Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1887-07-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 01 juillet 1887 01 juillet 1887
Description : 1887/07/01 (A6,SER5,N19). 1887/07/01 (A6,SER5,N19).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57531485
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE
309
NOTIONS D'HISTOIRE NATURELLE
I.c Hanneton.
Montrer un hanneton, en faire observer les
différents organes; puis donner les détails de
moeurs par le récit suivant :
Sous les feuilles au printemps.
1
C'était à la fin d'une après-midi de juin. Une
petite chenille verte broutait sur une feuille
d'ormeau. « Ah! s'écria tout à coup la pauvre
bête, quel coup! que loinbe-l-il sur moi? Je
meurs, je suis morte! — Je vous demande mille
pardons, mademoiselle, répondit celui dont la
chute causait cet émoi. Je suis désolé de la
frayeur que je vous ai causée, mais vraiment, il
n'y a pas de ma faute. J'étais tranquillement
endormi sur une branchelte élevée, quand le
vent m'a fait chavirer el c'est ainsi que je suis
tombé sur vous, bien involontairement., comme
vous le voyez, pauvre chenille. »
La chenille, consolidée sur sa feuille el un peu
rassurée, se hasarda à lever la tête : « Tiens,
dit-elle,mais vous savez donc mon nom? —■ Sans
doute, sans doute, répondit l'autre d'un air
entendu, en se cramponnant ferme, piaulé en
face de la chenille. — Eh bien, je ne suis pas
aussi renseignée que vous, et j'ignore complète-
ment le vôtre. — Moi, on m'appelle le hanne-
lon. — Voilà un nom très singulier, aussi sin-
gulier que vous, ce qui n'est pas peu dire;
savez-vous que vous êtes très drôlement fait? Je
n'ai pas encore vu d'insecte comme vous. — Cela
vient de ce que vous êtes encore bien jeune,
ma petile amie, car mes frères sont assez nom-
breux pour que notre famille soit très connue.
— Peut-être, mais dites-moi donc, reprit la
chenille, en allongeant curieusement la tête,
qu'est-ce donc que vous portez comme cela, en
avant, au-dessus de vos deux grands yeux ? cela
ressemble presque aux cornes des limaçons, eu
beaucoup plus fin et joli, c'est vrai! — Ce que
vous appelez des cornes, ce sont mes antennes,
dit le hanneton en les redressant fièrement, elles
me servent à loucher ce qui m'entoure, elics me
désignent souvent, ce que mes yeux, si gros qu'ils
sont, ne pourraient voir; elles m'aident par
exemple à découvrir les feuilles les plus tendres,
elles m'avertissent même du danger. Quant à
mes yeux, ce n'est pas étonnant, qu'ils soient
gros, chacun est composé d'une quanlilé de
petits yeux serrés les uns à côté des autres,
ce qui fait, paraître que j'en ai seulement
deux.
— Que vous êtes heureux d'avoir des an-
tennes, soupira la chenille, et des pattes, car
vous avez des pattes, n'est-ce pas? je les ai 1res
bien vues loul à l'heure. — Certainement, j'en
ai six. — Eh... je crois bien que vous avez aussi
des ailes, dit la bêle rampante qui, pour mieux
voir, grimpait presque sur le dos du hanneton,
oui, vraiment, une, deux ailes ; mais comme elles
sont épaisses et dures, vous ne devez pas voler
facilement avec cela. —Deux ailes, ah! bien
oui, attendez, ma chère, répondit le hanneton
flatté par l'attention delà chenille, attendez! »
Et en disant cela, il souleva ses deux grosses
ailes brunes, et déplia deux magnifiques ailes
très fines que- la chenille n'avait pas vues tout
d'abord parce qu'elles étaient pliées et cachées
entièrement sous les premières. « Oh! les belles
ailes, les belles ailes, s'écria la chenille qui se
pâmait d'admiration ; pardon, encore une ques-
tion : qu'est-ce donc que ces tout petits trous
que j'aperçois de chaque côlé de votre corps? —
Ces petits trous me servent à respirer. —Ah!
merci... »
« C'est égal, reprit-elle après un moment, il
y a des animaux bien heureux sur la terre,
tandis que moi!... Dire que je n'aurai jamais
ni antennes, ni pattes, ni ailes. ■— En ôtes-vous
bien sûre, ma petite amie? Personne ne vous a
donc jamais renseignée? Eh bien, croyez-moi,
vous aurez un jour des antennes, des pattes, des
ailes, peut-être plus belles que les miennes;
que cjis-je, peut-être?... sans aucun doute, car,
d'après ce que j'ai entendu dire, vous serez un
jour un papillon. Il esl vrai qu'il faudra subir
bien dos changements comme moi, lorsque de ver
je suis devenu hanneton. — Vous, ver! moi,
papillon!... cria la pauvre chenille, ne sachant
plus ce qu'elle disait dans l'excès de sa surprise
et de sa joie ! Gomment cela pourrait-il se faire?
— Comment cela se fera-t-if pour vous, c'est ce
que je ne sais guère; mais comment cela s'est
fait pour moi, c'est ce dont je me souviendrai
toute ma vie..— Oh! racontez-le-moi bien vite ;
cela me servira peut-être à l'occasion. — Si vous
voulez être demain à celte même place, je vous
le dirai volontiers tout au long; pour aujour-
d'hui, assez causé; voilà le soleil tout à fait
couché, c'est, le moment où je me mets à manger
et à voltiger ; au revoir! » El le hanneton sou-
leva plusieurs fois ses grosses ailes pour faire
glisser de l'air le long de son corps, puis il prit
son vol et partiI.
Il
Le lendemain, la chenille n'eut garde de
manquer au rendez-vous, el elle y vint joyeuse
comme elle ne l'avait jamais été. Le hanneton
ne se fit guère attendre non plus; il commença
aussitôt: «Je crois que pour ne pas faire de
confusion, je vais prendre mon histoire à l'ins-
tant de ma naissance; cependant, vous com-
prenez, personnellement je ne me rappelle pas
ces premiers moments, puisque je n'ai même
pas connu ma mère ; mais une limace, personne
âgée el de beaucoup d'expérience, m'a rensei-
gné. Il paraît que je suis sorti d'un joli pelit
oeuf, un peu jaunâtre, gros comme une graine
de cbênevis. Ma bonne more avait creusé un trou
dans la terre et m'y avait posé, ainsi qu'une
trentaine de mes petits frères, puis elle étail
partie el était morte deux jours après, ce que
font du reste, parait-il, toutes les mamans des
hannetons.
« Au boni d'une quarantaine de jours, je sortis
de mon oeuf, ainsi que quelques-uns de mes
frères ; si vous m'aviez vu alors, vous ne m'au-
309
NOTIONS D'HISTOIRE NATURELLE
I.c Hanneton.
Montrer un hanneton, en faire observer les
différents organes; puis donner les détails de
moeurs par le récit suivant :
Sous les feuilles au printemps.
1
C'était à la fin d'une après-midi de juin. Une
petite chenille verte broutait sur une feuille
d'ormeau. « Ah! s'écria tout à coup la pauvre
bête, quel coup! que loinbe-l-il sur moi? Je
meurs, je suis morte! — Je vous demande mille
pardons, mademoiselle, répondit celui dont la
chute causait cet émoi. Je suis désolé de la
frayeur que je vous ai causée, mais vraiment, il
n'y a pas de ma faute. J'étais tranquillement
endormi sur une branchelte élevée, quand le
vent m'a fait chavirer el c'est ainsi que je suis
tombé sur vous, bien involontairement., comme
vous le voyez, pauvre chenille. »
La chenille, consolidée sur sa feuille el un peu
rassurée, se hasarda à lever la tête : « Tiens,
dit-elle,mais vous savez donc mon nom? —■ Sans
doute, sans doute, répondit l'autre d'un air
entendu, en se cramponnant ferme, piaulé en
face de la chenille. — Eh bien, je ne suis pas
aussi renseignée que vous, et j'ignore complète-
ment le vôtre. — Moi, on m'appelle le hanne-
lon. — Voilà un nom très singulier, aussi sin-
gulier que vous, ce qui n'est pas peu dire;
savez-vous que vous êtes très drôlement fait? Je
n'ai pas encore vu d'insecte comme vous. — Cela
vient de ce que vous êtes encore bien jeune,
ma petile amie, car mes frères sont assez nom-
breux pour que notre famille soit très connue.
— Peut-être, mais dites-moi donc, reprit la
chenille, en allongeant curieusement la tête,
qu'est-ce donc que vous portez comme cela, en
avant, au-dessus de vos deux grands yeux ? cela
ressemble presque aux cornes des limaçons, eu
beaucoup plus fin et joli, c'est vrai! — Ce que
vous appelez des cornes, ce sont mes antennes,
dit le hanneton en les redressant fièrement, elles
me servent à loucher ce qui m'entoure, elics me
désignent souvent, ce que mes yeux, si gros qu'ils
sont, ne pourraient voir; elles m'aident par
exemple à découvrir les feuilles les plus tendres,
elles m'avertissent même du danger. Quant à
mes yeux, ce n'est pas étonnant, qu'ils soient
gros, chacun est composé d'une quanlilé de
petits yeux serrés les uns à côté des autres,
ce qui fait, paraître que j'en ai seulement
deux.
— Que vous êtes heureux d'avoir des an-
tennes, soupira la chenille, et des pattes, car
vous avez des pattes, n'est-ce pas? je les ai 1res
bien vues loul à l'heure. — Certainement, j'en
ai six. — Eh... je crois bien que vous avez aussi
des ailes, dit la bêle rampante qui, pour mieux
voir, grimpait presque sur le dos du hanneton,
oui, vraiment, une, deux ailes ; mais comme elles
sont épaisses et dures, vous ne devez pas voler
facilement avec cela. —Deux ailes, ah! bien
oui, attendez, ma chère, répondit le hanneton
flatté par l'attention delà chenille, attendez! »
Et en disant cela, il souleva ses deux grosses
ailes brunes, et déplia deux magnifiques ailes
très fines que- la chenille n'avait pas vues tout
d'abord parce qu'elles étaient pliées et cachées
entièrement sous les premières. « Oh! les belles
ailes, les belles ailes, s'écria la chenille qui se
pâmait d'admiration ; pardon, encore une ques-
tion : qu'est-ce donc que ces tout petits trous
que j'aperçois de chaque côlé de votre corps? —
Ces petits trous me servent à respirer. —Ah!
merci... »
« C'est égal, reprit-elle après un moment, il
y a des animaux bien heureux sur la terre,
tandis que moi!... Dire que je n'aurai jamais
ni antennes, ni pattes, ni ailes. ■— En ôtes-vous
bien sûre, ma petite amie? Personne ne vous a
donc jamais renseignée? Eh bien, croyez-moi,
vous aurez un jour des antennes, des pattes, des
ailes, peut-être plus belles que les miennes;
que cjis-je, peut-être?... sans aucun doute, car,
d'après ce que j'ai entendu dire, vous serez un
jour un papillon. Il esl vrai qu'il faudra subir
bien dos changements comme moi, lorsque de ver
je suis devenu hanneton. — Vous, ver! moi,
papillon!... cria la pauvre chenille, ne sachant
plus ce qu'elle disait dans l'excès de sa surprise
et de sa joie ! Gomment cela pourrait-il se faire?
— Comment cela se fera-t-if pour vous, c'est ce
que je ne sais guère; mais comment cela s'est
fait pour moi, c'est ce dont je me souviendrai
toute ma vie..— Oh! racontez-le-moi bien vite ;
cela me servira peut-être à l'occasion. — Si vous
voulez être demain à celte même place, je vous
le dirai volontiers tout au long; pour aujour-
d'hui, assez causé; voilà le soleil tout à fait
couché, c'est, le moment où je me mets à manger
et à voltiger ; au revoir! » El le hanneton sou-
leva plusieurs fois ses grosses ailes pour faire
glisser de l'air le long de son corps, puis il prit
son vol et partiI.
Il
Le lendemain, la chenille n'eut garde de
manquer au rendez-vous, el elle y vint joyeuse
comme elle ne l'avait jamais été. Le hanneton
ne se fit guère attendre non plus; il commença
aussitôt: «Je crois que pour ne pas faire de
confusion, je vais prendre mon histoire à l'ins-
tant de ma naissance; cependant, vous com-
prenez, personnellement je ne me rappelle pas
ces premiers moments, puisque je n'ai même
pas connu ma mère ; mais une limace, personne
âgée el de beaucoup d'expérience, m'a rensei-
gné. Il paraît que je suis sorti d'un joli pelit
oeuf, un peu jaunâtre, gros comme une graine
de cbênevis. Ma bonne more avait creusé un trou
dans la terre et m'y avait posé, ainsi qu'une
trentaine de mes petits frères, puis elle étail
partie el était morte deux jours après, ce que
font du reste, parait-il, toutes les mamans des
hannetons.
« Au boni d'une quarantaine de jours, je sortis
de mon oeuf, ainsi que quelques-uns de mes
frères ; si vous m'aviez vu alors, vous ne m'au-
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