Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1886-02-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 février 1886 15 février 1886
Description : 1886/02/15 (SER5,A5,N10). 1886/02/15 (SER5,A5,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57560428
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
L'AMI DE L'ENFANCE
ans. Ces ciseaux sont d'un bon marché inouï, et
j'espère'bien que, sans trop larder, toutes nos
écoles maternelles en seront pourvues. «Avant
de connaître ce genre de ciseaux, m'écrit la direc-
tricej j'avais essayé du découpage: avec les; doigts
et je n'en avais pas obtenu le résultat que j'en
attendais, parce que beaucoup d'enfants n'avaient
pas les ongles assez longs et que mon papier était
trop ferme.» H y ai du papier mince qui est très
propre au découpage avec les doigts;
« Vous nous engagez à faire passer à certaines
heures lès enfants de l'a classe enfantine dans la
section dès petits 1 pour que ceux-ci profitent à
leur tour des tables, m'écrit une sous-aireetrice;
je serais' bien heureuse de suivre votre conseil,
mais mâd'irëctriçe ne veut pas en entendre parler.
Que faire ?; D L'émo'uypir, la persuader, s'ingénier
surtout à ne pàsla froisser dans cette lutte pour
là boinié cause. Peut-être ne se croit-elle pas le
droit de faire cette innovation, qui pourrait être
jugée; subversive.
IV
Une directrice dicte un dessin à mesure qu'elle
l'exécute sur le tableau noir. Une ligne debout,
une ligne couchée, une ligne penchée; pas un
petit ne s'y trompe, il comprend. Voila du voca-
bulaire enfantin ! Voilà de l'école maternelle. A
l'école primaire, les enfants apprendront que leur
ligne,debout.a un autre nom : la ligne verticale;
que la ligue couchée (comme l'enfant clans son
ht) estune ligne horizontale, et que la ligne pen-
chée est une ligne oblique.
P. K,
•','.' LA BIBLIOTHÈQUE DE LA DIRECTRICE
'L'exagération de lu théorie utilitaire.
Fragment extrait des Temps difficilesi
de Charles DICKENS.
Charles Dickens; (1812-1870) est ; le plus cé-
lèbre, des romanciers anglais contemporains.
Tout' lé monde connaît ces oeuvres si atta-
chantes,, où l'imagination la plus riche s'allie
à une ; sensibilité pénétrante et à un humour
du meilleur alpï : Olivier Twist, NicholasNick-
ieby, Barnabe Rudge, le Marchand de curio-
sités, David Copperfield, Dombey et fils, la Pe-
tite Dorrit, etc. Un de ses derniers romans,
HardTimes (les Temps difficiles), est en quelque
sorte, dit M. Taine, un résumé de tous les au-
tres : « Dickens y attaque l'éducation fondée sur
les statistiques, sur les chiffres et sur les faits;
il y combat l'orgueil, la dureté, l'égoïsme, l'es-
prit positif et mercantile: il y donne le pas à
l'instinct sur le raisonnement, à l'intuition du
coeur sur la science positive. » La satire de
: l'éducation purement utilitaire, qui peut sembler
outrée dans certains traits, — car Dickens ne
connaît pas' la mesure et, se laisse facilement
emporter par sa verve, — n'en frappé pas moins
juste : M. Thomas Gradgrind n'est pas un simple
type de fantaisie, et les théories favorites de cet
apôtre du fait ont trouvé des avocats ailleurs
qu'en Angleterre. :
« Ce que je veux, ce sont des faits. N'ensei-
gnez à ces garçons et à ces filles rien autre chose
que des faits. Les faits sont la seule chose néces-
saire dans la vie. Né. plantez rien d'autre, déra-
cinez tout le reste. Vous ne pouvez former l'es-
prit d'une créature raisonnable qu'avec des faits :
aucune autre chose ne; lui sera jamais d'une
utilité quelconque. C'est le> principe d'après
lequel j'élève mes; propres enfants/ et c'est
là lé principe d'après lequel je veux qu'on
élève les enfants que voilà.. Attachez-vous aux
faits,( monsieur ! »
La scène se passe dans une salle d'école nue,
triste et monotone, et le doigt carré de l'orateur
donnait de l'autorité à ses observations en sou-
lignant chaque sentence par un trait sur la man-
che du maître d'école. Cette autorité était accrue
par le front carré de l'orateur, mur dont les
sourcils formaient la base, tandis qu'au-dessous
les yeux étaient largement encavés dans deux
trous noirs qu'ombrageaitlemur. Cette autorité
était accrue par la bouches de l'orateur, qui était
grande, mince et dure. Cette autorité était
accrue par la voix de l'orateur, qui était inflexi-
ble, sèche et impéralive. Celle autorité était
accrue par les cheveux de l'orateur, qui se héris-
saient sur les côtés de sa tête chauve, comme
une plantation de pins destinée à préserver du
vent la surface luisante du crâne, bosselée ainsi
■que la croûte d'un pâté aux prunes*'comme si
celle tête eût eu peine à contenir toute la dure
provision de faits qui y étaient, emmagasinés.
L'attitude obstinée de l'orateur, son habit carré,
ses jambes carrées, ses épaules carrées, jusqu'à
sa cravate, qui le prenait a la gorge d'une étreinte
peu accommodante, comme un fait brutal, tout
ajoutait à celte autorité.
« Dans cette vie, il ne nous faut que des faits,
monsieur, rien que des faits ! »
L'orateur et le maître d'école, et un troisième
personnage qui se trouvait avec eux, reculèrent
tous un peu pour mieux embrasser du regard le
plan incliné où se trouvaient rangés en ordre
les petits vases humains, prêts à recevoir les
grandes potées de faits qu'on allait verser en eux
pour les remplir jusqu'aux bords.
« Thomas Gradgrind, monsieur ! homme de
réalités. Homme de faits et de calculs. Homme
qui part de ce principe que deux et deux font
quatre et rien de plus, et qu'on n'amènera jamais
à concéder une fraction en sus. Thomas Grad-
grind, monsieur ! Thomas Gradgrind, avec une
règle et des balances, et la table de multipli-
cation toujours dans sa poche, monsieur, prêt à
peser et à mesurer n'importe quel morceau dP
1. Les Temps difficiles, traduit de l'anglais, 1 vol.
in-12, broché,i fr. 25. Hachette et G!°.
ans. Ces ciseaux sont d'un bon marché inouï, et
j'espère'bien que, sans trop larder, toutes nos
écoles maternelles en seront pourvues. «Avant
de connaître ce genre de ciseaux, m'écrit la direc-
tricej j'avais essayé du découpage: avec les; doigts
et je n'en avais pas obtenu le résultat que j'en
attendais, parce que beaucoup d'enfants n'avaient
pas les ongles assez longs et que mon papier était
trop ferme.» H y ai du papier mince qui est très
propre au découpage avec les doigts;
« Vous nous engagez à faire passer à certaines
heures lès enfants de l'a classe enfantine dans la
section dès petits 1 pour que ceux-ci profitent à
leur tour des tables, m'écrit une sous-aireetrice;
je serais' bien heureuse de suivre votre conseil,
mais mâd'irëctriçe ne veut pas en entendre parler.
Que faire ?; D L'émo'uypir, la persuader, s'ingénier
surtout à ne pàsla froisser dans cette lutte pour
là boinié cause. Peut-être ne se croit-elle pas le
droit de faire cette innovation, qui pourrait être
jugée; subversive.
IV
Une directrice dicte un dessin à mesure qu'elle
l'exécute sur le tableau noir. Une ligne debout,
une ligne couchée, une ligne penchée; pas un
petit ne s'y trompe, il comprend. Voila du voca-
bulaire enfantin ! Voilà de l'école maternelle. A
l'école primaire, les enfants apprendront que leur
ligne,debout.a un autre nom : la ligne verticale;
que la ligue couchée (comme l'enfant clans son
ht) estune ligne horizontale, et que la ligne pen-
chée est une ligne oblique.
P. K,
•','.' LA BIBLIOTHÈQUE DE LA DIRECTRICE
'L'exagération de lu théorie utilitaire.
Fragment extrait des Temps difficilesi
de Charles DICKENS.
Charles Dickens; (1812-1870) est ; le plus cé-
lèbre, des romanciers anglais contemporains.
Tout' lé monde connaît ces oeuvres si atta-
chantes,, où l'imagination la plus riche s'allie
à une ; sensibilité pénétrante et à un humour
du meilleur alpï : Olivier Twist, NicholasNick-
ieby, Barnabe Rudge, le Marchand de curio-
sités, David Copperfield, Dombey et fils, la Pe-
tite Dorrit, etc. Un de ses derniers romans,
HardTimes (les Temps difficiles), est en quelque
sorte, dit M. Taine, un résumé de tous les au-
tres : « Dickens y attaque l'éducation fondée sur
les statistiques, sur les chiffres et sur les faits;
il y combat l'orgueil, la dureté, l'égoïsme, l'es-
prit positif et mercantile: il y donne le pas à
l'instinct sur le raisonnement, à l'intuition du
coeur sur la science positive. » La satire de
: l'éducation purement utilitaire, qui peut sembler
outrée dans certains traits, — car Dickens ne
connaît pas' la mesure et, se laisse facilement
emporter par sa verve, — n'en frappé pas moins
juste : M. Thomas Gradgrind n'est pas un simple
type de fantaisie, et les théories favorites de cet
apôtre du fait ont trouvé des avocats ailleurs
qu'en Angleterre. :
« Ce que je veux, ce sont des faits. N'ensei-
gnez à ces garçons et à ces filles rien autre chose
que des faits. Les faits sont la seule chose néces-
saire dans la vie. Né. plantez rien d'autre, déra-
cinez tout le reste. Vous ne pouvez former l'es-
prit d'une créature raisonnable qu'avec des faits :
aucune autre chose ne; lui sera jamais d'une
utilité quelconque. C'est le> principe d'après
lequel j'élève mes; propres enfants/ et c'est
là lé principe d'après lequel je veux qu'on
élève les enfants que voilà.. Attachez-vous aux
faits,( monsieur ! »
La scène se passe dans une salle d'école nue,
triste et monotone, et le doigt carré de l'orateur
donnait de l'autorité à ses observations en sou-
lignant chaque sentence par un trait sur la man-
che du maître d'école. Cette autorité était accrue
par le front carré de l'orateur, mur dont les
sourcils formaient la base, tandis qu'au-dessous
les yeux étaient largement encavés dans deux
trous noirs qu'ombrageaitlemur. Cette autorité
était accrue par la bouches de l'orateur, qui était
grande, mince et dure. Cette autorité était
accrue par la voix de l'orateur, qui était inflexi-
ble, sèche et impéralive. Celle autorité était
accrue par les cheveux de l'orateur, qui se héris-
saient sur les côtés de sa tête chauve, comme
une plantation de pins destinée à préserver du
vent la surface luisante du crâne, bosselée ainsi
■que la croûte d'un pâté aux prunes*'comme si
celle tête eût eu peine à contenir toute la dure
provision de faits qui y étaient, emmagasinés.
L'attitude obstinée de l'orateur, son habit carré,
ses jambes carrées, ses épaules carrées, jusqu'à
sa cravate, qui le prenait a la gorge d'une étreinte
peu accommodante, comme un fait brutal, tout
ajoutait à celte autorité.
« Dans cette vie, il ne nous faut que des faits,
monsieur, rien que des faits ! »
L'orateur et le maître d'école, et un troisième
personnage qui se trouvait avec eux, reculèrent
tous un peu pour mieux embrasser du regard le
plan incliné où se trouvaient rangés en ordre
les petits vases humains, prêts à recevoir les
grandes potées de faits qu'on allait verser en eux
pour les remplir jusqu'aux bords.
« Thomas Gradgrind, monsieur ! homme de
réalités. Homme de faits et de calculs. Homme
qui part de ce principe que deux et deux font
quatre et rien de plus, et qu'on n'amènera jamais
à concéder une fraction en sus. Thomas Grad-
grind, monsieur ! Thomas Gradgrind, avec une
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cation toujours dans sa poche, monsieur, prêt à
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