Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1898-12-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 11 décembre 1898 11 décembre 1898
Description : 1898/12/11 (A64,N50)-1898/12/17. 1898/12/11 (A64,N50)-1898/12/17.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5782599c
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
39
LE MÉNESTREL
forfaiture dramatique. Et voilà cinquante ans que nous vivons sur ce
code froidasse d'arithmétique et que nous en mourons souvent d'ennui.
Non, le théâtre, ce n'est pas cela ; le théâtre, c'est la fantaisie, c'est la
liberté d'imagination, et il n'y a pas de règles, il n'y a pas de formes,
ô Bridoisons de dure férule. ïl n'y a que du talent, et il faut y
applaudir quand on le rencontre, il n'y a que de la nouveauté qui
doit se renouveler sans cesse et il faut savourer ce fruit rare quand
on nous le présente. Voilà pourquoi ce fut un régal délicieux que
cette soirée d'art passée aux parages lointains de cet Odéon, dont le
succès va rapprocher toutes distances.
Conte d'amour !
Sur un royaume imaginaire de la riante Italie, — le poète dit à
Bologne, et nous n'y voulons, certes, contredire, — règne la reine
Fiammette, petite ilamme, petite reine de plaisirs, vivant dans le
parfum des fleurs et le scintillement radieux des fines pierreries,
berçant de douces rêveries au son des luths harmonieux, prêtant
volontiers les grâces de sa gentille personne aux rythmes élégants de
la gavotte et des tricotots, nullement insensible aux vers et aux
canzones, aimant l'amour comme on l'aime au printemps de la Yie,
avec un peu de libertinage sans doute, mais si subtil, si innocemment
raffiné, peu bigote, en ces temps de noire et dominante religion, et
ce sera l'une des causes de sa perte.
Peu bigote, et cependant c'est dans un couvent tout de rose
habillé qu'elle s'en est allée faire une retraite de quelques jours pour
se reposer des fatigues de la cour, couvent de décaméron où dans
l'incognito elle initie les nonnes, sans y penser à mal, aux douceurs
d'une danse de volupté décente et aux joies pures de toutes les pas-
sions du coeur. Ce n'est pas tout, elle y poursuit encore pour elle-
même un roman d'amour commencé avec un jeune trouvère qui
passait sur la route, Danielo, qu'aux heures où tout dort pieusement
dans la maison du Seigneur, elle introduit près d'elle, à l'aide d'un
balcon complice.
Et voici où le drame se noue. Ce Danielo est l'homme désigné par
la sainte Église pour assassiner la reine et faire rentrer ses états
sous le pouvoir rigide d'un pape indigné d'aussi graves débordements
étalés en pleine lumière. Danielo est donc là près d'elle, sans savoir
encore qu'elle est la victime désignée à son poignard de néophyte
enfiévré. Et c'est d'ailleurs par la fable d'un frère aimé, disparu, dit-
on, par les ordres de Fianimette elle-même, qu'on a armé le bras du
futur régicide. En attendant le jour marqué pour le meurtre, Danielo
oublie les sombres destinées dans les enchantements d'un jeune
amour partagé.
Fiammette est instruite à temps du complot tramé coatre ses
jours et elle y pare de la façon la plus spirituelle et la plus imprévue.
Sans prendre au tragique d'aussi terribles événements, elle ordonne
une grande fête en son palais, et c'est au milieu des danses folles et
des chansons de joie qu'elle laisse arriver librement jusqu'à elle
l'adoré et sinistre exécuteur des haute's oeuvres de la papauté. Et
quand il est derrière elle et lève son bras pour la frapper, elle se
retourne alors le sourire sur les lèvres et du bout de ses doigts roses
lui envoie un joli baiser. En reconnaissant dans la reine l'aimée mys-
térieuse, Danielo laisse échapper son poignard comme dans une
extase.
Mais la pauvre petite reine n'est pas au bout de ses peines.
Danielo, qui a prononcé des voeux monastiques, est réclamé comme
régicide par la justice du pape et va.payer de sa vie son renoncement
aux ordres reçus et non exécutés, à moins que Fiammette, pour le
sauver, n'abdique et ne laisse libre le trône de Bologne pour les
secrets desseins de l'Église. Elle le fait sans hésiter, et nous la
voyons égrener, par une fenêtre ouverte, les perles de sa petite cou-
ronne, cruelle jette à des bohémiens qui passent sur la route.
Croit-on que la vengeance du cardinal Sforza, le grand imagina-
teur de toutes ces intrigues, soit ainsi assouvie ? Pas du tout. Quand
la reine mignonne est ainsi dépourvue de tout pouvoir, il la fait
enfermer méchamment dans un couvent, puis juger et condamner à
la peine de la hache comme hérétique. Le jour du supplice, Danielo
arrive pour le partager avec elle, non sans avoir au préalable occis
l'insidieux et lugubre cardinal. Tous doux enlacés et le sourire aux
lèvres marchent alors vers le bourreau, en chantant leur tendresse
sur un chemin de fleurs qu'on leur jette au passage et au milieu
d'hymnes saints et de pieuse allégresse. C'est l'amour radieux et vain-
queur jusque dans la mort.
_ Voilà la trame brodée de vers ^étincelants et de fantaisies déli-
cieuses, sans négliger l'élévation de la pensée quand elle est néces-
saire, sur laquelle M. Catulle Mendès a versé tous les trésors d'une
imagination de poète généreuse et intarissable. Il a fait oeuvre d'art,
nous le répétons, et la Reine Fiammette restera comme une des meil-
leures tentatives qu'on ait faites en ces dernières années-pour briser
les moules du drame accoutumé et toujours bâti sur le même patron.
L'interprétation n'est pas supérieure, mais elle est grandement
suffisante et jamais nuisible, c'est déjà beaucoup. La voix de belle
sonorité grave de Mme Segond-Weber sied au rôle de Danielo, comme
la grâce souriante de Mlle Yahne plaît à celui de la reine Fiammette.
Enc ire que la musique des vers, inusitée pour elle, semble l'inquiéter
parfois et qu'elle n'y trouve pas son franc parler comme dans l'ordi-
naire prose, il faut reconnaître que la gentille artiste a bien trouvé le
caractère de fragilité douce qui convient au personnage, petite
ilamme que le moindre souffle doit éteindre, petite fleur qui doit
avoir la destinée des roses.
*
BOUFFES-PARISIENS. — Véronique, opérette en trois actes de MM. Vanloo et
Georges Duval, musique de M. ANDRÉ MESSAGER.
C'est une petite histoire visiblement inspirée de Paul de Kock.
Nous voilà reportés au temps du bon roi Louis-Philippe, au temps
pour les dames, des capotes où s'engouffraient les papillottes légères,
des manches à gigot, des châles croisés et des petits souliers décou-
verts à lacets s'enroulant sur le bas blanc bien tiré ; à celui pour les
dandys, des amples redingotes de toutes nuances, avec le pantalon à
sous-pied et l'escarpin verni à bout pointu, —une époque de cocagne
où le pactole coulait à bon marché dans les porte-monnaie, où
Gustave le mauvais sujet, nanti de cinq pauvres mille francs de
revenu, tenait brillamment le haut du pavé, fréquentait les dan-
seuses de l'Opéra et pouvait conduire dans les rues de Paris un élé-
gant tilbury avec un groom botté derrière lui, l'époque où l'on
conduisait les grisettes au bois de Romainville, où le déjeuner sur
l'herbe et l'âne bon enfant remplaçaient si avantageusement la Mai-
son dorée et le huit-ressorts deBinder.
Donc MM. Vanloo et Georges Duval, à la suite de Paul de Kock,
nous reportent vers cet âge d'or avec le jeune Florestan de Valain-
court, qui doit faire une fin le soir même, c'est-à-dire se marier par
ordre avunculaire : épouser Hélène de Solange ou se voir enfermer
sans merci dans la prison pour dettes à Clichy. Car ce Florestan se
fait gloire d'être tout aussi mauvais sujet que Gustave, dont il doit
être le proche cousin. En cette extrémité, il entend du moins enterrer
joyeusementsa vie de garçon .et, avec, quelques camarades, débauche
tout un atelier d'aimables fleuristes que précisément, seb-n la mode
du temps, il emmène en partie fine à Romainville, sans se douter que
sa fiancée prochaine, qu'il n'a jamais vue, s'est glissée, sous le nom
de Véronique, dans le troupeau des charmantes demoiselles pour le
mieux observer.
Vous n'auriez jamais vu d'opérette, si vous ne vous doutiez dès à
présent que Florestan s'éprend pour tout de bon de cette Véronique
et lui fait sur une balançoire, qui est aussi de l'époque, les plus
tendres serments, envoyant à tous les diables la fiancée qu'il doit
rencontrer le soir pour la première fois au palais des Tuileries. Et
alors vous entrevoyez aussi le troisième acte et la présentation des
deux amoureux en présence du roi. O joie! Véronique, c'est la fiancée
redoutée; la fiancée, c'est la Véronique tant aimée.
C'est sur ce canevas de fraîches couleurs que M. André Messager a
composé une fort élégante partition. On ne se doute pas de l'adresse
qu'il faut à un musicien pour trouver des inspirations et des idées
toujours nouvelles pour des couplets qui, la plupart du temps, vien-
nent sans raison et à la bonne franquette, ne portant en eux aucun
germe musical. M. Messager se montre très ingénieux en ces petits
exercices badins, et quand il tombe sur un ensemble qui lui per-
met d'affirm- r mieux ses charmantes qualités de musicien, il y
réussit alors tout à fait, tant la coupe en reste heureuse et bien pro-
portionnée dans sa légèreté. Il y a, sous ce rapport, dans Véronique,
de petites merveilles d'heureuse invention.
Le rôle d'Hélène de Solange, -du genre des simples ingénues, ne
convient pas tout à fait à MIle Mariette Sully à laquelle un peu de
gracieuse excentricité ne messied pas. On a pu le voir dans la Poupée.
Elle est plutôt la descendante de Mme Judic que celle de M 110 Rei-
chemberg. Ceci ne veut pas dire qu'elle ne soit charmante dans Véro-
nique, mais on n'a pu y apprécier son talent de finesse sous toutes ses
faces. Mme Tariol-Baugé a de l'expérience, peut-être trop longtemps
acquise sur les scènes de province, mais, comme elle est intelligente,
elle arrive peu à peu à prendre le véritable ton parisien, et c'est de
plus une chanteuse des plus agréables. MUe Laporte est amusante et
trouve de gais compères en MM. Regnard, Maurice Lamy et Brunais.
Quant à M. Jean Périer, il est le Capoul ae la maison. Voix très pre-
nante, musicien adroit, grande élégance et belle distinction. En voila
bien plus qu'il ne faut pour un héros d'opérette. H. MORENO.
LE MÉNESTREL
forfaiture dramatique. Et voilà cinquante ans que nous vivons sur ce
code froidasse d'arithmétique et que nous en mourons souvent d'ennui.
Non, le théâtre, ce n'est pas cela ; le théâtre, c'est la fantaisie, c'est la
liberté d'imagination, et il n'y a pas de règles, il n'y a pas de formes,
ô Bridoisons de dure férule. ïl n'y a que du talent, et il faut y
applaudir quand on le rencontre, il n'y a que de la nouveauté qui
doit se renouveler sans cesse et il faut savourer ce fruit rare quand
on nous le présente. Voilà pourquoi ce fut un régal délicieux que
cette soirée d'art passée aux parages lointains de cet Odéon, dont le
succès va rapprocher toutes distances.
Conte d'amour !
Sur un royaume imaginaire de la riante Italie, — le poète dit à
Bologne, et nous n'y voulons, certes, contredire, — règne la reine
Fiammette, petite ilamme, petite reine de plaisirs, vivant dans le
parfum des fleurs et le scintillement radieux des fines pierreries,
berçant de douces rêveries au son des luths harmonieux, prêtant
volontiers les grâces de sa gentille personne aux rythmes élégants de
la gavotte et des tricotots, nullement insensible aux vers et aux
canzones, aimant l'amour comme on l'aime au printemps de la Yie,
avec un peu de libertinage sans doute, mais si subtil, si innocemment
raffiné, peu bigote, en ces temps de noire et dominante religion, et
ce sera l'une des causes de sa perte.
Peu bigote, et cependant c'est dans un couvent tout de rose
habillé qu'elle s'en est allée faire une retraite de quelques jours pour
se reposer des fatigues de la cour, couvent de décaméron où dans
l'incognito elle initie les nonnes, sans y penser à mal, aux douceurs
d'une danse de volupté décente et aux joies pures de toutes les pas-
sions du coeur. Ce n'est pas tout, elle y poursuit encore pour elle-
même un roman d'amour commencé avec un jeune trouvère qui
passait sur la route, Danielo, qu'aux heures où tout dort pieusement
dans la maison du Seigneur, elle introduit près d'elle, à l'aide d'un
balcon complice.
Et voici où le drame se noue. Ce Danielo est l'homme désigné par
la sainte Église pour assassiner la reine et faire rentrer ses états
sous le pouvoir rigide d'un pape indigné d'aussi graves débordements
étalés en pleine lumière. Danielo est donc là près d'elle, sans savoir
encore qu'elle est la victime désignée à son poignard de néophyte
enfiévré. Et c'est d'ailleurs par la fable d'un frère aimé, disparu, dit-
on, par les ordres de Fianimette elle-même, qu'on a armé le bras du
futur régicide. En attendant le jour marqué pour le meurtre, Danielo
oublie les sombres destinées dans les enchantements d'un jeune
amour partagé.
Fiammette est instruite à temps du complot tramé coatre ses
jours et elle y pare de la façon la plus spirituelle et la plus imprévue.
Sans prendre au tragique d'aussi terribles événements, elle ordonne
une grande fête en son palais, et c'est au milieu des danses folles et
des chansons de joie qu'elle laisse arriver librement jusqu'à elle
l'adoré et sinistre exécuteur des haute's oeuvres de la papauté. Et
quand il est derrière elle et lève son bras pour la frapper, elle se
retourne alors le sourire sur les lèvres et du bout de ses doigts roses
lui envoie un joli baiser. En reconnaissant dans la reine l'aimée mys-
térieuse, Danielo laisse échapper son poignard comme dans une
extase.
Mais la pauvre petite reine n'est pas au bout de ses peines.
Danielo, qui a prononcé des voeux monastiques, est réclamé comme
régicide par la justice du pape et va.payer de sa vie son renoncement
aux ordres reçus et non exécutés, à moins que Fiammette, pour le
sauver, n'abdique et ne laisse libre le trône de Bologne pour les
secrets desseins de l'Église. Elle le fait sans hésiter, et nous la
voyons égrener, par une fenêtre ouverte, les perles de sa petite cou-
ronne, cruelle jette à des bohémiens qui passent sur la route.
Croit-on que la vengeance du cardinal Sforza, le grand imagina-
teur de toutes ces intrigues, soit ainsi assouvie ? Pas du tout. Quand
la reine mignonne est ainsi dépourvue de tout pouvoir, il la fait
enfermer méchamment dans un couvent, puis juger et condamner à
la peine de la hache comme hérétique. Le jour du supplice, Danielo
arrive pour le partager avec elle, non sans avoir au préalable occis
l'insidieux et lugubre cardinal. Tous doux enlacés et le sourire aux
lèvres marchent alors vers le bourreau, en chantant leur tendresse
sur un chemin de fleurs qu'on leur jette au passage et au milieu
d'hymnes saints et de pieuse allégresse. C'est l'amour radieux et vain-
queur jusque dans la mort.
_ Voilà la trame brodée de vers ^étincelants et de fantaisies déli-
cieuses, sans négliger l'élévation de la pensée quand elle est néces-
saire, sur laquelle M. Catulle Mendès a versé tous les trésors d'une
imagination de poète généreuse et intarissable. Il a fait oeuvre d'art,
nous le répétons, et la Reine Fiammette restera comme une des meil-
leures tentatives qu'on ait faites en ces dernières années-pour briser
les moules du drame accoutumé et toujours bâti sur le même patron.
L'interprétation n'est pas supérieure, mais elle est grandement
suffisante et jamais nuisible, c'est déjà beaucoup. La voix de belle
sonorité grave de Mme Segond-Weber sied au rôle de Danielo, comme
la grâce souriante de Mlle Yahne plaît à celui de la reine Fiammette.
Enc ire que la musique des vers, inusitée pour elle, semble l'inquiéter
parfois et qu'elle n'y trouve pas son franc parler comme dans l'ordi-
naire prose, il faut reconnaître que la gentille artiste a bien trouvé le
caractère de fragilité douce qui convient au personnage, petite
ilamme que le moindre souffle doit éteindre, petite fleur qui doit
avoir la destinée des roses.
*
BOUFFES-PARISIENS. — Véronique, opérette en trois actes de MM. Vanloo et
Georges Duval, musique de M. ANDRÉ MESSAGER.
C'est une petite histoire visiblement inspirée de Paul de Kock.
Nous voilà reportés au temps du bon roi Louis-Philippe, au temps
pour les dames, des capotes où s'engouffraient les papillottes légères,
des manches à gigot, des châles croisés et des petits souliers décou-
verts à lacets s'enroulant sur le bas blanc bien tiré ; à celui pour les
dandys, des amples redingotes de toutes nuances, avec le pantalon à
sous-pied et l'escarpin verni à bout pointu, —une époque de cocagne
où le pactole coulait à bon marché dans les porte-monnaie, où
Gustave le mauvais sujet, nanti de cinq pauvres mille francs de
revenu, tenait brillamment le haut du pavé, fréquentait les dan-
seuses de l'Opéra et pouvait conduire dans les rues de Paris un élé-
gant tilbury avec un groom botté derrière lui, l'époque où l'on
conduisait les grisettes au bois de Romainville, où le déjeuner sur
l'herbe et l'âne bon enfant remplaçaient si avantageusement la Mai-
son dorée et le huit-ressorts deBinder.
Donc MM. Vanloo et Georges Duval, à la suite de Paul de Kock,
nous reportent vers cet âge d'or avec le jeune Florestan de Valain-
court, qui doit faire une fin le soir même, c'est-à-dire se marier par
ordre avunculaire : épouser Hélène de Solange ou se voir enfermer
sans merci dans la prison pour dettes à Clichy. Car ce Florestan se
fait gloire d'être tout aussi mauvais sujet que Gustave, dont il doit
être le proche cousin. En cette extrémité, il entend du moins enterrer
joyeusementsa vie de garçon .et, avec, quelques camarades, débauche
tout un atelier d'aimables fleuristes que précisément, seb-n la mode
du temps, il emmène en partie fine à Romainville, sans se douter que
sa fiancée prochaine, qu'il n'a jamais vue, s'est glissée, sous le nom
de Véronique, dans le troupeau des charmantes demoiselles pour le
mieux observer.
Vous n'auriez jamais vu d'opérette, si vous ne vous doutiez dès à
présent que Florestan s'éprend pour tout de bon de cette Véronique
et lui fait sur une balançoire, qui est aussi de l'époque, les plus
tendres serments, envoyant à tous les diables la fiancée qu'il doit
rencontrer le soir pour la première fois au palais des Tuileries. Et
alors vous entrevoyez aussi le troisième acte et la présentation des
deux amoureux en présence du roi. O joie! Véronique, c'est la fiancée
redoutée; la fiancée, c'est la Véronique tant aimée.
C'est sur ce canevas de fraîches couleurs que M. André Messager a
composé une fort élégante partition. On ne se doute pas de l'adresse
qu'il faut à un musicien pour trouver des inspirations et des idées
toujours nouvelles pour des couplets qui, la plupart du temps, vien-
nent sans raison et à la bonne franquette, ne portant en eux aucun
germe musical. M. Messager se montre très ingénieux en ces petits
exercices badins, et quand il tombe sur un ensemble qui lui per-
met d'affirm- r mieux ses charmantes qualités de musicien, il y
réussit alors tout à fait, tant la coupe en reste heureuse et bien pro-
portionnée dans sa légèreté. Il y a, sous ce rapport, dans Véronique,
de petites merveilles d'heureuse invention.
Le rôle d'Hélène de Solange, -du genre des simples ingénues, ne
convient pas tout à fait à MIle Mariette Sully à laquelle un peu de
gracieuse excentricité ne messied pas. On a pu le voir dans la Poupée.
Elle est plutôt la descendante de Mme Judic que celle de M 110 Rei-
chemberg. Ceci ne veut pas dire qu'elle ne soit charmante dans Véro-
nique, mais on n'a pu y apprécier son talent de finesse sous toutes ses
faces. Mme Tariol-Baugé a de l'expérience, peut-être trop longtemps
acquise sur les scènes de province, mais, comme elle est intelligente,
elle arrive peu à peu à prendre le véritable ton parisien, et c'est de
plus une chanteuse des plus agréables. MUe Laporte est amusante et
trouve de gais compères en MM. Regnard, Maurice Lamy et Brunais.
Quant à M. Jean Périer, il est le Capoul ae la maison. Voix très pre-
nante, musicien adroit, grande élégance et belle distinction. En voila
bien plus qu'il ne faut pour un héros d'opérette. H. MORENO.
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