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d'accord sur ce point avec Claude Lévy qui, dans un article récent, minimise la parti-
cipation des paysans à la Résistance. Evidemment, il y a moins de ruraux dans les
maquis et les mouvements, mais ils soutiennent, ravitaillent, renseignent les maquis qui
sont ainsi comme « des poissons dans l'eau ». En Morvan, le grand nombre de paysans
déportés, torturés, fusillés l'atteste. Ceci est visible en Lozère aussi.
L'implantation communiste, en second lieu. L'exemple d'un maquis (le maquis « Vau-
ban ») montre qu'il n'y a pas eu différence entre la politique F.T.P. et le choix d'un
militant communiste comme Théo. Mais, là aussi, il est inexact de dire que les maquis
F.T.P. sont essentiellement communistes ou communisants. D'autre part, on se rattache
aux F.T.P. ou à Libé-Nord surtout selon les circonstances. Les deux animateurs du
maquis « Camille » viennent des F.T.P. de la région parisienne et le maquis se rattachera
à Libé-Nord.
Enfin, l'affaire de la libération d'Autun fait apparaître les tiraillements entre l'armée
régulière (sous les ordres du colonel Demetz) et les maquisards qui, sans doute, attaquent
trop tôt et inconsidérément, mais auraient pu et dû être soutenus par les militaires de
la première armée '.
Quant aux officiers de l'A.S. ou de l'O.R.A., ils arrivent parfois à la onzième heure.
Dans le maquis « Bayard », en Côte-d'Or, cela ira jusqu'à la rupture et à l'incident grave
où des maquisards tirent sur la voiture de l'officier venu coiffer leur maquis ; ce qui
a pour résultat de blesser gravement le commissaire de la République (l'ex-député Jean
Bouhey) qui se trouvait dans la voiture.
M. CORNEVIN. — Ayant moi-même été chargé, à l'époque, d'organiser un parachutage
sur le Morvan, votre exposé m'a intéressé. Je note que vous n'avez pas parlé des archives
des unités allemandes qui ont combattu les maquis. Pour ce qui est de la faiblesse
numérique des paysans dans les maquis, je pense que cela est lié au caractère « parisien»
des premiers recrutements. Par ailleurs, les paysans risquaient des représailles directes.
Je voudrais savoir quelle a été la part des « chantiers de jeunesse » et du scoutisme dans
les maquis ?
J. CANAUD. — Je n'ai pas trouvé l'équivalent, en Bourgogne, des archives des unités
allemandes telles qu'on les possède pour la Bretagne.
M. CORNEVIN. — On n'a rien retrouvé ?
Colonel DEFRASNE. — En effet, on dispose pour la Bretagne de 1' « historique du
25e corps d'armée allemand » qui donne une foule de renseignements sur l'organisation
intérieure, les rapports avec la population, etc..
M. JIDKOFF. — Il faut prendre garde, dans les témoignages individuels, à l'amalgame
entre passé et présent. D'autre part, la date du 6 juin 1944 est importante : on passe
alors du maquis artisanal au maquis auxiliaire de l'armée. Concernant le maquis « Vau-
ban », je voudrais savoir s'il a évolué numériquement ? Enfin, quelle fut la part, dans les
maquis, des réfractaires, immigrés, étrangers ?
J. CANAUD. — Les effectifs du maquis « Vauban » ont évolué en dents de scie (entre
12 et 38 membres en 1943 ; de 20 à 80 membres en 1944). Les gens vont et viennent. L'étude
des effectifs au jour le jour montre que le 6 juin 1944 n'apparaît pas comme une rupture
dans la vie des maquis: Il n'y a pas de montée massive à partir du 6 juin. La coupure,
c'est le mois d'août : dans beaucoup de maquis, 20 à 30 personnes arrivent à ce moment-la.
Dans certains maquis, on connaît des combattants parlant le russe : sont-ils Russes
ou Polonais ?
M. JIDKOFF. — Quelle a été la part des Allemands, des autorités de Vichy et des unités
formées par des Russes dans la répression ? Qu'en a-t-il été de la coordination entre
maquisards et alliés au moment de la libération ? Enfin, y a-t-il eu une terminologie des
maquis ?
J. CANAUD. — Il n'y a pas eu, hormis à Autun, de problèmes entre alliés et maquisards.
De quelle terminologie voulez-vous parler ?
1. Les officiers subalternes commandant les détachements auraient voulu intervenir et certains
firent bien qu'ils n'aient pas d'ordres.
d'accord sur ce point avec Claude Lévy qui, dans un article récent, minimise la parti-
cipation des paysans à la Résistance. Evidemment, il y a moins de ruraux dans les
maquis et les mouvements, mais ils soutiennent, ravitaillent, renseignent les maquis qui
sont ainsi comme « des poissons dans l'eau ». En Morvan, le grand nombre de paysans
déportés, torturés, fusillés l'atteste. Ceci est visible en Lozère aussi.
L'implantation communiste, en second lieu. L'exemple d'un maquis (le maquis « Vau-
ban ») montre qu'il n'y a pas eu différence entre la politique F.T.P. et le choix d'un
militant communiste comme Théo. Mais, là aussi, il est inexact de dire que les maquis
F.T.P. sont essentiellement communistes ou communisants. D'autre part, on se rattache
aux F.T.P. ou à Libé-Nord surtout selon les circonstances. Les deux animateurs du
maquis « Camille » viennent des F.T.P. de la région parisienne et le maquis se rattachera
à Libé-Nord.
Enfin, l'affaire de la libération d'Autun fait apparaître les tiraillements entre l'armée
régulière (sous les ordres du colonel Demetz) et les maquisards qui, sans doute, attaquent
trop tôt et inconsidérément, mais auraient pu et dû être soutenus par les militaires de
la première armée '.
Quant aux officiers de l'A.S. ou de l'O.R.A., ils arrivent parfois à la onzième heure.
Dans le maquis « Bayard », en Côte-d'Or, cela ira jusqu'à la rupture et à l'incident grave
où des maquisards tirent sur la voiture de l'officier venu coiffer leur maquis ; ce qui
a pour résultat de blesser gravement le commissaire de la République (l'ex-député Jean
Bouhey) qui se trouvait dans la voiture.
M. CORNEVIN. — Ayant moi-même été chargé, à l'époque, d'organiser un parachutage
sur le Morvan, votre exposé m'a intéressé. Je note que vous n'avez pas parlé des archives
des unités allemandes qui ont combattu les maquis. Pour ce qui est de la faiblesse
numérique des paysans dans les maquis, je pense que cela est lié au caractère « parisien»
des premiers recrutements. Par ailleurs, les paysans risquaient des représailles directes.
Je voudrais savoir quelle a été la part des « chantiers de jeunesse » et du scoutisme dans
les maquis ?
J. CANAUD. — Je n'ai pas trouvé l'équivalent, en Bourgogne, des archives des unités
allemandes telles qu'on les possède pour la Bretagne.
M. CORNEVIN. — On n'a rien retrouvé ?
Colonel DEFRASNE. — En effet, on dispose pour la Bretagne de 1' « historique du
25e corps d'armée allemand » qui donne une foule de renseignements sur l'organisation
intérieure, les rapports avec la population, etc..
M. JIDKOFF. — Il faut prendre garde, dans les témoignages individuels, à l'amalgame
entre passé et présent. D'autre part, la date du 6 juin 1944 est importante : on passe
alors du maquis artisanal au maquis auxiliaire de l'armée. Concernant le maquis « Vau-
ban », je voudrais savoir s'il a évolué numériquement ? Enfin, quelle fut la part, dans les
maquis, des réfractaires, immigrés, étrangers ?
J. CANAUD. — Les effectifs du maquis « Vauban » ont évolué en dents de scie (entre
12 et 38 membres en 1943 ; de 20 à 80 membres en 1944). Les gens vont et viennent. L'étude
des effectifs au jour le jour montre que le 6 juin 1944 n'apparaît pas comme une rupture
dans la vie des maquis: Il n'y a pas de montée massive à partir du 6 juin. La coupure,
c'est le mois d'août : dans beaucoup de maquis, 20 à 30 personnes arrivent à ce moment-la.
Dans certains maquis, on connaît des combattants parlant le russe : sont-ils Russes
ou Polonais ?
M. JIDKOFF. — Quelle a été la part des Allemands, des autorités de Vichy et des unités
formées par des Russes dans la répression ? Qu'en a-t-il été de la coordination entre
maquisards et alliés au moment de la libération ? Enfin, y a-t-il eu une terminologie des
maquis ?
J. CANAUD. — Il n'y a pas eu, hormis à Autun, de problèmes entre alliés et maquisards.
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