Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1886-02-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 février 1886 15 février 1886
Description : 1886/02/15 (SER5,A5,N10). 1886/02/15 (SER5,A5,N10).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57560428
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE*
147
nous protestons même, lorsqu'il nous invite à
pratiquer le « self government ». C'est pour notre
pays une éducation à faire.
Une vingtaine de départements à peine avaient
répondu à l'appel de l'État, lorsque celui-ci par-
tageait lès frais de traitement et les frais de
tournées des inspectrices ; pôuvait^on espérer
que, l'Etat cessant de payer sa part, les dépar-
tements voteraient lé crédit tout entier?
L'année entière s'est écoulée sans amener dé
solution. Quelques départements ont continué
à voter la moitié des fonds; mais, qu'était-ce
que la moitié, lorsque la somme totale était tout
juste suffisante? La situation matérielle n?étail
pas teiiable, à plus forte raison ]a situation
morale. Là plupart des inspectrices ont dû re-
noncer à des fonctions qu'elles aimaient et
qu'elles Honoraient. Une fois encore, la femme
voyait se fermer devant elle une voie qui est
véritablement, essentiellement sienne.
Et l'enfant? Nous ne croyons; pas; que l'année
ait été bonne pour les écoles maternelles. Les
directrices n'ont su, pendant quelques mois,
d'où leur viendraient les conseils. A qui s'adres-
ser? L'inspectrice —par délicatesse-—s'abste-
nait d'ialler dans les écoles maternelles; l'inspec-
teur primaire — par délicatesse aussi r— ne se
hâtait pas de la remplacer. Pour comble;, dé dis-
grâce, le budget de l'inspection générale, sensir
blement diminué, n'a pas permis.aux inspectrices
de visiter toutes les.acàdémies; elles; ont même
dû se hâter dans celles qu'elles ont paycouruès. ,:<
En voyantF« avantage » qpé prenait jour après
jour l'enseignement primaire sur l'éducation
maternelle, là où-il n'est pas; à sa place, :. nous
aurions désespéré, sans notre foi indéracinable
dans la vitalité de l'idée. >
Nous avons eu raison d'avoir la foi. — On a
toujours raison d'avoir la foi. — Lé récent arrêté
ministériel rétablit le principe de l'inspection
départementale ■:. c'est tout, simplement l'école
maternelle remise entre les mains de la mère.
C'est le triomphe, dans un délai plus ou moins
rapproché, selon je-choix (les titulaires, de l'é'^
ducatiph.niàternelle sur l'instruction prématUr
née.. 11 .appartient maintenant aux départements
de prendre les mesures nécessaires pour faite
revivre l'institution ; TÉtat s'associera a leur
initiative, autant que le lui permettront' les réâr
sourçes budgétaires.
Pauline KERGOMA.RDi '■
PÉDAGOGIE
NOTES D'INSPECTION
I
Deux pièces: composent le local : un très grand;
prêau-refècloire très bien aménagé, une salle 1
d'exercices toute en longueur : gradins au fond;
une rangée de bancs latéraux adossée au mur de
chaque côté et, parallèlement à cette rangée
de bancs, une rangée de bancs et de tables.
Les petits, les plus petits même, sont assis
contre le mur, les autres aux tables; tous ontdesi
ardoises. Le modèle est placé au fond de la
classe, près du gradin ; les enfants le voient par
côté. Les trois maîtresses surveillent le dessin
des grands.
Pourquoi les pauvres petits ne sont-ils pas
a s'ébattre dans ce grand préau chauffé? Pour-
quoi une des maîtresses ne s'occupe-t-elle pas
d'eux spécialement? Pourquoi... la leçon de
dessin ■. a-i-ellè- été précédée d'une leçon d'é-
criture- pendant laquelle les enfants ont fait
« leur page x> ? Une vraie page dont chaque
ligne devait reproduire la phrase suivante :
«Les enfants sages sont heureux ». Elle est
bien appropriée, certes, cette phrase, mais...
elle est peut-être un peu trop longue pour
trouver sa place dans une seule ligne d'écriture
enfantine. En effet, beaucoup ont copié : « Les
enfants sages sont s, et au-dessous : « Les enfants
sages sont » et au-dessous encore : « Les enfants
sages sont »; d'autres, qui savent serrer, ont
écrit... oh 1 bien des choses, entre autres ceci :
« Les enfants sages sont heurerex »; . il y à
quinze lignes à la page (c'est une page de, fïn)!,
ils ont écrit quinze 1 fois : « Les 1 enfants sages
sont heurerex ». Autrefois,'; ces choses-là ne se
passaient que dans, certaines écoles primaires;
aujourd'hui, cela se passe aussi à l'école mater-
nelle. Progrès au rebours, c'est-à-dire recul.
Pourquoi?... Ces petits écoliers ont-ils au moins
à certaines heures des exercices manuels et des
jouets ? Hélas !' le matériel est rudimentàirc, et
il n'y a pas de jouets du tout ! Et, chose plus
triste, c'est que la directrice ne pense pas qu'il
soit raisonnable d'en demander. Le succès obtenu
vaudrait-il la lutte qu'il aurait coûtée? Les
instituteurs et les institutrices se plaignent de
ce que les enfants qui sortent de l'école mater-
nelle ne sont pas suffisamment avances, l'ins-
pection se fait l'écho de ces plaintes.
Vous le voyez IFécole maternelle devient fata-
lement une sôus-écôle primaire; les crèches,
partout où il y en a, deviendront fatalement aussi
des sous-écoles maternelles, c'est-à-dire des
sous-sous-écoles primaires. Pour/peu que' les
mamans s'y prêtent et qu'elles fassent des neuf
mois de gestation une préparation à la crèche,
notre cher petit monde est perdu!
Il
Dans une école maternelle de Paris, les enfants
se servent, pour découper, de ciseaux absolument
inoffensifs, que je n'aurais aucun scrupule à
mettre entre les mains d'enfants de deux ou trois
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nous protestons même, lorsqu'il nous invite à
pratiquer le « self government ». C'est pour notre
pays une éducation à faire.
Une vingtaine de départements à peine avaient
répondu à l'appel de l'État, lorsque celui-ci par-
tageait lès frais de traitement et les frais de
tournées des inspectrices ; pôuvait^on espérer
que, l'Etat cessant de payer sa part, les dépar-
tements voteraient lé crédit tout entier?
L'année entière s'est écoulée sans amener dé
solution. Quelques départements ont continué
à voter la moitié des fonds; mais, qu'était-ce
que la moitié, lorsque la somme totale était tout
juste suffisante? La situation matérielle n?étail
pas teiiable, à plus forte raison ]a situation
morale. Là plupart des inspectrices ont dû re-
noncer à des fonctions qu'elles aimaient et
qu'elles Honoraient. Une fois encore, la femme
voyait se fermer devant elle une voie qui est
véritablement, essentiellement sienne.
Et l'enfant? Nous ne croyons; pas; que l'année
ait été bonne pour les écoles maternelles. Les
directrices n'ont su, pendant quelques mois,
d'où leur viendraient les conseils. A qui s'adres-
ser? L'inspectrice —par délicatesse-—s'abste-
nait d'ialler dans les écoles maternelles; l'inspec-
teur primaire — par délicatesse aussi r— ne se
hâtait pas de la remplacer. Pour comble;, dé dis-
grâce, le budget de l'inspection générale, sensir
blement diminué, n'a pas permis.aux inspectrices
de visiter toutes les.acàdémies; elles; ont même
dû se hâter dans celles qu'elles ont paycouruès. ,:<
En voyantF« avantage » qpé prenait jour après
jour l'enseignement primaire sur l'éducation
maternelle, là où-il n'est pas; à sa place, :. nous
aurions désespéré, sans notre foi indéracinable
dans la vitalité de l'idée. >
Nous avons eu raison d'avoir la foi. — On a
toujours raison d'avoir la foi. — Lé récent arrêté
ministériel rétablit le principe de l'inspection
départementale ■:. c'est tout, simplement l'école
maternelle remise entre les mains de la mère.
C'est le triomphe, dans un délai plus ou moins
rapproché, selon je-choix (les titulaires, de l'é'^
ducatiph.niàternelle sur l'instruction prématUr
née.. 11 .appartient maintenant aux départements
de prendre les mesures nécessaires pour faite
revivre l'institution ; TÉtat s'associera a leur
initiative, autant que le lui permettront' les réâr
sourçes budgétaires.
Pauline KERGOMA.RDi '■
PÉDAGOGIE
NOTES D'INSPECTION
I
Deux pièces: composent le local : un très grand;
prêau-refècloire très bien aménagé, une salle 1
d'exercices toute en longueur : gradins au fond;
une rangée de bancs latéraux adossée au mur de
chaque côté et, parallèlement à cette rangée
de bancs, une rangée de bancs et de tables.
Les petits, les plus petits même, sont assis
contre le mur, les autres aux tables; tous ontdesi
ardoises. Le modèle est placé au fond de la
classe, près du gradin ; les enfants le voient par
côté. Les trois maîtresses surveillent le dessin
des grands.
Pourquoi les pauvres petits ne sont-ils pas
a s'ébattre dans ce grand préau chauffé? Pour-
quoi une des maîtresses ne s'occupe-t-elle pas
d'eux spécialement? Pourquoi... la leçon de
dessin ■. a-i-ellè- été précédée d'une leçon d'é-
criture- pendant laquelle les enfants ont fait
« leur page x> ? Une vraie page dont chaque
ligne devait reproduire la phrase suivante :
«Les enfants sages sont heureux ». Elle est
bien appropriée, certes, cette phrase, mais...
elle est peut-être un peu trop longue pour
trouver sa place dans une seule ligne d'écriture
enfantine. En effet, beaucoup ont copié : « Les
enfants sages sont s, et au-dessous : « Les enfants
sages sont » et au-dessous encore : « Les enfants
sages sont »; d'autres, qui savent serrer, ont
écrit... oh 1 bien des choses, entre autres ceci :
« Les enfants sages sont heurerex »; . il y à
quinze lignes à la page (c'est une page de, fïn)!,
ils ont écrit quinze 1 fois : « Les 1 enfants sages
sont heurerex ». Autrefois,'; ces choses-là ne se
passaient que dans, certaines écoles primaires;
aujourd'hui, cela se passe aussi à l'école mater-
nelle. Progrès au rebours, c'est-à-dire recul.
Pourquoi?... Ces petits écoliers ont-ils au moins
à certaines heures des exercices manuels et des
jouets ? Hélas !' le matériel est rudimentàirc, et
il n'y a pas de jouets du tout ! Et, chose plus
triste, c'est que la directrice ne pense pas qu'il
soit raisonnable d'en demander. Le succès obtenu
vaudrait-il la lutte qu'il aurait coûtée? Les
instituteurs et les institutrices se plaignent de
ce que les enfants qui sortent de l'école mater-
nelle ne sont pas suffisamment avances, l'ins-
pection se fait l'écho de ces plaintes.
Vous le voyez IFécole maternelle devient fata-
lement une sôus-écôle primaire; les crèches,
partout où il y en a, deviendront fatalement aussi
des sous-écoles maternelles, c'est-à-dire des
sous-sous-écoles primaires. Pour/peu que' les
mamans s'y prêtent et qu'elles fassent des neuf
mois de gestation une préparation à la crèche,
notre cher petit monde est perdu!
Il
Dans une école maternelle de Paris, les enfants
se servent, pour découper, de ciseaux absolument
inoffensifs, que je n'aurais aucun scrupule à
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