Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1886-02-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 février 1886 15 février 1886
Description : 1886/02/15 (SER5,A5,N10). 1886/02/15 (SER5,A5,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57560428
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
150
L'AMI DE L'ENFANCE
cela ne les écraserait pas, et elles ne se flétri-
raient pas,, s'il vous plaît, monsieur. Elles se-
raient toujours les images de quelque chose de
très joli et'de très agréable, et je pourrais m'ima-
giner...
-—. Oui, oui, vraiment? Mais justement vous
ne: devez ipas: vous imaginer, s'écria le monsieur,
enchanté d'être sii heureusement arrivé où il-
voulait en venir. Voilà justement la chose. Vous
nei'devez jamais vous imaginer.
— Vous ne; devez jamais, Cécile Jupe, ajouta
Thomas; Gradgrind sur ;un ton solennel, vous
permettre d'imaginer quoi que ce soit.
— Des faits, des faits, des faits ! D reprit l'au-
tre ;, et *-Des faits, des faits,; des faits ! s répéta
Gradgrind.:
« En toutes choses vous devez vous laisser
guider; et gouverner par lesfaits; dit le gentle-
man.. Nous espérons posséderav.ant peu un corps
délibérant-,. composé de: commissaires amis des
faits, qui forceront le peuple à respecter les faits
et> rien que les faits-. 11 faut bannir le mot ima-
gination à tout jamais. Vous n'en avez que faire.
Vous né devez rien avoir sous forme d'objet
d'oïnement ou d'utilité, qui soit en contradic-
tion avec lesifaitSi Vous,ne marchez pas en fait
sur des fleurs : donc on ne saurait vous per-
mettre de les fouler aux pieds sur un tapis, vous
ne voyez pas que les oiseaux ou les papillons des
climats lointains viennent se percher sur votre
faïence : donc on ne saurait vous permettre de
peindre sur votre faïence des oiseaux et des pa-
pillons étrangers. Vous ne rencontrez jamais un
quadrupède se promenant du haut en bas d'un
mur : donc vous ne devez pas représenter de
quadrupèdes sur vos murs. Vous devez affecter
à ces usages, continua le gentleman, des; com-
binaisons et des modifications (en couleurs pri-
mitives) de toutes les figures mathématiques
susceptibles de preuve et de démonstration.
Voilà en quoi consiste notre nouvelle déeou-
vertej voilà en quoi consiste le fait. Voilà en quoi
consiste le goût. »
L'enfant fit la révérence et s'assit. Elle était
très jeune, et l'aspect positif sous lequel le monde
venait de se présenter à elle parut l'effrayer.
« Maintenant, si M. Mac Choakumchild", dit le
gentleman eh se tournant vers le maître d'école,
veut bien donner sa première, leçon, je: serais
heureux, monsieur Gradgrind, d'accéder à votre
désir et d'étudier sa méthode 1. »
VARIÉTÉS
■■ L'ÉCOLE MATERNELLE A: L'EXPOSITION DU TRAVAIL
Nous sommes un peu en retard pour parler ici
de YExposilion du Travail, qui a eu lieu à
Paris, et qui est fermée depuis plusieurs se-
maines déjà. Mais Fespace nous a manqué jus-
qu'à' ce jour, et cependant la part de l'école
maternelle y était vraiment trop intéressante
pour que nous'ii?en disions pas au moins un
moi. -■
Puisque les petits enfants sont des travail-
leurs, il eût été bien injuste, n'esl-ce pas, de
leur refuser une place dans une Exposition du
Travail, pour les produits de leur naïve indus-
trie? C'est ce qu'ont pensé les organisateurs, qui,
dans le salon de la Ville de Paris, au milieu des
spéeimens.variés sortis des ateliers scolaires, des
dessins, modelages, etc., provenant des écoles
professionnelles et des'écoles primaires, toutau-
près.de ces dernières, avaient réservé un panneau
à l'école maternelle et aux travaux froebeliens.
Le cadre n'était pas large;: un petit nombre de
travaux d'élèves, cinq ou six exemplaires de
chaque sorte, ont pu y trouver place : je re-
grette que, pour suppléer au défaut d'espace sur
le mur, on n'eût pas pris le parti de réunir dans
des carions une série suffisamment complète de
dessins, piquages, lissages, tressages, décou-
pages, pliages, etc., qui aurait permis d'établir
des comparaisons, de caractériser la tendance,
et d'apprécier, les résultats obtenus. Toutefois,
il faut bien: observer que l'Exposition du Travail
n'était pas une Exposition scolaire spéciale/En
nous donnant une place,, on avait entendu sur-
tout maintenir le principe, on avait voulu que
l'école maternelle fit acte de présence : excel-
lente intention dont il faut être très reconnais-
sant aux organisateurs. Et, puisqu'on avait fait
cela pour nous,— je veux dire pour ^institution
à laquelle nous portons tous, à divers titres, un
si pressant intérêt —- c'eût élé ingratitude.à nous
de ne pas y jeter un coup d'oeil ; il ne pouvait pas
se faire, nous le répétons, que. votre journal et
le nôtre, le journal de l'école enfantine, ne con-
sacrât pas quelques colonnes à rendre compte de
la section des travaux enfantins. Au reste, très
limitée comme importance matérielle, cette ex-
position portait avec elle plus d'un enseignement.
Parmi les objets qui figuraient dans ce pan-
neau, les dessins, comme il est juste, tenaient
la place d'honneur.
La plupart de ces dessins attestaient du goût,
du soin; il est évident que lés enfants les ont
faits avec plaisir; et c'est là un point capital-
Mais il faut avouer qu'en général le trait, exé-
cuté aux crayons de couleur, manque de fer-
meté; les lignes sont tremblées et ne passent
pas exactement par les points définis. On me
trouvera peut-être un peu sévère... l'ensem-
ble est si gentil, a tant de: propreté et dç
fraîcheur! Oui; mais il est évident pour moi
que les petits artistes auxquels on a fait exé-
cuter ces dessins ont été mis trop vite aux corn-
i. Emprunté aux Lecturespédagogiques, par MM- nj;"
fodon et Guillaume et Mmo Kergomard. 1 vol. in-H'i
cart., .4fr. Hachette et C">.
L'AMI DE L'ENFANCE
cela ne les écraserait pas, et elles ne se flétri-
raient pas,, s'il vous plaît, monsieur. Elles se-
raient toujours les images de quelque chose de
très joli et'de très agréable, et je pourrais m'ima-
giner...
-—. Oui, oui, vraiment? Mais justement vous
ne: devez ipas: vous imaginer, s'écria le monsieur,
enchanté d'être sii heureusement arrivé où il-
voulait en venir. Voilà justement la chose. Vous
nei'devez jamais vous imaginer.
— Vous ne; devez jamais, Cécile Jupe, ajouta
Thomas; Gradgrind sur ;un ton solennel, vous
permettre d'imaginer quoi que ce soit.
— Des faits, des faits, des faits ! D reprit l'au-
tre ;, et *-Des faits, des faits,; des faits ! s répéta
Gradgrind.:
« En toutes choses vous devez vous laisser
guider; et gouverner par lesfaits; dit le gentle-
man.. Nous espérons posséderav.ant peu un corps
délibérant-,. composé de: commissaires amis des
faits, qui forceront le peuple à respecter les faits
et> rien que les faits-. 11 faut bannir le mot ima-
gination à tout jamais. Vous n'en avez que faire.
Vous né devez rien avoir sous forme d'objet
d'oïnement ou d'utilité, qui soit en contradic-
tion avec lesifaitSi Vous,ne marchez pas en fait
sur des fleurs : donc on ne saurait vous per-
mettre de les fouler aux pieds sur un tapis, vous
ne voyez pas que les oiseaux ou les papillons des
climats lointains viennent se percher sur votre
faïence : donc on ne saurait vous permettre de
peindre sur votre faïence des oiseaux et des pa-
pillons étrangers. Vous ne rencontrez jamais un
quadrupède se promenant du haut en bas d'un
mur : donc vous ne devez pas représenter de
quadrupèdes sur vos murs. Vous devez affecter
à ces usages, continua le gentleman, des; com-
binaisons et des modifications (en couleurs pri-
mitives) de toutes les figures mathématiques
susceptibles de preuve et de démonstration.
Voilà en quoi consiste notre nouvelle déeou-
vertej voilà en quoi consiste le fait. Voilà en quoi
consiste le goût. »
L'enfant fit la révérence et s'assit. Elle était
très jeune, et l'aspect positif sous lequel le monde
venait de se présenter à elle parut l'effrayer.
« Maintenant, si M. Mac Choakumchild", dit le
gentleman eh se tournant vers le maître d'école,
veut bien donner sa première, leçon, je: serais
heureux, monsieur Gradgrind, d'accéder à votre
désir et d'étudier sa méthode 1. »
VARIÉTÉS
■■ L'ÉCOLE MATERNELLE A: L'EXPOSITION DU TRAVAIL
Nous sommes un peu en retard pour parler ici
de YExposilion du Travail, qui a eu lieu à
Paris, et qui est fermée depuis plusieurs se-
maines déjà. Mais Fespace nous a manqué jus-
qu'à' ce jour, et cependant la part de l'école
maternelle y était vraiment trop intéressante
pour que nous'ii?en disions pas au moins un
moi. -■
Puisque les petits enfants sont des travail-
leurs, il eût été bien injuste, n'esl-ce pas, de
leur refuser une place dans une Exposition du
Travail, pour les produits de leur naïve indus-
trie? C'est ce qu'ont pensé les organisateurs, qui,
dans le salon de la Ville de Paris, au milieu des
spéeimens.variés sortis des ateliers scolaires, des
dessins, modelages, etc., provenant des écoles
professionnelles et des'écoles primaires, toutau-
près.de ces dernières, avaient réservé un panneau
à l'école maternelle et aux travaux froebeliens.
Le cadre n'était pas large;: un petit nombre de
travaux d'élèves, cinq ou six exemplaires de
chaque sorte, ont pu y trouver place : je re-
grette que, pour suppléer au défaut d'espace sur
le mur, on n'eût pas pris le parti de réunir dans
des carions une série suffisamment complète de
dessins, piquages, lissages, tressages, décou-
pages, pliages, etc., qui aurait permis d'établir
des comparaisons, de caractériser la tendance,
et d'apprécier, les résultats obtenus. Toutefois,
il faut bien: observer que l'Exposition du Travail
n'était pas une Exposition scolaire spéciale/En
nous donnant une place,, on avait entendu sur-
tout maintenir le principe, on avait voulu que
l'école maternelle fit acte de présence : excel-
lente intention dont il faut être très reconnais-
sant aux organisateurs. Et, puisqu'on avait fait
cela pour nous,— je veux dire pour ^institution
à laquelle nous portons tous, à divers titres, un
si pressant intérêt —- c'eût élé ingratitude.à nous
de ne pas y jeter un coup d'oeil ; il ne pouvait pas
se faire, nous le répétons, que. votre journal et
le nôtre, le journal de l'école enfantine, ne con-
sacrât pas quelques colonnes à rendre compte de
la section des travaux enfantins. Au reste, très
limitée comme importance matérielle, cette ex-
position portait avec elle plus d'un enseignement.
Parmi les objets qui figuraient dans ce pan-
neau, les dessins, comme il est juste, tenaient
la place d'honneur.
La plupart de ces dessins attestaient du goût,
du soin; il est évident que lés enfants les ont
faits avec plaisir; et c'est là un point capital-
Mais il faut avouer qu'en général le trait, exé-
cuté aux crayons de couleur, manque de fer-
meté; les lignes sont tremblées et ne passent
pas exactement par les points définis. On me
trouvera peut-être un peu sévère... l'ensem-
ble est si gentil, a tant de: propreté et dç
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que les petits artistes auxquels on a fait exé-
cuter ces dessins ont été mis trop vite aux corn-
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