Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-05-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42932 Nombre total de vues : 42932
Description : 21 mai 1922 21 mai 1922
Description : 1922/05/21 (N2030,T78). 1922/05/21 (N2030,T78).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5759078t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LES ANNALES
cette pièce obtient une telle approbation qu'on
n'ose plus l'écrire du tout, de peur de l'abîmer.
On se contente de ces petits succès de scé-
narios, peu fructueux au point de vue maté-
riel, mais qui ne laissent pas, au bout d'un
certain temps, d'augmenter notre bagage moral.
Je connais ainsi des auteurs qui, rapsodes
des cafés ou des salons, transmettent ainsi leurs
oeuvres par la tradition orale.
Et puis, une pièce est toujours si belle
avant d'être commencée!
Retardons le plus possible le moment des
rebutantes besognes, la description du mobilier
du premier acte, la liste complète des person-
nages, le nom qu'il faut trouver pour l'ami
confident, et tous les prénoms des valets de
chambre et des bonnes.
Et aussi, les sorties à motiver et les « Bon-
jour, madame ! » et « Bonjour, monsieur ! »
au début des scènes.
On ne s'embarrasse pas de ces odieux
détails quand on raconte son scénario.
TRISTAN BERNARD.
Le Retour de Santos-Dumont
Santos-Dumont!... Qu'il y a longtemps,
mon Dieu, que la foule n'avait épelé les quatre
syllabes de ce nom héroïque et légendaire!
J'AI en ma possession, depuis deux jours, une
brochure bien édifiante, propre à divertir
et à faire penser. Je ne sache pas qu'on la
trouve en librairie, et c'est dommage, car son
succès serait assuré. Je ne la céderais, quant à
moi, pour rien au monde et je me propose de
la faire richement relier. Pourtant, je ne suis
pas égoïste, et, si vous le voulez, nous la feuil-
letterons ensemble.
Elle s'intitule : Catalogue de lettres auto-
graphes, documents et manuscrits en vente aux
prix marqués à la librairie X... On lit, dans
le bas : « L'authenticité de toutes les pièces
est garantie. » Cet avis, qui nous rassure,
nous vaudra un plaisir sans mélange.
Je souhaiterais vivement connaître les clients
du libraire X... Pour des amateurs d'auto-
graphes, ils me paraissent avoir une culture
singulière. C'est ainsi que le libraire leur four-
nit des renseignements bibliographiques inédits
et fort curieux : Ferdinand Brunetière est un
« célèbre critique », Broca un « célèbre chi-
rurgien », Chattgarnier un « célèbre géné-
ral », Chaptal un « célèbre chimiste », Didot
un « célèbre imprimeur », Mme Sarah
Bernhardt une « célèbre tragédienne », et
l'impératrice Eugénie « l'épouse de Napo-
léon III ». Mais si Octave Feuillet est encore
un « célèbre romancier », M. Maurice Don-
nay n'est qu'un simple « auteur dramatique »,
et si Marie Du Boccage se trouve traitée de
« célèbre poétesse », Mme de Noailles s'en
tire avec cette mention imprévue : « roman-
cière, membre de l'Académie belge ». Pon-
sard est un « célèbre poète tragique », mais
Catulle Mendès n'est qu'un « romancier »
et Georges de Porto-Riche n'est que « l'au-
teur d'Amoureuse », sans le plus petit quali-
ficatif; et, pourtant, vous avez vu que le li-
braire X... n'était vas à court d'adjectifs...
Voici qu'il retentit à nouveau parmi nous, sol-
tant d'une éclipse ayant duré un septennat.
Pourquoi cet isolement subit, cette obscurité
soudaine, après une si éclatante notoriété)
Pourquoi Santos-Dumont avait-il quitté cette
France, ce Paris où on l'acclamait? La guerre,
oui... Mais d'autres raisons avaient déterminé
le célèbre Brésilien à s'exiler volontairement
de sa patrie d'adoption.
Dès les premiers mois des hostilités, Santos-
Dumont s'était retiré à Bénerville, entre Deau-
ville et Villers. Il avait fait installer une lu-
nette de grande dimension sur la plate-forme
de sa villa et, chaque fois que l'état de l'at-
mosphère le lui permettait, il se livrait à des
études astronomiques. Délassement peu dan-
gereux pour la sécurité nationale, n'est-ce pas?
Cependant, des patriotes malavisés prétendirent
que les agissements de l'aviateur étaient sus-
pects. Le mot d'espionnage fut prononcé. Il
fallut bien procéder à une enquête, qui, pour
discrète qu'elle fut, écoeura profondément
Santos-Dumont. Il ne voulut pas demeurer
davantage sur un sol où l'on mettait en doute
sa loyauté et regagna le Brésil. On assure qu'il
nous en garda longtemps rancune. A nous de
lui faire oublier jusqu'au souvenir de ces heures
pénibles en accueillant chaleureusement ce
grand ami de la France dont il fut et rede-
viendra l'idole...
Une ordonnance médicale signée Charcot,
c'est huit francs. Une circulaire lithographiée,
revêtue de la signature de Charles X (roi de
France), pièce rarissime dit la notice, qui ne
fut tirée qu'à quatre-vingts exemplaires, vingt-
cinq francs; cinq lignes autographes signées à
Jersey du proscrit de France Hugo Victor,
douze francs. Ah! jeunes génies de quatorze
ans, illustres poétesses en herbe qui rêvez de
trônes et de gloire, méditez avec L'Ecclésiaste
sur le vide des choses d'ici-bas, et n'écrivez
qu'à la machine. Ecoutez plutôt la triste mésa-
venture du bon maître Anatole France :
Il avait adressé à un jeune romancier que
je ne nommerai pas une préface manuscrite
pour un roman qui fit, il y a deux ans, quelque
bruit et qui, je crois, obtint un prix. Trois
lettres, particulièrement flatteuses, suivirent la
préface. Dans l'une, envoyée de La Béchel-
lerie, on lit ceci (extrait cité par le libraire) :
« Votre livre est un petit chef-d'oeuvre. Je
l'ai écrit à votre fils. Je lui aurais dit aussi
en quelle estime je tenais son père, si je
n'avais su quels liens de parenté l'attachaient
à vous. »
On ne reçoit pas, j'imagine, de telles lettres
d'Anatole France, d'aussi exquises, tous les
jours. Eh bien! le tout, préface et lettres, est
à vous, demain, pour quatre cents francs. Je
ne me permets pas une seconde d'imaginer
que l'auteur du roman, un écrivain que nous
estimons tous, ait manqué d'élégance au point
de céder au marchand, avec d'autres papiers
sans valeur, ces autographes. Il n'importe. Le
fait est là, laissant la porte ouverte aux com-
mentaires...
Le libraire X... vend également des feuil-
lets d'albums détachés... Nouveau prétexte à
Le Souvenir de Jean Aicard
Voici un an déjà que Jean Aicard est
mort... A cette occasion, ses exécuteurs testa-
mentaires et ses amis, MM. Paul Gaultier,
l'abbé Calvet, M. et Mme Paulin Bertrand,
ont fait célébrer un service commémoratif à
Saint-Sulpice en même temps que la Provence
s'unissait pour rendre hommage au poète dis-
paru.
Le maire de Solliès avait su se gagner la
sympathie de tout un peuple. Il eût pu se
parer du titre d'un de ses romans : Le Roi de
Camargue, car il était extrêmement populaire,
là-bas. M. Paul Maurel, qui l'a beaucoup
connu, nous rappelle que, chaque année, dans
un village des Maures, l'auteur de Maurh
était accueilli au son du tambourin par les pay-
sans et les chasseurs. De joyeuses agapes sui-
vaient, où chacun contait sa galéjade. Jean
Aicard était passé maître dans cet art, et il
troussait avec une verve incomparable d'étour-
dissantes histoires qui mettaient les convives en
joie.
Le plus amusant, dans ces réunions pitto-
resques, c'est que, parfois, un sous-préfet avait
comme voisin de table un authentique bracon-
nier. Le fonctionnaire, indulgent, — il avait
lu Maurin des Maures! — souriait aux con-
damnables prouesses dont le délinquant lui
rêverie! Après un dîner plus au moins
agréable, à l'heure du café, la maîtresse de
maison supplie le grand écrivain :
— Oh! mon cher maître, une pensée mé-
dite pour mon album. Je serais si heureuse!...
Et le cher maître, qui n'ose refuser, embêté
d'avoir à se montrer spirituel ou profond à
une heure où il souhaiterait digérer en paix,
livre péniblement la pensée demandée. Quel-
ques années passent, et vous trouvez, chez le
libraire X..., pour huit francs : « Regarder,
c'est être peintre. Souffrir, c'est être poète. »
Signé : Henry Bataille. — Pour trois francs:
« La sincérité est plus belle que la grâce. »
Signé : Le Bargy. — Pour dix-huit francs, un
record : « Les yeux humains fixés sur nos
yeux sont le symbole du mystère. » Signé :
Marcel Prévost.
Charmante époque, ne trouvez-vous pas ?
La vieille politesse française a dû mourir par
étouffement, une récente après-midi, dans le
Métro, alors que personne ne songeait à lui
céder une place assise.
Mais ce n'est pas le plus drôle. Le plus
drôle, ou le plus mélancolique si vous préférez,
c'est de songer que si ces autographes sont
vendus de deux à cinquante francs, par
exemple, ils n'ont sans doute pas été achetés
bien cher... Le libraire X... a des frais; il a
édité une brochure de trente-deux pages pour
allécher les amateurs. Et puis, il y a son bé-
néfice. Je sais parbleu bien que la vie est
chère et que les dîners les plus modestes sont
hors de prix, mais je ne crois pas tout de
même que la dame qui vendit pour vingt-neuf
francs Henry Bataille, Le Bargy et Marcel
Prévost ait gagné là seulement de quai, une
prochaine fois, offrir le thé et trois sandviches
à quelque poète notoire.
ANDRE LANG.
cette pièce obtient une telle approbation qu'on
n'ose plus l'écrire du tout, de peur de l'abîmer.
On se contente de ces petits succès de scé-
narios, peu fructueux au point de vue maté-
riel, mais qui ne laissent pas, au bout d'un
certain temps, d'augmenter notre bagage moral.
Je connais ainsi des auteurs qui, rapsodes
des cafés ou des salons, transmettent ainsi leurs
oeuvres par la tradition orale.
Et puis, une pièce est toujours si belle
avant d'être commencée!
Retardons le plus possible le moment des
rebutantes besognes, la description du mobilier
du premier acte, la liste complète des person-
nages, le nom qu'il faut trouver pour l'ami
confident, et tous les prénoms des valets de
chambre et des bonnes.
Et aussi, les sorties à motiver et les « Bon-
jour, madame ! » et « Bonjour, monsieur ! »
au début des scènes.
On ne s'embarrasse pas de ces odieux
détails quand on raconte son scénario.
TRISTAN BERNARD.
Le Retour de Santos-Dumont
Santos-Dumont!... Qu'il y a longtemps,
mon Dieu, que la foule n'avait épelé les quatre
syllabes de ce nom héroïque et légendaire!
J'AI en ma possession, depuis deux jours, une
brochure bien édifiante, propre à divertir
et à faire penser. Je ne sache pas qu'on la
trouve en librairie, et c'est dommage, car son
succès serait assuré. Je ne la céderais, quant à
moi, pour rien au monde et je me propose de
la faire richement relier. Pourtant, je ne suis
pas égoïste, et, si vous le voulez, nous la feuil-
letterons ensemble.
Elle s'intitule : Catalogue de lettres auto-
graphes, documents et manuscrits en vente aux
prix marqués à la librairie X... On lit, dans
le bas : « L'authenticité de toutes les pièces
est garantie. » Cet avis, qui nous rassure,
nous vaudra un plaisir sans mélange.
Je souhaiterais vivement connaître les clients
du libraire X... Pour des amateurs d'auto-
graphes, ils me paraissent avoir une culture
singulière. C'est ainsi que le libraire leur four-
nit des renseignements bibliographiques inédits
et fort curieux : Ferdinand Brunetière est un
« célèbre critique », Broca un « célèbre chi-
rurgien », Chattgarnier un « célèbre géné-
ral », Chaptal un « célèbre chimiste », Didot
un « célèbre imprimeur », Mme Sarah
Bernhardt une « célèbre tragédienne », et
l'impératrice Eugénie « l'épouse de Napo-
léon III ». Mais si Octave Feuillet est encore
un « célèbre romancier », M. Maurice Don-
nay n'est qu'un simple « auteur dramatique »,
et si Marie Du Boccage se trouve traitée de
« célèbre poétesse », Mme de Noailles s'en
tire avec cette mention imprévue : « roman-
cière, membre de l'Académie belge ». Pon-
sard est un « célèbre poète tragique », mais
Catulle Mendès n'est qu'un « romancier »
et Georges de Porto-Riche n'est que « l'au-
teur d'Amoureuse », sans le plus petit quali-
ficatif; et, pourtant, vous avez vu que le li-
braire X... n'était vas à court d'adjectifs...
Voici qu'il retentit à nouveau parmi nous, sol-
tant d'une éclipse ayant duré un septennat.
Pourquoi cet isolement subit, cette obscurité
soudaine, après une si éclatante notoriété)
Pourquoi Santos-Dumont avait-il quitté cette
France, ce Paris où on l'acclamait? La guerre,
oui... Mais d'autres raisons avaient déterminé
le célèbre Brésilien à s'exiler volontairement
de sa patrie d'adoption.
Dès les premiers mois des hostilités, Santos-
Dumont s'était retiré à Bénerville, entre Deau-
ville et Villers. Il avait fait installer une lu-
nette de grande dimension sur la plate-forme
de sa villa et, chaque fois que l'état de l'at-
mosphère le lui permettait, il se livrait à des
études astronomiques. Délassement peu dan-
gereux pour la sécurité nationale, n'est-ce pas?
Cependant, des patriotes malavisés prétendirent
que les agissements de l'aviateur étaient sus-
pects. Le mot d'espionnage fut prononcé. Il
fallut bien procéder à une enquête, qui, pour
discrète qu'elle fut, écoeura profondément
Santos-Dumont. Il ne voulut pas demeurer
davantage sur un sol où l'on mettait en doute
sa loyauté et regagna le Brésil. On assure qu'il
nous en garda longtemps rancune. A nous de
lui faire oublier jusqu'au souvenir de ces heures
pénibles en accueillant chaleureusement ce
grand ami de la France dont il fut et rede-
viendra l'idole...
Une ordonnance médicale signée Charcot,
c'est huit francs. Une circulaire lithographiée,
revêtue de la signature de Charles X (roi de
France), pièce rarissime dit la notice, qui ne
fut tirée qu'à quatre-vingts exemplaires, vingt-
cinq francs; cinq lignes autographes signées à
Jersey du proscrit de France Hugo Victor,
douze francs. Ah! jeunes génies de quatorze
ans, illustres poétesses en herbe qui rêvez de
trônes et de gloire, méditez avec L'Ecclésiaste
sur le vide des choses d'ici-bas, et n'écrivez
qu'à la machine. Ecoutez plutôt la triste mésa-
venture du bon maître Anatole France :
Il avait adressé à un jeune romancier que
je ne nommerai pas une préface manuscrite
pour un roman qui fit, il y a deux ans, quelque
bruit et qui, je crois, obtint un prix. Trois
lettres, particulièrement flatteuses, suivirent la
préface. Dans l'une, envoyée de La Béchel-
lerie, on lit ceci (extrait cité par le libraire) :
« Votre livre est un petit chef-d'oeuvre. Je
l'ai écrit à votre fils. Je lui aurais dit aussi
en quelle estime je tenais son père, si je
n'avais su quels liens de parenté l'attachaient
à vous. »
On ne reçoit pas, j'imagine, de telles lettres
d'Anatole France, d'aussi exquises, tous les
jours. Eh bien! le tout, préface et lettres, est
à vous, demain, pour quatre cents francs. Je
ne me permets pas une seconde d'imaginer
que l'auteur du roman, un écrivain que nous
estimons tous, ait manqué d'élégance au point
de céder au marchand, avec d'autres papiers
sans valeur, ces autographes. Il n'importe. Le
fait est là, laissant la porte ouverte aux com-
mentaires...
Le libraire X... vend également des feuil-
lets d'albums détachés... Nouveau prétexte à
Le Souvenir de Jean Aicard
Voici un an déjà que Jean Aicard est
mort... A cette occasion, ses exécuteurs testa-
mentaires et ses amis, MM. Paul Gaultier,
l'abbé Calvet, M. et Mme Paulin Bertrand,
ont fait célébrer un service commémoratif à
Saint-Sulpice en même temps que la Provence
s'unissait pour rendre hommage au poète dis-
paru.
Le maire de Solliès avait su se gagner la
sympathie de tout un peuple. Il eût pu se
parer du titre d'un de ses romans : Le Roi de
Camargue, car il était extrêmement populaire,
là-bas. M. Paul Maurel, qui l'a beaucoup
connu, nous rappelle que, chaque année, dans
un village des Maures, l'auteur de Maurh
était accueilli au son du tambourin par les pay-
sans et les chasseurs. De joyeuses agapes sui-
vaient, où chacun contait sa galéjade. Jean
Aicard était passé maître dans cet art, et il
troussait avec une verve incomparable d'étour-
dissantes histoires qui mettaient les convives en
joie.
Le plus amusant, dans ces réunions pitto-
resques, c'est que, parfois, un sous-préfet avait
comme voisin de table un authentique bracon-
nier. Le fonctionnaire, indulgent, — il avait
lu Maurin des Maures! — souriait aux con-
damnables prouesses dont le délinquant lui
rêverie! Après un dîner plus au moins
agréable, à l'heure du café, la maîtresse de
maison supplie le grand écrivain :
— Oh! mon cher maître, une pensée mé-
dite pour mon album. Je serais si heureuse!...
Et le cher maître, qui n'ose refuser, embêté
d'avoir à se montrer spirituel ou profond à
une heure où il souhaiterait digérer en paix,
livre péniblement la pensée demandée. Quel-
ques années passent, et vous trouvez, chez le
libraire X..., pour huit francs : « Regarder,
c'est être peintre. Souffrir, c'est être poète. »
Signé : Henry Bataille. — Pour trois francs:
« La sincérité est plus belle que la grâce. »
Signé : Le Bargy. — Pour dix-huit francs, un
record : « Les yeux humains fixés sur nos
yeux sont le symbole du mystère. » Signé :
Marcel Prévost.
Charmante époque, ne trouvez-vous pas ?
La vieille politesse française a dû mourir par
étouffement, une récente après-midi, dans le
Métro, alors que personne ne songeait à lui
céder une place assise.
Mais ce n'est pas le plus drôle. Le plus
drôle, ou le plus mélancolique si vous préférez,
c'est de songer que si ces autographes sont
vendus de deux à cinquante francs, par
exemple, ils n'ont sans doute pas été achetés
bien cher... Le libraire X... a des frais; il a
édité une brochure de trente-deux pages pour
allécher les amateurs. Et puis, il y a son bé-
néfice. Je sais parbleu bien que la vie est
chère et que les dîners les plus modestes sont
hors de prix, mais je ne crois pas tout de
même que la dame qui vendit pour vingt-neuf
francs Henry Bataille, Le Bargy et Marcel
Prévost ait gagné là seulement de quai, une
prochaine fois, offrir le thé et trois sandviches
à quelque poète notoire.
ANDRE LANG.
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