« Palais de la femme, palais enchanté, palais du caprice où la femme règne et commande en souveraine », c'est ainsi qu'une publi- cité des années 1890 présente le grand magasin du Printemps. De telles images traduisent la puissance d'attraction et de séduction qu'exercent les grands magasins, grâce à leurs nouvelles méthodes commerciales, dans cette époque où les conditions économiques et sociales favorisent leur développement. Elles témoignent aussi dû caractère spectaculaire qu'ils avaient pour les contemporains, avec leurs vastes bâtiments luxueusement décorés, emplis d'une abon- dance de marchandises, avec leur ambiance animée et fiévreuse que décrit si justement Zola dans Au Bonheur des Dames. Plus de 15 000 personnes par jour y viennent. Mais qu'en est-il des conditions imposées à ces autres femmes, celles qui les font vivre de leur travail (1) ?
« Demoiselles de magasin »
A la fin du XIXe siècle à Paris, trente-huit établissements de vente emploient plus de 100 personnes, et cinq grands magasins, un grand bazar et un magasin de vente à crédit, plus de 1 000. En 1910, en ne considérant que les employés des rayons et des services, et non les ouvriers, 4 500 personnes travaillent au Bon Marché, 2 500 à la Sama- ritaine, 3 500 ou 4 000 au Louvre, 1 350 au Printemps, 2 700 aux Gale-
(1) Les archives des grands magasins n'ont été qu'incomplètement conservées. Il reste celles du Bon Marché, importantes mais disparates, (quelques registres du personnel, le règlement intérieur, un Livre d'Or de 1906, des catalogues, des documents divers sur M. et Mme Boucicaut et sur l'activité économique du ma- gasin), et surtout celles du Printemps, où on peut consulter les dossiers de chaque emplové depuis 1910. Des enquêtes et des débats sur les conditions de travail des employés et la législation sociale (travaux du Conseil supérieur du Travail, Rapports d'inspecteurs du Travail), sur les problèmes posés par le travail des femmes, les documents sur l'activité syndicale et les grèves (Archives de la Préfecture de police, Congrès syndicaux), fournissent des éléments utiles. Enfin, de nombreux juristes, économistes, journalistes ont écrit des études ou articles de valeurs diverses mais dont certains présentent des faits, et des points de vue intéressants. Le roman de ZOLA, AU Bonheur des Dames et ses « Notes préparatoires » sont aussi un document très important.
Les grands magasins parisiens ont été fondes entre 1852 (le Bon Marché) et 1889 (les Galeries Lafayette), mais la période sur laquelle on dispose du plus grand nombre de documents commence à la fin du siècle.
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