le train d'Aubenas, et nous continuons notre route à travers un
paysage sans caractère. La vue, encaissée, jiepeui franchir, pendant
quelques instants, un sol aride, rempli de crevasses sèches, dans
lesquelles apparaissent, noircis, les bois des vignes phyiloxérées.
A gauche, l'horizon s'étend un peu : ce sont des collines arrondies,
boisées, d'un aspect plein de fraîcheur, te soleil les prend à revers
et donne à leur gazonnement des tons de velours. Cela repose des
calcaires brûlés de l'autre rive, Une échappée à droite... un village
mire ses blanches maisons dans l'Ardèehe qui les baigne de ses eaux
vertes. Elles nous semblent bien heureuses... La colline calcaire
nous enserre de nouveau.
Le train roule... roule... Subitement le décor change. C'est un
tableau tout fait. On dirait que Cicéri a passé par là, mais c'est plus
beau qu'à l'Opéra.
Les Cévennes sa sont enfuies derrière nous en bleuissant. Le
Coiron s'avance en un gigantesque promontoire dans la plaine. Sur
sa pente se profile, en lignes fines et élégantes, une haute tour
carrée, — la tour de Mirabel. ■>— Les toits d'un petit village dévalent
à ses pieds. Au-dessus, les longues croupes plates de la montagne,
des corniches de basalte brunes. Sur les lianes, des ravines brûlées,
des traînées de pierres et de cendres, des rocs noirs où la lave s'est
ligée Partout une lumière intense qui tantôt flamboie sur la surface
polie des calcaires, tantôt est comme bue dans les combes boisées
aux teintes fauves. Une transparence dans l'air qui souligne tous
les détails et supprime presque la distance.
Celte nature aux lignes sèches, dures, à la lumière ardente,
presque crue, bouleverserait les paysagistes de Bougival ou du
Bas-Meudoii. Transporté fidèlement sur la toile, le paysage que nous
avons devant les yeux ferait scandale ou serait un succès inouï au
Salon. Ce pays, brûlé au dedans par les volcans, au dehors par le
soleil, est invraisemblable pour les Parisiens. Regnault et Delacrci
l'eussent compris. Un peintre vivarois, Bouchet, l'a indiqué dans son
Camp de César.
Le train s'arrête. Une gare de peu d'importance que celle de Ville-
neuve. Trois quarts de lieue la séparent de l'ancienne capitale judi-
ciaire et politique du Bas-Vivarais. La pairie des deux de Serres, de
Court de Gébelin, de ce comte d'Entraygues, dont la destinée aven-
tureuse finit si mystérieusement à Londres, sous le poignard d'un
assassin, est aujourd'hui tin bourg abandonné, sans commerce, sans
paysage sans caractère. La vue, encaissée, jiepeui franchir, pendant
quelques instants, un sol aride, rempli de crevasses sèches, dans
lesquelles apparaissent, noircis, les bois des vignes phyiloxérées.
A gauche, l'horizon s'étend un peu : ce sont des collines arrondies,
boisées, d'un aspect plein de fraîcheur, te soleil les prend à revers
et donne à leur gazonnement des tons de velours. Cela repose des
calcaires brûlés de l'autre rive, Une échappée à droite... un village
mire ses blanches maisons dans l'Ardèehe qui les baigne de ses eaux
vertes. Elles nous semblent bien heureuses... La colline calcaire
nous enserre de nouveau.
Le train roule... roule... Subitement le décor change. C'est un
tableau tout fait. On dirait que Cicéri a passé par là, mais c'est plus
beau qu'à l'Opéra.
Les Cévennes sa sont enfuies derrière nous en bleuissant. Le
Coiron s'avance en un gigantesque promontoire dans la plaine. Sur
sa pente se profile, en lignes fines et élégantes, une haute tour
carrée, — la tour de Mirabel. ■>— Les toits d'un petit village dévalent
à ses pieds. Au-dessus, les longues croupes plates de la montagne,
des corniches de basalte brunes. Sur les lianes, des ravines brûlées,
des traînées de pierres et de cendres, des rocs noirs où la lave s'est
ligée Partout une lumière intense qui tantôt flamboie sur la surface
polie des calcaires, tantôt est comme bue dans les combes boisées
aux teintes fauves. Une transparence dans l'air qui souligne tous
les détails et supprime presque la distance.
Celte nature aux lignes sèches, dures, à la lumière ardente,
presque crue, bouleverserait les paysagistes de Bougival ou du
Bas-Meudoii. Transporté fidèlement sur la toile, le paysage que nous
avons devant les yeux ferait scandale ou serait un succès inouï au
Salon. Ce pays, brûlé au dedans par les volcans, au dehors par le
soleil, est invraisemblable pour les Parisiens. Regnault et Delacrci
l'eussent compris. Un peintre vivarois, Bouchet, l'a indiqué dans son
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Le train s'arrête. Une gare de peu d'importance que celle de Ville-
neuve. Trois quarts de lieue la séparent de l'ancienne capitale judi-
ciaire et politique du Bas-Vivarais. La pairie des deux de Serres, de
Court de Gébelin, de ce comte d'Entraygues, dont la destinée aven-
tureuse finit si mystérieusement à Londres, sous le poignard d'un
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