Titre : L'Univers illustré
Éditeur : Lévy (Paris)
Date d'édition : 1880-07-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328854407
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 16744 Nombre total de vues : 16744
Description : 03 juillet 1880 03 juillet 1880
Description : 1880/07/03 (A23,N1319). 1880/07/03 (A23,N1319).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5764842p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-2956
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
422
1/UNIVERS ILLUSTRE,
Par l'article 2, la commission sénatoriale affecté le palais à
un musée d'art.
Les journaux de la Suisse allemande annoncent qu'au
tunnel du Sai.nt-Gothard le mouvement des terres continue '
et menace la maçonnerie, malgré toutes les. précautions et
mesures prises pour en assurer la solidité..
On craint que la voûté dé gf&nit ne puisse résister à la
pression et ne cède à son tour; nombre de pierres sont fen-
dues, et la voûte elle-même «cotisé la' pression qu'elle
subit. . .
On étudie en ce moment iës moyens de prévenir de nou-
veaux éboulements, soit par une maçonnerie plus forte, soit
par un système de .voûtes ëti fer.
Les ingénieurs sont d'avis qu'iLn'ëgt pas d'âiitfè moyen
que celui de modifier ié tracé sur la.'partie menacée. . -
En tout cas, l'exploitation dii ttinbel sera retardée*
L'Académie a procédé'au renouvellement de son bureau
pour le trimestre dé.juillet' a octobres M. Sat-doti a été rem- .
placé par.M. Jules.]SMon"çétritiië directeur; M. ïàinë, par
M. Mézièr.es comme! Chahcëliè.r.;
Une nouvelle école; du type dé l'École TiirgôU sera ou-
verte à la rentrée prochaine, sous le"nom A'École Ardgo.
' On vient d'en achever la construction àï'ànglë dé là placé
du Trôné et du boulévàïd ÏJidérbU Ëilë aura coûté un iïiii^
lion, chiffre rond. Àibsi se trouvera porté a ciHCJ le nombre
des établissements similaires situés à Paris : École Ttirgôt,
École Lavoisier, École Goibert, École Js-B. Sây et .enfin
École Arâgo. *;'
Le Golos publie, sûr l'inauguration du monument dé
Pouschkine, un long article -■dont ,nôus extrayons le passage
suivant : ;
« Le grand rôle dé la France dans la civilisation du
monde né saurait être contesté à aucun point dé vue; Ce
pays occupe, depuis longtemps ci de plein dt-oit, la première
place dans l'histoire des peuples, place qu'il a su conquérir
par son génie humanitaire et par ses nombreux sacrifices
pour le progrès de l'humanité;
« 1! était impossible de supposer que la France ne se
montrât pas sympathique à la mémoire dti plus grand de nos
poètes, dont le nom et les oeuvres sont depuis longtemps,
connus dans ' le monde littéraire. L'ordre de la Légion
d'honneur, accordé au président de la Société littéraire de .
Moscou, ainsi que l'envoi de l'honorable M. Léger, en qua-
lité de délégué du gouvernement, français, nous prouvent à
quel point la grande natibh sait honorer les grands hommes.
« Nous sommes profondément reconnaissants au grand
peuple français des sentiments sympathiques dont lé digne
citoyen qui préside k ses destinées a envoyé l'expression à
notre fête nationale. »
Nous avons dit que le général Garfield avait été choisi, par
la convention de Chicago, comme candidat républicain aux
prochaines élections présidentielles des États-Unis. La con-
vention démocratique de Cincinnati vient, à son tour, de
Ghoisir lé;-général Hancock.
Le' général Hancock est né en 4 824, dans l'État de Pensyl-
vanie. Élève de l'école de Wést-Point, il prit part, dès le
début de sa carrière militaire, k la guerre des États-Unis
contre le Mexique.
En 4 864, il servait dans l'armée fédérale; il était brigadier
général et se distingua aux batailles de Williarnsburg,
Fredericksburg et Cbancëllorsville. A la fameuse bataille dé
Gèttysburg, il fut sérieusement blessé. En 4862, il comman-
dait le second corps dé l'armée du Potomac, et prit part k
d'autres grandes batailles et au siège de Petersburg. En
4866-68, il fut mis k la tété du département militaire du
Missouri.
M. Hancock, depuis sa sortie du service, était devenu un
personnage politique très actif.
Les démocrates ont choisi Comme candidat k la vice-pré-
sidence M. Williams Ènglish, de Pindiana.
La bataille définitive aura donc lieu, le 2 novembre pro-
chain, entre les généraux Gaaûeld et Hancock.
X. DACHKIIES.
SALON DE 1880
x
LES OUBLIÉS. — IMPRESSION GÉNÉRALE
Au moment où ces lignes paraîtront, le Salon de 1880
pe sera plus qu'un souvenir; les abords des portes
d'entrée conserveront seules quelque animation, due
aux voitures qui viendront remporter les tableaux dans
les ateliers ou dans les collections particulières. Nous .
devrions donc, à notre tour, imiter le silence prudent
de l'immortel Conrart; .ntais^voilàj nous nous aperce-
vons que notre carnet est encore surchargé dé notes
et que nous avons involontairement négligé dé parler
de certaines oeuvres sur lesquelles il y aurait à écrire
dés articles fort longs.
"Ainsi, comment avons-nous pu oublier les peintres
de nature morte, les Ghardins modernes, M; BÈRGERËT,
si exact, si patient, M; DÉLANOY, rivai des maîtres?'
Nous avons disserté sur lé paysage, mais hoh sur cette,
subdivision importante du paysage : la Mâtiné. Et
Voilà pourquoi nous n'àVOns rien dit dé V-Ëffèl dé brôuih
lard a Yport, par Mme ËLODÎELÀ. VILLÊTTE; Cette émi-
nentë artiste arrive àisufmôritef lés plus grandes dif-
ficultés; la brUme sur l'Océan rëftire ^- n'ést-il pas
Vrai? — dans la catégorie des choses insaisissables. On
dit communément aii sujet d'Un placement douteux :
mettre -son argent sur les brouillards de la Seine;
M""* la Viliètte "place son avenir■ sur les brouillards -
d'Ypoït, et, résultat bizarre, elle se trouve avoir fait,
une excellente — que dis-je? ■-*■ Une merveilleuse spé-
culation. ■.'.-.■■;'
M. EUGÈNE LAMBERT —- qui n'est pas le nléuié Lam-
bert, je suppose, que le-peintre dès Chats et dés tou-
tous — s'est promené sur lés rOGhèrs dé Villërviile, à
marée*basse; Quel délicieux moment! La mer, ëh se
retirant à laissé à nu les rochers Couverts d'algues qui
craquent sous le pied; dans les flaques d'êàu,salée
" nagent la crevette aux barbes effilées, la Ioohé à la
tête monstrueuse; le crabe se promène, p.ehchésur le
côté, comme un invalide qui aurait reçu Une blés-'
sure à là hanche; les jambles, les moulés, résistent à
la main qui veut les arracher à ieUr domicile; Pair est
saturé d'effluves vivifiantes; "on regardé la Vague; qui,
à quelques pas de la, se brise sans conviction, atten-
dant l'heure de la conquête prochaine et "du flux en-
vahissant.
Je retrouve dans ma mémoire : Une Farcey de
M. BOEDER, le Soir d'été à Champigny, par' KL ADIUEN
SCHULZ, Y Embâcle de lu Loire à Vitiebernier, par M. SCOTT.
Tout le monde connaissait le mot débâcle. Mais em-
bâcle!... Il a fallu les neiges que nous avons vues pour
nous familiariser avec le terrible dictionnaire de
l'hiver. •
En peinture, la neige est une banalité; M. Scott a
donné aux frimas une distinction qui leur manque
souvent.
Section des portraits : la charmante fil le du Dr Calvo,
désignée seulement par des initiales. M. Bnicôuxnous
en voudrait de respecter cet anonyme. Nous serions
désolé, nous aussi, de ne pas commettre une indiscré-
tion. Le modèle çst ravissant, et le portrait aussi.
M. CAUCHOIS n'expose .que des tableaux négociés à
l'avance : fameux éloge! La Collision près le Mannehen-
Pis appartient à M. Kriegelstein ; le panneau Ayant et
Après fait partie des richesses de M. Lhermitte. Si
j'avais l'avantage de connaître ces messieurs, je leur
conseillerais d'augmenter leurs acquisitions de quel-
ques oeuvres de M. GOUPIL. Ce peintre délicat a in-
terprété avec un-sentiment et une. vérité rares LeDer-
nier Jour de captivité de Mm° Roland.
Il était, au Salon, une galerie extérieure que les,
mauvaises langues avaient surnommée l'Exposition des
refusés. Bien peu de personnes se hasardaient dans
ces parages, dont on se défiait comme s'ils avaient
exhalé la fièvre pestilentielle des Marais Pontins, La
solitude et la paix régnaient là ; on y pouvait rester
des heures entières sans apercevoir l'ombre d'un visi-
teur. C'était le Sahara transporté à l'entrée des Champs-
Elysées, sous la même latitude que les Concerts fies-
selièvre et que les Chevaux de Marly. Nulle source
bienfaisante n'y versait sa douce fraîcheur; nulle ca-
ravane, montée à dos de chameaux, ne traversait ces
déserts brûlants. Les membres du jury n'y venaient
point contempler leurs victimes; ou respirait là on ne
sait quelle odeur dp moisissure, de vétusté opiniâtre,
un parfum rance et odieux. Les'rares étrangers qui
s'aventuraient dans ces parages s'y faisaient conduire
par des guides,* comme s'il s'était agi de pénétrer
dans les catacombes de Rome ou d'escalader le Mont
Blanc; les. gardiens s'égaraient eux-mêmes, gémis-
saient, appelaient au secours. Quelques-uns de ces
infortunés^ recueillis trop tard, expiraient sans pouvoir
indiquer ielirs noms ni leurs demeures, et ils étaient
Conduits à la Morgue; faute de renseignements plus
précis; Les journaux de ces derniers mois sont pleins
d'àecidelits semblables.
Nous avons affronté, pour lés lecteurs de..L'Univers
illustré, les dangers de l'Exposition hors barrière; nous
voici dé retour, sain et sauf, de cette périlleuse excur-
sion; nôuS né voudrions pas la recommencer.
SUr les trois mille tableaux qui grouillaient au grand
air et dans là fumée des cigares, il y avait;bien dix
toiles capables d'arrêter un connaisseur. Certaines in-
justices commises le premier jour avaient; été vite
réparées; par exemple* on avait « amnistié »;M. GOE-
NEUTTË, relégué d'abord dans Une espèce de Nouvelle-
Calédonie entre une femme sans tête et un plat d'épi-
nafds. M* GoehëUtté, en dépit des malechanqes de la
destinée* s'était fait un petit succès avec là Soupe du
matin, distribuée chez Brébànt. La scène était pitto-
resque; des files de déguenillés, stationnant à la porte
du restaurateur des lettres, cela n'est connu; que des
gens vertueux, qui aiment à voir lever l'aurore.
M: Goeuèdtte avait signé également un joli portrait
de femme à demi voilée, vêtue de deuil;.celte mys-
térieuse inconnue nOus plaisait infiniment.
Les Voisins dé M. Goeneutte étaient, pour la plupart,
de nobles inconnus.
Je transcris mes impressions telles quelles :
Mi Ki.îNKÉMiiEiiG : Vues de Rotterdam et de la Haye,
faites avec des cartes à jouer. Je crois distinguer le
valet de pique, la dame de carreau, etc., etc.
M..RENOIR S Pêcheuses de moules; sorte de chromoli-
thographie' qui n'a pas abouti. , . ' ". j
M. SÉBILLOT : Les Herbiers de Saint-Gast. Ce serait
très bien si l'eau n'était solide et la terre liquide. Il
aurait fallu l'effet contraire.
M. LEJOUTEUX : La Vallée de Bourgueil. Accouplement
de vert et dé jaune; lointains plais et profonds. Du
Cllintreuiî, de l'époque 6ù ce peintre était contesté et
i paraissait mal en point pour une apothéose finale.
M, PATA : Alger en sucre candi; recommandé aux
confiseurs.
M. EMILE BENASSIT : La Petite'Entrée. Sujet qlii aurait
demandé le pinceau d'un Fichei ou d'un Meïssonier.
Un grand seigneur, descendu de sa chaise à porteurs,
profile de la clef qui lui a été laissée pour pénétrer
dans un pavillon où l'attendent, je supposé, toutes
sortes de douceurs. Les souvenirs de Crébillon fils im-
prègnent cette toile; on croirait lire une page du So-
pha ou tin conte de Duclos : Zirphile et Acajou.
M. Emile Benassit connaît sur le bout de sohjdoigt ce
Siècle de volupté élégante qui s'appelait le xvme siècle.
M. NAVLET : Sombres Nouvelles de Wissembourq. Des
cuirassiers', furieux de la défaite de leurs camarades,
s'apprêtent à charger un ennemi invisible. Idée hé-
roïque; l'exécution fait défaut. M. Navlet a de l'imagi-
nation, pas encore assez de métier.
M. CHENNEVIÈRE : A la Cantine. Amusant petit tableau
de genre militaire. Dans le désoeuvrement d'une ca-
serne, un sergent chevronné lit le journal à;un sou,*
en fumant une pipe et en dégustant un mazagran
d'occasion; des volontaires d'un an soupentà une table
séparée. Si cela ne manquait un peu de finesse de
touche, ce serait excellent.
Je n'ai pu retrouver sur le livret le nom du peintre
qui a dessiné des Vendéens se préparant au combat.
Les paroisses accourent à l'appel du tocsin; les femmes
cousent des scapulaires sur la veste des combattants.
Il y a de la composition là-dedans, peu de couleur,
du mouvement et des idées.
| J'ai fini. Maintenant je cherche à dégager une im-
j pression générale de cette série d'études sur le Salon.
1/UNIVERS ILLUSTRE,
Par l'article 2, la commission sénatoriale affecté le palais à
un musée d'art.
Les journaux de la Suisse allemande annoncent qu'au
tunnel du Sai.nt-Gothard le mouvement des terres continue '
et menace la maçonnerie, malgré toutes les. précautions et
mesures prises pour en assurer la solidité..
On craint que la voûté dé gf&nit ne puisse résister à la
pression et ne cède à son tour; nombre de pierres sont fen-
dues, et la voûte elle-même «cotisé la' pression qu'elle
subit. . .
On étudie en ce moment iës moyens de prévenir de nou-
veaux éboulements, soit par une maçonnerie plus forte, soit
par un système de .voûtes ëti fer.
Les ingénieurs sont d'avis qu'iLn'ëgt pas d'âiitfè moyen
que celui de modifier ié tracé sur la.'partie menacée. . -
En tout cas, l'exploitation dii ttinbel sera retardée*
L'Académie a procédé'au renouvellement de son bureau
pour le trimestre dé.juillet' a octobres M. Sat-doti a été rem- .
placé par.M. Jules.]SMon"çétritiië directeur; M. ïàinë, par
M. Mézièr.es comme! Chahcëliè.r.;
Une nouvelle école; du type dé l'École TiirgôU sera ou-
verte à la rentrée prochaine, sous le"nom A'École Ardgo.
' On vient d'en achever la construction àï'ànglë dé là placé
du Trôné et du boulévàïd ÏJidérbU Ëilë aura coûté un iïiii^
lion, chiffre rond. Àibsi se trouvera porté a ciHCJ le nombre
des établissements similaires situés à Paris : École Ttirgôt,
École Lavoisier, École Goibert, École Js-B. Sây et .enfin
École Arâgo. *;'
Le Golos publie, sûr l'inauguration du monument dé
Pouschkine, un long article -■dont ,nôus extrayons le passage
suivant : ;
« Le grand rôle dé la France dans la civilisation du
monde né saurait être contesté à aucun point dé vue; Ce
pays occupe, depuis longtemps ci de plein dt-oit, la première
place dans l'histoire des peuples, place qu'il a su conquérir
par son génie humanitaire et par ses nombreux sacrifices
pour le progrès de l'humanité;
« 1! était impossible de supposer que la France ne se
montrât pas sympathique à la mémoire dti plus grand de nos
poètes, dont le nom et les oeuvres sont depuis longtemps,
connus dans ' le monde littéraire. L'ordre de la Légion
d'honneur, accordé au président de la Société littéraire de .
Moscou, ainsi que l'envoi de l'honorable M. Léger, en qua-
lité de délégué du gouvernement, français, nous prouvent à
quel point la grande natibh sait honorer les grands hommes.
« Nous sommes profondément reconnaissants au grand
peuple français des sentiments sympathiques dont lé digne
citoyen qui préside k ses destinées a envoyé l'expression à
notre fête nationale. »
Nous avons dit que le général Garfield avait été choisi, par
la convention de Chicago, comme candidat républicain aux
prochaines élections présidentielles des États-Unis. La con-
vention démocratique de Cincinnati vient, à son tour, de
Ghoisir lé;-général Hancock.
Le' général Hancock est né en 4 824, dans l'État de Pensyl-
vanie. Élève de l'école de Wést-Point, il prit part, dès le
début de sa carrière militaire, k la guerre des États-Unis
contre le Mexique.
En 4 864, il servait dans l'armée fédérale; il était brigadier
général et se distingua aux batailles de Williarnsburg,
Fredericksburg et Cbancëllorsville. A la fameuse bataille dé
Gèttysburg, il fut sérieusement blessé. En 4862, il comman-
dait le second corps dé l'armée du Potomac, et prit part k
d'autres grandes batailles et au siège de Petersburg. En
4866-68, il fut mis k la tété du département militaire du
Missouri.
M. Hancock, depuis sa sortie du service, était devenu un
personnage politique très actif.
Les démocrates ont choisi Comme candidat k la vice-pré-
sidence M. Williams Ènglish, de Pindiana.
La bataille définitive aura donc lieu, le 2 novembre pro-
chain, entre les généraux Gaaûeld et Hancock.
X. DACHKIIES.
SALON DE 1880
x
LES OUBLIÉS. — IMPRESSION GÉNÉRALE
Au moment où ces lignes paraîtront, le Salon de 1880
pe sera plus qu'un souvenir; les abords des portes
d'entrée conserveront seules quelque animation, due
aux voitures qui viendront remporter les tableaux dans
les ateliers ou dans les collections particulières. Nous .
devrions donc, à notre tour, imiter le silence prudent
de l'immortel Conrart; .ntais^voilàj nous nous aperce-
vons que notre carnet est encore surchargé dé notes
et que nous avons involontairement négligé dé parler
de certaines oeuvres sur lesquelles il y aurait à écrire
dés articles fort longs.
"Ainsi, comment avons-nous pu oublier les peintres
de nature morte, les Ghardins modernes, M; BÈRGERËT,
si exact, si patient, M; DÉLANOY, rivai des maîtres?'
Nous avons disserté sur lé paysage, mais hoh sur cette,
subdivision importante du paysage : la Mâtiné. Et
Voilà pourquoi nous n'àVOns rien dit dé V-Ëffèl dé brôuih
lard a Yport, par Mme ËLODÎELÀ. VILLÊTTE; Cette émi-
nentë artiste arrive àisufmôritef lés plus grandes dif-
ficultés; la brUme sur l'Océan rëftire ^- n'ést-il pas
Vrai? — dans la catégorie des choses insaisissables. On
dit communément aii sujet d'Un placement douteux :
mettre -son argent sur les brouillards de la Seine;
M""* la Viliètte "place son avenir■ sur les brouillards -
d'Ypoït, et, résultat bizarre, elle se trouve avoir fait,
une excellente — que dis-je? ■-*■ Une merveilleuse spé-
culation. ■.'.-.■■;'
M. EUGÈNE LAMBERT —- qui n'est pas le nléuié Lam-
bert, je suppose, que le-peintre dès Chats et dés tou-
tous — s'est promené sur lés rOGhèrs dé Villërviile, à
marée*basse; Quel délicieux moment! La mer, ëh se
retirant à laissé à nu les rochers Couverts d'algues qui
craquent sous le pied; dans les flaques d'êàu,salée
" nagent la crevette aux barbes effilées, la Ioohé à la
tête monstrueuse; le crabe se promène, p.ehchésur le
côté, comme un invalide qui aurait reçu Une blés-'
sure à là hanche; les jambles, les moulés, résistent à
la main qui veut les arracher à ieUr domicile; Pair est
saturé d'effluves vivifiantes; "on regardé la Vague; qui,
à quelques pas de la, se brise sans conviction, atten-
dant l'heure de la conquête prochaine et "du flux en-
vahissant.
Je retrouve dans ma mémoire : Une Farcey de
M. BOEDER, le Soir d'été à Champigny, par' KL ADIUEN
SCHULZ, Y Embâcle de lu Loire à Vitiebernier, par M. SCOTT.
Tout le monde connaissait le mot débâcle. Mais em-
bâcle!... Il a fallu les neiges que nous avons vues pour
nous familiariser avec le terrible dictionnaire de
l'hiver. •
En peinture, la neige est une banalité; M. Scott a
donné aux frimas une distinction qui leur manque
souvent.
Section des portraits : la charmante fil le du Dr Calvo,
désignée seulement par des initiales. M. Bnicôuxnous
en voudrait de respecter cet anonyme. Nous serions
désolé, nous aussi, de ne pas commettre une indiscré-
tion. Le modèle çst ravissant, et le portrait aussi.
M. CAUCHOIS n'expose .que des tableaux négociés à
l'avance : fameux éloge! La Collision près le Mannehen-
Pis appartient à M. Kriegelstein ; le panneau Ayant et
Après fait partie des richesses de M. Lhermitte. Si
j'avais l'avantage de connaître ces messieurs, je leur
conseillerais d'augmenter leurs acquisitions de quel-
ques oeuvres de M. GOUPIL. Ce peintre délicat a in-
terprété avec un-sentiment et une. vérité rares LeDer-
nier Jour de captivité de Mm° Roland.
Il était, au Salon, une galerie extérieure que les,
mauvaises langues avaient surnommée l'Exposition des
refusés. Bien peu de personnes se hasardaient dans
ces parages, dont on se défiait comme s'ils avaient
exhalé la fièvre pestilentielle des Marais Pontins, La
solitude et la paix régnaient là ; on y pouvait rester
des heures entières sans apercevoir l'ombre d'un visi-
teur. C'était le Sahara transporté à l'entrée des Champs-
Elysées, sous la même latitude que les Concerts fies-
selièvre et que les Chevaux de Marly. Nulle source
bienfaisante n'y versait sa douce fraîcheur; nulle ca-
ravane, montée à dos de chameaux, ne traversait ces
déserts brûlants. Les membres du jury n'y venaient
point contempler leurs victimes; ou respirait là on ne
sait quelle odeur dp moisissure, de vétusté opiniâtre,
un parfum rance et odieux. Les'rares étrangers qui
s'aventuraient dans ces parages s'y faisaient conduire
par des guides,* comme s'il s'était agi de pénétrer
dans les catacombes de Rome ou d'escalader le Mont
Blanc; les. gardiens s'égaraient eux-mêmes, gémis-
saient, appelaient au secours. Quelques-uns de ces
infortunés^ recueillis trop tard, expiraient sans pouvoir
indiquer ielirs noms ni leurs demeures, et ils étaient
Conduits à la Morgue; faute de renseignements plus
précis; Les journaux de ces derniers mois sont pleins
d'àecidelits semblables.
Nous avons affronté, pour lés lecteurs de..L'Univers
illustré, les dangers de l'Exposition hors barrière; nous
voici dé retour, sain et sauf, de cette périlleuse excur-
sion; nôuS né voudrions pas la recommencer.
SUr les trois mille tableaux qui grouillaient au grand
air et dans là fumée des cigares, il y avait;bien dix
toiles capables d'arrêter un connaisseur. Certaines in-
justices commises le premier jour avaient; été vite
réparées; par exemple* on avait « amnistié »;M. GOE-
NEUTTË, relégué d'abord dans Une espèce de Nouvelle-
Calédonie entre une femme sans tête et un plat d'épi-
nafds. M* GoehëUtté, en dépit des malechanqes de la
destinée* s'était fait un petit succès avec là Soupe du
matin, distribuée chez Brébànt. La scène était pitto-
resque; des files de déguenillés, stationnant à la porte
du restaurateur des lettres, cela n'est connu; que des
gens vertueux, qui aiment à voir lever l'aurore.
M: Goeuèdtte avait signé également un joli portrait
de femme à demi voilée, vêtue de deuil;.celte mys-
térieuse inconnue nOus plaisait infiniment.
Les Voisins dé M. Goeneutte étaient, pour la plupart,
de nobles inconnus.
Je transcris mes impressions telles quelles :
Mi Ki.îNKÉMiiEiiG : Vues de Rotterdam et de la Haye,
faites avec des cartes à jouer. Je crois distinguer le
valet de pique, la dame de carreau, etc., etc.
M..RENOIR S Pêcheuses de moules; sorte de chromoli-
thographie' qui n'a pas abouti. , . ' ". j
M. SÉBILLOT : Les Herbiers de Saint-Gast. Ce serait
très bien si l'eau n'était solide et la terre liquide. Il
aurait fallu l'effet contraire.
M. LEJOUTEUX : La Vallée de Bourgueil. Accouplement
de vert et dé jaune; lointains plais et profonds. Du
Cllintreuiî, de l'époque 6ù ce peintre était contesté et
i paraissait mal en point pour une apothéose finale.
M, PATA : Alger en sucre candi; recommandé aux
confiseurs.
M. EMILE BENASSIT : La Petite'Entrée. Sujet qlii aurait
demandé le pinceau d'un Fichei ou d'un Meïssonier.
Un grand seigneur, descendu de sa chaise à porteurs,
profile de la clef qui lui a été laissée pour pénétrer
dans un pavillon où l'attendent, je supposé, toutes
sortes de douceurs. Les souvenirs de Crébillon fils im-
prègnent cette toile; on croirait lire une page du So-
pha ou tin conte de Duclos : Zirphile et Acajou.
M. Emile Benassit connaît sur le bout de sohjdoigt ce
Siècle de volupté élégante qui s'appelait le xvme siècle.
M. NAVLET : Sombres Nouvelles de Wissembourq. Des
cuirassiers', furieux de la défaite de leurs camarades,
s'apprêtent à charger un ennemi invisible. Idée hé-
roïque; l'exécution fait défaut. M. Navlet a de l'imagi-
nation, pas encore assez de métier.
M. CHENNEVIÈRE : A la Cantine. Amusant petit tableau
de genre militaire. Dans le désoeuvrement d'une ca-
serne, un sergent chevronné lit le journal à;un sou,*
en fumant une pipe et en dégustant un mazagran
d'occasion; des volontaires d'un an soupentà une table
séparée. Si cela ne manquait un peu de finesse de
touche, ce serait excellent.
Je n'ai pu retrouver sur le livret le nom du peintre
qui a dessiné des Vendéens se préparant au combat.
Les paroisses accourent à l'appel du tocsin; les femmes
cousent des scapulaires sur la veste des combattants.
Il y a de la composition là-dedans, peu de couleur,
du mouvement et des idées.
| J'ai fini. Maintenant je cherche à dégager une im-
j pression générale de cette série d'études sur le Salon.
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