique,
la photographie et le disque; avoir la.
même utilité et le même rôle que la Bi-
bliothèque nationale pour la production
littéraire.
Les animateurs de cette œuvre, M.
Huisman, directeur général des beaux-
arts, et Mme Laure Albin-Guillot, vou-
draient voir conserver tout ce qui a
trait au cinéma depuis son début, à
la photo et au disque. Pour abriter ces
précieuses collections, ils envisagent une
construction nouvelle qui serait édifiée
sur remplacement du dépôt des phares,
au Trocadéro.
La direction générale des beaux-arts
qui a l'intention de réaliser ce projet.,
vient de s'adresser à la commission na-
tionale des grands travaux du plan Mar-
quet.
Les sous-commissions technique et
financière de cette commission sont sai-
sies actuellement du projet et il est assez
vraisemblable què leurs conclusions se-
ront favorables à l'attribution du prêt
sollicité par les beaux-arts.
Cette cinémathèque serait inaugurée
au cours de l'Exposition de 1937.
Le préaident du syndicat
des contribuables de Mazamet
devant la cour d'appel de Pau
Le 13 novembre viendra, devant la
cour d'appel de Pau (chambre crimi-
nelle), l'affaire du syndicat des contri-
buables de Mazamet dans laquelle, on
le sait, M. de Larivière, président du
syndicat des contribuables de Mazamet,
est poursuivi pour atteinte au crédit,de
l'Etat.
Poursuivi devant le tribunal correc-
tionnel de Castres, M. de Larivière avait
été relaxé après abandon des poursui-
tes, en audience,'par le procureur de la
République., Le parquet ayant fait ap-
pel, l'affaire vint devant la ccur de Tou-
louse. Celle-ci rendit un arrêt relaxant
M. de Larivière. Il
Par ordre, le procureur général se.
pourvut en cassation et c'est ainsi' que,
l'arrêt aycnt été cassé,. cette affaire va
être appelée devanj-lâ cour d'appel de
D'DN MONUBIENT A ALBERT le'
Ee radio-diseours
fleM. Pierre Laval
MBk SOTTE' DE LA PREMIERE PAGE
r'JEHë Jtious l'a, ôté, mais elle nous l'a
rendu, -Elle nous a rendu le roi, le
soldât-et l'homme. Elle nous a mon-
tré .̃ èë roi, ce soldat, cet homme,
pleures avec -la même ferveur par
deux armées, par-deux nations.
Le. roi Albert fut,un grand, roi..
Il le '.fut-, pour avoir dominé les
événements. -Il le. fut pour avoir, à
l'heure tragique, l'heure où les
consciences, les. plus. fermes pou-
va.tent-.être ^troublées, choisi la ta-
che d'honneur et de sacrifice et fait
acte de foi, dans L'avenir..
Par l'endurance, par l'optimisme,
par l'exemple, le roi. Albert fut un
grand soldat.
un homme par self -nobles
qualités de cœur et- par sa commu-
BÏpri constante avec les plus hum-
bles, "Sa: vie fut une épopée' à la-
quelle la' poésie d'une chanson de
geste- n'ai.outerait rien.
Les faits parlent.
L'histoire. tedira sa' détermination
solennelle de faire obstacle à l'én-
vàh-isseur, sa promptitude à jeter
dans:le' cômbat' les 'forcés sublimes
de •;la-Jnatfon belge. .•
.Tact'.d'héroïsme ne pouvait être
décisif, par la '"seule 'opiniâtreté. Il
.Pas à; pas dans'la boue des Flan-
dre,- mêlé à 'ses 'hommes, partageant
f} éternellement leurs souffrances,
partageant nos '.incertitudes et nos
asgoisses; lé roi-soldat défendit plus
que- son pavs. 'H -.défendit plus au,8
le'-nôtre. Il défendit" le principe
mêrnê de ..la. 'civilisation.* H défendit
la règle et peut-être la fin suprême
de l'ordre international qui est le
respect de la parole donnée. H avait
exalté la conscience du peuple belge,.
la conscience du monde.
,:Vous;. vous le. représentez encore.
debout au coté de la. reine,' comme
1% çfigsré un peintre français, sous
un ciel lugubre. sur le dernier lam*
beau ravagé de sa' Belgique. Ce roi
n?aVpïus ;dè royaume. Mais de l'in-
lime puissance matérielle rayonne
une'immense puissance morale. AI-
bèrt-1?? avait sacrifié'" son territoire.
Ce fut pour agrandir sa -patrie.
,:Cette grandeur reste. Elle est son
apport lé plus précieux, son legs à
la Belgique et à l'humanité.
fils, élevé à, sm image, formé
par lui-même, au difficile et glorieux
métier de roi, poursuit son oeuvre de
défense de l'unité nationale, son
oeuvre de réconciliation soéiale et
d'affectueuse entente franco-belge.
.La sagesse lucide et la bonté du
roi disparu illuminent la couronne
du roi vivant. '̃ ̃
Envers Sa Majesté Léopold III.
envers l'héroïque population belge.
le gouvernement et le peuple de
Franche entendent confirmer leur de-
de,
Au mois de février dernier. la vi-
site -à. Bruxelles de M. le président
du confit et de deux ministres
d'-Etât,- MM. Herriot et Tardi<=u, la
présence aux funérailles royales de
M. le président de la République, de
M. -le .maréchal Pétain et de M.'Louis
Barthou associaient le deuil pro-
fond de, notre pays au deuil de la
Belgique. deuils communs comme
furent-communes les frontières.
Dès le lendemain des obsèques,
un autre "grand- disparu, le, maréchal
Lyaûtej, réunissait' un comité natio-
harpoûr élever an s-lorîéux spuve^
rain un monument diene de sa mé-
moire. Tous les grourjements d'an-
ciens combattants, dont l'armée a
dé6lé à Bruxelles devant le cercueil
du roi-chevalier, ont'été requis pour
cette noble entreprise.-
'Le Ier novenible, sous le patronage
de' M.- lé ministre des pensions, les
anciens combattants organisent
tine Journée nationale pour le
inMnment au roi des Belges
Je vous demande, mes chers.conci-
toyens^ dè leur" àbpôrtèr votre
concours. Je vous 'demandé de ré-
pondre avec générosité à l'appel que
VOUS' .adre'ssfÏQrit lés< compagnons
d'armes "du" .roi Albert,' ceux d'Ypres.
ceux de Dixmude., ceux des Flandres.
Je lï" demande" tous. Je le demande
au plus humble d'entre vous dont
Je" sais que le souvenir de ce
grand' roi .est moins périssable que
les monuments mêmes qui se propo-
sent d'exalter son exemple.: Je sais
restera vivant dans
l'hfstoire des hommes..
Jz vous demande de souligner
l'unanimité de notre gratitude en-
vers; le chef aimé d'un peuple' allié,
d'un peuple fidèle envers l'homme
qui se fit le champion des valeurs
jïrOT&l.es, opposa a la force du droit
aux -droits dfi la force ̃». et sut res-
l'idée de loyauté par le sa-
M* André Hesse
comparaît devant la cour-
protestant contre sa radiation
Les trois premières chambres de la
̃cour de Paris, comprenant quinze ma-
gistra.ts., étaient réunies hier sous la pré-
sidence de- M. Grignon- pour examiner
'le'cas de M> André Hèsse, rayé du bar-
reau de Paris par un arrêté du conseil
de l'Ordre, en date du 29.mai 1934, à
.'raison de son rôle dans l'a défense de
Stav4s&y' et plus spécialement dans l'ob-
tention -des remises du procès.
De cet arrêtée M* André. -Hesse interr
jeta appel.
Conformément à la règle des instan-
ces disciplinaires; les débats ont eu lieu
à.huis clos; l'affaire devait venir le 25
juillet,. mais Me André Hesse étant hors
d'état,, aux dires Ides médecins experts,
de .présenter sa défense, elle fut ren-
voyée après vacation.
M' André Hesse, qui était accompagné
de son défenseur 'et ancien collaborateur.
̃M* -Maurice Flacb, pénétra, revêtu de sa
xotoe, dans la salle d'audience.
Lè conseiller Tasson donna lecture de
".éon. rapport; puis, l'ancien avocat de
.Stayisky prit la parole pendant trois
heures. Cet après-midi, M. Fernand-
-Roux,' procureur général, prononcera son
Téquisitoire et M" Maurice Flach sa plai- 1
L'AUDITION DE DUBARRY PAR LA COMMISSION D'ENQUETE
SUITE DE NÔTRE COMPTE RENDU
S&^P LE PREMIERE PAGE'
Dubarry a, enfin 'été. entendu hier
matin, par la commission Stavisky, mais
au lieu d'apporter les-révélations que
l'on était ,en. droit, d'attendre de' lui, si
l'on considère le rôle qu'il a tenu. auprès
de l'escroc, lui faisant .ouvrir bien des
portes qui lui seraient demeurées fer-
mées sans son intervention, l'ancien di-
recteur de la Volonté s'est contenté de
se lancer dans un plaidoyer éperdu, et
de se poser en victime.
Il a rappelé d'aoord sa précédente au-
dition du 9 mai, ainsi que la lettre
adressée ultérieurement au président de
la commission,- par. laquelle il protestait
que, de toutes les sommes touchées par
lui de Stavisky; rien n'était, resté entre
ses mains.
Puis il à indiqué qu'il avait connu
Stavisky au casino de Cannes, au cours
de l'hiver et que l'aventurier
au cours d'un déjeuner, lui déclara que
l'investissement de gros capitaux en
Hongrie sur la foi. disait-il, des ac-
cords internationaux et des traités
''amènerait certainement un .iour à or-
saniser une campagne de presse.- Il se
faisait fort d'ailleurs- de réussir.- 'grâce
à. l'association de grosses. "compagnies
d'assurances. v
Trois semaines-plus tard, un mardi
matin, il vit arriver chez lui Alexandre
celui-ci sortait du train, indiené d'avoir
ê+i iiwjlinué dans, une affaire •' de tri-
cherie à Cannes, II avait ;de' bonnes rai-
sons- pour prouver .son-: innocence, il
sembïa'it,sincëre. Dubarry accepta d'in-
L'ancien publiciste-relate alors en- dé-
tail sa vie et se''livré à 'un panégyrique
de sa 'carrière dans' Je journalisme en
vouée à- la défense
dV-la République et -de la- -paix. w
Sept démarches
Acres cette longue- parenthèse où il
se donne pour un grand honnête homme
caïomhié, pubàrry' eri. artive enfin aux
faits mêmes pour lesquels M'est'.entendu,
c'est-à-dire a ses démarches en faveur .de
obligeant .par' nature » en- un- euphémis-
me savoureux.
Selon lui. il n'a fait en -tout et pour
tout '"que sept -.déma-r-ches.
La première eut lieu en avril-mai -1932.
«UTTès cie' la ̃SÛTeté- Férérale à la suit*
dé l'incident de jeu précédemment relate',
^lexa-ndre 'lui dit' que sôn dossâer :était
peut-être au Tiom de Staviskv. qui était
son" -véritable nqm.'spijs lequel il avait
eu dans sa jeunesse une' légère condam-
nation. depuis amnistiée. Il ajouta, que
son casier judiciaire 'était vierge,' il- le
montrà au- témoin ainsi. que sa carte
1 d'électeur,' ̃•̃•
Lé témoin alla voir -M< Julien, direc-
teur-de la Sûreté générale, qui lui dé-
clara que les sanctions étaient trop
récentes pour une mesure de, bienveil-
lance en .peu plus tard,' Stavisky
ayant signalé au'témoin que deux des
personnes -frappées avaient été' l'objet
d'une' mesure de faveur et de déficha^
ge, le témoin fit une nouvelle démar-
che, aü cours de laquelle il eut le sen-
timent qu'il ̃ n'y avait pas harmonie
dans le personnel s'occupant des jeux.
Le directeur de- la sûreté lui conseilla
de parler de l'affaire au ministre, M.
Mahieu, auprès' duquel il- obtint une
satisfaction de principe. -Mais la me-
sure ne fut pas notifiée et le ministre
ayant démissionné à la suite des élec-
tions, M. Julien fut remplacé par M.
Thpmé-et 'M.1 Mahieu par M. Chau-
La signification n'ayant pas :été ,laité
aux'établissements, Stavisky pria alors
le'témoin de voir M. Thomé. ̃
Démarche à la Banque dé France
En juin 1932, Garât vint à la
Volonté avec Stavisky, pour demander
au témoin dé transmettre une lettre
eu 'gouverneur de là- Banque de Fran-
ce., pour que fussent- accordées aux
monts-de-piété- de province les mêmes
facilités-- qu'au Mont-de-piété de' Paris.
Le témoih'reçut un. mot du gouverneur
indiquant.qu'il écrivait au député, maire
'Au' de l'été 1932, Dübarry se
rencontra'plusieurs fois avec Stavisky.
Celui-ci lui" 'confia" 'qu'il 'envisageait 18.
possibilité de 'créer une société ^permet-
Le développement de la « Volonté
A cet: eff et, la Volonté devait être
cédée une nouvelle société, la direc-
tion du journal étant" laissée à Dubarry,
moyennant un traitement de 15.000 fr.
par mois.
Dubarry -exigea là 'rédaction- d'une
clause lui garantissant un- million si
le contrat n'était pas exécuté.
'Selon le témoins, Stavisky. ne se mêlait
pas plus de là rédaction du journal, que
lui' ne s'occupait de l'administration et
de' la caisse.
La lettre de M. Dalimier
Pendant 'les négociations relatives 'à
la cession de la Volonté, Alexandre
remit au témoin'une- note relative à
là souscription éventuelle des bons du
Crédit municipal par les eaisses d'as-
surances. .'•'̃'••
:Le témoin remit cette note à M: Da-
limier en lui disant- qu'Alexandre était
intéressé dans le Crédit municipal de
Bayonne et que, par- ailleurs. il cons-
tituait une société qui devait,reprendre
la Volonte.
M: Dalimier répondit qu'il aviserait.
Là se borna l'intervention du témoin.
qui eut l'impression que M.. Dalimier
ne connaissait pas Alexandre.
Surpris du ton solennel de la missive
que lui. adressa M. Dalimier, Dubarry
donna cette lettre à Alexandre, qui de-
vait ultérieurement la remettre à ses
démarcheurs, en supprimant le nom du
destinataire.
Démarche auprès de M. Chiappe
Dubarry raconte ensuite que Sta-
visky s'était plaint de l'attitude de
certains journaux à son égard. Ces jour-
nàux étaient alimentés, disait-on, par
des fonctionnaires subalternes de la
police judiciaire.
Il se rendit à la préfecture, avec
Alexandre. « Envoyez-moi une plainte
écrite, dit le préfet,- je ferai les véri-
ficaïions -nécessaires. L'entrevue n'a-
vait duré que quelques .instants.
Démarche auprès de la B. N. C. I.
En mai 1933, rencontrant par hasard
le témoin qui allait à la B. N. C. t,-
Alexandre l'accompagna. Il le pria de
dire un mot à.la banque au sujet des
bons de Bayo*ne-dont. le dossier avait.
disait-iL été envoyé la banque et était
en bonne voie. -•̃.
Dubarry ne, voyant pas à la banque M.
Salomon qui était compétent pour cet-
te affaire, lui envoya un mot. Il fut
convoqué ultérieurement par M. Salo-
mon qui lui répondit sèchement que l'af-
faire ne l'intéressait pas.
Démarche
auprès de M. René Renoult
Gaulier avait parlé au témoin d'une
contravention mitigée à tort à la Fon-
cière. Dubarry vit le garde des sceaux
et obtins que Gaulier fût reçu aussitôt.
Quelques jours plus tard, il remit aux
finances, pour cette même affaire, une-
note rédigée par Gaulier.
Démarche
auprès de M. François Albert
En 'juillet 1933, Alexandre pria le té-
moin de rappeler à M. François Albert'
ia démarche qu'il avait faite auprès de
M. Dalimier et qui n'avait pas eu de
succès.
Cependant, c'est à ce moment, qu'à la
suite d'un incident survenu au Casino
de Deauville, Dubarry rpmpit avec
Alexandre sans soupçonner toutefois les
escroqueries de Bayonne.
Services désintéressés »
Dubarry affirme ensuite que ces dé-
marches furent toutes désintéressées. Il
"'a bénéficié, l'entendre, d'aucune libé-
ralité de Stavisky. L'argent de l'escroc
n'a pas servi à augmenter son patri-
moine.
Ses châteaux ? Sa propriété de Pacy-
sur-Eure ne lui coûté que 50.000
francs, 'et il a acheté 100.000 francs,
pour en faire cadeau à sa femme, sa
villa de Beaulieu. Quant à son écurie
de courses. il avait un cheval qu'il avait
payé 27;000 francs en pensant que la
surveillance de son entraînement lui
donnerait l'occasion de marcher au
grand, air, comme le médecin le lui pres-
crivait.
Où l'on parle de culture de ricin
,Enfin. Dubarry entend, dit,.il, s'expli-
quer sur une derniere afïaire celle de
la .concession marocaine; Il se demanda
s'il ne serait pas souhaitable de créer,
aux .portes de la métropole, une culture
intensive de ricin. Il partit alors. pour
le Maroc et obtint une concession, de
4.000 hectares aux conditions habituelles.
Il créa une société au capital de 500.000
francs. Mais sur ces 4.000 hectares, 300
à peine' étaient ,cultivables' sur une
plainte, de la société, la résidence pro-
posa en-échange un terrain de 1.000
hectares, mais loin de tout moyen de-
communication.
Péroraison.
Comme conclusion, Dubarry crie na-
turellement- à l'injustice, en ce qui con-
cerne la détention dont il- continue à-
être l'objet. Il prétend que -l'affaire
Stavisky a. été exagérée « hors de. toute
proportion par. des récits rocamboles-
ques ».̃̃'̃
Selon lui, bien des escroqueries ont
coûté infiniment' plus cher à la petite
ou à'ia moyenne' épargne. Témoin, l'af-
faire dé la Banque des fonctionnaires
et de 'l'autre Alexandre témoin, lr
krach de la Banque de crédit, dont les
responsables sont encore en liberté.
Et que diré de l'affaire Kreuger ?
Et c'est une dernière protestation
Les larmes qu'il a versées ont em-
porté sa colère et né lùi ont laissé que
dédain pour ceux qui l'ont abandonné
ou trahi. Il n'a été sauvé de la mort
que par la tendresse de sa femme qui
voulait le suivre dans la tombe. ;Il, a
repris goût à l'existence, mais. il ne veut
recommencer sa vie qu'avec son honneur
intact.
Et sur ce dernier mot, auquel certains
commissaires ne s'attendaient guère;:le
témoin est autorisé à se retirer.
En marge de l'audition de Dubarry
A l'issue de cette réunion, M. Man-
del a attiré l'attention de ses collègues
sur le fait, venu à sa connaissance, que
Al. Henrv Chéron aurait communiqué
à. la Sûreté nationale un doublé d*=
rapports quasi quotidiens oui lui étaient
adressés par lé parquet dé Dijon, au
cours dé l'instruction sur l'affaire Prince.
pour le tenir, au courant de la marche
de l'instruction judiciaire.
M. Mandel considère qu'il ne s'agit
rien de moins que de la violation, pair le
ministre, du secret de l'instruction, et
il a obtenu de lx commission qu'une dé-
marche serait faite auprès du nouveau
garde des sceaux, M. Lémery, afin qu'une
enquête soit ouverte à ce propos.
La commission a, d'autre part, chargé
son bureau de faire une démarche au-
près du ministre de l'intérieur, en' vue
de vérifier l'existence d'un dossier au-
quel avait fait allusion l'inspecteur Bon-
ny, dans sa déposition au jugé d'instruc-
tion.- Il, s'agirait de gratifications ré-
mises à l'inspecteur, à l'occasion d'une
affaire de fraudes fiscales, dans laquelle
auraient été compromises certaines per-
sonnalités. Les recherches, effectuées en
vue de découvrir le dossier de cette af-
faire, seraient restées, jusqu'à présent,
infructueuses.
A la reprise de la séance, M. Guernut
interrogea Dubarry, qu'il appelle .« mon-
sieur le directeur ».
Il le presse d'abord sur la nature- et
les modalités du contrat passé entre
Stavisky et le -témoin pour la gestion
de la Volonté..
1 Dubarry affirme que Stavisky était
tout dans la gestion », mais ne s'est
« mélé en. rien à la -direction ». Si
des articles ont paru, favorables à la
Hongrie et aux compagnies d'assurances,
Stavisky n'y. fut pour rien. Le témoin
ne se rappelle,pas, d'ailleurs, qui rédigea
ces articles isolés.
Mais pourquoi Stavisky payait-il
le journal ?
Parce que c'était un mégalomane,
parcs qu'il se plaisait à aaoit' une cour
autour de lui. S'est-il dit que je pourrais
lui être utile aux affaires étrangères
pour les bons hongrois, qui étaient sa
grande affaire? C'est. possiûLe, mais
il ne m'en a pas parlé.
D'après les comptes vérifiés par les
experts, Stavisky a apporté à la yolonté
3.300.000: francs il s'était engagé à
en. apporter 10. Il avait déclaré à Du-
barry qu'il était associé à des compa-
gnies d'assurances intéressées dans l'af-
faire des bons hongrois. Bonnaure
avait, d'ailleurs, annoncé que Stavisky
possédait des centaines de millions en
Hongrie. Si, en mai et juin 1933, des
échos furent publiés contre Stavisky,
ils furent ignorés du témoin et ne com-
mândèrent pas la rupture opérée en
juillet 1933.
Sur question, il déclara que ni
M. Thomé ni M. Chautemps ne lui ont
exprimé aucun soupçon touchant Sta-
viaky. S'il avait été prévenu que la fré-
quentation de Stavisky était dangereuse
il aurait rompu tout, de suite.
Mais que vous a dit M. Chiappe ?
J'ai eu une. très grande affection
pour M. Chiappe à causé de sa loyauté
et de son courage. Je l'ai informé que
je traitais avec Stavisky il. m'a dit
« Fais attention Prends bien tes pré-
cautions pour qu'on ne t'enlève pas ton
journal. » S'il dit àvoir été plus précis,
ce doit être exact, -ea mémoire vaut
mieus que la mienne.
M. Guernut pose encore ..cette ques-
tion ̃"•" •
Auez-vous annoncé à M. Chautemps
que vous cédiez la Volonté ?
Certainement oui.
Que lui avez-vous dit ?
Je lui ai annoncé le chnngement
de propriété et il m'a demandé Si je
gardais la direction politique c'était
la seule chose qui l'intéressait. Il ne m'a
rien dit touchant Stavisky et sa mo-
ra.lité.
Mets Garfunkel ne vous a-t-il pas
prévenu ?
J'affirme que Garfunkel, non plus
gue quiconque, ne m'a prévenu- que l'af-
jaire de Bayonne était une escroquerie.
Au mois de septembre 1932, un écho
parut dans Aux Ecoutes, attribué Mer-
cadier, Dubarry le fit venir parce que
Mercadier était son collaborateur au
Carnet de la Semaine et qu'il 'était gê-
nant que Mercadier dans son journal de
Bayonne attaquât les amis de, Stavisky,
notamment Garât. Il agit de même
lorsque Darius, dans Bec et Ongles; at-
taqua Garât, en lui représentant les
dangers qu'il courait du fait de la
plainte dé Gàrat. Darius lui répondit
n'avoir aucun renseignement à l'appui
d'un écho reçu par lui d'un inconnu.
M. Guernut passe à la seconde par-
tie de son interrogatoire quels ser-
vices le directeur de la Volonté a-t-il
rendus à Stavisky ?
Sur les démarches auprès de Darius
et de Mercadier, le témoin s'est expliqué.
Touchant la B. N. C. il a donné des
renseignements suffisants. Mais avec M.
Chiaoôe, n'y a-t-il pas eu plusieurs dé-
marches ?
Il y a eu un coup de téléphone
̃oour m'annoncer il p a eu ma visite
le lendemain et Stavisky. n'y a été
associé nue quelques mniutes. Si Stavis-
ky a dit autre chose à sa jemme, le
ne m'en étonne pas c'est un bluffeur
aui a dû rentrer en déclarant « J'ai
vu,le préfet, il a été charmant, ça va
très bien ». Je l'entends d'ici.
M. Gernut passe sur François-Albert.
Il insiste sur la visite à Dalimier.
Dubarrv répond qu'il a remis la note
au ministre en disant «Si tu peux
liti faire plaisir, tu me feras plaisir ».
Il n'a pas demandé à Dalimier de lui
adresser une lettre.
N'est-il pour rien dans le coup de té-
léphone réclamant une réponse ?
Sur ouoi Dubarry raconte, avoue
ou'en 1907 il fut déjà ainsi accusé
d'avoir. pour servir ses intérêts persan=
nels, téléphoné au mini stère des colonies,
en usurpant le nom d'Édeàr Combes-
mais' il assure être étranger au coup de
téléphone du ministère du travail
comme il le fut au coup de téléphone de
•
Cependant, continue M. Guernut, une
eranrfe intimité s'était établie entre
S^avisky et Dubarry. Celui-ci ne se sou-
vient-il pas de quelques-unes des .relà-;
tioris de Stavisky ?
Je ne l'ai présenté à aucun homme
volit' que, à aucune fonctionnaire, sauf d
M. Chiappe dans les conditions relatées
ci-dessus.
Dubarrv précise que Staviskv n'est
venu qu'une fois à son domicile, au'il
n'a pas dé.ieuné avec lui plus de trois
ou quatre fois Stavisky se vantait de
posséder une foule d'amis, notamment
parmi les'hommes politiques.. Il n'a pas
nommé beaucoup de monde il n'à ja-
mais cité1 les compagnies d'assurances et
la grande banque avec lesquelles il se
prétendait en affaire
• ̃ 4 quelle contre-partie correspon-
dent lets fonds secrets ? demande M.
Guernut
Jamais on ne m'a imposé une obli-
aation Quelconque en 1929, j'ai fait
un article, invitant les radicaux de Nar-
honne, a voter pour M Léon Blum. M
Tardieu, alors ministres de l'intérieur, .n'a
fait aucune observation.
C'est au tour du représentant des So-
viets de poser des questions le casier
judiciaire était-il au nom de Stavisky ou
au nom d'Alexandre'? M. Dubarry
l'ignore. Dans quelles conditions a-t-il
obtenu sa retraite proportionnelle ? Elle
rémunère vingt-cinq ans de services aux
colonies. Qu'a-t-il voulu dire en affir.
mant n'avoir pas caché ses relations
avec Stavisky. « aux plus hautes autori-
du pays » Il' désignait M., Chau-
temps, ministre de l'intérieur.
Sur la demande de M. Fié, Dubarry
déclare avoir touché quelque chose sur
les fonds secrets « sous tous les minis-
tères » depuis 1929.
'Enfin voici M, Mandel. Il reprend les
démarches faites par Dubarry auprès de
la Sûreté générale pour que Stavisky
recouvrât la libre entrée dans lés salles
de jeux. Dubarry répond que c'est en
toute conviction qu'il a plqidé auprès de
M. Mahieu lui-même l'innocence de Sta-
visky il a refait la même plaidoine
auprès de M. Thomé qu. a répondu
« Je vais en parler au ministre. »
Sollicité de donner des renseignements
sur les conversations qu'il eut avec M-
Chautemps. au ministère de l'intérieur.
Dubarry répète ce qu'il a déjà dit et
situe ces conversations, tout au moins
1rs premières, au retour du congrès ra-
dical-soéialiste de Toulouse (octobre
1932) pendant lequel un grand effort
avait été fait pour, lancer le journal.
M. Mandel s'étonne que jamais le'mi-
nistre ni d'autres n'aient, en 1932-1933,
fait allusion aux quinze mois dé prison
préventive accomplis par Stavisky en
1926-1927, ni à sa comparution immi-
nente en correctionnelle ces hommes
n'avaient-ils pas le devoir de vous -pré-
venir ? Dubarrv répond au'il est dans
une situation l'empêchant de dire son
sentiment.
ruelles étaient les stipulations essen-
tielles du contrat intervenu avec Sta-
visky ?
Il s'était engagé, dit Dubarry. à verser
10 millions, annonçant que les fonds se-
raient déposes au Crédit Lyonnais. En
fait, après avoir épuisé les fonds de la
Sapiens,- la société vivait .des libéralités
de Stavisky, en déduction desquelles ve-
naient donc les subsides ministériels. Et
le ministre de l'intérieur le savait.
Quelles ont été vos relations avec
M. Dalimier ? '̃̃
Nous nous tutoyons depuis un quart
de siècle. Neus nous connaissions très
bien.
M. Oalimier n'a pas precisément dit
cela dans sa déposition.
Dubarry réagit faiblement sous cette
rectification Mais il s'explique à fond
sur la fameuse lettre de septembre, il
ne s'explique pas que cette lettre, dont
on n'a mis en circulation que des copies,
ait pu exercer une influence décisive sur
la souscription des bons de Bayonne,
[nterrogé sur la procédure suivie à son
endroit, Dubarry ne cache pas sa ran-
coeur contre les ministres. et notamment
M\ Chautemps, « qui l'ont fait passer
du régime des subventions au régime
cellulaire
On revient encore une fois aux fonds
secrets. aux conditions- dans lesquelles
Dubarry y participait, et Dubarry dé-
clare que jamais il n'a reçu aucune
directive et que jamais il n'a fait au-
cune confidence sur la vie de son jour-
nal, sinon à M. Chautemps lorsque Sta-
viskv entra en maître à la Volonté.
Sur demande de M. Joseph Denais,
Dubarry déclare qu'il a. rendu compte
au ministre des finances (alors M. Geor-
ees Bonnet) du mauvais accueil reçu
par lui à la B. N. C. de la part dé'M.
Salomon et que les subsides attribués à
la Volonté en 1932-1933 pour émissions
du Trésor par l'agence du ministère des
finances ont été perçus par l'administra-
tion. Stavisky et lui en ont bénéficié.
Il n'a jamais rendu visite au minis-
tre de l'intérieur en compagnie de Bon-
naure et de M. Delorme.
De nombreuses questions sont encore
posées qui ne provoquent aucune révé-
lation sensationnelle de la part de Du-
barry,. lequel, jusqu'au bout, se montre
çirconspect.
Il regagne la prison de Fresnes à
18 h. 30.
La commission entendra, ce matin, le
commissaire Guillaume sur l'affaire
Prince.
Le drame de la rue Sainte-Isaure
Les constatations ont établi
qu'au cours d'une crise de démence
le cordonnier frappa ses enfants
et leur mère, qui les défendait
et fut lui-même, dans la lutte
mortellement atteint
En présence de deux memores de la
famille du cordonnier Antoine'' San-
gouard et non Sanguard, comme
nous l'avons écrit et assisté de
M. Girault, son secrétaire, et du bri-
gadier Lavail, de la brigade spéciale,
M. Siri, commissaire de police, s'est
rendu, hier.après-midi, 24, rue Sainte-
Isaure, dans le logement où s'est dé-
roulé, lundi soir, l'effroyable drame
que nous avons relaté et à l'issue du-
quel on découvrit les corps sanglants
du cordonnier et de sa femme, qui suc-
combèrent, et de leurs deux enfants
qui, très grièvement blessés,. furent
hospitalisés.
Les nouvelles constatations faites par
les enquêteurs ont confirmé la thèse
déjà admise à la suite de l'audition de
plusieurs témoins et selon laquelle ce
fut dans une crise de démence que
M. Sangouard blessa très grièvement
ses deux enfant* puis, au cours d'une
lutte où lui-même fut mortellement at-
teint, tua sa femme.
Depuis que:que temps le cordonnier
était fréquemment silencieux et préoc-
cupé. Il se croyait, en effet, dénoncé à
la police et filé comme dément.
Aux traces- sanglantes relevées dans
l'appartement, M. Siri a pu reconstituer
l'horrible tragédie telle qu'elle dut se
dérouler.
Armé d'un lourd carré de fer* M. San-
gouard s'approche des lits de ses en-
fants endormis et, férocement, les
frappe derrière la tête. Il s'acharne sur
eux mais la mère, alors, se précipite
sur le dément, se bat sauvagement avec
lui ainsi qu'en témoignent les macula-
tures sanglantes que l'on relève sur les
murs et jusqu'au plafond. Elle désarme
le meurtrier et, à son tour, le frappe,
jusqu'à le laisser pour mort sur le par-
quet de la cuisine où au cours dé leur
lutte, tous deux ont pénétré. Mais
l'homme se relève. Il va chercher dans
son atelier un tranchet, dont il frappe,
par trois fois, sa femme au visage. Puis
à nouveau il tombe, se blessant légè-
rement à la gorge avec la pointe de
son tranchet.
Il trouvera encore assez de force pour
ouvrir lorsque le concierge de l'immeu-
ble, M. Tailly, et M. Kremer vinrent,
alertés par les gémissements, frapper
à sa porte.
Les deux petites victimes ont dû subir,
la fillette Denise, à l'hôpital Bichat, le
garçon Lucien à l'hôpital Lariboisière,
l'opération du trépan. Leur état de-
meure tel qu'on désespère encore de
les sauver.
Le comte Jean de La Cour est acquitté
Devant la seizième chambre du tribu-
nal' correctionnel de la Seine vient de
comparaitre le comte Jean de La Cour,
metteur en scène de cinéma, connu sous
le pseudonyme de Jean Gerrard, inculpé
dans une affaire de stupéfiants.
Le comte Jean de La Cour a protesté
de sa bonne foi et le tribunal, estimant
que les charges relevées dans l'enquête
n'étaient pas fondées, après avoir en-
tendu la plaidoirie de Me Marcel Bloch,
a acquitté M. de La Cour.
L'accident d'aviation de Frontignan
On nous demande de signaler que
l'accident d'aviation de Frontignan a
fait une victime en la personne du chef
piloté de la marine Georges Allègre (et
non pas Allaigre, comme l'énonçait le
communiqué officiel). né le 23 août
1902, à Paris.
Les représentants des diverses
organisations des cheminots ont eu
une entrevue au siège de la C. G. T.
Les représentants des diverses organi-
sations Ces travailleurs des chemins de
fer Fédération confédérée. Fédération
unitaire, Fédération des cadres. Fédéra-
tion des mécaniciens et chauffeurs.. Fé-
dération dès cheminots de France (chré-
tièrs) et Union nationale de défense
professionnelle ont eu une entrevue.
hier. de 18 h. 30 à 20 h. 30, au siège de
la C. G. T., 211, rue Lafavette.
Ils ont procédé à un échange de, vues,
notamment au sujet de l'action à mener
contre les décrets-lois.
Une deuxième entrevue aura lieu in-
cessamment,.
Une élection sénatoriale aura lieu
dans le Doubs le 23 décembre prochain
Les électeurs sénatoriaux du département
du Doubs tant convoqués le dimanche M dé-
.cenjbre l'effet d'élire un sénateur, en._rsiOr_
placement de M. Ordinaire,: décédé.
Une cinémathèque nationale
serait inaugurée
au cours de l'Exposition de 1937
On parle depuis longtemps déjà de la
création prochaine et nécessaire d'une
cinémathèque nationale, qui pourrait,
pour la production cinématographique,
la photographie et le disque; avoir la.
même utilité et le même rôle que la Bi-
bliothèque nationale pour la production
littéraire.
Les animateurs de cette œuvre, M.
Huisman, directeur général des beaux-
arts, et Mme Laure Albin-Guillot, vou-
draient voir conserver tout ce qui a
trait au cinéma depuis son début, à
la photo et au disque. Pour abriter ces
précieuses collections, ils envisagent une
construction nouvelle qui serait édifiée
sur remplacement du dépôt des phares,
au Trocadéro.
La direction générale des beaux-arts
qui a l'intention de réaliser ce projet.,
vient de s'adresser à la commission na-
tionale des grands travaux du plan Mar-
quet.
Les sous-commissions technique et
financière de cette commission sont sai-
sies actuellement du projet et il est assez
vraisemblable què leurs conclusions se-
ront favorables à l'attribution du prêt
sollicité par les beaux-arts.
Cette cinémathèque serait inaugurée
au cours de l'Exposition de 1937.
Le préaident du syndicat
des contribuables de Mazamet
devant la cour d'appel de Pau
Le 13 novembre viendra, devant la
cour d'appel de Pau (chambre crimi-
nelle), l'affaire du syndicat des contri-
buables de Mazamet dans laquelle, on
le sait, M. de Larivière, président du
syndicat des contribuables de Mazamet,
est poursuivi pour atteinte au crédit,de
l'Etat.
Poursuivi devant le tribunal correc-
tionnel de Castres, M. de Larivière avait
été relaxé après abandon des poursui-
tes, en audience,'par le procureur de la
République., Le parquet ayant fait ap-
pel, l'affaire vint devant la ccur de Tou-
louse. Celle-ci rendit un arrêt relaxant
M. de Larivière. Il
Par ordre, le procureur général se.
pourvut en cassation et c'est ainsi' que,
l'arrêt aycnt été cassé,. cette affaire va
être appelée devanj-lâ cour d'appel de
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